"34c3db69-1b7c-4b6b-ab4a-c6103bbfb93a"@en . "CONTENTdm"@en . "[A voyage to the Pacific Ocean : undertaken, by the command of His Majesty, for making discoveries in the Northern hemisphere, to determine the position and extent of the west side of North America, its distance from Asia, and the practicability of a northern passage to Europe. Performed under the direction of Captains Cook, Clerke, and Gore, in His Majesty's ships the Resolution and Discovery, in the years 1776, 1777, 1778, 1779, and 1780]"@en . "http://resolve.library.ubc.ca/cgi-bin/catsearch?bid=386256"@en . "British Columbia Historical Books Collection"@en . "Troisie\u00CC\u0080me voyage de Cook"@en . "De\u00CC\u0081meunier, M. (Jean Nicolas), 1741-1814"@en . "Clerke, Charles, 1741-1779"@en . "Gore, John"@en . "Cook, James, 1728-1779"@en . "2017-02-21"@en . "1785"@en . "\"Translated by J.N. De\u00CC\u0081meunier with additions from the journal of William Anderson, ref. British Museum Catalogue.\" -- Strathern, G. M., & Edwards, M. H. (1970). Navigations, traffiques & discoveries, 1774-1848: A guide to publications relating to the area now British Columbia. Victoria, BC: University of Victoria, p. 64."@en . ""@en . "https://open.library.ubc.ca/collections/bcbooks/items/1.0342836/source.json"@en . "512 pages ; 21 cm"@en . "application/pdf"@en . " TROISI\u00C3\u0088ME VOYAGE\nDE COOK,\n' \u00C2\u00B0 U\nVOYAGE A L'OC\u00C3\u0089AN PACIFIQUE,\nORDONN\u00C3\u0089 PAR LE ROI D'ANGLETERRE.\nTOME SECOND. B9B TROISI\u00C3\u0088ME VOYAGE\n| DE COOK,\nO u\nVOYAGE A L'OC\u00C3\u0089AN PACIFIQUE,\nORDONN\u00C3\u0089 PAR LE ROI D'ANGLETERRE >\nPour faire des D\u00C3\u00A9couvertes dans TH\u00C3\u00A9misphere Nord *\npour d\u00C3\u00A9terminer la pof\u00C3\u00AEtion & l'\u00C3\u00A9tendue de la C\u00C3\u00B4te\nOueft de I'Am\u00C3\u00A9rique Septentrionale, fa diftance\nde TAsie, & r\u00C3\u00A9foudre la queflion du PafTage au Nord,\nexecute fous la direction des Capitaines Coo ks\nClerke & Gore ) fur les Vaijfeaux la R\u00C3\u00A9folution\n& la D\u00C3\u00A9couverte, en 1776,1777* \u00C3\u00AE77$j z779 &< 1780,\nTRADUIT DE I/ANGLOIS, PAR M. d ******?*\nss\u00C3\u00AFS\u00C3\u008ASssse\u00C3\u008AS\u00C3\u008AEas\nTOME SECOND.\nA P A R IS,\nHOTEL DE THOU, RUE DES POITEVINS.\nM. D C C L X X X V.\nA VEC APPROBATION ET PRIVILEGE BU ROI.\n_W M\n/$\"o il\n?\nF\nA\n;\u00C2\u00AB VOYAGEf\nA LA MER PACIFIQUE.\n\u00C2\u00B1\u00C2\u00B1&!\"&^>*^~\n\u00C3\u00AF^*\u00C3\u00A2$^te\nSUITE DU LITRE SECOND,\nCHAPITRE IX.\nJ)efcription d'une grande F\u00C3\u00AAte, appelles\nNatche, relative au Fils du Roi. Procef\nfions & autres c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies- qui eurent\nlieu le premier jour. Nuit pajf\u00C3\u00A9e dans\nla Maifon du Roi. Continuation de la\nF\u00C3\u00AAte le lendemain. Conje&ures fur fort\nvbjet. D\u00C3\u00A9part de Tongataboo & arriv\u00C3\u00A9e\n\u00C3\u00A0 Eooa. Defcription de cette Ifle ^ &\nr\u00C3\u00A9cit de ce qui nous y arriva.\nN,\nous \u00C3\u00A9tions pr\u00C3\u00AAts \u00C3\u00A0 appareiller de Tonga- z\ntaboo ; mais le vent foufflant de la partie de FEft, 1777.\nle jour ne devoit pas durer aflez long-temps, Juillet\u00C2\u00BB\n$pour d\u00C3\u00A9bouquer les j>afles, avec la mar\u00C3\u00A9e du ma- 6.\nun, ou avec celle du foir; i'uae finiflbit trop\nTome IL A *777-\n7*\na T R O.I .S I E M E V O Y AG E\nt\u00C3\u00B4t, & l'autre trop tard, & \u00C3\u00A0 moins qu'il ne\nfurv\u00C3\u00AEnt un vent tr\u00C3\u00A8s-bon, je fentis qu'il faudrok\nJuillet, attendre deux~\u00C3\u00A9u trois jours.\nCe d\u00C3\u00A9lai me caufa d'autant moins de regrets,\ngu\u00C3\u00A9 je f\u00C3\u00A9fbjlus; d'affiljer I une gmnde f\u00C3\u00AAte fix\u00C3\u00A9e\npour le 8, \u00C3\u00A0 laquelle le Roi nous avoit invit\u00C3\u00A9s,\nlorfq\u00C3\u00BB\u00C3\u00A9 nous all\u00C3\u00A2mes lui faire notre derni\u00C3\u00A8re v\u00C3\u00AE-\nfite. Il quitta notre voifinage le 7, & il fe rend\u00C3\u00AEt, ainfi que tous les Infula\u00C3\u00AFres d'un rang diftin-\ngu\u00C3\u00A9, \u00C3\u00A0 M&m-j o\u00C3\u00B9 les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies d\u00C3\u00A9voient fe\npafl\u00C3\u00A8r. Plufieurs d'entre nous le fuivirent le lendemain. D'apr\u00C3\u00A8s ce que Poulaho nous avoit dit,\nnous juge\u00C3\u00A2me\u00C3\u00AAi'^ue fon fils , l'h\u00C3\u00A9ritier pr\u00C3\u00A9fomptif\nde la.Couronne* alloit \u00C3\u00AAtre rev\u00C3\u00AAtu folemnelle-\n\u00C3\u00AEnent de certains privileges, & en particulier de\ncelui de manger avec fon p\u00C3\u00A8re : honneur dont il\nn'avoit pas encore joui-\nNous arriv\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 Mooa fur les huit heures,\n& nous trouv\u00C3\u00A2mes le Roi dans un enclos fi petit\n& fi fale, que je fus \u00C3\u00A9tonn\u00C3\u00A9 de voir un lieu auff\u00C3\u00AE\nmal-propre, dans cette partie de rifle..Un grand\nnombre d'Infulaires \u00C3\u00A9toient affis devant lui. Ils fe\nlivroient aux foins qui les occupent ordinairement le matin; ils pr\u00C3\u00A9paraient un bowl de Kava.\nSur ces entrefaites, nous all\u00C3\u00A2mes faire une vifite\n\u00C3\u00A0 quelques - uns de nos Amis, & bbferver les\npr\u00C3\u00A9paratifs de la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie qui deyoit bient\u00C3\u00B4\u00C3\u00A7\n\u00E2\u0096\u00A0W D E C O O K. 3\ncommencer. A dix heures, les Naturels s'af\u00C3\u00AF\u00C3\u00A8m-\nblerent au milieu d'une prairie, qui eft en face\ndu Malaee<> ou du grand \u00C3\u00A9difice auquel on nous\n.avoit conduits, quand nous all\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 Mooa\npour la premiere fois. Nous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes, \u00C3\u00A0 l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 de l'un des chemins, qui d\u00C3\u00A9bouchenc\ndans cette prairie, des hommes arm\u00C3\u00A9s de piques\n& de mafTues ; ils r\u00C3\u00A9citoient ou chantoient conf-\ntamment une petite phrafe., fur un ton pleureur\nqui annon\u00C3\u00A7oit la d\u00C3\u00A9treff\u00C3\u00A8, & qui fembloit demander quelque chofe. Ces phrafes de r\u00C3\u00A9citatif\nou de chant, fe continu\u00C3\u00A8rent pendant une heure :\ndurant cet intervalle, une multitude d'Infulaires\narriv\u00C3\u00A8rent par le chemin dont je viens de parler;\nchacun d'eux apportoit une igname attach\u00C3\u00A9e au\nmilieu d'une perche, qu'il d\u00C3\u00A9pofa aux pieds de\nceux qui pfalmodioient fi triftement. Le Roi &\nle Prince arriv\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A9galement, & s'afiirent fur\nla prairie; on nous pria de nous afl\u00C3\u00A8oir \u00C3\u00A0 leurs\nc\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s, mais d oter nos chapeaux & de d\u00C3\u00A9lier nos\ncheveux. Tous ceux qui apportaient des ignames \u00C3\u00A9tant arriv\u00C3\u00A9s, chacune des perches fut relev\u00C3\u00A9e & port\u00C3\u00A9e fur les \u00C3\u00A9paules de deux hommes.\nApr\u00C3\u00A8s s'\u00C3\u00AAtre form\u00C3\u00A9s en compagnies de dix ou\ndouze, ils traverferent le lieu de la fcene d'un\npas preffe; les compagnies \u00C3\u00A9toient conduites par\nun guerrier arm\u00C3\u00A9 d'une maflue ou d'une \u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9e, &\nA %\n1777*\nJuillet.\n/Hm I\nA777.\nJuillet,\n4 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ngard\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 droite par plufieurs autres qui avoient\ndiff\u00C3\u00A9rentes armes. Un Naturel, portant fur une\nperche un pigeon en vie, terminoit la proceffion\ncompof\u00C3\u00A9e d'environ deux cents cinquante per-\nfonnes.\nJe chargeai Ornai de demander au Chef, o\u00C3\u00B9\nl'on portoit les ignames avec tant d'appareil : le\nChef ne fe fouciant pas de fatisfaire notre curi\u00C3\u00B4-\nfk\u00C3\u00A9, deux ou trois d'entre nous fuivirent la proceffion contre fon gr\u00C3\u00A9. Les Infulaires s'arr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A8rent\ndevant le Morai ou le Fiat\u00C3\u00B4oka {a} d'une\nmaifon , fitu\u00C3\u00A9e fur une petite montagne \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9e d'un quart de mille du lieu o\u00C3\u00B9 ils fe raf-\nfemMerent1 d'abord. Us y d\u00C3\u00A9poferent les ignames, dont ils form\u00C3\u00A8rent deux tas; mais j'ignore\nquelle \u00C3\u00A9toit leur intention* Comme notre pr\u00C3\u00A9-\nfence fembloit les g\u00C3\u00AAner, nous les quitt\u00C3\u00A2mes, &\nnous retourn\u00C3\u00A2mes aupr\u00C3\u00A8s de Poulaho, qui nous\ndit de nous promener dans les environs, parce\nqu'il y auroit un entr'a\u00C3\u00A9te de quelque dur\u00C3\u00A9e.