Array VOYAGE S DE LA CHINE A LA COTE NORD-OUEST D'AMERIQUE," II FAITS DANS LES ANNEES 1788 ET 1789; Tuicisis de la relation d'un autre Voyage execute en 1786 sur le vaisseau le Nootka , parti du Bengals ; D'un Recueil d'Observations sur la Probability d'ui* Passage Nord - Ouest ; E* d'un Traite" abrege du Commerce entre la C6te Nord- Ouest et la Chine , etc. etc. Pjr le Capitaine J. MEARES, Commandant le Vaisseau la Felice. jm Traduits de i'Anglois Par J. B. L. J. BILLECOCQ, Citoyen Francais. Arec une Collection de Cartes geographiques, Vues , Marii* Plans et Portraits, graves en taille - douce. TOME SECOND. •% J$; "- :|-. A PARIS, c; . ' ; ; Che* F. Buisson, Libraire, rue Hautefeuille j n9* £©» An 3e. » x x a Repubxiqve. ■ 1 • } |s7 , Fi-STf?. 1 . -■ , :::;j:7 13 &. , , 1 ■ ■ -r - —- ^- 33SS V Y AG Efe DU CAPITAINE J, MEARES, C FI A'PITRE VI I. Chah eur excessive. Te mps oragneux.* Le mdt de misaine de la Felice consent. — Perte d'une partie des bestiaux. *—Mor'i de tous les boucs.-—-Destruction de la plupart des plante s des tine es pour les iles Sandwich. —Motifs pour dinger la route du vaisseau vers le nord-ouest. —Maniere de nourrir l'equipage. — Occupations a bord. Projet de construction d'un vaisseau de <o ton- neaux dans Ventree du Roi George. *~*Les charpentiers'en achevent'les ga- barils et le modele. |— L'art de bdtir les vaisseaux totaldinent inconnu aux charpentiers Chinois. ■—|j Port considerable Tome II* A 178&. Mars.' % 1788. Mars. : "I (2} if desjonques chinoises. •— Detachement choisipour rester dans Ventree du Roi ^Qeorge. — Queim? d'un dragon de mer. '—Changement des moussons. Effets terribles des dragons de jner dans les mers de Chine et dans la mer Pacifique du Nord. Dimanche JL*E % mars, au moyen de ^plusieurs observations sur les distances du soleil et de la iune , nous nous trouvames par les i36 degres#37 minutes de longitude Est de Greenwich, et les 2 degres 5i minutes de latitude nord. En ce moment la variation du compas etoit de a'degres 3o minutes est, et le mercure du thermometre montoit a 86 et souvent a 90 degres, de sorte que nous eumes beaucoup a souffrir de l'exces- sive chaleur. ^S|! Les courans nous permettoient rare- ment de tenir une meilleure route qu'au sud - est ; et jusqu'alors , il ne parois- soit guere probable que nous pussiohs de- passer la Nouvelle - Guinee. A la verite , nous etions yenus a bout de doubler le Cap (3) Nord $ mais il nous restoit encore la Nou* velle-Irlande , la Nouv elle-Han ovre , plusieurs grouppes et araas d'iles differens^, au nord de la ligne , et a plusieurs degres a Test de notre position. Si nous avions continue notre route , il auroit fallu nous deV terminer a. avancer au travers des detroits de Dampierre, ou de ceux decouverts par le capitaine Carteret, et qui separent la Nouvelle-Bretagne de la Nouvelle-Uano- vre. Mais des que nous ne prenions ni Fun ni 1'autre de ces deux passages , il ne se presentoit pas d'autre alternative que de porter au nord- et a Fouest, et de tacher d'avancer assez dans le premier pour pouvoir virer vent devant et doubler le tout. Apres un mur examen de notre situation et des circonstances , nous preferames ce dernier parti. On fit done virer vent devant au vaisseau , et nous portames vers le nord- ouest , le vent au nord - est ; ce point du compas etoit le plus critique pour nous. La provision de rafraichissemens empor- tee de Samboingan s'etoit trouvee suffisante pour nos besoins jusqu'a: ce.mom.ent. Nous en avions retire le double a vantage de manager nos yiaijdes sale'es, et de jouir d'une A % »H .|l»! !'■ r--Jt-a 178$. Mars. I U) meilleure sante sur le vaisseau. Nous ne cessions de donner a. notre monde de Teau en abondance, comme etant le meilleur pre- servatif contre le scorbut. S'il pouvoit y avoir un endroit du passage ou l'eau devint moins necessaire, ce seroit dans les latitudes plus froides : car , dans le degre ou nous nous trouyions, i'extr&me chaleur exi- geoit absolument le secours de quelque li- quide pour conserver la sante en soutenant la transpiration. Le 3 , le temps devint tres-orageux. Nous avions des raffales continuelles du nord- est , accompagnees de deluges de pluie qui nous obligeoient souvent de diminuer de voiles. La meilleure route que nous eussions a tenir etoit au nord-ouest. Nous essayions pourtant quelquefois de faire une bordee ou deux a l'est-sud-est et a. l'est quand le Vent etoit favorable. Dans cette position , nous nous appercumes, a. midi ^ que le mat de misaine avoit consenti dangereusement au dessous des jottereaux. II devint necessaire de prendre toutes les precautions possibles pour i'assurer , attendu que la grosse mer exposoit beaucoup le vaisseau a. £tre demate par le tan gage. Le m&t de hune et ■ I BRvJ ' 2 lem&t de perroquet furent, en consequence, 1788I descendus sitr le pont, et Ton detendit les Mars; voiles. On dressa aussi des. echafauds tout autour du mat par le haut , et les charpentiers s'occuperent sur le champ de tailler des jumelles. Cet accident fut accompagne de plusieurs autres malheurs egaiement affligeans. Le mauvais temps que nous venions d'essuyer, et le roulis continuel du vaisseau, avoit fait mourir quelques-uns^ide nos bestiaux et la plupart de nos plantes, entr'autres, un tres- bel oranger en fleurs , et la moitie des can- nelliers que nous avions recus a Samboingan. II nous restoit cependant un taureau, une vache et un veau encore vivans. Mais les secousses du vaisseau avoient, en un seul jour, cause la mort de tons les boucs. Nous ne conservions plus de nos plantes qu'un limonnier, un oranger en fleurs , six cannelliers et plusieurs plantes plus petites de differentes especes. Le 4 , k midi , nous etions par les 3 de- iviardi gres jle latitude nord , suivant deux ob- 4- servations sur la hauteur du soleil; et par les 187 degres 5$ minutes de longitude Est fie Greenwich, caiculee d'apres la derniejre A 3 f J 1 (6) observation du soleil et de la lune. Le rent souffloit de nord-est; nous poursuiviuies notre route a. Fest-sud - est. Le temps etoit obscur et orageux. De grosses raffales de pluie, accompagnees de bouffees de vent, produisoient, en soulevant les yagues, une grande agitation de la mer. Le mat ne put etre raccommode d'une S« maniere sure avant le 5, attendu qu'il etoit extraordinairement difficile de le jumeler. D'ailleurs, nous craignions beaucoup qu'il ne se trouvat hors d'etat de resister aux vents et aux temp^tes que nous nous atten- dions a essuyer au nord des latitudes du' tropique. Mercredi Nous continuames jusqu'au 12 a saisir I2* tous les momens ou le vent se montroit favorable. Lorsqu'il sautoit a 1'est-nord-est, nous virions vent devant ct gou vera ions au nord et k Fouest ; et des qu'il passoit au nord , nous dirigions notre route vers Fest. A la verite , il ne nous perinettoit pas souvent de porter le long de la cote ou de virer vent devant. Car il souffloit presque toujours avec violence , et la pluie tomboit par grosses raffales. Aussi notre latitude nord, a midi, n'etoit elle que de 3 degres ' f >■■ mm ' I 1 IS minutes i*et notre longitude Est de i44 degres 35 minutest; et le xj, no^s ne^ nous trouvames qu'a 3 degres 2.5 minutes de latitude nordr^ et a 146 degres 3o minutes de longitude est. Ainsfela lenteu:&£mortelle de notre navigation *. l§s rigueurs du .temps egalement ennuyeux et mal sain tendoient plus ou moips a decourager les personnes de Fecfiiipage. Ajoutez que les pluies fre- ^uentes occasionnoient une humidite con- tinuelle , que nos.gensse trouvoient si souvent et si long - tonps obliges de porter leurs habits tout mouapes, en meme temps qu'ils gagnoient de Fhumidite sur les ponts, que nous recommestcions a craindre de voir augmenter les symptomes du scorbut. Une situation aussi critique nous faisoit douter beaucoup qu'il nous fut possible de doubler les iles de la Nouvelle4- Irlande ou de la Nouvelle-Hanovre, qui nous restoient alors, non-salulement a l'est-sud-est, mais meme a plusieurs degres du ,c6t^ de Test. Dans la position oil nous etions alors ^ nous avions toujours manoeuvre immediatement dans la direction^ du vent. J'ai deja parle plus haut des obstacles qu'on eprouveroit probablement en suivant A4 Mat^i Lundi m Sm I- notre premiere route. Le soleil apprbehoif de 1'equinoxe^ et il ne nous erloit pas per- mis d'en esperer un changement favorable. Avec un soleil vertical, nous ne devions natureliem&nt nous attensdre qua tin calme ennuyeux et a de grosses pluies. Nous n'a- vions fait encore qu'une tr§&~petite partie^ du voyage ; il nous restoit a achever un immense trajet pour gagner le 160* degre de longitude ou nous aurions necessaire- ment a traverser la ligne. D'apres la maniere doijtnous avions commence le voyage,il etoit probable que nous n'atteindrions pas cette distance eloignee avant le 10 avrii. Dun autre cote, siinous gouvernions au nord - ouest, nous avions beaucoup de raisons d'espeuer un changement de vent plus favorable vers le premier avril, si ce n'etoit pas la mousson. En consequence, il fut resolu une seeoii$le fois de doubler les Philippines, et de diriger constamment notre route vers le nord- ouest. Outre la quantite d'eau que -nos gens avoient coutume de recevoir, on leur don* noitv, a chacun, dans le cours de la journee, une demi-pinte de liqueurs fortes, dont "=*3B 1788. Mars. H (9) _ on mSloit les deux tiers avec de Feau; le reste, on leur permettoit de le boire tout pufe, et c'etoit pour eux , dans les temps humides, un exceHfent cordial. Nous nous etions approvisionnes le mieux possible de tout ce qui pouvoitconserver la sante, ou, ' du moins, empe*cher les progres du mal. Le matin et le soir, on servoit du the et du sucre aux gens de l'equipage. Ils avoient du riz , des pois et de Forge en abondance , et on leur en donnoit avec de la farine et du fruit de maniere a varier le plus possible leurs repastiournaliers. Le pore et le bceuf etoient toujours bien trempes, et Fon ne cessoit de faire usage du yinaigre pour cor- riger les mauvais effets que pouvoient pro- duire des provisions de viandes salees. Nous continuames de porter au nord- Dimanche ouest, et il ne nous arriva rien de rernar- qiistble dans Fintervalle qui s'ecoula jus- qu'au 3©. Le temps etoit devenu alors tres- agreable: nous n'essuyions plus de ces grosses bouffees de vent et de pluie qui nous avoient sifjtsontinuellement tourmentes. Une observation faite a midi, donna 21 degres 2 minutes de latitude nord, et 139 degres 4$ minutes de longitude est. La variation du X 30, N I (10) "§- *?88. compas etoit de 4 degres 24 minutesi£e$t> Mars. Pendant cette navigation , nous avions ap- pergu , tous les jours , de nombreuses >con> pagiiies d'oiseaux, parmi lesquels onin re- marquoit plusieurs dont Fespeceaie s'eloi- ^ne jamais de la terre. Nous saisimes Foccasion qu'ofFroit le temps favorable dont nous jouissions alors pour faire la revue de nos voiles , et nous mettre en garde contre les tempetes que nous avions tout lieu de craindre en avan- eant vers le nord, et sur-t6ut pres du Japon. On prepara deux assortimens complete de voiles neuves , nouveilement fiiees, doiJfe blees, et cousues dans le milieu. Les vieiiles furent en meme temps reparees avec tout le soin possible. On employa sans cesse les tonneliers , armuriers et autres artisans , soit au service ordinaire du vaisseau, soit a preparer, chacun suivant son talent particulier, tousles articles de trafic que nous destinions au marche d'Amerique. Les armuriers chinois* etoient fort industrieux. Ils travailloiei^ avec tant d'adresse et de facilite que nous les preferions aux armuriers d'Europe. Les instrumens dont ils se seryent pour lewr (»■■) ouvrage sont extremement simples ; et ils ne mettent jamais beaucoup de temps a faire la besogne qu'on leur donne. Les charpentiers furent egalement occu- pes a. dresser les gabarits et a tracer le mo- dele d'un sloop de'5o tonneaux que nous avions le projet de construire des notre arrivee dans Yentrde du Roi George. Un semblable vaisseau ne pouvoit que nous etre d'une grande utilite , non - seulement pour recueillir des fourrures, mais encore pour reconnoitre la cote. Noire premier charpentier etoit unjeune homme tres - intelligent et tres-habile dans sa profession qu'il avoit exercee le temps necessaire a Londres. Quant aux charpeii- tiers chinois , notre maniere de b&tir les vaisseaux leur etoit totalement inconnue. Ceux sur lesquels ils naviguent dans les mers de Chine et autres mers voisines sont d'une construction particuliere. Dans des navires duportde mille tonneaux, ils n'em- ploient pas un seul morceau de fer. lis font leurs ancres m6me avec du bois , *0 leurs voiles qui sont enormes, avec des nattes. Ces batimens flottans peu vent- cependant register aux plus yioleet-es templtes ; ife 178S. Mars; ■ 1788. Mars. e . ■ ■ ( ia ) conservent long -temps le vent favorable % ont un tres-bon mouvement, et sont tra- vailles avec un soin et une adresse qui ex-r* cite la surprise de tous les marins d'Europe. II etoit done assez difficile d'employer l'ha- bilete de nos charpentiers chinois a un genre de travail si different de celui auquel ils sont accoutumes, et pour lequel ils ont une pratique sure et une experience consommee. Je choisis dans l'equipage un detachement destine a rester sur le rivage avec les ouvriers occupes a la construction du vaisseau. Je ne m'y prenois d'aussi bonne heure pour regler ce service, qu'afin de mettre nos gens en etat de commencer leurs operations, des notre arrivee dans Yentrde. Ii est vrai que nous n'avions encore rien de pret: il falloit aller chercher notre bois de char- pente dans les forets de FAmerique ; tout le fer etoit encore dans le vaisseau , en barres informes et non travaillees ; un cable renfermoit toute la corde dont nous nous disposions a faire nos cordages. Mais quoi* que nous fussions si peu avances, ce sentiment d'esperance qui porte Fhoinme k lutter contre tous les obstacles , et qui lui rend, pour ainsi dire , la vie, nous donnoifc 1788. Mars. AvrU. Mardi i. ( is J du courage ; nous etions , en quelque sorte, certains d'avance que notre projet seroit execute*, et que le vaisseau que nous nous proposions de construire pourroit £tre lance a la mer vers le mois d'octobre. Le premier avril, a midi, notre latitude nord etoit de 22 degres 26 minutes , et la longitude Est de 139 degres 38 minutes. Le temps paroissoit fixe a Fobscurite : les nuages etoient extraordinairement noirs et charges. II tonnoit et eclairoit pendant tout le jour. Le vent nous amenoit de nombr&uses com- pagnies d'oiseaux. Le bruit qu'ils faisoient dans leur passage sembloit annoncer qu'ils craignolent le mauvais temps. Nous passames aussi aupres de quelques brins de cette her be que l'eau detache des rochers, marque certaine que nous n'etions pas a une grande distance de la terre. Le 2, le tonnerre et les eclairs augmen- Merctedi terent sans que le yent soufflat avec plus de l§ violence. La mer etoit cependant tres-agi- tee , et le vaisseau tanguoit avec tant de force , que les lisses d'accastillage furent emportees, et que nous eprouvames quelques autres accidens. Vers midi, le temps devint raffaleux, et nous essiryaines plusieurs 1788. Avril. bouffees de vent de tous les points du compas. L'obscurite qui augmenta tout-a-coup ne nous permit pas de douter de Fapproche d'une violente tempete. Les vergues et les mats de perroquet furent descendus a Finstant sur le pont : on ferla la grande voile ; les huniers eurent tous leurs ris pris , et la voile d'artimon fut balancee. Toutes les voiles furent ferlees , excepte celle du grand hunier qu'on jugea prudent de laisser deployed. Dans cet etat, nous attendimes Far- rivee de la tempete ; elle ne trompa point notre attente. A deux heures P. M. (1) , le vent passa au sud et eommenca a. souffler par fortes raffales. L'avant du vaisseau etoit tourne vers le nord-est. Le tonnerre et les •t eclairs se suecedoient avec une effrayante rapidite. A trois heures et demie passees, ii nous vint une grosse bouffee de vent de sud-est, qui fut suivie , au moment m&me , d'une autre bouffee de sud-ouest. Ces deux vents soufflerent , pendant quelques mo- mens , avec une fureur incroyable. Enfin celui de sud-ouest Femporta, et continua X * de souifler pendant pres d'une heure. Lae (1) Post Meridiem , aprds midi. I rencontre de ces deux bouffees sous le vent 1788. de notre vaisseau fut reellement affreuse ; Avril. les flots s'elevoient a une telle hauteur que Fhorison sembloit une mer d'ecume. Heu- reusement pour nous, nous n'eumes que la queue de ce'dragon de mer ou tourbillon: a chacme instant, nous nous attendions a voir nos mats brises. Le grand hunler ayoifc ete saccage et coupe en morceaux. Les vagues continuerent de monter a une si prodigieuse elevation que nous fumes obliges de faire ventarriere avec la misaine et d'avancer sur la tempete pour sauver le vaisseau qui fatiguoit d'une maniere effrayante. Le vent souffla alors de sud-est, et produisit une grosse mer au devant de laquelle nous gouvernames. Nous courions ainsi devant le vent tout le long de la .cote 1 lorscme nous appercumes , sous le vent du v vaisseau ,,1'eau qui s'elevoit en cercles a plusieurs pieds au dessus du niveau de la mer, ce qui formoit le plus beau spectacle qu'on put voir. Tel etoit le danger de notre situation, que nous fumes obliges de nous determiner a une operation non moins pe- rilleuse que desagreable, Ce fut de virer au Cabestan. Par une mer si grosse* et si a£it£e , Jf lifi6)- 7 J- nous n'avions pas d'autre moyen d'eviter le gouffre affreux ouyert sous le vaisseau meme , et qui continua de nous derober , pour ainsi dire , Fhorison jusqu'a cinq heures. Ce terrible tourbillon commenca alors a diminuer ; il se termina par une forte brise de sud - ouest , au devant de laquelle nous f imes vent arriere au nord-est. M La violence de ce dragon de mer ne parol era pas a ceux qui ont lu l'histoire* du Japon de Kempfer, une circonstance qui tienne du phenomene. Au rapport de cet auteur, ii y a certaines epoques de Fannee ou le vent se dechaine dans ces mers avec la m§me fureur. Cependant, nous avions a bord plusieurs marins ages et pleins d'expe- rience qui ne se rappelioient pas d'avoir jamais vu rien de semblable. Nous nous consolames de Fassaut que nous venions d'essuyer, par Fesperance que nous etions au moment critique du changement des moussons. Ce qui nous soutenoit sur-tout dans cet espoir, c'est que le vent souffloit de sud-ouest dans un courant si violent. Si cette tempete fut arrivee dans les te- nebres de la nuit, elle eut pu nous etre fu- neste. Nous fumes tres-surpris que quelques-. uns sa tins de nos m&ts et de nos vergties n'eussent pas ete emportes. Au reste, nous ne nous trouvames pas assez bien revenus de n^s alarmes pour risquer de faire beaucoup de la voile la nuit suivante. L'epoque du changement des moussons dans les mers de Chine et dans la mer Pacifique du Nord est tres-redoatable pour les vaisseaux. Ces changemens ont lieu en general vers les mois d'avrii et d'octobre. lis arrivent cependant quelquefois beaucoup plutot,ou beaucoup plus tarcl. Celui qu'on regarde comme le plus dangereux est la variation du nord-est au sud-est qui pro- duife ordinaireinent les. plus terribles commotions dans ces mers. C'est sur-tout a la c6te du Japon que les changemens de moussons se font sentir d'une maniere effrayante; lorsqu'une fois elles se declarent par le dragon de mer, il n'y a ni force ni puissance capable de leur resister. Le desordre affreux qu'elles occasionnent est presqu'in- croyable : il-n'est pas moins difficile de se faire une idee de la fureur avec laquelle elles soufflent de tous les points du compas. Les Chinois redoutent, au - dela de ce qu'il est possible de Fexprimer, ces terribles Tome II* B ifvriL v i i Je i f<l8) I 1788, Jouragans qul^etruisent quelquefois des yifc AvriU e^lages entiers avec leurs habitans. Son-tent 36xic6re, toutes les moissons sont enlevees ^par leur souffle meurtrier, et la famine ayec toutes ses horreurs vientd^soler ces climats. rCe fut un de ces cruels accidens qui, avec une excessive secheresse, occasionna , eh 1787, la plus affreuse disette dans les provinces meridionales de la Chine, et fit perir un nombre incroyable de leurs habitans. II etoit tres-ordinaire a. Canton de voir des mall^eureux que la faim devoroit rendre le dernier soupir ; tandis que les meres regar- doient comme un devoir poiy elles de don- ner la mort a leurs enfans, et les jeunes gens de tuer les vieillards pour leur epar- gner l'agqjiiie d'une mort si lente et si dou- loureuse. i m1 C H A PLTR E V I. Ayril.' On arrive a la vue de la terre sans pouvoir en approcher. — Deeouverte d'iles -$@ue nQ\us nommons iles Gpanipfis. —— Froid excess f ; raison prds^iin^Msede ce ^changement du temps. •—\\Nou%^tpper- \jceyons des coim^^g^e^^^^iJ^^^^ff7^f Nouspassons aupre%*d'une grand/e^^u^/^^i titd de Vherbe que Veau d^/0^he liies rochers. ■ Ddco$ver£e^Ldyu*n rocher fnorme auquel nous doriiydmes le nom de Femme de Lotla:^— N&u^zapperce^ yons flottant sur^'eau une soliv<4£et uu morceau de canot. — Temps oj^weu'^s. 4&<— Nous voyons^uue tortue endormie sur la, mer. Le temps va a la tempete c$ mesure que nous^approchons de la cotg d'^Amdrique.—Nous suivons la route de la Resolution et de la Deeouverte. —- Erreur-dans notre estime.—Nous.poyons, pour la premiere fois , un perroguet de mer. — Clartd extraordinaire de, fath- $M>fph&re / a quelle cause il faut Vat* tribuer* — Vue de la cote d Amdrique* Ba 1788. Avrij. -»-Uv I .m. mm \j§| i ; —La Piincesse Hoyaie part de Ventrde du Roi George.—Ddtresse de la Felice. — Notts mouillons dans I'anse des Amis f dans Ventrde du Roi George.' -*D Jeudi _LjE 3 Tavril, le temps se calma, et la tein^f • peke s-appaisa. Mais, vers midi , le;Vent sauta au nord-ouest, et souffla avec une extreme violence. La mer devint tres-agi- tee , et s'eleya a une prodigietise hauteur. Nous gouvernions a Test-quart-nord : les grands huniers et les voiles de misaine avoient tous leurs ris pris. La latitude nord etoit de 24 degres 56 minutes| et la longitude Est de Greenwich de 143 degres 39 minutes. rVers le soir > le temps?,s% calma de nou- veau,aunaoment ou nou^ fimes de la voile. Le vent "^auta alors a Fest^sud-est, et nous g£ , ... "port&fiies au nord - est iusqu'au 4ff%cIue ±e 4. vent se*:Hxa dans le rhbnine'de nord-est; en conseljuence, nous gouvernaraes nord-ouest par n&S'emps agreabie et doux. f^e ^Dans^ette situation , nous apper^limes la terre ^ui nous restoit 4 Fest-nord-est , Avril. H'-7e;l:"". . i(2i) . ..; j§.. . i huit lieues* de distance, immediatement dans la direction du vent, ce qui nous em- p£cha d'en approcher. Nous etions , a midi ,|ev par les 24 degres 44 minutes de latitude nord, et les 14^ degres 41 minutes de lon-» jGJ% gi^tde Est de Greenwich , d'aprds les der- nieres observations de la 1 une. Nous regret- tames beaucoup de ne pouvoir approcher de cette terre, parce que nous n'en con- noissipns pas dans cette partie de la mej| Pacifique du Nord. Comme nous gouver- nions nord-ouest, elle eut bientot dispara k notre vue. Le 6, le went sauta au sud-est, ce qui g « nous mit en etat de porter au nord-est. A 5. deux heures de l'apres-midi,nous pensions qu'on devoit voir M terre a Fest-sud-est ; mais le temps etoit si couvert que nous fi ne pumes determiner d'une maniere bien sure si c'etoit, en effet, la terre, ou seulement une terre de brume. Cependant, a trois heures, on la decouvrit.au nord -est,, par Favant du vaisseau; mais le temps etoit toujours si epais et si embrume, qu'il ne nous fut pas possible de distinguer dans quelle direction elle s'etendoit. A quatre heures et demie passees, nous nous trouvames par le B3 1.788. Avrjil. >t» travers de la terre, a cinq ou six milles de •Vy Muff &&&$?* . * WifP$tt ^1 distance. II nous parut que c etoit une lie qui n'a voit pas beaucoup d^etendue. En ce moment, la pluie tomba par torrens, et Fathmosphere restoit toujours si nebuleux que nous ne pumes observer la terre que Bien imparfaitement. Nous eumes tout lietf JKf croire que c'etoit une de ces lies steril^s qu'on trouve si souvent dans ces mers. Elle poiivoit bien avoir de i5 a x6 milles de fongueur, de nord au sud. Le rivage parois- soit inaccessible a des chaloupes. Un-ressac considerable venoit baltre contre les rochers qui sembloient s'abimer dans la mer. Les parties interieures du pays parbissoient etre de hautes montagnes, sur le penchant des* quelles on voyoit quelques arbres disperses a distances inegales et en petit nombre. Nous cotoyames cette ile jusqu'a six heures du soir qu'une autre ile s'ofFrit a nos yeux. Elle etoit separee de la premiere par un canal de trois ou quatre lieues. Le vent souffla alors avec violence; il plut a verse , et la brume etoit si epaisse que nous ne pouvions rien distinguer par Fayant du vaisseau^ Quoique nous eussions le vent favorable, JH t|88. AvrU. 1' teM. comme le temps paroissoit fort ineertain , nous pensames qu'il seroit prudent de di- minuer de voiles , et de |Fen conserver qu'autant qu'il nous etoit necessaire pour serrer le vent. Nous redoubldmes de vigilance et d'attention pour nous tenir en garde le plus possible contre toute espece de danger, et haviguames, comme aeFpr*| dinaire, toute la nuit, observant de carguerM; les basses voiles. Ces iles, dont nous ne. pumes determiner precisement le nombrei^ furent nominees iles Grampus, d'une gram-- puse considerable que nous appercumes sautant hors de Feau, tout pres du rivage, ce qui ne se voit pas communement dans ces mers. La nuit du 5 au 6 fut tres - orageuse ; il rie cessa de pleuvoir. Mais une jolie bvisg de vent nous consola de ces desagreniens, et nous poussa avec rapidite vers le nord-est. Le 6, le vent passa tout-a-coup au nord-^i , r r Dimanche ouest, et nous donna un temps tres-clair. 6. II souffla constamment avec beaucoup de force. A midi, la latitude.nord etoit de ay degres 3o minutes, et la longitude Est de 148 degres 37, minutes. En ce moment, la &2V- \ Avril! 4(HJ -|_ • .;■■ variation du compas etoit de 3 degres 20 minutes est. Nous cominencames a £tre pouss^s rapi- dement vers le nord , et nous appergumes bientot que nous etions passes tout-a-coup du chaud au froid. Nous venions de quitter un climat ou Fon avoit eprouve des cha- leurs etouffantes ; il etoit naturel que tous les gens de l'equipage ressentissent vivement la rigueur du froid. Ce changement nous autorisa a r^duire la ration d'eau d'un gallon a cinq pintes par homme, sans que cette diminution produisit le moindre mal. Nous continuames d'avoir le vent favorable au nord - ouest jusqu'a huit heures de Papres-midi. Nous nous trouvions alors par les 28 degres 58 minutes de latitude nord , #t les i54 degres 19 minutes de longitude est. Notre principal but etoit d'avancer le plus possible au nord, afin de profiter des vents qui soufflent fortement de J'ouest, et de suivre la m£me longitude dans une haute latitude. Le vent de nord-ouest continua de nous amener le froid glacial dont j'ai deja parle. s^ Mercredi ^e J0ur suivant, nous passames pres d'une 5. quantite considerable d'herbe des rochers* Mardi 8. Nous imaginames qu'elle eii avoit 6te r&« cemment detachee ; nous avions vu, depuis quelques jours, de nombreuses com- pagnies d'oiseaux. Nous etions alors tout* a-fait au nord de plusieurs petites iles dis- persees, soit sous le tropique meTme , soit aux environs , dans la mer Pacifique du Nord. Nous ne pumes done rien conjectu- rer de vraisemblable sur les lieux d'ou ve- noit cette herbe, non plus que sur ceux 6i\ les oiseaux se retiroient pendant la nuit. Car ils nous quittoient regulierement att coucher du soleil, et prenoient leur vol vers Fest. Sur les neuf heures du matin, on crut decouvrir des voiles par la grande hune/ et au bout d'environ une demi-heure , OI1 apper^ut du gaillard un vaisseau considerable. II paroissoit faire force de voiles , et presentoit une forme tres - singuliere. Aucun de nous, m@me avec le seqours des lunettes d'approche , ne put determiner d'une maniere sure quelle route il tenoit. C'etoit une cho^e si extraordinaire de voir un vaisseau dans ces mers, que nous fumes, pendant quelques momens, fort embarras- ses'de former aucune conjecture a sim sujetu 178?;. Ayril^ H *788. Ayr it. Enfinf, il resulta de nos observations sue- cessives, que cefhe pouvdit ^trerqu'un gallon , charge de la Nouvelle - Espagne pour W Chine, qui avoit ete pousse ainsi vers le fiUfd, par quelqu'accident, quoique la route de ces vaisseaux a Manilla fut ordinaire- ment entre les paralleles des i3e et i4e de- gres de latitude nord. Dans cette croyance, ifons avions ecrit plusieurs lettres en Chine pour informer nos amis que nous etions parfaitement en surete , et que nous^avions fait d'heureux progres dans notre voyage. Nous restames dans cette sin^uliere erreur (car e'en etoit une)^usqu'au moment ou nous ne fumes plus qu'a deux lieues de Tobjet en question. A ce moment , Fayant considere avec la lunette d'approche , nous reconnumes que c'etoit un rocher enorme place seul au milieu des eaux. Ceux d'entre nous qui s'appergurent les premiers de la meprise, garderent le silence et s'amuserent beaucoup des etranges conjectures et des observations plaisantes des matelots , dont nn , entr'autres , croyoit si fermement que c'etoit un vaisseau, qu'il assuroit en avoir vu les couleurs. II faut convenir,a la verite , que ce rocher ressembloit singuliere- : ;:. .'i; , 7 ( 27) v -1, ■'■ . ? ment a un vaisseau de guerre du premier rang -qui force de voiles ; et telle etoit sa forme qu'a une certaine distance , Foeil y decouvroit encore quelque chose de celle d'un vaisseau. Notre surprise augmentoit a mesure que nous rangions ce rocher , et les matelots etoient tentes de croire qu'il avoit subi tout-a-coup cette metamorphose par Feffet d'un pouvoir surnaturel.' Nous lui donnames le nom de Femme de Loth; il est, sous tous les rapports, un des objets les plus etonnans qui aient jamais frappe mes regards. Vers midi , nous etions par le travers de ce rocher. II nous restoit alors a Fest-nord- est', a quatre milles de distance. Les observations donnerent 29 degres So minutes de latitude nord, et 142 degres a3 minutes de longitude Est de Greenwich J| Les vagues venoient se briser contre le front sourcil- leux du rocher avec une furie proportion- nee k l'immense distance qu'elles avoient eue a pareourir jusqu'au moment ou elles .se trouvoient arr&tees par cette enorme masse. Elle s'elevoit presque perpendicu- lairement jusqu'a pres de 35o pieds de hauteur , autant que nous pumes Festimer par 1788: Avrll, Jiti Avri.V Saroedt 12. tt i i(a8> il- i .' nos calculs. On appercevoit un petit rocher noir a fleur d'eau , a quarante ou cinquante pieds environ de sa pointe occidentale. Sur le cfite sud-est, il y avoit une caverne dans laquelle les Hots se precipitoient avec un epouvantable fracas. En contemplant cet effrayant rocher, on ne pouyoit le consi- derer que comme une masse qui avoit su register a ces gran des convulsions de la nature qui changent jusqu'a la forme des parties du globe ou elles exerceht leurs ravages. Le 12, k midi , notre latitude nord etoit de 33 degres 18 minutes, et la longitude Est de 161 degres; il fit un grand vent de sud. Nous passames pres d'une quantite considerable de cette herbe que Feau detache des rochers, et appercumes plusieurs fois de nombreuses compagnies d'oiseaux. Dans la soiree, nous vimes Hotter sur Feau une piece de bois de charpente qui avoit a-peu- pres la forme d'une solive de batiment. Nous vimes egalement les debris d'un canot, et, bient6t apres, une esparre de sapin qui paroissoit avoir ete tout recemment coupee. A tant de marques qui indiquoient le voi- sinage de la terre , nous resolumes de re- \*9) -_ m doubler, s'il etoit possible^d'efforts et de vigilance, cette partie de la mer Pacifique etant absolument inconnue. Dan§|cette m£me soiree, le temps compv menca a. se couvrir, et a devenir sombre avec tous les signes qui ont cputume d an- noncer Fapproche d'une tempete. Le vent souffla avec violence pendant la nuit; et le lendemain , a midi, il ayoit augmente con-^ siderablemenfi Les vergues et les mats de perroquet furent, en consequence, descensus sur le pont; et nous prunes toutes les autres precautions necessaires contre le mau- vais temps dont nous etions menaces. No& craintes ne tard^rent pas a se realiser. Ver£ les quatre heures, le vent souJHa du su<J avec une telle fureur que nous fumes obliges de riser legliuniers et de ferler Ja grande voile. Ce vent etoit accompagne d'une pe-e tite pluie et d'un temps tres-cquvert. Nous passames pres d'une quantite considerable d'Lerbe , et y^mes la surface defla mer cou- yerte de frai de poisson 3e couleur rour g^atre, dans une etendue de plusieurs milles. Bient6t apresjrla tempete se declara tout>a* fait.On deferla done sur le champ les huniers. et nous fimes vent arriere avec la misaine ^ji^K Xvrik Lundi m * ■ 2*P s iiiL. &ft devant de la tempete* Xa mer grossis- soit derriere nous d'une inaniere effrayante. Etant dans cette situation, nous essuyames nn terrible coup de vent qui nous fit craindre quelque dangereux accident. Mais, heiireuseinent, les huniers avoient ete de- ti^rles a temps £ et comme la voile de misaine venoit"d'etre risee , nous pumes con- bouf- a avec violence les Hots de la mer qui se brisoient contre nos ponts , et mettoieii^Jainsi les chaloupes dans le plus grand danger. Mais en sautant $l. Fouest, le vent n'a voir, rien iperdurde|^p force ; et il neSmenca a se calmer'que le 14. A cette. epoque , nous etions par les io degres 20 minutes de la- HuiSefnojrd, et" les 167 degres delcmgitude est. Nous resolumes de suiv're^otre 1 on gitude, autant'qu'il seroit possible, dans la direction paralISl.edu 4°e degre de latitude nord. Comme cette route etoit encore absolument incohnue, nous ne desesperions pas de ren- contrer la terre avant d'arriver a la vue du continent d'Amerique. Le capitaine Cook en avoit reconnu, comme nous, des indices m M AvnU JeiwU evidens dans cette latitude is Je pensji^eii effet, qu'il est infiniment jm&bable ,.d'apres les d^erses circonstances rapp^rtees pins haut, q#pn doit trouv'er la terre dans cet^e partie de la mer Pacifique; du Nord*|jj| Le temps continua d'etre orageux^gj^- qu'au 17 que le vent sauta a l'est-sud-estj et souffla avec plus de violence encorevrH s'appaisa cependant$ur le midi. A ceenjup*- nient, la latitude nord etoit de 3$ degres fj 5x minutes , et la longitude Est de 175 degres xo minutes. Quoique nous fuss^onsysi. fort avances vers le nord , nous passames;f ce jour meme, pres d'une grosse tortue -*Wer dormie sur Feau. Le bruit du vaisseaii Fayant reveillee, elle s'enfonca aussitot dajn^ la mer. Nous ne cessames d'appercevoir dans le voisina^e du vaisseau de nom> breuses compagnies d'oiseaux, et il ne fut plus rare de voir de l'herbe des rochers* Nous ressentimes alors un froid excessif; Fair du matin et du soir, sur - tout, etoifc extraordinairement froid. La variation du compas ^toit de 9 degres 20 minutes est. Les orages se suceederent ainsi jusqu'au ,f ,. 23. Ce jour, le temps s'eclaircit et le yenf §& calma. lOutre.le, froid glacial que ces *3- Pr % • ?'' ■% i(3a) v ' " ^788. brises violentes du nord et de Fouest occa- Avr3. sionnoient, elles nous amenoient encore avec elles de la pluie et de la neige tout ensemble, quTdonnoient la mort a la plus graride partie de nos bestiaux. Nous eumes , pourtant, la satisfaction d'etre favorises de s$5 quelques jolies brisesf^ principalement du |fP sud-ouest d'ou le vWixt souffloit avec force. IVIais lorsqu'il eut repasse au nord-ouest , il augmenta au-dela de toute expression , et souleva les flots de la mer a une hauteur prodigieuse. Heureusement, nous avions saisi une occasion favorable de deployer un assortiment de voiles neuves ; car les vieiiles eussent ete infailliblement mises en pieces par la violence de ces ouragans. L'air etoit aussi piquant qu'il Fest en Angleterre lors des gelees blanches. II se faisoit sentir a tious d'autant plus vivement que nous nous etions trouves long-temps sous le tro* pi&ue. II s'ecouloit, a la verity, fort peu de temps, sans qu'il tomb&t de la neige et de la grele par giboulees. Des troupes d'oi- l|§ seaux que nous voyions de temps a autre, ainsi qu'une quantite considerable d'herbe de rochers* nous entretenoient continuelle- ment dans Fespcrance de voir la terre. f'i<33)f I I - Le a3 , a midi , nous pass&mes pres d'un gros tronc d'arbre. La latitude nord etoit de 41 degres 35 minutes, et la longitud^ Est de Greenwich, de 189 degres 2.5 minuteW Nous commencames alors a approcher dip la cote d'Amerique. C'etoit ce que nous pouvions desirer de plus avantageux, atp tendu , entr'autres motifs tres-pressans, quw le vaisseau etoit devenH extr£mement leger, par la grande consommation d'eau et de provisions de toute espece. Si nous devions nous regarder comme tres -heureux de^ftfe que le vent nous avoit ainsi secondes , nous n'avionslpas moins a nous feliciter de la. bonne sante des personnes de l'equipage. Elles ne s'^tpient ressenties d aucune autre indisposition que de celle qu'occasionnoit naturellement un passage si subit de Fex- tre*me chaleur au grand froid. Pendant la nuit, le vent souffla avec force de l'ouest-nord-ouest. II tomba une pluie tres-froide. Le matin du 24'/le vent tourna au sud et a Fest, presage certain d'un temps orageux. A midi, il souffla si violemment que nous fumes obliges de ferler toutes les voiles; et, jusqu'a trois* heures d'apres-midi, nous eumes a souffrir de Fouragan le plus Tome II. C 1788. Avtik Jeudi 2.4. 3u»- 9 *■' l'±% IB H 1 .| T | f(34) ; . 1788c rude que nous#«issions nous souvenir d&a- Avrife. va&r jamais essuye: la jper etoit encore ph% grosse que nous ne Favions vue jusqu'a ce moment. II ne cessa de pleuvejr , et la ri- gueur excessive du troid ne aiminua pas. Les manoeuvres furent tres - maltraitees, et le vaisseau fatiguoit crueliement; nous n'^ ti^ns pas sans crainte pour notre mat de misaine, deja. en fort mauvais etat. Mais , au milieu de ces terribles orages, une reflexion consolante ranimoit notre courage : nous pensions qu'A chaque moment, le vaisseau approchoit plus pres du port. Vendredi ^e 2"*> ^e 'temps^'adoncit; le vent repassa 2S» a. Fouest-nord-ouest, Nous Etions, a midi, par les 43 degres de latitude nord, et les 196 degres 28 minutes de longitude Est de notre estime. Le vent fraichit de l'ouest- sud - ouest, et le temps s'eclairciti Nous avancames considerablement a Fest-nordr est, faisant d'ordinaire au moins cinquante lieues par jour. Depuis le a3, nous avions ete favorises de jolies brises de vent qui se ili succedoient sans cesse. De temps a autre « X w nous jouissions d'une heure ou deux de beau temps ; mais la tempete revenoit toujours nous rendre notre premiere frayeur, Ayt|L l^eso^e queaious ne pumes deployer qu!une voile de hune qut.a,voit ..tous ses ris JR&is. jNous Qoi.es 23b lieues dans ce court inter* va|^k Non-seulement le froid conti^tia, et jrious^unies,san|! cessetrUn temps desagrea- Mft^^^fte » rciais Fathmosphere fut, gpLr fins y ocniyert de tenet^^ si epaisses , que nous ne trouvames pas uri^iomjent favora? lilepour faire des observations de la lune, B&n 4e determiner, d'une maniere &-peu* nres certaine, la navigation du vaisseau* Le temps continua d'etre le^meme , et Mercrectt nous poursuivimes notre route sans aucun 3^ evenement nouveaii^sans le moindre cjhan*- ^gejtoent dans notre^sijuation, jusqu'au 3o> que nous passdmes pres d'une seconde es* parre de sapin. A sa forme, et sur-tojujLjk une entaille qui paroissoit avoir e^e* faite tout recemment vers Fun des bouts,^nou^ jugeames qu'elle ne pouvoit pas (kre dans j Feau depuis long-temps. Les oiseaux nous ^yoient abandonnes desle commencement Au dernier orage , et nous ne voyions plus ilotter ceg^e herbe des rochers que, pen de temps auparavant, nous appercevions pres- que tous les jours* A cette epoque,jnpus nous trouviojjs avoif C & 8 i LK.t Mai. leudi i. Stv (36> H traverse deux fois les routes suiyies par la Rdsolution et par. la Deeouverte, dans ces mers , savoir Fune, dans leur retour de; la cote du Japon en Chine, et Fautre , dans leur trajet cYOunalaslika aux iles Sana% wich* Le capitaine Cook avoit soupgonrie qu'on pouvoit trouver la terre entre ces routes et la cote d'Amerique ; et comme nous traversions alors directement cette partie de la mer, il est tres-probable que nous eussions decouvert la terre , s'il y 'ei avoit reellement eu une aussi yoisine de la Cote d'Amerique. §gS Lorsque nous entrames dans le mois de mai pie temps s'adoucit ; il devint meme agreable. Le vent souffloit du sud. Noulf continuames de gouverner k Fest. La latitude nord., a midi, etoit de 46 degres 5 minutes , et plusieurs observations sur les distances du soleil et de la lune ne donner^nt que 212 degres 5 minutes de longitude Est de Greenwich ; tandis que , d'apres notre estimepnous etions par les 221 degres 4i- minutes de longitude Est. Je crois pouvoir attribuer avec raison cette difference cort siderable a la variete des courans contraires que nous ayions eprouves -dans les basses i ii latitudes, ainsi queide ceux qui, selon toute 1788; apparence, nous avoient pousses a Fouest, Mai- p)rsque nous virame£vent devant pour gou- Werner au nord. Nous pouvions done conjf jecturer avec beaucoup de fondement que nous etions arrives dans le voisinage du Japon , et que nous avions execute notre passage au nord entre les iles Ladrone et les Nouvelles - Carolines. La variation du compas etoit aliirs de ai degres 18 minutes 1 est. Ip| Le vent continua de nous etre favorable, Dimanche qupiqu'il soufflat de temps a autre par fortes * | raffales. La latitude nord, a midi , etoit de 4otdegres 10 minutes , et la longitude Est de aa3 degres 22 minutes , d'apres les derff nieres observations. II fit d'abord un brouillard tres-epais, et le vent souffla de sud-sud-ouest par grosses bouffees , ce qui >nous obligea , pour la premiere fois , de courir en avant sur notre ancre, la voile de misaine risee. Enfin , le temps.devint .plus calme dans la matinee; nous arrivames vent arriere, et poursuivimes notre route a FeSt.^: • '■.. .ff| , -||\' ;. -;7 r ■ . - / 1 . - Nous eumes vent grand frais jusqu'au 7. Mcrcredi Ce jour; a midi; la latitude nord etoit de % H C3 m 3 NK m Jeudi u i- 2 i(38) I $9 degres 28 minutes ; et plusieuimbbser* vations sur les distances du soleil <&&!&& la lune donnerent 228 degres 26 minutes d4 longitude est. Le 8 , a midi, nous etions par les 49 de* gres 28 minutes de latitude nord. Dans l& soiree pnous vimes un perroqueAde mer^ ct passim es pres d'un morceau de bois floftfc tant. II tomboit souvent de la neig;e et d& la grele ; mais Fair eto9 beaucoup plus doox- que nous ne Fayions eprouye depuis qireK que temps. V Le 10, nous etions par les 49 degres 32 minutes de latitude ; des observations suc- cessives rapporterent a3o degres 5a minutes de longitude est; d'apres ces m£mes obserV vations , la longitude de Yentrde du Roi George n'etoit que de 3 degres. Nous for- ||| cimes de voiles pendant toute la nuit, et courumes directement sur la cote d'Amerique. Une clarte extraordinaire etoit re- pandue dans toute'eFathrnosphere; ce que nous attribuames a la reverberation des vastes montagnes de neige sur le continent. DUtfanch- Nous ne nous trompions. pas : car, le il mai, au matin , on decouvrit enfin cette terre d'Amerique tant desiree. Elle gisoit a Sasiedi 11. J'est-quart-sud., a treize lieues de distance, et consj^tmt en une ehaine de montagnes jjlont le sommet alloit se cacher dans les nuages. Par un temps clair , on pourroit apperceyoir c^tte terre de trente lieues. A mesure que nous en approchions dans li. soiree, le sommet des montagnejS se dega- geoit des vapeurs qui le deroboient a nos yeux. A midi, la latitude nord etoit de 43 degres 35 minutes , d'apres une double ofa? servation de la haujeur du soleil, et Yen-? trde du Roi George nous restoit a-peu-prgs a Fest. Nous q§n||nu&mes de porter vers la terre ; et quand nous 11 en fumes plus qu'^. quatre lieues, le venjt sauta au suctest-quart- est, ce qui nous obligea de virer ye£t devant et de tenjf la mer ; le vent souffloit presqu'immediatement hprs de Yentrde que nous distinguions tresrbien alors. On decouvrit en ce moment un vai$seafi sous la cote qui est au vent de Yentrde. II gisoit dans une position pluj? basse qu$ nous; mais, comme nous forcions de voiles, $\ Que la nuit §pprochoit, nous ne pou- ygions , sans beaucoup de danger , nous ex- poser a .parler dim bord a l'autre. Noms '-&£> i"""-' " lHHe c iff; -1 ■*7 •Ma. j*78?- Mai. ' V- (4o) 1 jm , n'en sumes} pas moins que c'etoit la Prin- cesse Royale, de Londres , qui avoit entre- pris un voyage de commerce pour se procurer des fourrures d'Amerique. La nuit du 11 au 12 fut terrible a passer r les coups de vent se succederent avec tant de violence qu'il nous fut impossible de faire de la voile. Ces grosses bouffees ap- porterent avec elles de la grele et de la ' neige, et, vers minuit, Forage se declara completement. Au point du jour, nous avions perdu de vue la terre, et le vaisseau avoit tellement fatigue que Feau etoit entree dans la cale, et y occupoit plus de six pieds. Deux de nos pompes se trouvoient tout-a-fait hors de service. Ce grand vent ne s'appaisa que le 12 a midi. A ce moment, nous virames vent arriere et cou- rumes sur la terre, occupes sans relache k emp^cher Feau d'entrer dans la cale , at- tendu que la mer grossissoit sur nous d'une maniere effrayante. La latitude nord etoit, a midi, de 49 degres 26 minutes. Nous continuames done de* courir sur la terre jusqu'a sept heures du soir que nous la #imes une seconde fois tres- distinctement. X4t) ' e jG^tte vue ranima notre courage. Mais nous Jjgrouvames biejitot un nouveau cjiagrin en remarquant que le dernier^ouragan nous avoit pousses sous le vent de Yentrde. Nous fumes* done -obliges de*|f|&er vent devant enr core une fois,-§t de gouverner en meraiyeG le-vent au nord-nord-ouest. L? entree cou- roit alors nord -est, a sept lieues de dis-r tance. L'orage devint si redoutable pendant la nuit du 12 au lS^que nous fumes obliges de mettre en panne , la voile de misaine risee. Tous les gens de l'equipage travail- lerent sansyrelache a empecher Feau d'en- trer dans la cale ; car il n'etoit pas possible de raccomnioder les pompes de maniere qu'elles fussent en etat de faire sur le champ leur service ordinaire. Le matin du i3 , le vent passa au sud- quart-est, et souffla avec plus de violence que jamais. La pluie tomba par torrens : nous vir^mes vent arriere, et la pointe du vaisseau fut tournee vers la terre. Vers huit heures, le temps s'adoucit; nous fijies de Ta voile a Finstant meme, et sur les dix heures ? nous mouillames heureusement dans 1788. MaU Mardi m y ■ ■28 Mai. Yanse des Amis, a Ventrde du Roi George, ejto le travers du village de Nootka, sur quatre- brasses d'eau , a. cent verges du rivage , apres un trajet de trois mois et vingt-trois jours depuis notre depart de Chine. Le lecteur qui nous a accompagnes dans ce voyage , dont les peines et les fatigues egalerent la longueur, n'aura pas de peine a se faire une idee de la yive satisfaction que nous eprouvames d'arriver en- fin dans un port que nous avions cherche* avec tant de perseverance et a travers tant de perils divers. Le^s observations que j'ai faites dans m passage de la Chine a la c6te nord-ouest d'Amerique ne paroitront surement pas de- placees ici: j'espere meme qu'elles pourront ^tre de quelqu'utilite. II ne seroit pas prudent du tout que des vaisseaux charges pour FAmerique entre- prissent le voyage , s'ils n'etoient pas prints k mettre a la voile vers le milieu de novembre, oufle 10 de decembre au plus tard. Le long et penible retard que nous essuya*- mes apres avoir quitte Samboingan , est la plus forte preuve des obstacles que nous eiintes a eijnTOver pou*r ^W^F^ftter a Veith cett%'ep^fie de notre voyage On fefe courans sSlw^)rus rapides et Iejffn4i|fi's pKft frequens, comme rrOus avons^tSlat'■lieu dfe le croire, que dainties mois de novembre et de deeembrcSe H^ Nous avions^ d'afrord firqfefl^cFexectiter ce voyage en touriiant la Nodvelle - Hol- lande, et en gouVernarrt assez a l'es$ pour gagner les iles Sdndwieh avant d'arriver^S. la c6te d'Amei^fq^rer. Nous etions egalemelffc libres de prendre une Sntre route*, savcSt d'avancer a travers les detroits d'Endea- \Wk Srl7 Mi i «*.'ii/r i«*t vpuret deparvenir au meme but. iVIafs nous; rejettames ce deMier parti, efFrkyes 6%s dan* gers que pr^embit F Archipel d'iles qui gisenpdispersees ck et la a Fest de ces de*u troits. Nous renonc&mes pardHlein%nt a suivre la premiere route a cause du^grrfS circuit qu'exigkbit cette navigatioH, et qui Auroit demanSe beaucoup plus de temps Cjue nous n# pouvions en employeWa &kt. pareil trajet. Nous con jectur Mies done que wrious tentions un passage au travef%*ief@ f'Archipel de Sooloo , en p or tant alors a Test pour dimbler la Nouyelle - Guinee« P e ;| MM ig.- $788. la Nouvelle-Irlande et la No|ryelle-Hano- Alai. vre, et en virant vent devant une seconde fois au nord pour avoir les vents d'ouest, nous pourrions nous procurer sans peine et tres-promptement un passage en Ame- rique. L'evenement prouva que nous avfens calcule justefen adoptant le dernier party. Mais il y a , aujourd'hui , selpn moi , uit passage plusfifur et plus facile ouvert aux vaisseaux pour se rendre en Amerique ; et je leur\laisse a decider s'il ne seroit pas preferable pour eux a. Favenir de diriger leur route par le passage entre Luconie et Formose. Cette opinion n'est pas le re- sultat imaginaire de conjectures vagues et chimeriques ; elle me semble fondee jusqu'a un certain point sur les raisons sui- vantes. Lorsque nOus arrivames en Chine aveG la Felice pendant l'automne de 1788, Ya-* gent des marchands en Angleterre et celui des marchands dans l'Inde s'unirent d'in- terets , et formerent une association en se montant, a frais communs, de provisions jpour aller faire le commerce de fourrures e^n Amerique. Ils equiperent ^ren consequence , un vaisseau Iqu'on nomma YMr* gonaute, et dont le con&teandement efiitt confie a. M. Colnett, lieutenant dfe la ma> rine royale^%^t qui a^bit Stija. commatjSS dans les aifhees 1787^^ 1^88 le^ va&seaftl le Prince de^Ghlle^^de LondresS^lappar^ tenant ^a* des marchands qui'trafiquoient • .-^ X ' 'X . en Amerique. Ce vaisseau etoit^arriW^a la cote. Re¥enu eni^te^Slla CMne^aved une riclie cargaison de Murrnres eii788» il sef rendif dela ^Me Angleterre , charged de the pjcnnfMe coinpti dqte^oomp^iiiar des Indes orientales. M. ©olnett^uitta^^ Prince de^&alles ehPChinS" pour crjfc- mander YA'rgonaute , ei^WtMiar^cr de. la proprietS^que les marchan^ikssbcies des.-4 tinoient aiSx echanges,a la *cote d'Ame* rique. 'we he parle pas defies Salens pour la marine'Wil me suffirtfid'bMervei^que mon suffrage ne peut rieriSajouter -$,- la reputation qu'il s'est >acq«|sW IF fit done tous les preparatifs necessaires pour mettre YArgonaute en mer , ainsi que la PrinJ cesse Royale , de Lohdres , vaisseau ap- partenant a la meme compagnie de 00m- snerce. 17885 7 :m| ' ;7 77 ^^es. vaisseauxgne .furent^^ets k n>eit£g i|^a] ypile^-.qu'au 17 avril 1789. A cette ^pqftg>^i^i& ..^jggrparant les ^autes de la I$lUce ^tfw$g^pk^^n*s > et-^e^temps ou •CftS* .-SHUSSeaux ayoient rencontre ia rnous- l^g^OuT^ y^ents de Fouest dans la mer E*|<^gue(teJ^ord , on conelut qu'iltjseroit plus, facile de se procurer un passage en jAnierique enjtxe. Luconie et Formose qu'en suivant la roujteede Magindanag^ gy|*a J^rincesse Royale xxxhji done a Ia voile (Jans le mois^de fevrier, et s^e fut pas |||ping|.de qpatre mois a gagner la cote dfAmerique.^Mais la veritablesfccause du retard Que ceiyaissean eprouyadans son ^yage est qu|j| etoit mauvais voili^r, et qu'pn ne Fayoit point double ^ie cubxe. "IS-Angonaute, au contraire, qui etoit tout ensemble double de cuivre et excellent yoUier , quitta la Cliy^ie -Je 26. avril i$&to et arriva dans^entrde du RoiAGeorge le 3 Juillet suivant. On peut dire qu'il s'e- toit^ainsi ^procure un passage avec un sue- ces !qui surpassoit toutes les esperances. I^§s .navigateurs qui se rendront desor- mais de la Chine en Amerique , auront a ^loisfr ici entre quatre routes diflerwtes pour faire ce voyage. JVEais si j'etois destine a Fe4it|eprendre de nouveau,ejetqfttifIt terois la Chine d^§ le commencement di& mois de mars, et tacherois de trouver un passage entre Luconie et Formose pour gagner la mer Pacifique ou Fon peut es- perer , dans cette saison, des vents varia* bles au aoe degre de latitude nord. D'ail- leurs, la violence de la mousson de iiord- est dans les mer'S tie Chine est beaucoup diminuee aussi a cette epoque. II est constant qu'on seroit presque sur au mois d'a- vril de rencontrer la mousson de sud-ouest ou les vents de Fouest par les 25 ou 3o degres de latitude nord qui regnent dans ces i parages , et qui nous pousserent vers la cote d'Amerique. En quittant Canton, il faudroit avoir grand soin de serrer la cote de Chine a quelque distance entre les iles Lema 4& jusqu'a Pedro Rlanco, ou la Roche Blanche , ayant de traverser la mer de Chine pour gagner Formose. Mais il seroit dangereux , a mon avis, de tenter un passage entre les rochers de VUle-Rete et Fextre*- *t8& Mai* r 'v #88. Mau M <48J 7 ' jggg mite meridionale de Mle Formose "psi cW n*est pendant lej$ur , par un temps tres-* ela*ip|£et lorsque tout annonce uniffeanal dAme assez -^aste' -etendue. Kl. *.*,■; r*.= >!■ ■ ' >ll I -*^ mWRS: CFIAPITRE IX. (49) Willi i fti C H A P I T R E II 1788. Mai* / Situation avantageuse de Vanse des Amis dans Ventrde du Roi George. —-Nombre considerable des naturels rassem- blds pour examiner le vaisseau. —* Joie de j Comekala a son arrivee. -— Hannapa , chef Indien > vient a bord ,• quelques details sur sa visite.—Les naturels nous apportent des provisions de poisson. ^— Comekala Se dispose a aller a terre. -— Son habillement,• reception que lui font ses compatriotes. — Qccu^ tpations des gens de l'equipage. — Arrivee de Maquitta , chef de Ventrde du Roi George > avec Callicum , Vhomme du rang le plus distingue apres lui.—- Description de leurs habillemens, et de leurs diverses ceremonies a la vue du vaisseau. — Ils viennent ctJ)ord.—Pre- sens que nous leur fimes. *— Portrait de ces chefs.**—lis nous dccordent la permission de bdtir une maison et u-n vais- seau,et nous abandonnent un terrein it cet effet., «-—Prdsens que nous leur of Tome mM§i fe ■ - D-'-fii ■'. *78f.i u. frimes en reconnoissance de ce bienfaiu — Callicum se plait dans le vaisseau , et est charge par Maquilla de protdger le detachement sur le rivage.