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Andre Gide et le part du diable. Layton, Monique Jacqueline Berthe

Abstract

En octobre 1893, André Gide s'embarque pour l'Algérie, à la quête de la "toison d'or". C'est ainsi qu'il quali-fie l'harmonie dans laquelle il espère pouvoir résoudre le "dualisme discordant" de sa nature, dualisrme appareminent incompatible de ses exigences charnelles et de sa morale puritaine. La quete de cette harmonie, de cet équilibre entre les tendances extrêmes qu'il reconnaît en lui, sera basée sur la connaissance même de ces extrêmes avec lesquels il s'agit de composer: le Bien et le Mal en soi, Dieu et le Malin (celui-ci surtout, sous les formes diverses où Gide croit le reconnaître). Le premier chapitre de la présente étude traite de la prise de conscience par Gide de son problème, que nous voyons se dessiner dans l'étude autobiographique de Si Ie grain ne meurt, et qu'il illustre et précise par les Cahiers d'André Walter. Nous essayons ensuite de situer Gide dans tout un contexte de littérature "démoniaque", où il reconnaît et confirme sa pensée: appuyé par la doctrine de Nietzsche, nous le voyons dépeindre l'affranchissement des règles et l'immoralisme de Michel, puis confirmer par sa lecture de Goethe sa propre notion de la vertu éducatrice et initiatrice du Mai. Chez Dostoievsky, il retrouve le déchaînement, par l'acte gratuit, de possibilités insoupçonnées de l'homme, et chez Blake et Baudelaire, l'attraction simultanée vers Dieu et Satan. Finalement James Hogg lui confirme l'étonnant pouvoir mimétique et insinuatif du Malin, qu'il avait déja reconnu lui-même. S'il accorde au démon sa part de dynamisme positif et éducatif, Gide reconnaît aussi la tentation satanique et son moyen d'action: le sophisme. En nous appuyant sur quelques oeuvres, nous envisageons les differents aspects que peut prendre cette tentation: celui du sophisme et de l'égoïsme pervers dans l'Immoraliste, du sophisme et de l'orgueil dans les Faux-Monnayeurs, du sophisme et de 1'angélisme dans la Porte étroite, et du paralogisme de la mauvaise foi dans la Symphonie pastorale. A ce propos, nous indiquons non seulement les effets du sophisme dans l'oeuvre de Gide, mais, de notre position privilégiée, nous tentons de discerner dans quelle mesure Gide lui-même a été la victime de son propre sophisme. Ayant ainsi dépisté le Diable et joué au plus fin avec lui, Gide par cette analyse minutieuse de la méthode satanique, tente de s'affranchir du pouvoir du Malin--Diable extérieur de la théologie, ou interprétation psychologique d'une destruction irrépressible de soi, peu importe vraiment. Le dernier chapitre considère le rôle de la notion de libre-arbitre et de prédestination dans la responsabilité dont l'homme croit devoir revêtir ses actions, puis examine brièvement les accusations d’immoralisme corrupteur portées contre Gide. A sa défense, nous insistons sur le rôle qu'il assume le plus souvent d'inquiéteur et de "maître à penser", par son insistance réitérée que le but de toute éducation est la clairvoyance. Dépassant de beaucoup le but de sa quête initiale, son oeuvre, en dépeignant tous les écueils de l'aveu-glement sur soi, est la contribution indéniable de Gide à cette clairvoyance essentielle dont il espère que nous profiterons.

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