\nNous nous \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A2mes peu, & notre promenade\nne fut pas longue ; nous craignions de perdre\nune partie de la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie. Lorfque nous rejoign\u00C3\u00AEmes le Roi, il m'engagea \u00C3\u00A0 ordonner aux\n{a) Ceft le Fiat\u00C3\u00B4oka dont M, Anderfon a parl\u00C3\u00A9,\nVoyez Tosn I\u00C2\u00BB pag. 469.\n\u00C3\u00A2a D E C O O K. 5\nMatelots de ne pas fortir du canot; il ajouta r***\u00C2\u00BB*^\nque chaque chofe feroit bient\u00C3\u00B4t Taboo, fi l'on 1777.\nrencontroit ,dans la campagne quelques-uns de Juillet.\nmes gens ou des fiens ; qu'on les renverferoit \u00C3\u00A0\ncoups de mafl\u00C3\u00B9es, & m\u00C3\u00AAme qu'ils feroient Ma-\ntced) c'eft-\u00C3\u00A0-dire , tu\u00C3\u00A9s. Il m'avertit auffi que\nnous ne pouvions pas nous trouver parmi les\nA\u00C3\u00A9teurs de la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, mais qu'on nous m\u00C3\u00A8nerait dans un lieu d'o\u00C3\u00B9 nous verrions tout ce\nqui fe pafl\u00C3\u00A8roit. Notre v\u00C3\u00AAtement fournit \u00C3\u00A0 Pou-\nlaho un premier pr\u00C3\u00A9texte pour nous exclure ; il\ndit que fi nous voulions affilier \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie,\nil f\u00C3\u00A0udroit avoir la partie fup\u00C3\u00A9rienre du corps d\u00C3\u00A9couverte jufqu'\u00C3\u00A0 la poitrine, \u00C3\u00B4ter nos chapeaux &\nd\u00C3\u00A9lier nos cheveux. Oma\u00C3\u00AF r\u00C3\u00A9pondit qu'il fe conformerait aux uiages du pays, & il commen\u00C3\u00A7a \u00C3\u00A0 fe\nd\u00C3\u00A9shabiller. Le Prince imagina enfuite d'autres\npr\u00C3\u00A9textes, & Ornai fut exclus auffi-bien que nous*\nCette d\u00C3\u00A9fenfe ne me convenoit pas trop, & je\nm'\u00C3\u00A9loignai pour quelques momens, afin de d\u00C3\u00A9couvrir ce que vouloient faire les Infulaires. J'ap-\nper\u00C3\u00A7us peu de monde dans la campagne, except\u00C3\u00A9\nles hommes v\u00C3\u00AAtus pour la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie ; quelques-\nuns d'entr'eux portoient des b\u00C3\u00A2tons d'environ\nquatre pieds de longueur, au-deflbus defquels\n\u00C3\u00A9toient attach\u00C3\u00A9s deux ou trois morceaux de bois,\nde la grofl\u00C3\u00A8ur du pouce, & longs d'un demi-\nA 3 I\nfia\nm\nw\n6 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n^^f^? pied : \u00C3\u00AEls'alloient au Morai, dont je parlois tout-\n1777. \u00C3\u00A0-Pheure. Je pris le m\u00C3\u00AAme chemin, & je fus\nJuillet, arr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A9 plufieurs fois par leurs cris de Taboo ; je\ncontinuai cependant ma route, fans trop m'oc-\ncuper de leurs cris, jufqu'au moment o\u00C3\u00B9 je vis\nle Morai & les Infulaires qui \u00C3\u00A9toient affis devant la fa\u00C3\u00A7ade : on me preff\u00C3\u00A0 alors tr\u00C3\u00A8s-vivement\nde r\u00C3\u00A9trograder ; & ignorant quelles feroient les\nfaites de mon refus, je revins fur mes pas. J'a-\nvois obferv\u00C3\u00A9 que les Naturels, charg\u00C3\u00A9s des b\u00C3\u00A2tons de quatre pieds, d\u00C3\u00A9paflbient le Morai ou\nle temple ; je crus, d'apr\u00C3\u00A8s cette circonftance,\nqu'il fe paflbit derri\u00C3\u00A8re cet \u00C3\u00A9difice, des chofes\nqui m\u00C3\u00A9ritoient d'\u00C3\u00AAtre examin\u00C3\u00A9es : je formai le\nprojet de m'y rendre par un d\u00C3\u00A9tour; mais je fus\nfi bien furveill\u00C3\u00A9 par trois hommes, que je ne pus\nex\u00C3\u00A9cuter mon deflein. Cherchant \u00C3\u00A0 tromper ces\nfentinelles, je retournai au Malaee, o\u00C3\u00B9 j'avois\n\u00C3\u00AEaifie le Roi, & je m'\u00C3\u00A9vadai une f\u00C3\u00A9conde fois ;\nmais je rencontrai bient\u00C3\u00B4t mes trois hommes,\nenforte qu'ils me parurent charg\u00C3\u00A9s d'\u00C3\u00A9pier tous\nmes mouvemens. Je ne fis' aucune attention \u00C3\u00A0\nleur d\u00C3\u00A9marche ou \u00C3\u00A0 leur propos, & je ne tardai\npas \u00C3\u00A0 appercevoir le principal Fiat\u00C3\u00B4oka ou\nMorai du Roi que j'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9crit. (^) Une\n{a) Voyez Tom. I, pag. 471, BE COO |C| 7\nmultitude dinfulaires .\u00C3\u00A9toien\u00C2\u00A3. affisr devant cet \u00C3\u00A9di- \u00E2\u0096\u00A0- <\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\nfice ; c'\u00C3\u00A9toientjles Natifs que j'avais vu 4ej^8f J777-\nl'autre Morai, plac\u00C3\u00A9 k fe^ld^^i^i^e de c\u00C3\u00A7lui-ci. Juillet. -\nComme je -pogspis les obferver dgyfei plantation\ndu Roi, je m'y rendis, \u00C3\u00A0 la grande fatisfa&ion\nde ceux qui ni'ace\u00C3\u00B4i|ipagnoieQt. >\nD\u00C3\u00A8s que j'y fus entr\u00C3\u00A9e je i&c\u00C2\u00A7ntai ce qne;jV\nvois vu, \u00C3\u00A0 ceux de nos Meffieurs qui s'y trou-?\nvoient, & nous nous gfe\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2mes g\u00C3\u00AEe mani\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 bim\nexaminer- la fuite de la \u00C3\u00A7\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9triofti\u00C3\u00AA.: Le nombre\ndes Naturels, qui oc\u00C3\u00A7upoient le Fiat\u00C3\u00B4oka, continua pendant quelque temps \u00C3\u00A0 augmenter; ils\nquittent enfin leurs fieges, & i\u00C3\u00AFq fe mirent en\nb^Q&%$ ils marchoient en couple^ l'un, apr\u00C3\u00A8s\nl'autre. Les deux Naturels qui formoient un\ncoupk,portoiententr'eux,itefeurs \u00C3\u00A9paules, un\ndes b\u00C3\u00A2tons d\u00C3\u00AFfHf j'ai parl\u00C3\u00A9 : on nous dit que les\npetits morceaux de bois attach\u00C3\u00A9s au milieu,\n\u00C3\u00A9toient des ignames; il eft vraifemblalplp queilg\nNaturels emploient des morceaux de bois, pour\nembl\u00C3\u00A8mes de ces ratifi\u00C3\u00A9es. Le f\u00C3\u00A9cond de chaque\ncouple pla\u00C3\u00A7ok commun\u00C3\u00A9ment une de fes mains\nau milieu du b\u00C3\u00A2ton, comme fi cet appui e\u00C3\u00BBt \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9\nn\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A7fl\u00C3\u00A0ire pour l'emp\u00C3\u00AAcher de rompre fous le\npoids ; ils affe\u00C3\u00A9ioienr auffi de marcher courb\u00C3\u00A9s,\ncomme s'ils eul\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8nt \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 accabl\u00C3\u00A9s par la pefan-\nteur d'un fardeau. Nous compt\u00C3\u00A2mes cent huit\nA 4 8 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 couples-; les hommes qui les compofoient, \u00C3\u00A9toient\n1777. tous, ou te'pfttfiart, d'un rang diftingu\u00C3\u00A9. Ils\nJuillet, vinrent tr\u00C3\u00A8s-pr\u00C3\u00A8s de la haie, derri\u00C3\u00A8re laquelle\nnous nous trouvions, & nous les v\u00C3\u00AEmes fort \u00C3\u00A0\nnotre aile* J||\nLorfqu'ils eurent tous d\u00C3\u00A9fil\u00C3\u00A9 devant nous,\nnous retourn\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 la maifon de Poulaho. Ce\nPrince fcrtoit; on ne nous permit pas de le\nfuivre, & on nous mena fur le champ \u00C3\u00A0 l'endroit\nqu'on nous deft\u00C3\u00AEno\u00C3\u00AEt, c'eft-\u00C3\u00A0-dire-, derri\u00C3\u00A8re une\npaiiflade, voifinc de la prairie du Fiat\u00C3\u00B4oka^ o\u00C3\u00B9\nl'on avoit d\u00C3\u00A9pof\u00C3\u00A9\" les ignames le matin. Comme\nnous n'\u00C3\u00A9tions pas les feuls exclus de la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie , & qu'on fou (Trait \u00C3\u00A0 peine que nous la re-\ngardaffions en cachette, il arriva pr\u00C3\u00A8s de nous un\nafl\u00C3\u00A8z grand nombre d'Infulaires : j'obferv\u00C3\u00A2i que\nles enclos des\u00C2\u00BB environs \u00C3\u00A9toient d^ill\u00C3\u00A9urs- remplis\nde monde. Mais on avoit pris tous les foins imaginables , pour nous mafquer la vue ; non-feulement on avoit r\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9 les paiifi\u00C3\u00A0des dans la matin\u00C3\u00A9e , on en avoit \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9 prefque par-tout de nouvelles, d'une fi grande \u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation, qu'un homme\nde la plus haute taille ne pouvoit voir par-deflus.