—JSiaison bdiie dans Vanse des Amis. Sa des* cription. — Quille d'un vaisseau dressde. ~—Recti abrdgd du meurtre commis Van* nee suivante par les Espagnols en k*f versonne de Callicum. lL n'y avoit pas long-temps que le vaisseau etoit amarre, lorsque le yent-commenca a souffler avec une violence qui sembloit presager .la tempete. La pluie tomba par torrens. Nous sentimes alors tout ce qu'a* voit d'avantageux pour nous Fheureuse situation de Yanse des Amis. Nous nous y trouyions ainsi places comme dans un ha- yre protecteur ou les vents ni les orages ne pouyoient reveiller nos alarmes ni trou- bler notre repos. Notre attention particuliere se fixa sur une foule de naturels rassembles sur les bords de la mer, en face du village, pour "epiisiderer le yajssea,u, Comekala qui eprou- voit, depuis plusieurs jours | la plus vive impatience , gouta enfin alors Pinexpriaaa- fcle bonlieur devoir encore une fois sa terre natale. II y rapportoit, noiifSans un sentiment d'oygueii, les connoissances qu'il.avoit acquises pendant son,voyage, et les divers cfifes d'u.tilite ou d'embeMissement qui de- voient exciter la surprise de ceux de sa nation, et augmenter ia consideration qu'ils avoient pour lui. Ce n'est pas que sa joie n'eut ete grandement diminuee par Fab- - sence de Maquilla son frere , chef de Yen- tree du Roi George |et de Callicum son parent, qui occupoit le premier rang,apres ce prince souverain. Ces chefs etoient alles rendre, a cette epoque^ une visite de <cere- monie k Wicananish , prince tres - puissant' d'une tribu vers le midi, C'est ce dont nous fumes informes parHannapa qui, dans Fab- sence des deu& premiers cliffs ^/avoit le supreme commandement a Nootka , et qui etoit venua bord pour nousv rendre visite. Comekala portoit alors un .habit d'ecar* late, uniforme, avec des boutons de metal. Son chapeau, aussi d'uniforme, etoit orne d'une cocarde^elegante.&Il avoit de tres- Jbeau linge , et enfin toutes les autres par-. Mai. *s i • ties de l'habillement europeen; c'etoit beatfc coup plus qu'il ne falloit pour exciter une extreme surprise parmi ses compatriotes. Hannapa ne revit pas Comekala sans emotion. Non-seulement ii le consideroit avee une attention extreme, mais on remarquoit encore sur sa physionomie tous les traits caracteristiques de cette secrette envie qui est 1 a passion dominante des naturels de cette partie de FAmerique. £n peu de temps, le vaisseau fut envt- ronne d'un grand nombre de canots , rem- plis d*homines, de femmes et d'enfans. Ils etoient charges de provisions de poisson ; nous n'hesitanies pas un moment a acheter un article si necessaire a des hoinmes qui venoient de faire un voyage long et pe- nible. Dans la soiree, le temps s'eclaircit, >et Comekala se disposa a debarquer. Des que son intention fut connue dans le village , tous les habitans se preparerent a lui faire un bon accueil au moment ou il remet- troit le pied sur la terre qui Favoit vu naitre. ' Comekala brilloit alors dans tout son eclat. Son habit d'ecarlate etoit enrichi n le(53) : w t~ ;f fPurte garniture complette de.boutons de 178ft metal et de divers ornemens de cuivre qui Mm.;-- ne pouvoient manquer d'attirer a cet Indien. les plus respectueux egards de la part de ses compatriotes , et le rendre le premier objet des voeux de toutes les demoiselles de Nootka. Son pectoral consistoit pour le morns en une demi-feuille de cuivre. Divers ornemens du meme metal formoient ses pen- dans d'oreilles. II avoit imagine de suspendre a ses cheyeux, qui etoient arranges en queue, un si grand nombre de queues de poelpns de cuivre , que le poids entrainoit sa t&te en arriere , et le forcoit de la porter si roide et si droite que cette contenance ajoutoit beaucoup a la singularite de sa tournure. Pour se procurer les divers articles de la parure dont il s'enorgueillissoit alors, Come- ||g kala ay oit ete en etat d'hostiiites conti- nuelles avec notre cuisinier, a qui il avoit eu le talent de les escamoter. Mais le der* ^ nier et le plus grave sujet de dispute en- tr'eux etoit le vol que FAmericain lui avoit |k fait d'une broche enorme , dont il se ser- voit comme d'un javelot, esperant donner, avec cette arme , un nouveau' lustre a. la magnificence dont il alloit eblouir les yeux e; f - D i ' -f; -'-' . ' 1 m Jm?m:m (54) H '§&'■ ' de ses compatriotes. Dans la situation -69 nous nous trouyions, ii ne nous~etoit guere .possible de lui refuser cet ustensile dre-cuisine , quelque necessaire qu^il nous fut. Aiiisi accoutre, et mille fois plus glorieux de sa parure que ne le furent jamais de leur eclat les potentats de l'Europe ou de •FOrient, nous l'accompagnames pour des- cendre sur le rivage, et, a ce moment, des cris et des applaudissemens partis de tous les coins du village, furent pour lui des garans de la satisfaction que son retour causoit a. ses compatriotes. fe lis arriverent en fouie du cote du rivage , et quand il debarqua;, ils Faccueillirent en poussant les plus effroyables hurlemens. A leur v tete , on remarquoit sa tante , tres- -vieiile fe mm e, puisqu'^elle avoit enyiroir quatre-vingts ans. On pouvoit croire, en la: -;yoyant, qu'elle avoit continuellement yecu dans la mal-proprete depuis sa naissance jusqu'au moment ou elle se presentoit a nos. regards sous les formes les plus degontantes. Elle embrassa son neveu avec toutes les marques d'une tendre affection, et repan- - dit sur les joues de Comekala Fhumeur qui de^couloit de ses yens. * ( 55 ) ^pres les premieres ceremonies de la reception , et lorsque ces naturels eurent k loisir confente leur curiosite, et furent re- \ Venus de leur premiere surprise , toute la foule se mit en marche pour gagner le pa- lais du roi, On n'y laissa entrer qme des personnes d'un rang distingue, et bientot on prepara un repas magnifique d'huiie de baleine. Toute la compagnie prit place, et chacun des insuiaires mangea avec une' tsensualite proportionnee a la delicatesse du4 festin. Les petits enfans eux - memes ava- loient Fhuile avec toutes les marques d'un extreme plaisir. Quant a Comekala , son gout sembloit avoir ete gate jusqu'a un certain point par la cuisine de l'Inde et de NP£urope, et il ne deyoroit plus'les mets de son pays avec la meme gloutonnerie, que si son estomac n'eut jamais connu d'autre nourriture que celle qu'il prenoit a Nootka* La soiree se passa en grandes rejouissances. lis continue rent de chanter et de danser pendant presque toute la nuit. Pour nous , nous etions retournes a bord de bonne heure dans la soiree : mais , long - temps apres , nous entendions encore les eclats de leur joie bruyante.. eH i-. TBI &4 W3. 17*88; Maij" a 111 (56} i Nootka est situe sur une hauteur qui fait face a la mer, et que des bois cnvironnent de toutes parts (1). Dans Yanse des Amis , les maisons sont vastes, et baties a la maniere ordinaire du pays. Chacune de ces demeures est destinee a renferrner plusieurs families. Diyisee en compartimens , dans le genre d'une etable angloise, on y trouve rassemblees toutes les especes d'orduresdont le melange ayec la chair et Fhuile 'de baleine se decouyre par plus d'un sens , et forme un depot de la plus horrible puan* teur (2). (1) Je reserve les details particuliers que j'ai a pu- blier sur le village ou la ville de Nootka ? pour la partie. de cet ouvrage ou je fcraiterai plus au long du commerce, de la geographic, etc. de la cdte nord-* ouest d'Amerique. Note de IAuteur. (2) L'interieur des habitations de tous les penples du Nord presente vai aussi degoutant spectacle. Voici ce que nous dit des Ostiaks le professeur Pallas dans. ses Voyages en Hussie ; « On se fera facilement un© 53 idee de la puanteur, des vapeurs fetides et de Phu- » midite qui regnent dans leurs iourtens, (c'est le nom j> que donnent ces peuples' a leurs habitations ) lors- n cru'on saura que les hommes ? les femmes^ les enfans Le i4> le temps nous parut assez beau 1788; pour permettre d'envoyer k terre un deta- Mai. chement charge de dresser une tente pour MercreeK les coupeurs de bois, et pour les hpmmes *4* qui devoient aller faire de Feau, et une autre pourles voiliers. On choisit, a cet effet , un emplacement peu eloign e du village , et voisin d'un petit ruisseau. Le reste de l'equipage fut employe a degarnir les manoeuvres courantes, a detacher les voiles, et a d'autres travauxnon moins necessaires dans le vaisseau. Le 16 , Maquilla et Callicum entrerent vendredi dans Ydnse accompagnes de plusieurs ca- x& riots de guerre qui se mirent en mouyement autour du vaisseau avec un grand appareil. Les naturels chanterent en m£me temps, une chanson tres-melodieuse, quoique fort bruyante. Ces canots etoient au nombre de 1m net les chiens ysatisfont par^-tout a tous leurs be- n soins, et que personne n'a soin d'en lever les or- 3> dures ». Voyages de Pallas , tome IV> p&ge 6b • Le citoyen Lesseps nous donne les memes details, sur les Kamstchadales et sur les Lappons dans son iir~ teressant Voyage au Kamstchatka. Nate du Traducteur* 2788. Mai. './ "#' ( 58 ) ■"■ '■ j • - •- douze: chacun d'eux portoit dix-huit hom* mes , yetus , la plupart , de magnifiques peau-x de- loutres de. mer , dont ils etoient couverts depuis le col jusqu'a la cheville du pied. Un duvet blanc d'oiseaux dont leur tete etoit parsemee, la faisoit paroitre poudree : ils* avoient le visage barbouille d'ocre rouge et noir, dans la forme d'une macboire de goulu de mer (1), et Fon y remarquoit comme une ligne spirale qu'ils y avoient tracee : le tout leur donnoit un air extremement sauvage. Dans la plupart de ces canots etoient huit rameurs d'un cote , et un seul homme.assis sur Favant. Le chef occupoit une place dans le.milieu. On pouvoit le reconnoitre a un bonnet, de forme tres-haute, qui se terminoit en pointe, et a Fextremite duquel etoit attachee , en guise d'ornement , une petite toufie de plumes. H Nous ecoutames leur chanson avec autant de plaisir que de surprise. On ne pouvoit, en ef'fet, sans etre indifferent aux ra* vissans accords de la musique, et pour peijt 1 £ 1 ) Sorte de gros poisson. $jote du Trnductejir^ (i) La pagaye est une espece de rame court© €* large dont se servent les Indiens. Note du Traducfe^r. qu'on eut recu de la nature un c«ur sell- <§$$« sible au pouvoir decet art enchanteur, en- .tendre , sans les> plus yiyes emotions , un concert si imposant et si peu attendu. Le choeur etoit parfaitement a Funisson, et d'une extreme justes^e, quant au ton et a la mesure ; il ne leur seroit pas echappe une seule note fausse ou discbrdante. II leur arrivoit quelquefois de passer, tout-a-coup d'un ton eleye a,un tpn plus bas , mai||en variant leur chant avec une expression si .touchante et remplie d'une si douce me- iancolie, que nous ne pouvions concevoir comment ils avoient acquis ou imagine cette harmonie~qui "avoit quelque chose de plus qu'une musique grossiere et sans principes. L'oeil pouvoit se satisfaire comme Foreilie ; dar Faction dont ils accompagnoient leurs chants ajoutoit beaucoup a Fimpression qu'ils faisoient sur nous tous. Chacun d'eux feattoit ia mesure avec une precision admi* rable contre le platbord du vaisseau, la pagaye a la main (1) ; et.en firiissant chaque i I : -i; '1 '■( tfo j .. J -- ' j| vers ou chaque strophe, ils etendoient leuts bras au nord et au midi, laissant eteindre insensiblement leur voix, mais d'une ma*- niere si majestueuse et si imposante qu'il en resultoit un effet que les meilleurs or- chestres ne produisent pas souvent en Europe. lis firent ainsi deux fois le tour de notre Taisseau, se levant tous ensemble et an meme instant, lorsqu'ils arrivoient pres de la pouppe , et criant avec force : wacush , macush, ou, amis, amis. lis amenerent en- suite leurs canots le long de la cote; Ma- quilla et Callicum vinrent alors a bord. Le premier paroissoit avoir environ trente ans t il etoit d'une taille moyenne, mais tres-bien fait ; la nature lui avoit donne la physio— nomie-la plus interessante. L'autre pouvoit bien etre age de dix ans de plus. II avoit toutes les formes de l'homme le plus ro- buste. De beaux traits et une figure ouverte commandoient Fatten tion et inspiroient la confiance. Les autres naturels d'un rang moins distingue etoient tous des hommes de riche taille et de tres-bonne mine. Une peau de veau marin remplie d'huile fut, a Finstant, apportee, de main en main , jus^ ;...j. ; '".' §g 6x) p |' • - qu'ik bord : les chefs en prirent une petite ;|j quantite, et renvoyerent le reste a leurs gens g flai, ||ans les canots : ceux - ci eurent bientojt vuide le vase qui renfermoit cette dange* reuse liqueur. Nous offrimes en present a Maqiiilla e% a Callicum du cuivre , du fer, et d'autres articles que nous savions devoir leur etre agreables. En les recevant, ils oterent leurs vetemens de peaux de loutres de mer, le$ jetterent a nos pieds de la meilleure grace du monde, et resterent sur le pont tels qu'ils etoient sortis des mains de la nature. Nous donnames eh retour a clg£:cun d'eux une couverture. Ils descendirent alors dans leurs canots avec toutes les marques de la plus vive satisfaction , eteramerent tres-leS- tement vers le rivage. Ces peuples ont, a ee que je crois, une maniere de donner et de recevoir les pre- f|§ sens qui leur est particuliere. De quelque valeur que soit un don a leurs yeux, ils ont sur-tout a coeur de ne pas laisser a celuj qui le recoit Fidee qu'il en doit conserver de Fobligation. Nous fumes temoins d'une entre vue ou deux chefs se rendirent en ce- r&nonie. Ils etoient charges tous deux de w iw I7g§ tr^s-riches fourrures qu'ils destinoient a des Mai. presefts. lis^empressoient de les etaler , Fun aux yeux de Fautre, de Fair le plus liberal et le plus affectueux ; et dans cette aimable reciprocity de manieres grandes et genereuses, ils riVafiSoient, pour ainsi dire, de politesser a veb les nations du monde que distingue le "pins cet heiireux caractere. tv 1 Depuis le moment de notre arrivee a Dimanche r 35. Nootka jusqu'au 23 , nous eumes tres-mau- vais temps ; mais cette circonstance, quoi** quCassez facheuse V ne nous empecha pas cFeiitreprendre -J'plusienrs: operations que nous, avions en vue." Maquilla s'etoit iioii- . seulement prete de la meilleure grace du monde k nous ceder un coin de terre dans Ses domaines pour que nous pussions y construire une maison destinee a loeer les personnes que nous nous proposions 'de iaisser a,Nootka ; il avoit encore promis de nous aider a ayancer les tray aux , et de proteger le detachement qui devoit rester Ipr cette terre pendant notre absence. Pour reconnoitre les marques de bienveillance que nous donnoit ce chef, et Fentretenir dans des dispositions aussi favorables a nos projets, je lui fis present d'une paire de 1 fgff .. 1 pistolets qu'il n'avoit cesse* de regarder d'un oeil d'envie depuis notre arriyee. Quant a Callicum qui paroissoit avoir concu le plus tendre attachementpour nous, il recut aussi les presens qui pouyoient lui etre agrea- bles. Nous en offrimes de meme aux fem- ines de sa famille. II devenoit r en effet * bien essentiel pour nous de nerien negli- ger de ce qui pouvoit le confirmer dans ses sentimens : ii etoit charge pai; Maquilla d$ veiller sur nous ,:.de nous defendre : ce dei> nier lui avoit, en outre, recammande for- tement o^'eMpecher que les naturels ne s^ portassenjiS. aucuns exces contre nous. Nous etions tl^s-disposes, s&nsi doute , k nous confier a la bienveiliante amiti4 dh ces chefs. Nous-pensames^toutefois, qulS seroit prudent de leur faire connoitre notre puissance pendant la duree de nos relations avec eux, en depioyant avec toutes nos 4brees les moyens. d'en faire usage , dans le cas ou ils viendroient a changer a notre egard. Nous ne desirions pas moins nous rendre redoutables qu'exciter ifeur recon- noissance : c'etoit, en effet, le meilleur anoyen d'assurer le succes de notre voyage. Nous apportau\es une si grande diligence fc^SS, ' Mercredi 28. v '. || I H) W ■ I « «g- dans la construction du batiment que , dis *- . le 28 , les travaux etoient completement Mai. I r acheves. Les naturels nous donnerent tous les secours qui dependirent d'eux poiir nous aider dans cette importante besogne; et nous leur dumes, en partie, Favantage de la voir si promptement terminee. Non - seulement ils alloient, jusques dans les forets, cher* cher pour nous le bois de construction 5 mais ils s'empressoient encore de nous ren* dre tous les services que nous pouvions exiger d'eux. Le soir, lorsque la cloche #vertissoit nos gens qu'il etoit temps de quitter Fouyrage , nous faisions toujours assembler ceux des naturels qui avoient travaille pour nous. lis recevoieht alors llur paie journaliere : elle coxlsistoit en grains de fer qu'on leur distribuoit, ert proportion de Fouvrage qu'ils avoient fait* t)es procedes si genereux de notre part nous nieriterent a tel point la confiance et Famitie de ces naturels que nous ne pouvions trouver de Foccupation pour le grand nombre d'entr'eux qui sollicitoient conti- nuellement la faveur d'etre employes a notre service. (65) La maison etoit assez vaste pour loger tout le detachement que nous nous propo- sions de laisser dans Yentrde. Au. rez-de- chaussee , il y avoit une grande chambre ou les tonneliers, les yoiliers et autres ou- vriers devoient travailler dans le mauvais temps. Une autre piece non moins etendue, et destinee a former le magasin des provisions de tout genre, etoit a cote ; Fatelier de Farmurier se trouvoit place a Fune defc extremites du batiment avec laquelle il avoit une communication. L'etage au dessus etoit divise en salle a manger et en plusieurs chambres pour les personnes qui formoient le detachement. Pour tout dire en un mot, notre maison, sans etre digne , par sa construction, de fixer les regards d'un amateur de la belle architecture #se trouvoit pour- - X tant distribute de maniere a remplir par- faitementl'objet de sa destination : la structure en paroissoit magnifique aux naturels de Yentrde du Roi George qui n'avoient jamais rien vu de_ si merveiileux. On eleva autour de Ja maison un fort parapet qui renfermoit une grande etendue de terrein \ on y dressa, pour toute batte- .rie , une piece de canon placee de maniei Tome II. E Mai. -J. Vr? «s .«'. 1788. Mai. Juin. Jeudi (66) ^qu'elle dominoit Fentree et le village dp Nootka; ce qui form oit une fortification, assez imposante pour garantir notre detachement de toute attaque. En dehors de ce parapet, on construisit la quille d'un vais!- seau de 40 ou 5o tonneaux qu'on etoit sur le point de batir, conformement a nos an- eiens arrangemens. Vers le 5 juin, les operations se trouvoient considerablement avancees. Les vaisseaux avoient ete caifates, les manoeuvres reparees . et les voiles examinees avec le ■ s. ??e plus grand soin. On avoit pris a bord du lest de pierre : nous pens&mes qu'il pouvoit etre dangereux d'einployer le lest de sable , a cause qu'il embarrassoit le jeu des poiri- pes. Enfin, le vaisseau approvisionne d'eau et de bois se trouvoit en etat de mettre a la voile. Nous avions acbeveetant de traf- Vaux divers et siimportans, quoique le temps n'eut cesse d'etre tres - desagreable depuis le moment de notre arrivee : la pluie avoit presque toujours tombe par torrens , et les vents souffloient constamment de sud. Ces pluies avoient fait fondre entierement la eneige de 4essus la terre ;et Fon n'en ap- percevoit plus guere que dans quielques en- <67) iii " droits , si ce n'est sur le sommet des mon- I7$& tagnes et des collines les plus elevees. Mais Juin. la vegetation etoit encore tres - retardee ; elle ne changeoit que par degres Fair sau- vage qu'avoit le pays lorsque nous y arrir vames. Le detachement choisi pour rester a terre fut employe sur le champ aux diverses occupations auxquelles il etoit destine. Les uns alloient chercher le bois de construction jusques dans le fond d'une foret ou ils ne pouvoient arriver qu'a. travers mille obstacles : d'autres lescipient, et lui donnoient la forme necessaire a Fusage qu'ils vouloient en faire, tandis que les armuriers etoient occupes a forger des chevilles et des clous prets a servir au premier besoin, ou a tra- vailler le fer dans la forme des divers articles de trafic qui pouvoient nous 8tre ne- cessaires, Aussi parv&§iaes-nous bientot, en procedant avec cet ordre et cette regularite, a composer notre nouvel arsenal de marine. Les charpentiers y avoient deja. c on str u it laquille d'un vai&seau ; la pouppe et Fetam- fcbrd etoient deja eleves, chevilles, et soli- cement attaches ; de sorte qu'il ne nous &llut pas attendre long-tetfips pour jouir E % 1788. Juin. n . ■"- ■■(«») ■ ^ de la satisfaction de voir ce vaisseau eil etat de faire le service auquel nous le des- tinions. Si l'histoire des navigateurs n'etoit ecrite que pour amuser un moment les loisirs du riche , ou pour eclairer les recherches la- borieuses du philosophe , il seroit neces- saire, sans doute , de s'interdire dans un pareil ouvrage une foule de petits details, peu agreables pour Fun , et trop au dessous des connoissances de Fautre. Mais ils doi- vent se proposer un autre but en publiant le journal de leurs voyages : en effet, si leurs recits ne sont pas propres a instruire les navigateurs qui leur succederont, s'ils n'ont pas pour objet d'aider et de faciliter les progres des entreprises commerciales, en vain ils auront brave les dangers et sur- monte tous les obstacles de ces perilleux voyages : le temps mdme qu'ils auront employ^ a en ecrire les evenemens ira se perdre avec tant d'autres momens inutile- ment consumes dans la vie. Notre conduite avec les naturels etoit dirigee par les principes de la politique la plus remplie d'humanite. Rien ne le prou- yefa mieux , j'espere, que la bonne intelli* / ( «9 ) gence et Famitie sincere qui regnoient en- tr'eux et nous. L'hospitalite que ces allies fideles exercerent envers nous avec des manures si genereuses> donnera aussi une idee avantageuse de la douceur qui les carac- terise , lorsqu'on les traite avec cette bien- veillance qu'on doit a. des hommes sans lumieres, et qu'il est si fort de la politique d'employer pour Finteret du commerce. Les differens services que Fattachement personnel de plusieurs de ces naturels pour nous les avoient portes a nous rendre, suf- fisoient pour nous conyaincre que la re- connoissance n'etoit pas un sentiment in- connusur ce rivage eloigne, et qu'on pou- voit trouver , jusques dans les bois de Nootka, des coeurs sensibles a Famitie. Callicum etoit doue d'une delicatesse dame, et se conduisoit, a notre egard, avec des procedes qui auroient fait honneur a Fhom- me le plus avance dans la civilisation. On pourroit citer mille preuves de la bienveil- lance et de Faffection qu'avoit pour nous cet homme aimable. II n'est plus. La seule maniere dont il nous soit permis de reconnoitre les marques d'amitie que nous re- giiines de lui est de les rappeller ici. Leg 1788. Juin, ( 7° ) J| 1788. termes nous manquerit pour exprimer Phor4 Juiift reur profonde que nous inspir^le gouveniJ d'un nieurtre atroce et comrnis^de gai^fedS coeur , qui priva cette con tree de son plus be! ornement, et l:e-s navigateurs qui, pa# ia suite , auroient visite ces parages, d tut protecteur et d'un ami; qui contraignit M peuple utile et paisible a quitter son pays natal pour aller chercher une nouvelle ha* bitation dans des deserts eloignes (1). (1) Ce chef si aimable flit, tue, dans le mois de juia 1789, par tm offitSer a bord d'un des vaisseaux co'm- mandes par don Joseph-Etieniie Martinez, qui lui iiraj un coup de -fusil au travers du corps. Les details de cet a-ffreux evenement tlous ont ete dounes, tels qu'on va les lire, par le maitre de la cdte nord-ouest d'Amerique , jeune homnie de la veracite la plus exacte , et qui eut le malheur d*etre Mmoin de cet aete de la plus barbare inhumanite. Callicum, so. femme et son enfant arriverent sur uft petit canot, bord a bord de la Prihcesse , vaisseau du commandant de i'eseadre , avec un present de poisson* Comme on lui prit son poisson avec beaucoup de ru- desse et de malhonnetete avant qu'il prLt l'offrir au commandant, il se trouva tellement pique de ce pro- cede qu'il quitta sur le champ le vaisseau , en criant, dans le moment de son depart ; peshae l~peshae ! c'est- 4-dtre j mauvais I m&uyais I L'equipage regarda cetfe i ■■ ■ <?»■) ■ . ■ exclamation comme une si grande offense qu'on tira «ur le champ, du gaillard d'arriere , un coup de fusil a. Ge malheureux chef, a qui la balle alia frapper le coeur. Au moment oil elle Fatteignit, son corps sauta par dessus le bord du canot, et disparut dans les Hots. Sa femme fut conduite a terre aveG 1'enfant par quel- crues-uhs de ses amis qui avoient ete les temoins de cette horrible catastrophe. Elle etoit plongee dans une stupeur deplorable. Bientot apres , cependant , le pere de Callicum osa venir a bord du vaisseau espagnoi pour demander la. permission d'aller chercher sous les eaux le cadavre de son malheureux fils. Quokjtw* ce fut un pere eplore qui sollicitat cette grace, elle lui fut refusee jusqu'a ce que le pauvre sauvage eut re- cueilli parmi ses voisins une quantite de pelleteries assez considerable pour pouvoir acheter d'hommes qui se disofejit chretiens le droit de donner la sepulture a son fils qu'ils-avoient impitoyablement massacre. Le .corps fut bientot retrouve 5 1'inconsolable veuve le conduisit elle-meme au lieu de l'enterrement , acconi- pagnee de tous les habitans de Yentree , quj^^baloient leur yive douleur de la perte d'un chef qui leur etoifc cher , et aux vertus duquei c'est un devoir pour moi de payer le tribut de recpnnoissance et d'affection j-qui ieur^&t d&. lj&s Note devP Auteur. 5Kr'V "i«£- Jiiist. - • gS ¥4 » 1788. Juin. (ji) CHAPITRE X. Moyens employes par les naturels pour augmenter le prix des peaux de loutres de mer. —- Leur supdriorite dans Varrangement des marchds qu'ils con- cluoien€ avec nous. — Conduite de Comekala. — Nous avons le credit d''en faire un chef. —> Son mariage. — Cdrdmonie magnifique a cette occasion.—Maquilla et ses chefs adoptent notre habillement et nos manieres. Present de grande valeur fait par Maquilla. — Vol d'une meule a aiguiser. — Des naturels nous apportent une main d'homme a acheter. ——Danger qu'ils courent en cette circonstance. Perte deplorable d'une partie de Vequipage de /^Aigle Imperial, en ij8y. Raisons que nous .avons de soupconner Maquilla d'etre un canni- bale. Et range oreiller employe par Callicum. — Les habitans de I'anse des Amis s'dloignent a une petite distance'. —liaisons de cet dloignement, et faci- ( ?3 ) Utd avec laquelle ils Veffectuent. On nous apporte une jeune loutre a acheter. 17880 Juin. XJans Fintervaile qui s'etoit ecoule depuis notre arrivee jusqu'au 5 juin , nous avions commence le commerce de fourrures avec les naturels, et nous possesions deja plus de cent cinquante peaux de loutres. Des Finstant de notre arrivee, nous etions con- venus avec ces insulaires d'un prix jfixe pour chaque espece de fourrures differentes: mais dans Ces diverses relations de trafic , ils cherchoient a tirer avantage de tout; et, dans Fespoir que nous avions de faire , par la suite, de grands profits avec eux, il etoit de notre interet de passer legerement sur leur conduite, toutes les fois qu'ils tentoient de deroger a nos conventions originaires. Au bout de quelque temps, ils change- rent entierement Fordre de leur trafic avec nous ; et au lieu de Fe*change ordinaire qui se faisoit en suivant pour regie la valeur particuliere des articles echanges , nous finimes par nous faire reciproquement des (74) presens de tous les objets qui-etoient entres |«squ'alors dans nos relations commerciales; et dans cette ceremonie, ils deployerent plus que jamais leur caractere fier et hospitaller. Nous avons decrit, avec tous leurs letails , les usages observes par eux en pa- reille crreonstance, dans la partie de cet | ouvrage ou il est plus partioulierement trait^ du commerce. Toutes les fois que Callicum et Maquilla se proposoient de nous faire un present, ils envoyoient une des personnes de leur suite pour prier le Tighee ou capitaine de venir les trouver a terre. Je ne manquois jamais de me rendre a l'invitation, charge des divers articles que nous avions a. leur offrir en retour. Des notre arrivee a Phabitation des chefs «& un grand nombre de specta- teurs se. rendoit pour voir 4a ceremonie , on apportoit les peaux de loutres de mer ^ avec de grands cris de joie et des gestes qui umrq&oient la satisfaction que notre presence faisoit eprouver ; on les placoit ensuite a nos pieds. Un silence proft)H& suoeedoit bientot a ces premiers transports; et ils attendoient ayec la plus vive impatience quels seroient les presens que noua . t75) I Hi. leur offririons en retour. Horn, ne suppo- sera guere, sans doute, que,■ connoi^ant tout ce qu'ils pouvoient se promettre (Jg. mar^ghands anglois,nous ayons jamais nian^ que de remplir leur attente. D'ailleurs, nos amis de Nootka avoient imagine, e||pela &oit fort adroit de lei*r parfc^ d'entrejren- dre une nouvelle expedition pour se procurer d'autres fourrures, aul^itot que leur provision actuelle de peMieteriesese trouvoit epuisee. Ce moy en ,-entre beancoup d'au-r' tres aussi avantageux , avoit naturellement pour effet, dfy&reiller , de leur cote ,^ominj du notre, Fesprit de commerce. Depuis la-deeouverte de cette entree pa$ le capitaine Cook, il y etoit arrive plusieurs vaisseaux dans Fintemtion de trafiquer aye© fes naturels. Ceux-ci devoient a ces cc*n- munications frequentes 1'a vantage d'aveir fait de plus grands progress dans la civilisation que nous nel'eussions espe-re;. Mais ce qui nous surpritteaucoup^ ce:fut de les voir entierement depoiarvus des divers ar* tides qu'on apporte chez eux d'Eurape % car ils devoient avoir recti*! en echanse de leurs fourrures | une grande quantite de fer, de-cuivre, de gfalll de verre \ et nausja'en tl .- (76) ' t 1788I appercumes pas un seul morceau parmi Juin. eux. II est difficile de conjecturer comment ils avoient pu trouver le moyen de dissiper, en si peu de temps, toutes leurs richesses. Dans nos relations de trafic avec ces in- sulaires , nous avions remarque plusieurs fbis de Finconstance dans leurs gouts , et cela etoit assez embarrassant pour nous. Tantot ils preferoient le cuivre a tous les autres articles ; tantdt Us choisissoient le fer comme la seule marchandise a laquelle ils attachassent quelque prix : d'autres fbis, aussi, les grains de verre leur plaisoient da- vantage. Mais nous avions reussi a reme- dier aux inconveniens de leur caractere indecis ; c'etoit en leur donnant une portion de ces divers articles meles ensemble. Comekala nous avoit d'abord ete fort utile pour accelerer nos petits arrangemens de commerce. Mais il commencoit a oublier la langue de son pays , et parloit un jargon si bizarrement compose des langues chi- noise , angloise et nootkane , qu'il ne pou- voit presque plus remplir les fonctions d'in- terprete entre les naturels etnous. Ajoutez qu'en revenant aux habitudes de son pays , il commencoit a preferer les interets de ses \ : 1 x ; (77) fcompatriotes aux notres, et qu'au milieu des jouissances qui se renouvelloient pour lui dans ces repas ou il mangeoit avec sen- sualite de la chair et de l'huile de baleine , il oublioit insensiblement tous les bienfaits dont nous Favions comble. Mais comme i\ < se trouvoit , graces a notre credit , eleve dans un poste de confiance et d'honneur, nous etions interesses a ne pas lui kisser entrevoir que nous le soup^onnions de faus- sete et d'ingratitude a notre egard. Maquilla lui avoit confie ses tresors les plus precieux, et entr'autres , un mortier d'airain laisse dans le pays par le capitaine Cook , et que le chef de Nootka regardoit comme un objet du plus grand prix. Cet ustensile de cuisine, destine originairement a un usage servile, avoit ete ennobli par lui au point de devenir le symbole de la magnificence royale. On le tenoit toujours tres-brillant; et, dans les visites ou entrevues de ceremonie, on le portoit devant Maquilla pour raj outer a Feciat de sa royale dignite. La yue continuelle de cet objet etoit done plus •propre a rendre a Comekala son ancienne affection pour nous en lui rappellant que ^aptre amitie ne s'etoit jamaif dementie, 1788* Juin. 1 '(78) I 1788. qu'a Fengager a s'ecarter des egards que Juin. nous ayions droit d'attendre de lui. Nous employames tout notre credit aupres de son frere Maquilla pour obtenir qu'il Felevat tout d'un coup au rang de chef en lui fai- sant epouser une femme distinguee par sa haissance dans son propre district. Maquilla accorda , sur le champ , cette faveur a nos sollicitations ; et nous fumes invites aux noces qui furent celebrees avec toute la magnificence possible. La moitie d'une baleine , une quantite considerable d'autre poisson, avec de l'huile en proportion , for- merent le rep as somptueux qui fut donne en cette circonstance. Pres de huit cents convives y assistei ent : ils y furent seryis avec le plus grand ordre, se comporteTrent tr^s-sagement, et manifesterent a leur chef toute la satisfaction qu'ils eprouvoient d'une reception si brillante eu^si honorable. ,. , ,.' Le 6, il vint a bord un messager de Ma*- *yenaredi ' , . 6. tjuilla, cfearge de nous prevenir que ce chef se disposoit a nous faire un magnifique present, et qu'il nous prioit de venir a terre pour le recevoir. Nous nous rendimes sur le champ aupres de ce chef,etle trouvdmes -#etu d'uxr habillement complet europeen 9 ( 79 ) avec une chemise a manchettes , les cheveux en queue, et poudres. Nous recon- numes dans tous ces ajustemens dont il avoit forme sa parure, une partie des presehs <nxe nous avions faits a Comekala , et Maquilla les regardoit, ainsi que ses diveiS ornemens de cuivre dont le poids etoit enorme, comme les marques distinctives dfe la puissance du souverain de Nootka. Ce prince etoit environne de plusieurs chefe qui tous portoient, comme decoration, quel- qu'article particulier de l'habillement anglois, dont leur vanite paroissoit singuliere- ment satisfaite. Nous remarqusmies que , dans cette occasion, ils avoient fait dispa- roitre de dessus leurs visages les couches d'huile et d'ocre dont ils se barbouilloietkt ordinairement. Eref, la metamorphose etoit telle qu'en entrant dans la maison , nous eumes, d'abord, quelque peine a reconnoitre nos amis. Cette circonstance fit qu*i!& nous accueillirent ayec un air tres-soieni- nel. lis se leyerent, et imiterent notre ma- idere de saluer. La facon dont ils dtoieni leurs chapeaux,les gestes tres-plaisans qu'ils feisoient en se saiuant Fun Fautre , et eh. prononcant quelques mots anglois qa'iis *7 Juin* { (80) £788. avoient retenus et qu'ils repetoient alors a Juifijj voix haute sans aucune liaison, et meme sans les entendre; tout cela, dis-je, formoit tine scene dont ils s'amusoient beaucoup , et qui ne pouvnnt pas nous deplaire. Lorsque ces bizarres ceremonies furent termi- nees, le chef ordonna qu'on apportat devant nous plusieurs peaux de loutres tres- riches, et ne tarda pas a les envoyer a notre vaisseau. II y ajouta un daim d'une fort belle espece qui venoit d'etre tue dans les bois par Fun des siens. Nous ne fimes pas attendre k Maquilla le present par lequel nous voulions reconnoitre sa generosite d'une maniere digne de lui ; et a notre retour au vaisseau, nous trouvames que les peaux de loutres nous y avoient precedes. L'arrivee de Comekala decida ces peu- ples a prefererja tout autre article de trafic , les diverses parties de Fhabillement europeen. Un chapeau, un Soulier, un ba$ faisoit ordinairement pen cher en notre fa- veur la balance des negociations commerciales; et noiis ne negligeames aucun des moyens qui se presenterent d'encourager une idee qui pouvoit les determiner a faire usage des laines. Le (8i) 4 - ej Le 7, notre tonnelie^vint se plaindre de %$%%; ce que les naturels lui ayoient pris sa me&le j^\n; a aiguiser. Ce vol etoit le premier qu'ils samedt nous eussent fait. On assure pourtant que 7* les differens vaisseaux quisles ont yisites avan| nous se sont plaints du m&me vol. Nous avions remarque, en elffet, que tout&r l'attentjj^n des naturels se portait sur cette pierre. lis etoient persuades qu'elle renfer- moit quelque charme particulier qui lui donnoit la vertu de re$dre*^ sans la moindre fatigue, notre fer tres -l^cere et tres- tranchant, tajadis qu'ils ne pouvoient se procurer le m&me a vantage pour le leur qu'avec des peines extraordinaires. La perte de cet-objet ne laissoit pas que d'etre assez importante. Nous fimes, mais en vain, tous les efforts imaginables pbiiii le retrouver; Nous nous adressdmes a Ma- quilla : notre reclamation ne fut pas accom- pagnee dii succes ordinaire, m&me aupres de lui. II nous parut, au reste , plus prudent de fermer les yeuxsur le vol, que de 'im*\ m i^aiil nous engager dans une contestation avec ces insiilaires. Nous nous contentdmes de donner les ordres les plus severes pour qu'aucgn des naturels, excepte les chefs, {Tome II* F ^88* ne lat admis, a Pavenir gdans Fenceint6 Juin. que le parapet formoit autour de la maison. Dibancfre -^e § > notes yiines entrer dans Panse un 8« eanot dfe forifae assez bizarre , qtn portoit pluslinrs personnes. II vint bord a bord du vMsseau -, et ^les naturels 6ous vendirent tm petit nombre de peaux de loutres. lis iS^^pfoposerent aus&fe d'acheter une main d'homme , seche*e e$*toute rid&e1. Les doigta y tenoient encore par des clous tres-longs. Mais nous eproaivames un sentiment d'hor- 3»eur! plus faeile a concevoif* qu'a expri- mer, en appercevant un cacnet qui for-' inoit le pendant d'oreille d'un des naturels que portoit le caMot. Nous sfumes Mentot lf®e ce cachet avdl*! appartenu a FinFortune SH M. Millar, officier du vaissean YAigle Im- pdrial7 dont aucune personne de notre bord || n'ig'tioroit la trop deplorable histoire ( 1 )i* . :(i) UAigle Imperial etoit un vaisseau employe h cecue^llir des fourru^^ a la cote d'Auieriqute en 1787. Dans le cours de cette expedition, le ca^taine envoya sa chaloupe de Yentrde du Roi George faire le trafic jusquVu. 4.7 degre de latitude nord. Elle mit a l'ancre par le travers d'une riviere'. Des bas-fonds qui §e troii- moi$Ht#l'en.tr4e * r^pe^h^rent^y penlrirer £W avaittS. ( 83 ) Les marplots furent sur le point de declarer Jftettement ce qu'ils pensoient de cette main, savoir, qu'ils la regardoient corame^e de celles de M. Millar, et que les naturels en presence desquels ils se trouvoient dans ce moment, etoient les meurtriers de cet offi- cier. Le soupcon seul du crime auroit cer- tainement decide du sort de ces insulaires , si nous n'eussions pas eu le bonheur de faire entendre a nos gens que le cachet en question pouvoit bien avoir ete transmis , par succession d'echanges ,SMau possesseur actuel. Mais la vue seule de cette mat?*, apportee par les naturels paroissoit a nos tffratelots une presoinption si forte que nous eumes beaucoup de peine a. les contenir Ajj* et nous ne pumes, malgre nos efforts , les) Juin, Le capitahae de cette dialoujii"oenvoya un petit bsyteau qui en dependoit remonter la ri^ere avec M. Miljtar , officier de YAigle Imperial , un autre jeune homme , et quatre mateiots. lis continuerent de faire fprce de rames jusqu'a leur arrivee a un village ou i'on presume qu'ils furent pris par les naturels, et que ceux-ci les fiiassacrerent.! C'est ce qu'on est fonde1^ croire , leurs habits ayant ete retrouves deptiis tout ensanglante&r* Note de VAuteuft^ Fa 1788. Juin. empecher de chasser les naturels du vaisseau en les accablant d'injures et en leur tehioignant toute leur indignation. Nous . recorinumes , au reste, qu'ils etoient inno- cens du crime dont on les avoit soupcon- nes. Car, des le jour suivant, nous sumes de Maquilla lui - meme , qui nous Fassura qomine un fait a sa connoissance particii- Kere, que ces memes articles dont la vue seule venoitd'exciter parmi nous une si viye indignation, avoient passe par la yoie du trafic a ces naturels qui des tenoient de ceux de Queenhythe, lieu in£me du massacre de M. Millar et de ses compagnons. Ce chef n'osa cependant pas nier que la main ne fut celle d'un de nos infortunes compatriotes; et la confusion que nous re- marquames dans notre entretien avec lui a ce sujet, ainsi que diverses circonstances a-peu-pres semblables dont je parlerai plus tarn , concourufe1§t--a nous donner 1 idee dlie Maquilla iui-meme etoit un cannibale. II n'y a malheureusement que trop de rai- sons de croire que cet horrible trafic de chair humaines'etend, a peu de chose pres, tout le long de cette partie du continent d'Amerique. Notre ami Callicum lui-meme, .^- .. { 85). _ ' ■§ I reposolt sa tete, la nuit, sur un grand sac remplr de crdnes humains qu'il montroit encore avec orgueil Gomme autant de tro- phees honorables pour-son courage et sa superiorite dans les combats ; et il est plus que probable, que les corps des infortunees victimes a qui ces cranes avoient appartenu, avoient ete devores dans un banquet donne par lui a Foccasion de sa victoire , aux guerriers qui avoient eu la gioire de paf- tager ses affreux succes. Le meme jour , Wicananish , chef tres- puissant qui habitoit au sud , et a qui Maquilla avoit ete faire une yisite de ceremonie , au moment ou nous arrivames dans Ventrde, vint lui rendre cette visite , avec deux canots de guerre, et la plus grande partie 'des naturels de sa suite qui etoit tres- Siombreuse, magnifiquement v&tus de fourrures du plus grand prix. Ces insulaires avoient beaucoup meilleure mine que nos amis de Nootka ; ce que nous atuibuames avec assez de fpndement a Favantage de leur situation, puisqu'ils habitent une par-* tie de la cote oii-les baleines abondent en plus grande quantite. Ce poisson qui fai- soit, en meme temps, presque toute leur f J?? 1788. Juin. i788. Juin. Mardi io. ($6 subsistance et toute leur richesse, eotnmen- coit a devenir rare dans Yentrde de Nootka. Wicananish nous rendit une visite de ceremonie a bord de la Felice, et nous enga- gea k venir le trouver dans le lieu de sa residence, nous promettant un nombre considerable de belles fourrures. Aucun des articles que nous avions a leur offrir ne pti- rent, cependant, determiner ni lui, ni aucun des siens, a partager avec nous les riches habits dont ils etoient couverts. Le 10, nous remarquames un mouvement general par tout le village, et, en pen <Jj> ternps, la plus grande partie des maisons disparut a nos y^ux. Lorsque nous arriva- mes a terre, Maquilla nous informa que ses insulaires se disposoient a aller gagner une baie placee a la distance d'environ deu;x milles de Yentrde, pit ii se rendoit unfe quantite' considerable de poisson ; que leur projet etoit, non-seuieineiit de se procures pour le moment une bonne provision cfo baleine et d'autre poisson, mais encore dfc profiter de 1'occasion favorable pour arnas> aer de quoi subsister Fhiyer. La maniere dont les maisons de Nootka sont construire^ , proctire aux habitans *5 87) |7 - i'avantage de s'embarquer comme de de barquer, et cela en peu d'heures , et sax* le moindre embarras. Une population immense se transporte dans une habitation nouvelle avec la meme facilite qu'elle y voi- tureroit une voie d'eau. Mais on trouvera5 dans une autre partie de cet ouvrage, ainsi que nous avons deja eu occasion d'en preV* venir le lecteur, des details semblables et meme plus particuliers sur les moeurs et coutumes de ces naturels de la cote nord- ouest d'Amerique. De jeunes loutres de mer furent appor- teos a bord , et Fon offrit de nous les ven- dre. Mais ii ne se presenta point d'ache- teurs. Une d'elles etoit vivante. Les meres ct tous leurs petits avoient etS tues. par Maquilla, excepte cette*derniere qui, selon toute apparence, avoit eprouve demauvais traitemens ; car un de ses yeux paroissoit avoir ete enleve, comme par force, de son orbite. Elle etoit fort petite , et faisoit pre- cisement le meme bruit qu'un enfant qui erie. C'etoit de tous les animaux que nous avions jamais vus, le plus vif et le plus eveiile. Apres FavOir gardee un jour on deux, nous la jettames a ja mer pour lui %' i E.4*;' 17B8. Juin.' m- 1788. Juin. i I (88) - laisser la liberie de s'echapper. Mais nous ne fumes pas peu surpris de voir qu'elle ne potfvoit ni plonger, ni nager. Elle continua de snivre quelques momens le courant de Feau, jusqu'a ce qu'enfin nous la reprimes a bord. Elle mourut bientot apres des contusions qurelle avoit recues. II est, au reste, assez' facile d'expliquer cette circonstance; on sait que les meres portent leurs petits sur leur dos jusqu'a une certaine epoque qu'elies les laissent aller seuls, ay ant acquis alors , en m£me temps , °la force et Fhabi- tude de prendre soin d'eux-m^mes. < 89 ) meaa CHAPITRE XL 1788. Juin. Nous nous disposons it remettre a la voile.' Vol de notre pinasse par les naturels. Inutilitd de nos efforts pour la retrouver. — Mouvemens a bord du vaisseau.—- Ddbarquement des officiers et du ddtachement destines a rester a terre. —A mas de provisions pour V equip ement du nouveau vaisseau. —-Mesures prises pour la silretd du ddtachement. Pro- gres des travaux pour la construction du nouveau vaisseau. Bonne santd des gens de Vdquipage. >— Provisions de poisson. —Visite de ceremonie rendue a Maquilla , et ?'enouv elle ment du traitd. —-* Nous lui donnons avis de Vdpoque probable de Varrivee de /'Iphi genie.—- ^| Maquilla demande une lettre pour le "capitaine de ce vaisseau. — Notre surprise en le voyant doud d'une infinite de conhoissances ; moyens par lesquels il se les etoit procurdes. —Histoire de M. MaccayB'— Callicum revient de la chasse aux loutres de mer* — Nous trou% 1788. Juin. I e '(9°> vons entre ses mains beaucoup d'articles qui avoientappartenu a sir Joseph Banks* —— Le vaisseau remet a la vpile. —• Plan de notre route, etc* ii. Mercredi J^jE 11 juin , le temps etoit tres - beau et tres-calme. Nous d<ka£Fonrcl^aines le vaisseau, et au moyen des chaloupes, nous le ^ortimes de Yanse des Amis pour le re- mettre en mer. Notre intention avoit ete de partir le 9 : mais nous egarouvames un accident qui nous affligea beaucoup. Cet accident n'etoit rien moins que la perte de la pinasse, chaloupe vaste et fort belle , et en outre , la seule que nous eussions de Cette espece. Nous fumes d'abord assea portes k croire qu'un coup de vent Fayoit detachee du vaisseau pendant la nuit, et qu'elle avoit ete entrainee par Je courant, sans que le quart Peut appejrcue. Mais , le matin , on ne la decouvrit poyit, et les canot& furent envoye^ a la recherche, ainsi que les chaloupes, sans aucun succds. Nou^. promimes de grand es recompenses aux nar turels s'ils voftloient nous |a rendre \ <?ar > (9* T en reunissant une foule de differentes cir- constances, nous ne pouvions douter qu'elle ne fut entre leurs mains. Maquilla et Callicum protesterent de leur innocence dans les,termes les plus forts : mais nous eumes tout lieu de croire depuis , comme nous Favions soupgonne, qu'apres l'avoir volee., ils s'etoient hates de la mettre en pieces pour avoir le fer et les clous qui furent depuis distribues par toute Yentrde. Ce vol nous fit craindre, d'abord , uit eclat facheux entre le chef et nous. Tant <qu'il nous resta quelqu'^sperance de les determiner a nous rendre la pinasse, nou.s^ primes avec eux Fair et le ton du mecon- /tentement. Mais lorsque nous fumes con- vaincus qu'il ne falloit plus nous attendre a la revoir , nous laissames Faffaire se passer sans bruit et sans altercation. En effet, si nous eussions seulement essaye d'tiser de represailles a leur egard^ il en seroit resulte, .selon toute apparence , une rupture entre le chef de Nootka et nous. En m&me temps qu'elle auroit beaucoup nui a Finter6t de nos relations commerciales avec ces natu^- rels, elle pouvoit attirer des dangers an J^tachement que nous devions laisser {Jani 1788; Juiru • \ jjjjk ( 92 ) ■%-■■■ 1788. ce Pays» Nous nous content 5mes done de Juin. conseiller a Maquilla de se precautionner contre des vols de ce genre, et de suspen- dre les quartiers-maitres de leurs fonctions, comme si e'eut ete a leur negligence seule que nous dussions imputer le malheur que nous avions eprouve. A oette epoque, les inemes symptomes d'insubordination qui s'etoient manifestos, de temps a autre, parmi les gens de l'equipage , des le commencement du voyage ,- continuerent de nous donner de Fin quietude. Nous nous etions pourtant flattes que cet esprit de revoke etoit tout-a-fait etonffe, avant d'arriver a Samboingan. Le contre- maitre avoit manque recemment a ce respect envers les officiers auquel il etoit ri- goureusement tenu par le devoir de son poste. Mais un esprit de fermete developpe' a propos reprima des mouvemens si alar- man s ; et il fut degrade de son poste devant le mat 011 on lui donna un emplbi tres- inferieur au sien. Un autre contre-maitre fut nomme a sa place, et le recit de cet evenement fut insere tout au long dans le journal du vaisseau. La veille de notre depart, noiis1*deBar- quames lea jofficiers^et le detachement destines a rester a terre avec les charpentiers pour achever le vaisseau. Je laissai a l'offi- cier, qui devoit commander, les instructions necessaires, si la Felice venoit k echouer dans son projet de retour , ou s'il arrivoit quelque f&cheux accident, soit a. ce vaisseau , soit a YIphigdnie , qui etoit attendue dans Yentrde vers la fin de Pantonine. Dans le cas ou le concours d'un si grand nombre de circonstances malheureuses ferpit manquer Fexpedition, nous laissames tous les materiaux que pouvoit exiger Fequipe- ment du nouveau vaisseau , et des provisions suffisantes pour le conduire jusqu'aux iles Sandwich, ou il trouveroit tous les ra- fraichissemens dont il auroit besoin pour avancer a la Chine. C'etoit pour nous un soin indispensable que de nous precaution- ner ainsi , autant qu'il dependoit de nous , contre tous les evenemens. Au reste, l'equi- page^ne parut pas avoir conc.u un seul mau- yais presage, et nous ne nous separa\mes de ceux de nos compagnons qui restoient a terre qu'avec la consolante esperance de les trouver a notre retour, dans la situation la plus agreable et la plus heureuse. 1788. Juin. ft^ij 1788. juin. (94 >|, 1 % In depend amment du nouveau vaisseatt que nous avions entrepris, nous nous pro- mettions des avantages considerables^ du sejour de notre detachement a terre.^iAu moins etions - nous bien fondes a esperer qu'ils recueilleroient toutes les fourrures qti'auroient pris pendant Fete les naturels de Yentrde du Roi George ; et nous savions que ces derniers ne pouvoient manquer d'en prendre un grand nombre. A tout evene- ment, nous avions la certitude que nos gens n'eprouveroient aucun desagrement, et qu'on ne les troubleroit pas dans leurs operations : car, outre urie piece de canon "montee sur les travaux , le petit fort etoit Men fourni d'armes et de munitions; et la garnison , y compris les ouvriers, se trou- Voit assez forte pour soutenir avec vigueur toutes les attaques qu'on auroit pu dinger eontr'eile. La construction du vaisseau avancoit beaucoup ; plusieurs des varangues etoient deja en place , et les armuriers avoient prepare une grande qfuantite de clous et de chevilles. De plus, une corderie tres-com- niode etoit etablie , et. nous avions deja. commence a y manufacturer des cordages r article si essentiel pour nous. Bref, si Fon considere tout ce que nous fimes de beso- gne ici, si Yon songe que nous y construi- stmes nne maison commode et sure , qu# nous y lestames et equipames la Felice pour remettre ce vaisseau a la mer, que nous fumes sans cesse occupes de nous procurer le bois de construction, et de preparer tous les. ma^riaad^qui nous devenoient neces^ saikes pour batir les nouvea%xj vaisseaux ; ill 11 qu'enfin nofcs apport&Httes aussi, comme il le falioit, Fat«fention necessaire dans nos ariangemens de commerce, certes , le re- proche de j^gligence ou de paresse sera le dernier qtue itomme, meme le plus ir^ reflechi dans; .ses Mjustices, pourra £tre • tente de nous faire. |&rAu moment de notre arriyee dans Yentrde, le pays nous parut humide >-pluvieux et desagreableiSijVIais nous remarqtidmtil ensuite qu'il ri'y avoit pas beaucoup defne"ig$ gur la terre , et que le peu qui en restoit avoit ete bient&t fondu par les grosses pluies qui tomboient apres notice arrivee, Ndtli trouvames Fair extrenienxeat <ioux ; et les iegaaanes frais > ainsi que les oigntfns que la ^erre pradamoit ea £b&&dmGpsxl*& larders** 1788. Juin/ M- (96) I. 1788. Pa^ a rendre tout-a-fait la sante aux con- Juin. valescens que nous avions a bord. Nous etions tres-exactement approvision- nes de poisson : les naturels ne manquoienf; point de nous apporter chaque jour tout ce qu'ils pouvoient enjderober a leur consommation partie uliere. La veille de notre depart, nous rendimes une visite de ceremonie a Maquilla pour 1 Informer que noHis nous proposions de quitter Yentrde le jour suivant. Nous lui donnames |t entendre que le vaisseau ne seroit pas de retour avant trois ou quatre mois. Cette epoque etoit, a-peu-pr^s, celle pti nous presumions que le vaisseau, ac- tuellement sur le chantier, pourroit etre lance a la mer. Ces naturels donnoient a ceiui~ci le nom de mamatlee, ou vaisseau; Fautre , ils le nommpient Tigheeinamatlee, ou grand vaisseau; Je priai aussi le chef d'avoir toutej^attention et toute la bienveiU lance possible pour le detaciienient que nous allions laisser a terre ; et pour m'assurer son an>itie, je lui promis que, lorsque nous quitterions definitivement Yentrde, nous le mettrions en pleine jouissance de la maison ,£ ainsi que de toutes les marchandises et "et atitreli^propri&es qui-elpde'pemioiferir. Je lui offris en'^d'ite'^^J^'SHiTO'unfe? preuVe de liotre estime particnlie^M^^es Iia^rf^arnis de botifoifs de metal'> objet do' pi'us gfandF prix a - :se§ yeux. Je lis1 ensuite^pfeisieurs1 i o t TM& • i ^ rial's presens aux femrnePfS^e't'«a lamale ; ^t^a' Finstant oft nous ailioris prendre eon^e de lui , cette yieille femme , lante^^e^^Gome- kala , don&j'ai deji fait le portrait, et qtij sembloit avoir amasse stir el# la %iaI-pro% pfete avec les annees , me pHa^a4ve6Jle^ plus ryives instances ^ de lui donnei^iine paire de bouclesi^4ussit6t qu'ellCies eut recues, elle en fit &%ii pendans d,cdt(§£lle $> dont elle se paroit avec la rrime v%tnite^ qu'une. belle met en Europe k relever seS charmes par Feclat des pierreries de l'Inde. ^Maquilla, charme, au -dela de toute ex-, pression, des marques d'amitie <jne noiis lui avions donnees, s'empressa de souscrire k tout ce que nous jugeames a propbs de lui demanded, et confirma, avec les plus fortes assurances d'une sincere fidelite , le traits d'alliance qui avoit ete deja conclu entre lui et nous. Nous le previnmes aussr qu'utt autre vaisseau uevoitarriver dans Venfirde-j, ,probablemen^%eHliant ixotre absence , et Tome IL Cr SB ' k ^788. que le capitaine de ce vaisseau etoit notre Juin. intime ami(i). Sur cet avis, il nous pria, sans hesiter un instant, de lui laisser une lettre pour le chef, notre ami. Cette demande nous etonna beaucoup. Nous etions loin de soupconner jusqu'alors que ce peuple eut la moindre idee de la faculte que nous avions de nous communiquer recipro- q-uement nos pensees sur le papier; et nous eprouvames bientot la plus vive curiosite <^e say^r pf|r <pa^s,moiy*ens ils etoient parvenus, a se procured une pareille conno*sj*j §a>ace*;' Qilei'qu'un $$&Ji6tees iaaagina que cesi. naturels pouvoienlb bien la tenir de "--7 . ^*B% - M. Maqcay qui avoit sejourne, je crois , plus de quatbrze niois parmi eux, et quirp durant cet espace de terns , avoit tenu un journal que j'ai eu sous les yeux. Je ne (O II s'agit ici, comme le lecteur le presume , sans doute, du vaisseau YIphigdnie commande par le capitaine Douglas, qui devoit, conformement aux instruction^ q\re4ui avoit donnees le capitaine Meares , ainsi 4|ur0n Ya\ pu voir daits" le n°. II.de i'appBnilrx du premier voKtgae , page 375 , se rendre dans Yertffiee, vers le « jupe^nier' novembre 1788. *«? • Note du Traducteur* ( 99 ) | puis tnVrrSter sur cette circonstance sans dire quelques mots de Fe vehement qui le forca de rester ainsi livr£ tout entier a la vie sauvase. Les vaisseaux le Capitaine Cook et YEx- periment avoient ete equipes sous les ordres et par les soins de M. Scott, dont le genie et les lumieres en matiere de commerce $$>nt egalement reconnus dans FEurope et dans l'Inde. Ils devoient se rendre de Bombay a la cote d'Amerique pour' recueillir des fourrures. Ils y arriverent en 1786 , et •M. Maecay, qui, e^oit second chirurgien i, bord de Fun de ces vaisseaux > y resta, de son propre consentement, sous la protection de Maquilla. M. Strange qui avoit la surin ten dance de ces vaisseaux , pensoit qu'il pourroit resulter de tres-grands avantages pour le commence deilaisser M; Mac- cay parmi les/fuaturejs de 1 entree du Roi jGeorge, pour apprendre leur Jangue et s'iqstruire de leurs rnceurs etde leurs usages* II y fut done laisse en .1786, et sejourna parmi eux jusqu'en 1787 qu'il s'embarqua pour la Chine a bord du Vaisseau VAigle Imperial. Quoique cet homme int^ressant e&t re§u G % 1788. Juin. V j *%- * ' ■ '.'