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La satire chez Gérard Bessette

University of British Columbia

Bien que Gérard Bessette examine en profondeur les problèmes et les dilemmes auxquels l'homme et la société contemporaine sont confrontés, il est manifeste que c'est son penchant pour la satire qui le caractérise le mieux dans les six romans qui font l'objet de cette étude. Aussi nous sommes nous assignée pour tache de cerner de près la satire bessettienne, afin de dégager la thématique et les techniques qui la sous-tendent et d'évaluer, chemin faisant, son influence et sa qualité. Nous différencions dans la carrière de Gérard Bessette trois phases distinctes marquées chronologiquement par l'optimisme, le pessimisme et enfin un certain réalisme moqueur. Ce développement met en évidence chez l'écrivain une compréhension grandissante de la nature humaine, compréhension qu'accompagne un sens aigu de la satire. La grande diversité de genres évidente dans ces six romans comprend, entre autres, le roman social, le monologue intérieur et même l'épopée. Cette variété suggère la maturation philosophique de l'auteur. Dans ce contexte, la satire sociale des premiers livres se transforme en "satire métaphysique", d'après le jugement de Glen Shortliffe, pour aboutir à une satire "phylogénétique". Pour préciser le rôle de la satire, nous avons étudié son fonctionnement aux trois niveaux de base de chaque oeuvre: l'intrigue, le style et le langage. Selon le genre, l'utilisation des procédés satiriques diffère d'une manière significative d'un roman à l'autre. Cette démarche a révélé que le tempérament satirique de l'auteur, lequel s'avère incontestablement une partie intégrante de sa personnalité, a exercé une influence tantôt positive, tantôt négative sur la qualité des romans. Dans La bagarre, La commensale et Le cycle, l'écrivain a contrecarré par l'emploi corrosif de la satire ses buts romanesques. Par contre, une heureuse combinaison de genres et de procédés et de son talent satirique distingue Le libraire, L'incubation et Les anthropoides, réussites littéraires reconnues. La satire se montre chez Gérard Bessette comme l'arme et 1'expression de son affranchissement des conditions sociales désuètes du Québec. De plus, elle exprime sa méfiance à l'égard de l'humanisme qu'il juge hypocrite et vide de signification. Dans cette évolution personnelle, la satire devient enfin dans Les anthropoides l'instrument, employé magistralement, pour mettre en lumière ses nouvelles convictions philosophiques qui conçoivent l'homme comme un être également doué d'animalité et de spiritualité. Elle est la pierre de touche pour définir la nature humaine et se transforme en un remède contre nos prétentions. En résumé nous constatons que dans tous les cas où Gérard Bessette a su fondre son talent satirique dans le genre choisi, il a réalisé ses projets romanesques. Nous reconnaissons par conséquent dans ce don l'essence même de l'auteur, laquelle a contribué à un très haut degré à sa réussite.

Text

2010-03-29

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http://hdl.handle.net/2429/23008

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