\nNous ne craign\u00C3\u00AEmes pas de faire des trous dans\nla haie avec nos couteaux; & de cette mani\u00C3\u00A8re,\nnous obf\u00C3\u00A8rv\u00C3\u00A2mes allez bien tout ce qui fe paflbit\nde Pautre c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9. DE COO K# 9\nLorfque nous nous port\u00C3\u00A2mes derri\u00C3\u00A8re la ha\u00C3\u00AFe,\ndeux ou trois cents perfonnes \u00C3\u00A9toient affifes fur\nl'herbe, pr\u00C3\u00A8s de Pextr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 du fentier, qui d\u00C3\u00A9-\nbouchoit dans la prairie du Morai; d'autres, en\nplus grand nombre, ne tard\u00C3\u00A8rent pas \u00C3\u00A0 les veniit\njoindre. Nous v\u00C3\u00AEmes aufl\u00C3\u00AE arriver des hommes\nportant de petits b\u00C3\u00A2tons, & des branches ou des\nfeuilles de cocotier : d\u00C3\u00A8s qu'ils parurent , un\nvieillard s'affit au milieu du chemin, & les regardant en face, il pronon\u00C3\u00A7a un long difcours\nfur un ton f\u00C3\u00A9rieux, Il fe retira enfuite, & les In-\nfulaires, dont je viens de parler, s'avanc\u00C3\u00A8rent vers\nle centre de la prairie, & \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A8rent un petit hangar. Quand ils eurent achev\u00C3\u00A9 cet ouvrage, ils\ns'accroupirent un moment; ils fe relev\u00C3\u00A8rent, &\nils all\u00C3\u00A8rent fe placer parmi le refte de la troupe.\nBient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, le fils de Poulaho entra, pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9d\u00C3\u00A9\nde quatre ou cinq Infulaires; il s'affit avec fon\ncortege , derri\u00C3\u00A8re le hangar un peu de c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9.\nDouze ou quatorze femmes du premier rang fe\nmontr\u00C3\u00A8rent; elles marchoient lentement deux \u00C3\u00A0\ndeux, & elles portoient une piece \u00C3\u00A9troite d'\u00C3\u00A9toffe\nblandie, de deux ou trois verges de longueur,\n\u00C3\u00A9tendue dans l'intervalle qui f\u00C3\u00A9paroit les deux\nperfonnes de chaque couple. Elles s'approcheront du Prince ; elles s'accroupirent devant lui ;\n&, ayant mis autour de fon corps quelques-\n*777-\nJuillet., y\n\k\nto Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ny unes des pieces d'\u00C3\u00A9toffe qu'elles apportoient,\n^777- elles fe relev\u00C3\u00A8rent : elles fe retir\u00C3\u00A8rent dans le\nJuillet, m\u00C3\u00AAme ordre, & elles suffirent \u00C3\u00A0 une certaine\ndiftance fur fa gauche. Poulaho lui-m\u00C3\u00AAme parut,\npr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9d\u00C3\u00A9 de quatre hommes qui marchoient deux*\n\u00C3\u00A0 deux, & qui suffirent \u00C3\u00A0 environ vingt pas, &\n\u00C3\u00A0 la gauche de fon fils. Le jeune Prince quitta\nalors la premiere place, il alla s'ai\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8oir avec fon\nefcorte fous le hangar; & un nombre consid\u00C3\u00A9rable d'autres Infulaires s'affirent fur l'herbe, devant le Pavillon Royal. Le Prince regardo\u00C3\u00AFt le\npeuple, & avoit le dos tourn\u00C3\u00A9 au Morai. Trois\ncompagnies de dix ou douze hommes chacune,\nfortirent Pune apr\u00C3\u00A8s l'autre du milieu du grouppe\nle plus nombreux ; &, courant avec pr\u00C3\u00A9cipitation\nau c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 oppof\u00C3\u00A9 de la prairie, elles s'affirent durant quelques f\u00C3\u00A9condes ; elles retourn\u00C3\u00A8rent enfui-\nte, de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re, \u00C3\u00A0 leur premiere place.\nDeux hommes, qui tenoient un petit rameau\nvert \u00C3\u00A0 la main, fe lev\u00C3\u00A8rent & s'approch\u00C3\u00A8rent du\nPrince ; ils s'affirent quelques f\u00C3\u00A9condes, \u00C3\u00A0 trois\nreprifes diff\u00C3\u00A9rentes, \u00C3\u00A0 mefure qu'ils avanc\u00C3\u00A8rent,\n& ils le retir\u00C3\u00A8rent dans le m\u00C3\u00AAme ordre : nous\nobferv\u00C3\u00A2mes qu'ils pench\u00C3\u00A8rent leurs rameaux les\ntins vers les autres, tant qu'ils furent affis. Peu\nde temps apr\u00C3\u00A8s, un tro\u00C3\u00AFfieme & un quatri\u00C3\u00A8me\nInfulaires r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A8rent cette c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie. D E C O O K. II\nLa grande proceffion que j'avois vu fe mettre\nen marche de l'autre Morai, arriva \u00C3\u00A0 cette \u00C3\u00A9poque. Si l'on juge du d\u00C3\u00A9tour qu'elle fit, par le\ntemps qu'elle employa, il dut \u00C3\u00AAtre confid\u00C3\u00A9rable.\nD\u00C3\u00A8s que les hommes qui la compofoient eurent\natteint la prairie, ils s'avanc\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 droite du\nhangar. Apr\u00C3\u00A8s s'\u00C3\u00AAtre proftem\u00C3\u00A9s fur le gazon,\nils d\u00C3\u00A9poferent leurs pr\u00C3\u00A9tendus fardeaux ( les b\u00C3\u00A2tons dont j'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 parl\u00C3\u00A9) & ils regard\u00C3\u00A8rent le\nPrince. Ils fe relev\u00C3\u00A8rent, ils fe retir\u00C3\u00A8rent dans le\nm\u00C3\u00AAme ordre, en joignant leurs mains, qu'ils te-\nnoient devant eux de Pair le plus f\u00C3\u00A9rieux, & ils\ns'affirent fur les bords de la fcene. Tandis que\ncette bande nombreufe d\u00C3\u00A9filoit, & d\u00C3\u00A9pofoit fes\nb\u00C3\u00A2tons > trois hommes, affis fous le hangar avec\nle Prince , prononc\u00C3\u00A8rent des phrafes d'un ton\nlangoureux. Ils gard\u00C3\u00A8rent un filence profond durant quelque temps ; enfujte un homme affis au\nfront de la prairie, commen\u00C3\u00A7a un difcours , ou\nune pri\u00C3\u00A8re, pendant laquelle il alla, \u00C3\u00A0 plufieurs\nreprifes, brifer un des b\u00C3\u00A2tons apport\u00C3\u00A9s par ceux\nqui \u00C3\u00A9toient venus en proceffion. Lorfqu'ii eut\nfini, la troupe affife devant le hangar, fe f\u00C3\u00A9r\npara pour former une haie, \u00C3\u00A0 travers laquelle\nle Prince & fa fuite pai\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8rent; & Pafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e fe\n\u00C2\u00ABdifperfa.\nQuelques-uns d'entre nous, fatisfaits de ce\n1777.\nJuillet. 12\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\n! : qu'ils avoient d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 vu, retourn\u00C3\u00A8rent aux va\u00C3\u00AEf-\n1777. f\u00C3\u00A9aux; mais, comme je ne voulois perdre aucune\nJuillet, occafion de m'inftruire des inftitutions politiques\n& religieufes de ce peuple, je demeurai \u00C3\u00A0 Mooa7\navec deux ou trois de mes Officiers, afin d'\u00C3\u00AAtre\nt\u00C3\u00A9moin de la f\u00C3\u00AAte qui ne devoit fe terminer que\nle lendemain. Les petits morceaux de bois, &\nles b\u00C3\u00A2tons apport\u00C3\u00A9s fur la prairie, par ceux qui\n\u00C3\u00A9toient venus en proceffion , fe trouvant abandonn\u00C3\u00A9s, j'allai les examiner, quand il n'y eut\nplus de foule. Je ne trouvai que des morceaux\nde bois, attach\u00C3\u00A9s au milieu des b\u00C3\u00A2tons, ainfi que\nje l'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit. Cependant les Naturels plac\u00C3\u00A9s\npr\u00C3\u00A8s de nous, nous avoient r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 plufieurs fois\nque c'\u00C3\u00A9toient de jeunes ignames, & quelques-\nuns de nos Meilleurs, comptant fur cette af\u00C3\u00AF\u00C3\u00A8r-\ntion, ne vouloient pas en croire leurs yeux. Puif-\nque ce n'\u00C3\u00A9toit pas des ignames, il eft clair que\nles Naturels ne purent nous les donner que pour\nles embl\u00C3\u00A8mes de ces racines, & que nous les\ncompr\u00C3\u00AEmes mal.\nOn fervit notre fouper \u00C3\u00A0 fept heures; il fut\ncompof\u00C3\u00A9 de poiflbns & d'ignames. Il ne tenoit\nqu'\u00C3\u00A0 nous de manger du porc, mais nous ne\nvoul\u00C3\u00BBmes pas tuer un gros cochon, que le Roi\nnous avoit donn\u00C3\u00A9 pour ce repas. Le Roi foupa\navec nous, il but une tr\u00C3\u00A8s-grande quantit\u00C3\u00A9 I) E C O O K. 13\nd'eau-d\u00C3\u00A7-vie & de vin, & il alla fe coucher \u00C3\u00A0 j j . , \u00E2\u0096\u00A0,\ndemi-ivre. Nous pafs\u00C3\u00A2mes la nuit dans la m\u00C3\u00AAme *777*\nmaifon que lui, & quelques perfonnes de fa Juillet.