■■ .7.. Cio'°) .''•-■. 4788. tons 7es habillemens et toutes les provisions J4rin. dont il pouvoit avoir besoin pendant sa residence a Nootka, il ne tarda pas a. se voir tout-a.-fait red nit a Fetat de sauvage. II n'est pas facile de concevoir comment un Europeen , avec sa constitution , a pu sou- tenir son existence en se n urrissant d'ali- mens si contraires a sesvhabitudes et a la nature meme de son temperament; comment il a pu s'accoutumer k viyre au milieu de tous les genres de mal-propret6, et se resigner , meme pour appaiser la faim la plus devorante, a ces repas dliuile de baleine. Ce n'etoit pas tout encore : pendant le sejour de M. Maccay a Yentrde deNootka\ la rigueur d'un long hiver y fit naitre la famine. La provision de poisson sec fut bientot consommee , et Fon ne put absolu- ment s'en procurer d'autre; telle fut la de^ tresse que les naturels se trouverent r^duits a une pitance determinee par chaque jour> et que les chefs apportoient, journellement aussi , a notre infortune compatriote , ia nourriture fixee pour lui, savoir sept t§tes de harengs sees. II est impossible a quicofip que a recu de la nature les premiers sentt- mens d'humanite de lire, sans fre*a$§ d'Jjbr- reur , le journal de c,e voyageur. An reste , les sauvages lui donnerent une femme , et nous devons a la verite de convenir que , quelqu'ait pu etre leur conduite a son egard, les chefs de Nootka et Wicananish nou& demanderent de ses nouvelles avec autant de sollieitude que s'ils eprouvoient verita- blement pour lui la tendre affection dont ils paroissoient penetres. ||: Nous donnames done a. Maquilla une lettre , ainsi qu'il l'avoit desire ; et ne tar- dames* pas a demeurer convaincus que la crainte qu'il avoit de voir arriver YIphigd- 7%ie seroit pour nous un bien plus sur garant de la protection qu'il accorderoit a notre detachement, que toutes les marques d'a- niitie dont nous 1'avions comble, et memo que toutes ses protestations debien^veillance et d'attachement. Callicum, qui nous avoit quittes depuis quelques jours pour aller chasser aux loutres , etoit alors de retour. Ce fut une veritable satisfaction pour nous que le chef sur lequelnous comptions le plus, et qui s'etoit declare de tout temps le protecteur et Fap- pui de notre detachemen^rfut revenu a $sroptka avant notre departed^ cette entree, il G3 1788* Juini § H 1788. Nous nous donn&mes, selon Fusage , des Juin. pages mutuels d'amitie. Mais nous ne fumes p iS peu suiprisde recevoir, en retour da present que nous venions de lui faire, trois pieces de metal d'airain en forme de petites crosses pour le }eu de balle , ou Fon decou- vroit encore les restes du nom et des artnes de sir Joseph Banks et la date de Fannee 1770. II y en avoit une oil la gravure n'etoit pas tellement effacee qu'on ne put y reconnoitre encore quelque chose. Quant aux autres, une partie des caracteres avoit tout- a fait disparu. Nous renvoyames a cet ai- mable chef ces gages de son affection, p >ur qu'il conservat le souvenir de Fhomme ce- lebre dont il les ten oit originairement -, de ce philos^phe estimable au genie entrepre- nant duquel on peut dire que nous devons la deeouverte d'une cote qui deviendra , je Fespere , en depit de tous les obstacles, une source d'avantages pour le commerce de notre pays. En mettant k la voile , il fut resolu de tenir la partie meridionale de la e6te , a partir de Yentrde du Roi George, attendu que YIphigdnie devoit suivre la partie sep« tentrionale depuis la riviere de Cook jusem'a (io3.) la mime place. Au moyen de cet arrange* ment, nous etidns surs de reconnoitre le continent d'Amerique tout entier depuis les 60 jusqu'aux 4^ degres nord , ainsi que dif- ferentes parties intermediaires qui n'ayoient point ete examinees par le capitaine Cook. Nous mimes done a la voile , apres avoir renouvelle nos instructions et nos avis a. ceux des notres qui formoient le detafjie- ment que nous- laissions dans Yentrde^ et leur avoir recommande de se tenir conti- nuellement sur leurs gardes, et de ne rien negliger pour entretenir la plus parfait%in» telligence avec les naturels de Yentrde. 1788; "Juin* ■r *.'l m is 8 1 ■Hi-- Gi I *»* .K^EP ( M ) CHAPITRE XII. JLes chefs Hanna et Delootche visitent Ifr vaisseau dans' leur route vers le lieu de It? rdsidence de Wicananish. -— Wica- ridhilsh vient dPbbrd, et conduit le vaisseau dans sa raldb.—Arrives d'un grand nombre la^fd£hita^rs a la hauteur du W&&isseaw.~^&Description du pays et du village de Wicananish , vus du vaisseau . -£-■ Visite rendue au chef. —| Description de sa maison. ■— Surprise que nous cause leur ton d'ingdnuiid Norn- breuse famille de Wicananish. — Son?, opulence f ses trdsom , sa maniere de truitr les convives. Pre sens offerts a? M icananish. -—Prix quxil attache a nos chaudieres oh Von fait bouillir le tlie. *—Sa magnificence dans les pres ens qu'ijfc nous donne en retour des no tres. — Femwes de Wicananish , leur beautd $ prdscns qu'e/lrs recoivent de nous. —- Agree bles relations de commerce avec les nature Is. — Ih nous procurent des provisions fraiches.— Trafic avec le chem m ( io5) I : par la voie de Vdchange. *-<- Meurtre commis dans la personne d'un dtranger par les naturels *du village. — Le vais~ seau se trouve force par le mauvais* temps de reldcher dans leport intdrieur, nommi Port Cox* 1788. Juin. .LE 11 juin, dans la soiree , nous conti- j^fercredi nuames notre route au sud-est, a. trois milles **• de distance du rivage* Au coucher du soleil , la Pointe du Rrisant, qui forme la cote orientale de Pentree du canal du Roi George, nous restoit dans la direction de ,nord-ouest-mi-ouest, L'on appercevoit une pointe qui s'etendoit au sud de la Pointe du Rrisant, et a laquelle nous donuames le nom de Pointe d'a moitid chemin, parce qu'elle se trouve placee environ au milieu de la route entre le canal du Roi George et le pays ou residoit Wicananish. Cette pointe gisoit a Fest, et nous pouvions bien etre a trois rn.ill.es de distance de la cote, Auenaoyen de plusieurs observations sur les amplitudes et les. azimuths, la variation du compas. etoit de 21 degjes 5 minutes a Fest, i . . 1788. Juin, 12. ; (io6) •■•■ Nous continuames notre roureL|nsquri onze heures, la chaloupe en touage ; nous pen sanies alors qu'il seroit prudent de sus- pendre le cours de notre navigation pendant ta nuit. Le 12 , a la pointe du jour , nous remimes a la voile, avec des vents variables. A midi, une observation rapporta 49 degres 2.2 minutes de latitude nord , quoique nous eussions deja remarque que la Pointe du Rrisant couroit nord-oue&t- quart-nord. Au meme moment, nous de- couvrimes une haute montagne sur l'entre<e du pays de Wicananish ; elle gisoit a Fest- nord-est, a. sept lieues de distance. Nous avancions toujours en mer ayec un temps favorable. Notre intention etoit d'exa- miner la cote entre la position ou nous etions alors et le canal du Roi George. Tout-a-coup, le vent sauta au sud-est-quart- est, et le ciel commenca a se couvrir de nuages. Comme ce vent portoit directement contre nous , nous virames vent devant, et portames en mer, redoutant beaucoup le niauvais temps, dont nous avions eprouve que les vents de sud-est etoient ordinaire-* ifeent accompagnest Nos craintes ne tar decent pas a se confirmer ; des nuages amen* j . - ( >°7 ) . ' . If- cetes et de vlolens coups de vent ami on- 1788. Cerent Forage. Les huniers eurent tous leurs Juin* ris pris; et nous continudmes de pbrter en mer pour avoir !e bord au large , ce qu'il est le plus important de ne pas negliger sur cette cote. Pendant 'a nuit, le vent souffla avec une force terrible du sud - est ; nous avions une grosse mer, un temps brumeux , et la pluie ne cessoit de tomber par tor- rens. A minuit, nous vir&mes vent arri^re , et courumes sur la terre. Le i3, a la pointe du jour, le temps me- Vendredi nagoit de Forage, quoique nous le visslons x^* s'eclaircir de temps en temps. Nous pouvions bien &tre a six lieues de distance de la terre, et la montagne que nous avions remarquee au dessus dela demeure de Wicananish se montra alors toute entiere a nos yeux , unie et sous la forme d'un pain de Sucre. Elle couroit nord-est-quart-est, k la distance de sept lieues. Comme nous con- tinuions de courir sur la terre , nous vimes venir a la hauteur de notre vaisseau plusieurs canots qui partoient d'un grouppe d'iles situees a-peu pres par le travers du vaisseau. Chacun de ces canots portoit plus de vingt hommes d'une physionomie agrea-^ :'* s w\ I ^8r' A*i.'» if. Do - ■ i . Il 17S.8. Juin* fcle et d'une taille vi^oureuse, vStus pre&jt*^ tous d peaux de loutres de la plus grande beaute. Lo raoioient le long de la coteayec une extreme legerere ; au-bout de quelques .momens., deux de leurs bateaux arriverent lif^a bord du vaisseau, et les naturels qui etoient dedans n'hesiterent point a venir a bord. Parmi eux se-trouvoient deux chefs, jiommes tianna et Detootche, qui residoient d'ani s un village situe par le travers duyais- l& seau. C'eioient les plus beaux hommes que nous eussions jamais vus. Hanna avoit environ qua ran te ans; ses regards pleins de charmes et de douceur annoncoient le caractere le plus aiinable- et le plus heureux* Quant a Detootche, c'etoit un jeune homme en qui des formes tres eracieuses se trou- voient reunies a la beaute de la figure. II possedoit aussi, autant qu'il nou£ fut possible d'en juger, les plus agreables qualites de Fesprit. 1 ous deux paroissoient etre par- falleinent a leur aise dans notre societe ; ils s^rroient alfectueusement la main a toutes les personnes du vaisseau , et nous invite- rent du ton le plus amieal a accepter Fhos- jHiaiiLe qu.'ils nous offroient sur leur terri- toire. J^niin , ils nous presserentayec beaj^ coup d'instances de conduire le vaisseau jusqires dans leurs iles. Mais comme notre premier objet avoit ete de gagner le pays de Wicananish que nous «avions n'etre pas tres - eloigne de Ventree du Roi George, nous continuames $ dans cette intention , de porter vers les iles. A mesure que nous en approchions, elles nous parurent basses |gf boisees ; mais nous ne decouvrimes au milieu d* elles aueun ca- nab qi^l fut possible de traverser. Hanna et Der^otche , k qui nous avions offeit en present quelques bagaitelles , prirent alorj caftige de nous et gagfierent le riyage eit faisant force de ramies* Vers midi, le temps crMf|^e4 ; le vent sauta au nord de Fest, et nous accompagna tout le long der la cote que nous suivions pour'passer entre cette ran gee dtles et la haute mer. Nous apperc&mes bienlot une autre petite fiotte de canots qui*-.- approohoit de nous, et dans le premier de tous iStii reoonnumes Wicananish qui ne tarda; pas a venir a bord, e&entrepril de nous conduite lui-meme dans sou port, dont Fentreg^u'ii nous montra etoit abin^toiiles enflrofePde dis tanc e. ■*JJJ&i&&%....' J^J^^M^^Mi-i^ 17m Juin* 9 ■ m . . ("«) I 17$%* Des bateaux furent envoyes en avant pou* Juin. sonder, et nous les suivimes aides d'un vent favorable. Apres avoir tourne Fextremite de File la plus meridionale, nous entrSmes dans la rade, en passant au milieu de plusieurs rescifs de rochers. La sonde etoit tres« reguliere ; et vers une heure , nous mimes a Fancre entre la haute mer et les iles, sur un mouillage oil nous etions bien delendus contre la mer. Wicananish prouva qu'il etoit im excellent pilote : non-seulement il se montroit infatigable dans tout ce qui de- pendoit de ses efforts personnels, mais encore il veilloit sur ses canots pendant tout le temps qu'ils nous accompagnerent. Cette rade presentoit Faspect le plus sau- vage qu'on puisse imaginer. Elle etoit protegee.centre la brusque irruption des flots de la mer par plusieurs petites lies et res* cifs qui joignoient presque les uns aux autres. Le port que nous remarquames etoit situe a deux milles environ du mouillage que nous occupions ; Fen tree ne paroi&soit pas avoir en largeur beaucoup plus que la longueur de deux cables. Par le travers du vaisseau , sur Fune des ties, nous degguviimes un village trois fois e ' . ( 111 ) : ■ -.^,7 - . . * aussi grand que le village de 000%fe%jt et iy$$# d'ou nous vimes, de toutes parts , les natu- Juin* rels lancer leurs canots en mer, et arriver par les bas-fonds jusqu'au vaisseau, charge! de poisldW^ d'oignons sauvages et de graines qu'ils livrerent a nos matelots pour de petits morceaux de fer, et autres articles qui avoie^it pour eux le meme attrait. Wicananish fut retenu a bord pendant la plus grande partie du jour avee^plusieurs de ses amis : a Fentree de la nuit, il retourna a! terre , suivi d'un cortege considerable de naturels qui avoient attendu pour Facconi-* pagnerlf1 Le 3*4, il fit un tres-beau temps qui nous $aine^j procura Tavantage d'observer le paysif*!! *4« ^nous parut etre par-tout une impenetrably foret, et nous n'appercumes pas un seut^ espace ou il fut k decouvert. Le village de Wicananish est situe sur vn banc eleve preis de lamer,et environfie de ?lkois. Le cheT nous envoy a un message pour nous inviter a venir dans sa maison prendre notre part d'un repas. En consequence , nous debar- quames VerS mSlf.: Axce .moment, une foule nombreuse-^ie femmes et - d'e^fens^ vint a 1788. notrg,rencontre, et le frere de Wicanani9^ Juin. nous conduisit -gin lieu de la ceremonie. En entrant dans la maison, nous lumes tres-gurpris de sa vaste etendue. Elle ren- fermoit une grande place bordee de tous cotes jusqu'a hauteur de vingt pieds , de planches d'une largeur et d'une longueur extraordinaires. Tngis arbres e'nonnes , sculptes et peints gros^iereinent, formoient les sglives^elies etoient souteftues a cfaa- r-gue exir^mite g^jglans- le^^ilieu par des figures gigantesques , tailless dans d'infor- mes morceaux de bois de charpente. Une couverture faite de larges planches de la meme espece aj^ritoit la maison contre la jjluie; mais elles etoient piacees de maniere qu'on gouvoit les ecajter a volonte, soit pour que Fair ou la lumiere du jour pene*- trassent au travers, soit pour que la fumee eu&une issue,^jDans le milieu de cette vaste chambre, iiy avoit plusieurs feux allumes, et aupres de ces feux., de grands vases de bois remplis de soup^dje poisson. De fortes tranches de chair de baleine, toutes preparees , attendoien|^qu'on Ips jettat dans de Sem- blabies chandieres remplies d'eau ou les femmes I i (us)t| feinmes portoient ayec des especes de pin* cettesdes pierres brulantes retirees des feux' les plus arderis, afin de faire bouillir cette eau. Tout autour etoient cles amas de poisson, eet dans le centre m£me de la piece qu'on pourroit avec raison appellerla cui* sine, il y avoit de grandes peaux de veau marin remplies d nuile ou Fon alloit puiser cette delicieuse boisson pour la verser aux convivas. Les arbres qui soutenoient le toit Etoient d'une si prodigieuse grosselir que le mat d'un vaisseau de guerre de premiere hVne auroit paru, en comparaison > d'une gros- seur ordinaire. Aussi notre curiosite* etoit* elle k son comble ainsi que notre surprise , lorsque nous songioris a ce qu'il avoit faliu de force pour elever ces enormes solives k la hauteur oil nous les voyions, et quellK devoit etre cette vigueur par le moyen de laquelle ce peuple suppleoit aux ressources du pouvoir mecanique qui lui etoient ab- solument inconnues. La porte par laquelle nous entrames dans ce sejour si extraordi* naire, n'etoit autre chose que la bouche d'une de ces figures gigantesques dont j'ai parle. De quelqu'enorme grandeur qu'oit Tome II SlStt Jain* 17$%. Juin. 7 («4). - '| puisse se la repr&enter , j'assure qu'elle etoit exactement proportfbnnee a tous les autres traits de ce monstrueux visage. Nous arrivames , en montant quelques degres, a la partie exterieure, et apres avoir passe ce portaii d'un genre si etrange et si bizarre , nous descendimes par le bas du menton dans la maison ou nous trouvames un nou- Yeau sujet d'etonnement dans le grand nombre d'hommes, de femmes et d'enfans qui composoient la famille du chef, et qui montoit, au moins, a huit cents personnes* Elles etoient partagees par grouppes , selon les divers emplois qu'elles avoient a. rem- plir, et pour lesquels des places distinctes etoient assignees a chacune d'elles. Le batiment entier etoit entoure par un banc qui s'elevoit a-peu-pres a deux pieds de terre , et sur lequel les divers habitans s'asseyoient, prenoient leur repas, et se livroient au sommeil. Au bout le plus eleve de la cham- bre, on appercevoit le chef au milieu de plusieurs naturels , les plus distingues du pays, ranges en cercle sur une petite plate- forme d'une mediocre elevation. Tout au- tour de cette plate-forme etoit place un assez grand nombre de fortes caisses, au m ■■jg; -: ( ii5 ) '•" . f. ' ' - Sessus desqueiles on avoijt suspendu des ves* sies pleines d'huile, d'enormes tranches de chair de baleine, et des morceaux de pois* son d'une grosseur proportionnee. On re- marquoit dans presque tous les endroits de la chambre ou Fon j avoit pu en placer, des especes de guirlandes de cranes humains, arrangees aveG une sorte de pretention a l'elegance et a la regularity, Elles etoient regardees par les naturels comme la plus noble decoration dont on eut pu orner et embellir Fappartement du roi de ce pays. Lorsque nous entrames , les convives avoient deja acheve une grande partie de leur repas. Devant chacun d'eux, etoit pla* cee une forte tranche de baleine bouillie qui, avec de petits plats de bois,et une grande coquille de moule dont ils se ser- voient comme de cuiller, composoit tout Petat de leur table. Les naturels charges du service domestique Etoient sans cesse oc* Cupes a remplir les plats de chaque convive a mesure qu'ils se vuidoient, tandis que les femmes preparoient et ouvroient en deux une ^corce d'arbre qu'ils employoient en guise de serviette. S'il est perniis de juger de la bonti et de la delicatesse des Juia. 3788. Juin. { 11.6 v mets par la voracite avec laquelle ils etoient avales et par la quantite prodigieuse que les, convives en mangerent, nous pouvons regarder ce repas comme le plus splendide et le plus delicieux que nous ayons jamais vu. Les enfans eux-memes, et quelques-uns d'entr'eux qui n'avoient pas plus de trois ans, devoroientle poisson et s'abreuvoient d'huile avec autant de sensualite que leurs peres. Quant aux femmes, il ne leur est pas ac- corde d'assister a ces repas de ceremonies Wicananish vint a notre rencontre a la jnoitie du chemin depuis Fentree de la chambre, et nous offrit Fhospitalite d'un &ir gracieux qui eut distingue des personnes d'une societe plus policee. II nous co.nduisit k un siege place pres du sien, Nous nous y assimes, et satisfimes a. loisir notre euriosite pendant le reste du repas, en parcourant des yeux tons les coins de cette sincmliere habitation. Le repas fini, on nous pria de montrer les presens que nous destinions au chef. En consequence,nous etalames un grand nom^ bre d'articles divers que nous avions ap- portes dans Fintention de, les leur offrir , et parmi lesquels il y ayoit plusieurs cou^ . ~ ;J|p|~ ( "7 > ' . , "!'•' : ^ertures, et deux chaudieres de cuivre pour 178$* faire bouillir le the. Tous les regards se Juin* iixererit sur ces objets nouveaux pour ces insulaires. Un d'eux fut commis sur le champ k la garde des deux chaudieres* Attendu leur valeur et leur beaute extraordinaire , Fordre fut donne de les placer avec le plus grand soin dans les coffres- royaux , qui consistoient en de grandes eaisses grossiereinent seul^tees , et orneeS avec un gout tres-bizarre de dents d'homme. jp| Cinquante hommes environ s'avancerent alors dans le milieu de la ehambre , por- tant, chacun d'eux , devant nous une peaur de loutre de mer longue dea-peu-pres six pieds, et d'un noir de jais. Pendant qu'ils se tenoient dans cette attitude, le chef pro- . nonca un diseours, et nous offrant la mairt en signe d'amitie, il nous declara que ces pelleteries etoient le present qu'il se pro- posodt de nous offrir en retour du notre, et commands a Finstant meme qu'on les por- tat au vaisseau. Notre hSte parut tres-satisfait de notre horn- mage; et nous qui ne Fetions pas moins de sa magnificence , nous alliens prendre conge? de lui lorsque les fenxmes de sa famiJ ■•.■*d 1 *£88. Juin. Mardi B1 c us i gg s'avancerent vers nous de la partie la plus eloign ee du batiment, ou elles s'etoient retirees pendant le repas. Deux d'entr'elles avoient passe le moyen age, mais les deux autres etoient jeunes, et la nature les avoit douees d'une si eclatante beaute qu'elle res- sortoit meme au travers de l'huile et de Focre rouge dont elles s'etoient barbouilli presque tout le visage ||Une de ces deux dernieres, sur-tout, portoit sur sa physio- jiomie un air si doux, si modeste et si reserve , que ni la couleur qui la defiguroit, ni Fhabiliement bizarre qui cachoit la grace de ses formes, n'empechoient que sa vue seule n'eveillat, mdme dans les coeurs les plus delicats et les plus cultiv^s , le sentiment d*un tendre inter&t pour elle. Heu- reusement, nous n'avions pas dispose encore tout-a-fait des tremors que nous venions d'apporter du vaisseau; et quelques grains de verre et des pendans d'oreilles qui nous restoient, nous procurement le moyen de terminer gracieusement Fentrevue, en les offrant en present k ces dames de la cour. Nous continudmes d'avoir, tous les jours, jusqu'au 17, d'agreables relations de trafie ayec les naturels, Le chef nous -rendoit jqsu> 1 («9) nellement sa visite, et nous vivions dans la meilleure intelligence avec lui comme avec tout le village. Les naturels nous appor- toient en abondance du poisson de diyerses especes. Le saumon et la truite saumonnee Etoient du gout le plus exquis ; il nous ve- noit assez ordinairement de la mer du cod , de Fhalibut, du poisson de roche et du hareng frais : d'un autre c6te, les femmes et les enfans nous vendoient des ecrevisses , des graines, des oignons sauvages, de la salade, et d'autres productions de la terre , non moins agreables au gout. De temps a autre, un morceau de gibier relevoit la somptuosite de notre table. Le 17, Wicananish nous pria de Faccom- pagner a terre pour faire avec lui le commerce de fourrures. Des. que nous eumes debarque, nous fiunes conduits, comme la premiere fois, a sa maison, oil nous trouvames sa nombreuse famiile plutdt augmented que diminuee. Au reste, cette fois, tout se passa sans formalins comme sans ceremonie. Toute la famiile paroissoit vivre dans le meilleur accord ; il etoit permis aux femmes de manger avec les hommes, et, ce qui nous plut infiniment, nous pumei m ; ' M[ |f .•'!'■ - jC 120 ) e ...... %7&8, con tempi er leurs visages an naturel. Tous $&Q* s'etoient entierement debarboui'les dje? maniere que nous eumes Fa vantage de consi- derer a notre aisela bonne grace des hommes , et la beaute des femmes. Nous consumes de cette circonstance.que cespeuples ne se peignent le corps que dans les jours de rejouissance.et de cerem-oniev pes peaux de loutres de mer et d'autres fourrures nous furent alors apportees. II y en avoit jusqu'a trente, et de la plus*belle espece. Nous finimes par les acheter aprea avoir long - temps negocie avec ces insu- laires; car nous avions reconnu, a nos de* pens, qu'ils ne possedoient pas dans un moindre degre que ceux de Nootka, Fin- teliigence et l.'adresse neeessaires au succes 1|| de leurs operations commerciales. Comme ces derniers, ils aimoient passionnement a receyoir des presens de nous : les femmes. meme intervenoient dans nos echanges, et Tretardoient la conclusion du marche jusqu'a ee qu'elles eussent obtenu un present par-1 ticulier pour elles^ ||| Au moment ou nous alliens nous entbar- quer , il se fit tout-a-coup un mouyemeiifc' gQixex&i dans le village*. Des hommes armest a -■-.'" f t^i) v remplirent a Finstant un grand nombre de canots , et firent force de rames en se di- rigeant vers le vaisseau. Nous craignimes d'abord qu'il ne se fut eleve quelque que- relle entre les naturels et les gens de l'equipage ; mais nous fumes bientdt rassures en apprenant que des sentimens d'une jalousie particuliere qu'ils avoient con^ue contre quelques - uns de leurs voisins etoiqnt la seule cause de cette commotion soudaine* Des etrangers avoient ose rendre une visite au vaisseau sans le consentement de Wicananish. Le chef irrite avoit donne Fordre eux naturels de tomber sur ces intrus, dont un , fait prisonnier par eux, avoit ete amene a terre. C'est avec regret que j'ajoute'qua ce malheureux captif fut traine sur le champ dans les bois ou nous avons tout lieu da craindre qu'il n'ait ete bientot mis en pieces, Nous intercedames en sa faveur avec les plus vives instances ; nous en vinmes meme jusqu'aux menaces : mais, tandis que nous nous epuisions ainsi en soilicitations pour lui sauver la vie, ils se livroient, selon toute apparence, aux charm es de la plus cruelle vengeance. Cet evenement me confirm^ dans Fopinion ou j'ai toiajours 6ti 1788. Juin. 2.0* 1788. que, malgre que ce peuple apportat beam- Jiiin. coup de douceur et de fraternite dans son commerce habituel avec nous , la crainte les rendoit barbares et feroces a Pegard les uns des autres. II est certain que nous avons tous remarque tres-souvent que , par fois , leur physionomie annoncoit une ame sauvage. Vendredi £,e temps fut tres-mauvais jusqu'au 20. Le vent souffla avec violence du sud - est, et nous eumes une pluie continuelle. Ajou- tez que, de temps en temps , la mer elevoit des houlles prodigieuses par dessus nos teres.* ce qui rendoit notre position tres-critique. II fut done resolu que nous saisirions le premier moment favorable de gagner Fin- terieur du port qu'on avoit deja ete reconnoitre , et qui s'etoit trouve , non-seulement tres - commode , mais encore tout-a-fait a Fabri des vents. Dans la soiree , le vent se calma; le vaisseau venoit de mettre a la voile. Wicananish ne s'en fut pas plutot appercu qu'il vint a bord, et nous conduisit sans le moindre accident dans le port auquel nous don- names le nom de Port Cox , en Fhonneur de notre ami Jean-Henri Cox, ecuyer. Nous ( ia3 ) ne crumes pourtant pas devoir, en cette circonstance, nous abandonner entitlement a Fhabilete' de Wicananish; et en consequence, nous envoyames les chaloupes en avant pour sonder, particulierement sur la barre du port. On y trouva de trois et demie a. quatre brasses d'eau ; et bientot apfes, la sonde descendit jusqu'a treize, quatorze et quinze brasses. Ensuite , elle n'en rap- porta que huit; ce fut sur cette profbndeur que nous jett&mes Famcre dans un port sur ct bien abrite contre la fureur des vents. Juim ~«"'Tn*Trr>BB Juin, %i*4) mnnumwitmmw*mii*t§im*)*0k1mMii Ttmenf. C FI A P I T R E X I I I. Les naturels du pays de Wicananish moins civilises que ceux de Nootka. — Quelques precautions que nous avions jugdes ndcessaires offensent le chef, et produisent du refroidissement entre lui et nous. ~^-*La bonne intelligence se re- tab lit , et le traite d'alliance est renou- velld. —Prdsensfails de part et d'autre* en cette occasion. —L>ztsage des armes a feu connu a ces insulaires. — Le village est transpoi^td a une petite distance. Traite entre Wicananish , Hanna' et Detootche. —Prdsens a cette occasion. Heureuses consdquences qui rdsultent pour nous du traite. —Prdsens fiits it Wicananish et recus de lui. >-r Present envoyd de Ventrde du Roi George. — Prdparatifs pour mettre a la voile. La Felice continue son voyage*.—De$~ crip tion du Port Cox, etc*. e s la premiere entrevue, les suiets S& Wicananish nous parurent &tre Beaucoup moins civilises que nos amis de Yentrde de Nootka. En consequence, nous crumes devoir augmenter nos precautions. Le nom- hre de ces naturels etoit tr^s-considerable, et la fierte qu'ils lalssoient appercevoir dans tous leurs traites ayec nous-, nous porta a croire que, pourxpeu que nous nous relachas* sions de notre vigilance, ce seroit Jes en- hardir k tenir k notre egard une conduite qui auroit pu £tre suivie des consequences les plus facheuses pour nous. Du reste , ils Femportoient de beaucoup, quant a. Fintel- ligence et a Factivite , sur les naturels de Yentrde du Roi George. Wicananish lui- meme , quoique naturellement destine a etre d'une grosse corpulence , etoit* yigou- reux et leste. Ses freres avoient recu de la nature les memes avantages. Tous les jeunes gens du pays nous parurent tres-robustes ; ils ne quittoient pas un seul moment Pexer- cice , occupes sans cesse k differens tra- vaux. Nous remarquames que les temps leS plus .orageux ne les empe'choient jamais d'aller en mer pour harponner la baleine* ou truer des loutres. La p£che etoit une occupation qu'ils abandonnoient a. la classe du peuple la moins distinguee parmi eux. 088. Juin. m 1788. Juin. H|. ie (nd) ;# . .g§ Les domaines de ce chef s'etendoient tr£s-* loin; de nombreuses tribus reconnoissoient son pouvoir, et le rendoient un prince tres- redoutable. Nous avions done de tres- bonnes raisons pour nous tenir continuel- lement sur nos gardes : il etoit le maitre de nous faire beaucoup de mal, et il ne falloit qu'une occasion pour le determiner a nous attaquer. Cette vigilance de notre part parut au chef un manque de confiance dans son amitie. II s'en trouva tres-offense , et cette circonstance produisit une sorte de refroi- Dimanche dissement entre nous. Wicananish avoit re- marque que, toutes les fois qu'il nous rendoit visite, la grande chambre etoit garnie d'armes.de toutes especes , et que Fon te« noit toujours places sur le gaillard plusieurs gros mousquetons. A cette vue , il avoit senti s'allumer sa col ere , et non-seulement il quitta le vaisseau avec indignation, mais encore il refusa de trafiquer avec nous , et defendit a ses insulaires de nous apporter aucunes provisions en poisson ou en vegetans. Notre interest n'exigeoit certainement pas que les choses demeurassent en cet etat non moins desagreable qu'alarmant pour -|| ( 127 ) , ^ nous. Nous pensames done qu'il Seroit 178*$.* prudent de lui rendre visite le jour sui- Juin. vant pour faire la paix. Effectiyeinent, d*hs Lunil le lendemain, le traite d'alliance fut renou- velle, graces aux moyens de conciliation que nous employ&mes, et qui consistoient en presens que nous lui fimes d'une epee k poignee de cuivre et d'un grand plat de meme metal. De son cote, il scella ce retour de la bonne intelligence entre nous par un present qu'il nous fit de cinq belles peaux de loutres, d'une daine grasse,e!t d'une provision toute fraiche de poisson pour l'equipage. La gejierosite que Wicananish deploya en cette circonstance, ainsi que la conduite vraiment fraternelle qu'il tint a notre egard, nous parut meriter des efforts extraordinaires pour lui temoigner notre reconnoissance d'une maniere digne tie lui. ^Nous le r en dimes heureux au - dela de toute expression, en ajoutant aux marques de sa puissance royale un pistolet et deux charges de poudre dont il nous ayoit sollicites depuis long - temps de lui faire present. II est certain que Fusage des armes k feu etoit connuaux naturels de cette tritni avant notre arrivee parmi eux. Lorsque la Mdsolution et la Deeouverte penetrerent pour la premiere fois dans Yentrde du Roi George, Wicananish s'y trouva^il y etoit venu rendre visite a Maquilla : ce fut a cette epoque qu'il apprit, sans s'y atten- dre, a connoitre cette funeste invention. Le 28, nous remarqu&mes que le village entier quittoit le voisinage de la mer dont il etoit tres-pres pour se rendre dans Fin- ferieur du port. Ce deplacement se fit avec la meme facilite qu'a Yentrde de Nootka, oh nous avions ete temoins d'un mouve- ment semblable. Les naturels etablirent leur nouvelle position a un mille environ du vaisseau , sur une pointe de terre , precise* ment a Fentree du port. Ce jour nous fumes instruits officielle-* ment par Wicananish qu'il se negocioit entre les chefs Hanna et Detootche et lui un traite dans lequel nous devions interve- nir. II y etoit dit en substance que toutes les fourrures qu'ils avoient en leur posses* sion seroient vendues a Wicananish; qu'ils vivroient en paix et en bonne intelligence avec nous; que toutes les peaux de loutres que pourroient se procurer, apres le traite conclu, w . 'I . '( ff ) .. It.- .'"f " COncluy Fun ou Fauffe des chefs contrac- Tans, oil quelqu'un de#Saturels soumjs a leur domination respective, seroient entie- IFement a leur disposition ^qu'ils'auroient TOus un dx*oit ^gala approcher du vaisseauV ou ils servient indistinctement admis a v§- nir faire des echanges k un prix raisonna* ble et meme avantageux pour eux/] •ifconinie ndus n'avions point ignore qu'il ^tosfstoit entre ces chefs une veritable ja- Ibusfe, nous fumes tres - satisfaits de cet a^rp^gement. Car, nous avions des preuves convaincantes que, lors de notre arrivee sur les Verres de Wicananish , Hanna ni if$8. Juin. Pefeotche ne pouvoient trafiquer avec nous, ni meine nous rendre une visite , sans qu'il leiir en eut ete prealablement accorde une permission expresse. Nous nous etions done preterit.'comine mesure de prudence, de fiaamli^- s) i e. r |SP9.»g lie pressef, de n encourager aucunes rela- fions coinmerciales avec eux, attendu que , queiqp avantageuses qu elles eussent pu etre pour nous, elles auroient probablement alitjme laf guerre entre les souyerains de ces'.iles.'Ce traite donna done a notre corner merce toute l'extension que nous avions desiriee^ en autorisant des communications Tome IL I ( v5o0 amicales avec les uns et les autres- Aussi .iie tar dames-nous pas 4f^n avancer la con- elusion. y*e Ees conditions proposees pour Farrarige- *inent en question qui avoit ete imagine .et •conduit avec toute 1 aqress^e cle la politique la^plus rafinee , ne,pouvoient avoir l|eu sans que le tresor^cle VYicananish n en.sou»- 4rit. II ne savpiftrop commenj; y spuscrire. II ne .s agissoit de rien moins que de eeder les deux chaudieres de cuivre, a la possesr ^sion desquelles il attachoit un si grand prix. Mais comme cette condition formoit le prin- ;cipai article du traite ^ il /fallut enfin qu'il '-consentit', quoiqu avec. beaucoup de repu** *£narice, a ce qu'elles fussent remises a Hanna -et a Detootciie, qui livrerent aussatot toutes les fourrures qu ils avoient en leur possession. Nous ne tardaaies pas a dedommaeer sift &Nti&jJu . i^^rii amplement ce chef de la perte qu'il faisoit de ses,deux vases ravoris. Nous ltd fimes present de plusieurs articles propres a fa lui laire oublier., et quit avoit, sans doute, espere obtenir de notre generosite, lorsqu'il s'etoit determine a faire'un pareiCsacr0ce»| Nous cnoisunes done., entr'autres articles, six»epees a p6i£*hep de cuivre , une ;pain • > d§ pMoIejS ^ efcun mousqtiet avec pUtsienra. reMplace^plon^iirrs .lejiresois dont ses cof- a^itp^s. une-seule ckaudlere daMs le vais- s^af^ .Nous lui envoyames done §§s pre- sens ; et v coninris. les fourrures qu'ils nous c|^^ere.nt en r.e^hr, nous Etions, a cette. ^npque, possesseurs de cent cinquante belles nj|aux Ae loutres. ^&ns ces circfOnsj:ances, ii arriva, sans que nous.nous y attendissions, un canot envoye de, Yentrde du Roi George par Maquilla > ave&pn present en poisson nd^r nous. Ce che$£avoit j^te .i^istttvyt de tous nos mouve- ipens depuis Finstant oil nous etions sortis . des terres de sa domination. Nous eumes la satisfaction d/apprendre par la meme occasion que les-personnes de notre deta- chemeirt dtoient en bonne sante , et conti- nuoient de travailler aVec un grand succ^s a la construction du vaisseau. Un de ces insulaires , qui etoit plus intelligent que les aupres ,. par vint a nous informer, en inesu- rant un certain nombre d'empans > jusqu'a quel point etoit avance, en ce moment, le petit mamatlee , ( c'etoit le nom qu'il doa- H *7*&8. Join; n^R^r^Sis^aii) l6^p?fi&Q?aoiini?a ehteflP drlrqxie res vsMnguestetOiem deja^re^eef *; x$?*%t que nous irions^euems propos^^SfP rel&hant dans ce port "Itr^lr cm voit' remtfffir Notts avions en notre possession tou^sljw fourrures dont Wicananish"1 Js etoit vtl le iftSitre de disposer, et, de plus > dtrs provisions considerables de pelleteries que nous avbient fourni Hanna et Detootchel*?lNoukr nous preparames done a remettrW a la vorhiu pourreriO*ni1oitrelaccfte aiimidi de ceport. Le 2.8 , le^vaisseau fut roue liors de Finte- rieur du port sur la batre, et d%riS*la soiree, nous etions sOrtis de la rane. Nous poiirsihV vimes alors notre route le long1 fte la CcnfR^p avec une jolie brise de vent d'ouest et*nn tres-beaU temps. Le ha^re de Wicananish bffre tin abri tres-'-sur avec un bon mouillae;e 1 tanr^dans la rade que dans Finterieur du port. Un Archipel d'iles semble s*etendre depuis Yentrde du Roi George jusqu'a ce port , et meme plus loin encore vers' le midi. Le nombre des canaux qui trayersent au mi* lieu de ces lies est incalculable; mais les besoms du vaisseau ne nous auroient pas laisse le temps d'envoyer les chaloupes pour >es8examiner. Au reste ^auta&^^il ©s^g'Ste- sible d'en juger par nos ofeervMibns , nous -"SiSfi&mes assez ported a croire que, de \ffi>iis ce^canaux, il n'y a de praticable pourlfes vaisseaux que celui ou nous eritrSmes, et ^qui est extremement commbd#5 ?p'Ces iles sont couyertes par-tout de bois tres-epais \ tres-peu d'endroit|: en^ sont de- garnisy dnmoins, autant que noiis en pumes juger par ce que nous vimes. Le sol est Mche et pi*oduit en abondanee des grairres -feuvages^era^aufres fruits. Le bois de construction'^*%st d'une grosseur extraordinaire et d'une tres-bonne qualitev II petit sefvir k dx*freYens usages. Nous appercumes de tous cdte§r des bosquets'; pfescjue toutes les especes d'arbres etoient propres 3"IP'^bnstruire des inats dev differ^ rites bau- ^fceiars. Dans 1W nombre considerabre de clivers autre§ arbres qui s'offfirerit a nos yeux,. nous •remarquairies le chene rotf£eP, le la- rix, le cedre, et le spruce bu sStiinette noir et blanc. Iff? ' Dans nos relations commerciales avec'ces "jfeuples , nous fumes toujours, pius£pu '.moins, dupes de leur subtilite. Ils^e con- iuisolenPquHf^fftroi^I1 iiotre egard avec IS 13 1788. Juin. m 1788. ^ejr adresse*^ partigi|^|re ^ que t&ute^ales precaut^f^r^ue nous pouvions prendre ne Eg§*issjssoi§nt2pa,%rA .n<>^ ga£antirgde? leurs tromperies. J^s fernn^es,: sur - togg^.nous jonoiegl; inille tours.;j^£ lorsque nous ve- nions a d^gouvrir leur,^<ruses, elles en plai-* sani et d( faire d^reproches, Elles Ff$aporto|#g^de fyeancoup jj^napt aux agreniens personnels* sur leai&nimes^de Ye^#J^dQ$°°lk®* et leujs,; char mes etoient releves par^nge mpxlestie qui n^^paJStres-epinmune' parmi les famines chez les^nations salvages.. No^s emnlqyames yainement les^nrieres et; toute a\Ure t espeqe de tentatives pour les determine? a venjir a bord.;^lles n'y consenti- rent, jam.aJjgAu reste^.Feclat de leur beaute* etoit bef^^oup^terni par Fusage degoutant qu'eLleis, fcuxt^le 1'huile etJ|e*,J*pcre , et par le peu de,spin qu'elies ont en general d'en-. tretenir cette prqprete qui fait le preniier charme du sexe aux yeux des Europeens^ J^ous e4m^iA^ OQcasjion,. .de nous con-* vaincre par nous-memes de Fextr&me de- licatesse. de. leurs sentimens. La eircons-* ^|anqe ej>\ as§e^z ren^ar^uia^ye pour que jp <{i3S-.)§ - . II; croie n& .devoir pas la passer sous sStence. Parmi les naturels qui venoient nous rendre assez habituellement visite juSqu'au vaisseau, nous fumes un jour tres surprise de voir arriver des femmes qui gouv^elr- noient un canot le long de la c&te^EMesC pouvoient etre au nombre de vingt, et il ; n'y avoit pas un seul homme avec eiles^ Comme nous n'avions pas vu encore un? canot monte de cette maniere, celui - la attira toute notre attention.Tandis que nobs ef^ons occupes a consjtderer cefcte compagnie de femmes, un jeune. homme sauta tout - a - coup d'un aifire canot au milieu d'elles. Elles furent tellement alarmeds de cette audlace que, quoiqu'elles fussent v&~ tues de leurs plus beaux habillemens ^ elles se pre($ip|:erent sur lejychampa. la meir, et gagner.ent toutes ensemble la cote a la nage* Les naturals du pays de Wicananish* t sont aussi tres-superieur$ a ceux &e,iYem<\ tree du Roi George qu^nta-Ajfe^Sisiete et a Factivite. Des la pointe du jour ,;qus&s^ que fut le temps, le village eto.it toirjfoura^* desert. Les hommes alloient tuec la bal^eine^ chasser la loutre de mer , ou atr.pa.per a&*a poisson i tandis que les femmes s>pce^|jQient 'Iff I - mm ' W *T Juin* if IB ; : 1788. Juin* 030' ||7 dans les bois a cueillir des graines, ou Cot** roient chercher des ecrevisses et des pois- sons k coquille, au travers des sables et des rochers. Pendant notre sejour en ce pays, ii arriva de la partie meridionale de la c6te plusieurs naturels Strangers qui ne s'etoient propose d'autre but que de nous rendre visite. Mais il leur fut interdit, noriiseu* lenient de trafiquer, mais meme d'avoir la moindre communication avec nous. Cette regie etablie, nous jugedittes prudent de nous, y soumettre. Ces visites furent tres- avantageuses pour Wicananish , et ajout£- rent beaucoup a Fid^e que nous avions de|a de sa puissance : en effet, nous ne tardames pas. a savoir que ces insulaires , qui arriyoient de divers districts fort eloigned , etoient tous sou mis a sa domination. Outre les deux villages dont j'ai parle plus haut, il y avoit plusieurs places oil ce chef sejournoit, et dans lesquelles il se rendoit. de temps k autre, selon que la sais*©&^ la necessite , ou Fintere't de ses piaisirs Fexigeoit. Dans Fune de ces places, nous comptames jusqu'a vingt-six maisons , donS'Gb&cune pony oit contenir une oeiitaine < m > d'habitans. Enfin, telle etoit la puissance de Wicananish et la vaste etendue de ses domaines , qu'il nous impoftoit beaucoup de nous concilier sa bienyeillance et de cultiver son amitie. tf88. JuMv* (fi38 ) CHAPITRE X&'.Yh Nous continuous notre r&ute au midi le long de la cote. Grand nombre de villages situds sur le rivage. Les ha- bitans approchent du vaisseau ; leur chagrin de voir que nous ne nous arrd- tons pas pour mouiller., Deeouverte des detroits de Jean de Fuca. Leur etendue et leur situation. Les natu*- rels ar riven t a. la vue du vaisseau. —— Tatootche vient a bord. —Portrait de cet Indien. —Nous envoyons la chaloupe pour chercher un mouillage / elle re vient*, —Mauvaise conduite des naturels. —— Nous continuous notre route le tang de la cote. — Quelques ddtaifc succincts sur les detroits de Jean de Fuca. —Nous ddpassons Vile de Tatootche. —Les na-- turels arrivent it la vue du vaisseau, ete. — Nous passons un grand nombre de villages. «—Cote dangereuse. — Violence des vents de sud-est.—Cap Flattery.— Village de Classet. — Le vaisseau entre dans la baie de Queenhythe. —Aspect Sauvage dpway&**— Vue du village de Quednu&tettm—Isle de la Destruction. — jpangefiwue court le vaisseau , etc* $$?tc*> ^88. Juin. JN oxjp primes,alors conge de^jficanamsh, ^pendant la nuit du 28 , nous gouvernames a Fest - sud - est, a trois lieues de ^stance de la terre., Le matin du 29 , nous nous Dimanche trouvames par le travers d'une enttpde con- "" jygfclerable d'ou nous- vimes sortir un certain nombre de canots^ pour venir a notre rencontre, &Qes canots furent bientot arrives pres de nous, et quelques - uns des naturels qu'ils portoient vinrent a bord. Ils nous apprirent qu'il y avoit plusieugs villages dans Ventrde, mais que tous ressortaieglqa la jurisdiction de^Wicananis^,*,Comme nous etions assea fondes a croire que ce chef a$e,it tire de cette place toutes les fourrures qu'eile^jjou- voit fcxurnir, nou&eresoltjmes de profiter de la,&a.isoii actuelie qui nous etoit tres-favo- rahle ,e»our avancer au midi, et de re passer par cette-pj^ce dans notre ^etour, Le$ ^ture^s emg|..py&£ent tous les moyens de ?M persuasion qui etoient en leur pouvoir potrr nous retenir quelque temps, sur la, d§£e ^ mais , loi$qu'ils virent que le vaisseau continuous sa route au-dela de leurs villages, ils nous quitterentravec tous les signes d'un veritable chagrin. Nous continuames de- gouverner a Pest- sud-est, le long de la eofte , a trois milles de!di&taiice * apres avoir traferse Fembouv chure du canalque nous remarquames n'etre pas trefPprofbnd. La latitude nord-, % midi , etoit de 4& degres 3o minutes. Eh ce%ioment nous decouvrimes tres-distinc- tement un canal dont Fentree paroissoit tres-etendu#'.: Elle couroitest-snd-est, asis^. lieues environ de distance. Nons t&chames -de serrer la dote le plus qti'il nous fut possible, afin de voir parfaitemenfc la terre. Cesoin etoit, pour nous , I'objet d'une inquietude partifeuliere , attendu que la partie de la c&te le long de laquelle nous fat-, sions voiles en ce moment, n'avoit pas ef& reconnue- par le capitaine Cook : nous ne eonnoissions aucun navigateurcelebre pour avoir suivi cette route, si ce n'est Maurelle^ et-, en pa^courant sa carte que nous avions alors a bord , nous demeurames convaift- <C£ls, ouq'u'il n'avoit jamais vu Gal&$cot&, on qu'il envavoit don#4, a dessein, mne description infide&ee^pp gp*l G®mrae< nous g^mvernions lerfeig de la tef*e, nous<app£»r§4mefe sur la c*ke plusieurs ^lage^^brita^part&tt bien*6t quelques ca* i^tSifempli^ck^B^tu^efe qui^fpar leur phye* ^ImpmiiftePcpar I letujit-' nitf&ueres , ressemU Hfoiatit b¥^a^upr''4*ceux di&Sport G?ox. Ils venoietft AOUs ftfir¥\vifeite3flLes habitans de e4ia^i»f d&fc&&s|. dilferens ^^ages7 avoi4n^ singularefM&nt^ki coeur de i£&ssiar$ir le commerce exclusif avec le vajkseaii , *etHe nou# d#tfeiSK0rin.^ie^ir un mdfei&a&e'&ia hau- teur^i^leixrS h&bfea-tilttis reSp^t&iwS. Mais* J ce'mme la oote etoit ouverte par^dut ail* irrt^^ns :#e?lMinaer ,f*&$ec i& ine^leuret|ft3 tentiMF^t'acceder a leurs desirs^plkius n'aiili rionf'p9^te ma*i|$§& de le £U*te. Nous nous Bornames done a leur a^fe^|er'^pielques^ nnes de letifes ^eaux de loatres de#rfeA% et eofitiiiulhii&s notre route. 1W Vers les t^bi&^lieures de Fapres - midi j nous arrivames a F entree du gr&nd canal dontr^l a ete qtiei'tfion plus hautffet qui nous parut avoir douze ou quatorze lieues de largeur. Oii&bi&rva du mif def'aya^Pqu^ }\ if 88. Juin. » f9* P ■- ( 1*2) "" | - fj 1788. &'4fMd%4t a Fest-quart-noisd^effjdail^.tc^tWb [Juin. diree4*s©n, la vue de£Gmt^tiMHva$i( et bel horizon aussi loin qu'elles^ouvoit porteitc Nous jgtt&m&is la-sonde a plusieurs reprises ? mais cenf iarksaeSide iignejp58b^w)us-rapp^i!g^ sEpll ?7^||e i terent ppinjijde fond. Sur 4jes?cinqhenres^ nous tournairiesa) la hajiteii^; d'hne petite $le,situee a detaximilles envi|X)n3idgila paras*, tie njeroBionale de la terre, et qui formoit Fentree degfueedetroit. {Jijus vimes jfcout a.v% pres un rocher tres - retig^jf^iable , place a. quelque d*a|aj3ce de iilfe, et qu|^^Voit .1% forme d'un obeiis.que. MNfc^ ^ En tres<*>eu 4§# mps, no^jfurnes envi- yonnes de canotSxiempJSs^le naturels qu|^ irvoiei^fjn air plus sauyage encode qu'au- cuns de c-ej#x que nous avtjms vus jusqu'a* lers. Ils etoi^l^pouniia plupajl, yetus de» peai%x 4e loutres de mer , et anient Igfc visage etran&einent barbouilie d'huile et d'ocre fpottge* Leurs cajiots etoient tres- grands , et contenoient der vinet a trente hommes , to^sj armes d'arcsf^^ de fleches batbelee&ayec un os, et de fort&pieux donL une cqauiye de moule formoit la pointe. ^.^U)us3|rpprochames alors de cetre ile, et yirame^re/at devant k - peu - pr% a deux jPJj ef| milles de la c&raKilepdM^ss&me ne nous parkt etce qu u®roober^^&er,^resqii'imc- cessible>e£ d'une mediocre "Vendue | mais, aussidkoin que^nos yewxtrMfint attefcdre, nous vimes: toute sa sui&ce^o$i$6i$e td'ifteu- bitans qui consid&ssaq&Me vaisseau avec un grand etonnement.eIbaBg»inous etdif?ipas faf j$ile d^lccaaealier Faspect inoulte et sawage de tee tie iielavec une population si florid santcqi^ g|| flfie che6,iiomim5rTaiootche, n$fc& ho- nera $Fune{ visijpe^> News n'a vionsf jamais vu «ncoremn fatarame sicslo^ieux et six-roso- lenii ^al,n©^iski©gu»h?|iksfstir son visage , tomrae^ sm: celui des ;a«fc£qs? naturels pdptut/ melaj|§£ de couleurs. II etoit*tout n&ir, e,t couyert d'une poudre briiiaaalte qui ajoutoifc sejicojne a son jx'^. fietoe|t' sanvage. Il< nous :app^itqu«iLGeiiJ)gijs ne &&soi& pas partial des domaines de Wicananish, cpL&mdui etions pr^sentejnaeat sur un territpifcee's'ou- niis, a sa pui^san^i^^^bia avoitdune eleif^ f|ae considerable veBSt' le midi. Apres qu'il nouS eurtaionne cet ayis ,ondus lui filmes un p&ti&<pr;esent qu'il nejdaigna pas-payer d|> nvoM^ie'iietouiriiNous ne ptumes reussii no^t^lus^latpersuader de permettre a ses i?88. Juin* , ( M4 3 .'• | '•■. 1788. insulaires de:trafiquer avec non&.2!No«s -Juin. e^ions^iLestvriti , dej& prevenus du carac- terejde ce chef par Wicanan*& , q»i nous avoit conseille de nous tenir en garde coiftre luiet contre les naturels qtt*iii$gouyernoite^ Ct qu'il nous avoiSiderJewits comme un peuple astucieux et ieroce. ^,] Nous avions .de prf^et de mouiller, s'tt 4toiti|}ossible > en cet endroit. La chaloupe fut arraee et equipee sur le champ pour Fexecution de ce dessein, Je la ccnfiai aux $pins d'un ofiicier habile que je chargeat de faare sondenientreiFileiet li haute mer pour troiiveri*un bon mouillagei Je hilffe- commandai expressement d'eviter , autant qu*ilUseroit possible ,ad'a voir la moindre €*uerelle avec les naturels , et je fi^me^ttre dans la chaloupe quelques articles de$&^- fic, en cas que les naturels fussent disposes a faire des echanges. f Apres le depart de la chaloupe qiii-ne tarda pas a etre suivie par tous les%afeo't$% nous nous tijimes assez pres de la c6te , *irant vent devant de temps a autre. N01S& eumes le loisir^jd'examiner File en d^taife Dans quelque direction que nous la consi- ;<jtj$$i derassjons, BE, •«m * _ «; e wrasliojis, elle nous p|iru;&^tre|%n rocher sterile j enlmire de rescfifjt^)ontre l%quels ia. iter venbit se briser a$ec fureuj'G. Nous 'ayions^pctiirtant, l'espoir qu'entre File et la haute mer, on pourroit trcuver un abr^ sur; et cette position nOus cut-eta tres- 3^lisag'ffiuse et tres - commode , non-seule- ment pour reconnoitre le detroit, mais aussi pour donner a notre ^o.mmerce particulier ime plus Grande etendue. Sur les sept heures du soir, la chaloupe rfyint saiis avoir trouve un lieu favorable pour le rnouMlage $ et n'ayant reciieilli que ties-peit de fourrures. Quant k File, suivant le rapport de Fofficier, nous ne nous etions pas trompes au premier aspect. C'etoit ua rocher sdlide . couvertde Verdure en quel- ques endroits , et, de toutes parts , entoure tie brisans. Un grand nombre de canots s'ap^ot^ha de la chaloupe. lis etoient rem- plis d'hommes ariiies qui se eoniporterent de lii maniere la plus revohante. Plusieurs d'e#tr'eu£ sauterent dans la chaloupe, eri emporterent de force quelques bagatelles J et so rtireni ainsi, comme en triomphe, a^res nous avoir voles. Nos gens, indigne^id'un^ p^reHie cattduite, et#ient yibleixxment jfe&n>> Tome IL &. Juiii; 1788. Juin, ig| . I (*#>< J^ tes-" ePeB, tirer-vengeance -a Finstant. Mais Fofficieflte reus'sSi a. lelFffealmer par sa prudence ; et craignant quelques suites facheu- ses, il n'eut pas plutck reconnu ces parages, comme if avoit mission d$Nie faire^: qu'il revint a bord. En remarquant sur les naturels de cette ile une partie des articles que nous avions donnes en echange, et qu'ils ne pouvoient s'etre procures qu'au port Cox ou a Fentree du Roi George, nous demeur&mes pleine- ment Convaincus que Wicananish ayoitrtire du chef qui la gouvernoit une quantite considerable de ses fourrures. Un des naturels , en particulier , avoit en sa possession un assortiment complet.de boutons d'habit que chacun de nous se souvenoit tres - bien d'avoir vu ceder dans le cours de nos echanges. Desesperant done de pouvoir trouver un mouiliage en cet endroit, nous continuames notre route vers le midi, et examimUnes la cote avec beaucoup d'attention. Nous nous flattions de decouvrir enfin un lieu sur d'ou nos vaisseaux pourroient reconnoitre, non- seulement ce detroit, mais encore d'autres parties considerables de la cote. Dans ce -- ; . jf( &»' . • ^ssekf, nous fifftes voile|xVjers J^^feeures du soir, et mimes a la cj£p& le long dedta cote , par un tompf, calme et tres-agreable* m Une curiosite insurmontable nofris deter- &ina* {gutter dans ce d^r#jt que jeidesi^ gnejai pa$ le noipfedu nayigateur qui Fa decouvert dans Forigine, Jean sde Fucag^l ggsH^ousea ete transmis §u^Jques details sur. les .detroits de jean de Fuca par des auto,j^§,bien respectables et bien dignes de £onfiance> Ce sont Hakluit et Purchas (i). 'L&bremj^r des deuK rend compte de Fopi- nion que les ministres de la reine Elisabeth s'etoient foraiee de leur importance. Nous eumes alors par nos propre%yeux la preuve qu'ils existoient ; et nous somraes persuades que si le capitaine Cook eut VU ce detroit, il Fauroit juge cligne d'#|* exameii plus particuiier. Dans la suite de ce recit de mon voyage, je rapporterai fidd* lement la circonstance qui nous mit dans Fimpossibilite de satisfaire le vif desir que Juin, (i) Voyez dans le premier -volume de cet outrage la savage dissertation du capitaine Meares sur ia pro- feabiiite d'un passage nord - ouest. 'hm Note du Traductmr* K 2 Juin. n%us>4 v%&£ d^'leMer?>%SF pa^efl dessei|P: ,Lfevlec|efer a, Sflns- doiitff hoiiore de^a* de quekgs'attention lef£vd^$ls que j'aidaifeies sTpre^grfemeuxJdte le m^exrO aui se%% cocaine d*feiadduction U^es^voy^P* X J Mes . et vmi traits M' la*otfroliaMHte >&&& ■ Q *■ J. a- par < .passage nontoirestf*#|fe^. :dP^Cl^^!- "iie matin du? 3o juin ^IJfous Jnfe rfijWtroii* vion?yp>as beaufeoup^oiine^de la telnet, le temps ayant ete tre^c^Ril^piftlai&^^plus grande partie de la nftre. £$1^ Se "Patootcn^ eouroit a-pleti-pr^*|^^(ffest,, a tr'<Sfe lieues de dist&fit?fe seuiemenfei^fyers ifiix heufw^ nous vimes venir de File un grand ri&xxWe &kk canots, qui ne portoient guere moins ow ^ufltfe cents hommes, parmi lesqjuels noui remarqiuimes le chef lui-meme; lis; i'amiP serent a Mourner eii"¥amant autour du^vais- ^seau dont chaque partie , et sur-tout Favant, nous parut attirer tcmte leur admiration. II <est extr&nement probable que la pnW|irT ^d'entr'eux n'avoit point encore vu unevai§- seau jusqu'alors. Nous etions deja si me2" contens de la.-conduite dn chef, que nous :ne jugeames pas a. propos de I'inviter a venir a bord. Les naturels qui Faccom^a- .gnoient nous donriercnt un$ chanson qui ♦e difffiroit pas beaucoup du chant'que nous avions entendu eheze'eeux de Ventrde du Roi George. Mais., quelqu'indisposes que nous fnssions contre ces insiuaires^qM nOus^ avoient si indignement offenses, nous ne pumes Scooter leur musique^sans epror^fer un grand plaisir. Places | comme nous Fe- tions , sur une cote sauvage et infr^it#o>- tee , a Fune des extr^miies du <&l£>be ;. eloi- snes de nos an^s, de nos affections et de? tous ces liens qui sont le charme et la coixr solation de la vie ; continuant notre route au travers d'une mer s$r laquelle on ren- controit a peine quelques i'&s h^bltees ; places, dis-je , dans une pareille s*ti3t-s^on , ,5»ne melodise simple , comme Fest celle de •la nature , formee par Faccord parlait de qiyatre cents voix qui clMintoient toutes enc -nicsure , trouva le chemin ckfc nos coeurs,, et^dans le meme moment, reveilla et cairna. tout a la fois nos pensees les. plus trisies^ Vers midi, le vent fraiehit : nous continuames notre route au midi le long de la cote , a-peu-pres a trdis milles de distance , et les naturels de-File de Tatootche retour- n&flent chez eux. A mesure que nous avan- cacns en faisant de la voiie, nous voyions 178^ Juin*. I78& Juin. . A ..; ( 10P )- ^ . . sortir continueilement des canots des dif* ferens villages que nous appercevionsj§ de temps a autre , sur les bancs eleyes places pres tie la mer. Les naturels qui venoient dans ces canots nous prjerent avec les plus vives instances de nous rendre dans leurs villages respectifs ; mais aucun des moyens que nous employames , et des peines que nous primes pour les engager a venir a bord du vaisseau , ne purent les y deter-> miner. La- terre offroit Faspect le plus sauyage : de quelques cotes que nous portassions nos regards, elle nous parut couverte d'im- menses forets presque jusques sur le bord de la mer qui etoit tres^escarpe et d'une hauteur prodigieuse, et contre lequei ia mer venoit se briser ayec la plus terrible fureur. Le rivage etoit horde de rochers et de petites iles de roches ; nous ne purnes decou- vrir aucune baie , aitsune entree qui parut •offrir le moindre abri pour le plus petit jvaisseau. Je n'imagine pas comment les naturels reussissoient a trouver un abri , .meme pour leurs canots, si ce n'est dans quelqnes petites anses que nous ne pou- vicars appercevo.ir, Les villages que nous «*• {151) remarquions etoient en grand nombre: :ejt assez considerables. A mesure que nous goufcernions le long de la cote , chacuia pouyoit se convaincre des terribles effo$a deS vents de sud. Leur violence avoit abattu des bois tout entiers: les branches formoieUjt une seule ligne longue au nord-ouest; elles etoient melees avec les racines d'une quantite d'arbres que les ouragans avoient arra- ches de leurs creux, et servoient a attester la puissance de ces terribles ouragans. On se fera une idee de la violence avec laquelle ces vents soufflent, si Fon songe a Fetendue des mers sur lesquelies ils exer- cent leurs ravages , sans que rien pulsse s'opposer a leurs progres ou resister a leur furie. Sur les sept heures du soir , nous decou- yrimes de loin le cap Flattery, ainsi nomme par le capitaine Cook lorsqu'il le vit pour la premiere fois. Ii nous restoit au sud-est- mi-est, a six lieues de distance. Ce cap git -par les 48 degres 5 minutes de latitude nord , et par les 235 degres 3x-minutes de longitude Est de Greenwich. II y avoit dans nos calculsune tres~le%£re difference.y mais nous con&entons a mettre Ferreur de notre ,?788; Juin, 1788, 'fen. Jkiillet. JVlardi I. *^f^aJ'Tou& dfisting^film&s auss^^fe tr^s-ftti*^ W^TOtege de Cla&set, situe sur un rocher- tresj^ haut et tres - escarpc? , au bord-^e la mer? Quoique ce tillage parut avoir une grande ^pTendue, ifous ne v^ies venir a nous qn'un seul canot, portent trente homr ^"JS VJP^S de peaux de loutres de mer. "**La cote 8 depuis le cap Flattery, nous, 'parut alors s'etendre au midi; et nous limes, de vains efforts pour decouvrir quelque canall , quelqu'eiitree out Fon put esper&k- de trouyer un sur abri. ©ette partie de 1& cote etoit bordee ife rochers ^ et Fon ap- percevdtE plusieurs bofisans a la hauteur de. Classet, environ a un demi - niilie de dis- ^nce. A la pointe du jour , nous poursni vimes. notre route. Le cap Flhttgery courolt alors. nord - nord - ouest ; car , pendant la nuit , nous avions ete pousses vers le midi. Le "WM temps parollsoit fort incertain ; et nou's avions un vent violent clou est - slid - ouest qui souffloit de pres sur la ccNje. A Sep]; ^jbures ,^lk baie de Qkeenhythe s'offrit a notre vue; et nous y entrames avec ce s.en- fSnent d'horreur que produisoit naturelle- Igent en nous, cqnune oniecanceyni s]&ns in j*** *. -V^O Je penf©^°jpetre triste reflexion T$&*> nous, ap*. prochioiiS du pays o^JSs personnes'bee portoit ia cli^lovi.pe.dii yarsseau 1 Alg'e WM-. pdrial syoient peri, et ties barBfces'fq\d l^.. avoient massacres (1). A mesure que nous faisions voiles le lonm (ie la cote , nous appcrcev'ioris la petite riviere e£liie de Queenliytne. fijaisle terri^- devint tout-a-cpup si tenSbreltk qu'a peine burnes-nous disiie^uer la terre dont nous xi 'etions ppurtant qua environ qxikire mines. Nous ne vimes ni canots ni haSrtans : un, silence effrayant regno! t autour do nous Mais quoique les. f$neb£es dont le ciei et6x% convert djerohassent k notre yue le village de Queenhythe, , nous pumes ecependant decouvrir tres - distinclement la ville de Queenuitett, qui en est eloignee c^a-peu- P i ■ Wm itiOa.,. :.- M»l.v rn V.erijfc pres. sept ou nuit miles. Elle est situee (i.) ILe Ifcteiir se rappellera les circonstaftees dee cet "BoVribie asssa^fimt. Jfe les ai, i-f^ortees dans le commencement de ce volume. Quel homme sensible n'eut pas frissonne d'liorreur, comme notre voyageur, en ^pprochant du.-Jien ou des concitoyens et des freres §$°ient £|e aussi cruellement egorges ? Note' du Traductefm, (i$4) 7* J78& sur un rocher de hauteur perpendiculajxe ; Jailiet. et joint a la terre-ferme , qui n'est par-^put qu'une vaste foret, par une chaussee etroite et imprenable de vingt pieds de haut. Nous appercumes, a Faide de nos lunettes d'ap- proehe, un rgrand nombre de maisons dis- persees 9a et la sur la surface du rocher. En avancant, nous vimes File de la Des- truction, a-peu-pres a un mille de distance. Elle est situee dans le milieu de la baie , et se trouve eloignee du continent a la distance d'environ deux milles. Elle est basse et plate. On n'y remarque pas un seul ar- bre. Elle nous presenta , au reste, un spectacle agreable et bien extraordinaire pour nous, qelui d'un espace considerable tout convert de verdure. Elle nous parut envi- ronnee de brisans sur lesquels les flots de la mer rouloient avec fracas, souleves par le vent de sud - ouest. Dans cette position , nous avions dix brasses d'eau sur un fond de vase. Vers onze heures, le vent sauta au sud- ouest, ce qui obscurcit le temps, et nous amena de la pluie. Nous nous trouvames completement affaies sur la c6te, c'est-a- dire , dans une situation que nous aurions volontiers ^vitee, s'il eut dependu de nous. Deja une houlle effroyable rouloit dans la baie, et nous annongoit les obstacles que nous eprouyerions a jetter Fan ere, sur-tout si le vent venoit a. sou filer de sud - ouest. Car il exergoit alors ses ravages sur la terre qui se trouvoit au midi dans une direction telle, qu'en prenant la route sud-est, nous n'en aurions pu doubler la moindre partie. D'un autre cote, nous ne pouvions esperer de doubler la terre k Fouest, a cause de Fhorrible soulevement des flots occasionne par le vent d'ouest. En cet etat, nous preferames, comme la meilleure route que nous eussions a tenir, de gouverner sud-sud-est jusqu'a midi. A cette heure, quoique nous ne fussions qu'a un demi-mille de la c6te, nous nous vimes obliges de virer vent devant, et de porter a Fouest-nord-ouest. La sonde rapportoit de quinze a dix - huit brasses pres de la terre,qui etoit couyerte de bois jusques sur le bord de la mer. Nous remarqu&mes, an reste, que la c&te n'etoit pas tres-escarpee, et distinguames ck et la quelques morceaux de terre incultives et sablonneux. Nous f imes a,lors force de voiles, attendu 1788^ Juillet.' a m • i 17S8. q^ie'la violence des vents redoubloit :nous *^?*^* prffiWfei pas ni&tne prendre un ris ^la vople de^llwftes E^e plus,ele temps <sfcdit si convert q*ue nous ne pouvions pas di^lln- <g&er les objets a un mille de distance de ^Pavant du vdfeseau. Nous pensames , quoi qu'il en soil, que nous serious, en etat de doubler File de la Destruction, et continuances de faire de la voile eh'siiivant cette route pour eviter les dangers qui nouslme- nagoient. Mais-y*a une heurefjS& temps s'e- ■elaircit un moment,,et nous appergiim.es.. File a un point sous le vent de notre vais- •'seati', a environ um te&lle et demi de dis- <t##fce.. La mer , tres - grosse alors , nous. 4*ha&soit de tres-p$esMsur la eSte. 11 ne nous resist rien de mieux- a faire qu'a jetter l'ancr#-; nous nous dispos$mes done a mouiller dans Fenclroit le plus sau- vage que Fon ait jamais vu , et oil nous Etions in oral ement <ft*r tains que notre ancre We pourroit pas. tenir , quoique ce fut uw $bml de vase molle , attendu la violence- ayec laquelle les*. flots de la m$r s'y amon- celoient. Telle etoit notre situation : le sentiments de Faffreuse de^esse du nous, etions. pion*- 3EE ' I i ;mfm ' J- ^ ges redoubloit par cette reflexion que notis ITcfu^'trduvions sur une cote on nos inform tunes compatriotes avoient ete immoles a la barbarie des liohirries feroees qui Phalli* toient. Dix minutes pouvoient decider >dj|. notre sdrtV'Mais la Providence veilloit'sur hdtis^le^l^sauxa t$1i«i-a%oup au sud-syd- §kt;7ce Iqui nbus proc*ura le mdyeriecp' virer %klkr'devant, eH de li^JI i^mgner de la cote avecles^bduie^lai^Sis ^L^^he^Irei^iper|8 *]pectiv<^:(i^^agnei*^[e lal^ avafir la nuit. Je crbis\ certes , qu if Wy avoit paf a bord une seule personne aonTFesprit n eut ete frappe de Fa triste pens^ee qu'il pouvoit de venir vFctime Ses cannibales de Owdenhythe* ■i7?<H Full let; 1 -,---- Pf V iK •im W%E&&£- CKw wi...iil.w -*■<** 1788. Juiikt. ( 158 ) <o*m «s CHAP I T R E X V, 1 ^ inaccessible aux,gpaisseaux.M SP* BUm ,'"y*» Sgl^SrsOUOj* - - Mpi7l turels viennent nous trouver. r>£* Nos progres le long de la c6te. U couverte de la baie de Shoal-Water, Les no* Hdlicatesse dans leur trafic aveqzttmis*, — Quelques details sur ces naturels.-g^. Continuation'di(^<8pyage. —*& Baie de Deception.—Difference qui existe en£g$£ la veritable situation de cette cote et les cartes de VEspagnol Maurellev—tap Magnifique aspect du pays. -*~Nous pas* sons la baie de Quicksand et le cap Look - Out. — Vue de trois rochers re- marquablas* — Nous cessons d'avancer au midi. Plan de la 7*oute que nous nous proposons de tenir par la suite— Connoissance que nous parvenons a ac- qudrir de cette cote. —"-Parties que le capitaine Cook n'avvit pas reconnues, visitdespar nous.—.Motifs pour retour- ner au nord.—Nous poursuivons la route au nord*—Nous voyons de nouveau les M ddtroits de %ean de FucU. ^MouiMage dans le p&'rt Ejfin^^m.^^JDesafdp0don de ce port.-*— Nous voyons quelques unMniaux Unarms, etc. J_jA malheureuse destinee des personnes qui composoient l'equipage de YAigle Imperial etojt la seule pensee dont nos gegf fussent preoccupes. Comme ils se trouvoient precisement sur la meme cote ou cet acte de la plus feroce inhumanite avoit ete coni- mis , la crainte d'une mort aussi miserable etoit le senjgment le plus geperalement r&* pandu parmi eux. Ils ne s'entretenoient que de ces idees ; et elles avoient une telle influence sur leurs esprits qu'eiles mirent le vaisseau en danger de sa perte, ainsi que Je le rapporterai ci-apres. Nous contimnhnes de porter en mer pendant toute la soiree du pren^er juillet. A minuit, persuades que nous avions suffi- samment gagne le large , nous virames vent arriere, et courumes de nouveau sur la terre. A une heure du matin, le vent sauta k Fouest-sud-ouest, ce qui nous fit esperer M flife) r u ixm^tenKls a^s^^avoraUi4*Ct)anr jane itotis %M. iEu.uer. pusB\onsci^Btinu^£ipe rec&nng&tre J.a.c^te. Mercredi '^2 , ^£Q*j^\ket&e5 du matin. > noiis re- 2,* vimes la terre. Ell^9qt|${$^$$l^&- l^lst, a sept lieues de distance , et nods parut etre tin peu au midi et a i'est de Queenhythe: Elle avoit la forme d'une selle , ce qui j|^l ren9Mt tres—r^i&^^quabie ; aussSilst paxtid que ndiis ajfperc^Qfes regut - elle de nous le iiOiil de vioM:a-gn'e de la Selle. Iftipr^ notre cal&fil, elle'gisoit par fes -^ degres 3o minutes de latitude nord, Ml les 2,35 degres 20 minutes Est de Greenwi#fc Nous la sernimes du plus pres qu'DNious fut po£- OT>le : ii noM parut bientot que c'etoit la pointe la plus meridionale t^ue nous avions appercue la veifflfe', de Vile de la Destruc- tion\.Le vent repa§sa de noiiveati au sua** sud*est, et fit evanouir toutes les esperances que nous avions cSncues de voir un temps favorable. Une brume epaisse accompagnee de grosses pffeies nous obiigea de virer vent fievant, et de porter de nouveau vers la pleine mer. Le mauvais temps dura pendant toute cette journee. La mer grossissoit Ibr nous du chi cote de Fouest, fee qui mit en grand 17%%. danger la chaloupe que nous avions tou- Juillet. joii&*touee en arriere depuis notre depart iie^Y-entPee du Roi Georgey.-ll etoit done $nxpossi#re que noui hasardassions d'appro- xhor de la terre sans courir le plus affreux danger. D'ailleurs, nous touchions a un changement defene, e^oque a laquelle nous avions toujours observe que ces mers etoient fecondes en tempetes. En consequence, noiis f hues force de voiles pour parvenir a une tonne distance de la terre^ c'etoit pour nous, en ce moment, un objet de la plus? :grande importance. Ie 3 , a midi, nous eftnies un rayon de scdeii. La latitude nord etoit de 4y degres 46" minute's. Le vent passa au sud-ouest. Nous en pxphtames pour virer ventedeyarit et gouverner sud -sud-ouest, en courant ^ur la terre. Nous etions, en ce moment, k environ vingt lieues de distance du cap Flattery. SI Pendant la nuit, le temps se calma et v . *. s'eclaircit. Le 4 % *e vent sauta au sud-est : 4* nous virames vent devant une silconde fois, et gouvernames a* Fest-nord-est pour ndus rapproeher de la terre. Nous continuities Tome II* L 1788. Juiller. ainsi notre route jusqu'a six heures du sots? que nous appergumes la t^rre. Elle cou^oit de nord en nord-est. Dans la partie nord , elle etoit extraordinairement elevee, et cou- verte de neige. Nous donnames a cette montagne le nom de Mont Olympe, a cause de sa position remarquable et de sa prodi- gieuse hauteur. D^apres notre calcul, elfe git par les 4.7 degres 10 minutes de latitude nord, et les 2.35 degres de longitude^Est de Greenwich. Dans la partie nord-est, elle s'etendoit jusqu'a une pointe plaeee par les 47 degres ao minutes de latitude nord de notre estime. Nous continuames de courir sur la terre pendant la nuit, avec une jSslie brise de sud-est; et le 5, au lever du soleil, la terre nous restoit de nord-quart-oucst a Fest-quart-nord. Nous nous trouyions alors a douze lieues de la cote; d'ou il resulte que, pendant la nuit, nous avions essuye un fort courant qui nous avoit considerablement eloign es de ia terre. Une observation faite a midi donna 47 degres 1 minute de latitude nord, et les hautes montagnes que nous avions vues ia veille nous restoient a Fest-nord est, a sept lieues de distance. Nous pouvions &tve jl- (1) Ce qui signilie eau de bas-fonds. Le trqyageuf A eu Finten-tion de da&ner a cette partie de la mer ua Ln *p^l-pris a quatre lieues de la c6t€yqui nous m parut courir dans la direction d'esfc-sud-est JuiUet« «t d'ouest-nord-oue|t. Nous y d^couvrimes iien tot dans cette m£me direction une vaste entree ou ouverture* Velrs deux heures, nous etions a deux milles du rivage .que nous c6toyames» Nous ne vimes par -tout qu'une immense foret i -laulle trace d'habij&ns. La terre etoit basse et applatie :1a sonde rapportoit de quinze a vingt brasses sur un fond de safele dun A mesure que nous gouversions vers la pointe basse qui formoit une partie de Fen- tree dans la baie ou canal, nous diminuames d'eau par degres jusqu'a six brasses. Nous vimes alors des brisans qui s'etendoient tout-a-fait en travers ■, de sorte que cette partie sembloit inaccessible atix vaisseaiux. Nous nous eloignames sur le champ de la cote jusqu'a ce que nous eussions regagne la profondeur de seize brasses. Nq&s donnames a cette pointe le nom de Pointe basse, et a la baie , celui de baie de Sh&al- Water (1). Un cap eleve et saillant qui for* 1788. Juillet. I ( if) moit Fautre entree, fut pareillement nomm6 cap Shoal-Water. Nous estimames que ce cap etoit situe par les 46 degres 47 minutes iSeiiatitude nord , et les 2.35 degres i i minutes de longitude Est de Greenwich. II y avoit une trop grande distance de la Pointe basse au cap $hoal-Water pour que , dans la position ou nous etions, nous pussions faire avec succes la moindre ob-» servation. Les bas-fonds sembloient s'^ten- dre d'un rivage a Fautre. Mais lorsque nous fumes a moitie chemin , nous nous en rap- prochames de nouveau, dans le dessein de decouvrir s'il ne pourroit pas se trouver un canal pres du cap. Nous portames done vers Fembouchure de la baie, et diminuames d'eau jusqu'a huit brasses. En ce moment , nous n'etions pas a plus de trois milles des brisans. Ils paroissoient s'etendre jusqu'au cap Shoal- Water. Nous jugeames de nouveau qu'il seroit prudent de nous en eloigner encore. On observa du mat de Favant que cette baie s'etendoit considerablement nom qui rappellat aux navigateurs la nature des dangers qu'ils auroient a y courir. Note du Tmducteur* i788. Juillet. ■' m ' ' k -i fmm dans Finterieur des terres, partagee en plusieurs bras ou branches , tant au nord qu'a Fest. Le derriere de cette baie etoit borne* par une terre tres - haute et couverte de montagnes qui etoit a une grande distance de nous. Nous appergumes au nord-ouest une entree fort etroite , mais trop eloignee pour que nous pussions, m£me k Faide des lunettes d'approche , distinguer si c'etoit une riviere ou une terre basse. A voir cette cote deserte dont Faspect paroissoit sauyage , nous en avions conclu qu'elle n'etoit point habitee. Mais nous ne tardames pas a reconnoitre que nous nous etions trompes. Car, nous vimes venir vers nous, de la pointe, un canot qui portoit un homme et un jeune gargon. En ap- prochant du vaisseau , ils nous montrerent deux peaux de loutres de mer. Nous tour- names done de leur cote : ils vinrent alors bord a bord, et prirent le bout d'un cable -r mais nous ne pumes jamais les determiner a entrer dans le vaisseau. Nous attachames alors a une corde plusieurs articles de peu de consequence , et les jettames par dessus le bord. A Finstant, le jeune gargon les sai- sit ayec beaucoup de dextei ite", et les remit L3 1788. efltte lef mains de Fhomme qui etoit J&re6 Juillet. lui dans le canot. Celui-ci attacha sans balancer les deux peaux de* loutres a la cor<Je>* et nous fit? signe de la main de venir les prendre. On les prit done sur le champ, et nous leur fimes parvenir^a Fheure meme* un nouveau present, de la m&me ijiasiere que le premier. yg Ces etrangers parurent diamines au-dela de toute expression de ce tr^sor inwijere. Nous remarqudmes que, dans le premier moment, les divers articles qui le compo-. soient , absorboient toute leur attention^ Mais leur curiosite seflxa teientik toute en- tiere sur le vaisseau : ils en parcouroient rapidement des yeux les differentes parties, et temoignoient par le^rs gestes une surprise et une admiration relies que nous en, pumes conclure avec beaucoup de fonde- ment que c'etoit la premiere fois qu'ui^ pareil spectacle s'Srffroit k leurs regards. Nous t&ch&mes de nous faire entendre d'eux en leur adressant quelques mots dans la langue des naturels de Yentrde du Roi George. Nous avions remarque qu'on parloit cette langue depuis Yentrde jus- quefc dans les terres de la domination de 'O^H§: Jlt|| 3|ajtdotch&; Mais ils ne &miprireTpf ancun des .mots que nou?s pronongames/£%t;-noW re^ndii^nt%dans uixsi&ngkfce qui ^utanJ^ que nous pumes enquger , "n'avdit pas Ta moindre ressemblance, la ^oindreanaw- gie avecjjaucune deslangues qu^ nous aviomJ entendu> parler sur l& efited^meftque. ;e^l%r En considerant leurs 3ftft*ftf*f*$ravec une at*- tentlon plus particuliere,nous remarqillirrreV q^ril§8differoient beaucoup pour la forme de ceux de leurs vois|&s grTSi^ recules au nord.".jA. la vefdte'£fc,&aht a lit figure et k Fhabilientent, ces peuplesfivoient de la res- semblance ayec les natftrells de Ventrde de Nootka ; mais nous ne vimes sur efix au- cuns ornemens qui pussent nous donner la croire qu'ils eussent eueipielque communication avecedes Europeens. Cependant! Fempressement qu ils avoient mii&des le pre-^ mier moment a nous montrer des peaux dfe loutres, et la conduite qu'h% tinremMBl- puis" a^vec nous , prouve clairement qt$ifs avoient une idee du trafic. II est plus que probable que quelques - tijis des naturels , sujets de Tatootche, avoient pen^tre jus- ques chez ces derniers, et leur avoient donne avis de Farrivee d'etrangers yenk Wrn^ ^F" tL i life '•f|88; Juillet. **$ m Cx68> i -L *p88. pa*tgxi eux, pouirfeire lecommer(^ide^fouT* J^let.:iprurgs. Mais il y a aussi tout lieu de ja&esumer qu^ce peuple forme une nation daHei^eiite et absolumentv distincte des naturels de Yentre** du Rpi GeQrge, du p»bxt Cox^et des domaines de Tfajootoll^/rl&^&'estj: pas non plus impossibJe> qii^ces parages! m£me soient le^stdernieres Jinaites de leur district au nord. Dau4&§tte persuasion, nous eumes un double motif de^douter que nous re'tts- *Jfissions a trouyer quelqu'abri, quelque havre ou port ou le yaisse^a pf& rester,,en£surefe , tandis que le§*/|Jialoupes serpfent occupees a reconnoitre cette partie de la cote. Pendant* le Ji^nps que nous etions de- meures en panne pour oommuniquer avec ces naturels, le vaisseau avoit derive insen- siblement par le travers jusqu'aux bas-fonds, ce qui nous ol?ligea de faire de la voile» |£es naturels dirigerent alors le canot dans la baie. Nous aurions viveraent desire envoyerla chaloupe pour sonder pres des bas- foncjs, afin de decouvrir s'il y avoit un canal; mais le temps etoit si charge de nuages, et paroissoit, en meme temps, si peu certain, que, dans^le decouragement ou ces considerations nQUSvjplongerent, nous re- fto*S§axries a exeeuter ce dessein. Itne nous i*?88« rested done'plus qu%'sui%re m longNl&4&' --««teti c6t#l, et& ta'&her de trouyer quelqu'emOT&ifi ou le vaisseau put met#e suremenTa l%neiS$F inconsequence, nous p^ursuivimes^lMtre route, et vers les sept meures, nous n'e^xW%x%~ pas 4 uje^rall'dte5 dif^&Sofe' diitcap Shoal- Water. AHce mbmeiif^notfS' revtmes ivM? 4*slinctement la baie et Ms-bas-fonds. Nou^* anions seize brasses' d'eaW^ur un fond^de sable'get la terre s?'etendoifra Ffet-sudest depuis le cap dont nous n'el9§8fcS guere <§foi- gnes *qde d^P trois lieues. La 'ferre vers le • midi formoit- comme- des iles ; mais^fiKJtfir attribuames Cette singularite a la brume, ^ai commengoit a devenir tres-epaisse au- tour de riifiis. Des que la nuit arriva, nous nous eloignames dg la cote, et mimes a la cape,-en attendant le retbiir'de la lurni|re.* I^e matin du 6, le tem|)S ne nous parut Dimanche pas favorable pour faire des d^couverteS? & Le vent sauta au nord , et souffla avec fu- rie. La mer etoit tres-grosse. Le cap Shoal- W&ter couroit est-quart-nord , a six lieues de distance. Un brouillard impenetrable couvroit la terre de toutes parts. Nous res- tames done en panne jusqu'a neuf heures 9 »7< lefcE 1 | -pli I; I dne le broutlf^d se d|ssip^e$ nous laiss* YjgiioB^$err^i Aj^li^^^p^^ nous e#3$p- g^pch^ons,^^ sonde rapportoitvprjpgpli§r|£? ment.de quarante a seize brasse^d'e^4lsJl^ nn; fond de \ &abl{$^ A, d&x h%ures** et i$emi e j^gpes, nous etip^%t^irois l^ues du cap; fidtoal- Water.,. etJ^B^stinguames parfaitf^ :n*ent. N.o^^D^tssimes , au moyen d^s J^ nettes d'approche j a tracer la ljg»e$|le la cdte au midij; mais pons n^d^oinjftimes point d'ouveiture qui nous fit esperer ft& $rjcraver quelque|^a^^e> YJn proniont^ira e^vEit saillant fnJ^I»|restoit au sud$es|g, a la distance seulement de quatrefff^ues^fNous fia^games de voiles pour le doubler, espe- rant qu'entre ce promontoire et le cap Shoal-Water, nous trouverions enfin q«el- €me port. Nous decouyrimes al^rs au-dela du promontoire une terre eioign^je, et nous nous flattames^ue ce pourroit bien Stifle cap Saint-Roch desEspagnols , pres duquel on assure que ces derniers ont.deeouvert nn bon port. Vers les onze heures et demie passee^ nous doublames ce cap a la distance de trois milles. Nous voyions par-tout la cote tres - distinctement; mais nous n'y apper- ■2§fc ■*-' #(;i7X131 •■' gumes pa£we se%"^ cre^ure '^aflte, ni la r£88.^ moindre trace d'habitation. Des honlleso ^sUfe!*! ■ jjjjte prodigieuses venoienit en roulant se bri§fjj*fj sur la cote^et la sonde|pljm^tuoil pai| 4& gres;|de quarjp^e a seizes: bras ses, sur^^it fond de sable dur&Lorsque nous eiime| tourne le promontoire, une vaste baie s'of% frit a nos regards, comme nou§inous y etions altenduse^c elle promettoit un bpn mouillage; encourages par c^e^apparfen-ee, nous nbu&ha^ames d'y^penextrer^ La terre elevee qui formoi-t! les limites de la baie etoit a une grande distance ; et ui: pays plat et uni occupoit touti'espace entre cette&terre et la baie dont. Indirection; eipit plus arpl'oijest. A mesure que^nous avancions, nous diminuions d'eau, a cause K des bas-fonds^^Pfsqu'a neuf, huit et sept brasses. Nous vimes alors du gaillard par proue des brisans , et Fon observa du mjSlt; de l'axant qu'ils s'etendoiejit ajLJravers de la baie. Nous nous eloignames done de cette cote, et dirige&mes notre route vers la cote qpposee pour voir s'il y avoit quelque ca-' nal, ou si nous n'y trouverions pas quelque port. Nous donn^mes au promontoire le nom ... ■-_ ..' -YfSt^^s^ap Uisappomtement (ij ,%t afla baie, Juillet^^feiui de £azV */<? Deception (a$]f. D'apres une obs^v^on assez exac#-faiterlt mfdi % elle git par les 4^degres lo^minutes de latitude nordpet les %'$5 degres 34 xAbiut.es de longitude elfc. Nous pouvons aujourd'hui affirmer en toute surete qu'il n'existe pas de ri vie reddle que celle "qxsii se>r:trouve placSe sur teseeartes espagnoles soustole norn^de Saint-Reich : nous revenions conti- nuellement a celles de MaurelM, mais sans en tirer le moindre eclaircissement xii le moindre secours. Nous atteignjmes alors le c&te oppose de la baie , ou nous eprouvames les* memes contrarietes, Presque certains que nous ne reussirions pas a trouver un abri pour le vaisseau , nous portames vers un cap eloi- gne, observant de conserver une position a deux milles de la cote. (j) Ou Contre-temps. (*} Ou baie Prompeuse. Par ces deux noms dont le sens est a-peu-pres le meme ici, le voyageur a cof*- sacre le souvenir du sentiment penihle qu'il eprouva a, cette epoque de sa navigation , en voyant ses esperances ainsi decues. a- Note du Traducteur* Au reste , le pays presentoit un aspect bien different de celui de la^dte septen- Jullljat. trionale. Plusieurs morceaux de terre converts de la plus magnifique verdure, fixe- rent toute notre attention. On voyoit la ; terre s'elever comme par degres au niveau des montagnes eloignees ;'elle etoit bordee par un banc de sable blanc qui descendoit jusqu'a la mer. A mesure que nous avan- cions le long de la cote, de vastes plaines et des bois suspendus charmoient la vue. Mais nous n'appergumes pas une creature Jpimaine , pas un seul habitant de la fertile contree de la Nouvelle-Albion. Comme nous continuions ainsi notre route le long de la cote, Fobservant de toutes parts avec ia plus grande attention , nous vimes par proue une vaste ouverture qui reveilla une seconde fois nos esperances , et devint pour nous une sjgurce nouvelle de disgraces. Lorsque nous tinmes le large , le vent souffla avec violence, et une grbsse houlle venue de Fouest rouia impetueuse- ment sur la terre. Vers les sept heures, nous nous trouvames par le travers de cette ouverture , dont Fembou^hure, a notre grand chagrin, etoit fermeejaentierement paj- ua m H' !fO-4) |. ' ■ ' 1788. banc assez bas et sablonneux^^restj^'ati Juill^c. niveau de la mer qui paroissoit le GOuvrir de ses flots, et formoit par derriere un reservoir considerable. Au -ddla, onidecou- vroit tine vaste campagne qui se prolon- geoit jusques dans un immense eloigne* ment, ou ^elie etoit enfin bornee par de liautes montagnes qui lui seryoient de li- mites. Nous donn&mes a la baie le nom de baie -de Quicksand, et au cap qui y joint, celui de cap Grenville. Nous nom ma mes cap Look Out le cap que nous avions vu s'e- tendre a une grande distance vers le midi. Ce cap est ele'ye et tres-saillant; il va se perdre insensiblement dans la mer. Environ a deux milles, on appergoit trois gros rochers tres - remarquables par la ressem- blance singuliere qui existe dans la forme de chacun d'eux. Celui du milieu a comme une arche pratiquee dans le centre, a travers laquelle nous decouvrions parfaitemerit la mer dans son plus grand eloignement. Ils attirerent toute notre attention , parce que nous n'ayions remarque entre le canal du Roi George et ces parages, aucuns rochers places dans une situation si apparente I I ( 175 ) 1 a une pareille distance de la terre. lis pou- %vj% voient'bien &fcre eloignes Fun de Fautre eJaiil^ d'environ un quart de mille. Nous les riiskxx" mames les Trois-Freres. Vers hurgiaeures du soir, nous nous-r"trou- vanies a trois lieues du cap Look O&w* D'apres notre calcul, il git par les 4$ degres 3o minutes de latitude nord , et les 2.35 degres 5o% minutes de j longitude Est de Greenwich. Nous fumes alors convaincus qu'il n'y avoit point d'ouverture entre le Cap et la baie de Quicksand. Comme nous n'avions encore eprouve que des motifs de decouragement, nous nous determinames ici a abaudonner ^oute jespece de recherche, et renongames a avan- cer vers le midi : en consequence , notfs serrames le vent, afin de nous diriger db nouveau vers le nord. Notre intention etoit de faire voiles vers la grande baie ou entree que nous avions depassee le lendemaiii meme de notre de* part du Port Cox, et d'ou un grand nombre de naturels etoit yenu nous trouver. II est vrai que cette baie avoit ete deja visitee par le vaisseau YAigle Imperial, et que nous y #yious trouve un bon monillase. Nous nous ( 17* ) "1788. proposions de fa§fe\partir la chaloupe d^ Juillet. cette baie pour aller reconnoitre les dd* twits * etr determ^ter d'une maniere bien precise si les naturels qui les habitent for* ment un peuple absolument distinatde ceux de Yentrde de Nootka. Nous etions alors parytf&iis a. acqu^rir une connoissance assez etendue de la cote d'Amerique, depuis Yentrde du Roi George jusqu'au cap Look Out, c'est>adire, depuis les 45 degres ?>j minutes de latitude nord , jusqu'au 4<)e degre 39 minutes, aussi de latitude nord. Non - seulement nous avions reconnu toutes les parties d'une cote dont le mauvais temps avoit emp&che le capitaine Cook d'approcher, mais encore nous nous etions assures positivement de l'existence des detroits de Jean de Fuca qui recla- moient de notre part une nouvelle attention. Nous eussions vivement souhaite pouvoir continuer nos recherches vers le midi, au moins , jusqu'au 4^e degre de latitude ^ oiVl'on pretend que le capitaine Caxon avoit decouvert un excellent mouillage. Mais la saison etoit deja si fort avancee que si nous eussions fait de pareils progres dans le midi , -(3*77) ' I aftjidi, il nous efit ete impossible de revenir k Yentrde du Roi George avant les vents S3 d'equinoxe ; epoque de Fannde d'autant plus jfedoutable pour nous sur cette cote f que nous ne connoissions pas de port ou nous pussions chercher un abri cohlre la violence de ces vents. Ajoutez^qu'ii nous restoit toujours un sentiment bien nature! ji^nquietude et de crainte sur le sort du detachement que nous avions laisse a Nootka*. II pouvoit avoir be&oin de notre secours; nous prevoyions di&erses circonstattces qui pouvoient lui faire defiil&lr ardemm^tt nfetfe^ retour , au moins avant le mois de sepfim* bre. D'ailleurs, si nous eussions continue) notre route vers le midi> nous nous serions trouves , par-la meme , forces de renoncer ^Reconnoitre le detroit , attendu que le niauvais temps auquel nous aviens tout lieu de nous attend-re dans notre retour, pou- j^pit^elon toutes les probabilites, en prd> longer le terme ;jusques vers le milieu d'aout. II etoit rare qu'il s'ecoulat trois jours*sans que nous eussions, ou du brouil-^ lard on de la pluie* Les vents d'equinoxe soufflenfceayec une terrible violence sur la cote d'Anierique, et Tome II* M £,undi 7' ^178) •'# ^ 7 ge font sentir assez^ordinafrement du 1 e au i5 de septembre. Nous^^ffiuigniol^vidonc qu'ils nous chassassent loim de la c6te , qu'ils nous obligeassent peiit - &tre a gou- verner vers les iles Sandwich, et, par ce®- sequent, a laisser le detachement ^ue nous avions a Nootka, expose a tous les malheurs comme a tous les dangers. Telles furent les raisonsqui nous deter- minerent a retburner au nord , et a tenir Ventrde du Roi George ouvefte , a tous^ve* tiemens, quelques pussent 6tre et les vents et la disposition du temps. Ce qui rendoit aussi cette mesure: essentielle, c'est qu'il £toit deja convenu expressement que , le 20 septembre, un des vaisseaux quitteroit la cote d'Amerique pour retourner en Chine. Mais avant que cette partie de notre expedition put avoir lieu, il falloit ^quiper com* pletement le nouveau vaisseau, et le lancer b. la mer ; il failoit avoir fabrique pres de trois mille brasses de cordages, travail qui *xigeoit un plus grand nombre de personnes que celui dont l'equipage etoit compose. Le 7, au lever du soleil, nous appergiimes le cap Look Out, restant a Fest-quart-sud, a douze lieues de distance* A midi, notre f'*79}) latitude jmrd etoit de ^5 degrmx^Mmn^ntekf^M^$^ et la variation du cOiaapas donna seuJL&pej&t; SlsP^et* SKdeaxes 10 minutes de longitude Est. F Nous-ne reviut^& point Ja terre jusqu'au 20 Quillet. Ce jourv^.sur le midi ,..nous.dis- tinguameSfcla partie elevee qui forn^lg&^ote orientale des ddtwits de, Jean de Fuca<$ etjau coucher duesbleily nous decouvrimes le cap le plus oriental de la grande entrde a%ni se trouve pres du Port Cox. Nous lui ionnames le nom de Cap Beale/il couroit nord-quart-est, a dix lieues de distance. La variation du compas etoit, en ce moment, de 18 degres 3o minutes de longitude Est. iMA Le 11, dans la matinee, nous nous trou* Vendredi "tames,a la hauteur de Pembouchure de Iff cette entree, Elle nous parut d'urig va^ie etendue, mais peu profonde.: Presrrue da|is le milieu , on distirijguoit plusieurs iles tres- edevees, et bien boise<e$. Nous enyoyilmes la chaloupe a la decouvei^e d'un mouillage, et, vers les onze BeureCl One revint nous Jyidiquer un t^^^^^^S^ml,^^. ^Cifi^f" c£rand, forme pareun cer^^Fi nombre, cFiles. Nous nous dirieedmea veJ^ ce pott, etToy "jettJtmes l'ancre, k-i& proIoiiSeur de buit M a *s « 111 1 iftvr - 1 1 111 '.W?$2* »brassesiiKeai^sui^f fond de vas<^ parfaite- --JuMk. 7 meat." a-Pabri-des vents et des fureurs deda M men Des naturels se ssehdirentsxirle champ en grand n ombre .aupr&S" de n ous dans leurs -tJanots,f«t inous •appprterent du poisson en j abondance ,%els que du saumon^. de la truite , des ecrevi^e^cef^&autres pq&ssons a^coqu-Mle avec une|£fe>Fte provision d'fia.- gnonsset de diverse^graines. Ces natujrpls venoient d'uny&ila^e consideraM^&itue sur ie sommet d'u&eqteG^-hai}^ donnaihes au^ort le nom de Port- Effingham , ei^Fhonheur du noble lord decore dm cei|i*tre A i j .m %$ (i' J'aime a penser que des talens utiles , que de* vertus'j sur-tout , ont rendu le lord Effingham digne du souvenir honorable "par" lequei notre voyaeeur a immoftalise~:son nam. Mkis j'aurbi's "desire que le Capitaine Meares, q<j&£aroit• dlailleurs ^un homme judi- g^cieux , &u lieu de'sle c|>nteiitej"f de ripipeller unJ^ttre de noblesse , ce j qu^Mmgpse^un | esprit eMoui par les grandeurs, nous eut appris par quels services rendus a ' la navigation, aux sciences, a lmimaiiite , ce lord a 7x-. , i ^.-^.^f-'-iv,..- : • Vs e;iv;: &*•>> m&& ffierxtela mention nrerii en a raite a cette epoque de ses ^6Vagese0lP"ne JMfcolmera:^j&maifr; de voir le?> noms glorieux des An^oW^ife&jBQJU^&£ffiille,.des Cook, des •*jjLfgPeyrou§6, des- 'Entrecasteaux rappeil£sJt|$axis cess* i\ %£:: t: (dm'}) [ft . f- ■ p^Ee ii^$^5$pST&*^^ c * £?8& ran tes fureW^tfe^iial^ees \^cW'e'd^f¥U ^¥§1 Juulet. u^der^ftmerit^Sfo#ale:'fairg-:diT FMu1, Sained* e&W^gglte I de i'irjllipajge^fut enipf%r, m$£.x i&feW^fy^tn^ktiotis * qtrfeSBS^tftent-^^fae-^ - i»- fi" -*!■ i- c >Sfj£&St''-t -y%t4jSff- P«*LHfiF ■-.", ^-yV-I p r*ft r.' soiri^ecllr;f aisseau. acIW ?i©eri^tetr^e: avoit^te v^XS^^sn 'Yj&rfy* p!a^^apit^ v^p*S^^^^^^|^^^^^^ 'sSl^o'iJ^'EfllfV^rie^enOTe! cbriski#fa'Ble v* Wpet en tier em ent conv eirte^-xle'i'.feo?s;. Stir.Fj t8ra%2-fferme,L ori;'disYihgn^'de^- graatds*vil-' lffge^^^eupre^w^u^rrosefrt'Me pee ruii$eaux$S8r P(^.^\SfB2P®¥Wrsatimon en arjotfciaricef*fcorstf tie-'ce poissbii- "est -prepare| tap; '-•;«-«-v '-.---r?-: «£*?, <WTVf«" T*t~, - . . . ." s%&3 JJLl Up-.'i WM avecies soms iret^^aires^ les- nattn^senrroirt leur principale nou'rriture pendant l'hiver. Le port est assez vaste pour contenir cent voiles. Sa position est teliement avantagei&fr que ces yaisseaux*y""se^Tent a Fabri des plus furieuses tempetes. Le mouillage y est par les navigateurs qui suivront leurs traces : mais , dans un siecle eclaire , les dignites on les titres net vpeuvent plus etre l'objet des hommages des ecrivains. Note du Praducteur. »7'2tl aussi ticlsubon jc'esfftiiielvase. iaolla.1 i'afc Juiliet. j guade est egalenienfj^srcomincde^ ill ^ <D*W^Gtre Pas%^^ ^ * . i^rry^r 7 whtwS fceJ "maB STEP Fofit EfpJtgnam^inoxig^Yimes un tres^eraJicL nombre de loutres.de rner qxuL&e iouoientr. dans i'eail avec leurs petits^^i-s, $ \^PM4a| Che ail j^aisseau,_ elles cusparurent.^pus pass^mes une fois oi^deTUxa quelqugs verg5$~ de piusieui« d'entr'elles oui dormoient sur ~ le dos-au milieu de la^er.^Nous les}|>rmie^3 dj'abord pour des morceaux de bois flc||tan}g tijusqu'a ce que , reveiilees parTle^^^^dij^. vaisseau, eljes se plongerent a-Finstant sous-* lesjflots. Ncms vimes aussi piusifgirsJraleinest de F espece des spermaceti, un grand nombre. de veaux^cle mer, et beaiK:oug.d'autreayu« animaux marins de forme mon str ueuse, / c an iirtii m i ^>^.-i-X-VrO| muAf it iNPCPhnl .„ e ..-;. ;e Tee. ^\-v. e-. e.~.v .— ^-ara^5. . Nous prenons possession des detroits de Ji?£/z dfe Fuca au nom du Roi de las Grande -Bretagne%r- Nous recevons^l^t. ^visite aes natureM?r—-^mttio^qvtonfgm geuse du vaisseau. *—^Ld^ehalozipe eS$± itwn» ea ui e et enm as-ww* Objeflde cette expeditio^^^f^s^d^cin^ gefls se rendent a bS^^p^/^^eau. Nos vivfs inqm^Eu^s au sujeitfHjle da chaloupe ; elle arrive enfin. r—Mftiififs ale l$b,h retour prdcipitd. ~ Combat avec les nature^ des ddtracts de fean, de Fuca gj et 'ies suites.— Brayoure^ecef p^tplep^ —Situation critique de$Ja,. chaloupe et du ddtachement*-—.Progres conijiddra~ bles vers les detroip^kgrJ^n deFuca, —-Leur position*.Jajr Ont vient, nous pro-* 79 7 7 '"A. ' iy f poser a acneter des teiftyav hommes. Ddcouragement que produit cette offfoe§ dtrange parmi les personnes de I dqui- page. — Prdparatifs pour remettre en mer. —Nous quittons le Portff0,nghammt '"^^^m lip ' 111" M 4 1788* Juil'fe . pp| e % |g—Quelques details ^sur*^e,^ort efcjg& jtfentree.—Frogres du nouveau vaisseau* £)' rures. Nos Nueces rdansrrla traite^ des four- Attention^ de Maquilla. .«« .Unisys I~~L .-- k ', -..,-.. - . - 7 .-.>.- ---; .. _/:. ,, -1 -e*r j ■U-i;nersera pas5 mutile diMormer Te fee reu¥qu^ Aots^ primes possession des ctetroitst 'SS Me^Jeai^tle Fuifcu, aifmo^ivcxU^rSr^^hofe- terre jrevere toutes les formes adopteesF en pareflfe^TC^mstancep^ les navigateurs qu* nons^^vtneilr prccieaes. pimanche J 3» de%e p&sition, deS%3lS!reB vin^nY^lffand nomt*rlF»noui^^ rendre ^fisifo; 'Mpus jjeiir adi»e^aaie% des?ourrureS~de diversus especes, ^fiflnfious - remaTquames tiu'ils n^efoient t3yfelet^coM poinl^compagm4s de lellfs chefs/i^d'aucune autre persSSiie qui parut avoir qnjel- qu'autorite parnjrei&eBs nous apporterent aussi une grande"^aritife^oS^uiilbns qui FempSrtoignt de^eauco\ip^bur la cWSBbl- tesse et le gotr^sli^iux^ffe Ven$ee?te JffoQtKa. Ndis^reg^nie^'encol^ 3%ux du poisson a coqutUe^'in abondalice^ime Mnne proyisiicih dxoignons sairyiges aussi . ( itf I .' $. |^^fe; ^fr^ich^kn¥Tqffi s aMta^es^t *8fe£ SSlSSJ 4?88:*| -qu'ilslydiMrf^ueillts^ans^iSfefeois-Ftoiies^ |#^ produc^rWdbnt ;M nature; aydii'llfceMfe'-- meiW»r&fei -les diyerses^f^aFtfef de la-'jaftteL ^ 'site's 1' r ^-Js! T - *" natTatelsi^7 **{r;''*' I 4§tfi{P |P jfcjl Nougbelions alors au rt^fi^tndOT*elw fm le^^Te^np^ n%^:ra*^rei§W a^e^^e^&sNW^ r31[ar^a^le^t^dn. Oii^n^fep^SlvWit p^xKie* seuleHiVacepde* r^fi^# -sur li^^SP^^J^s mt8k^ ta gnes^doWFentfree' etei^ril^#^^M# p&rtw^SFoits^ne polm^s Jc$hW qu'espeT$S? ^M^|l##ciMlpiom4h court sejotbr <fn6 fi^tfe ndms YyopomonIriiPSaire^aa«PuH endrdlfr si^anqiiilieeflt ott^fiotre situation fM§e^thit^Mh d?a^reffie9's^4 ^l^iVW^aiitmes Pocca s8>2P4IivorableA*tpi ##Sroit albrs d'envoyiS3a cSife.roupe^fton^ seiifemen^freconnoftre *$$§meWoits dWWean isfe^i^r^Jfemais encc^ie^^renWe^s'il■"^gft^t1 j&5ssible | -qu elque fenn 6|fsance^^s8^^^^ reis de la baie de Sftoat^WMer: T&n^&BS/r sequence, elle fut equlpee ccmarhe¥exigebit la #rconstance^ montee par trente de nos -r gens4, ^ fournie 8e provisions pour®tin |(i86) I- . mois. J'en conliai le commandement a l^JL. Pcobert puffin Jgmqjit preiii'llj^^helijr , lie qui j|Jdo5^.i3<|^|p3rnstnictions par ecrit pour la maniere. dont ii devoit se gou#e$neE dans, la conduite de cette petite expedition. Le iS, la chaloupe par tit pour all er faire ses decouvertes. u;Slk^Sll r JUabsencj^pigi, personnes ?gnlpipye|«^^^ cette occasion , jointe a celle des hommes du detachement qui faisoit le service de JleiUrde du,Roi George . avoit tellemeifS' ^jminu^F^qjaftp^ge du vaisseau qu]|l devi^T absolument necessaire pour nous de pops mettre le m^^^ pqs^smle en etat dejdefense* En effet, ces naturels^que nous avions pour yoisins en ce moment se trouvoient etre une nation, nombreuse , intrepide.^t puissante ; il etoit a craindre qu'ils.ne fussent tentes de nous attaouer s^Wvenoient a conjgLoitre notre propre foibjlesse. Ojg^dress^idonc^ne batterie de tolas les canons : toutes les armes iuregt, *PreP^©es^r^t j ej^lonnai ^es^rdres positifsPpour qu'on ne laissat venir a bordr aucun des naturels, sous quelque pre.texte que ce put &tre. Un instant, apres le depart de la chaloupe, nous Yimes venir du cote du nord 7 iws,.,.! i 2 «^5,nombre considerable de cjiSots. Ils.afft^ iiverent bord .a, bprd''.au .vass&dtf^rOn en remarqiomt peu qui «portassent ^mon^iae » trente homines^Je crpisjm^mq^u'il $>'y Wit avq||. pas In. sjful oil les naturel^ne n^ferr tassent j^ ce n^mbre^j^i^ie.urf en epnt^fe nojent davantage, sans coi^pter^s^femines/ ettle&fenfaiis. ParmL ces insulayjes qui. ve-»* nqieni;;nous rendre y^sit%^ xxpus! reconnu-. nie/y,« a la, physionomi^; seule , plusieui^ dlejajtr'eux qu^j^noi^^fav^G^v^ja^yus^oau Pprt tox^ * on^Uls liabitoient. Lq$ autresjj etpiei|^<clesLjpaturels de la cp^^cci den tale qui, Ti'ete^cL,e^ ; descendan^0jusqu'aux </4rS twits , et qui forme une partie des vasjtes domaines de 'Wicananish. Nous pensameftj q^ie ce pri^^eryenoit de donner tout decern*x ment un repas splendide a^un grand nom-. bre de ;ses prjmcipaux sujets ^et en yoyant, entre les mamsje ces naturels;jUne grands partie des articles qu'il tenoit de nous, noi&p- eij conclumes, avec assez de vraiysemblgjacje* qtril avoit ajoute a la magnificence de la ceremonie, en partageant ses tresors avec t ceux a qui il avoit fait Fhonneur de.les y inviter. jl ae nous arriva rien de remarquafele Juill<*tw U-;3 Hull Mllfe ]usqu?au ao.-^Le'Mmps eor.tlnnoit?"cle;ttbus^J ^PM| -fppfteft 11- fafeohe tr^bekrr; W-ineix]^iire^ Dimanchejrfeueffi^eiiee jrewcare cite Palrt #'J'atrtre^MnsJ 20* ^V^e- -e-A^-tU - ^7. , .-, ■ e^.-J autre] toatttrels.' lis QuelquefoWfiioti^ se&t de gilneri^ia' dlHfeatesse duiaSetiS^ou- tbftteagge&fent it^#ab6ndknc^c^inair# de" nsotre 3a hie*e-IvFais1 dani ff$fM d?inaction oteJM etMns' IloW^ia^si-tua tf6it' cfe *Jla ciia^ I noti^oi&Sjknf^mctsMvt ttdsWl prits% sJe!--itroiifoteW^ partagesnentre'iF^l^poir1'3 |l#lju#c^ p^S^s^^ue^^^Pc^ol^pa^SBfe et^en¥^erilfi§*] reobiinoftre>j W^k^n^^^^^^M I * | ntemelinstgrnjl, wconnance queTious-avionsr1 cft®sYleuFi|)Mdence ^ Ieiirr 6t5*fii%ge ?et ^iftit ' b©niie^otJ^it#^x¥©S§ ?if|i.rrMRf^%ftf'liMWil qu^^^ari^s^^^^ftfEfe linggih-fition^fes %ui*(I voit da*ns FelSfh toykM^^^x^We^^m^^&uW* *^A j ... iteSfc-K' t * %M 1 S^SkiX *^*^i* y^feiT§%-»4-i«JAkt*±.' oecupionsa^eu^avec la pi^w*^fi^'6I'Sonj^ra»j tiMe | ces ^^fophn^^uttilfenwcoH^fe1 lei?' h^rreurs d§^W*6$*t{ Fa ^l^lffireu^', et5se yoyoient a la veille de partager le sorted e-7' plorable de ceux de^feurs compatriotes qui J K it M 7 jgLyoient efce, de vores pag- les cannibales de Queenhythe., '$%&% Dans la soiree du 20, nous appereiWies les voiles d@ la chaloupe. Elle tenoit le^liarge* Les transports de jole.?auxqu.eis nous nous liyrames touiha-coup sans trop de reflexion furent.,l^ientot troubles par le sentiment d/^pquiet^p^iqui s'f^ipat^liiatur^emeii^de nous ;en sy^jngeant a la promptitude delj&on retour. Dan§sF interval! e de son arrive, au vaisseau^jchacun de nous ^prouva Fincer- titude la plus penible. Enfin, lorsqu'elle se trpuva bord a bord, nous remarquainfes , non sans une satisfaction inexprimable , qu'il ne mahquoit pas ^gftp de nos gegJt. Mais nous ne tardames pas a. savoir qu'il nous -fall oit donner tous^os e§oins a^ecou- l^r des blesses qui avoient^sruellement souf- fert dans^une action tres*-vive qu^aryoit eu djbu eptr'eux et»les naturels des de- twits, et qui etoitj la oause de leur retour l^recipite. |jjg Toute 4Bj&j&£t attention se porta done sur no^malheureu^^lesse&v M^is quoique plusieurs* d'entr'eux eussent eie tres maltr^jjes, £0. Juiliet. ceafurt; pour^nous un grand motif de epn- solatyo^que de nous cgn$aincre qu'aucun I tua *sa ■v*J m Sis *?8*8. <Jeux n'avoit regu un coup morfel. L*of- ^Jllet. ficier souffroit beaucoup d'une Heche bar- belee dont il avoit ete frappe a la tete, et crui Fauroit tue sur la place si son chapeau tr&s-fort et tres-epais n'eut pas amorti la violence du coup. Un des mateiots avoit la poitrine percee ; un autre, le gras de 3a jambe, ou la fleche etoit entree si avant qu'il devint absolument necessaire de faire une incision pour Fen tirer. Un quatrieme regut une blessure tres-pres du coeur ; mais heureusement Farme craell#* n'atteignit point le siege de la vie. Le reste de nos gens fut meurtri des coups dS massueMe ' Pennenp, et de la grele de pierres dont ii les accabloit. La chaloupe elle-m&me fut percee de mille fleches dont plusieurs res- terent dans la petite voile qui ia couvroit par derriere , et qui , en recevant les fld- ches, et en rompant la violence avec !*%>? quelle les pierres etoient lancees au moyen des frondes , contribua, en grande partie:, a preserver les gens de notre ddtachement d'une destruction qui paroissoit inevitable. Les naturels se conduisirent en cette circonstance avec un courage et une intrepi- dite qui surmonterent la terrenr que les J arme#"a j|gtt"fettspirent wdiaairement aux t7$$t peuples sauvages. L'action finie^t1 plusieurs Juiitet des ndtffes eiirent encore beaucoup de peine k sauver leur vie. Un d'eux avoit ete par- ticulierement designe pour yictime par Fun de ces sauvages. II y eut entr'eux un combat tr&s-vif et tr£s - opinialre. Le nature! etoit arrae d'une sorte de b&ton fait de pierre; le matelot se defendoit avec un cou- telas. Ils deployment Fun et Pautre , pendant quelque temps , une adresse egale , et le ra^me courage; et si un pin qui se trouvoit entr'eux deux n'eut pas rompu le coup porte par ie naturel avec toute la force dont il etoit capable , e'en etoit fait de notre brave compatriote ; il eut infailliblement succombe. Le sauvage ainsi deconcerte dans *oa attente, son adversaire eut le temps de etei enlever son arme d'un coup de coutelas. Alors, malgre cette perte , malgre plusieurs blessures qu'il avoit recues , il se jetra de la chaloupe a la nage , redevable de la vie a la gemerosite de son yainqueur qui de- daigna de le tuer une fois qu'il fut dans Feau. Le matelot, blesse a la jambe, continua de se battre pendant toute Faction avec la 1788. Juiliet. .fieche dans la chair;: et sans.s'ioquieter d*en retirer cefie a$me cruelle, il contribua pair son courage et par Factivite de ses efforts a sauver la ciial&upe» Quoique nous n'eussions jamais eu aucune communication , aucunes relations 'avec les habitans des detroits, nous nous Etions flattes que les details de notre con-* duite fraternelie avec leurs voisins esouyoient etre parvenus jus.ques sur le territoire oil ils habitoient, et leur avoir donne des impressions avantageuses sur notre compte. Mais leur conduite. prouv.a. qu'ils avoient le naturel le plus feroce etle plus sanguinaire , et la fureur avec laquelle ils attaquerent nos gens forca Qgux-ci a montrer le meme caj ractere dans leur resistance. II faut rendre justice ici a l'liunianite de nos compagnons* Malgre les souffrances qu'enduroient la plupart d'entr'eux ; malgre le sort affreux qu'ils txe pouvoient douter que leurs ennemis ne leur reservassent s'ils eussent ete vaincus , ils ne manquerent jamais, en nous racon- tant les details de cet evenement, d'expri- mer des regrets sinceres sur ces malheu- reux sauvages qu£ avoient eu ainsi Fimpru- *lr,- - dense fence de courir eux*-memei? k leur prbpre perte. Lfetaque avoi^^t^'C^mmeiicee par les aauvagcs. MontesLdans deux canots conte* nant chac%n de^uarante a^pinquante hoin* mes, qui, sans doute, etoient Polite de leurs guerriers , lis entourerent la chaloupe dans le dessein de s'en emparer. Plusieurs autres canots resterent en meme temps a une pe* tite distance pour^porter du secours en cas de besoin.L e rivage etoit horde" de tous =ccftes de naturels qui faisoient pleuvoir sur le vaisseau^une gr£le de pierres et de fie- dies. Dans Fun des canots , il y avoit ui| #hef qui encourageoit pat ses di.cours les autres a avancer. On eut le bonheur de Pat- teindre d'une balle dans la t£te, au moment meme oi%. il lancoit un javelot enorme au patron de la chaloupe. Cette circonstance f'orca les canots de reculer, et priva les na* turels qui avoient deja engage Paction ^I'-un appui qui pouvoit leur assurer la victoire. En effet. lorsque Fon eonsidere que Pe* jtiS* Vega | Hijp§| «l|| page de la chaloupe n'etoit eompb^e?que de trente hommes qui se trouvoient atta- ques avec tout le courage que doriri¥r£lJ» fureii§ par des ennemis eir noitfbre^supe- Tome II. N uiitetv m V?i' *i§ur , et^qid/ne cessoient^jd'^tre.-cruelle? Juiiiet. ment incommodes par la grele de traits qu'on leur decochoit continue! lement du rivage , on peut.-ranger le bonheur quails eurent d'echapper a la mort au ncgnbre de ces evenemens qui ne manquent jamais J^exciter, dans les esppts sages , une im- pression de surprise et de reconnoissance envers la Providence. La chaloupe avoit penetre tres-avant, en rem$ntai|t, dans les ddtroits de Jean de Fuca, et etoit entree dans une baie ou espece de port. Ce fut alors que nos gens qui se disposoient a prendre terre pour^^ connoitre ces detroits furent attaques par les naturels, comme jeQl'ai raconte plus haut. On con90k sans peine que cet acci* dent les empScha de poursuivre leur premier dessein.Dans cette position cependant, ils observerent que les detroits a Fest-nord- est paroissoient avoir une grande etendue , et aller plutot en augmentant qu'en dimi- ftuant. Comme ils redescendoient les detroits , ils rencontrerent un petit canot conduit seulement par deux sauvages , sujets de Wicananish , auxquels ils acheterent du poisson. t *9^ ) is les expressions manquent pour rendre 1788 j la surprise et l'horreur dont nos gens furent Juillet. saisis, lorsque ces barbares exposerent a leurs yeux deux t&tes d'hommes, tout re- cemment couples, et degoutantes encore desang, qu'ils offrirent de leur vendre. Ces t&tes si revoltantes a voir, ils les tenoient par les cheveux ayec un air de triomphe et les transports de la joie la plus effrenee ; et lorsque les gens de la chaloupe leur te- moignerent toute l'horreur et Findignation que leur causoit un si aftreux spectacle, ces sauvages les in former en t avec un ton et des gestes qui marquoient la plus grande satisfaction , que ces tekes etoient celles de deux hommes du pays de Tatootche qu'ils avoient massacres, ce chef ayant tout reGemment declare la guerre a. Wicananish. Cette rencontre prodnisit parmi nos gens une impression de decouragement qui ne cessa de les accompagner pendant tout le reste du voyage. Quoique la chaloupe eut manque le principal objet de son expedition , elle ne re- vint cependant pas sans etre en etat de donner quelque connoissance des detroits de Jean de Fjpca* Elle avoit fait pres de Na f <^6) 1788. trente lieues en montant ces detroits , et i Juillet. cette distance de la mer, ils pouvoient bien avoir quinze lieues de largeur. La vue se .portoit dans un bel horizon qui s'etendoit a Fest a. quinze lieues de plus. Cette singu- liere circonstance nous fit former mille conjectures diverses sur Fextremite de ces detroits, et nous nous arr&tames a Fopinioa que j'ai examinee et discutee tout au long dans le Memoire qui sert d'introduction a ces Voyages, savoir que les detroits de Jean de Fuca pourroient bien ne pas etre a une grande distance de la baie d'Hudson (1). Nous nous vimes alors forces d'abandon* ner au moins pour cette epoque de Fannee tout espoir de nous procurer des renseignemens plus satisfaisans sur la veritable etendue de ces detroits, ou une connoissance plus partie uliere de la baie de Shoal-Water. Nous nous dispos&mes done a. aller rejoin- dre le plutot possible notre detachement dans Yentrde du Roi George* Lundi Le 21 , nous remiines en mer avec le 21. (1) Yoyex. le premier volume de cet ouvrage , page 146 6t *suir. jusant, et vers midi',rnous ettons deja sortis ^88.' de Ventrde. Une observation rapporta 48 Juiliet. de&es 4x minuted de latitude nordSflePori? Effin^gkam couroit nord-ouest-quart-nord , a cinq'millespde distance. Pendant le sejour que nous fimes |in ce port, nous y recumes la visite d'un grand nombre de naturels de tribus diverses qui residoient en differens pays situes entre le Port Cox et File deSFatpotche. Mais aucuns de ceux qui habitent le haut des detroits n'osia venir jusqu'aupres de nous. Peut^tre ©fiPfure®!t-ils>detournes par la crainte de d^plaire a Tatootche, d out* File se trouve situee a Fg^ree m&me , et renferme , dit- on , pr&s de cinq mille hommes. Nous e&fnes soin, durant ce sejour , de nous procurer une quantity considerable de peaux de loutres de mer tres-belles, ainsi que du poisson en abondance. Nous fimes provision de saumon , d'halibut (1 ) , de £l) Le lecteur a deja. vu , dans le recit du Voyage qui sert d'introduction a celui-ci, que Vhalibut est i>»e espece de plie. Note du Traducteur. n a 1788. laillet Mardi 22, Mercredi *3- t/198) hai$ngse, de sardinjfs, de cod (x), de truite* et de poisson de roche. Les naturelsjnrent egalement tres-exacts k nous agporter des, legumes et des fruits cueijlis dans les bois , et sur-tout une espece de raisins de Corin-, the sauvage qui croit surges arbres assea eleves* - - - .= -. . -- • L9entree n'est pas, a beaucoup pres, aussi etendue que celle de Nootka. On y trouve, au reste , quelques places ou le^vaisseaux pourroient etre a. L'abri. Mais il n'y en a aucune qui soit aussi commode que le Port Effingham , dont la situation est telle qu'on peut y braver les vents les plus furieux. Toute la cote offre des bois de construction dont on feroi*iIss plus beaux mats et les meiileures esparres dit monde.