\nfuite.\nLes Infulaires s'\u00C3\u00A9veill\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 une ou deux heures du matin , ils cauferent environ une heure,\n& ils dormirent de nouveau. Except\u00C3\u00A9 Poulaho,\nils fe lev\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 la pointe du jour, & je ne fais\no\u00C3\u00B9 ils all\u00C3\u00A8rent. Bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, une des femmes\nqui accompagnoient ordinairement le Prince., entra, & demanda o\u00C3\u00B9 il \u00C3\u00A9toit. Je le lui montrai;\nelle s'affit fur le champ pr\u00C3\u00A8s de lui, & elle fe\nmit \u00C3\u00A0 le Macer , ainfi que M. Anderfon avoit\nvu Macer Futtafaihe ; elle lui frappoit doucement fur les cuifl\u00C3\u00A8s , avec fes poings ferm\u00C3\u00A9s.\nCette op\u00C3\u00A9ration deftin\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 prolonger le fommeil\ndu Roi, eut un effet contraire; mais, quoiqu'il\nne dorm\u00C3\u00AEt pas, il fe tint couch\u00C3\u00A9.\nNous all\u00C3\u00A2mes, Ornai & moi, faire une vifite\nau jeune Prince , qui- nous avoit quitt\u00C3\u00A9s d\u00C3\u00A8s le\ngrand matin ; car il ne logeoit pas avec le Roi,\n& il occupoit une maifon particuli\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 quelque\ndiftance de celle de fon p\u00C3\u00A8re. Nous le trouv\u00C3\u00A2mes environn\u00C3\u00A9jde petits gar\u00C3\u00A7ons ou de jeunes\ngens de fon \u00C3\u00A2ge, affis devant lui. Une vieille\nfemme & un homme d'un \u00C3\u00A2ge avanc\u00C3\u00A9, qui fem-\nbloieut prendre foin de lui, \u00C3\u00A9toient affis par- mm\nJuillet.\n* 4 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nderri\u00C3\u00A8re. Nous v\u00C3\u00AEmes d'autres hommes & d'autres\nfemmes occup\u00C3\u00A9s du ferv\u00C3\u00AFce de l\u00C3\u00A0 Cour.\nNous retourn\u00C3\u00A2mes enfuite aupr\u00C3\u00A8s du Roi, qui\nvenoit de fe lever, & qui \u00C3\u00A9toit entour\u00C3\u00A9 d'un cercle nombreux , compof\u00C3\u00A9 fur-tout de vieillards.\nTandis qu'on pr\u00C3\u00A9parait un bowl de Kava, on\napporta un cochon cuit au four & des ignames fumantes ; comme les Infulaires, & fur-tout\nceux qui boivent la Kava, mangent peu le matin , ils nous donn\u00C3\u00A8rent la plus grande partie de\nces alimens, ce qui fit beaucoup de plaifir \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9quipage de mon canot. Je fis une f\u00C3\u00A9conde promenade, & j'allai voir plufieurs autres Chefs;\nils prenoient tous leur boiflbn du matin, o\u00C3\u00B9 ils\nPavoient d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 prife. Quand je rejoignis le Roi,\nje le trouvai endormi dans une petite hutte \u00C3\u00A9cart\u00C3\u00A9e : deux femmes le frappoient mollement fur\nles cuifl\u00C3\u00A8s. Il s'\u00C3\u00A9veilla fur les onze heures, &\non lui fervit du poiflbrt & des ignames, qui fem-\nbloient avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 cuits dans du lait de cocos ; il\nen mangea tr\u00C3\u00A8s-peu, & il fe recoucha de nouveau. Je le quittai alors, & je portai au Prince\ndes \u00C3\u00A9toffes, des grains de verre, & d'autres cho-\nfes que je voulois lui donner : il y avoit afl\u00C3\u00A8z\nd'\u00C3\u00A9toffe pour un habit complet \u00C3\u00A0 la mode du\npays, & il s'en rev\u00C3\u00AAtit tout de fuite ; fier de\nfa parure, il vint d'abord fe montrer \u00C3\u00A0 fon p\u00C3\u00A8re, DE C X) 0 Ks 15\n& il me conduifit enfuite chez fa mere, pr\u00C3\u00A8s de\nlaquelle il y avoit dix ou douze femmes, dont\nla phyfionomie infpiroit le refpeft. Ici le Prince\nchangea d'habit, & il me fit pr\u00C3\u00A9fent de deux\npieces d'\u00C3\u00A9toffes de PIfle. Il \u00C3\u00A9toit plus de midi,\n& je retournai d\u00C3\u00AEner au Palais, o\u00C3\u00B9 l'on m'avoit\ninvit\u00C3\u00A9. Plufieurs de nos Meffieurs \u00C3\u00A9toient revenus des vaifleaux, durant la matin\u00C3\u00A9e; on les invita, ainfi que moi, au repas. Le feftin fut com-\npof\u00C3\u00A9 d'ignames & de deux cochons; j'\u00C3\u00A9veillai\nPoulaho qui dormoit toujours, & je l'engageai\n\u00C3\u00A0 fe mettre \u00C3\u00A0 table. Sur ces entrefaites, on lui\napporta deux mullets & des coquillages, & ayant\njoint fa portion \u00C3\u00A0 la n\u00C3\u00B4tre, il s'affit pr\u00C3\u00A8s de nous,\n& il mangea de bon app\u00C3\u00A9tit.\nQuand le d\u00C3\u00AEner fut fini, on nous dit que l\u00C3\u00A0\nc\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie de la veille recommencerait bient\u00C3\u00B4t,\n& on nous enjoignit, d'une mani\u00C3\u00A8re exprefle, de\nne pas nous trouver aux environs des a\u00C3\u00A9leurs;\nmais j'avois r\u00C3\u00A9folu de ne plus obferver la F\u00C3\u00AAte\nderri\u00C3\u00A8re la toile, & de m'approcher davantage.\nJe m'\u00C3\u00A9chappai en effet de la plantation, & je\nmarchai vers le Morai, qui devoit \u00C3\u00AAtre le lieu\nde la fcene. Les Infulaires que je rencontrai,\nm'engag\u00C3\u00A8rent plufieurs fois \u00C3\u00A0 revenir fur mes\npas, je ne les \u00C3\u00A9coutai point, & ils me laiflerent\npafl\u00C3\u00A8r. En arrivant au Morai, je vis un %$&%\n^777*\nJuillet. El!\nW\n\u00C3\u00AF6 Troisi\u00C3\u00A8me Voyag\u00C3\u00A9\n\u00E2\u0096\u00A0 grand nombre de Naturels affis \u00C3\u00A0 l'un des bords\n1777. de la prairie, de chaque c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 du chemin; quel-\nJuillet, ques autres \u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A9galement affis au bord op-\npof\u00C3\u00A9, & j'apper\u00C3\u00A7us au milieu , deux hommes\nqui avoient le vifage tourn\u00C3\u00A9 contre le cimeti\u00C3\u00A8re;\nd\u00C3\u00A8s que j'eus atteint la premiere troupe, on me\ndit de m'afl\u00C3\u00A8oir & je m'affis. Il y avoit \u00C3\u00A0 l'endroit o\u00C3\u00B9 je m'affis, une multitude de petits paquets de feuilles de noix de cocos, attach\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0\ndes b\u00C3\u00A2tons qui pr\u00C3\u00A9fentoient la forme d'une civi\u00C3\u00A8re. On m'apprit qu'ils \u00C3\u00A9toient Taboo, & c'efl:\ntout ce que je pus lavoir. La foule des a\u00C3\u00A9leurs\naugmentait d'un moment \u00C3\u00A0 l'autre ; ils arrivoient\ntous du m\u00C3\u00AAme c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 : l'un des Infulaires fe tour-\nnoit par intervalle vers ceux qui venoient nous\njoindre, & il pronon\u00C3\u00A7oit un petit difcours, dans\nlequel le mot de Areekee , c'eft-\u00C3\u00A0-dire, Roi,\nfrappoit fouvent mes oreilles. L'un des Naturels\n:l|ff dit quelque chofe qui produifit parmi l'afl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e\nf||J des \u00C3\u00A9clats de rire d'une gaiet\u00C3\u00A9 bien franche, &\nplufieurs des Orateurs obtinrent des applaudiil\u00C3\u00A8-\nmens. On me pria, \u00C3\u00A0 diverfes reprifes, de m'\u00C3\u00A9-\nloigner; lorfqu'ils virent que je ne le voulois\npas, ils d\u00C3\u00A9lib\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A8rent entr'eux , & ils m'exhort\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 prendre leur coftume & \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9couvrir mes\n\u00C3\u00A9paules : j'y confentis, & ma pr\u00C3\u00A9fence ne fem-\nbla plus les g\u00C3\u00AAner.\nJe \t\nde Cook. if\nJe fus plus d'une heure fans obferver autre\nchofe que ce que je viens de raconter ; enfin le\n1777*\nPrince, les femmes & le Roi, arriv\u00C3\u00A8rent, comme Juillet.