^g Le 2.2,, pendant tout le jour, le vent souffla de l'ouest-nord-o%fest. Nous en profita^ mes pour porter au^ud ouest, jusqu'au len- demain 2.0, a midi, que nous etions par les (?) Je n'ai pu savoir^i decouvrir quel est ce pois-? gon. Je crois que c'est une espece de morue. Note du Traducteur. JeudS 24. J$ degggs 36 minut^delatitu^f nojs&YjEli I788. ce moment , nous avions tenement gkgn^ IfiUlet, le larggj^ue nous n'apperceMion^pi^ la &« Xerre. AJ;^rois hei£resfl4$ ^I'apces r^nS^V^ife vent passa au sud - crgest g nous ^me^, ve$t devant , et goti§se;fnames a Fouesi- gigfd -j§uest, pour tacli€§£ de decouvrir la, |^e matin du 2.4 j *e ven^sauta au midi , et nous amena un.tsmps brumeux ^; charge qui nous einp&cha , comme on sef^"»|ha- gine aisement, de serrer de trop pres la cote. Cependant, versjnidi , la bru&ie so dissipa, et nous nous trouv&aaes par les 49 degress 4® ombiutes de latitude^iord. S&ajg a peine avionp-nous prisda difference $£ longitude que le temps s'obscurcit de nouveau. La sonde ne rapporta pas plus de;^ingt brasses d'eau. A Finstant memd9 nous vir&mes vein devant, et port^mes en mer. Sur les quatre heures, le .eiel s'e- claircit une seconde fois, et nous appercumes la Pointe du Rrisant, qui gisoit a Fest-quart-sud , a quatre lieues de distance. Nous n'etions qu'a trois lieues de la terre , de sorte que, lorsque nous yirames vent Ni ;r78$. devant, tioiii^latiM'fcfeiorik^rescjpte dtf Iuitlf% borls $M W$jm ®& Vendredi k§s brontli a rds epafs ^bnt Fe^temp^toii Ifji jrfia*g^jne^ furent fdnf^^^fart dlssfpesqiit i^izSlirmatin ,?£que irous vime$ Pejitre% -dx&Wdnal du^Mo^^Geo^ge qui eourbit ^es^ «oii&est^f> la dis%ance de six lieues. Mai& le temps redevint bientot si obscur que j$3 cfe4rt- 6t& ide notre? part une inexcusable ifnprttdence de courir sur la terre. Mi. Le matin*kd&z%6'i®sur Ies"phuit heures ^ nous mouillaroes heureusemen#dans Yanse des Amis. Nons^ ^S^ouimes du bonheur de retrouver n6& *A3isis • ffort tranquilles et eix parfaite sa*ite. £a »iconstruction du vaisseau etoit auss% ttikIL avaneee. Les eou&. pies etoient xomp£eten4ent aeh#vees. On avoit deja couvert Jjfo ewes de fortes planches. Les pouts etoiefl£ dresses , et la plus grande partie des ouvrages de fer se trou* voit iinie. Pendant notre absence, nos compagnons avoient amasse une provision considerably de fourrures qu'ils s'etoient procurees, non* seulement par les naturels, mais encore par difierentes compagnies d'etrangers que la ( soi ) ttfiOitim^-'du vaisseau avoit engages a §8 17%$* rendre a Nootka pour y satisfaire leur oft* Juittet*! riosite en examinant use- maclwn^-sUnou-' velle pour eux.-Mr. W^&& Maquilla s'etaife montreiireligieux ohser- vateur de tous les poi^s da: traite |*etle fidele Ca^Hflcum n'avoif^ces^fde veille^S. la surete et a la'ftranq&illite delpbs gens^ave^ le zele d'un homme d'honneur et la bien- veillance d'un veritable ami.Non-seulement les habitans du village sou mis a sa jurisdiction leur apporterent chaque jour d'a- bondantes provisions de poisson et d'autres comestibles , mjp^.jancjQjrjaJils donnerent a notre detachement, et de Fordre expres de Callicum , tous les secours qui dependirent d'eux. II m'est impossible de rapporter les preuves de bienveillance.et d'inviolable at* tachement que nous avons recues de ce chef sans verser des larmes sur Fevenement affreux qui termina ses jours. Non , je ne penserai jamais qu'avec horreur a la conduite execrable de ces barbares qui, pourtant , se glorifient d'etre nes chez un peuple eclaire , et de professer une religion de paix dont les preceptes sont 1788^;<&?ux de Fhumanit4fet du pardon des la£ JuiHst. jures (1). ||j (2) Le meurtre commis par les Espagnol^dans la personne de Callicum, et doiil iisaftl^yoyageter a donne p|us haut les tp*tes detai^^rappelle an fleeteur que ce peuple s'est acquis une handle ceiebrite dans Fliistoire par les actes de barbarift-qui 1'ont rendu le fleau du nouveau monde. Note du Traducteur. l-.e ..ee;.- ' it ^tifiBSnm «H i ■■■ &£#) 1788. Juiileti ■^■■ss CHAPITRE XVII. jr Inquidtudes du^fffTdtachement que nou$ avions laissd it terre , sur le compte dig vaisseau. 35oruits^gqnqus^par teS nt&- turels, —Notre-ddracuemerit parvieni a savoir que nous somrkes engages dans les We twits de Jean de Plica. —- Set conduite en consequence.-—Progris dans la construction de la maisdn , pendant Vabsence de la Felice. Etonneme/it des'StatureIs en voyant batir le vais- seauj attention particutiire qu'ifif don- nent aux occupations des forgerons. Notre rdgularitd h observer le sabbat devient un objet de curiositd pour les naturels.—Nous nous procurons a cette occasion une connoissance assez dtendue de leur religion. — Pro jet de retourner au Port Cox. Motifs pour lesquels nous ne nous y arretdmes point en re- venant du Port Effingham.—Nous som- mes deconcertds dans rids projets. Mouvemens sdditieux a bord* Les n 1 • Blr H .$88: Juiiiet. jauteurs et instjtgateurs sont ^conduits it terre.—Motifs pour justifier cet acte de riguMti. / &I, dans notre route vers le midi, ripus avions eprouve*, de^teraps fautre, de tres- * • * f t "If* A 1 vives inquietudes^sjjr, le. men .r*£tre0 et la |»&rete de ceux de nos cornnagnons que nous venions de j^er a terre.|*m presume, saijsneine, que , dea leur cote ?^ils spngeoient souvent a leurs.^niis^rest^ a nord de la Felice,. et cpnc^m^nt^d^iu* quietudes semblables sur not^ sort. lis ne pouvoient pas oublier que nous etions alles braver de terribles dangers dans ces mers dont, peut - etre , aucun vaisseau n'avoit jamais fendu les flots, et reconnoitre des cotes ou il etoit presumable qu'aucun Europeen n'avoit encore imprime la trace de ses pas. Leur sollicitude egaloit ia^notre : ils employoient toujours leurs instans de repos a compter les heures de notre absence, a adresser au ciel des prieres pour notre conservation, a former en commun des voeux pour notre retour. Mais ce netful ( 205 ) pas tout : Finquietude qu'ils eprouvoienjt 1788: naturellement sur notre xompte ne tarda Igjfllcb pas a se ghanger en de cruelles alarmes. Quelques - uns des sujets de Wicanandsh finrent leur rapporter la nouvelle tres-de- taillee de Fattaque commencee contre nous par les naturels deTatootche ; ils ajouterent cpie ceux - ci avoient taille en pieces une partie de l'equipage de la Felice ,* qu'enfin , parmi ceux qui etoient tombes dans Faction;, on comptoit les principaux officiers. Ce triste recit que le plus incredule de nos compagnons ne pouvoi&pas regarder comme tine histoire faite a plaisir, les plongea dans une consternation qui ralentit d'une maniere tres-facheuse Fardeur de leurs travaux. lis s'abandonnerent a une tristesse que ni les plus courageux efforts, ni Fopiniatrete necessaire pour vaincre des obstacles sans cesse renaissans , ne paryinrent pas a. dissi- per entierement. Au reste, cette nouvelle etoit alors uniquement Fouviage des naturels qui la leur apporterent , puisqu'elle preceda le combat qui eut lieu entre l'equipage de notre chaloupe et les naturels des ddtroits, combat dont Fissue ne fut que trop propre a justifier tout ce qu'il y ayoit \ 'it j %\*y m 5*Jt 1 , ■a ^g4 g| | 1 n is' w% fei IP #1 fe p •?*• I'* || I - ( 200* ) 1788,, d'exagere dans le recit de ce deplorable JuiUeiv|Heveneinent. Quant aux motifs qui porterent ces sauvages k fabriquer une pareille nouvelle, nous n'avons pu ni let! decouvrir, ni meme former une seule conjecture satisfai- sante. Quoi qu'il en soit, un naturel du Port Effingham, qui etoit arrive a Yentrde de Nootka pour y traiter avec Maquilla d'une cargaison de fourrures, y porta un compte exact et fidele de nos operations dans ce port, et des details sur Fetat de ceux de nos gens qui etoient sortis du combat avec des blessures. Un des effets facheux que produisjle cette nouvelle, fut d'interrompre pour quelque temps toute espece de communication entre les naturels de Yentrde du Roi George et notre detachement. Elle determina aussi nos gens qui commencoient a desesperer de nous revoir jamais, a redoubler de precautions jusqu'a Farrivee de YIphigdnie. II est done plus facile de concevoS" que de decriye la joie qu'ils eprouverent lorsqu'ils virent la Felice entrer dans le canal, et qu'ils retrouverent en bonnes dispositions et en parfaite sante tous ceux qui etoient partis sur ce vaisseau. ( 207 ) ^La situ^tio%de notre petite colonic an 1*$$. moment de notre retour aupres d'elle, Fetat -Jmlkt. des travaux qu'elle avoit entrepris , nous furen||une preuve de Fardeur et de i'exactitude de nos gens a executer le plan de conduite que nous leur avions laisse pour le temps de notre absence. La maison etok dans le meilleur etat de defense contre les attaques des naturels , et pouvoit leur resis- ter quand ils auroient deploye toutes leurs forces pour syen rendre maitres. Une palis- sade d'enormes pieux, et un rempart avail* tageux que formoient d'epais buissons., re#f doient notre terrein a-peu-pres imprenable. A mesure que de nouveaux besoins leur en faisoient une necessite, ou que Fespoir de se procurer de nouvelles commodit.es leur en avoit inspire Fidee, nos gens s'etoient livres a d'autres travaux de moindre importance , et au moyen desquels ils etoient parvenus a former une espece de petit arsenal qui augmenta beaucoup la curiosite des na^ turels de Nootka, en meme temps qu'il excita parmi eux la plus vive surprise. Nous n'ayions ete absens de Yentrde que cinquante-cinq jours; et, comme nous venous de le remarquer plus haut; la conSj- »j |Si ■A ( 208 ) 1788. truction du vaisseau #voit avanc^ conside Juillet. rablement pendant cet;3feitervalle. Les na* tnrels, on le presume sans peine, ne se lassoient point d'en examiner touS les details. Ils ne pouvoient se persu%der qu'uit corps de charpente si enorme conserve- roit autant de puissance pour s'eloigner eit mer qu'on avoit eu de facilite a le retirer du chantier sur lequel il avoit ete cons- truit. Mais ce qui attiroit par dessus tout leur attention, c'etoit 1'atelier des forgerons et le travail des forges. Ces hommes sim- pies, auxquels les connoissances que pro curent les lumieres de la civilisation etoient si etrangeres, con tempi oient, ayec une cu- riosite egaie a celle des enfans , les travaux mecaniques de nos ouvriers. Au reste , il n'y avoit pas moins d'interdt de leur part que d'en vie de s'instruire, lorsqu'ils consider oient avec tant d'attention les instrufnens et les outils qui servoient a fabriquer ces articles divers avec lesquels ils pouvoient Isatisfaire leur vanite, augmenter leurs jouis- sances, et se procurer toutes les commodi- tes de la vie. En effet, ils ne s'occupoient qu'a fournir du fer aux ouvriers pour qu'on '■£M e.iii lui (269 ) J. | & : lui donnat la forme des ustensiles on des |» objets d'ornement qui leur plaisoient da* Juillew vantage. Mais ils se montroient si in Cons-1 tans dans leurs gouts qu'il devint tres-dif* ! ficile pour nous de reussir a les contenten D'un moment a Fautre, leur volonte n'etoit plus la m&me. Nous resolikmes done de faire tourner a notre avantage leur carac*"./' tere leger et changeant, en leur accordant avec moins de facilite ce qu'ils desiroient* Le resultat de cette determination fut qu'ils augmenterent considerablement les provi* 6ions que nous recevions d'eux chaque jour, et qu'ils nous apporterent une plus grande quantite de poisson et de fruits. Le 27, qui etoit un dimanche, l'equipage •*. «- eut la permission d'aller a terre s'amuser 27* a courir. 11 faisoit le plus beau des temps du monde. L'air etoit doux et agreeable. Chacun portoit dans ses regards la satfe* faction qu'il eprouvoit de goiter quelques instans de repos apres le travail, et de se livrer sans inquietude au sentiment de son bonheur. Notre usage, a la verite, etoit d'observer le dimanche avec le plus reli- ieux respect, et d'en remplir 1'objet. au- Tome IL O £ C 2icr ) 1788. tant qu'il dependoit de nous,en nous re- Juillet. posant un jour de la seinaine (1). Les naturels ne pnrent, d'abord,, imagi- ner pourquoi nos occupations etoient sus- pendues pendant tout ce jour, Mais le Changement d'habits qu'ils remarquerent en nous, et sur-tout le soin que prenoient les fbrgerons et les armuriers de se layer le visage, exciterent teilement leur curiosite qu'ils se determinerent a nous demander les motifs d'une regie qu'ils ne pouvoient (1) C'est sur-touf dans ces- momens ou le navigateur7 isole, pour ainsi dire , de la. nature entiere , se voit ^expose aux plus affreux malheurs dans des parages inconnus, que le sentiment de la religion agit sur lui avec plus de puissance. Qu'il est doux alors , qu'il est cousolant d'elever son ciur vers cette Providence qui veilie sur tous les etres qu'elle a crees , de rendre hommage au Pere commun de tous le* hommes , et d'esperer de lui seul la protection que lui seul peu* donner ! Je ne me rappeile jamais , sans atlendrisse- ment , la situation de ces infortunes qui , dans les horreurs d'une tempete, et prets a p&rir dans les flots-f portoient vers le ciel leurs derniers regards, et mou- loient heureux. O sentiment de l'existence d'un Dieu ^ cure tu repands de consolation dans le cceur de l'homme I Note du Tradncteur* (211 ) cbncevoir. La maniere dont ils recutentI Fexplication que nous leur don names, nous laissa entreyoir quelque chose de leur religion. J'en parlerai dans la suite de ces voyages. Up Le 28 , nous reprimes nos travaux, et envoyames un nombreux detachement dan$ les for&ts pour couper le bois de construction necessaire pour border le vaisseau* C'etoit un travail singulierement penible , en ce qu'il y avoit d'enormes troncs d'ar- bres a. porter de plus d'un mille de distance, au travers d'une epaisse foret, jusqu'a notre petk arsenal. Le reste de l'equipage fut employe, soit a faire des cordages, soit k aider les charpentiers, soit a mettre le vaisseau en etat d'etre lance a la mer. Nous nous decidames alors a executer le projet que nous avions forme de retpairner sous peu de jours au Port Cox, pour rendre une seconde visite a Wicananish, ety renou- veller avec lui nos relations de commerce* Notre premiere intention , il est yrai, avoit ete de passer par ce port dans notre retour du Port Effingham : mais l'accident arrive* a la chaloupe dans les detroits de Jean de O a 1788* Juillet; Lund* 28. £3 m. V?. ; . *788. Fuca, et Fimpatience que nous avions de Quillet. revoir nos compagnons dans V entree jYexxx- porta sur toute autre espece de consideration. Comme nous etions alors parfaiternent satisfaits de la situation ou nous venioHis de trouver notre detachement de Nootka, ainsi que de Favancement des travaux, nous nous determinames a remettre en mer. Nous esperions tirer d'immenses profits des chasses considerables que faisoient tous les jours la plupart des sujets de Wicananish. II etoit, d'ailleurs , tres - presumable que , depuis notre depart, ils auroient amasse une grande provision de fourrures. Nous ne balanc&mes pas a croire que nous rece- vrions de ce chef un accueil plus gracieux encore que le premier, etant alors en etat de remplir ses coffres d'un article auquel ii attachoit tant de prix, savoir des chau- dieres k faire bouillir le the. Mais nous fumes deconcertes dans ce projet par une sedition tres-dangereuse qui eclata de nouveau a. bord , et qui nous fit craindre les suites les plus alarmantes. On remarquoit a la te*te des revokes le contre-maitre disgracie et les hommes les plus utiles du vaisseau.Ils tenterent un coup 17882 de desespoir , et essay£rent de s'emparer Jnilqp des armes et de mettre a mort le premier officier qui etoit reste charge^ de veiuWea la garde du vaisseau. Ils profiterent d'un moment ou tous les autres officiers etoient a. terre, pour y remplir le devoir de leur place ou pour prendre quelques heures de delassement- Jls avoient bien choisi leur moment pour Texecution du complot. C'etoit le soir, a leur retour des bois, et, comme je Fai deja observe , ii n'y avoit a bord qu'un seul officier. Depuis que de premiers symptomes de rebellion s'etoient manifestos , dans le temps ou nous nous trouvions k la hauteur des iles Philippines, j'avois fait transporter les armes , du gaillard d'arriere dans la chambre de Fofficier. Cette precaution sauva le vaisseau : car Fofficier ayant ete asseie heureux pour gagner cette chambre ayant les mutins, se placa a la porte avec un mousquet charge, et les emp&cha d'avancer, tandis qu'il appelloit k haute voix du secours. Ce fut un bonheur de plus qu'en ce moment presque tons les officiers etoient 03 Si ?78t. Juillet. ( ai4 ) assis sur le gaillard d'arriere du nouveau vaisseau, qui n'etojj^ pas a plus de cent vejacs du vaisseau. Nous entendimes sur le idiBtop le cri d^darme parti de la fen^re de la chambre , et ne perdimes pas un mo- msnt pour nous rendre k bord. Notre prenjfiei e attention fut de nous ai^ mer nous-memes. -i^finsi prepares, nous appellames tout l'equipage sur le gaillard , decidesja termpger l'affa|ge sans delai. Nous sarfions qu'il y avoit parmi les s^ditieux de tres - braves gens ; et^ious reso^pes de les detacher des autres, s'il etoit ^possible , avant qu'on les ojit gagnes entieVe- ment, et qu'on les eut associes au corn- plot, Tous les gens de l'equipage se trou- vant alors sur le gaillard, il fut bientot $ise de conn oil re quels etoient les cl^efs de parti, quoique nous eussions quelques rai- sons de craindre que Fesprit de la revoke ne fut general, et que le mouvement ne fAt concerte entre tous. Nous les *prev$n* mes alors que nous etions resojlus a en venir aux dernieres extremi^s contre les rebelles, et aver times ceux qui se sentoient disposer a rentrer dans le devoj$*. de se .Y-;. * -.' - ( ai5 ) : _ ■'. separer sur le champ des autres. Des que nous eumes presente les armes , la plus grande partie de l'equipage vint se ranged aupres de nou&ck Fexception de huit m&u- vais sujets, a la t&te desquels etoit le con-* tre-maitre destitue, quiresta sourd a toutes les invitations que i nous pumes 'fui faire de se soumettre. Comme nous nous trouyions bien superieurs en nombre, nous re- solumes-de terminer Faffaire sans effusion de sang. Nous leur laissames done Faker- native , ou de se rendre dans les forgeS ^ ou de se resoudre if etre conduits a terre pour y vivre parmi les sauvages. lis prefe- rerent ce dernier parti, Je les lis mettre a terre sur le champ avec tous les objets qui pouvoient leur appartenir. Un instant apres leur depart, le bon or- dre et la discipline furent parfaitement re- tablis. J'envoyai toutefois au detachement que nous avions a terre des instructions expresses par lesquelles je lui enjoignois de ne pas souffrir que les seditieux yins- sent chercher uri refuge dans la maison, et de n'entretenir aucune espece de Communication avec eux. Je plac^ai e^alement luillct* ( 2l6 ) 1788. a bord une garde avec une consigne se- Juillet. yere : car tous mes doutes sur la sinc^rit^ des dispositions du reste de l'equipage n'ei^Sent pas encore , a beaucoup pres , Iffl dissipes. Nous ne fumes bien instruits du com- plot dans toute son etendue que le jour suivant qu'un des matelots vint de lui-m£me nous en rapporter les details. Presque tous les gens de l'equipage avoient signe un eorit par lequel ils s'engageoient k preter leur secours pour qu'on s'emparat du vaisseau. lis devoient quitter sur le champ la cote d'Amerique, et diriger leur route vers les iles Sandwich, d'ou ils se proposoient de gagner| en faisant le plus de diligence possible, quelque port ou ils esperoient; pouvoir disposer de la cargaison du vaisseau qmi etoit d'un grand prix. Comme ils avoient eu la precaution d'aneantir cet ecrit, nous ne pumes savoir quelles etoient leurs intentions a, 1'egard des officiers^ Mais le meilleur traitement auquel ils eussent du s'attendre &oit, sans doute , d'etre laisses a Nootka. Chacune des per- _-. lonues de Pecruipage restee k bord,, s'em-; I ( **7) pressa de se disculper. *!$fcus se r#unirent 1788. pour declarer que les menaces des chefs Mllet« avoient pu seules leur arracher pour un moment la promesse de participer a la revoke ; et que , sans la crainte d'etre massacres sur le champ , ils auroient donne connoissance du complot aux officiers. Si nous eussions Ote informes de tous |§ ces details dans Ia soiree du jour precedent, l'affaire, selon toute apparence, ne se seroit pas passed sans qu'il y eut du sang verse. Mais nous les ignorames hen*- reusement, et c'est ce qui nous preserva ^de cet affreux malheur. Au moins les chefs se trouverent - ils par le parti que nous primes de les renvoyer du vaisseau, dans Fimpossibilite absolue de faire le moindre mal. Car, outre Fattention qu'il nous eut f'allu avoir sans cesse sur eux en les rete- nant dans les forges , nous n'aurions pas pu empe*cher que, dans cet isolement m£me, ils ne trouvassent les moyens de commu- niquer avec les autres matelots. Et alors , il est certain qu'ils auroient cherche a faire naitre et a entretenir des meconten- temejis, si meme ils n'eussent pas essaye VY-Y •■-■ ./ ' -. ( aiS )|r: . .^:"" / - e |f$88. de former de nouveaux plans your execu- Juillet. ter }eixP§v affreux projets^Nous deciddmes done qu'ils resteroient k terre, au moins jusqu'a Farriyee de YIphigdnie. "S ( 219 ) #88. Juillet. CHAPIf RE XVIH. i Conduite du ddtachement aue nous avions a terre, k Vdpoque de la sddition. . Promesses faites h Vequipage d'aller aux iles Sandwich. — Occupation des gens de l'equipage—Les mutins partent pour''alter demeurer avec Maquilla et Callicum. — lis sont ddpouillds de leurs habits, et on les fait travaiVer. — La Princesse Royale est appercue , tenant le large. Preparatifs pour remettre en mer. -— NousH'quittons une seconde fois Ventrde du Roi George. —j Prdsens fails a Maquilla et it Callicum. — Ces chefs se prdparent a la guerre. — Nous leur pretons des armes. — Puissance de. Maquilla.—Il part pour son expedition dans le nord.—Instructions donnees par nous au'ddtachement laissd it terr 'fM Ai'W re. iNous craignimes, dans le prenafier moment; que le mouvement qui avoit eu lieu ( 220 ) 178J. a bord du vaisseau n'influat jusqu'a un cer~ Juillet. tain point sur le reste du voyage. Cette crainte ne fut pas de longue dur^e. Non- seulement nous eprouvames une grande consolation, mais encore nous concumes de grandes esperances quand nous vimes la conduite que tenoit le detachement reste a terre. Ces braves compagnons ne se cort- tenterent pas de declarer dans les termes les plus energiques combien ces projets de revoke leur faisoient horreur; ils prirent aussi tous les moyens que leur zele et leurs lumieres purent leur suggerer, pour nous^ con vain ere de leur soumission et nous prouver qu'ils avoient le sentiment de leur devoir. Ils nous renouvellerent de la maniere la plus.soiemnelle les assurances de leur fidelite, et nous n'hesitdrnes point a leur accorder la confiance qu'ils nous pa- rolssoient meriter. Cette revoke nous causa d'autant plus de surprise que , depuis notre depart de la Chine , nous n'avions eu a nous plaindre d'aucun reldchement de discipline. Les gens de l'equipage n'avoient cesse d'etre employes aux differens travaux qu'exigeoient les circonstances : mais ils etoient tenus ; -•;' f$M ( zai ) avec cette se verite qui fink toujours par 178&; produire le micontentement. On peut as- Juillet. surer qu'ils ne jouissoient pas des momens de loisir dont Fhomme desoeuvre profite si souvent pour faire le mal. Quant k l'ex- travagance de leur projet, elle n'a rien de bien surprenant. Un grand bonheur pour les hommes en general, c'est que le mediant manque presque toujours de juge- ment (i), Dans cette circonstance , ce n'etoit guere que Fimpatience de gagner les iles Sandwich qui avoit inspire a nos gens le dessein de partir avec le vaisseau. Ils savoient de nous que la visite de ces iles entroit pour beaucoup dans le plan de notre voyage , et ii leur tardoit d'aller s'y delas* ser de leurs fatigues au milieu des iouis- sances de toute espece qu'offre ce volup- tueux sejour. Quant aux arrangemens h prendre pour Favenir, ils les avoient sans doute abandonnes , avec toute Fimpr£- voyance qui caracterise le matelot, au ha- sard d'une determination plus eloign^e. (1) Cette reflexion est de la plus exacte verite. Elle prouve que notre voyageur connolt. le cceur humain. Note du Traducteur. p if # H ( 222*) 1788. II faut convenir que tous les gens de ftftUet. l'equipage, tant ceux qui avoient pris part a la revoke que ceux qui etoient restes fideles, soupiroient vivement, et cela etoit assez nature!, apr£s le jonr on ils quitte- roient les rivages d&ejrts de Nootka , eties meeurs revoltantes des naturels de cette entree , pour la douce temperature, la ferti- |ite , et les charm ans plaisirs des iles Sandwich. II y avoit "un autre motif qui ne fai- soit pas moins desirer a la plupart d'entr'eux de quitter Yentrde du Roi George. Ils ne songeoient pas, sans fremir, que des cannibales habitoient ces parages , et qu'ils pourroient bien, sous quelque mediant pre-* texte, leur faire subir le sort de leurs malheureux compatriotes massacres a Queen* hythe. II est certain, comme nous Favons deja remarque , que cette crainte d'etre manges par les Americains occupoit sans cease leur imagination, ct les tenoit, pour la plupart, dans un etat de fra^eur perpe- tuelle. Nous jugeSmes done k propos de leur renouveller Passurance de les conduire aux iles Sandwich, et a cette idee seule , la joie qu'ils eprouvoient e^lata dans leurs yeux. f|^ |6g ( 223 ) Le nombre des personnes qui compo- d&& soient l'equipage se trouvant beaucoup di- MHe^ minue , tant par la multipiicite des travaux qui se faisoient a terre que par le renvoi des seditieux, nous renoncames a quitter Yentrde du Roi George pour faire un autrgl* voyage au Port Cox, comme nous en avions d'abord concu le projet. En consequence, les voiles furent detachees, ainsi que les manoeuvres courantes , et nous nous dispo- sames a donner aux charpentiers tout le secours qui dependroit de nous pour les aider a. achever le vaisseau qui etoit sur le chantier. On creusa a cet effet de nouveaux fosses , et Fon envoya du monde y travail- ler. Nous limes egalement apporter des fo- rers de nouveaux approvisionnemens de bois de construction, et on tira du vaisseau quelques hommes de plus pour aider a faire du cordage, et a continuer les travaux de notre petit arsenal. On porta, en meme temps a terre, tous les objets necessaires pour les besoins de la maison ; et comme les forgerons avoient consomme tout leur fer, on remplit de nouveau leur atelier de cet article si important et si precieux. Quoique nous eussions emporte avec nous *• si p £7 (224) 1788. en qwittant la Chine une grande quantity Juillet. de provisions de toute espece, les differens1 usages auxquels nous les avions employees en avoient exige' une telle consommation que nous nous etions vus obliges sur la £ri de recourir aux productions du pays et aux ressources de notre industrie pour supplier a cette perte reelle, a mesure qu'elles diminuoient ou qu'elles s'epuisoient. Quand nous n'eumes plus de charbon de terre , JH nous fimes tres-facilement du charbon que les forgerons prefererent a Fautre. La tere* benthine que les arbres nous fournissoient en abondance devint d'une tres-grande uti- lite pour enduire les planches et les empe- cher de se detacher ou de se rompre. Melee avec de Fhuile dont nous pouvions toujours nous procurer une petite quantite, elle fut employee par nous ayec beaucoup de success aux memes usages que le goudron. Nous engagedmes. les naturels a nous ven- dre Focre rouge dont ils se servoient pour se peindre le visage. En un nio|r, de tous les articles qu'on pouvoit sex procurer a Nootka , ii y en eut peu , je dirois presque , il n'y en eut pas un seul que nous n'eussions reussi a faire tourner a notre ntilite. Nous les JtiMi If les a^h^gemes meme de#naturfis daMxin- 't^SL teiMofr'ti^ntretenir entrenx^t nws^iiiie Juillet. delation perf^uelle de ficm2;oW<c^^pe4^e 4@s^8|M|w-a noiis rendrfe^^ujo'uiS^serWcS %yec 'tel^8m6- fcele. %S&jk&&jfflkit a%otis*a!l98r dans un coiiFeloi-v -gne^fe^^be f (i^^l4fesou^cBsvaux!4uleif^s -noiiS^lfevions pas'sWuleuxent ^fgfie^songer "lan£€pie nous^^^Slsions de-toutes CelTes *ijnl£^$^omines en Societe doivent aela ^ilfe^r^Wre^fes comio^anceS■ fpi'ils ont ac* ^quis€s par^a* civilisatioiS^ D'uii autfe cote, f^e^;k~iptttenag, cette vermrnoujours viq*. ^torieuse'des obstacles1 lOTsque Fhomnie sait en fSire^W^principe de ses acttons V nous "^Rlcms parfenus a nous procurer, sur ces rivages infrequen'tes de FAmerique, toutes les comrrjfcdite^s necess'aires, et a linker avec beaucoup de snccefe ces arts'qu'on pent regarder comme la source naturelie des pro* gres de la civilisation en Europe* ^fces mutins ne tarderent pas k se batir une grande cabane^dans laquelle ils etabli- rent leur residence. lis eurent tout le loisir, sous son toit couvert de feuilles, de refle- chir a Findi^ne conduite qu'ils "avdient Tome II* P- f W 1^88. tgwe , et *J^Ion que leurs^caract^res divers Juilfe|. jes y portQient^ a maudire leuirfjfnauvaise J«ppuie orf.a gemir sur leur peryers|g§£[Ils ^xpioient^cMeTIement leur insubordination! par le Chagrin qu'ils en ressenjoie^it, et paroissoient jetter .^eg^iegards ^^rdouleur et de,regret yeiJr cfe^jy|Qjt^nte hal^ta^^?*. dont ils avoient et^.ba,nnis. Toute cGfnmu- nication, soit avec les sens du detajghe- ment, soit avec l'equipage, leur etoit qffu- see. Blais nous savions bien qu'avea^jft^j^ue d'industrie et de travail ils se procurer oient une quantite de ppisspn suffisante pon|^J|^ nourrir ; et pour les mettre en etatde tirer e^leur subsistance de la mer, nous achetames un canot que nous leur envoystmes comnj^ la derniere marquej de bonte qu'listens sent a attendre de nous. Le lendemain du jour ou la sedition eclata , Maquilla et Callicum vinrent a bord pour nous prouver leur attachehient, en ' nous offrant tous les services que la circonstance et noire situation presente jjpu- Voient rendre necessaires. Ji|squ'au moment ou nous instruisimes ces chefs de la veritable condition de nos matelots , ils les avoient regardes comme des esclaves..Pejcfc (.2^7) Us nous avoient complimentes, avec quelque surprise, sur la douceur extraordinaire de notre conduite a Fegard de rebelles qu'ils supposoient degrades- jusgu'a cet etajgk II y a mieux : Maquilla pousse, soit par le sentiment d'horreur que lui inspiroit une pareille offense, soit par son zele pour l'in- teret de notre tranquillite, avoit pris a part plusieurs de nos officiers, et leur avoit demande serieusement la permission de ras- sembler quel&ues-uns de ses, sujets , et d'ex- pedier sur le champ les mutins. Cette demande , comme on le presumera sans peine, £at non - seulement rejettee , mais encore accueillie avec toutes les marques d'un souverain rn^contentement. Maquilla etoit tei- lement dispose k executer son projet, que nous fumes obliges de lui temoigner k plusieurs reprises toute l'horreur que nous inspiroit sa proposition pour parvenir a Yex% detourner. Quant a Callicum, il se condui- sit en cette circonstance avec beaucoup plus de prudence et de raison. Il offrit de nous aider a punir les coupables par un moyen qu'il savoit ne pouvoir point avoir de suites {iicheuses, et qui, dans son opinion , seroit pour eux un chatiment assea-liumiiiant. En P 2 I78gg Juillet. 1^1 i 228^ ■1788. effet, lorsqu'il cbmpfit quex^s miserables* Juillet. eloient chasses du vaisseau, il nous pria de PautdMser; a les retirer dans sa maison. omme nous° etions bien3surs que la pres douce hospitalite^ meluie chez le chef 'de Yentrde de Nootka^seroit encore un tres^* rude ch&timenrepour un~ matelor^angloi^ft nous consentirftesa ce'cju'il nous proposorftj d'autant plus qu'iPllous promit, en meme temps, que ses noureaux* notes ne rece- vroient aucun mauyais traitement, aucune insulte. Les choses ainsi arrangees, nous livramest nos bannis a leurs nouveaux gardiens , et tournames nos pensees vers deslSbjetB d'une plus grande importance. Le jour suivanlV*/.- nous vimes avec beaucoup d'etonnement^; et nous l'avouerons sans scrupule, avec une vive satisfaction, nos mutins si insolens et si resolus, occiipes a aller chercher de i'eau et a d'autres travaux domestiques auxquels on n'emploie a Nootka que les esclayes. On ne leur permettoit de quitter dans aucun moment la maison de Callicum, sans etre accompagnes par des naturels de la plus basse condition dont ils recevoient les or- |j|, dres, et aux soins desquels ils etoient coufies. Cette contrainte dut etre qneI$[ue?cIiGse de JBjSfr; bien mortifiant pour des hommes qui jrau Imlleu lieu de se servir du canot que nousJ"feur avions. donne pour aller chercher du poisson, s'etoient defails, par paresse , d'une partie de leurs habits, pour-en acheter des naturels. Aussi les chefs prirent-ils grand soin de se procurer leurs habits ; et sans manquer de justice envers ces bons amis , nous devons a la verite d'attribuer les di- verses propositions qu'ils nous firent k Foc- casion des seditieux, au desir de s'assurer la possession des v&temens qui les cou- vroient, motif que nous ne leur avions pas soupconne d'abord. Ils en vinrent sans peine a leurs fins; et lorsque ces malheureux exiles leur eurent tout donne, ils se virent obliges d'aller en mer les aider a chercher du poisson, non pour eux-m^mes, mais pour les families de leurs nouveaux maitres. Nous continuames nos travaux avec un AoH^1 zele et une ardeur infatigables, etii ne nous Mercredi arriva rien de bien remarquable jusqu'au 6 aout. Ce jour, sUr le midi , nous apper^ cftmes un vaisseau qui tenoit lahauteSmer, et que nous ne tardaraes pas-a reconnoitre pour la Princes&e Royale^ll nous parut P 3 d'aborcl se (Jiriger vers Ventrde: mais ?8 temps devint bientot apres si brumeux et si charge que nous le perdimes de vue. Des que ce vaisseau arriva sur la c6te , nous nous dispos^mes a remettre en mer , persuades qu'en le voyant les gens de notre detachement sentiroient augmenter leur s6- curite. Malgre la diminution -considerable de l'equipage, nous nous determinames k hasarder un nouveau voyage au Port Cox, pour nous y mettre en possession des fimr- rures dont nous avions toute raison de croire que Wicananish avoit amasse une bonne provision pour nous; plan que nous aurions deja mis a execution, si la revoke de l'equipage ne nous en eut emp£ches. Le 7, nous revimes la Princesse Royale dans la haute mer, et le temps qui rede- vint tres couvert deroba une seconde fois ce vaisseau a notre vue. "Vendredi Le 8, nous funa&s pr§&-a remettre a la mer ; et comme nous n'appercevions plus la Princesse Royale , nous commenc&nies a craindre qu'elle n'atteignit avant nous les rivages de Wicananish, et que llMSf divers articles«!e nouveaute qui pouvoient se trou- ver a bord de ce vaisseau ne determinassent Jeudi I 8. J(*3i) I'l | fe chef a le faire participei^iiti traite qu'il avoit conclu avec nous. Nous partimes done de Yentrde sans perdre un moment, et fimes voiles vers le Port Cox par une jolie brise de vent de Fouest. Avant notre depart, nous rqsserrames les liens d'amitie qui nous unissoient a Maquilla et a Callicum , pVr des presens que nous nous fimes reciproquement. Ces chefs se preparoient depuis quelque temps a une expedition contre un peuple ennemi qui residoit a une distance considerable vers le nord. Ils etoient alors sur le point de par- tir. Quelques-unes des nations voisines de F Archipel du Nord avoient, a ce qu'il pa- roit, envahi un village situe a environ vingt lieues au nord de Ventrde du Roi George, sous la jurisdiction de la grand'mere d'un de ces chefs, etablie pour y gouverner. L'ennemi s'etoit livre aux plus grands exces dans ce village. II avoit massacre quelques - uns des liabitans, et emmene nquelques autres, en esG^avage. Des que la nouvelle de ces actes d'hb&ilite fut parve- nue^a Nootka, les naturels se sentirent en- fiammes de colere, et brulerent d'impa* tience de se yenger. On ne songea plus 178$. Aout. j 2S2) ■, parnmeux qu^aj||: niOT^as^de satisfaire l& terjible passion,qui les devoroit. Nous saisimes, cette occasion de nous attacher invinciblement, s'il etoit possible , les chefs de ces naturels, en leur fournissant des armes a feu et de la munition qui de- voient leur assurer Favantage sur leurs en- nemis. II faut tout dire: nous sentions par- faitement qu'il etoit de notre interet que Ces peuples ne fussent point occupes qpar des guerres eloignees, et que, s'ils etoient forces de se battre, ils revinssent victorieux. Ce nouveau moyen de sjicces sur lequel ils ne comptoient pas ranima leur courage ; car ils nous avoient avoue deja que Yen- nemi qu'ils alloient attaquer etoit plus puissant , plus sauvage et plus fort en nombre qu'eux. Nous essayames de leur inspirer les sen- timens d'humanite que des guerriers doi- vent porter meme au combat, et nous avions obtenu d'eux qp'ils se contenteroient de punir les vaincus par Fesclavage, et noa par la mort, sej^n Fusage trop commun .parmi eux. Mais il n'etoit guere a presumer qu'un peuple sauy.ige, qui ne respiroit que vengeance, se souviendroit, dans la cha- ( pjl leur du combat, des principes d'humanite que dicte Fesprit de civilisation ; et c'est avec douleur que nous ajoutons ici que cette expedition se termina par une scene de massacres la plus sanglante et la plus deplorable. Les forces que Maquilla conduisit au combat en cette circonstance etoient for- midables, Ses canots de guerre portoient, chacun , trente jeunes hommes tres - ro- bustes : vingt de ces vaisseaux avoient ete tires des differens villages qui reconnois- soient la domination de Maquilla. Comekala avoit le commandement de deux bateaux. Ils s'eloignerent du rivage avec beaucoup d'ordre et de solemnite, chantant leu chanson de guerre ( 1 ). Les chefs etoient (1) II seroit a desirer que le capitaine Meares eut connu assez la langue des peuples de Nootka pour nous transmettre ce chant guerrier. Dans la preface que j'ai mise en tete de ma traduction des Voyages du trafiquant J. Long parmi les Sauvages de VAmerique septentrionale, j'ai insere un chant de guerre des Che- rokees rapporte par le lieutenant Henri Timberlake dans ses Memoires , et que je regarde comme un mo- dele de la poesie des hommes de la nature. Je crois %xxe plaisir au lecteur en le hii oflrant ici a Foccasion _| (^4) ■; ve*tus de peatrx de loutres de mer. Tous les guerriers s'etoient peint le visage et le corps tie ee depart pour le combat, de ces cris preeurseurs de la vsctoire y de ces femmes, emules des Lacedemo- niennes , dont parie notre voyagenr. J'ose penser xVti'il ne lui paroltfa pas deplace. Il est tra«iit fioelemeiit. ct Que dans tons les lieux de la terre ou. le soleil » donne sa lumiere , ou la lune prete som flambeau a » lTobseurite de la nuit, ou croit 1'hexbe, ou l'eau couie ^ que par-tout enfin on sache que nous alions , » comme des hommes , courir les hasards d'une guerre » destructrice dans les campagnes de nos enriemis. * Nona marchons comme des hommes a la rencontre « des ennemis de notre pays qui , semblablea k defe * femmes , voudront echapper par la ftiite a nos coups » qu'ils redoutent. Oui, comme une femme qui, a.l'asr » pect d'un serpent superbe dont P-ocii etmeelant brille » a travers la f'ougere, rfecule en tressaiflant d'effroi , » reste stupide de surprise , ou fuit, p&le de crainte , y> tremblante et presqu'inanimee : ainsi ces Mclies ens' nemisrphis craintifs que la bicke, laisseront derriere aa eux leurs armes-et leurs vetemensj et, tremblant.au » moindre bruit, tout meurtris par les epines, retouiy 33= neront en fuyant parmi ceux de leur nation dont ils » seront devenus la honte et le mepris. Ou , puissent- » ils , dans le fort de l'hiver , lorsque les bois nus et » steriles. refuseront a leurs entrailles devorees par la a* faim la *ubsistabee que produit la nature, s'asseoir » taristement, loin de leur pays , loin de leurs ami&j^ r d'ocre rouge ; ils avoient parseinc? sur eux une poudre brillante qui, dans les moiflens | » et detester mille fois, en versant des pleurs, le jour » ou ils seront yenus a cette guerre! » Nous laisserons nos massues exposees aux pluies » de leur pays , et s'ils osent les rapporter dans le x> ndtre r leurs chevelures peintes de diverses cou- *> leurs seront pour la renommee le noble si^jet de » chants sublimes en notre honneur et a la gloire de 33 notre pays. Ou si l'ennemi vaincu est epargne par s> nous, guerriers illustres, que le perfide se prepare a » souffrir au milieu de nous les plus affreux tourmens. w Mais quand nous partons, qui de nous sait s'il lui » sera donne de revenir, lorsque le matin de chaque 93 jour nouveau voit naitre pour nous de nouveaux 3> dangers ? Adieu vous, foibles enfans , adieu ten- » dres epouses. Pour vous seuls , la vie nous eut ete- » chere et douce a conserver. Cessez pourtant de ver- j> ser des larmes. Votre douleur est inutile. Si notre j> destinee n'est pas de p£rir , nous nous reverrons *> bient6t. Mais , o nos braves amis ! si vos compa- » gnons succombent, songez que c'est vous que leur »3 mort demande pour vengeurs. Appaisez notre sang m en levant sur nos ineurtriers le terrible tomahawk , » en faisant couler* des torrens du leur dans ces bois » temoins de leurs succes cruels, afiri que ces orgueil- j> leux ennemis ne puissent du moins Jamais indi- p quer le lieu ou nous aurons succombe victimes de » leurs coups ». 1788. Aout. Aour. (^6 ) snr-tout ou le soleil dardoit ses rayons, leur donnoit F^ir le plus imposant et le plus re- fe P Kg .- n? Si 1'on se rappelle que ce morceau est traduit de vers anglois qui ne sont eux--mem.es qu'une traduction de la. langue ChefdfeJte} si 1'on songe que les pensees per- dent beaucoup de leur force et de leur beaute a mesure qu'on s'eloigne de Pofigirial, on se formera une haute opinion des hommes qu'Snime un pareil enthousiasme. La grandeur des idees, la vivacite d*es sentimens, cette noble fierte qui caracterise Findependance , tout y etornie, tout y annonce des ames vigoureuses , des coenrs magnanimes. Je doute que les vers par lesquels Tyrfcee enfiammoit jadis le courage des Laced&noniens volant au combat , fussent le fruit d^ine verve plus male et plus poetique. Ce n'est pas non plus sans un sentiment d'admifation qu'on retrouve dans une chan- «bn de guerre de Sauvages Pune des plus becfes comparisons qu'ait enfantees le genie de Pimmortel auteur de PEneide. Le passage* : « oui , comme une femme sa qui , a. Paspect d'un serpent superbe , etc. 33 ne pa- roit-il pas la traduction fitfelle de ces beaux vers ? Improvisttm aspris t/eluti qui sentibus anguem Pressit humi nitens, trepidusque repente refugit Attollentem iras et caerula colla tumentem : Haud seciis Androgeos visu tiemefactus abibat. AEneidos , libro secundo , v. 379 et s. j Une telle conformite de pensees et d'expression* Jdoutante.0De leur cote /Fes femmes encdtft &3^4oieg0 l%sf guerriers I dies4 lent craoient\ comme lesfA'e^bines 'de Sparred IteVeliek asp ^&jt ' . , rj}*/b . *»8!*1 )>'&*t victorieux'fvu ne revenez II est a presilfrier que la j|5lu^^i^ibreIIru- reur iMfiM* ceS%euples I sauvases■ -daT*§5elnfc atailles , ot&f- pour -miejqfr tlire jprfans ■■leutas brusques attaques, e£, TJlfill^s'y portent a des1 a&e#d§TlW plus ret^t^nt^Jnihuniai4w§. Ils ne^feht pas'la guerhe^vec leV raoiives- mens^d'une'tactique reguli^fie T^inais-leiit vengeaji^e-est satisTalfee"*,* leur soif■ faer£'%!pji&{ appafee^&l, eP l¥iir trion^he^c'omplet ,!W&- ^U'ils^ren^s^sent dans nine irruptioii? soiF- daine , ou dans| quelque^ii&ftagiiSrie- dbnt Aoilt. Feffet est prompt. Nous laissames aux gens du detachement que nous avions a. terre des instructions conyenables aux circonstances. ISIous leur prouve bien , sans doute , que le poete puisoit les siennes dans la nature. Voyez aussi dans les Voyages de J. Long quelques chansons sauvages. Elles respirent toutes la plus energique fiert^ , la _ plus' entiere abnegation d'eux- memes , en un mot ? un herptsnie-vraimerit surnaturel. Note du Traducteur* Aout. A jr^commandames de se ten^ toujours Slitf leurs gardes, et de redoubler de vigilance , s'il etoit possible , sur - tout des qti'il arri- veroit des etrangers dans Yentrde. Nous pgg* jjjcmes le cas ou .nos^bons amis de Nootka seroient vaincus et poursuivis jusques dans leurs parages, et oj^lonnames <fxpressement a nos gens de leur porter secours sur le ch^mp et d'embrasser la querelle. gnfin , jious les engageames a ne pas se Jaisser en- trafner par un sentiment ^humaifite mal entendue a renouveller aucune espece de communication avec lesi matelots banni§. du .va}§seau ; mais plutot a abandonner ces coupables a $oute la misere de leur condition presente, et a l'horreur de leur re- pentir. ' ■«. ($39 & - ■ C H A' P I T R 15 OT^. -"WIJI L x\.< ^T - &.» wv*S& -./v. or,e .mia-S Ki Nous mettons a la voile pour gagner le Port Cox. —Nous rencontrons la Princesse Royale. — Bons vffices que les deux vaisseaux se rendent de part et d'autre. Mouillage dans le Port Cox. fp— La Princesse Royale met,a. Vaucr^ dans le Port Hanna.—Sejour de Wicana* nish it Clioquatt. —Nous y envoy ons la. chaloupe a aeuxjois dijjerentes avec des prdsens..— De scrip tion de Clioquatt. —r- Occupations des naturels. — Agrdables relations de trafic avec eux. Nous envoyons une troisieme fois la chaloupe a Wicananish pour prendre conge. —| Message de la part de ce chef qui arrive ensuite a. bord, — Son fits tdmoigne le desir de s'embarquer avec nous; nous le refusons. Nous mettons a la voile, et jettons Vancre de nouveau dans Ventrde du Roi George.—Arrivde de VIphi- genie. — Conduite amicale de Tianna a notre dgard. — Arrivee de Maquilla et if&L mm 17*8. Aou> (.M^ ) _ de Callicum ; relation qu'ils nous font aSTIeur expddluon."—Horreur de Tianna pour les^mosurs a\es naturels de fa cSte d'Amerique.—~Ces naturels, tous canni* bales.—Les habitans des iles Sandwich n'ont point ces affreuses inclinations. .-ic-Oti — l/x peine sortions - nous de P embouchure de Ventree qu'une brume epaisse se repan* dit autour de nous , et nous obligea de res- ter en panne. D<ans la soiree, elle^se^dissipa^ et nous appercumes la Princesse Royale k deux ou trois milles de nous, au vent du vaisseau. Des qu'elle nous eut decouvert , on tira de son bord un coup de canon sous le vent du vaisseau , et on hissa pavilion. Nous repondimes a ce signal, et aussitot elle arriva vent arriere, et Fon se parla d'un bord a Fautre. Je fis mettre sur le champ la chaloupe en mer, et me rendis a bord de la Princesse Royale. Je ne connoissois pas per- sonnellement le capitaine Duncan qui com- mandoit ce vaisseau. Mais j'avois ete plei- nement ... *<MO ftenient instruit en Chine de Fob jet etf de Petendue de son voyage> et j'epronvois la ... e Iff!!!* plus vive impatience d'offrir, soit a lui, soit aux personnes qui composoient son petit equipage, tous les services dont ils pourroient avoir besoin, ou qu'il seroit en men pouvoir de leur rendre. Je declare que loin de m'arreker a une aussi petite consideration que celle de la rivalite d'interets>«toin de sentir en moi le moindre doignement^ je ne fus alors anime d'autre desir que de celui de remplir le devoir que m'imposoit la qualite d'homme et d'Anglois. La Princesse Royale ne portoit pas tout *- a - fail: cinquante tonneaux. Elle ne contenoit que quinze hommes; et lorsqu'on sait que ce Vaisseau avoit double le cap Horn^ et traverse la vaste etendue des mers Pacifiques du Nord et du Sud > on peut se former un£ idee des maux que l'equipage a soufferts $ ainsi que du courage infatigable et de Fha- bilete de Fofficier charge du commandement de ce vaisseau. Ii y a , certes, toute raison de croire que ce petit vaisseau a plus travaill^ pour le benefice de ses proprie- taires, qu'aucun de ceux qui ont jamais fait voiles a la cote nord ouest d'Amerique. Tome IL Q Ao'ftt* urn A.oC&. ps Le xapitaine Duncan et son equijtage Bntier me re<rurent sur le gaillard. Pendant aqu'il me conduisoit a sa diambre , je ne pouvoi§ m'empecher de le regarder avec un -*mx\ de surprise mdee de plaisir. La pre- •tniere question que me fit cet officier fut iqufel avoit ete le sort du vaisseau le Nootk^ -iau sujet duqnel il me temoigna de yives inquietudes (l). II avoit entendu parler des .divers accidens que ce vaisseau avoit es- -suyes, et me fit part de ses doutes -sur Fau- thenticite de son voyaee a la Chine. Je cal- anai ses craintes en Fassurant que je com- ihandois moi - m&me le ISootka dans ce ocbesastreux voyage dont Fidee seule reveil- loit toute sa compassion, et j'ajoutai qu'il voyoit en moi un concurrent qui , comme lui, poursuivoit, raa^ sans une jalouse ri- vaiite, les faveurs de la fortune. Son eton- ,nenient , en cette circonstance , surpassa tout ce qu'il pouvoit croire ; et sachant ce que j'avois souffert dans mon premier (a) On se souvient, sans doute , que le Nootka *5%t le vaisseau sur lequel le capitaine Meares etoit parti iltt Bengale pour executer son premier voyage en 1786. e^P li^ll Note du Tradacteur* 1 . wmM IMMiM voyage, il ne concevoit pas comment 11 ^toit possible que je me fusse determine si promptement a me rembarquer pour aller courir de nouveaux perils sur la cote d'A«* merique. II y avoit pres de vingt mois que la Priri* cesse Royale etoit partie d'Angleterre. Ce vaisseau manquoit d'un grand nombre d'ar* tides sans lesquels il est surprenant qu'il ait pu continuer son voyage. Quoiqu'epuisd de fatigues , dans un climat et par une sai- son dont la rigueur exigeoit le secours de cordiaux capables de ranirrier la vigueur de ses matelots , il etoit reduit depuis long- ternps a se passer de liqueurs, sa provisioii etant entierement consommee. Nous nous trouvames tres - heureux d'etre en etat de leur en fournir une petite quantite. Le capitaine Duncan nous offrit en retour et sans reserve tout ce qui pouyoit etre a notre conyenance parmi les articles qu'il avoit k bord (i). AoutX wi •*^ (i) Lorsque je questionnaire capitaine Duncan sur I'etat deplorable auquel il s'etoit vu reduit, il me dit qu'il avoit rencontre le capitaine Dixon, commandant du v&isseaU la Reine Charlotte $ etque, malgre que c£ "7 '. • 1 Q» ESS - f^-- \Aout. a -. - • {-244) , - Destines, comme nous Fetions , a lerrer Long-temps sur une cote inhabitee et placee a. Fextremite du globe , exposes a mille perils divers et a toutes les horreurs d'une pareille situation, nous eprouvames, de part et d'autre, un meme sentiment d'interet pour un sort qui nous etoit commun , et un meme desir d'en adoucir les uns pour les autres l'extreme rigueur, du moins autant qu'il etoit en noire pouvoir. Nous nous separames alors. La Princesse P.oyale continua sa route vers le sud-sud- est , et nous poursuivimes la notre le long de la cote. Ce vaisseau touchoite presqu'au terme de son voyage, II se dirigeoit vers les iles Sandwich pour y prendre des rafraichissemens , et dexk, retourner en Chine 'TaisseatTretoumat alors a la Chine , et fut abondam- ment fourni de toutes les provisions necessaires , mature qu'il appartint aux memes proprietaires que la Princesse Koyale , le prevoyant officier avoit juge plus a propos d'emporter toutes ses provisions a la Chine que d'en accorder la moindre partie a ce dernier vaisseau , dont l'equipage auroit trouve dan6 une jpareille ressource un grand soulagement aux fatigues 4e son perilleux voyage. Note de VAuteur. C 245) 17s Aout*. avec la nche cargaison de fourrures qu'il- s'etoit procuree. Vers neuf heures du soir , le vent sauta a Pest-quart sud. Comme il nous devencifc ainsi tres-contraire, nous fumes obliges de virer vent devant et de porter en mer. Ce ne fut que le 10 dans la matinee que Dimairche- nous arrivames par le travers du Port Cox. 1Qt La Princesse Royale venoit d'y mouiller, peu d'heures auparavant, sur la barre d'un petit port ou residoit le chef jPanna notre ami. Au moment ou nous passions , le capitaine Duncan nous envoya sa chaloupe- pour savoir si nous desirions qu'il nous conduisit dans le havre, Mais comme nous ndtis proposions de mouiller dans le Port Cox, nous nous contenttmes de le remer- cier de ses bienyeillantes attentions. II vou- lut cependant que sa chaloupe nous accom- pagnat jusqu'au moment ou nous minifes a 1'ancre dans Finterieur du port, c'estr-a- dire, vers les cinq heures du soir. Elle »ous quitta alors pour retourner au vais* seau, et passa au travers des canaux qu& se trouvent entre les iles et la pleine mer,, a environ quinze milles de distance. Les derniers vents d'est avoient force :Ia* m ■ <«3t t78S. r Lundi ii. i e .1 . <a46 S • . Princesse R^oyale de chercher un abri dans ce havre ; le pro jet du capitaine etoit aussi d'y faire de Feau et de recueillir du bois , avant de quitter la cqte d'Amerique. A notre arrivee au. Port Cox, nous trouvames que \Vicarianish etoit deja parti por^r aller prendre plus loin ses quartiers d'hi- yer , dans un lieu situe tout au haut du port, a trente ou quarante milles du vaisseau. Le 1.1, j'envoyai la chaloupe vers ce chef, avec des presens pour lui. Elle revint dans la soiree. Elle avoit rencontre Wicananish $ans un petit village situe a - peu - pres k vingt milles du vaisseau, et qui etoit comme son quartier de rafraichissemens. II fit aux gens de notre detachement Faccueil le plus distingue. En retour du present qu'on lui avoit remis de ma part, il envoya a. bord quarante peaux de loutres de, la plus belle qualite , et s'empressa en outre de temoi- gner combien il desiroit que la chaloupe fut envoyee bientot apres au village ou il devoit sejourner Flayer, et pu U se rendoit en ce moment. Le 12, quoique le temps fut assez incer- tain, je Us partir la chaloupe pour le lie% de Ta residence de Wicananish. On la rem- plit de divers articles.de trafic et de quelques presens agreahles , parmi lesquels on n'oubiia pas de placer la chaudiere de cuivre dont nous avions dejaparle a ce chef, etque toute sa famille attendoit avec la plus vive- impatience. La chaloupe ne fut de retour que le ixf. Ce jour, Fofficier nous donna les details* de son petit voyage , tels qu'on va les lire., elifee matin du i3 , il arriva a Clioquatt, lieu de la residence de Wicananish pen* dant Fhiver; Ce village consistoit, comme les autres petites villes, en plusieurs maisons semblables a eelles dont- nous avons. d^ja donne la description , mais construites plus commodement. On y remarquoit, plus que dans aucunes de eelles que nous avions deja vues, cette grossiere magnificence donir ils les embellissent. Le village etoit tres- grand et tr^s-peuple.La maison du chef avoit beaucoup plus d'etendue que celle qu'il occupoit dans le village situe prd's de la mer, lorsque nous visitames , pour la premiere fois, les terres de sa domination. Les. habitans etoient tons occupes en ce mo- Sient a empaqueter du poisson dans des. 178*1 Aout*. leudl *4* p& i--*^ m |7SS. A out. ■ . (248) nattes y k en serrer les ^aites ,dans des ves- sies , a couper des morceaux de baleine ,, a faire de Fhuile de la graisse de ce poisson et a la verser dans des peaux de veau. Tous ces preparatifs leur etoient dictes pa-£ une sage prevoyance pour les besoins de Fhi*. ver. La quantite considerable de provisions de tout genre que nos gens remarquerent chez eux etoit sans doute un motif de croit^ qu'ils n'auroient point a redouter la famine dans la saison rigoureuse dont on appro* ejioit alors. L'hiver est, sur cette cote, le temps le plus heureux de Fan nee en ce qu'il favo*- rise davantage leur sensualite , et leur q£fre des ressources a Paide desquelles ils peu- vent plus faci'ement pourvoir a leur sub-*, sistanoe. lis n'ont d'autres soins, d'autre occupation que de pecher les enormes ba^: leines qui, a ceUe epoque del'annee, sein- blent accourir par troupes dans ces mer& pour procurer a ces peuples les moyens de bien traiter les chefs voisins qui viennent leur rendre visite. Wicananish recnt. nos presens avec toutes les marques de la plus viyje satisfaction. Mais ii hono?a la chaudlere de cuivre d'un$ / ( 249 ) , ', attention plu« particidier e , et