\nils \u00C3\u00A9toient arriv\u00C3\u00A9s la veille. Le Prince fe pla\u00C3\u00A7a\nfous le hangar ; deux hommes qui portoient\nchacun une natte , y entr\u00C3\u00A8rent en r\u00C3\u00A9citant des\nparoles d'un air tr\u00C3\u00A8s-f\u00C3\u00A9rieux, & ils mirent leurs\nnattes autour de Futtafaihe. Les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies commenc\u00C3\u00A8rent alors : trois compagnies coururent au\nbord oppof\u00C3\u00A9 de la prairie, elles s'y aflirent durant quelques f\u00C3\u00A9condes & elles retourn\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0\nleur place avec pr\u00C3\u00A9cipitation de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re que le jour pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9dent : bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, les\ndeux hommes qui \u00C3\u00A9toient affis au milieu de Pef-\nplanade, firent un difcours ou une pri\u00C3\u00A8re de peu\nde dur\u00C3\u00A9e; la troupe enti\u00C3\u00A8re dont je faifois partie , fe leva brufquement, & courut s'afl\u00C3\u00A8oir devant le hangar qu'occupoit le Prince & trois\nou quatre Infulaires. J'\u00C3\u00A9tois fous la direction de\nl'un des Naturels qui s'empreflbit de me rendre\nfervice ; il eut foin de me placer avantageuie-\nment, & fi l'on m'avoit permis de faire ufage\nde mes yeux, je n'aurais rien perdu de tout ce\nqui fe paflbit; mais il fallut me tenir affis, les regards bailles, & prendre Pair r\u00C3\u00A9ferv\u00C3\u00A9 & modefte\nd'une jeune fille,\nLa proceffion entra de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re que\nTome IL B \u00C3\u00AE8 T r o i s i e m e Voyage\n'> la veille. Les Naturels marchoient deux \u00C3\u00A0 deux;\n1777. les divers couples portoient fur leurs \u00C3\u00A9paules un\nJuillet, b\u00C3\u00A2ton, au milieu duquel fe trouvoit une feuille\nde cocos. Ces b\u00C3\u00A2tons furent d\u00C3\u00A9pof\u00C3\u00A9s avec les\nc\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies du jour pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9dent :. la premiere\nbande fut fuivie d'une f\u00C3\u00A9conde ; les Infulaires qui\ncompofoient celle-ci, apport\u00C3\u00A8rent des paniers de\nfeuilles de palmier, de la m\u00C3\u00AAme forme que ceuic\ndont ils fe fervent dans leurs m\u00C3\u00A9nages. Une troi-\nfieme apporta diff\u00C3\u00A9rentes efpeces d\u00C3\u00A9 petits poif-\nfons, tbnt chacun \u00C3\u00A9toit plac\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 d'un\nb\u00C3\u00A2ton fourchu. On pla\u00C3\u00A7a les paniers aux pieds\nd'un vieillard, qui me parut \u00C3\u00AAtre le Grand-Pr\u00C3\u00AAtre, & qui \u00C3\u00A9toit affis \u00C3\u00A0 la droite du Prince en-\ndehors du hangar ; il en prit un \u00C3\u00A0 fa main tandis qu'il fit un difcours ou une pri\u00C3\u00A8re ; il le mit\nenfuite \u00C3\u00A0 terre; il en demanda un f\u00C3\u00A9cond, qu'il\ntint de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re, en marmottant quelques paroles, .& il continua jufqu'\u00C3\u00A0 ce qu'il e\u00C3\u00BBt\nfait la m\u00C3\u00AAme c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie fur tous les paniers. Les\npoiflbns attach\u00C3\u00A9s aux b\u00C3\u00A2tons fourchus , furent\npr\u00C3\u00A9fent\u00C3\u00A9s l'un apr\u00C3\u00A8s l'autre, \u00C3\u00A0 deux hommes qui\n\u00C3\u00A9toient affis \u00C3\u00A0 gauche du hangar , \u00E2\u0080\u00A2& qui tenoient\ndes rameaux verts. Le premier poiflbn fut d\u00C3\u00A9-\npof\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 leur droite, & le f\u00C3\u00A9cond \u00C3\u00A0 leur gauche :\nau moment o\u00C3\u00B9 on leur pr\u00C3\u00A9fentoit le troifieme,\nUn Infulaire fort & robufte, affis derri\u00C3\u00A8re les\n^ de Coo IC. 19\ndeux autres, \u00C3\u00A9tendit fon bras & faifit le p\u00C3\u00B4\u00C3\u00AEflbn; -\nles deux autres le faifirent en m\u00C3\u00AAme-temps; ils 4777,\nparurent fe difputer \u00C3\u00A9galement chacun des poil- Juillet*\nfons qu'on leur offrit; mais comme il y avoit\ndeux mains contre une , ind\u00C3\u00A9pendamment des\navantages de la pofition, l'Infulaire qui fe trou-\nvoit parderriere , n'en attrapoit que des- morceaux ; il ne quittoit jamais prife, il falloir toujours lui arracher le poil\u00C3\u00AEbn de force, & il jet*\ntoit derri\u00C3\u00A8re lui ce qu'il pouvoir en garder; les\ndeux autres pla\u00C3\u00A7oient les poiflbns alternativement\n\u00C3\u00A0 droite & \u00C3\u00A0 gauche. L'Infulaire qui agiflbit\nfeul, s'empara enfin d'un poiflbn entier, fans\nque les deux autres s'y oppofafl\u00C3\u00A8nt, & j'ignore\nfi ce fut par hafard, ou felon les r\u00C3\u00A8gles du c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monial. L'afl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e s'\u00C3\u00A9cria alors mar\u00C3\u00A9e ai, e'eir> f\n\u00C3\u00A0-dire, tr\u00C3\u00A8s-bien, ou c^efi tr\u00C3\u00A8s-bien fait. Il ma\nfembla qu'il \u00C3\u00A9toit \u00C3\u00A0 la fin de fon r\u00C3\u00B4le, car il\nn'eflaya point de faifir les poiflbns qu'on offrit\ndepuis. Ces poiflbns, ainfi que les paniers, furent tous pr\u00C3\u00A9fent\u00C3\u00A9s par les perfonnes qui les\navoient apport\u00C3\u00A9s ; elles fe tenoient affifes. On\nfuivit, dans cette pr\u00C3\u00A9fentation, l'ordre & la m\u00C3\u00A9thode qu'avoit fuivi la premiere bande , lorf\u00C2\u00BB\nqu'elle d\u00C3\u00A9pofa les petits b\u00C3\u00A2tons \u00C3\u00A0 terre.\nQuand la derni\u00C3\u00A8re bande fut arriv\u00C3\u00A9e, quelque!\nperfonnes firent des haranges ou des pri\u00C3\u00A8res, \u00C3\u00B4c\nB k\n& Wtr \u00E2\u0096\u00A0\nI\nEg Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0 \" nous nous lev\u00C3\u00A2mes tous brufquement au lignai\n1777. qu'on nous donna ; nous cour\u00C3\u00BBmes durant un\nJuillet, moment \u00C3\u00A0 gauche, & nous nous afs\u00C3\u00AEmes le dos\ntourn\u00C3\u00A9 au Prince & aux Infulaires qui occupoient\nle hangar. On me dit de ne pas regarder derri\u00C3\u00A8re moi : toutefois, malgr\u00C3\u00A9 la d\u00C3\u00A9fenfe des Naturels & le fouvenir de l'accident arriv\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 la\nfemme de Loth, je d\u00C3\u00A9tournai le vifage pour\nvoir ce qui fe paflbit. Le Prince regardoit le\nMorai ; mais la derni\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A9volution avoit plac\u00C3\u00A9\ntant de monde entre lui & moi, que je ne pus\nappercevoir ce qu'on faifoit au hangar. On m'af-\nfura enfuite, que ce fut le moment o\u00C3\u00B9 l'on rev\u00C3\u00AAtit le Prince de l'honneur fupr\u00C3\u00AAme de manger\navec fon p\u00C3\u00A8re, & qu'on fervit au Roi & \u00C3\u00A0 fon\nfils un morceau d'igname grill\u00C3\u00A9e. Je le crois d'au-\nv&^ tant plus, qu'on nous avoit annonc\u00C3\u00A9 d'avance.,\nque cela devoit arriver durant la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, &\nque d'ailleurs les Infulaires regardoient d'un autre c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 ; ce qu'ils font toujours lorfque leur\nMonarque mange quelque chofe.\nPeu de temps apr\u00C3\u00A8s, nous nous retourn\u00C3\u00A2mes\ntous en face du hangar , & nous form\u00C3\u00A2mes un\ncercle devant le Prince, laiflant entre nous &\nlui un grand efpace libre. Quelques hommes\ns'approch\u00C3\u00A8rent alors de nous, deux \u00C3\u00A0 deux ; ils\nportoient fur leurs \u00C3\u00A9paules de gras b\u00C3\u00A2tons ou 13 e Coo k. ai\ndes perches ; ils firent un bruit auquel on peut\ndonner le nom de chant, & ils agit\u00C3\u00A8rent leurs\n- mains \u00C3\u00A0 mefure qu'ils s'avanc\u00C3\u00A8rent. Lorfqu'ils furent pr\u00C3\u00A8s de nous , ils remu\u00C3\u00A8rent leurs jambes\navec beaucoup d'agilit\u00C3\u00A9, de mani\u00C3\u00A8re qu'ils eurent Pair de marcher tr\u00C3\u00A8s-v\u00C3\u00AEte fans faire un feul\npas : trois ou quatre Infulaires fe lev\u00C3\u00A8rent ici\ndu milieu de la foule, ils tenoient \u00C3\u00A0 la main de\ngros b\u00C3\u00A2tons, & ils coururent vers ceux dont je\nviens de parler. Les premiers jetterent \u00C3\u00A0 l'inftanc\nleurs b\u00C3\u00A2tons & ils s'enfuirent; les trois ou quatre hommes Tondirent fur les b\u00C3\u00A2tons, qu'ils frap-\nperent vigoureufement, & ils repafl\u00C3\u00AAreiir \u00C3\u00A0 leurs\nplaces; mais, en s'\u00C3\u00A9loignant, ils propoferent le\nd\u00C3\u00A9fi qui pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A8de leurs combats de lutte, & des\nchampions d'une haute taille arriv\u00C3\u00A8rent bient\u00C3\u00B4t\ndu m\u00C3\u00AAme c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, en r\u00C3\u00A9it\u00C3\u00A9rant le cartel. Le c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9\noppof\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9tacha prefque au m\u00C3\u00AAme inftant des\nguerriers qui vinrent leur r\u00C3\u00A9pondre. Les deux\ntroupes parad\u00C3\u00A8rent autour de Pefplanade pendant\nquelques minutes., & elles fe retir\u00C3\u00A8rent chacune\nvers leur bande. Il y eut des combats de lutte\n& de pugilat, qui dur\u00C3\u00A8rent une demi-heure :\ndeux hommes s'affirent alors devant le Prince,\n& prononc\u00C3\u00A8rent des difcours que je crus adrefles\n\u00C3\u00A0 Futtafaihe. La F\u00C3\u00AAte \u00C3\u00A9toit termin\u00C3\u00A9e, & l'af\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8m-\nbl\u00C3\u00A9e fe dilperfa.\n1777.\nJuillet. m^\u00C3\u00BB\n^^ \u00E2\u0096\u00A0-.:\nvz Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nJe m'approchai pour voir les diff\u00C3\u00A9rens paniers;\n1777. on ne m'avoit pas permis jufqu'ici de fatisfaire\nJuillet, ma curiofit\u00C3\u00A9, parce que, difoit-on, tout \u00C3\u00A9toit\n*taboo. Je ne trouvai que des paniers vides, &,\ns'ils \u00C3\u00A9toient cenf\u00C3\u00A9s contenir quelque chofe, ce\nne pouvoit \u00C3\u00AAtre qu'all\u00C3\u00A9goriquement; except\u00C3\u00A9 les\npoiflbns, ce qu'on avoit \u00C3\u00A9tal\u00C3\u00A9 durant la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, fut auffi embl\u00C3\u00A9matique.\nNous nous effor\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2mes en vain de d\u00C3\u00A9couvrir\nl'objet de cette c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, qui eft\nappellee natche, & de fes diff\u00C3\u00A9rentes parties.\nOn ne r\u00C3\u00A9pondit gu\u00C3\u00A8res \u00C3\u00A0 nos queftions que taboo , mot qui s'applique \u00C3\u00A0 beaucoup d'autres cho-\nfes , comme je l'ai obferv\u00C3\u00A9 plus haut. Comme\nle Roi nous avoit dit dix jours auparavant, que\nles Infulaires lui apporteraient des ignames, qu'il\nmangerait avec fon fils; comme il avoit indiqu\u00C3\u00A9 d'avance quelques d\u00C3\u00A9tails de la F\u00C3\u00AAte, nous\njuge\u00C3\u00A2mes fur fes propos & fur ce que nous v\u00C3\u00AEmes , que le Prince, en qualit\u00C3\u00A9 d'h\u00C3\u00A9ritier pr\u00C3\u00A9-\nfomptif de la Couronne, venoit de jurer ou de\npromettre folemnellement de ne jamais abandonner fon p\u00C3\u00A8re, & de lui fournir toujours les divers articles d\u00C3\u00A9fign\u00C3\u00A9s par leurs embl\u00C3\u00A8mes. Cette\nconjecture eft d'autant plus vraifemblable , que\nles principaux perfonnages de Pille affili\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0\nla c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie. Quoi qu'il en foit, tout fe pafla D E C O O K. 23\navec un appareil myft\u00C3\u00A9rieux, & le lieu & les\nd\u00C3\u00A9tails de la fcene prouvent afl\u00C3\u00A8z que la Religion\ny joua un grand r\u00C3\u00B4le. Les Infulaires ne s'\u00C3\u00A9toient\npoint r\u00C3\u00A9cri\u00C3\u00A9 jufqu'alors contre notre v\u00C3\u00AAtement ou\nnos mani\u00C3\u00A8res ; ils voulurent cette fois nous obliger \u00C3\u00A0 nous d\u00C3\u00A9couvrir jufqu'\u00C3\u00A0 la ceinture, \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9lier nos cheveux, \u00C3\u00A0 les laifl\u00C3\u00A8r flotter fur nos\n\u00C3\u00A9paules, \u00C3\u00A0 nous afleoir, comme eux, les jambes\ncroif\u00C3\u00A9es, \u00C3\u00A0 prendre quelquefois la pofture la plus\nhumble , \u00C3\u00A0 baifl\u00C3\u00A8r les yeux & \u00C3\u00A0 joindre, nos\nmains. L'aflembl\u00C3\u00A9e enti\u00C3\u00A8re fe fournit \u00C3\u00A0 ce c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monial d'un air p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9tr\u00C3\u00A9; enfin tout le monde\nfut exclus, except\u00C3\u00A9 les A\u00C3\u00A9leurs & les Infulaires\nd'un rang diftingu\u00C3\u00A9 : d'apr\u00C3\u00A8s ces diverfes circonf-\ntances, je fus perfuad\u00C3\u00A9 qu'ils croyoient agir fous\nl'infpe&ion imm\u00C3\u00A9diate d'un Etre fupr\u00C3\u00AAme.\nLa natche, dont je viens de faire la defcrip-\ntion, peut \u00C3\u00AAtre regard\u00C3\u00A9e comme purement figurative. La petite quantit\u00C3\u00A9 d'ignames que nous\nv\u00C3\u00AEmes le premier jour, ne fuppofoit pas une\ncontribution g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale, & on nous laifl\u00C3\u00A0 entendre\nque c'\u00C3\u00A9toit une portion confacr\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 YOtooa ou\n\u00C3\u00A0 la Divinit\u00C3\u00A9. On nous apprit que, dans trois\nmois, on c\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9brerait \u00C3\u00A0 la m\u00C3\u00AAme occafion, une\nF\u00C3\u00AAte encore plus folemnelle & plus importante;\nqu'alors on \u00C3\u00A9talerait les tributs de Tongataboo,\ncelui de Hapaee, de Vavaoo, & de toutes les\nB 4\n1777.\nJuillet. w\n1777>\n24 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nautres Ifles ; & qu'afin de rendre la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie\nplus augufte, on facrifieroit des viftimes humai-\nJuillet, n\u00C3\u00A9s choifies parmi le bas-peuple : ainfi, la fu-\nperitition & la ftupide ignorance influent d'une\nmani\u00C3\u00A8re terrible fur les m\u00C5\u0093urs du peuple le plus\nhumain & le plus bienfaifant de la terre! Nous\ndemand\u00C3\u00A2mes la raifon de ces meurtres barbares.\nOn fe contenta de nous r\u00C3\u00A9pondre, qu'ils \u00C3\u00A9toient\nn n\u00C3\u00A9cefl\u00C3\u00A0ires \u00C3\u00A0 la natche, &que la Divinit\u00C3\u00A9 exterminerait s\u00C3\u00BBrement le Roi, fi on ne fe confor-\nmoit pas \u00C3\u00A0 l'ufage.\nLa nuit approchoit lorfque Paflembl\u00C3\u00A9e fe dif-\nperfa, & comme nous \u00C3\u00A9tions allez loin des vaif-\nfeaux & que nous avions une navigation difficile \u00C3\u00A0 faire, nous part\u00C3\u00AEmes bien vite de Mooa.\nQuand je pris cong\u00C3\u00A9 de Poulaho, il me prefl\u00C3\u00A0\nbeaucoup de demeurer \u00C3\u00A0 terre jufquau lendemain, & pour m'y d\u00C3\u00A9terminer, il me dit que je\nverrais une c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie fun\u00C3\u00A8bre. La femme de\nMareewag\u00C3\u00A9e, c'eft-\u00C3\u00A0-dire, la belle-mere du Roi,\n\u00C3\u00A9toit morte depuis peu , & la natche avoit\noblig\u00C3\u00A9 de porter fon corps dans une pirogue qui\nmouilloit dans la Lagune. Poulaho promit de\nm'accompagner \u00C3\u00A0 Eooa, d\u00C3\u00A8s qu'il aurait rendu\nles derniers devoirs \u00C3\u00A0 fa belle-mere , & de s'y\nrendre apr\u00C3\u00A8s moi, fi je ne l'attendois pas. Ses\npropos me firent comprendre, que fans la mort\nes de Coo m 25\nde cette femme , la plupart des Chefs feraient :\nvenus avec moi \u00C3\u00A0 Eooa, o\u00C3\u00B9 il para\u00C3\u00AEt qu'ils ont *777*\ntous des pofl\u00C3\u00A8ffions. J'aurois volontiers attendu Juillet.\nle Roi, fi la mar\u00C3\u00A9e n'e\u00C3\u00BBt pas \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 favorable pour\nd\u00C3\u00A9bouquer les pafl\u00C3\u00A8s ; d'ailleurs le vent orageux^\ndepuis plufieurs jours, s'\u00C3\u00A9toit affoibli & fix\u00C3\u00A9, &\nen laifl\u00C3\u00A0nt \u00C3\u00A9chapper cette occafion, notre d\u00C3\u00A9part\npouvoit \u00C3\u00AAtre renvoy\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 quinze jours : ce qui\nacheva de me d\u00C3\u00A9terminer , nous f\u00C3\u00BBmes que la\nc\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie fun\u00C3\u00A8bre durerait cinq jours, & c'\u00C3\u00A9-\ntoit trop long-temps pour nous, qui mouillions\ndans un endroit o\u00C3\u00B9 l'appareillage ne d\u00C3\u00A9pendoit\npas de nous. J'aflurai n\u00C3\u00A9anmoins le Roi, que fi\nnous ne mettions pas \u00C3\u00A0.la voile, je viendrais le\nrevoir le lendemain. Nous le quitt\u00C3\u00A2mes ainfi,\n& nous arriv\u00C3\u00A2mes aux vaifl\u00C3\u00A8aux \u00C3\u00AFur les huit heures du foir.