la poija lui- meme, dun air de triomphe , pour etre piacee parmi ses tresors. li declara, a plusieurs reprises, qu'aucune considei ation ne pourroit le determiner desormais a se des- Saisir d'un depot aussi precieux. Douze epees a poignees de cuivre composoient une partie des presens que nos gens etoient charges d'oiirir a ces naturels ; elles atti- rerent tout a la fois leur reconnoissance ft leur admiration. Nous avions fabri pie ex- pres plusieurs articles que nous savions &tre du gout de leurs femmes: aussi disputoient- elles les unes avec les autres d'egards et d'attentions pour nos compagnons. Nos re^ lations de trafic avec les sujets de Wicanat nish devinrent alors plus avantageuses et plus agreables qu'elles ne Favoient encore ete jusqu'alors. Nous en recumes une provision considerable de fourrures ; la chaloupe revint chargee des heureux produits de son commerce pendant ce voyage, et Pequipage extreme ment satisfait de Faccueil que lui avoit fait Wicananish. Quoique nous eussions toute raison de nous fdiciter du succes de nos operations commerciales, nous nous deteravin&nies, k % Aout. Lundi id. ( s5o ) envoyer a Wicananish une autre amoas* sade , qui, si elle n'etoit pas , pour le mo* ment, une source de nonveaux avantages, auroit au moins pour effet de laisser dans- le coeur du chef et parmi ses sujets des impressions avantageuses pour nous et des* sentimens durables. En consequence, des le 18, j'envoyai la chal'oupe^au village pour prendre conge de Wicananish en notre nom., et ( ce qui etoit beaucoup plus important ) pour lui porter nos presens d'a- dieu. Nous voulumes prduver , en cette oc^ casion, combien notre aiujttie etoit desin- te'ressee , en choisissant pour les leur envoyer , les divers articles qui pouvoient flatter da vantage les gouts de ces naturels inconstans et legers. Nous y ajoutames aussi plusieurs habits garnis d'une quantite de boutons, etle couvercle d'un grand alambic de cuivre. J'ordonnai qu'on leur remit de notre part ce magnifique present, et defen- dis expresseinent qu'on acceptat d'eux la* moindre chose en retour. La chaloupe re vint dans la soiree du iq>, apres avoir execute ponctuellement mes ordres. Elle m'apporta de la part du chef un message par lequel ii me prevenoit que *7**> ^.out;. ' "., .. ( ( 25X ) . son Intention etoit de se rendre au vaisseau le lendemain, et me temoignolt, en consequence, desirer que nous clifferassions e notre depart pour le recevoir a hord,|; En effet, le 20 meme , nous erases la Merctedi visite de Wicananish, II etoit aecompagne de son frere, de ses deux fils, de trois de ses femmes , et d'un grand nombre de naturels venus du village avec leur chef pour avoir une nouvelle occasion de trafiquer avec nous. Nous profitlmes de la circonstance pour nous procurer par eux une assez bonne provision de fourrures, De son cote, le chef nous offrit en present plusieurs. peaux de loutrea de la plus riche espece; et, quoiquk nous dussions croire ayec for*-? g dement qu'il voudroil disputes avec nous f£ , de generosite en refusant, a notre exem- ple , ce que nous lui offririons en retour, il ne put se determiner a renvoyer une paire de mousquetons et de la munition que nous. ' lui donnames en grande quantite. Un pa- reil present avoit pour lui quelque chose ■; de trop attrayant pour qu'il ecoutat, en ce moment, sa ddicatesse ordinaire. II le re&ardpit comme un trop utile moyen de m m rfif. / ( 252 ) defense contre les insultes de son puissant- voisin, le chef Talootche, pour ne pas l'ac- cepter avec autant de joie que de recon*- noissance. II nous dimanda , du ton de la plus sincere solliciiude , com bien il se pas- seroit de lunes avant que nous, fussions de- retour, et nous pria avec toutes les instances imaginables. de pieferer son port k tout autre. Un de ses fils, jeune homme d'environ dix - neuf ans, temoigna un violent desir de partir ayec nous. Mais nous jugcdmes prudent de ne pas deferer a cette demande. Nous nous rappellions tout ce que nous avions naguere eprouve de tourmens et d'inquietude en consentant a nous charger , meme de Faimable Tianna. Ce jeune homme etoit, par la figure et par la taille , le plus beau de tous les naturels que nous avions vus jusqu'alors sur la ccke d'Amerique. Non-seulement ii paroissoit rem pi i desprit et de yivacite., mais encore tout annoncoit en lui un caractere docile et les plus heureuses dispositions. Je ne doute pas que, s'il eut fait le voyage de la Chine,, il n'en fut reyenu beaucoup plus avanc4 f ^ W "53 ^ • ■ ■ ' '"": ^|iae Comekala, etbien plus capable que lui d'eclairer son pays et d'en clevenir Forne- ment. Wicananish et ses naturels nous quitte* •rent avec toutes les marques d'un veritable regret, et en nous reiterant leurs prieres cle ne pas tarder a. revenir parmi eux. Apres avoir fait nos adieux a ces naturels si bons -et si genereux, nous remimes a la voile dans la soiree du 20 ; et sans aucun even cement remarquable , nous vinmes mouiller heureusement le 24 dans notre aneienne position de Ventrde du Roi George. Notre absence avoit dure si peu de temps que nous n'eprouvames au sujet de notre detachement reste a Nootka , rien de semblable a cette inquietude qui nous avoit tourmen- tes si vivement lors de. notre premiere separation. Les matelots bannis de l'equipage reste* rent dans la triste situation ou nous les avions laisses. Depuis le jour de leur fatal exil, la douleur, le desespoir et les remords etoient leur affreux partage. Au moins tout ce que nous vimes fut-il tres-propre a jus- tifier cette opinion, Lorsque la Felice entra dans Vaftse des Amis, nous remarquames 178I Aout. V- Aour. | - - I "O . M qii'ils la contemploient du rivage, fct la vttd du vaisseau nous parut rammer un peii leurs esprits abattus. Le temps approchoit ou. nous avions tout lieu d'esperer le retour de YIphigdnie, d'apres les instructions que j'avois donnees au Capitainfe Douglas au moment de notre separation. Comme nous connoissions par- faitement tons les dangers que ce vaisseau auroit a surmonter, nous commencions a §tre tourmentes a son sujef de cette vive inquietude que nous devious natfcellemerit eprOuver^ lorsqu'iin jour succedolt a. Fautre sahs que nous le vissions arriver. Nous pro^- menions sans cesse des regards ifSJcjjuiets sm: cette mer immense qui baigne la cote d'Amerique , pour tacher d'y decouvrir des voiles auxquelles nous pussions reconnoitre que nos amis approchoient. Mais nous ne vimes , pendant quelque temps , qu'une vaste etendue d'ea/u qtt'aucun etre vivarit n'animoit par sa presence, si ce n'est, de temps a autre, quelque pe*cheur de Ventrde de Nootka, seul dans son canot. C'est ainsi que, tan tot nous flattant de revoir bientdt nos chers coitfpagnons , tantot fremissarit a Pidee de ne les revoir jamais , tristes Aout. 3(( %55 ) < v ■ £ VX«jj jonets, tonr-a-tour, de Fesperance et de la crainte , nous passions le temps de notre travail: et, le soir, lorstpje les occupations ^etoient finies.,.nous avions coutume de nodjs promener sur le rivage, derriere Panse das Amisy et de nous communiquer, les tins aiyx -autres, les diverses reflexions qui setoient presentees a nous dans le cours des travaux ,gde la journee. Le 26, a notre promenade ordinaire/dji soir, comme chacun de nous faisoit part aux aixtres de ses pensees, et de ses conjectures sur le sort de YIphigdnie, nous appercumes tout-a-coup , non sans des transports de^joie inexprimables , un nay ire qui tenoit le large. Tout nous portoit a croire .que ce ne pouvoit etre que le vaisseau si impatie in merit attendu. Nous ne nous trompions point : c'etoit YIphigdnie g *». ^ .. et des le 2.7, au matin,, die vint mouiller 27. I dans Vanse des Amis. Un aussi heureux evenement fiit celebre, comme on pent le croire , par tout le vaisseau. Je donnai ordre sur le champ que les travaux fussent suspendus, afin que ce jour fCit un jour de repos pour le corps comme il en etoit un de joie pour Fesprit, En un 1 1 mot, notre fete , eii cette occasion , et stif une cote doignee et afire use par son as* pect, se passa avec des transports de satis^ faction qu'on n'a jamais connus dans les brillantes ceremonies des nations les plus poiicees. Le recit des dangers passes , les epanchemens d'une vive amitie dont il etoit enfin permis de se renouvdier les temoi- gnages, le succes qui avoit couronne nos perilleuses expeditions > la douce perspective de rentrer un jour dans nos foyers pour en recueiilir les fruits , tels etoient les stijds de nos entretiens : les agremens de la table et le plaisir d'etre ensemble met- toient le comble au bonheur de ces deli- cieux instans. Ce qui ajoutoit beaucoup a la satisfaction dont nous jouissions alors, c'etoit, comme on le concevra sans peine, de voir que l'equipage de YIphigdnie avoit echappe tout entier aux malheurs qui le nucna^oient, lorsque nous noi s separames de bfii \ et qu'au moment de notre reunion , toutes les personnes a. bord de ce vaisseau doient remplies de sante et de vigueur. La joie qu'eprouya Tianna en se retrouyant avec des , :$fc ' X^7 ) ' . 17 ';'"*■ ideslami^ qu'il n'avoit qtiit'tls quVvec leS uy%& ^sl^tes de la plus vive doiileuf, devoit na- Aoi^ turellement attendrir tous ceux qui doien^ iSmom's de ses trans^rts, et des effusions de sa reconnoissance. Mais il seroit impossible d'en faire passer le sentiment dans Fame de ceux qui n'ont point lu sttr son visage touPce qui se passoit dans la sienne* Nous ne fiimes pas'ihoins satisfaits nous* in^mesMe ce que nos corapagnons le rame* noient au' milieu de*i-ious > si heureusement rdabli d'une* Maladie qui nous avoit fai* %SJ& X tSmftxire^lRWre plus fe retdtt jamais. II faut dire^PvelSt^. Sa pfeysionomie doit tout* fcfait (Mkn^ie ": il portoit toujours tin bon* net de fourrures ^ et d'autres habillemens fcres-chauds dont il avoit pris le parti de sex V#rir l'hiver, pendant que YIphigdnie doit dansPYentree du Prince Guillaume et dans !a riviire de Cook, de sorte que nous ne le reconnumeS pas dans le premier moment* Mais la yivacite de sa joie ne nous permit pas de rester long^temps dans l'incertitude% Au reste , quoiqu'elle fut accompagnee de plus de demonstrations que la notre , elle n'etoit pas plus sincere. II est certain qu6 ses manieres agreables lui avoient tdlemeut Tome II. R si W m i (258) il^88. concilie tous les coeurs qu'il n'y ayoit pa$ Aout. dans le vaisseau un seul matelot qui n'ai* mat Tianna autant que lui-m§me. Nous avions cru d'abord que rien ne pourroit ajouter a son bonheur des qu'il auroit revu ses bons amis. Mais nous fumes bient6t persuades que ses jouissances pouvoient augmenter encore. Car, lorsqu'il sat que nous nous proposions de partir sous tres-peu de jours pour nous rendre aux iles Sandwich , les expressions de sa joie n'eu- rent plus de bornes. C'etoit un extravagant abandon, un exces, une vditable frenesie. II s'ecoula quelque temps avant que^ses idees se calmassent assez pour qu'il put gouter plus tranquillement le plaisir qui l'avoit ainsi transported Nous reservions le nouveau vaisseau pour le voyage aux iles Sandwicfi. Quand on le lui eut montre, et qu'on Peut informe de sa destination , il le contempla avec autant d'attention et d'ar- deur que si ses yeux eussent ete jettes hors de leur orbite vers le vaisseau"; et, jusqu'au moment ou il fut lance en mer, il ne cessa de rester aupres des charpentiers dont il examinoit toutes les operations, et suijroit tous les travaux. Nous Fentretjnmes dans "i ( *5^ ) ' • " $&s dispositions; et Fon ne sauroit cf&itb coinbfen il s^instruisit de-tons les ddstiis <& la profession du charpentier pendant le court es&ace de temps que ndus pas$&mes dans Ventrde du Roi George. Le 27, tandis que nous etions occupe's k Visiter le village, Maquilla et Callicum re- yinrent de leur expedition guerriere* Est entrant dans le canal, leur petite armee •Jetta le cri de la victoire. II falloit effecti* Vemelit qu'ils eussent obtenu quelques suc- ces : cavils rappoftoient dans leurs canots plusieurs oorbeilles qu'ils ne voulurent point iouvrir en notre presence ; ce qui nous fit •soupc^onnfr, comme nous en acqutmes depuis la certitude par Faveu meme de Cal* lictim , q«£rfles renfernjoient les tdes d^ja lennemis qu'ils avoient tues dans le combat. On en comj>^|t trente* Mais les chefs de ^ootka ne remporterent pas cet a vantage Bans avoir aussi a regret^ des guerriers. lis nous rendirent ak>i?s les armes qu'ils avoient revues de nous; quant a la muni* ~tlon, elle etoit enti^rement eonsommee. Nous nous appercumes en effet qu'ils avoient fait flu plusieurs fois avec leurs paousquets; et Callicum nous assura qu'ils 17B& Aom$ -Jf. &9 m '..-.■.- ss w ( 260 } venoient de tirer une vengeance eclatatrt* ifes actes d'hostilites exem^lricontr'eux par leurs^gnnemis, et que , de/ plus ^jils avoient conquis u&.riche butin de peaux de loutrgg de mer dont ils s'etoient tous empresses de se faire-nne parui e. Le cfeef de Yile .Sandwich ne temoigna pas, comme no&fc nous y etions d'abord attendus, la moindre surprise a la vue de Maquilla et de son armee. Comme Ylphp* genie avoit eu de frequentes communicaj* tions avec les naturels qui habitent le long de la cote depuis la riviire de Cook jusqu'i Yentrde du Roi ^George , ni eux. ni leurs mceur^. barbar^ ne pouvoient etre quelque chose de nouveau pour Tianna qui n'avoit jamais eu pour eux une grand^rjcjonside- rat&on. En effet J&Iersqueie chef, avec ses formes vraiment colossales, se tenoit pres de Maquilla qui etoit de petite taille , on reinar- quoit entr'eux une difference qpi devoid non - seulement frapper tous j§eux qui, les voyoient ensemble, mais encore faife naitre dans.le cceur de^un des np^uvemens d'or- gueil, et dans celui de Fautre des sentimej^ de jalousie, dont Foppos&tion ne permet- toit pas qu'il existat jamais entreux une amitie^sincere. Tianna et Comekala S&con* noissoient depuis long-temps, mais ils n'en etoient pas pour cela meilleurs amis. Le premier faisoit tres-peu de cas de Fautre ; aussi Fentrevue qui avoit lieu alors nous parut - elle ne pas causer une grande joie At:a-Fun ni a Fautre. Lors de son premier depart d'Amdique, Comekala avoit ete aux iles Sandwich. Le vaisseau s'y etoit arrete pour prendre des provisions fraiches. Ce chef avoit done ete en dat, a son retour, de rendre compte a Maquilla , non-seule- ment de Tianna, mais encore du pays d'oit il venoit, et il est probable qu'il ne s'doit explique ni sur Fun ni sur Fautre d'une maniere avantageuse. Quoi qu'il en soit , Tianna avoit en execration les affreux usages des naturels de Nootka ; il ne pouvoit sorirger a leurs inclinations cannibales, sans exprimer en meme temps tout ce qu'elles lui inspiroient de repugnance et d'horreur. II est certain qu'on ne peut pas etabjir de comparaison entre les habitans des iles ^andwich et leurs moeurs, et les naturels parmi lesquels nous nous trouvions alors,non pins qu'avec aucun autre peuple du continent d'Amdique. Les premiers ont une grande i 17S& Aour. ( a6a ) '17$$. superiorite sur tous les autres en ce qui Aout. concerne ce que nous appellons les res- sources industridles.Ss sont aussi beaucoup plus voisins de la civilisation. lis s'observent \ particulidement sur un point qui distingue Men la vie policee de/la vie sauvage , sa- voir la proprete. Ce n'est pas seulement dans la maniere d'arranger les mets dont ils font leur nourriture qu'on remarque cet heureux gout: on le decouvre encore dans Finterieur de leurs maisons , et dans le soin qu'ils ont de leurs personnes. Les naturels de la cote nord-ouest d'Amerique sont, au •ontraire^ si sales qu'ils ne le cedent en rien, sur cet article , aux aniinaux les plus degoiitans, et que nous devons epargner ici au lecteur toute description dont ils seroient Fobjet. En effet, outre que leurs alimens sont deja peu propres a flatter la sensualite, la maniere dont ils les mangenj^ ou plutdt dont ils les devorent, ajoute encore a Pextreme degout que leur vue inspire. Au reste, n'y eut-il pas d'autre motif de leur assigner une place bien au dessous des compatriotes de Tianna , leur canniba- lisme seul les tient a une enorme distance du rang qu'occupent ces derniers parmi les J| (26s).; ' - 'N ;^ hommes. Je me garderai de passer ici sous silence la declaration solemnelle qui m'a souvent ete faite par ce chef, savoir, que les naturels des iles Sandwich ont la plus grande horreur pour le cannibalisme. Ils peuvent avoir immole quelquefois des vic-^ times humaines sur les auteis de leur Divi- nite; mais ce qu'il y a de certain , c'est qu'ils n'ont jamais songe a satisfaire leur sensualite par de pareils sacrifices. Oui, je crois fermement, et j'aime a me flatter que ce ne sera pas une vaine espdance, qu'on parviendra a faire abandonner a ces naturels leurs barbares usages, meme dans leurs actes de religion, et que nous compterons quelque jour au rang des sujets civilises de 1'Empire Britannique, pres d'un million d'hommes qui habitent les iles Sandwich. (a«4) C H A P I T R XX, L'equipage de /Tphigenie travaille au nouveau vaisseau. Arrangemens pris relativement aux vaisseaux. Les naturels se disposent a se retirer dans leurs quartiers d'hiver. — Mesures relatives it nos bannis .* nous consentons it les recevoir de nouveau it bord; quelles sent les conditions .——Maquilla et Callicum nous rendent une visite avant leur depart. —— Prdsens que nous faisons it - ces chefs. — Intelligence du dernier.—. Ingratitude de Comekala iw—Nous upper- cevons un vaisseau dans la haute mer. I— La chaloupe est envoy de it son secours. — Le Washington arrive dans Ventrde.'—Details de son voyage, etc*' — Le nouveau vaisseau recoit un nomm et est lance a la mer. — Choix de personnes destindes a en former Vequipage. ——Ordres donnds au capitaine de Vlphx- genie. — Tianna se rembarque a bord de ce vaisseau. —Le contre-maitre dis- ( 2.65 ) • r gracie se sauve. —II est secouru par le maitre du Washington. —Nous quittoms Ventrde du Roi George pour gagner les iles Sandwich. *783. Aout. J_j'arrivee de YIphigdnie eut pour effet,' non-seulement de ranimer notre courage et de nous donner, pour ainsi dire , une nouvelle vie, mais encore de nous dderminer a reprendre nos travaux ayec plus de vi- gueur que jamais. Nous form&mes done un fort ddachement, et rien 11 e nous empecha plus de croire que le vaisseau pourroit etre lance a la mer vers le temps 011 nous njpus l'dions propose. |1 Le voyage de YIphigdnie avoit beaucoup contribue a augmenter l'espoir flatteur que nous avions concu de rendre la c6te nord- ouest d'Amerique un poste tres-important pour le commerce. Ce vaisseau avoit fait voiles tout le long de la cote d'Amdique depuis la riviere de Cook jusqu'a Yentrde du Roi George , et rapportoit les preu\*e$ les plus incontestables de l'existence du grand Archipel duNord. Mais je crois avoir - 'jL (*661: - y pleinement satlsfait la curiosite du-lecteur. sur cet objet si nouveau , et d'un interet si general, dans le memoire qui sert comme d'introduction a ces Voyages. Les ouvriers de YIphigdnie furent employes sur le champ a aider ceux de la Felice dans la continuation des travaux qmi avoient pour objet Pachevement du vaisseau. Ils ne purent se defendre d'un mou- vement de jalousie en voyant Pouvrage que nous avions fait. lis n'en concurent que plus d'emulation et d'ardeur pour participer a 1'honneur d'y avoir contribue, de maniere que tout nous laissa presumer que notre arsenal de marine ne tarderoit pas a dre complet. Les matelots ne restoient pas non plus dans Finaction. Quelques-uns se joi- gnirent aux cordiers ; d'autres allerent gros- sir le ddachement charge de couper des esparres pour les besoins du moment, et sur-tout de tailler un mat de misaine pour la Felice qui, comme je Fai rapporte plus haut, avoit eu le sien brise , peu de temps apres notre depart de Samboingan. L'epoque approchoit ou nous de vions nous eloigner de la cote d'Amerique \ et il .. (*«7)e_ ..j. lions restoit assez de besogne pour remplir Pintervaile. Non-seulement il nous falloit lancer a la mer le nouveau vaisseau, Farmer et Fequi- per pour un voyage de pres de quinze cents lieues; nous avions aussi les deux vaisseaux a reparer de maniere qu'ils pussent remettre en mer ; et si Fon considere avec notre situation la nature des ressources qui nous restoient, on conviendra sans doute que nous n'eumes pas de legeres difficultes k vaincre, et que ceux qui les ont surmon- tees meritent au moins les doges dus a la plus active industrie et a la plus courageuse perseverance. On eut": bientot complde un assortiment de voiles neuves pour le vaisseau qui etoit sur le chantier. II devoit dre gre£ eomme une goelette , ce qui ne demanda pas autant de temps : mais, al'exception des voiles destinees a le^ defendre contre la violence des ouragans, ce fut tout ce que nous pumes faire pour lui dans ce genre de manoeuvres. Lorsque nous nous vimes si heureusement avances dans nos preparatifs pour les nou- Teaux vqyages que nous etions sur le point 178?. Aoutt , "% - ( 268 ) f •■ de faire, nous songeames sdieusement £. nous occuper des diverses reparations qu'exi- geoient lei deux autres vaisseaux, non-seu- lement pour la saison actuelle, mais encore pour Fannee suivante. Nous avions amasse une riche cargaison de fourrures; il etoit de notre interd de la transporter le plus expeditfevement possible a la place de com-i merce a laquelle nous la destinions. II fut done resolu que des Finstant ou le nouveau vaisseau seroit lance a ia mer , la Felice gagneroit directement la Chine , et que YIphigdnie resteroit avec la goelette , pour suiyre Fobjet principal de nos travaux com- muns, e'est-a-dire , les ..operations de commerce. Les choses ainsi reglees , tous! les efforts se reunirent pour mettre la Felice en etat de partir*. A cet effet, les voiliers commen- cerent a travailler a ses manoeuvres, et les snaitres-calfats s'appliquerent a reparer les ceuvres mortes qui, ainsi que les preceintes, exposoient beaucoup le vdisseau a faire des voies d'eau. Comme il etoit plus que probable que nous arriyerions dans les mers de Chine a Pepoque de Fannee ou les tempetes y exercent le plus souvent leur* igfiza Jeudt 4- ; ( 269 ) ; , , ;':| ' ravages , nous apportames touS nos soins a 1788* faire les provisions necessaires , ausflfcbien Se^emW qu'a pourvoir a toW^es besoins &u voyager Enfin , nicw^-nou#4fvraTnes a cette impor- tante occupation avec une telle activite e^e^» des le 4 septembre, le vaisseau se trou$§ en etat dU mettre a la voile f Tie ma$§$& misaine de FavanFetoit parfaitefiient aistirf^f .f et nous avions du bois'e^ de -ftla%>e^b £$&&* grande quantite. Les naturds commengoient, des cett^-f epoque^laL f^^feurs pi""eparatifs pour qM^ ter le^lilfu de leur residence actuelle^ret se rendre dans8 la paiSfe plus Mterieure^fde- Yentrde* Chaque jour f* rioiis ejl voyionH qudques^-uns #eux s'enibarquer de la ma- ||| niere que nous avons rapportee^dans tin des cha^rlres precedens. 7^7, MaquiSa et Dimanche CalKctfth nous*Sreridirent line visite pout ^* nousHnf&rmer officiellementque, sous peu de jours, ils partiroieiit avec tous leurs na? turels^p'our aller^gagner^le^fis quartiers d%i% ver # environ trente lifflles du vaisseau , et 4-peu-pres a la meme distance de la mer. Des que nous eumes recu cet avis, nous regardames comme un devoir pour nous-de prendfe des mesures relatiyement a nos Si • I 17S&. bannis. Les maul qu'ils enduroient depuis Septembr. leur exil, nous inspirerent la plus vive com* passipn. Le repentir sincere que nous re* marquanies dans leurs prides , la promesse qu'ils nous firent, en implorant notre indul* gence, de se mieux comporter et d'dre plu$ fideies al'avenir, ne restdent point sans effet* Mais il nousilmportoit d'agir, en cette occasion , ayec toute la prudence et toute la reflexion dont nous etions capables. Avant de prendre un parti definitif, il falloit examiner inurement quelle conduite j'avois a tenir dans ime crise ou le sentiment de la commisera* tion naturelle se trouvoit balance par le de* voir de ma place. Abandonner ces malheureux en partant, c'etoit un acte de rigueur qu'on pouvoit regarder comme une veritable cruaute exercee en vers eux : d'un autre cote , reprendre a bord des hommes dont Fesprit entreprenant et porte a la revoke pouvoit, pour ne rien dire^de plus, retar- der notre voyage , si m&oie ils n'en deran- geoient pas entidement le cours, c'etoit un parti qui pouvoit nous de venir funeste a, lious-me'mes. Jl est vrai qu'ils avoient expie par de sruelles souffrances leur conduite passes* i\ *jLorsqu*ils furent mandes pour entendre *%fi% notre derniere determination a leur egajd, ^Bl^Pf? la paieur de leurs Usages, leurs yeux bai$r ses , i'huH|ble aveu qu'ils firent de leurs fautes dans les termes de la plus entiere soumissljon et du plus yif repentir, nous de- sarmerent sur le champ et eteignirent toiita espece 4e ressen^bnent. Ils furent done re* <gus sur le yaisseaux mais je leur imposai pour peine la confiscation des gages qui leur etoient d£ja dus pour neuf mois de services , et les previns que desormais leur paie seroit proportionnee a la conduite1 qu'ils tiefglroient a bord. Ils accepterent avec joie <ces conditions , et rejoig»£rent enfin leurs caaiarades , apr&s un intervalle de temps pendajit lequel ils n'avoient eprouve qu'uii chagrin amer et les plus douloureux regrets. En les privant des gages qui leur etoient dus au moment ou ils avoient con^u le perfide dessein de se rendre maitres du yais* seau, je ne faisois qu'exercer un acte de la plus stricte justice. Car, sans considder Patrocite de leur projet et les affreuses consequences qui seroient resultees de son exd cution, ils avoient empeche que nous ne missions a la voile pour.aller continuer les lit pi C 2^) ■: 17S8. recherches et 1^ opdations dont nous dltfcii Septembr. charges par nos commettans. Ce retard seul avoit ete cause d'une perte reelle, et suffix soit pour justifier une mesure par Feffet de laquelle ils se trouvoient soufffir eux-memei de cette perte qu'ils avoient o^dasionnee. %-3e dois dire, au reste , qu^£%iotre->53S3€& yee a la Chine, tout ce qlii leUr avditfet& retenu de gages~i leur fet rendnY graces a la gendosite des proprietSires du vaifeea^jixi n'ecouterent, en cette ciipeiistalib%, qu& les sentimens de la commiseration dt' de Phumanite. Apres tout, nous ne pouvions prendre trap de precautions entnous dde^ninaiiS a recevoir del nouveau parmi nous ces horn* mes vraiment dangereux. Ce fut avedhme satisfaction melee de crainte que nous sui- yimes 1'inclination qui nous pOrtoit a la cldnence ; et dans Fintention der'diminuer pour §>ux, autant qu'il seroit possible, les moyens de faire du mal, nous les repartimes dans les deux equipages* Au moins, etoit- ce leur rendre plus difficiles et plus rares les occasions de communiquer ensemble* Be contre-maitre, dont la conduite avoit et6 III preced^e llffc H ■ - - ** ^s 3 - - M precedeo par des preuves de desobeissanisei multipliees , et qu'on potivoif regarderJSepteml^ -ebm'rae le chef de la revoke, fut excepte de Famnistie generate. Dans tous les cas/Jr nous crumes neeessaire d'en faire un exem- ple. Ce qui hous decida d'autant plus a cette sevdite' a son egard", fut qu'dnhe tarda pas a se convaincre qu'il avoit ajoute le vol a ses autres exces. On le laissa done enferme datts la maison construite sur le rivage; ip£ C'est ainsi que se termina cette desagr^a- ble affaire. Mais, si nous n'ayions pas eu le bonheur de decouvrir a temps le fatal complot; en un mot, si nous nous fussions irouves assez loin du vaisseau pdxtr ne pas entendre le premier cri d'alarme qui fut jette en cette occasion, les suites de cette sedition seroient non - seulement de venues desastreuses pour le voyage, niais encore nous auroient peut § dre entraines nous- inemes dans les derniers malheurs* Maquilla et Callicum vinrent alors prendre conge de nous. Ils doient suj le point de partir pour aller gainer leurs quartiers d'hiver. Ils nous renouvelldent, en cette occasion, dans les termes les pluSiaffex^ Tome II: § II ^7$8. tueifx, et avec les demonstrations les plus Septembr. expressives, i'assurance de leur ami tie. lis savoient que nous ne de vions pas tarder a quitter Ia cote, et nous temoignerent de- sirer avec beaucoup d'ardenr notre prompt retour. Maquilla nous conjura avec des instances reiterees d'envoyer vers lui toutes les fois que nous voudrions remettre en mer le petit mamatlee, c'est-a-dire , le vaisseau 9 promettant de venir lui-meme avec ses naturels nous donner tous les secours qui pourroient nous dre necessaires. II est certain que , depuis long - temps, ils s'occu- ^poient a Favance des obstacles et des peines que nous eprouverions pour pousser, selon leur expression, le vaisseau dans la mer, lorsqu'il seroit completement acheve. Ces deux chefs avoient suivi, avec la plus grande attention, les progres de la construction depuis les premiers travaux jusqu'a ce moment ou elle etoit a la veille d'etre ternii- nee. Mais ils n'y comprirent rien , et ne donnerent aucune preuve de cette intelligence qui croissoit, pour ainsi dire , et se developpoit de jour en jour dans Fesprit de Tianna. Quelque confiance que nous eussions dans (. '27.5 } la ndelite de ces chefs, et dans la sincdif^ oa, 1700. des sentimens qu'ils nous avoient temoignes Septem]* lusqu'alors , comme c'doit a nos prdens que nous etions redevables des premides marques d'amitie que nous avions teques d'eux, nous pensames que, pour nous en assurer la continuation , ii seroit prudent de recourir a ces memes moyens dont la puissance nous etoit connue. Le soin de nos interets pour Favenir Fexigeoit ainsi. Nous effrimes done a Maquilla, un mousquet avec une petite provision de munition et quelques coiavertures. Callicum ne nous quitta pas non. plus sans emporter de mdne des g ^es certains de notre affection. Nous fimes entendre a ces chefs dans combien de lunes nous serions de retour parmi eux. Nous leur annoncames que nous amenerions avec nous quelques autres de nos compatriotes ; qu'alors nous batirions aun plus grand'nombre de maisons , et que nous tacherions de familiariser nos bons amis de Nootka avec nos moeurs et notre aaaafiide de vivre. Cette promesse parut leur causer la plus vive satisfaction ; et non-seu- lement ils s'engagdent a nous apporter a jaotre retour une grande quantite de four- S % I 2j6) t^g rures , mais encore Maquilla crut devoif $ -Septeir.br. °^s liustant meme, nous rendre homtnage* Comme a ses seigneurs et souverains. 11 6t3* son bonnet de plumes, et le posa sur ma tde. Il ni'arfubla emuite de sa robe de peaux de loutres, et ainsi decore, il me fit asseoir sur un de ses colfres rempli d'osse-* mens humains. Quant a lui, il se pla<ja k terre. Son exemple fut suivi par tous les naturfels qui doient presens ; et ils commen* cerent alors a chanter une de ces romance* plaint!ves dont j'ai deja parl£ comme ayant fait la plus grande impression sur nous par les effets agr£ables qui resukoient de leur musique. Telles furent les ceremonies par lesquelles il se plat a reconnoitre, en presence de ses sujets , notre superiority sur? lui. Je pris alors conge d'eux une seconde fois , et retonrnai a bord , revetu de tout Fattirail de la royaute , et investi de \& supreme puissance. A peine venions-nouS de quitter ce chef que Caljicum accourufF vers nous pour nous expliquer en ddail les diverses commissions dont ii avoit a nous charger, et pour renouyelJer ses def- niers adienx a tout l'equipage. Cet homme genereux avoit quelque cho&e de si aimabls ( 277 > #$de si intdessant que je voulus rester&vec v$$*l lui jusqu'au dernier moment. Je ne pui&Septua&s ^n'empecher de rendre compte de tout ce qui se passa-dans cette entrevue definitive f quelque minut'eux qu'en puisse paroitre le ddail. 11 noitjs fit Fenumeration d'une Ion* gue liste d'atEtiGles qu'il desirok que nous lui apportassions a. notre retour. J'®n pris la note pa? ecrit, ce qui lui fut infiniment agrea^le. Les objets qu'il nous daman da par dessus tout, furent; des bas , des* souliers | un^chapeau et d'autres parties de notrehaj ^illement;, et lorsque je lui ens-donne {Fas- surance que tous ses voeux seroient satis? faits au - dda mdne de son esperance,, il partit, apres m'avoir pass^ ses bras autour du cou, et m'avoir donne lebaiser le plus affectueux. Ce tendte mouvement d'amitie, ye le sentis yivement alors ,t que j'esperois le revoir un jour : je le sens encore aujourd'hui, etje sais cependant ^helas ! que je ne le reverrai plus !: Lepauyre Callicum m'avoir. faitconnoitre particuiierement en nous quittant,,comme dans beaucoup d'autres occasions greed- denies , les divers articles qui lui feroient glai§ix.. Je trouyai, depuis que tous les na? e fe .1 ! ' s % e - ■ m M M m*S *$$$$. ^fcrels du village avoient charge , plus on Scptembr. moins , les journaux de nos gens, tant officiers que matelots, de leurs diffdentes X * commissions. Les dames de Nootka ne ne- gligdent pas son plus de reclamer notre souvenir pour elles. Et je m'empresse de declarer ici avec un plaisir mele toutefois, je dois Favouer, d'un sentiment penible , que, de notre cote, toiites leurs commissions furent le plus fiddement executeesi, Nous avions confie ces divers objiets a YAr- gonaute, ainsi que plusieurs presens pour jMaquilla , Callicum, Wicananish , et pour d'autres chefs residant au midi de Ventree du Roi George, tous de notre eonnoissan-ee; enfin , pour ceux qui habitent au nord de cette m£me entree , et chez lesquels YIphi* genie avoit pendre. Tout ce tresor avoit ete choisi et arrange avec la plus grande attention : nous nous etions fait un plaisir de satisfaire a leurs fantaisies comme de pourvoir a tous leurs besoins. Le vaisseau fut pris par les Espagnols. La barbare ferocite de Fofficier espagnol doit faire fremir tout Anglois. Plus que tout autre, je suis pendre de l'horreur qu'elle inspire. On croiroit pent - etre cjue mon intention est d'enjuaffQiUSMr - llffc&^iail>isi : «*8g. je pariois ici du Gi^rin>'jbte^^oinsdQfc-S.eptembg Ioureux:sans doutg^ qtfe j'eproj^rai &&:§0\- <g£ant que^Maquilla et Callicum ne y^froient point leur innocente vanite satisfaite pajbla po|feession> des habillemens que nous leur &vions prepares; et que les,coffees de WJ^a- tfaiiishjEi'e sgi'oient^oint remplis de'ces vases que nousjhous dions procures, avec beau- *^$&p de peine , e$pres pour Fenrichir. J'e- pargnerai done aualecteur ^enumeration lies articles qui composoient la cargaison "curieuse destinee a nos amis de Nootka, et dont le commandant du vaisseau espagnol priva ces pauvres naturels en n©us les en- levant. Je ne parlerai pas de la quantite d|u medians habits que nous avions ramasses a la Chine , et qu'oti avoit chargeeide Jdou- tons pour contentcr leur gout bizarre :Me dirai seulement que les Espagnols s'en eni^, pardent avec autant d'avidite que s'ils eus- sent eu besoin de cette garde-robe destinee aux peuples sauvages de Nootka , pour en revdir des hommes plus sauvages encore. Comekala dont je n'avois jamais eu une idee tres - avantageuse, et qui , malgre1 la generosite de mes procedes «. son egard i ' '%.- -t:' S4 ' 7 ($m&a ) 7^788, *^!avok prouve;: plus d'une fois , la fausset£ feptembn^fe^5011 caractere.;*pendant son sejour k la Chirie-, dans son voyage de la Chine a Nootka, et encore apses son retonff, nous ^onjfrma-dans Fopinion que nous avionp de son ingratitude, en quittsmtVentree san$ ^Sj^fi ^-* 'X. K ^i>»-* jdlous cionnerttimesseul|> marque d attention ou d'amkie. Aussi perdit.- il, pmme il le merkoit,. le present qui lui etoit reserve^ et le laisisames-nays partir sans lui envoyej le moindre gage de notre souvenir. Mo fedi Nous continuanies nos operations sa$£ .17* aucun evenement remarquable jusqu'au 1.7, septembre. Ce jour, nous vimes un vaisseau dans la haute mer. Nous en fumes tres-sur- pris, et :^ommencames a craindre que ce ne fi).t la Princesse Royale qui, ayant esr suye quelquaccident, se seroit vue fbrcee de revenir vers nous. Nous envoyames sur le champ la chaloupe a son secours ; mais, au lieu du vaisseau que nous atfendions , elle amena avec elle dans Yentrde unsloup, nomme le Washington^, du poids d'environ cent tonneaux, yenant de Boston dans la Nouvelle Angleterre. 3VL 7$rey \ maitre de ce. batiment, nous apprit qu'il doit, parti, dajns le nipis. d'aout . / •ff { 281 ) ■ ;§• : 17851, de conserve avec la Columbia ,vais- 1788. seau du poids de trois cents tonneaux ; queSeptemb,^ les deux vaisseaux avoient &£e equipes par les ordres du Congres pour jailer examiner la cote d'Amdique^et ouyjrir un commerce de fourrures eri^re la Nouvelle-Angleterre et cette par^be du continent d'Amerique ; que F objet de ce^yoyage etoit d'approvi- sionner ceux des vaisseaux du Cpsgres qui alloient en Chine d'un fonds de pelleterie$ qui put. leur assurer les moyens de revenir en Amerique iavee des thes et des majchanr dises de la Ch^pe. Le Washington et la Columbia avoient ^te separes Fun de Fautre :|>ar un violent coup de vent vers les 5o de* gres de latitude sud, et ne s'etoient pas du tout revus depuis le moment de leur separation. Mais comme Yentrde du Roi George doit le point de rendez-vous dont ils etoient convenus, on pouvoit attendre de jour en jour que la Columbia viendrok re join dre le Washington a Nootka, sx toutefois ce vaisseau n'avoit pas eprouve quelque nml- heur. M. Grey nous inform a de plus qu'il avoit relache dans un port sur la cote de la Nou- %ejle - Albion/ qu'ayant gagneela terre., il ' - . - ^ .' : - Ofo- 1.' J '- :x> 1788, s'dok vu en danger de pesfi* sur la barre. Septeiiibr, Ce n'es^pas toufer les nr^urels*4'avoient a% taque ; il avoit eu vmm liomm e tn&p et un de ses officiei^ bW|sse, et se regardoit Wk %nenie comme tf^JciettrecWx;|i'avoir ech&ppe. 'Ci^port ne pouvoit con ten ire que des vaisv seaux d'une largeur mediocre. II est pro- bablement situe ptf&s du cap auqueP nous avions donn^le nom de cap Look Out. ^; Le maitre du Wash^gtOn fut tres^suipris de voir un vaisseau Mr le ch an tier, et ineme i<M%U avoir trouye uh dans cette entree.; car 4\ soupconnoit tout au^plus qu'on eut jamais Cait quelques* expeditions commerciales dans •cette partie de 1'Amdique. *8 nousrrparut persuade que ses compatriotes de la' Nou- •velle -Angleterxe pouvoient se promettre , -plixs que tout autre peuple , les plus grands avantages, cette route une fois ouverte au trafic. Nous le viines occupe de plusieurs grands pro jets dans lesquels nous comprime^ bieii qu'il doit soutenu par le Congres des Etats-Unis. Comme ces entreprises ne nous regardoient en aucune manide, nous nous dispensames de lui en dire notre opinion , et traitdmes M. Grey et son djuipsge avec toutes sortes d'egards et d'attentionSa y . . ^ ^ ( 283 ) . ■ -it £ • _ ||Le aoj£a midi, nous vimes enfin le mo- 178$^, ment que noue avions attendu avec tant SeptemifH? d'impatience et d'inquidudes. Nous jouimes Samedi d'une^atisfaetion que nous pouvions tQ garder comme %chetee*Jmr des peines et des fatiguesinexprim&bles. Le vaisseau etoit pret'a quitter le chantier ; et pour celebrer cet heureux succes avec toute la soieinnk® convenable, nous voulumes employer, autant qu'il dependroit de nous , les ceremo* nies nsitees en pareille circonstance. Aussi- tot que la maree fut montee all degrade hauteur necessaire , on deploya pavilion anglois , tant a terre, sur l#'hautde la maison , qu'a bord du nouveau vaisseau, qui, a Finstant conveAu , re<^ut le nom de la Cote Nord-Ouest d'Amdrique'fComme darn, le premier Jijtavire qui eut jamais de cons- truit et Ian ee dans cette partie du globe (1). (1) Cette seule circonstance des voyages du capitaine I. Meares appeile sur ce navigateur Padinira^ip^i des contemporains et de la posterity. Le courage^£>pir niatre avec lequel il poursuivit son entrepriae dans des climats ou les dangers Penvironnoient de toutes parts, sufiit pour justifier Peloge que* j'ai cru devoir faire de lui dans la preface dev cette traduction. ;■■ ---Npte du Traductemfr* ( *84") **<«*- X78& Ce moment eto't desire- depuis long Ssptemb.r. temps. Dans la situation ou nous nous trou« yions , ofeacun de nous Favokeiregard^ comme Fobjet de ses plus cheresespdauces, Maquilla, Callicum, et un grand^npntbre de leurs sujets qui :$3&iept j*nte^|$i dire qu'on'alloit lancerjle vaisseau a la mer, etoient venalis. pour etre temoins de ce specr tacle. Les charpes^iers clpnois »e ceanpre- noient pas tres-bien la d^rniere operation .d'une besogne a laquelle ils avoi^^^ete eux- tmdnes employes d une maniere tres^parti* ^ulide. Je n'ou^iierai pas non plus.de dire que le chef des ilgs Sandwi&f%$^qui avoit pris la resj^lutio^t de descenjdre a bord dx% vaisseau des qu'U-auroit ete lance; a la mer, voyoit approcher ce moment avec toute Pimpatience imagHajable. Cette pensee Fabr ^orboit tout entier. Ii n'etoit pas inpins in-- teressant d'obsancejc les naluipels d'Amdi- que, sans cesse presens aux cj-iyerses ceremonies de Fopdation importante dont je donne ici les details. Jose croire qu'en reflechissant aux travaux sans nombre qu'a- vok exiges la construction du vaisseau, a* Pensemble de la scene qui nous environ? noit, aux etraqges spectateurs qui atten*. , ' - ■ "" '( *85 ) - J ' daieht le denouement, enfin , aux avantageS 176& commerciaux qui devoient resulter de cette Septembf entreprise,etaux idees de civilisation qu'elle pouvoit faire germer parmi ces peuples > le philosophe et le politique ne la considere- ront pas comme une circonstance ordinaire et peu digne de leurs meditations. Notre attente ne fut pas de longue du- ree. Au premier coup de canon , le vaisseau s'danca comme une haM 11 est certain quil s'doigna de la cote avec une telle le- gerete que nous vimes Finstant oil il alloit sortir du port La raison en est que n'etant pas tres - famillers avec cette opdation , nous avions oublie d'attacher a bord une ancre et un cable pour le letenir, ainsi qu'il est d'usage en pareille occasion, Mais les chaloupes eurent bientot reussi k le re- morquer dans Fen droit designe; et en peu de temps > la Cote Nord-Ouest d'Amerique eut mis a Fancre pres de la Felice et de YIphigdnie. Tianna se trouvoit a borcl du vaisseau a Finstant ou il fut lance ; et non seulement ii fut temoin de Foperation, mais on peut dire qu'elle fit sur lui une impression auss^ *r c s86> - ' 1 iyW. forte que si die eut ete Feffet de Penchant Septetf&r, tement. 11 ne se lassoit pas de manifester sa surprise, en faisant des cabrioles , en frappant dans ses mains, en criant de toutes ses forces Myty, Myty, mot leplus expres- sif dans la langue des iles Sandwich poiir rendre tout a la fois Fadmiration, Fappro- bation et la joie. Les charpentiers chinois n'ayant jamais rien vu de semblable , n'e- prouvoient pas un moindre etonnement. Enfin, les naturels de Yentrde qui assistoient a la ceremonie avoient ete comme saisis de cette suite d'operations dont la plus simple surpassoit de beaucoup leur intelligence. Pour tout dire en un mot, cette circonstance eut pour effet d'augmenter encore Fopinion avantageuse qu'ils avoient deja de nous, et de leur donner des idees plus exactes et plus claires de la supdiorke de Phomme civilise sur le sauvage, que eelles qu'ils s'etoient formees jusqu'alors. Je choisis sur le champ dans la Felice et dans YIphigdnie, un commandant , des officiers et des hommes pour completer l'equipage de la Cote Nord-Ouest d'Amd- rique ; et chacun des vaisseaux enyoya k I ( a87 ) terre suivant ses moyens une certaine quarts. 1788. tite de provisions de tout genre pour mettre Septembr. ce navire en etat de oartir. 1. La profession que j'avois embr.ass.ee exi- geoit autant de perseverance que de courage ; et ici, j'ose esperer qu'on ne me re- prochera pas d'dre entre dans une digression deplacee, si j'exprime toute ma reconnaissance pour les exemples que j'ai eu le, boaheur d'avoir sous les yeux de Fautre cote du continent ou une audace infatiga- ble et des talens consommes ont a.douci jusqu'a un certain point pour nous le chagrin d'une guerre malheureuse. On doit tout Fhonneur des campagnes faites dans le Canada a la bonne conduite tenue dans les divers combats qui se sont livres sur les lacs de cette partie de FAmerique septerv- trionale ; et je dois rne felicker d'avoir , bienejeuhe encore , ete exerce en pareille ecole a tous les travaux comme a tous les dangers de la vie des marins , et de m'y etre pendre de b^mne heure de cette veV rite, qu'on ne parvient a vain ere les obstacles qu'en rdinissant aux connoi^sances du metier une Constance invincible et le plus grand sang-froid. Qui, je suis pret k t 2.S8 ) "- - " : - 178& declarer que si j'ai fait preuye de quelqu'ha- Sfeptembr. bilete dans ma profession, si j'ai support^ avec patience les traverses d'une vie peni* ble et sans cesse agitee ; enfin > si j'ai conserve quelque courage au milieii des situations les plus critiques^ soit dans ce dernier voyage, soit dans tout autre , je le dois a la se verite de discipline qui resultbit n&k cessairement des actions continuelles, des hasards et des crises de tout genre inseparables du service que j'avois embrasse. Le peu d'expdience que j'ai acquis m'a con&4, vaincu que les perils et les obstacles for- ment la meilleure ecble pour l'homme de mer , et que celui qui a ete employe de manide a tout connoitre, qui s'est trouve assez depourvu de tout pour ne mepriser aucune ressoufce , sera infailliblement uri homme utile a son pays. Le 24, la Felice dant en dat de mettre a la voile, je donnai au capitaine Douglas ^ pour le diriger dans la marche qu'il devoit tenir desormais , les ordres et instructions qu'on trouvera dans le n°. V de Pappen - dice (1). Je lui confiai de plus le comman- (1) Voyea-ce meme numero a la fin du yolume. ii^ dement demeltf: de la CSte Nord>Ouest d^Amdfique^ 1788* et Tianna s'embarqua pour la secondefois a Septembr* bord de YIphigdnie qui devoit le conduire aux iles Sandwich. Nou&s prdd&nies cet arrangement apr£s quelques instans de delibdation. Car je de* sirois d'abord tr&s-vivJxnent ramener moi* me*me cet aimable chef dans son pays ; mais comme je ne pouyois rester que tr£s - peu de jours aux iles Sandwich , et que YIphi* genie etoit destinee a y passer tout Fhiver> nous decidanies qu'il seroit plus a propos que Tianna partit sur ce vaisseau.-C'etoit le moyen de Fattacher plus particulidement aux gens de l'equipage , et d'assurer a. ceux* ci protection et s^curite pendant leur"He^ jour aux iles Sandwich, sejour qui, selbn toute apparence, seroit de plusieurs mois. II Ihe me fallut pas d'autres motifs pour m£ decider a renvoyer Tianna sur YIphigdnie* Au reste, ce n'etoit pas seulement Fintdd de l'expedkion quisle youloit ainsi. Celui de sa propre surete nous auroit encore determines a prendre le mdne parti dans cette occasion. Wj§ Nous sav ions depuis long-temps par un des vaisseaux qui doient revenus des He$ Tome IL T SSI 1 29° ) > , 1788. Sandwich a la Chine apres nous , quertle Septembr. fr£re de Tianna, Taheo, souverain d'Atooi, avoit concu de telles craintes sur Faugmen- tation de puissance que ce chef pouvoit acquerir par ses relations avec nous, qu'il meditok sa perte. II doit plus que probable que, des qu'il le verroit de retour, il fer ok quelque tentative secret^ pour s'en clefaire. II convenoit done , pour le salut de Tianna , de le garder sur V Ipl$gdnie , attendu que , pendant le long espace de temps que ce vaisseau passeroit aux iles Sandwich , ce chef seroit en surete jusqu'a ce que Faeces de jalousie du tyran son frde fut entierement dissipe , et qu'on^les eut amenes Fun et Fautre a une reconciliation sincere. Nous envoyames #lors a bordgde YIphigdnie tout ce qu'il nous fut possible de lui ceder de nos diversesxprovisions, et nous resumes d'elle en retoj^ sa cargaison de fourrures. Nous primes aussi a bord une quantite consideralileiiide belles esparres , excellentes pour des mats de hune. Nous les destinions au marche de la Chine ou elles sont tres-rares, et cheres a proportion. II est constant que les bois de cette partifc v ( ^9* ) de FAmerique suffiroient pour fournir t§us j$$& les vaisseaux europeens de Ges utiles et pre* Septembr* cieux materiaux. Le 2.4 9 dans la soiree , les officiers et les personnes composant l'equipage de Ylphi* genie et celui de la Cote Nord - Ouest d'Amerique vinrettt a bord de la Felice pour nous faire leurs adieux. Tianna ne fut pas le dernier a nous donner cette marque de son attachement. Je dois rendre ici justice a son bon coeur, k son caractde aimant et affectueux : il etoit toujours des premiers lorsqu'il s'agissok de se moifttrer gendeux, ou de prouver ses sentimensscJl ne put dire adieu a Noota, (c'etoit le nom sous lequel j'etois gdidalement connu , tant en Amdique que dans les iles Sand* wich) sans etre agite de violentes convul* sions et sans qu'un torrent de larmes inon* dit ses joues. Et moi-meme , quoique pret, a'continuer mon voyage avec les plus bdles esperances de succes, je ne pus prendre conge de ce digne chef et des compagnons de notre penible entreprise sans des dnb* tions si vives, qu'elles eussent ete capables d'ebranler ma resolution si je ne me fusse empresse de m'en rendre maitre. T a %? ^^S. r Je fte sSrai^as moins juste a Fegard de Septembr. tons ceux Ifai ont d& employes avec moi dans cette expedition commerciale. Je ren- draiie plus >eelatant temoignage an ^ele a vet; lequel , je 'ne dis pas seulement les officiers de tout grade , mais encore toutes les personnes d%8irang infdieur s'accommo- ddrent aux circonstances critiques de notre situation. II fut necessaire de laire plusieurs changemens dans l'equipage des deux Vaisseaux pour donner a la Cote Nord- Ouest d'Amdrique un nombre complet d'offieters et de matelots ; en cette occasion, tous ne consul tdent que Finterd general de Fexpedkion ; et je crois de mon devoir de rappelier dans ces iignes consa- cree%4 la reconnoissance les sentimens que m'ont inspires leur courage et leur devoue- ment, et les avantages nomfereux qui^ en sont r&ultes pour les propifidaires. Nous levihnes Fancre alors , et la Felice nik a la voile, favorisee d'un bon vent de iiord-ouest. Au moment de notre depart, Feqmpage de YIphigdnie et celui de la Cote Nord-Ouest d'Amdrique jetterent vers nous trois cris qui furent repetes par tous les echos de Yunse des Amis. Nous leur fimet K ft • ■ ( 293 ) ' . >%, nos adieux de la m&me maniere, et avail* ^j&ffe la nuit, nous avions deja perdu? de vue Septcm*b£; Yentrde de Nootka. II ne sera pas inutile de faire reman* quer que le lendemain de Farrivee du sloup amdicain a Yentrde de Nootka , le contre-maitre destitue forca sa prison , et se sauva dans les bois, emportant plusieurs articles qu'il avoit voles. II espdoit obte- nir secours et protection de l'equipage du Washington. J'ai appris depuis qu'il y avoit reussi ; car le maitre de ce vaisseau, [je m'interdis ici d'examiner de quel droit (i) ] non - seulement lui envoya des provisions dans la retrake cachee qu'il s'etoit choisie (1) Je reponds : du droit que tout homme sensible a d'ecouter la voix qui crie au fond de son coeur en faveur du malheureux. Le maitre du Washington ne pouvoit connoltre les motifs qui avoient determine le capitaine Meares a ajsandonner ce contre-maitre sur une plage deserte. II ne devoit voir , il ne voyoit en lui qu'un homme souf'frant, denue de toutes res- sources , expose a tous les maux ; son premier mou- rement dut etre de le recueiilir sur son bord , et de le consoler dans ses peines. Qui pourroit Pen blamer % Note du Traducteur. T3 fm ^ p-s? #1 e ( ^4 ) 1783k an fond des bois, mais encore , ctis le mo- Septembr. naent oh nos vaisseaux furent en mer , le regut a bord du sien ou il lui fit monter une faction devant le m&t. ii«nuiiOT<ii ■» C HAP1TRE XXI. *! Ddtails des diverses nations que nous avons vues sur la cote nord-ouest d'Amdrique. Les quatre nations du pays de Nootka.—Leur situation ; noms de leurs villages , etat de leur population , etc. — La connoissance que nous acquimes des peuples places au midi de Queen- hythe est fondde , en grande partie , sur de simples conjectures. Wicananish nous fait une nouvelle enumeration de leurs villages.—Ddtails sur le continent d'Amerique depuis le cap Saint-Jacques jusqu'au midi. —- Climats. —• Saisons.*— Vents. —Tempetes. —Ports. — Navigation , etc. — II n'y a point de fieuves considdrables dans le district de Ventrde de Nootka. JN ous avions done quitte la cote d'Amerique. Tandis que la Felice va continuer sa route vers les iles Sandwich , je rempli- llil -il* f' T 4 IH 17S$. rai Fintervalle de temps qu'elle mettra a y Septembr. arriver, en donnant quelques details sur le pays que nous laissions derriere nous, autant qu'il m'est possible de le faire d'apres ce que j'ai vu par moi-mdne. J'y joindrai les observations qui se sont presentees a moi en visitant ces parages. Les liardis navigateurs qui ont entrepris de porter le commerce jusques dans cette partie de FAmerique, et qui y ont ete conduits !par Fespoir de se procurer*les fourrures dont elle abonde, avoient aussi cette louable et patriotique curiosite qui guidoit leurs devanciers , et qui en a encourage quelques - uns a rechercher de nouveaux pays pour les a j outer a la carte du monde connu. Mais de quelque zde qu'ils fussent animes, ils n'etoient pas maitres de ddo- ber a leurs operations commerciales, objet beaucoup plus intdessant pour eux, le temps • necessaire pour se livrer ayec fruit a de pareilles decouvertes. II est vrai que, tout en nous occupant du soin de nos interets commerciaux, nous nous trouvAmes jetsfees sur des parties de la -c$te que le capitaine Cook n'avoit pas visi- et£e$, et que nous commumqn&mes #vec des 'ft . • 1( ^97 ) fr ■ A' peuples qu'il n'avoit jamais vus. Mais le 178& grand objet de notre voyage douffoit en Septembr; nous tout desir d'entreprendre des decouvertes. Notre devoir et nos interets parti- culiers nous obligeoient de reculer vers les parties de la cote qui presentoient le plus de moyens de remplir le but que nous nous etions propose. Telle est la raison pour laquelle le compte que je vais rendre de cette portion du continent d'Amdique sera si borne. On lui trouvera Su moins, ie FesV pde, le indite de l'exactitude, et j'ose me* flatter qu'il pourra dre de quelqu'utilite a ceux auxquels sera confiee un jour la mission d'aller examiner cette extremite du globe. Ip Les parties dont nous avons une connois- sance plus particuliere s'dendent depuis le 45e jusqu'au 62e degre de latitude nord. ©'apres les observations astronomiques, la longitude est du so5e au a37e degre Est de Greenwich. Par cette longitude , nous en- tendons les limites occidentales de la cote jusqu'a la mer Pacifique du Nord. Toute la partie de ce pays qui communique aux baies d'Hudson ou de Raffin n'a pas encore ete viskee : elle est done absolument ,'sA ><S; / 1788. inconnue , et Fon ne peut rien conjecturer Septembr. de probable sur la question de savoir si ce * vaste espace est occupe par des terres ou par la jmer. C'est ce que j'ai deja fait re- marquer a mes lecteurs dans le Memoire qui sert d'introduction aces Voyages, et ou j'ai traite de la probability d'un Passage |^ norcLouest. rf* A l'egard <|es habitans d%cette cote si et<|ndue, nous connotssons quatre nations ^fferentes dont les occupations et les mceurs ffilnt beaucoup de rapport. D'apres tous les renseignemens que je suis parvenu a me procurer, il y a lieu de croire que le peuple qui habite V%ntrde de ( jfrootka, et qui s'etend egalement au nord et au sud de ce port, est tres-nombreux, maisApi'ii n'a pas la mdne fierte de carac- ide que' ses voisins plus septentrionaux*, f Ce mdne Maquilla avec lequel nos lee- * teurs ont deja fait depuis long-temps une intime connoissance, est le souverain de ce territoire qui occupe au nord tout Fes- pace jusqu'au cap Saint - Jacques, par les 5a degres 20 minutes de latitude nord, et les 228 degres 3o minutes de longitude Est jle Greenwich, Le cap Saint Jacques forme % - If "" " v$5 I *99 ) Fextremite meridionale du grand grouppe 1788; d'iles qui borne FArchipel du nord vers la Septembr; mer Pacifique ; du cote du midi , les do- maines de Maquilla se prolongent jusqu'aux iles oii regne Wicananish. II y a aussi d'autres chefs rev dus d'un pouvoir considerable , quoique bien infe- rieurs par leur rang aux princes souverains. Tels doient Callicum et Hanapa dont j'ai dejaparle avec beaucoup de ddails; et dont le premier a ete , j'ose le croire, un agrea- ble compagnon pour le lecteur dans plus d'un endroit de ces Yoyages. Comme nous n'avions point eu d'occasions de visiter les parties interieures , a quelque distance qu'elles fussent de Yentrde , nous ne pou- vons transmettre ici d'autres renseignemens que ceux que nous tenons de cet aimable chef. Done du plus heureux caractere, nous le trouvions toujours dispose a repondre a nos questions ; et comme il avoit recu de la nature une intelligence bien superieure a celle de ses compatriotes, il etoit en etat de nous donner des lumieres dans lesquelles nous pouvions avoir la plus entiere confiance , quelque loin qu'elles s'dendissent. C?est de lui que nourf apprimes qu'il y ii I ( 3oo ) IB *7*8. avoit au nord plusieurs vil&ges tres-peuples, Septembu gouvernes par les plus proches parentes de Maquilla et de Callicum , telles que grand'- meres, mdes, tantes, sceurs , etc. Quant aux freres, fils et autres parens males, le chef les tenoit aupres de sa personne par des raisons de politique. On peut se rap-». peller en effet qu'efr parlant dans un cha- pitre precedent d'un village ou Fennemi avoit fait une irruption soudaine , irruption qui donna lieu a Fexpedkion guerride des chefs de Yentrde de Nootka , j'ai dit que ce village etoit gouverne avec un pouvoir sans bornes par Faieule de Maquilla. La mde de Callicum exercoit de mdne dana un autre district la souveraine puissance qui lui avoit ete ainsi ddeguee. Plusieurs autres villages reconnoissoient pareillement les loix d'autres parentes de ces chefs , qui , toutes, etoient prdes k se rdinir au heroin pour l'interSt de leur commune surete, et h executer avec une aveugle ob&ssance les ordres du chef souverain. Cette conftdera* tion formoit une veritable association politique tr£s - semblable an systeme general de gouvernement qui regnoit en Europe dans les premiers temps de la civilisation, urn —■•** ct qui est bien connu sous le nom de sys- 1788L; teme fdodal. Septembui! Le nombre des habitans de Yentrde du Roi George monte a trois ou quatre mille* Le capitaine Cook avoit estime que le village de Nootka renfermoit environ deux mille personnes ; et je ne pense pas qu'il soit survenu quelque changement dans la population pendant que nous etions sur cette cote. Mais il y a encore dans Yen* tree deux autres villages moins considerables , qui nous parurent, Fun dans Fautre ,. contenir quinze cents habitans. L'un de ces villages est s^:ue a une tres - grande distance de Nootka, vers le haut de Yentrde, dans un district sounds a la jurisdiction d'Hanapa. Au nord de Yentrde il y a quatre villages, et Fon en compte au midi un pareil nombre. Maquilla en est le chef. D'apres les reche^ches les plus exactes, il est reconnu que chacun de ces villages renferme a-peu- pres dix-huit cents personnes , d'ou il re- sulte que la totalite des sujets de Maquilla ne monte pas a plus de dix mille; et certes ce n'est pas un nombre bien considda- ble pour occuper une si vaste dendue de • ( 3oa ) '*78®. pays. Mais les guerres frequentes qui de^ Septembr. solent ces petits etats, les affreux exces auxquels se portent ces peuples canni- bales dans le combat et apres la vic- toire, expiiquent assez pourquoi la population fait si peu de progres dans ces villages. Le district qui avoisine Yentrde du Roi George au midi est celui de Wicananish. Quoique ce prince ne soit pas regarde Comme Fegal de Maquilla par le rang, il -est cependant tout-a-fait fibre et indepen- dant, et sa puissance surpasse de beaucoup celle de tous les autres chefs de ces^eon- trees. Dans ce mdne district resident les ehefs Detootche et Hanna. Ils gOuvernent en souverains deux petites iles et ne rele- vent de personne. Ces iles sont situees un peu au nord du Port Cox. Chacune d'elles peut contenir environ quinze cents habitans, et je n'ai point entendu dire qu elles aient aucune autre dependance. C'est au Port Cox que Wicananish fait sa residence la plus habituelle. II y vk dans un dat de magnificence a laquelle celle d'aucun de ses voisins ne peut etre compares. II est egalement aime et redoute des il " ( 3o3 ) • " W autres chefs. Le nombre de ses sujets monte 1788. a environ treize mille. En voici le calcul Septembfr approximatif que nous tenons de lui-meme : Au Port Cd&, quatre mille : au midi du Port Cox jusqu'au Port Effingham, et dans ce port, deux mille : et dans les autres vil~ lages situes dans toute Fetendue qui conduit a Fembouchure des detroits de Jean de Fuca sur la cote septentrionale, il peut y avoir environ sept mille personnes. La finisstot les domaines de Wicananish, et commencent ceux du dernier chef du ter- ritoire de Nootka, nomme Tatootche. Wicananish nous* apprit lui - meme les moms d'une partie des villages qui lui ap- partenoient. J'ai retenu ceux qui suivent $ Kenoumahasat, Utk-u-wilett, Chaisset ± Elesait, Qu-quaet, Lee-cha-ett, Equo- lett, How-schuc-selett, E-lolthuit et Nitta* natt. Ces noms sont ecrits tels que Wicananish les prononcok. J'ajoute qu'en passant le long de la cote', nous eumes communication aveo plusieurs de ces villages dont les habitans vinrent de notre cote jus) * qu'en mer , principalement ceux de Nitta- natt, cYElesait et aVE-lolth-it. D'apres ce que nous vimes de ia population de ces m , t ¥■■ m m '' I - . 7 . (3o4) 1788. villages dont nous fumes a portee de jugef Septembr. parfaitement, nous estimdmes que ce chef, soit par modestie, soit par ignorance, avoit calcule la totalke de ses sujets bien au- dessous de leur vdkable nombre. Les naturels gouvernes par Wicananish sont un peuple fier, courageux , robuste , et sup&ieur, sous tous les rapports ; a ceux de Yentrde du Roi George. J'ai remarque aussi qu'ils etoient beaucoup moins sauvages que les sujets de Tatootche qui reside sur File situee pres du cap Sud qui forme Fen tree des detroits de Jean de Fuca, et a laqueHe on a donne son nom. Nous i^avons eu que tres - peu de communication avec ces peuples : mais, d'apres la foule d'habi* ^ans quLse rassembldent pour voir le vaisA seau, et le nombre des canots, tous rem- plis de naturels, et dans lesquels ils vinrent nous environner, je ne crois pas porter trop haut le nombre des habitans de cette ile en le faisant monter a cinq mille. Le district de ce chef»s'etend jusqu'Jfc Queenhythe ; Wicananish nous apprk qu'il contenoit cinq villages, et environ trois mille habitans. Nous vimes le grand village cle •de Queenuitett pres de Queenhythe, et plu- *7& sieurs autres moins considerables , a me- J*,ePtcjn»1^ sure que nous avancions le long de la cdte Nous ne dumes la connoissance plus par- ticuliere d'autres villages places au midi de Queenhythe, qu'aux nouveaux renseigne* mens que nous donna Wicananish. 11 nous irepeta en effet les noms de plusieurs qui,, selon ce qu'il nous en dit, sont situes tres* avant vers le midi, et dont les habitans diffdoient des najturels de Nootka, non- seulement par le langage, mais encore par leurs mceurs et par leurs coutumes. Si nous avions pu douter de Fexactitude des details qu'il nous donnoit, nous en aurions eu une preuve incontestable lorsque nous arrivames pres de la babe de Shoal-Water. Car les deux naturels qui s'approchdent alors du vaisseau parloient un langage qui ne nous parut avoir aucune analogie avec celui de Nootka | et a leur habillement, ainsi qu'a la forme de leur canot, nous jugeames qu'ils appartenoient a un peuple tout-a-fait distinct des nations d'Amerique que nous avions visitees. Les noms suivans des villages situes au midi de Queenhythe ont ete transcrks au TomelL V m (3°§) e t'^8. moment indue ou Wicananish les pronon- Ntptempr* ^0it. Ce sont : Chanutt, Clanamutt, Chee<- mee sett ,Lo the-atsheeth , Lunee-cheett^ Thee-wich-c-rett, Cheesett , Lino - quoit , iNodk^my-gemat, Amnoskett, Nuisset-tuc- Jfank, Quoit - see - no it, Na - nww - chett et Chu - a - na -skett. . De cela seul que Wicananish connoissoit 4es noms de ces villages divers , on peut ^videmment conclure que lui ou quel* qu'un des siens avoit eu communication ^avec les naturels qui les habitent. Cette communication fut-elle le resultat d'un pro* |et ou Fouvrage du hasard ? Doit-on Fattri* - *buer a des relations de trafic imprevues , igu a la violence de quelqu'une de ces tern* j>etes qu'on sak avoir souvent pousse des *canots a une distance considdable, et avoir |ette Flndien epouvante sur des cotes eloi- ^gnees ou il trouvoit Fhospi&Rte' ou la mort f C'est ce que je ne prdends point expliquef ici, attendu que nous ne parvenions pa& toujours a nous faire entendre de ces sauvages , ou a les comprendre eux-m&mes. Ces villages sont situes par-dela les lignites de la partie de FAmerique comprise dans les quatre nations, qui s'dendent d«* ' jtlfv . . ( 3©7 ) ^ : ■ ^. •.; M Jlfis Yehtrde du Rbi George jusqu'aux iles j-g^ y/<? /# Reine Charlotte et k YArchipel duSeptembT, Nord, et dela a Nootka et au cap Shoal- 'Water* de sorte qu'dn peut regarder toute histoire des peiiples qui les habitent commi purehieht cOnjecturale, et comme ne m4- fltani point d'interrompre ici un fecit plus1 authe'ntique. Nous He" purries obtehir des naturels da Nootka aucune espece de fenSeigiieriiens sur les peupfres qui habkent le haut des detroits de Jean ds Fuca. Mais d'apres le rassemblement prodigfeux de ceux qui at- taqudent notre chaloup$, ori p£ut croire tju'ils sont tre^-rioixibren&. K-- -Le continent d'Anfdiqtt^ ne pre^sefrh%> presque de routes parts k Yteil que dei Tphaines inlnieiises de montagnes, ou d'im,- penetrables fords. Depuis le cap Saint Jacques jusqu'a Queenhythe -, espace que nous tivons considde conmie formant le district de NootMH, ei comme habits par les m$mes ftatidns, otr ne vbii pa's d'autre aspect; et Wt Foil y'feiliarque qdelqtie vstfid^ , c'e^t? bien pen de chose. Eii plusieurs endroi^^ te pa^ ^atoft itrex^i!t MitM^te la c&U^ V % (# $4 m w t ' ' v ( 3o8 ) 7 % '*?$$• mais Foeil se trouve bientot arre*t^ par* des Septembr. collines et des montagnes escarpees cou- vertes jusqu'au bord de la mer , ainsi que toutes les parlies de la terre qui sont plus basses, de bois tres-epais. Des chaines de rochers bruts et suillans, couverts par tout de neige au lieu de verdure , form oient le sommet des montagnes les plus devees. Nous appercevions 9a et la quelques places unies ; mais, outre qu'elles doient en tres- petit nombre , elles n'occupoient pas beaucoup. d'eten due. La temperature de ce climat , c'est a- dire, depuis le cap Saint-Jacques jusqu'au miui, est bien plus douce que celle de la c6te orientale, a Fautre c6te de FAmerique , dans une latitude parallele. L'hiver se fait ordinairement sentir dans le mois de novembre, accompagne de pluies et de vents violens de sud-est. Mais on ne trouve guere de glace dans le pays avant le mois de Janvier; et, encore, est-elle si mince a cette epoque qu'il est rare qu'elle emp&che les naturels de parcourir Ventrde dans leurs canots. Les petites an ses et les foibles ruisseaux gelent assez cominuneW if .. <3°9) II 1 I . " ment; mais je ne sache pas qu'aucun des 1788. habitans de Yentrde se soit ■ sonvenu deSeptembr; Pavoir jamais vue couverte de glace. #' L'hiver ne dure que depuis le mois de iiovembre jusqu'au mois de mars. Pendant cet intervalle la terre est couverte de neige. Elle fond dans les terres basses et unies au mois d'avril, et des cette epoque, la vegetation a fait de grands progres. Avril et mai sont les mois de printemps ; en juin, 1'on a deja. cueilli les fruits sauvages. Au nord de Yentrde du Roi George, le froid est plus yif, et les hivers sont plus !ongs. Par cette raison m£me , le froid diminue vers le midi, et Fon peut presumer que le pays situe par les 45 degres de latitude sud est un des climats les plus doux et les plus agreables Ju monde. Le mercure du thermometre se ten oit souvent, au milieu de Pde", a 70 degres, sur - tout dans les anses et havres qui se trouvoient a Fabri des vents du nord ; mais , le soir, il descendoit rarement au- dessous de 4°» ®n se chauffok avec plaisir en mai et en septembre ; mais nous attribuames ., en grande partie , ce hesoin V3 I le (• ^° )| ^788. que nous eprouyions d'avoir dn feu , aux Sfigifurfw. yents de sud-est, qui etoient toujours &c-* compagnd de pluies et de froid$ tr@s,-pi- quans. Les yents de nord - ouest, au cpn-i traire, soufflent sans d^janger le temps-, ft sont plus, chauds que froids, Les vents qui regnent dans les mois. d'de sent les. vents d'ouest. lis se font senior sur toute la mer Pacifique du Nord , au nord d^k 3oe clegre de latknde nord ■> de mdne que les vents d'est soufflent invariablement a Fequateur depuis ce m&me degre de latitude. . Les ouragans venant du midr sont tres-? communs pendant les mois, pE^hiver ; mais, il n'est pas a presumer qu'ils soient assez violens pour empecher en aucun temps d& Fannee les yaisseaux de faire voiles le long de la cote d'Amerique* ||| On trouve, dans le district de Nootka^ plusieurs ports qui peuvent, recevoir , sans, le moindre danger} des vaisseaux du port le plus considerable. \lentree du Roi George, n'est absolument formee que de havres et 4'anses parfaitement abrites contre la violence de tous les yej^ts*. \e Post. Cox et f 3fr* > f% JPof# Effingham sont les plus d&ndua g 1788& et, en meme temps , ceux qui pf^sentent Segtemh^ le plus de s&rete ; et Fon peut conjecturer avec assez de fondeiaent qu'au nord de Nootka jnsq&'au cam Sqiz&t - Jaeques?, il y a des canaux et des havres semblables k ceux dont j'ai de'yk donne la description*. Au surplus , cette cote est facilement navigable, tant a cause de la profondeur des eaux que parce qu'elle n'offre aucun danger*. J'observerai ici ^ comme une chose assess. lj remarquable , que , pendant toute la duree de mon voyage le long de la c6te , je n'ai pas vu un seul fteuve dont Fetendue me- rite d'etre citee. De tr^s - petits ruisseaux Venoient de toutes parts se decharger dans la mer; ils doient presque tous-formes efe entretenus par les pluies et par la neige qui s'ecouloit des montagnes. Nous ne trouvames n^on plus qu'un tres - petit nombre de sources. Ces diverses. observations et plusieurs autres encore , jointes aux renseignemens que nous pumes obtenir des* raturels, me portent souvent k croire que la terre que nous avons prise pour le con? &nent d'Amerique, etok une chaine d'iles^ I m I i v'i - ' ■ -- m (3ia) 1788. s©paree dxi continent par des canaux d'unfc Scptembr. tr&s-vaste etendue (1). (1) On trouvera cette opinion qni , apres tout, n'est qu'une conjecture , amplement discutee dans Fun dea Memoires qui servent d'introduction a cet outrage , at\ l'endroit ou il est parle du voyage du sloup americaint le Washington, dans l'aulomne de 1789 ; voyage dont les details n'ont ete connus que loysque j'etois deja. fort avance dans le recit du mien. Note de I*Auteur*. (3i3) CHAPITRE XXII. 1788. Septembre Suite des ddtails sur le district de Nootka. — Vdgdtaux. —-Prodigieuse abondancc acmes bonnes de fruits sauvages. R it manger, etc.—Quadruples.—Cerfs. Renards.—Martres. — Hermines.— Ecureuils. — Animaux marins. Ra- leines , empereurs , veaux marins , etc. — Quelques details particuliers sur la loutre de mer. —- Diffdrentes espdces d'oiseaux. Oiseaux aquatiques. —— Poissons de diffdrentes espices* — Ma- nidre d'en prendre quelques-uns.— Pep- tiles. — Insectes. —Mindraux.—Conjee* tures sur les mines de ce pays, etc. Xjes productions vegetates du district de Nootka dont je suis parvenu a. me procurer la connoissance , ne sont pas en grand nombre. Je dois avouer, d'ailieurs, que mes recherches en botanique ne pouvoient pas s'dendre fort loin. On trouveroit, sans / (3*4) 1788. doute, en ce pays, une collection de plantes. •Sfptsw&r. et d'animaux suffisante pour augmenter considerablement la botanique et la zoologie ^ mais je ne possedois pas les notions neces- saires pour me rendre utile dans ce genr^ de sciences; egaiement agreables. II en a ete de moi comme de tous ceux qui se sont trouves charges d'une expedition dont le commerce doit Fobjet principal ; c'esfc-a- dire que , non-seulement il n'importoit pas* que j'eusse des connoissances dans ces deux branches de la philosophic 1 majs encore ;queje dusse faire eeder anx intd'ds mercan-- tilles qui nous etoient confi.es , toute recherche qui eut pu etre utile a ces, sciences. Parmi les arbres qui peuplent les fords? de Nootka, nous rem.arquames le spruce noir et blanc , le pin et le cypres. Nous en. vimes aiissi beaucoup d'autres d'esp^ces di- v-rses dont la forme et les feuiiles nous etoient absolument ineoiinues, et dont plu«* greurs pourroient et e employes avec sue- ces a la construction des vaisseaux. Le boku de quelques - wis de ces arbres. se treuva si dur que ce ne fut pas sans les plus grandsL efforts qu'on parvlnt a lui donner la forme eonvenable. Nous reaiarqufc>.ea partieu-^ 1 ■ '■" Iteyemenfe dans Yentrde du Roi George, au 17S8* JP#r/ Cox, au Por2 Effingham., que les ar^ Septembr« bres y croissent en genera] a une hauteur assez forte pour qu'on puisse en faire des, ra&ts. de toute mesure._ || Sur les iles couvertes de rochers, ainsi l|ue dans les bois, nous rencontrames a to-ut instant le fraisier sauvage. Nous vimes aussi du raisin de Corinthe noir, et; des grose'Ur liers qui ne>senibloient porter du fruit qu'en certains epdroits. On y cueille encore un^ gspece de framboise d'un gout delicieux , et qui nous parut d'we qualite bien supe- ^i'eure k tous les autres,. fruits de la meme espece que nous anions manges jusqu'alors. Elle croit sur un framboisier beaucoup plus, grand que notre framboisier d'Europe , et qui n'a point d'epines; mais le fruit e§t si 4dicat qu'u^ pluie de quelques momens suffit pour le detruire tout-a-fak. Enfin, on y trouve ai^ssi un petit fruit rouge , as&Qft semb^able pour la forme, la grosseur et le gout, a notre groseille , et qui croit $11 gji>ondance sur des arbres d'une hauteuj? considerable, C'est la nourriture favorite j§£S naturels, et pendant les mois de juillet et d'aoiit ^ leur occupation principale doit I (3i6) 17S8. de le cueillir, ainsi qu'une espece de nrfire Seprembr. de ronce , rouge et blanche, mais bien plu* grosse et bien plus savoureuse que le fruit Jl sauvage de cette espece que nous avons en Europe. A la quantite de fruits a graines que les naturels nous apporterent, nous juge&mes que leur pays en produisok une grande abondance. C etoit pour notre table un mets de plus , egalement sain et agreable ; et les matelots mangeoient chaque jour une es- pece de boudin fait ayec ces fruits. Nous conservdmes aussi plusieurs tonneaux de fruits rouges avec du Sucre; ils nous dure- rent plusieurs mois , et nous furent d'une grande ressource en mer. - Ii croit par-tout a Nootka une prodi- gieuse quantite de porreaux sauvages. On y trouve beaucoup de racines de difFerentes especes, tres-bonnes a manger : quelques* unes ont le gout d'epinards de mer. De plus, quand on ne pourroit pas s'en procurer , on les remplace a merveille par des tetes d'orties nouvellement poussees, que les naturels aiment a Fexces : ils choisissent les plus jeunes , detachent une peau tres- mince, et les mangent toutes crues. Sur les bords de la mer , nous vimes ug&L teaucoup de bled sauvage ou pied-d'oie (i). Septembc Dans les bois, nous appercumes par-tout la rose sauvage et l'eglantier odoriferant. L'air en doit parfume. Nous trouvames aussi Fanthericum qui porte la fleur d'o- range , et plusieurs autres especes de plantes dont mon peu de connoissance de la bota- nicjue ne me. permet de faire ici ni Penu- meration ni la description. En effet, les divers travaux que nos interds de commerce exigeoient sans cesse, ne nous permettoient guere de nous livrer aux recherches et a Fetude de la philosophie naturelle : mais il y a tout lieu de croire qu'nn homme ins- truit dans la botanique, qui visiteroit cette c6te en ete, y augmenterok de beaucoup la masse de ses connoissances dans cette science egalement utile et agr^able. Nous n'eumes occasion de voir qu'un tres-petit nombre de quadrupedes; c'etoient des daims, des ratons , des martres, des ecureuils et des renards. Les daims que nous resumes des chefs en presens doient tres- i ■ miimiwii w.'h)Wiii'-)ii ii,W".<u.'mM»m i""wj CO Espice d'herbe. / 3* *• y» • , i k - \ 3i8 ) h A .... .v4|i"§f# peiits* dials nous en avons vu d'autres cnez Septembr* eux de Fespece du tenhe, d'une grandeur extraordinaire > avec du bois sur la tde. Nous penscms , au reste , qufc ces derniers > n'y sont pas tr£s - communs : il est constant que > dans toutes hos excursions, nous h'avons jamais ete assez heureux pour en rapporter a la maison , quoique ilOus eri eussions vu et mdne blesse quel qtuls-tins. Les renards sont beaiieoup moins rares. lis different singulierement pour la gros* seur et pour la couleur. Quelques-uns sont jaiines ; leur.noil est long, la fourrure tres- douce et d'une fort belle qualite. D'autres Sont d'un rouge sale; unes fFois'i^me espece l!st de couleur cendree. La martre a la plus parfaite ressemblane^ avec celle du Canada (1) , sur-tout par ld grosseur et par la forme. Mais elle n'esf (i) Les diverses esp'eces d'animaux qu'on trouve a Nootka sont absolument les memes que ceux qui peii- pient les fbrets de FAmerique septentrionale ; la tem- ..^efature de ces deUx climats etant £galemeiit firdlde > les animaux a epaisses fourrures dojyyent s'y rencontrer en egale quantite. "Voici ce que dit le pere jDucreuib^ dt$ forets dm mm ■. . ■ 7 - point aussi noire, et la fourrure "n'e'n est vj%%. pas aussi precieuse que.celle des animauxScfafei^inV ,.., ,i- 'Canada 5 dans son His'toire de la ^Mou'veile-IVance i tx Magna ifl siwis qtiadrupeduiti c6jjia. Qu&$ amoian- tes nemora habent nostratia , easdfcm a^iid eos foleras* l|He reperias : accedimt cdmplures quibus caremus, iii- signiores . $ Nee desunt animantes aliae qua'rum pelles vel ad ves- titum adhibeairt , vel aliis mercimoniis permutent § ursi, lupi marini#, lutree , ex mustellarum genere es© qugfe martes dicuntur \ adipemque et nervos et ipsa adeo Viscera indidemque-expressum oleum scite in varios vitse usus verturlt ?>.. Hi&toriaie Canadensis libro primo f pag' 5 i . J'ajouterai les details que nous donne /. Iiong dans $es Voyages que j'ai deja cites g a Le pays abonde par-tout en animaux sauvages■. Oh j trouve sur-tout Fours, le re^ne et autres especes de €aira , le castor , le lyitx, le rehard , Fecufeiiil, le p&cheur , la loutre , le martin ? le chat sauvage , le raton , le ioup , le rat musque, etc. On n'y rencontrfc guere que quelques habitans sauvages, errant d'un lieu a Fautre pour se procurer de quoi subsister , se nour- iissant des animaux qu'ils tuerit , excepte du putois au'ils ne mangent jamais, a moins qu'ils ne soient en proie a une faim deVorante x>. Voyages chez diffdrentes nations sauvages de VAmerique sepfentrionale^ $r$$uj$s d© Fanglois de /. Long. Note du XrauucteuTi (Sao | ' ^788. de la mdne espece apportes de ce dernief Se^tembr. pays. II y a aussi a Nootka une autre espece de inartres dont le poil est si rude que les naturels ne font que tres - peu de cas de leur fourrure, si toutefois elle a pour ijl&eux quelque valeur. L'hermine est tres-rare : eelles que nous vimes doient de couleur tirant sur le jaune; aucune n'avoit cette blancheur eclatantequi les fait si fort rechercher en Europe. II ne nous parut pas non plus qu'il y eut a Nootka une grande quantite de ratons ni d'ecureuils; les premiers sont aussi doux que ceux de FAmerique orientale ; les seconds, plus petits que les dureuils d'Europe, n'ont pas la couleur aussi brillante. Pendant le temps que nous passames sur la cote, nous ne vimes que deux peaux de castor ; mais elles etoient les deux plus belles fourrures de cet animal que je me souvinsse d'avoir jamais vues (1). (1) Cet animal si industrieux est trpp connu pour que j'en entretienne ici le lecteur. Je me contenterai de rapporter quelques particularites qu'on trouve dans les Voyages de /. long, k Panicle ou il £a"rie des Les I-" 1MH Les natiarels nous parloient souvent '-des 1788. ours de leur pays. lis nous donhoient a en* Septembr* tendre qu'il y en avoit un grand nombre dans les fords, qu'ils etoient d'une nature tr^Srferoce, et qu'ils leur livroient quelquefois de te^ibles combats. Mais nous n'eumes jamais ,Je bonheur d'ta voir un seul ; et quoique plusieurs de nos gens sortissent de temps a autre pour alier a la chasse de Pours,, ils revenoient toujours au logis sans mt ' divers a-nima'ux qu'il a vus dan's FAmerique septen- trionaie. « Le castor ^ dit - il , est un ahimal Curieux , ittais tant d'auteurs en ont fait la description que je me bor- atierai a dire ce dont je crois qu'ils n'ont pas parle. On Fe voit 'rarement pendant le jour : il quitte son habitation apres le coucher du soleil, et sort, soit pour tra- yaillel" , soit pour chercher sa rio'urriture. Ii choisit «ussi ce monfeiit pour se baigner. Mais la singularity la plus remarquable de *Mt animal est qu'il laisse toujours reposer sa queue dans Feau afin d'empe'cher qu'elle ge^deyienne roide. Sa chair est tres-bonne , soit bouillie , soil rotie ; mais la meilleure partie c'est la queue :». Voyages chez differentes nations sauvages de l* Amerique septentrionale, traduits de /. Long, chapitre VI j pages 78 et 79. Note. du Traducteur* *% Tome IL X i ( &Z2 ) 1788. avoir eu au moms la satisfaction d'apper* Se.ptsmbr» > ce voir quelques-uns de ces animaux. Les animaux dont il vient d'etre parle ci dessus sont les seuls qui soient parvenus a notre connoissance. Mais il est plus que probable qu'il y en a plusieurs autres es- Bp peces qui habitent les fords de ce pays. Nous remarquaines, en effet , des pelleteries qui servoient a Phabiliement , a la parure , ou a Farmement des naturels, et qui devoient avoir appartenu a des animaux que nous n'avions jamais vus. Ii seroit cependant possible que les naturels se les fussent procurers par la voie de Fechange en trafiquant avec les tribus dont on peut presumer que les parties intdieures du pays sdnt peuplees. Les brebis de montagne, quoiqu'habitant la partie septentrionale de la cote, ne vont pas aussi loin dans le midi que jusqu'au district de Nootka. Au moins n*^VHnes«* nous jamais ni de leur toison rii de leurs cornes, dont les Indiens de Yenfrde du Prince Guillaume et ceux de xl^rwiere de Cook font si universellement usage. Les cotes de la mer. en ce pavs>,.sont peuplees d'uii $$&$. nombre d'animaux gr I' W^M I inarms , tels que les baleines dont oii^roiive 1788. les deuji especes ^ sa^fe' -%elle; des baleteis S^ptembr* 4 cotes , et celle des spe£tea>c'eti ; les gram* puses, les marsouins ht^s"Mlbtancs,les batf. feurs, les veaux marins, les lions demer^l les yaches marines, la loutre de rivideegigk plus que tous les autres animaux, la loutre de xaer$tf' Pendant Jfe^>iOrs^i^liOUs faisions voiles le long de fe Cote , nous vimes des baleines comme par troupeaux, et fumes quelque^ Ifcis temoins des horribBBsT^Smbats ^qui se livroieht entr'ttleS,Femperet|iet le bafreur. Ces moraffiresctremplissoi'ent Fair du br&& ^e leurs^effrpyables chdcs. Dans la chasse de la baleiiib ,rdes^4latllr^is prefdent les pe*- 4*ates qui ont Wtte croupe stir le dos, coifiSie i£tant .* lesBplus faciles |P tuiir. lis atta^feenft par la meme raison le lib-he de mer% l-k iMNlL - T y -. } ■ jg- 7:7 . ee p: vache marine, La qiM-h-rke prodi£ieus% db veaux jnarinseque noiis appercumes de tous cotes^efes Mnd^un%-proi^^r^S" facile pour'F^s aiaturei& que regarde^t 3fe-nr cfiair comnSb fane noiirritiiife dsell51e?«se. lis ont la'p^au. de couiedi«ia#^enteer, taldhdM^de''nfcfr;:l?8t 3je poil eniest^tre^*tM^'^^^^P^P 178$. La chair de la vache de mer et celle dtf Septemfer. Hon marin passe pour etre extremement delicate ; on la prdde meme a celle de la baleine. Mais Fun et Fautre sont rares vers Je xuidx. Pius au nord, on en trouve une grande quantite. ^Js«$lnombre de ces animaux que les naturels detruisent pour s'en nourrir, doit dre considerable^JLe marsouin et la grampuse semblent etre exceptes , jusqu'a un certain point, de cette destruction generale , n'etant pas £-a beaucoup. jpres , aussi estimees sous le double rapport de4 la parure e£_de Futi- lite. Mais quelque communes que puissent «e&ae les baleines dans le voisinage de Nootka, ce n'est rien en comparaison. de la grande quantite qu'on trouve de ces niemes animaux sur la partie septentrionale de la cote. II est certain que ces monstres. maribs se gjlaisjnt en general dans les climats glaces. La loutre de mer habke, je< crois , toittes les parties de la cote nord-ouest d'Amdrique, depuis le 3oe jusqu'au 60J degre de latitude nord. La fourrure de^-ce^Cjanimal jfstda plus riche qu'il y ait dans lelmonde. Elle est dun noir £e jais, f£ d'une beaute : ■ ■ f r, ' (32.5) . '^£ . S admirable. La chaleur singuliere qtfelle 1788.' procure en fait un habillement tres-pre-'Septemb.iV cieux pour les habitans des pays froids. Consideree seulement comme parure , elle a le plus bel eclat, et, arrangee ayec un certain appret, elle le disputeroit a Flier- mine eblouissante du manteau royal. La loutre de mer n'est pas fixee exclusi- vement sur FOcean qui baigne ia cote d'Amdique. Cet animal frequence la cote du Japon et celle de Chine , principalement dans la mer Jaune , et dans le yoisinage de Coree ; mais je n'ai jamais entendu dire qu'on le trouvat plus loin au midi. La nature semble Favoir forme pour viyre dans les pays froids : aussi les habite t il de preference. Avec Fadmirable fourrure dont elle Fa revetu , il peut soutenir la rigueur des hiyers les plus rudes. II y a, toutefois, quelques endroks particuliers 011 ces animaux se rendent en troupes , attires par le grand nombre de poissons qui les frequentent, et dont ils font leur nourrkure. I>a loutre de mer , comme la loutre de rivide , est amphibie par sa nature. Mais son dement*particulier est la mer. On l'^g- X3 »«ss v I 32$ ) xf8§. per^oit quelquefois a plusi§ujs lieues de> Spptemhr. term, endormie sur le dos , a la surface nieme de Feau, avec ses petits couches entre ses mammelles. Comme ils ne peuvent na- ger avant d'avoir quelques mois , la mere a, saris doute , un moyen particulier qu'il seroit curieux de eonnoitre, de les porter. sur la mer et de les rapporter a terre dans la retraite cachee qu'elle s'est ehoisie , ou dans les cavites profondes de rochers qui avancent dans la mer. Ce qu'on sait par* fakement, c'est qu'elle^ dort avec ses petits sur ses mammelles, et qu'en nageant, elle les emporte sur son dos; et si, malheureu- sement elle est attaquee par les chasseurs, la mde et les petits meurent toujours ensemble. Comme elle ne pourroit se resou- dre a les abandonner dans le moment du danger, ils ont tpus le meme sort. Les poumons de cet animal sont faits de maniere qu'il ne peut rester sous Feau plus de deux minutes, et qu'il est oblige de revenir k la surface pour ne pas perdre la respiration. Cette circonstance particuliere donne a ceux qui le poursuiyent un grand. avantage sur lui. Cependant la meryeilleusfc:. #■ ( 3^7 ) Llegerete avec laquelle il nage , dejoue tres- I78$.. $ouvent les mesures du chasseur le plus Septembr. habile. La nature a pourvu la loutre de mer de moyens puissans d'attaque et de destruction. Ses griffes de devant sont comme eelles de la loutre de riviere , mais beau--'- coup p'us grandes et plus fortes. Ses pattes de derriere sont garnies d'une membrane sur laquelle il pousse, comme sur ses pattes gde devant , un poil epais et rude. Sa gueule est armee de deux ranas de dents formida- bles. Aucun autre animal marin carnivore ne les a'plus fortes , si ce n'est le goulu de mer. La beaute de la fourrure varie suivant les differentes gradations de la vie. Les petits, ,ages seulement de quelques mois , sont converts d'un poil blanc long et herisse , qui protege et conserve le beau duvet qui est dessous. Les naturels arrachent souvent ce poil. rude, lorsque la fourrure quil cachoit commence rji etre d'un beau brun, et a devenir velouiee. A mesure que Fanimal avance en age , ce premier poil tombe , et la fourrure devient n^iratre, mais ne re- r-' *'" m ;.' ( 3aS) -» " 17 88. pousse jamais plus longue. Lorsqu'if est par- Septembr. venu au dernier terme de sa croissance, il prend une couleur noir de jais, et sa beaute augmente encore ; la fourrure devient alors plus epaisse, et est legerement entremeiee de polls blancs. Enfin , quand il a passe le temps de son plus bel eclat, et qu'il commence a devenir vieux, sa peau change de couleur : elle tire sur le brun obscur, et consequemment elle diminue de valeur. Voila ce que j'ai pu reeueillir de plus certain sur cet animal cuMeux et d'un si grand prix ; car il me seroit impossible de decrire les differentes especes de peaux de loutres qu'on vint nous proposer a acheter. D'apres Fetonnante variete de couleur que nous remarquames dans la fourrure qui change par degres du brun de ch&taigne an noir de jais, il est tres-difiicile de determiner d'une manide bien precise Pepoque de sa vie oil il atteint sa plus grande perfection. D'abord, nous criimes de bonne foi que ces peaujg doient eelles de diffe- rens animaux, ou de diverses especes de loutres de mer : mais nous parvmmes en- suite a decouvrir ce que je yiens de rap- i:' (3a9 > ■ j l. . _ f. poster sur les changemens prdgressifs que 178& subit cet animal, et par lesquels il arrive aSeptembrt sa plus grande beaute ; peut - dre aussi la reunion d'autres circonstances contribue- t-elle a accelerer ou a retarder 1'epoque de son entide perfection. Je suis porte a croire qu'il change tous les ans de fourrure, soit en depouillant Fancienne, soit en en pre- nant une nouvelle; je pense, en outre, que la peau de cet animal est susceptible d'e- prouyer des changemens considerables par les variations des saisons. Nous remarqua:- mes effectivement que la fourrure des loutres tuees l'hiver etoit d'un plus beau noir, et, sous tous les rapports, d'une bien meilleure qualite que celle des loutres qu'on prenoit Fete ou Fautomne. . Les Chinois qu'on doit regarder comme les meilleurs juges de ces pelleteries , les classent sous huit ou dix denominations , et fixent pour chacune un prix proportionne qu'ils ne nous laisseroient jamais discuter dans les echanges que nous faisons avec eux. Comme trafiquans de fourrures, ils ne se sont pas forme une haute opinion de nous, et peut-etre ont-ils eu raison. *i m m m MSB?) fi5i-Vl - i :|c33°) • " *7SS.^j Le m&le de la loutre est, sans compa- Septembr; raison, infiniment plus beau qtje la femjjite. II est facile a distinguer par un noir de jai^ beaucoup plus eclatant , ainsi que par le veloute de sa peau ; tandis qu'au contraire , le poil dont la femelle a la tete , la gorge et le ventre couverts, non-seulement est de jcouleur blanche , mais encore d'un tissu tres-rude et tres-grossier. Les fourrures les .plus estimees sont eelles ou le ventre et la gorge sont parsemees en beaucoup d'en- droits, d'un poil brillant et comme argente, et le ventre couvert d'un poil noir tres- ^pais, d'une extreme beaute , et dont le lustre ne le ced.e point a celui de la soie. II est certain que , dans cet etat, la peaii de loutre de mer peut fournir un habillement mille fois pies beau , sous tous les rapports, que celle d'aucan autre animal connu. On pretend a la Chine que les peaux des loutres qu'on prend dans les mers de Coree ou du Japon sont bien supdieures a eelles de Russie ou de la cote nord-ouest d'Ame-> rique. Comme ces animaux parcourent par trouf? M (331} '^ -; pes nombreuses toutes les partie^ de la cote :e*g8&. d'Amdique, les naturels peuvent les attra- Septemb^ per sans beaucoup de peine. Non-seulemenf ils trouvent dans la peau de la loutre une parure magnifique, et un v dement qui les protege contre l'aprete des froids de leur climat; mais la chair de cet animal leur fournit encore une nourriture excellente , et qu'ils aiment de preference a toute autre. La loutre de mer differe de la loutre de rivide ou capucca, ainsi nominee par les habitans de Nootka , et qui est la meme que celle du Canada. Elle est de beaucoup supdieure par sa forme, sa grosseur et sa fourrure. Les diverses especes d'oiseaux qui fre- quentent la cote d'Amdique ne sont pa;% tres-multipliees. Nous y vimes la corneilie , la pie, la griye , le grimpereau, le roitelet, le martin-p^cheur , Falouette de terre ordinaire , le pluvier, le faucon , et Faigle a tete: blanche. Nous appercumes aussi quelquefois , mais tres - rarement, le pigeon ra* mier. Les oiseaux de mer s'y trouvent en plus grand nombre. Ce sont les mouettes et les m {Mil ( 3oa ) iySB. shags (1) ordinaires ; plusieurs especes dif- Septembr. ferentes de canards et de plongeons ; le per* roquet de mer, et beaucoup d'autres dont les noms ne nous doient pas connus. On peut se procurer, tant sur la cote que dans les entrees ou havres, une quantite prodigieuse de poissons , et entr'autres , le halibut, le hareng, la sardine , le breme argente , le saumon , la truite , le cod> le poisson a trompe, le goulu, le chien de mer , la seche , et beaucoup de poissons de rochers. Nous en vimes cle toutes ces especes chez les naturels qui les avoient at- trapes. II y a encore, selon toute appa- rence , un grand nombre d'autres especes qu'on ne peut pas prendre avec le harpon, seul instrument dont les naturels se servent" pour la peche, et nous n'avions ni ligne/ ni filets. Au printemps, les harengs et les sardines arrivent par troupes sur la cote. Le hareng a sept ou huit pouces de long ; il est, en ( i ) Par ce nom les Anglois designent un oiseaii de mer dont j'ignore le nom francois. Note du Traducteur. 71 ' '■ ( 333 ) general, plus petit que celui qu'on pren^ i7g& dans les mers d'Angleterre. La sardine res- S^pteaafej semble a celle du Portugal. C'est un inane ger ddicieux. Les naturels les preniient ici par milliers. lis en chassent^iine- grande jquantit4 dans les petites ;anse-s-- et vers les eaux basses, ou se tiennent dans, des canots, quelques hommes occupes a agj^er l^gau | tandis que d'autres font couler Afp^d des, branches de pin avec des piejaj^s. Le ppisr son devient alors tres-facile a prendre, et ils le recueillenudans des^aquets de bois ou dans des corbeilles d'osier. Nous avons vu les naturels en rapporter des provisions si considerables que tout un village ne suf- fisoit pas pour le nettoyer ayant qu'il com- mencat a pourrir. Lorsqu'Ut,ja*..sjibi cette, operation^ on le place sur des .baguettes , on le suspend par rangees, et a. une cer&t taine distance 9,&xx dessus du i feu des ca-. qu'il est assez sec , on FembaUe avec beajfr- coup de soin clans des nattes,ret onie met eji reserve comme une partie .eJLun^^axu^ toes -cpnsglesafl^l^.. de la nrpyision d'hiver^ #&?nfe»de )uiA#« *m m (334) I "$$$8. se peche la sardine. A cette epoque, quel? Sepiembr. qUes - uns des naturels se postent sur des eminences choisies a cet effet, pour vol? arriver le poisson dont il est tres-facile de reconnoitre Fapproche a Fagitation singu- liere de la mer. Tous les autres s!embai& quent alors dans leurs canots pour allet commencer la pe'che. Ils prderent la sardine a toute autre espece de poisson , ex- cepte le saumon. Le saumon se peche dans les mois de juillet, d'aout et de septembre. II n'abonde pas dans ces mers comme les autres pois* sons ; mais il est d'un gout exquis. On le coupe en deux, on le pait secher, et on Fempaquete de la maniere ddrite ci-des- sus ; les nat&rels le regardent comme un manger tres-ddicat. Le saumon du district: t%eJlISfojotka est tres-different de celui qu'on pe'Che vers le riord. Ce*dernier est d'une espece bieir tnrerieure; c est le meme que celui du Kamstcnatka. SP endaiEt le*sejour que^llclusTames k Yen* ' x tfdd^jdu Rcii (George, nous vimes tres-peu de gouluf de'mer et de halibuts; mais ie ( 335 ) meilleure qualite. On Fapprete, comme les 17$?* autres poissons, pour la provision d^hiver. Se$kemfaffV Nous trouvames ici le happeur rouge^j mais il n'y etoit pas commun. Nous appercumes aussi de temps a autre la srande sic he que les naturels ont grand plaisir a manger toute crue. Les moules sont tres-grosses. Elles reii- ferment une petite perle qui ressemble a une graine , grosse a peu - pres cptnme la^. tete d'une epingle , tres-mal conformee, et nullement transparente. Nous vimes aussi des oreilles de mer, des pdonclesydiyerse-sv especes de moules, des poissons etoiles, et' plusieurs autres productions marines en abondance. Le petit canere de mer est excellent a mangdvOn en trouve une grande quantite dans ces, mers. e, ;£a Les rep'iles de cette contree se bornent [dm moins -autant;que j'ai pu etgiidF^ tne*9 eOniibissanceis eWee genre) a Ju|^,®Bli|JI'i¥^ pent de couleiir Brtiiie s Ion2; d'enySron dfSf- [Edit pouces. et qui fait d^slfuWItentend li moindre bruit. Nous n'en decpuvrimes point d'autres dans nos jfrequentes excursions a]$ nnjieu des.boisv ^i&si, on peuMes |r##^ ( ooo / 1^88. ser sans crainte de rencontrer ces dange* Septembr, reux et venimeux reptiles qui infestent la pay tie orientale de FAmerique ( 1 ). Mais X , (1) Le lecteur trouverav peut-etre avec plaisir ici quelques details sur les serpens qui habitant 1'Amerique septentrionale. lis sont tires de ma traduction des Voyages de J. Long. Quelque suspect que je puisse paroitre d'une certaine complaisaace pour mon outrage , en le citant aussi souVent, je ferai remarquer que c'est le voyageur lui-m£me que je cite, et non pas moi '. au surplus, mon excuse est dans Futilite des observations de tout geare dont il a enrichi le journal d[e ses voyages. Voici done les details qtrjil nous donne sur plusieurs especes de serpens de l'Amerique septentrionale. u Pendant mon sejour pies du lac Schaboomoo- chooine, je vis une grande quantise de seitiens. T0ii jour entr'autres que je me promenois dans les uots,*je' decouvris un de ces reptiles sous l'herbe -; au moment ou je l'appe^us je coupai un long baton, et le laissai tomber tout r«loucement sur la tete du serpent \ il se>. remua sur le chainp et je pus entendre distinctement ses. sonnettes. Tandis que j'observois le briHant de ses cou- Teuit qui etoit d'une beaute au dessus de toute expression, il se reptioit en cercle comme une corde pour se lancer autcfclr de moi ,^eela m'av&l&flsdu danger que f£ courois j je saisis le baton par la pointe ? et lui laissai on ..*.' ... <337) on y est assailli d'epaisses nu^es de mos± ty quitos qui sont trd- incommodes pour les Septembr; f tomber le gros bout sur la te'te ; la force1 du coufi l'etourdit 5 je profitai du moment, le frappai de nouveau et le tuai. Je le mesurai ensuite , et trouvai cm© sa longueur etoit d'au moins cinq pieds et demi , et la partie la plus grosse d'environ quatre pouces de circon- ference 5 il avoit neuf sonneltes a la queue, ce qui , selon les observations generates , annoncoit qu'il avoit neuf ans. Je ne crois pas cependant que ce soit un grand.motif de certitude : car, on ne sait pas au juste en quel temps la sonnette commence a paroitre." » La chair de ce reptile est delicieuse , et j'en ai iouvent-mange avec grand plaisir. ^'ai vu les Indiens JL'empoifionner avec du jus de tabac. » Tandis que j'en suis sur cet article , quoiqu'il ne soit pas tout-a-falt de mon ressort, je me permettrai quelques remarques sur le serpent poule-d'eau et sur le serpent d'eau noir,. •» Le serpent poule-rd'eau est plus long que le serpent a. sonnettes. II a des bandes sur le dos , une pointe au bout de ia queue, recourbee comme une ancre, et un double rang de dents dans chaque'machoire. II ■mknd son nom de sa voix qui ressemble au cri d'une poule sauvage. Au Mississipi, il se nourrit de ri« sau« yage qui croit a travers les longues herbes 5 il porte s4 tete le plus souvent droite , jette un cri semblable *\ ielui de :la: poule pour at&rer cette derniere : qu Tome IL iPl-'' % ' { 338 ) '. % xf&2. naturels (1). Nous vimes encore des p^ll-^ ?ptembr. locS de diverses especes* Quelques - uns. doient d'une grandeur extraordinaire et -*s~ l'oiseau approehe, le serpent lui lance sa queue dans le corps , et en fait facilement sa proie. >? Le serpent d'eau noir est employe par les Indiens lorsqu'ils vont a la guerre. Ils lui arrachent les dents , tfouent sa tete et sa queue ensemble , et se l'attachent autour du corps, ce qui le fait bient6t mourir. Ils s'en debarrassent chaq :.e soir, et se le remettent tous les ma- tms"». Voyez ma traduction des Voyages de J. long, xhapitre XV, pages 285 et 286. Note du Traducteur. (1) Voici ce que dit de ces mouches importunes le x^bustier Raveneau de Ltissan , qui traversa en 1688 I'isthme de Panama en revenaAt de la mer du Sud. a Quand les Indiens du cap de Gracias a Dios sont pris du sommeii , ils font un trou dans le sable ou ils se coucheat, et ensuite ils se recouvrent avec le meme, sable, ce qu'ils font pour se mettre a Gouvert des in- sultes des moustiques, dont Fair est le plus souvent -fput rempli. Ce sont de petits moucherons. qu'on sent pluto.t qu'on ne les vpit, et qui ont un aiguillon si piquant et si venimeux , que lorsqu'ils l'appuient sur vquelqia'un | il semble .que ce soit un dard de feu qu'ils ■y lancent. ■ >&. Ces pauvres^gatns-soiS-si tourmentes de ces faclieuac (339) 1 |- d'une rare beaute. L'abellle, la mouche i7sg, commune, et les differeptes especes de Septembr, teigne se trouvent en grand nombre a Nootka. Ce sont les seuls insectes que je me souvienne d'avoir vus sur la cote nord- ouest d'Amerique. Quant aux mineraux de ce pays, nous n'en pumes gude juger que par les diffe- rentes sortes de mine que nous trouvames chez les naturels ; et d'apres ces echantil- Ions, je suis tresporte a croire qu'ils sont d'un prix infini. Les blocs de cuivre pur malleable que nous avons vus entre les mains des naturels , ne nous permettent pas de douter qu'il n'y ait des mines de ce metal clans le voi- sinage de cette partie de la c6te nord-ouest. On nous en presenta une fois un morceau qui paroissoit peser environ une livre , et au travers duquel on avoit perce un trou j&£H - 95S m insectes quand il ne vente point, qu'ils en devienneifl* comme lepreux », yoyez les Etudes de la Nature de Rernardin de Saint-Pierre, tome III, etude 12, pages j5 et 76. Note du Traducteur^ Ya J %j%$. assez grand pour y placer un raanche afin Septenibr. d'en faire un marteau. Nous demandames k 1'h.omme qui en etoit possesseur d'ou il le^tepok. II nous donna a. entendre qu'il . I'a volt .recu en echange de quelques naturels qui habitoient plus au nord. Nous avons vu aussi quelquefois des colliers et une espece de bracelets qu'on placok au- tour du poisnet, et qui etoient du cuivre le plus pur. Rien n'annoncoit qu'ils eussent appartenu a queltpi'Europeen. Les naturels fabriquent une espece d'ocre rouge , grossiere , pour se barbouilier le . corps, et sur-tout le visage. II est probable que cette ocre contient des particules de metal. Nous remarquames aussi qu'ils se servoient d'un fard noir pour se peindre le corps. Par dessus ce fard , ils eparpil- ]oient une poudre brillante dont 'ils fai- soient beaucoup de cas ; au premier coup- d'oeil, nos matelots la prirent pour de For.i Lies naturels la tiroient d'un lit de rochers d,e couleur blanche au fond d'un petit ruis- seau. .Elle couloit en veines , avoit le plus •l*ftB^irt#8elat, et la me*me couleur que For, JEn brisant ui morqeau du rocher, ces par- - e f . '(34*) . ; :& •; . 1 .. ticulel&hriltantes disparoissoieStf^ta 'croftfe 17&&3 qui restoit etoit noire et sails consistence; Septembr, mais , reduite en poudre fffexTe pffenbifi e- clat dont Jj'ai parle, etpoftnoit ForWeriie'rlt dont les nabitans de JV^o/fe^firoient ie plus de vanite. Sir Francois Drake parle de' cette poudre dans les ddails «rtp^fl nous a Bonnes sur la Nouvelle I AlBton-FMais -J^iTtFii point de notions assez etendues en mirf^a- logie pour presenter ici quelques observa* tions sur cet article. Nous vimes aussi plusieurs morceaux de crystal de roche , octogoiies , d'un transparent tres - clair, et que les naturels por- toieut autour du cou comme une parure. Ils avoient presque tous sur eux un petit morceau de verre de Moscovie auquel ils attachoient le plus grand prix. Comme je ne suis parvenu a me procurer qu'une connoissance tres-imparfaite du district de Nootka , on ne doit pas ajouter une entide confiance a mes conjectures sur- ce qu'il peut posseder de niindaux. Ce qu'il y a de bien certain, c'est qu'au mois d'aout 1789 , les Espagnols qui, plus que tout autre peuple, possedent le tact Y3 H us Rig ST t£jP I m .. M m M ij$8. necessaire pour trouver les richesses ren- Septembr. fermees dans les entrailles de la terre, our vrirent une mine dans une ile , nominee VXile du Pore, et situee dans le havre de Yanse des Amis , dans Yentrde du Roi George* Leurs ouvriers resident constani- ment a Fouvrage; eux seuls et les soldats preposes a la garde de File pouvoient eu approcher. Fin du second Volume. ;je: APPENDIX DE CE SECOND VOLUME. N°. I I I. Instructions donnees par le Capitaint? Meares , a M. Robert Duffin , premier Officier de la Felice , charge d'alter reconnoitre. les Detroits de Jean de^ Fuca 41). ■ ^1 Monsieur, ••sm V o u s avancerez avec la chaloupe au midi de ee port, pour faire le commerce des fourrures avec les (1) Le lecteur se rappellera l'expedition confiee a Robert Diigin pir le capitaine Meares, et l'evenement qui trouble les recherche* de cet • officier. Ce n°. Ill des-pieces justifi- catives correspond au chapitre XVI de fouvrage. Le capitaine Meares a oublie d'y renvoyer le lecteur, en parlati£ I. ( HA) ; |;| , naturels. Je vous ai approvisionne, a cet effet, d'unft quantite suffisante d'artdcles de trall^;^ous;:;:e^tes aujourd'hui si fort au courant de ces sortcs d'expeditions, qu'il seroit supErflu de y6us donner aucunes instructions stir Ia conduite que vous devez tenir. Comme j'ai la confiance la plus enti&re dans votre prudence ,' j'espere beaucoup que vous visiterez avec succes les nombreux villages situes le long de la c6te qui conduit aux detroits de Jeanr-de Fuca. Vous avancerez dans ces detroits tant que vous y trouverez d s habitans , ou que vous cotnpterez vous y procurer des fourrures ; et comme j'ai idee qu'une nation eloi- |jiiee habite le haut de cette mer , il-importer oit heau— coup que vous allassiez la -reconnoitre, de maniere cependant a ne pas retarder essentiellement votre route vers le midi, sur-tout si vous avez le bonhteur de trou- ver urrp-rt. En quittant ces detroits , vous gagnerez- Pile de Tatootche , et les villages situes le long des cotes vers le midi. Je pense d[u"*il sera prudent d'eviter Queenhythe. Si le temps et les vents' sont assez favorables pour Vous per mettre de gouverner sur la baie que nous avons nominee bale de Shoal-Water, il seroit fort infer essant de vous assurer s'il y existe une autre nation ? distincte du peuple de Nootka; il vous sera plus facile des instructions qu'il donna ^ui-niSme a Rohert Duffin. Ces instructions sont curieuses ^jcoiuioitre, ainsi que le journal que cet officier a dr§&se de son court voyage. II forme le K°> suivant. Note du Traducuur* (345) *le tenter si cette baie ou quelques places voisines oni assez d'etendue pour recevoir des vaisseaux. Comme il est impossible de prevoir tous les evene- »ens qui peuvent vous arriver , je n'ai rien de mieux; a faire que de m'en rapporter en tout a votre prudence. Je voms recommande parti culierement de vous tenir «ans cesse sur vos gardes ; que vos armes soient toujours en bon etat, et a l'abri de I'humidite. Ne mouil-^ lez jamais la nuit dans le voisinage d'un village considerable , ou de quelque partie trop peuplee de la cote. Je vous engage , par dessus toutes choses, a. eviter toute espece de querelle avec les naturels 5 que 1'humanite, la bonne foi et la droiture qui ont toujours ete jusqu'icila base de vos actions , soient encore la regie de votra conduite dans les diverses relations que vous pourress avoir avec eux. Vous avez ^je crois , le cceur trop genereux pour souffrir jamais que quelqu'une des personnes placees sous vos ordres se permette d'insulter et de piller, par cela seul qu'elles seroient sans defense , les nations sauvages avec lesquelles vous aurieaL auelque communication. Vous prendrez possession de ces detroits et des terre* adjacentes, au nom du roi et de la couroime d'Angle- jfcerre 5 et vous essaierez de faire entendre aux habitant que vous serez bient6t de retour pour consolider le* trails d'aliiance ou de commerce que vous auriez pu £aire aveG eux, et^pour lesquels je vous donne ici tout© 1'a-utorisation necessaire. Ayez soin , je vous prie , de tenir un journal de votre expedition ; dressy un« esquisse de« terre* que M 1 v I ■-■ (346) vous verrez , et recueillez toutes les remarques qui s# seront presentees a. vous. Je me propose d'attendre votre retour dans ce port. Si, cependant , quelqu'accident imprevu me forcoit k, le quitter , vous avancerez vers Nootka ou vous vien- drez me rejoindre. Je vous souhaite un heureux succes , et demeure y Monsieur , tres-sincerement, Votreu, etc. J. Mea3.es. A bord du vaisseau la Felice , port -Effingham, i3 juillet 178& N°. I V. Copie du journal de M. Duifin (1). Le i3 juillet 1788 , je quittai le vaisseau avec Ia chaloupe bien armee et bien equipee. Ma destination (1) En consequence des infractions qu'on vient de lire, Robert DuffLn tint un journal exact da son expedition, a par-rir du moment ou la chaloupe qu'il commandoit quitt* l&sFegce. C'est c& journal qui forme le n°. TV. II est d'au- tant, plus interessant pour le 1 :cteur, qu'il lui presentera , mieux encore que le recit abrege du capitaine Meares, les derai|s de la rencontre 011 cet offici r e: son petit equipage jre-nserent perir vicumes de ia feroce mo'eire des naturels. . ™ Note dit Traducteur. i (347) ML etoit d'aller vers le midi pour faire le commerce dtS fourrures , et reconnoitre ia c6te. A huit heures du matin , nous mimes a. l'ancre dans une baie, fond de -sable, a. peu de distance du vaisseau, pour raccommo- der la chaloupe. A onze heures, je quittai cette bare, apres avoir fait cuire quelques viandes. Le journal ou registre de cette journee , ne comprend que douze heures et finit a midi. Le 14. Le vent etoit de sud-est. II ne cessa de pleuvoir. A cinq heures , nous mouillames dans une Jbaie , fond de sable, en face du village dJAttah. Flu*- sieurs canots vinrent bord a. bord de la chaloupe. Mais nous ne vimes point de fourrures* Nous acheta&ies des naturels qui gouvernoient ces canots quelques peaux de hurst et une petite quantite de poisson^ Nous leur donnames en ecnange des grains de: verre. Ces naturels se comporterent loyalement, et ne nous laissererit point entreyoir 1'intention de commettre quelqu'exces. Au Coucher du soleil, je fis tirer un coup de mousquet , coriime pour les avertir de ne point approcher de la chaloupe pendant la nuit. Avant midi , le vent etoit de l'ouest , et le temps tres-couvert ; a cinq heures , nous appareillarues, et courumes sur le village. Ensuite nous mimes a la cape juSqu'a huit heures du soir. Ne decouvrant pas. une seule fourrure , et le vent se mon- trant favorable, nous jugeames a propos d'avancer vers Ventree. Nous gouvernames est et est-nord-est le long de la cote , a un quart de mille de distance. Cette cote presente, en general y j usqu'au village appelle Nlttee- natt, le plus agreable aspect. C'est presque par- tout une hefse sablanneuse \ mais vingt brasses de ligne ne ^"apportent point de fond a un quart de mille de la c6te.