\nJ'ai oubli\u00C3\u00A9 de dire , qu'Oma\u00C3\u00AF affifta aux c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies du f\u00C3\u00A9cond jour; mais nous ne nous trouv\u00C3\u00A2mes pas enfemble , & m\u00C3\u00AAme je ne fus qu'il y\n\u00C3\u00A9toit, que lorfque la F\u00C3\u00AAte fut termin\u00C3\u00A9e. Il m'apprit enfuite, que le Roi s'\u00C3\u00A9tant apper\u00C3\u00A7u de mon\n\u00C3\u00A9vafion, envoya plufieurs \u00C3\u00A9miflaires l'un apr\u00C3\u00A8s\nl'autre, auxquels il recommanda de me ramener:\nvraifemblablement ces mefl\u00C3\u00A0gers ne furent pas admis \u00C3\u00A0 Pendrait o\u00C3\u00B9 j'\u00C3\u00A9tois, car je n'en vis aucun.\nPoulaho inftruit que j'avois enfin d\u00C3\u00A9couvert mes K\n26 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n:== \u00C3\u00A9paules comme les a\u00C3\u00A9teurs de la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, per-\n1777. mit \u00C3\u00A0 Ornai d'y affilier \u00C3\u00A9galement, fous la con-\nJuillet. dition de prendre le cofcume ufit\u00C3\u00A9 en cette occa-\nfion. On ex\u00C3\u00AEgeoit d'Oma\u00C3\u00AF qu'il fe conform\u00C3\u00A2t \u00C3\u00A0\nun ufage de fa patrie , & il confentit volontiers\n\u00C3\u00A0 ce qu'on def\u00C3\u00AEroit; on lui donna un habit convenable , & il arriva v\u00C3\u00AAtu de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re\nque les Naturels. Il eft probable qu'on nous avoit\nd'abord exclus, parce qu'on s'attendoit \u00C3\u00A0 un refus de notre part fur ces pr\u00C3\u00A9liminaires.\nAu moment o\u00C3\u00B9 je me rendis \u00C3\u00A0 Mooa, pour\nobferver la natche , j'y fis conduire les chevaux, le taureau, la Vache & les ch\u00C3\u00A8vres que je\nme propofois de laifl\u00C3\u00A8r dans Pille ; je crus qu'ils\nferoient plus en s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 fous les yeux des Chefs,\nque dans un lieu qui devoit \u00C3\u00AAtre d\u00C3\u00A9fert durant\nnotre abfence. Outre les quadrup\u00C3\u00A8des, dont je\nviens de parler, j'enrichis Mooa d'un verrat, &\nde trois jeunes truies, de la race \u00C3\u00A0'Angleterre.\nLes Naturels, pr\u00C3\u00A9voyant que ces individus am\u00C3\u00A9lioreraient beaucoup leurs cochons qui ne font\npas gros, montr\u00C3\u00A8rent un grand defir de les avoir.\nF\u00C3\u00A9enou obtint auffi de moi deux lapins, un m\u00C3\u00A2le\n& une femelle : on nous dit, avant notre d\u00C3\u00A9part, qu'ils avoient d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 produit. Si nos quadrup\u00C3\u00A8des fe multiplient, ce dont je fuis bien\nperfuad\u00C3\u00A9, ces Ifles auront fait une acquifition\nES DE COO K. 27\nimportante, & PIfle de Tongataboo n'\u00C3\u00A9tant pas\nmontueufe, les habitans tireront d^ grands \ fe-\ncours des chevaux.\nNous appareill\u00C3\u00A2mes de Tongataboo le 10, \u00C3\u00A0\nhuit heures du matin, & \u00C3\u00A0 l'aide d'un vent ferme\ndu Sud-Eft , nous travers\u00C3\u00A2mes le canal, qui fe\ntrouve entre les petites Mes, appellees Makka-\nhoa & Monooafai : celui qu'on rencontre entre\nla derni\u00C3\u00A8re Ifle & Pangimodoo , eft beaucoup\nmoins large. La mar\u00C3\u00A9e nous fut tr\u00C3\u00A8s-favorable,\njufqu'au moment o\u00C3\u00B9 nous atteign\u00C3\u00AEmes le travers\ndu chenal qui men\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 la Lagune, o\u00C3\u00B9 le flot de\nPEU rencontre celui de l'Oued. Cette rencontre, jointe \u00C3\u00A0 la profondeur de la Lagune, & aux\nbas-fonds qui font \u00C3\u00A0 fon entr\u00C3\u00A9e, produifent dans\nles vagues beaucoup de clapotage & de gouffres.\nD'autres chofes accroifl\u00C3\u00A8nt encore le p\u00C3\u00A9ril, car\nla profondeur de la mer, dans le canal, exc\u00C3\u00A8de\nla longueur d'un cable : il n'y a point de mouillage , except\u00C3\u00A9 pr\u00C3\u00A8s des rochers, o\u00C3\u00B9 nous trouv\u00C3\u00A2mes quarante & quarante-cinq brafl\u00C3\u00A8s, fond de\nfable brun ; & ici m\u00C3\u00AAme un b\u00C3\u00A2timent ferait toujours expof\u00C3\u00A9 aux gouffres que forment les vagues.\nJ'avois r\u00C3\u00A9folu de jetter l'ancre, d\u00C3\u00A8s que nous aurions d\u00C3\u00A9bouqu\u00C3\u00A9 les pafl\u00C3\u00A8s, & de defcendre de\nnouveau \u00C3\u00A0 Tongataboo, afin d'affifter \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie fun\u00C3\u00A8bre dont on m'avoit parl\u00C3\u00A9; mais, ne\n1777.\nJuillet.\n10. \u00C2\u00A5\ni\n28 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n.- voulant pas laifler les vaifl\u00C3\u00A8aux dans une pof\u00C3\u00AE-\n1777- tion, o\u00C3\u00B9 je ne les croyois point en s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 , je\nJuillet, renon\u00C3\u00A7ai \u00C3\u00A0 mon projet. Nous continu\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 man\u00C5\u0093uvrer au vent, fans avancer ou reculer d'un\npied, jufqu'\u00C3\u00A0 Pinftant de la mar\u00C3\u00A9e haute. A cette\n\u00C3\u00A9poque, nous v\u00C3\u00AEnmes\" \u00C3\u00A0 bout de nous jetter dans\nPefpa\u00C3\u00A7e, o\u00C3\u00B9 la mar\u00C3\u00A9e de PEft exerce fon a\u00C3\u00A9tion ;\nnous comptions y avoir le jufl\u00C3\u00A0nt tr\u00C3\u00A8s-bon pour\nnotre route, mais fa force fut fi peu confid\u00C3\u00A9ra-\nble , qu'en tout autre temps nous ne l'aurions\npas remarqu\u00C3\u00A9. Nous reconn\u00C3\u00BBmes que la plus\ngrande partie de l'eau, qui fe porte dans la lagune , vient du Nord-Oueft , & fe retire par le\nm\u00C3\u00AAme c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9. Vojrant, \u00C3\u00A0 cinq heures de l'apr\u00C3\u00A8s-\nd\u00C3\u00AEner , que nous ne pouvions gagner la haute\nmer avant la nuit, je mouillai fous la c\u00C3\u00B4te de\nTongataboo par quarante-cinq brafles, &*\u00C3\u00A0 environ deux encablures du r\u00C3\u00A9cif qui borde cette\npartie de l'Ifle. La D\u00C3\u00A9couverte mouilla auffi derri\u00C3\u00A8re nous ; mais elle d\u00C3\u00A9riva fur les bancs cle fable , avant que fon ancre e\u00C3\u00BBt pris fond , & , \u00C3\u00A0\nminuit, elle fe trouvoit encore dans une forte de\ndanger.\n11. Nous demeur\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 l'ancre jufqu'\u00C3\u00A0 11 heures\ndu lendemain ; nous appareill\u00C3\u00A2mes alors pour\nmarcher \u00C3\u00A0 PEft ; mais il \u00C3\u00A9toit dix heures du\nfoir avant que nous enflions doubl\u00C3\u00A9 l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 de Cook/ \u00C2\u00A3\u00C3\u00A7\norientale de PIfle, & avant que nous puffions met- ;,\ntre le cap fur Middelbourg ou Eooa, (comme 1777-\nl'appellent les habkans du pays) o\u00C3\u00B9 nous mouil- Juillet.\nlames \u00C3\u00A0 huit heures du matin du 12, par qua- 12.\ntante brafl\u00C3\u00A8s fond de fable, entrem\u00C3\u00AAl\u00C3\u00A9 de pointes\nde corail. Les extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s de Plfle le prolon-\ngeoicnt du Nord 40e* Eft, au Sud 22d Oueft ;\nla haute terre SEooa , nous reftoit au Sud 45d\nEft, & Tongataboo du Nord 70^ Oueft, au\n\u00C2\u00ABNord i9d Oueft : nous \u00C3\u00A9tions \u00C3\u00A0 environ un demi-\nmille de la c\u00C3\u00B4te , & \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s \u00C3\u00A0 l'endroit que\nj'occupai en 1773, & que je nommai la Rade\nAngloife.\nNous f\u00C3\u00BBmes \u00C3\u00A0 peine mouill\u00C3\u00A9s, que Taoofa,\nl'un des Chefs du pays, & plufieurs autres Naturels vinrent nous voir; ils femblerent fe r\u00C3\u00A9jouir\nbeaucoup de notre arriv\u00C3\u00A9e. Taoofa (a) avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9\nmon Tayo, (Ami) quand je rel\u00C3\u00A2chai ici durant\nmon f\u00C3\u00A9cond Voyage ; ainfi, nous nous connoif-\niions bien. Je defeendis \u00C3\u00A0 terre avec lui, pour\nchercher de l'eau douce ; car c'\u00C3\u00A9toit fur-tout pour\nremplir mes futailles que j'abordois \u00C3\u00A0 Eooa. On\n(a) Le Capitaine Cook ne donne, dans la Relation de fon f\u00C3\u00A9cond Voyage, que le nom de Tioony\nau Chef qu'il rencontra ici. Voyez le tome I, page 192\n4e l'original. w\nw\n30 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\". - m'avoit dit \u00C3\u00A0 Tongataboo que j'y trouverais un\n1777. ruifl\u00C3\u00A8au qui vient des collines, & qui fe jette\nJuillet, dans la mer ; mais je n'en trouvai point. On me\nconduifit d'abord \u00C3\u00A0 une fource faum\u00C3\u00A2tre , fitu\u00C3\u00A9e\nentre la marque de la mar\u00C3\u00A9e bafl\u00C3\u00A8 & celle de la\nmar\u00C3\u00A9e haute, parmi des rochers , dans l'anfe o\u00C3\u00B9\nnous d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A2mes, & o\u00C3\u00B9 aucun Navigateur ne\nfongeroit \u00C3\u00A0 faire de l'eau. Je crois cependant que\nPeau de cette fource ferait bonne, s'il \u00C3\u00A9toit pof-\nfible de la puifer , avant qu'elle fe m\u00C3\u00AAle \u00C3\u00A0 celle\nde la mar\u00C3\u00A9e. Nos amis s'appercevant qu'elle ne\n\" me plaifoit point du tout, nous men\u00C3\u00A8rent vers\nl'int\u00C3\u00A9rieur de PIfle , o\u00C3\u00B9 je rencontrai de la tr\u00C3\u00A8s-\nbonne eau dans une ouverture profonde : avec\ndu temps & de la peine , nous aurions amen\u00C3\u00A9\ncette eau \u00C3\u00A0 la \"c\u00C3\u00B4te , au moyen de quelques au-\ngets compof\u00C3\u00A9s de feuilles & de tiges des bananiers; mais, plut\u00C3\u00B4t que d'entreprendre ce travail\nennuyeux, je me contentai du fuppl\u00C3\u00A9ment que\nles vaif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8aux avoient embarqu\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Tongataboo.