~ Ii y a aussi un grand nombre de cfifites *l*eau 5 et , apres sfetre elevee a une hauteur prodigieuse , la lame vient se briser contre le rivage , tout le long de la c6te ,qui git est et ouest, d'apres le compas. A midi, nous .eumes ime jolie brise 5 le temps etoit tres-sombre. La pointe ijui forme Pentree de la mer de lean de Fuca , et que j'appellerai Pointe-entree, couroit est-quart- sud ; l'ile de Tatootche nous restoit au sud-est-quartet, a quatre lieues de la Pointe-entree , et a dix de ia .mer de lean de Fuca. Une observation donna 48 degres 38 minutes de latitude nord. Le i5. Jolies brises de l'ouest, et beau temps. A une heure passee de l'apres-anidi, nous eourumes sur une petite bale sablonneuse ou nous avions appercu deux ou trois maisons, et nous y jettames I'ancre. Lies naturels qui n'etoient que des pecheurs, s'eloignerent alors , emportant avec eux leur poisson. Ne voyant rien qui pifct nous faire esperer de trouver'des fourrures en cet endroit, je levai I'ancre et courus de nouveau sur la terre. Je vins mouiller a la hauteur du village de ITittee-hatt, a un quart de mille de la cote* Je tentai ici d'entrer dans un petit ruisseau , mais je trouvai sur la. barre une lame trop forte pour oser approcher. Je coniinufai done de faire de la voile, et vins jetter I'ancre sur dix brasses d'eau, fond de sable?; ia Pointe-entree couroit.sud-quart-est; le village etoit alors k un demi- milie de nous. Le chef, nomme Kissan, vifitbord a bord de la chaloupe. A midi , la latitude nord dtoit de 48 'degres 34 minutes. i£*j3 Le 16. Temps agireable j vent de nord. A six heuret ( 349 ) . ; | - apj^s-midi, nous levames I'ancre, emportant plusieurs pelleteries que nous avions achetees. Nous eourumes sur une baie sablonneuse, ou plutot sur une anse bu ii y avoit un village. Des naturels montes dans deux canots nous inviterent a en approcher. Mais , des que nous fumes pres de la cote,~ nous en vimes^ un grand nombre d'autres qui se rassembloient sur le rivage avec des pieux, des batons , des arcs et des fiech.es. Ila poussoient, en meme temps, des hurlemens effroya- bles, et faisoient les gestes les plus menacans. Je crus qu'ils n'avoient d'autre intention que de nous empe*- cher de prendre terre. Mais je me trompois : car ils Jancerent, a l'instant, du haut d'un rocher peu eloigne de nous, une grele de Heches aux environs de la chaloupe. Heureusement, nous n'eumes personne de blesse. Plusieurs de ces Heches tomberent sur la petite voile dp la chaloupe , mais ne penetrerent pas au travers. Je me vis en ce moment dans la plus pressante necessite de leur lacher de la mousqueterie : mais j'etois trop Eloigne d'eux pour le faire avec succes. Ils commencd- rent,, de leur c6te , a lancer a Peau plusieurs canots charges d'une grande quantite de pieux, et je tirai alors moi»m<3me un coup de mousquet a Tun d'eux , mais j'ai tout lieu de croire que personne n'en fut blesse. Quoi qu'il en soit, ils quitterent sur le champ la partie , et s'enfuirent jusques dans les bois en pous- sant des hurlemens affreux. Nous vimes bient6t un de ces naturels accourir sur le rivage avec une pique de moyenne grandeur qu'ils avoient trouve le moyen d'en- lever de la chaloupe sans etre appercus. Je ne tardai pas a me convaincre que le desir de conserver ce qu'il» m K " ■ ' ' " " 'WiM0¥ r it ' ^ ' venoient de nous derober etoit le motif qui Ls avoit portes a cet acte d'hostilite contre nous. Des que j'eus recu la pique en question , les hostilites cesserent. Je me flatte qu'aucun d*eux n'a peri. Ce n'est pas qu'en verite , ils ne meritassent bien d'etre victimes de leur insolence. Nous levames I'ancre alors , et limes de la voile sans rien decouvrir qui donnat i'espoir de trouver des fourrures. Nous gouvernam.es a Pest j le long de la cote , et doublames la Pointe-entree a un demr-miiie de distance. A sept heures et demie passees, nous etions environnes de rochers , et la lame se brisoit avec vio-5 lence contre la cote apres s'etre elevee a une hauteur effrayante 5 a dix heures, nous jettames I'ancre sur onze brasses , fond de corail. Nous eumes calme plat toute la nuit 5 la mer fut tranquille. A la pointe du jour , nous nous trouvames par le travers d'un petit village 5 plusieurs canots vinrent pres de la chaloupe , mais nous ne vimes point de fourrures. Les naturels nous dirent qu'ils etoient tous sujets de Wicananish , et se conduisirent avec beaucoup de douceur et dflion- hetete. Nous-achetames d'eux une petite provision de poisson. A sept heures, nous levames Pancre , et por- tames a Pest en remontant les detroits. La mer etoit calme. A neuf heures, nous eumes une jolie brise de vent de sud. Cette c6te git precisement est et ouest, d'apres le compas. Nous suivlmes le long de la cdte a un demi-mille de distance. La sonde rapportoit onze brasses ', en plusieurs endroits , vingt brasses ne trouvoient pas de fond. Cette c6te est toute entiere un lit de rochers. A onze heures et demie passees , nous de- »CQuvrjmes Pentree d'une baie profonde ', nous y arri- ;yames a. midi, avec tout espoir d'y trouver un bon port. Une observation donna 48 degres 27 minutes de latitude ndrd. Le 17. A deux heures de Papres-midi , nous mimes a I'ancre dans une petite anse sur trois brasses trois quarts d'eau, pres des rochers. Le long de la baie, ia sonde rapportoit regulierement de quinze a quatre brasses d'eau , a un demi-mille de la cote. Ce havre est excellent pour des vaisseaux du port de cent a cent cinquante tonneaux ; mais ii n'y a pas assez d'eau sur la barre pour en former un plus considerable, Peau la plus elevee n'^tant qu'a. deux brasses , et la maree ne montant qu'a dix-huit pieds. Cette .baie offre aux vaisseaux un mouillage tres-sur pendant Pete. Aucun vent lie peut les y tourmenter , si ce n'est le vent de sud- est. Mais alors, la baie etant ties - profonde , la mer ne peut pas y etre fort dangereuse. Le fond nous parut tres - bon pour recevoir les vaisseaux , etant tout de sable et de vase molle. Les naturels de ces parages re- connoissent Tatootche pour leur chef. Ils nous semble- renf une race d'hommes hardis et capables de tout en- treprendre. Mais comme nous etions a une assez grande distance de leurs villages , je ne craignis rien de leur part. A sept heures d'apres-midi, plusieurs canots por- tant, chacun, un grand nombre de naturels, vinrent bord a bord de la chaloupe. Plusieurs d'entr'eux es- sayerent d'y monter. Je les priai de rester dehors , et ne permis a aucun d'eux de venir parmi nous. En m£me temps, je defendis tres-expressement aux gens de l'equipage de leur dire un seul mot, ou de leur of- frir la moindre chose. Un des canots s'eloigna alors a ^ |Kg 11 §+.' ■ \ '. \ .~ (352 ) „ ." .... ^ quelque distance de la chaloupe 5 et b£ent'6t Je vis un oes sauvages qui etoient dedans , se saisir d'un pieu dont une coquille de moule formoit la pointe. II Patta- cha* au bout dun baton en le serrant tr&s-fort avec tine corde. Ii se mit, en meme temps , en posture de le lancer , et -cherchoit a me faire entendre qu'il me tueroit. Je ne fis pas grande attention a ses menaces , ne pensant pas qu'elles fussent serieuses. Mais en por- tant mes regards sur leurs canots , je les vis tous rem- plis de pieux , de batons', d'arcs et de Heches. J'ap- percus aussi a terre , entre les arbres, et en face de Ia chaloupe, un grand nombre d'hommes 'armes. Je me persuadai alors que leur intention etoit de s'emparer de la chaloupe. J'ordonnai , en consequence, a mes gens de preparer leurs armes , et de se tenir sur leur* gardes 5 je leur recommandai sur - tout d'observer les mouvemens de Phomme qui etoit arme du pieu , et de lui tirer un coup de mousquet, s'il faisoit le moindre effort pour le lancer. A peine avois-je cesse de parler que je vis le pieu partir de sa main , dirige" contre Robert Davidson , quartier-maitre et conducteur du coquet. J'ordonnai sur le champ de faire feu ; un seul de nos gens tira un coup de mousquet. L'homme arme du pieu tomba roide mort sur la place. La balle lui avoit traverse la tete. Les autres naturels sauterent aussit6t par dessus le bord , et tous les canots s'enfui- tent a force de rames. A. Pinstant meme , une grele de traits lances du rivage tomba sur nous : je fis faire feu roulant sur les assailiahs , mais sans succes , parce qu'ils se mettoient a couvert derriere de gros arbres. Je fu« blesse d'une fldche a la tete, au moment meme ou le le sauvage tomba. Nous levames Pancre , et ne flmea |euer que deux rames pour avancer en mer, le reste de nos gens etant sous les armes. Nous trouvanies les deu£ cotes du rivage bordes d'hommes armes de pieux , de pierres , etc. de sorte que nous ne pumes douter plus long-temps que.leur intention ne fut de s'emparer de la chaloupe. Nous fumes assaillis de nouveau d'une pro- digieuse quantite de pierres et de Heches 5 mais, par feonheur, personne de nous ne fut mortellement blesse.- Pierre Salatrass, Italien de nation, recut une Heche qui resta enibncee dans sa jambe pendant toute la duree de Paction , et jusqu'au moment on nous fumes deli- yres de ces cruels ennemis ; il ne pouvoit s'exposer a Parracher sans s'ouvrir la jainbe, attendu que la Heche , etoit barbelee, et avoit deux crochets. Je fus oblige de lui faire une incision pour la retirer; elle avoit penetre jkisqu'a trois pouces de profondeuT. Le Chinois fut aussi blesse au c6te 5 un autre de nos mafcelots recut une Heche pres du cceur. Aussi tot que nous fumes hors de leurs atteintes., nous fimes de la voile, et sortimes de la baie. Nous jettions regulierement la sonde a mesure que nous avancions : le vent etoit de Pouest. Nous courftmes sur i'autre c6te', dans Pintention de retourner a Pinstant vers le vaisseau ; je voyois que les naturels etoient absolument determines a nous faire "beaucoup de mil, etjaue nous ne pourrions pas avan- £er le long de la cote snns mettre notre vie dans le plus imminent danger, Je souffrois aussi cruellement de la tete ; car la Heche avoit penetre jusqu'au crane , et m'auroit tu£ infailliblement sans mon chapeau qui rompit le^foup. A midi? nous eumes de jolies brises, Tome II. Z de vent%et un beau temps. L^iie de Tatootche couroit sud-ouest. Nous donnames a ee havre le nom de; port Hawkeshury , et a Pautre baie, celui de baie de*r- HostiJAtes. Le 18. Nous eftmes un temps agreable; le vent etoit de sud - sud - est. A quatre heures apres - midi, nous virames vent devant, a la hauteur de la cote meridionale , a quatre milles de distance, et couriimes sur la cote septentrionale des detroits. A sept heures, nous virames vent devant une seconde fois , a la hauteur de la cdte , a la distance d'un demi-mille. Au coucher du soleil, Pentree du port Haivkeshury gisoit nord-quart- est, et .Pile de Tatootche nous restoit au sud. La Pointe - entree couroit ouest-sud - ouest , a huit lieue* de Pile, et a trois seulement du port. Pendant la nuit, nous gouvernames nord-ouest-quart-ouest , et ouest- ^Qrd-ouest par une jolie hrise de vent et une brume, assez epaisse. C'est ainsi que nous vinmes rejoindre le» vaisseau. ( Pour copie ) Robert Duffing • Instructions donndes par le Capitaine Meares au Capitaine Douglas, en quit- tant la cote d'Amdrique. Au Capitaine Guiumime Douglas, Commandant le vaisseau l^tphigeuie. Monsieur, Comme je me propose de gagi&k- les lids' Sandwich j fcf par suite | li Chine, des le ififement ou la Cdte N<9rd- Ouest d^Amerique §L^ie%tUl§kc66 a la mer, le double commandeitfieat de VIphigenie et de Ia C8ti Nord- Ouest d* Amerique voiisf sera naftirfcllement de¥ofri. La kaate opinio^ tf&e j'ai $6ffigue de vous me persuade faciiemelltr<|ue votis etes cap&ble de soutenir une pateiiie charge. Je ci&is n^eesssfcire , cependant, && vous indiquer la route qu% Vous aurez a tenir apr&s aotre separation. Je ne dfeute point de PintelKgencef avec laquelle vous ex<§&rf§fez tout ce qtii votrs sera: £tfgSGiit pour Pjftterefc de nos commettans ; et comrae tteas avez d^jfa doitoe une preuve convaincantef de~ la tn&tpedans le dernier voya^fe que vous venez a's&heVeif, j'ai tout lieu de cfoke que voiis redoufcTezf d'actlvite", de vigilance , d'exac^Wle e$' de* prdldaftrrfotis' cfaiSsr la, z a ( 356 ) r -.jf. scene de nouveaux evenemens qui va se deployer de* vant vous , et que vous terminerez un second voyage &vec le meme sucods. Je prends la liberte de vous re- commander de nouveau, comme une chose qui exige toute votre attention , tous vos soins et la plus coura- geuse perseverance , d'executer tous les plans que je vous tracerai pour Pavantage des proprietaires qui nous emploient. J'ouvre un champ vaste a vos talens 5 je suis bien sur que vous profiterez de cette Circonstance pour prouver a Punivers que je ne me suis point trompe dans mon opinion sur votre compte. Afin de vous procurer tout ce qui peut assurer le succes de votre expedition , j'ai fait porter dans vos vaisseaux une partie des diverses especes de provisions que j'avois a bord de la Felice. Quoique je me trouve en 6tat de vous en fournir pour le moment , je dois vous, prevenir qu'elles sont extr&mement rares ,^qu11 vous sera tres-difficile de les remplacer par dewou- yelles , et que vous n'aurez pas trop de toute votre vigilance pour eviter d'en manquer entierement. La provision que je vous donne de pain et de froment s'aug- mentera , je Pespere, par celle que vous recevrez aux iles Sandwich. Vous y salerez votre pore. Dans cette operation , je vous recommande de suivre avec la plus soigneuse exactitude la methode indiquee par le capitaine Cook 5 car c'est en negligeant de l'observer, que le capitaine CoinOTt, commandant le Prince de Gidles , a perdu la plus grande partie de ses provisions , avant d'avoir atteint le 3oe degre de latitude nord, dans son voyage a la c6te nord-ouest d'Amerique. Je vous ai cede j a cet *ffet, tous les tonneaux que j'avois dans e (357) mon vaisseau, excepte ceux de la rangee. Un objet tres-important pour vous, sera de vous procurer des vegetaux , et sur-tout des ignames dont j'espere que vous recueillerez , meme sur la.cote d'Amerique , une assez grande quantite pour en faire au besoin une res- source tres-utile. Pendant toute la duree de votre sejour aux iles Sandwich , je vous* re commande de ne point donner de pain a vos gens 5 vous y trouverez en abondance des productions vegetales qui leur permet?- tront de se passer de cette nourriture ; et le soin que vous aurez pris de le menager alors, vous garantira presque le succes de votre voyage. Je vous recommande la meme precaution a Pegard du froment. Comme votre provision de.liqueurs est entie|ement, consbmmee, et que je n'en ai plus a vous fournir , j'ai envoye a bord de vos vaisseaux tout ce qui me restoit d'essence de spruce, ainsi que des melasses pour faire dela biere. Vous vous en servirez quand vous le jugerez a propos 5 et si les melasses ne vous suffisent pas , je vous engage, arrive une fois aux lies Sandwich, .d'essaver de faire bouillir de la canne a sucre : le earn- • * X taine Cook en. composa pour son equipage une biere agreable au gout. Mais , si vous ne pouvez reussir a, faire du sirop, elle sera encore tres-agreable a vos gens avec du the. Car je n'ai point de sucre a vous donner , et le votre est consomme tout - a - fait. Vous essaierez aussi s'il est possible de distiller le rum. Je vous envoie , a cet effet, une chaudiere et Un alambic. Si vous reussissez dans ces differens essais , vous aurez decouvert toutes les ressources quipourront vous mettre & pojtee d'executer le plan que je vous aurai trace 'it* m **? '. ft- ' . (358 ) - "j. IXans tous les cas , j'espere fortement que vous par*- viendrez a vaincre tous les obstacles. D'apres les renseignemens que m'a dounes le capitaine de la Princesse Jloyale , je crois devoir vous parler des dangers contr^ lesquels vous aurez a vous TO^munir pendant votre sejour dans ces iles ou l'equipage d'un vaisseau *, pionge dans les plaisirs , peut de- venir si facilement v-ictime des caprices d'un peuple hardi et entreprenant. Votre sagacity seule vous deter- minera a tirer vos principaies ressources d'Owyhee , 1'une des lies du Vent. Le danger d'y mettre a I'ancre est assez demontre lorsqu'on sait qu'elle est habitee par un grand nombre de naturels. Vous connoissez trese. bien la baie de Mo.wee. Je vous invite a y mouiller, si Pon peut y trouver upa fond qui ne soit point dt roches de corail. Quoique TitQryee gouvewae en sauve* rain Mowee , Alorotoi x e$ les lies adjacentes $ les division qui regnent entre les chefe iaferieurs ne leur nermettront probablem>ent pas de CQJBcasrter entr'eux un plan d'hostilites contre vous. La distance ou vous vous tiendrez du rivage de cette ile, sera, d'aiileurs, ua motif de plus de $fjGurite; pour vous. Dans tout ce groimpe d'iles, je ne connois^pcant de place-plus s&r©^ pourvu toutefcis qu'on p»isse y trouver un boo mouil- lage. Lorsque le vent alize souffle , il descend du sommet des montagnes. e& brises rafraiieaissantea} et tempore la chaleur devoEa^tfe^^lu soleil., si pernicieuse d^ns tous les climats. Lorsqu'il cesse , et fait place au vent de nord-ouest , vous avez plusiears canaux d'une vaste etendue au trayeis desquels vous pouvez remettre en mer * et , par- ce moyen, ii n'y a plus a redouter une cote sous le vent du vaisseau. Je vous observe que c'est le seul poste que vous pulfesiez occuper au milieu des lies en question, sans avoir ce danger a craindre } et il est tel qu'au moment meme oil vous verrez le •temps se charger de nuages noirs au nord-ouest, je vous conseille de remettre en mer. C'est le seul moyen de salut. Le caractere sauvage et feroce du peuple de Wahoo vous determinera , je le presume , a ne faire qu'un court sejour dans cette lie. Le grand nombre des habitans & Atooi vous detournera egalement, sans doute, de rester long-temps dans la baie de Wimeo. Onehow sera done le terme de votre route. Arrive a cette ile , je vous engage a vous tenir en garde contre les ruses et la malice de Taheo et d'Abinui que je regarde comme des hommts tres-redoutables par leur caractere astu- cieux et intere'sse. Comme ils ont essaye d'empoisonner l'equipage du Prince de Galles et celui de la Princesse Royale , vous vous premunirez contre un aussi infernal projet, en examinant avec attention les noix de cocos , les ignames , Peau , etc. dont vous aurez soin de faire goilter chaque fois a celui qui vous les vendra. 'oip sais , a n'en pas douter, par Tianna , qu'ils ont le secret d?un poison si subjil qu'il corrompt a Pinstaftt m£ine les sources de la vie. Dans le cas ou Vous vien- driez a decouvrir une aussi execrable tentative de l£ur part , je vous recommande de vous saisir de ceux qui s'en seroient rendus coupables \ et comme une pareille trahison ne pourroit se commettre sans le consente- . ment d'Abinui et de Taheo, vous ne negligerez pas d'en faire un exemple eclatant. Les relations de com- Zi &2e i • ' ( 36o ) - . '§- merce que les naturels & Atooi ont eues avec des Evt- ropeens ont tellement *tnflue sur leur caractere qu'oat * ne sauroit s'ariner de trop de vigilance et de precau*- tions. N'en soufifrez jamais, sous quelque pretexte que ce puisse etre , plus d'un ou de deux sur votre gaillard. Tenez sans cesse du monde sur vos hunes T avec des armes toutes pretes $ qu'alors vos fusife. soient toujours charges et amorces. Ne laissez jamais les naturels faire -le tour du vaisseau a la nage ; autrement , compter qu'ils ne manqueront pas de couper vos cables. J'espere que vous parviendrez a vous" procurer une bonne provision de cordages , et je pense que les san- gles , les badernes (i) , les toiles pourroient bien etre aussi reeherchees sur la c6te septentrionale d'Amerique | que sur la c6te meridionale. Vous en acheterez done autant que vous ie jugerez- necessaire pour le maiv che d'Amerique. J'espere aussi que Tianna vous sera fort utile. Je . vous recommande les plus grandes attentions pour ce chef. Jrattache une extreme importance a ce qu'il soit depose dans un lieu qui lui soit agreabie , soit a Owyhee 9 chez son parent Tome Tomy Haw, prince souverain de cette ile et d?Atc&i,* soit chez son frere Nawmity Haw et sa famille , dans cette derniere ile* Quelqu'ambition que Tianna puisse concevoir en se voyant si puissamment soutenu , nous ne devons pour- (i> On tissu de vieux cordages servant a fourrer des rng^ nosuvres. Note du Tiadu&tesir. M' ■ ■ (36l) ■ i iB tant pas manquer de prudence en etablissant notre ami ; et ce sera nous montrer ses plus fideles et ses plus sinceres allies que de le remettre precisement dans le lieu d'ou nous Pavions emmene. D'un c6te , nous ne devons pas ceder a ses vues ambitieuses ; de Pautre^ nous avons a nous defier de notre propre inclination qui nous porteroit a elever ce chef, par cela seul qu'il est notre ami, au rang le plus envie dans le monde. Graces a la generosite de M. Cox^ il retourne parmi les siens charge de richesses. Quoiqu'it merjte beaucoup par lui-meme , ii ne faut cependant pas depasser la ligne marquee par la prudence 5 et l'exemple d'Omai »uffit pour prouver eombien la fortune est 'perfide dans ses faveurs, meme chez les nations sauvages. Toute autre consideration a part , il suffit de reflechir que nous engagerions des debats, au moins inutiles , et dont Pissue pourroit nous de venir tres-funeste. Ainsi , vous renverrez c& chef, en ajoutant aux presens qu'il a deja recus, ceux que vous jugerez convenable d'y join- dre ; et comme vous savez parfaitement sa langue , je vous invite a entrer -dans ses idees de bonheur autant que la prudence le permettra, ou qu'ii vous sera possible de le faire. On trouve Phuitre-perle dans Pile (POnehow. Vous tacherez de faire com prendre a Tianna tout ce* qu'elle a de valeur, et eombien elle seroit precieuse pour nous. J'espere que , pendant votre sejour dans cette ile , vous saurez a quoi vous en tenir sur cette riche production. Si vous jugez a" propos de chercher Pile nonvelle- ment deeouverte j dont on place le gtsemeiit au nord- (3<fe ) .aoest d'Atooi, vous suivrez en ce point, comme exs tout autre , les conseils de votre sagesse. Aussit6t que le vaisseau la C6te Nord-Ouest d'Amerique va etre lance , je me mets en route pour la Chine. Vous serez des-lors charge de toutes les opera- lions futures. Comme vous n'avez maiatenant a. bord qu'une tres-modique provision de salaisons, et qu'il est fort incertain que vous parveniez a vous procurer du poisson , je vous engage a gagner les iles Sandwich Je plus promptement qu'il vous sera possible , aussitdt ,que la Cote Nord - Ouest d'Amerique sera prete k mettre a la voile. Mais , a cet egard , vous suivrez vos idees , et vous vous reglerez sur* ce que vous aurez de .poisson. Si vous reussissiez a en recueiiii-r une asses grande quantite pour pouvoir rester sur la c6te jusqu'a la fin d'octobre, je vous reeommanderms , pour employer utilement cet espace de temps,, de gonverner vers le 4^e degre de latitude nord, et de suivre le plus ■ que vous pourrez la c6te entre les 46 e et 4°e degres* Le mois d'octobre passe pour etre assez favorable. En visitant cette partie de la cote , vous aurez peut-etre le bonheur de rencontrer quelques uouv elles trifous de naturels dont j'ai les plus fortes raisons de croire que .ces parages soat peuples. Je sais , a n'en pas douter , que ies-lijspagnols s'y sont procure une quantite prodi- gieuse de peaux de loutres qui furent apportees dans des gaiions a Manilla, et dela a la Chine on je les ai .vues. Je suis moralement certain que ce n'est pas au nord du 4&e degre qu'ils ont fait cette riche provision f pnisque je n'y trouvai nulle part le moindre article sorti des manufactures d'Espagne ? soit en. fer 5 soit en cul- • f ■•. ( S63 ) ■§;.. .1 yre. Cette partie de P Amerique est aujourd'hui tout ce qui nous reste a reconnoitre. II faut saisir un moment ai favorable pour acquerir une connoissance parfaite de cette partie de la c&te. Car c'est ainsi que nouS pourr rons nous determiner, soit a abandonner tout-a-fait la partie meridionale du continent dont il s'agit, soit a. chercher des peaux de loutres dans ces parages. La question est de savoir dans quel endroit les Esipagnols se sont procure ces fourrures. J'espere qu'il vous sera facile d'eclaircir ce point de maniere que , Pannee prochame, nous soyons en etat de tirer avantage des decouvertes que vous aurez pu faire. Mon projet fu$ toujours de visiter, a quelqu'epoque plus eloignee^ cette partie de la cote. La necessite qui m'oblige a gagner la Chine sans delai, s'oppose a toute expedi- ^jtion semblable de ma part. Mais comme vous aurez , pour vous aider, la CSte Nord- Ouest d'Amerique , j'espere que vous sefez en etat de Pe-ntreprendre at de l'executer avec succes, dussiez - vous consentir.a passer tout le mois d'octobre sur la cote. Au surplus j reglez vptre conduite en ce point d'apres vos proprejs idees et sur le concaurs des circonStances. Xia connoissance particuliere que nous avons ac^ guise de la c6te d'Amerique et des vents periodiques fpii y r^gnent, ainsi que des epoques ou elle est le plus sedoutabie , nous donne un grand avantage sur tous les CQncuirens. Les annees 1790 et 1791 seront certainetnent les.meiileures, et les plus productives qu« nous puissions jamais y passer. Avec une perspecthie si flatteuse devant les yeux , nous devons redoiibler d'efforts pour parcourir touts, la cote avant qu'aueuiA m 7| CM) vaisseau n'ait eu le temps d'arriver d'Angleterre. Vou* quitterez , a cet effet, les lies Sandwich , le plutot qu'il vous sera possible dans le commencement de* 1789, et, en meme temps , de crainte d'accident, ou d'une separation precipitee, vous donnerez vos ordres a M. Funter afin qu'il aille en avant, et qu'il execute , de son cote , une partie du plan des operations. Je vous abandonne, ainsi qu'a ia CSte Nord-Ouest d'Amerique, le district septentrional du continent. J'occuperai moi-meme le poste meridional, a prendre depuis la Chine, et je ne desespere pas d'etre arrive sur la c6te vers le premier mai 1789. J'avancerai alors suivant que les circonstances 1@ permettront : mais , quelque route que je prenne au midi , je n'essaierai pas de faire voiles vers le nord de Nootka. Je ne doute pas que, de votre c6te , vous n'arriviez sur la c6te d'Amerique a - peu - pres vers le premier avril 1789. A cette epoque, la mousson aura commence, et Pexperienee nous a appris qu'elle soufHe -de pres dans le voisinage de la cote d'Amerique. Ainsi , pour profiter des avantages qu'olfre la mousson , au lieu de gagner sUr le champ Ventree du Prince Guillaume comme ont fait beaucoup d'autres, je vous recom- mande de suivre la cote au midi 5 et comme vous etes autorise a decouvrir la Grande Isle, dont le e6te nord- ouest qui comprendt'pres de quatre degres de latitude est entierement inconnu , je vous invite fortement de suivre le cap Saint-Jacques, Pextremite meridionale •de la Grande Isle , comme le point principal-!sur le Continent d'Amerique. Ip* Si ia Qdte Nord-Ouest d'Am&rique se montroit ( 365 ) mauvais voilier, et retardoit votre navigation , vou$ Sjrancerez seul a. la cote , et iaisserez ce vaisseau vous Jfcvre comme il ppurra, et executer a loisir les instructions que vous lui aurez donnees. Mais cette circonstance n'est pas vraisemblable, et, selon toute ap- parence, vous le trouvercz excellent voilier. Dans ce cas, il avancera vers la c6te de conserve zvecVIphi- genie, jusqu'a ce que vous ayez trouve le cap Saint- Jacques. A ce moment, il se separera de vous sans deiai. A mesure que vous ferez voiles le long de la c6te nord - ouest de la Grande)tIsle , vous la reconnoitres dans tous ses details avec la plus scrupuleuse exactitude jusqu'a la hauteur du 54c degre nord. Dans cette latitude , reside un chef dont le district est trds-etendu, et chez lequel le capitaine Dixon reussit a se procurer en neu d'heures deux cents manteaux , ou six cents J. ** peaux de loutres. Entre le pays oil ce chef est ^tabli, et le cap Saint-Iacques , est une cote non encore re- connue : Pon peut se flatter, sans presomption , qu'il reside plusieurs chefs et un nombre considerable de naturels dans une si^vaste etendue de pays. Le souffle de la mousson vous accompagnera par degres le long de la c6te 5 et comme vous aurez du temps devant vous , et que vous aurez prevenu la saison , vous pourrez la reconnoitre a votre aise. Ce point une fois execute , vous devez vous en promettre de grands avantages. Votre route la plus naturelie ensuite , sera d'avancer a X!entree de la Loutre, et a la baie qu'il vous a plu d'appeller de mon nom. Dela , vous pous- serez insensiblement jusqu'a \!entree du Prime Guil* p.. ( 366 ) tarime , observant de visiter les diverses pariles de & < 6te par ou vous avez deja passe, et que vous con- noissez si bien aujourd'hui , sur - tout Ventree de m Uroia: qui paroit etre d'une inrportance majeure. Si vous prenez cette route, je vous recommande d'y ar* river vers le 20 mai. Je pense que vous pourrez y res- ter jusqu'au premier juin, afin de tirer quelque chose , s'il est possible , de la riviire de Cook. Je lie me soueierois guere, apres tout, que vous avaUcassiez a cette place, attendu que les Russes en sont entiere- ment les maitres. Le voyage emploieroit done sans utilite un temps tres-precieux. Ainsi, des le premier juin, vous quitterez Ventree , et vous ferez voiles de nouvefi^i" vers le midi , en observant de repasser par vos anciens postes, et de recueiliir les fourrures dont voqs aurez pu faire provision; c'est ainsi que vous ar- riverez all lieu ou le vaisseau la^ Cote Nord-Ouest d'.Amiriqne sera'cOnvenu de vous rejoindre. Je desire bien que 1'epoque de cette reunion ne passe pas le premier aoiit 1789. Comme les operations auxquelles nous destinons la Cdte Nord- Ouest d'Amerique entre les 5oe et 4^* degres 3o minutes de latitude nord, rempliront suffi-- samment notre but, elle pourra rester dans ce poste. Ainsi j que vos instructions pour M. Funter soient elaires et precises. Lorsque vous vous separerez au cap Saint-Jacques , il avancera dans le grand canal , et remontera le cote nord-est de la Grande Isle jusqu'a la hauteur du 54* degre 3o minutes de latitude nord. II se iivrera a Pexecution de la partie du plan qui lui sera connee, entre l'ile et le continent d'Amerique *] Je ■. 1 {36?} 1 ■.£'■' felternativement. Ce plan est actuellemeiit entre vos" mains. Vous avez egalement tous les renseignemens necessaires sur les differens chefs et sur les lieux de leur residence. L'ecrit qui contient Pexplication etendue que j'ai eu le bonheur de me procurer de tous ces details', accompagne les instructions. Vous en^onne-* rez une «opie a M. Funter , et vous lui enjoindrez cxpressement de ne point se porter vers le cote nord- ouest de la Grande Isle, a. moins que dans votre route vous ne trouviez une occasion de le dlriger. La C8te J$Ford-Oi/est d'Amerique est merveilleusement adaptee au poste que nous lui reservons 5 et nous ne pouvons que nous feliciter d'avoir construit un pareil. vaisseau. Lorsque les vents souffleront avec violence de ia Grande Isle, il cherchera un abri sur la cote d'Amerique, au milieu des baies et des havres qui s'y trouvent en grand nombre. Prcvenez-le que ees parages sont peupies d'habitans. Si des vents plus violens encore le chassent de ce mouillage, les bords orientaux de ia Grande Isle lui offriront une retraite sure , prin- cipalement le havre de Port Royal. II passera ainsi le temps ? jusqu'a ce que Pepoque convenue pour le ren- dez-vous soit arrivee. Ce sera, je Pespere , a-.peu-pres dans le commencement d'aout. Vers ce temps, il aura traverse a plusieurs reprises ia pointe de la Grande Isle , son c6te nord - est, et tout le continent depuis Ie£ 5,o degres 3o minutes jusqu'aux 5.4 degres aussi 3o minutes de latitude nord. Par ce. moyen, tout Pes- pace compris entre Ventree du Prince Guillaume et Ventree de Nootka aura ete occupe et parcouru plur- sieurs foisi , excepte le c6te nord-ouest de la Grande u? ■ ( 368 ) Isle 5 et comme vous pourrez esperer de notivefttt y trouver de nouvelles provisions depuis le moment out vous Paurez quitte , je laisse a votre sagesse et a votre choix de permettre a. la Cdte Nord-Ouest d'Amdrique de gouverner vers ce poste, dans le voyage qu'elle fera pour me rejoindre a Ventree de Nootka. Lorsque ,vous serez reunis a Pepoqtie convenue , vous me donnerez par ecrit tous les details de voS operations. Vous avancerez ensuite, en toute diligence , avec VIphigenie jusqu'a Mednoi , ou Vile de Cuivre. J'espere que vous y serez arrive vers le io septembre , ou du moins avant que les vents de nord-ouest aient commence a. se faire sentir. Cette derni&re partie de vos instructions , vous ne I'executerez qu'autant que votre prudence ou les cir- constances vous le conseilleront. Vous pourriez trouver votre poste occupe , ou entendre dire qu'il le soit par d'autres vaisseaux. Dans ce cas, vous vous verriez engage dans une contestation. II peut naitre de meme quelque circonstance importante qui vous forcera de vous ecarter de vos instructions. Je vous laisse done entierement libre a cet egard , comme aussi , je le repete , sous tout autre rapport. Je vous ai indique 1'objet d'une visite a Vile de Cuivre ,* et aucun temps de Pannee ne paroit plus favorable pour Pentreprendre que le mois d'aout. Je me flatte qu'a cette epoque, VIphigenie et la Cdte Nord-Ouest d'Amerique auront parcouru toute Petendue du poste septentrional. Je compte, du moins , que s'il restoit quelque chose a faire , vous ordonnerez a M. Funter de Pache^er avant de me rejoindre a Nootka, J'attendrai <»on arrivee dans *? tfians. ci^te entrJe jusqu'au 20 novembre1*789. SI, alors, je n'entbnds pas parler de lui, je pars ce jour- ia meme pour gagner les iles Sandwich; et j'atten-- urai son arrivee et la^p^OTre datts la1 baie de JVymeo , <dans Pile & Atooi , ou dans le-n^frurllage de Pile One- how, jusqu'au premier Janvier 1790. Si, a cette autre epoque , je ne vois ar^iver nt VIphigenie ni la C6t§' Nord-Ouest d'Amerigue^V en. conclurai que ces deux vaisseaux auront essuye quelque fachjCux accident , et je gagneiai alors la Chine en toute diligenc% L'epoque que j'indique laisse .assez de temps pour achever toutes les operations 1 aussi, esper^-je fermement que VIphige'nie et la Cdte Nord-Ouest d'Amerique seront aux iles Sandwich vers le. premier decembre 1789^ Je vous donne tous les. pouvoirs qui vous devien- dront necessaires, dans la crainte de quelqu'un de ces evenemens contre lesquels la prevoyance humaine cher- .cheroit en vain a se precautionner. Vous devez etre k pleinement convaincu de ma confiance en votre sagesse et dans vos talens. Les vtMts pourroient etfe assez favorables pour vous permettre de gagner Vile de Cuivre vers le premier septembre- Vous visiteriez alors l'ile, et tacheriez de decouvrir un abri contre Papproche de Pequinoxe , toujours si redoutable dans les hautes latitudes septen- trionaies. Si Vous y trbuvez la mine de cuivre en gros blocs, vous la ferez sauter avec de la poudre , et vous en chargerez votre vaisseau ? autant qu'il sera possible de le faire sans en compromettre la stirete.. Vous emporterez aussi tout ce que vous pourrez vous procurer de bois de sandal ? ou de tout autre bois df Tome II. A a / ■ * /#.'■ IIIK 3l° ) ■ x V •enteur. Ges operations terminees , vous profitefez des Tents de nord qui comoienceront a se faire sentir a- jpeu-pres vers cette epoque, et vous viendrez en droite ligne me joindre aux iles Sandwich, comme le .portent les precedentes instructions. Nous concerterons alors nos operations futures pour que le ,vaisseau de jretour puisse avancer a la Chine. Je vous souhaite une bonne sante et un heureux. SUCCes , et demeure sincerement, Monsieur , Votre , etc. J. Measles. JA. bord de la Felice , anse des Amis > entrie du Roi George, ao septembre 1788. Pin de PAppendim du second Volume. w 371 TABLE D E S CHAPITRES CONTENUS PANS CE SECOND VOLUME* Chap, VII. Ls halevr excessive. Temps orageux.—Le mdt de misaine de la Felice consent.—Perte dune partie des bestiaux* —Mort de tous les boucs. ——Destruc-. tion de la plupart des plantes destindes pour les iles Sandwich. —Motifs pour dinger da route* du vaisseau vers le nord-ouest. —Maniire de nourrir l'equipage. — Occupations a bord. ——Projet de construction d'un vaisseau de ^o tonneaux dans Ventrde du Roi George. *~Les charpentiers en achkvent les <?a- barits et le modele. — I/art de bdtir les yaisseaux totalement inconnu aux cfiar- v 3-70 i A B X E pentiers Chinois. —- Port donsiddrdble des jonques chinois es. Ddtachement trfioisi pour jester dan§ I'entree du Roi George. Queue d'uii dragon de mer. j—Changement des mousso7is. Effets terribles des dragons de mer dans les mers de Chine et dans la mer Pacifique du Nord, Page 1 ^CIhap., VIII. On arrive L la vue de la terre, sans pouvoir en approcher. —Deeouverte d'iles que nous nommons iles Grampus.-— Froid excess if; raison prdsumable de ce changement du temps. Nous apver- $icevons des compagnies d'oiseaux. ■■—• \ Nous passons aupres d'une grande quan- ,titd de cette herbe que I'eau ddtache des rochers. —Deeouverte d'un rocher enofme auquel nous donndmes le nom 4le Femme de Loth. Nous apperce- $>ons fottant sur I'eau une solive et un morceau de canot.— Temps " orageux. — Nous voyons une tortue endormie sur la mer. Le temps va it la tempete it mesure que nous approchons de la cote d'Amdrique.—Nous suivons la route de la Resolution et de la Deeouverte. —— Mrreurdans notre estime.—-Nous voyonsj. BBS G » A * f T%T R f Sel 37^ pour la premidge fois j tin perroquet de. mer. — Clartd extraordinaire de 4&atJi- ^osphere ; a quelle cause il faut I'at- tribuer. — Vuede la cote d'Ameriqme. *jzjf*-Ltfe]?i ii^esse Boy ale part de Penile du Roi G&grge.—Ddlresse de l&HFelice. isiyfe^ monitions dans I'anse de&lMjftis , Mdaris I'entree du Roi George ^ nage'i'O. Chap.nIX. Situation avantagens&de ishfhse des Amis d#hs P entree du Roi GejoZge.**-* Nombre considerabledeMJb&tiirdIsx nas- sembles pour examiner, le vaisseah.-*—* Joie d^e Comekala^^son arrivde? A— Uannap&, c/ief Jnrnew > Mient a bofa> j quelques de[tMhdttsr sh whites:-^r'^/es tt%t- ture^n0MS\ appor$ekt—des' pPovihionW^de ^-^msspn.'.'^—Comeimla se '^dispose iridUer .^a terrjs. So7iihaAi&lgM-en&$ iidcepMon ^gue lui font ses compatrzm0s.,^-^&cisu- rjzations des gens' ded'd^ipag^^ AltirWf yde de Maquilla ^ tfh&fi de I'entrdS^du '0fffci *(3eo7ge j aVec Callicum , I'homme du rang le jjIus distingue apres lui.^—> Description de leurs Jiabilleniens^et^de i$$e&rs dzverses ceremonies, a la vwelau vaisseau. — Its viennent a bofdv^ sens que nous leur fimes. — Portn Aa 5 'Wk m ■*bi S74 T A B z s ces chefs.——Ils nous accordent la permission de bdtir une maison et un vaisseau , et nous abandonnent un terrein h cet effet. —Prdsens que nous leur of- frimes en reconnoissance de ce bierfait. — Callicum se plait dans le vaisseau , et est charge par Maquilla de protdger le ddtachement sur le rivage. -*—Maison bdtie dans Pause des Amis.!—Sa description. — Quille d'un vaisseau dressde. -—Rdcit abrdgd du meurtre contmis Pan* nee sufvante par les Espagnols en la personne de Callicum, Page 49 Chap. X. Moyens employes par les naturels pouraugmenter leprix des peaux de loutres de mer. -—- Leur supdriorite dans 2'arrangement des marchds qu'ils con- cluoient avec nous. — Conduite de Comekala. — Nous avons le credit d'en faire un chef. — Son mariage. — Ceremonie magnifique a cette occasion.—Maquilla et ses chefs atoptent notre habillement et nos manieres. Present de grande valeur fait par Maquilla. — Vol d'une meule a aiguiser. — Des naturels nous apportent une main d'homme a acheter. —• Danger qu'ils courent en cette cir- I DES ChAPITRES. ^&/5 Constance. -Perte ddplorablm. d'unto partie de I'equipage de /'Aigle* kajieiBial, en zy8y. —~RaisQ&s qne nous avons de soupconner Maquilla d'djre un.canni- bale. Ltgiinge #reiller employdXpar Callicum. — Les habitans de I'anM-des Amis s'dloignent a une petite distance. r—Raisons de cet dkdgrtejmTn^ e£j^ac£- litd avec laquelle ils I'ejffectueh^}—>- On nous apporte une j^unej loutre h acijJLeter, pagfe 7^ Chap. XI. Nous j$0us disposons a remettre ii la voile.— Vol de notre pinasse par les naturels. — Iqfetilitd de nos efforts pour la retrouver. — Mouvemensk^a bord du vaisseau*—'Ddharquement des officiers et du ddtachement destines it rested a terre. —-A mas de provisions pour I'dquipement )\du nouveau vaisseau. -—Mesuressprises pour la surete du ddtachement.—-Pro-, gres des travaux pour Aa construction du nouveau vaisieau.—Bonne sante de? gens de l'equipage. —^— Provisions de poisson. —Visite de ceremonie rendue it Maquilla > et renouvellement du traitd. —* Nous lui donnons avis de I'dpoque ptobable de I'arrivee de /^Iphigenie. liiii -A-a 4 m ^gM^aq^mila, demanded mre- lettre potyr le %*K>Qtoi£ain}ei de ee^vaSs^au. ~ Notre sur- &\i prise en le v&yiS^doud d'une ^infinite jUJI&tide connoissa&ces / m¥s par $esquels ^^\5^JLse*\tes^dtoit pro curd es.—^Hjs§bird de z^MLvMac&ay. —Callicum recent de la 8p| c&asse aux loutres de mer. — Nous trou-> -r^sfygfrs e^tre' ses. m^ns^lbStxuco^p d*m*t£cles qUi^\^ie*n^apjmPte^mt a sir Joseph Imhks. & &*^*yifye^ty$te\seau rem&t & lit* voile. —— ^j| A^kf^ de notre route j etc. ^ page 89 iiisj^iiB^^i l^'istfy ch&jfe ?Md&ift& $k Det&&ibhe tca\ Vii^entJ^svai^seau^dfans lem^oule-vers s>\ Ie lieu de la rd^tdence de^FViearra^ish.—\ <*%^kVicananish v&en£?i$ bord, et cond&H le \^ &&i$^a^'<dkn&mafrrad&&^ Artivd&d'un .^yp:and^om£j*e d~AmMtams• kda^haiHe^r du %x&&r&is.s&&u. -w Description^ du pays et du ^^vsllage de PVia&mznish p^vus du vais~ ^hn^^au i&f^isite&is&iidne au chef — Des- &®$&8p$ion de sa*maison. -^Surprise que \j/&*#4 cajy^kdgur^^on d'm&dnziitd.—xNom- 53 hj^se famitie de, kHmananish. — Son Op&^noe^^sesizimsor^i0Sa^manidre\ de ' imiikr ies i^^m^es^--^-Prdsens offerts it VVicana,nish. — Prix qu'il attache amos . cltaM^ieres oil I'on fait bouUlir le the. DES C H AAPfT TRES* 077 ■'*— Sa magnificence dans les prdsens qu'il nous _donne en retou^ des notres. —- Femmes ]a\e Iffiifonanish, le/tx \beautd $ prdsens qu'elles recoivent de^^ous. •—* f^hdg/eahles relgiMmg- de comr^eix^^vec les naturels.^—I*ls no^% 0focu7wnt des jk*$(f4s4onsf*raiches.r-rTrafic avec le chef ^ar^fy(pVoie de I'dchange Meurtre W^commjs dans- l& personne d>t&& dtranger par^ks naturels du vill@g&+.*—Le vais-* sfause tf^iLvefomepar' le^auvaigtemps \\*fle reldcher dans teportintdH^Mrj nomme . Port Co^\.M, s .-. :eJ^r^^^^J)ag47104 Chap. XIII. Les naturels du pays de FJfeca* „ nanish moins civilises que ceux de Nootka. t~ Quelques precautions que nous avions jtigees ndgg^sairss offgnsentle chef^ et pwduisgiit du rcfroid^s^-ment entre lui _et nous^-—*La bonne in tell/gence se rd- tftblit, etsle trailed'alliance est renou- velld. ^-rJP re sens fails de part et d'autre en cette occasion. — L'usage des armes a, feu .connu d ces insulaires. — Le -pit' lage est transporld a ujieypetige distance. H* Traite entre TVicana^sh , Hanna et Detootche. —Prdsens a cette occasion. — Heureuses consequences qui resultent 378 T A B 1 B pouf nous du traite. -—Presens faits h\ Wicananish et recus de lui. — Present envoyd de Ventrde du Roi George. —- Preparatifs pour mettre h la voile. — La Felice continue son voyage. -^Description du Port Cox j etc. Page 124 Chap. XIV. Nous continuous notre route au midi le long de la cote. Grand nombre de villages situes sur le rivage. —-Les ha- bitans approchent du vaisseau ; leur chagrin de voir que nous ne nous arre- tons pas pour mouiller. j Deeouverte des detroits de Jean de Fuca. Leur Etendue et leur situation. Les naturels arrivent a la vue du vaisseau. —«— Tatootche vient a bord. —Portrait de cet Indien. ^—Nous envoyons la chaloupe pour chercher un mouillage ; elle revient* Mauvaise conduite des naturels. — Nous continuous notre route telong de la eote.—Quelques ddtails succincts sur les detroits de Jean de Fuca. -—Nous ddpassons l'ile de Tatootche. —Les naturels arrivent it la vue du vaisseauj etc — Nous pass ons un grand nombre de. villages. —Cote dangereuse.—'Violence des vents de sud est.—Cap Flattery.—. DES CHAPITB.E$; 379 '0 Village de Classet* — Le vaisseau entre dans,la baie de Queenhythe. —Aspect sauvage du pays. — Vue du village de Oueenuitett.—Isle de la Destruction.—* Danger que court le vaisseau, etc. etc* page i38 Chap. XV. Nosprogres le long de la cote.— Deeouverte de la baie de Shoal- Water, inaccessible aux vaisseauxM^-Les na* turels viennent nous trouver. — Leur ddlicatesse dans leur trafic avec nous. — Quelques ddtails sur ces naturels.—* Continuation du voyage. — Raie de Deception.—Difference qui existe entre la veritable situation de cette c'dte et les cartes de I'Espagnol Maurelle.*— < Magnifque aspect du pays.—Nous pas* sons la baie de Quicksand et le cap Look Out. — Vue de trois rochers re- - marquables. —• Nous cessons d'avancer au midi* —Plan de la route que nous Wous proposons de tenir par la suite.— ConnoissaMce que nous parvenons it ac- qudrir ds cette cote. Parties que le capitaine Cook n'avoit pas reconnues y visildes par nous. —.Motifs pour retour- ner au nord.—Nous poursuzvons ia route 38 0 B tlT ^u no rd.^—Nous voyons de non&j&igtfe& ddjtjjgoits de Jean de Fuc^^-~Mouillage ^dans^^p^t Effingham, —^description _ de ce poit.^.—.^otts voyons quelques ^animaux marms % etc. Pa&e 15& Ijjhap. XVI. Nousprenonspossession des dd- ] troits de JetXnde Fuca au nom du Roid& ^Mla grande-Br^otgne.^ Nous recevons la tyisite de^na^urel^ Mj&use du^ai&sequ^ — Posfgion avanta-* — L^efialouge est ^^e^ipde^et^mvoy^^ eri expedition. -r-~ »;. Obpst d&G@tte exp^itp^^r^,De^dtra^{ gers jse reudeqt a bord du vaisseau. *—+ jgHNas^ \ vives mquidtudjM^laii^..#8J§^«j'*$£\. la chd^qup^^elle arrives^fi4^^i^io$ifs.^de ^^on^e^^J^pr^c^pi^4i^*\ G^ibat^ep'Ies *2&naturels dest a^dt^its^de Jean de Fuca ? bvt&t 4&s suites.—^BrdVoure de ces peuples. _^.»—^Muationyrcr^que de la. efotloupe et ySfcdu ddtacfiei&e&t. — Progrds considdra- .ii&tes :ger§\le& a^tf^ts de Jean'jie^Fnca. ^^r-r-Leur• \pos&u$ft. ft- On vient n^us^co- l poser d'acheter, des tetes d&hommes*+—' iMfDdcourag^ffkeuL que proa&it Cette offre et range parmi les^per^ounes de l'equipage. . Pj^&Yfytzfs-pour rqmettre en mer. —Nous qqtittons le Port Effingham. DES C II A P I T R E S.| 38l ——I Quelques ddtails sur ce port et sur I'entree.—Progrds du nouveau vaisseau. <»— Nos succes dans la traite des fourrures .—Attentions de Maquilla, page i83 Chap. XVII. Inquietudes du ddtachement que nous avions laisse a terre, surle compte du vaisseau.—Bruits repandusparies naturels. —Notre ddtachement paivient it savoir que nous sommes engages dans les detroits de Jean de Fuca. -— Sa fconduite en consequence.—Progres dans la construction de la nvaison , pendant I'absence de* la Felice.—r- Etonnement des naturels en voyant bdtir le vais- seau | attention particuliere qu'ils don- nent aux occupations des forgerons. — Notre rdgularitd a observer le jour du re* pos devient un objet de curiositdpour les naturels .—--Nous nous procure ns a cette occasion Une connoissance assez etendue de leur religion. — Projet de retourner au Port Cox. Motifs pour lesquels nous ne nous y arretdmes point en re- venant du Port Effingham.-—Nous som- gSJ mes ddconcertds dans nos projets. Mouvemens sdditieux a bard. -— Les 38a T A B X E auteurs et instigateurs sont conduits h terre.—Motfs pour jus tifier cet acte de ngueur. page 2©3 Chap. XVIII. Conduite du ddtachement que nous avions it terre , it 1'epoque de la sedition. —Promessesfaites it I'dquipage d'oiler aux iles Sandwich. — Occupation des gens de l'equipage.—Les mutins partent pour alter demeurer avec Maquilla et Callicum. — Ils sont ddpouillds de leurs habits, et on les fait travailler. — La Princesse Royale est appercue j tenant le large. Prdparatifs pour remettre en mer. j— Nous quittons une seconde fois Ventrde du Roi George. — Presens faits a Maquilla et a Callicum. — Ces chefs se prep are nt it la guerre. — Nous leur protons des armes. — Puissance de Maquilla.—II part pour son expedition dans le nord.—Instructions donnees par nous au ddtachement laissd it terre, 2.19 Chap. XIX. Nous mettons a la voile pour gagner le Port Cox. — Nous rencontrons la Princesse Royale.— Rons off ces que les deux vaisseaux se rendent de paj^i et d'autre*—Mouillage dans le Port Cox*. des Chapitres. 383 — La Princesse Royale met a I'ancre dans le Port Hanna Sejour de FVicana* nisht it Clioquatt. —Nous y envoy ons la chaloupe it deux fois diffdrentes avec des prdsens,—Description de Clioquatt.—- Occupations des naturels. — Agrdables relations de trafic avec eux. —* Nous envoy ons une troisieme fois la chaloupe a Wicananish pour prendre congd. —— Message de la part de ce chef qui arrive ensuite it bord. — Son fis tdmoigne \ le desir de s'embarquer avec nous; nous le refusons. *— Nous mettons a la voiley et jettons I'ancre de nouveau dans Ventrde du Roi George.—Arrivee de /'Iphi- genie. — Conduite amicale de Tianna it notre dgard.—Arrivde de Maquilla et de Callicum ; relation qu'ils nous font de leur expedition.—Horreur de Tianna pour les mosurs des naturels de la cote cVAmdrique. Ces naturels, tous cannibal es.—Les habitans des iles Sandwich n'ont point ces off reuses inclinations , page 2,3a Chap. XX. L'dquipage de /'Iphigenie tra- § m ■ : ft3 $A vaille au nouveau vaisseau* Arrange* e»JTJ 2u4 T A' B X E mens pris relative ment aux vaisseaux.— Les naturels se disposent a. se retirer dans leurs quartiers d'hiver. — Mesures relatives a nos bannis : nous consentons it les recevoir"de nouveau it bord; quelles soj$t les conditions.—-Maqurlfy: et Callicum noiis rendent une visite avant leur depart. —— Prdsens que nous faisonfr'a ces chefs. — Intelligence du derniet. —- Ingratitude de Comel&ila ^—Nous apper- cevons un vaisseau dans tct-nauie mer. — La chaloupe est envoy ee a son secours. —— Le Washington arrive dans Ventrde. -— Ddtails de son v%yage, ete. •— Le nouveau vaisseau recoil un nom, et est lance a Id mer. — Choix de personnes destirtdes it en former PSquipage. —-Ordres-dofinds au capitaine de I'I fihi- £>enie. Tianna se rembar^te a bord de c S> St fatsseam t „ „^mmm,„<>^ jis_ grade se sauve. te comremaiire II est secoitru par le maitre du Washington. —Nous quit tons Ventrde du Roi George pour' giagtier les iles Sandwich , Page 2^4 Chap. XXI. Ddtails des diverges nekilon&que1 nous avons vues sur la cote nord-oti#st d'Amdrique*. -I DES ChAP-TTRB-5. 385 d'Amdrique.—Les quatre nations du pays de Nootka.—Leur situation; noms de leurs villages, etat de leur population > etc. — La connoissance que nous aequimes des peuples places au midi de Queen* hythe est fondde, en grande partie > sur jde simples conjectures. Wicananish nous fait une nouvelle enumeration de Iditrs villages.—Details sur le continent d'Amdrique depuis le cap Saint Jacques jusqu'au midi. — Climats.— Saisons.— Vents, i—Tempetes. Ports. — Naviga- -Men, etc. —- // n'y a point de fleMves considdrahles dans le district de Ventrde de Nootka, ffi page295 Chap. XXII. Suite des details $ur le district de Nootka.—Vdgdtaux. Prodigieuse abondance de fruits sauvages. — Racines bonnes it manger, etcjjgjg*Quadrupedes.—- Cerfs.—Renards. —Marires. —Hermines. ^—Ecureuils.—Animaux marins. —Baleines , empereurs , veaux marins , etc. rrr^ Quelques"details particuliers sur la loutre/de mer. -— Diffdrentes especes d'oiseailx. Oiseaux aquatiques. —-— Poissons de diffdrentes especes. — Ma* Tome II. B b m w*t*x*m±WLS —<- 385 Tabxe des Chapitres. niere d'en prendre quelque suns.— Reptiles. — Insectes. —* Mindraux. — Conjectures sur les mines de ce pays, etc. page 3i3 Appendix de ce second Volume. N°. llmmnstructi&ns donnees par le Capitaine Meares , it. M. Rbbert Duffin > premier Officier de la Felice, charge d'aller reconnoitre les Detroits de Jean de Fiica, N°. IV. Copie du journal de M. Duffin , p |§| -ejpf $&£346 N'wV. Instructions donnees par le Capi* taine Meares au Capitaine Douglas , en quit tant la c6te d' Amerique y 355 Fin de la Table du Tome second. ■**— Errata du Tome II.' Tome II, page 25 , ligne 13 , d'une grampuse considerable, (lise^ d'une grampuse de grosseur considerable. — Page 41, ligne is, de mettre en panne, lise{ de mettre a la cape — Page 5.3, ligne 11, queues de poelons, lise\ manches de poelons. m--Page 90, ligne 7, nous le sortimes de l'anse, liseinous le rcjuorquames hors de l'anse. •*?m*Page 295 , ligne 1, details , lise{ detail. •VJi" 'i'. •WMpa^nps^ep ¥•
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Voyages de la Chine à la côte nord-ouest d'Amérique, faits dans les années 1788 et 1789 : précédés… Meares, John, 1756?-1809 1794
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Title | Voyages de la Chine à la côte nord-ouest d'Amérique, faits dans les années 1788 et 1789 : précédés de la relation d'un autre voyage exécuté en 1786 sur le vaisseau le Nootka, parti du Bengale; d'un recueil d'observation sur la probabilité d'un passage nord-ouest; et d'un traité abrégé du commerce entre la coté nordouest et la Chine, etc., etc. Par le capitaine J. Meares, Commandant de la vaisseau la Felice. Traduits de l'anglois par J.B.L.J. Billecocq, Citoyen Français. Avec une collection de cartes géographiques, vues, marines, plans et portraits, gravés en taille-douce. Tome second |
Alternate Title | Voyages du capitaine J. Meares ; [Voyages made in the years 1788 and 1789, from China to the north west coast of America : to which are prefixed, an introductory narrative of a voyage performed in 1786, from Bengal, in the ship Nootka; observations on the probable existence of a north west passage; and some account of the trade between the north west coast of America and China; and the latter country and Great Britain] |
Creator |
Meares, John, 1756?-1809 |
Contributor | Billecocq, J. B. L. J. (Jean Baptiste Louis Joseph), 1765-1829 |
Publisher | Paris : F. Buisson |
Date Issued | [1794] |
Description | "An 3 de la République" -- title page. |
Extent | 386 pages ; 30 cm |
Subject |
Indians of North America--Pacific coast Fur trade--Northwest, Pacific Nootka sound controversy Northwest Coast of North America Northwest Passage |
Genre |
Books Travel literature |
Type |
Text |
File Format | application/pdf |
Language | French |
Notes | Volume two of three volumes bound separately. Other Copies: http://www.worldcat.org/oclc/31276521 |
Identifier | FC3821.1 .M4214 1793 II-0364-iii-V02 |
Collection |
British Columbia Historical Books Collection |
Series | Voyages du capitaine J. Meares |
Source | Original Format: University of British Columbia. Library. Rare Books and Special Collections. FC3821.1 .M4214 1793 |
Date Available | 2016-05-26 |
Provider | Vancouver : University of British Columbia Library |
Rights | Images provided for research and reference use only. For permission to publish, copy, or otherwise distribute these images please contact digital.initiatives@ubc.ca. |
Catalogue Record | http://resolve.library.ubc.ca/cgi-bin/catsearch?bid=385836 |
DOI | 10.14288/1.0308195 |
Aggregated Source Repository | CONTENTdm |
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