\nAvant de retourner \u00C3\u00A0 bord, j'indiquai aux Naturels un endroit o\u00C3\u00B9 nous ach\u00C3\u00A8terions des cochons &\ndes ignames. Ils nous vendirent beaucoup d'ignames , mais peu de cochons. Je d\u00C3\u00A9pofai fur cette\nIfle un b\u00C3\u00A9lier & deux brebis du Cap de Bonne-\nEfp\u00C3\u00A9rance, & j'en donnai le foin \u00C3\u00A0 Taoofa, qui\nparut s'enorgueillir de cette commiffion. Je fus D E P O O K. 31\nbien-aife que Mareewagee, \u00C3\u00A0 qui j'en avois fait -\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0-'\u00E2\u0080\u00A2---.n.\npr\u00C3\u00A9fent, les e\u00C3\u00BBt d\u00C3\u00A9daign\u00C3\u00A9s : Eooa n'ayant pas l777*\nencore de chiens, les moutons s'y multiplieront Juillet,\nplus aif\u00C3\u00A9ment qu'\u00C3\u00A0 Tongataboo.\nQuand nous regardions cette Ifle des vaifleaux,\nelle nous offrait un afpe\u00C3\u00A9l tr\u00C3\u00A8s-diff\u00C3\u00A9rent de celles\nque nous avions rencontr\u00C3\u00A9es jufqu'alors, & elle\npr\u00C3\u00A9fentoit un tr\u00C3\u00A8s-beau payfage : Kao, pouvant\n\u00C3\u00AAtre confid\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9 comme un immenfe rocher, nous\nn'en avions point vu t d'auffi haute depuis notre\nd\u00C3\u00A9part de la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande : de fon fom-\nmet, qui eft prefque applati, elle s'abaifl\u00C3\u00A8 doucement vers la mer. Comme les Mes de ce grouppe\nfont applanies, on n'y d\u00C3\u00A9couvre que des arbres,\nlorfqu'on les contemple du milieu des vagues ;\nmais ici la terre s'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A8ve infenfiblement, & elle\npr\u00C3\u00A9fente un point de vue \u00C3\u00A9tendu, o\u00C3\u00B9 l'on apper-\n\u00C3\u00A7oit des bocages formant un joli d\u00C3\u00A9fordre \u00C3\u00A0 des\ndiftances irr\u00C3\u00A9gulieres, & des prairies dans l'intervalle de l'un \u00C3\u00A0 l'autre. Pr\u00C3\u00A8s de la c\u00C3\u00B4te, elle eft\nenti\u00C3\u00A8rement couverte de diff\u00C3\u00A9rens arbres, parmi\nJefquels fe trouvent les habitations des Infulaires;\nil y avoit, \u00C3\u00A0 droite de notre mouillage, un bocage de cocotiers fi vafte, que nous n'en avion\u00C2\u00BB\njamais vu d'auffi grands.\nLe 13, dans l'apr\u00C3\u00A8s-midi, nous all\u00C3\u00A2mes fur la 13.\npartie la plus \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9e de PIfle, fitu\u00C3\u00A9e un peu \u00C3\u00A0 w\nK\n32 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n-\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0'.\u00E2\u0096\u00A0n | i droite de nos vaifl\u00C3\u00A8aux, afin de d\u00C3\u00A9couvrir tout la\n1777. pays. Nous travers\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 mi-chemin une vall\u00C3\u00A9e\nJuillet, profonde , dont le fond & les c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s , quoique\ncompof\u00C3\u00A9s prefque en entier d\u00C3\u00A9 rochers de corail , \u00C3\u00A9toient rev\u00C3\u00AAtus d'arbres. Notre \u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation\nexc\u00C3\u00A9doit de deux \u00C3\u00A0 trois cents pieds le niveau de\nla mer, & cependant nous y v\u00C3\u00AEmes le corail rempli de trous & d'in\u00C3\u00A9galit\u00C3\u00A9s, comme dans les rochers de cette fubftance, expof\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 l'a\u00C3\u00A9tion de la\nmar\u00C3\u00A9e. Du corail dans le m\u00C3\u00AAme \u00C3\u00A9tat s'offrit \u00C3\u00A0 nos\nregards, jufqu'au moment o\u00C3\u00B9 nous approch\u00C3\u00A2mes\ndes fommets des plus hautes collines. Il faut remarquer que ces collines pr\u00C3\u00A9fentoient fur-tout\nune pierre jaun\u00C3\u00A2tre, tendre & fablonneufe. Le\nfol y eft d'une argile rouge\u00C3\u00A2tre qui nous parut\ntr\u00C3\u00A8s-profonde en bien des endroits. Nous rencontr\u00C3\u00A2mes , fur la partie la plus haute de PM\u00C3\u00A9, une\nplate-forme ronde , ou un amas de terre , fou-\ntenu par une muraille de pierres de corail, qu'on\nn'a pu conduire \u00C3\u00A0 cette \u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation qu'avec beaucoup de peine. Nos guides nous apprirent qu'on\nPavoit confirait par ordre des Chefs, & que les\nInfulaires s'y rafl\u00C3\u00A8mbloient quelquefois pour boire\nla Kava : ils l'appelloient Etchee, c'eft-\u00C3\u00A0-dire,\ndu nom qu'on donne \u00C3\u00A0 Tongataboo, \u00C3\u00A0 un autre\nouvrage de la m\u00C3\u00AAme efpece. On trouve, \u00C3\u00A0 quelques pas d'ici, une fource d'une eau excellente,\n& 0 0\nde Cook.\n& environ un mille plus bas, un ruifleau qui, \u00C3\u00A0\nce qu'on nous dit, fe jette dans la mer, quand\n1777.\nles pluies font abondantes. Nous v\u00C3\u00AEmes auffi de Juillet.\nl'eau dans une multitude de petits trous, & on\nen d\u00C3\u00A9couvrirait fans doute une grande quantit\u00C3\u00A9,\nfi l'on creufoit des puits.\nDe la hauteur o\u00C3\u00B9 nous \u00C3\u00A9tions arriv\u00C3\u00A9s, PIfle\nenti\u00C3\u00A8re s'offrit \u00C3\u00A0 nos regards, except\u00C3\u00A9 une partie\nde la pointe m\u00C3\u00A9ridionale. Le c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 Sud-Eft, dont\nles hautes collines fur lefquelles nous \u00C3\u00A9tions, ne\nfe trouvent pas \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9es, s'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A8ve imm\u00C3\u00A9diatement\ndu bord de la mer, d'une mani\u00C3\u00A8re tr\u00C3\u00A8s-in\u00C3\u00A9gale,\nenforte que les plaines & les prairies , qui ont\nquelquefois une grande \u00C3\u00A9tendue, occupent toutes\nle c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 Nord-Oueft ; &, comme elles font or- S\nn\u00C3\u00A9es de touffes d'arbres, entre-m\u00C3\u00AAl\u00C3\u00A9es de plantations , chaque point de vue pr\u00C3\u00A9fente un beau\npayfag\u00C3\u00A9. Tandis que je regardois ce pays charmant , je fongeai, avec un plaifir extr\u00C3\u00AAme, que\nles Navigateurs verraient peut-\u00C3\u00AAtre un jour, du\ntff\u00C3\u00AAme point, ces prairies couvertes de quadrup\u00C3\u00A8des utiles apport\u00C3\u00A9s par des vaifleaux Anglois;\nque la poft\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9 nous tiendrait compte de l'ex\u00C3\u00A9cution d'an projet fi noble, & que ce bienfait\nfuffiroit feul, pour attefter aux g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rations futures que nos voyages contribu\u00C3\u00A8rent au bonheur\nde l'humanit\u00C3\u00A9. Outre les plantes communes dans\nTome IL C w\n34 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u0094\u00E2\u0096\u00A0\"\"\u00E2\u0096\u00A0 les autres Mes des environs, nous trouv\u00C3\u00A2mes ici\n1777. une efpece i\u00C3\u00AFAcrofiicum, le Melaftoma* & la\nJuillet, foug\u00C3\u00A8re arbre, ainfi qu'un petit nombre d'autres foug\u00C3\u00A8res ou plantes, qui ne croifl\u00C3\u00A8nt point\nplus bas.\nNos guides nous dirent que tous les terreins,\nou du moins la plus grande partie des terreins\nde cette Me, appartiennent aux Chefs de Tongataboo , dont les habitans font les vafl\u00C3\u00A0ux ou\nles fermiers. Il para\u00C3\u00AEt qu'il en eft de m\u00C3\u00AAme d\u00C3\u00A8s\nMes voifines, fi j'en excepte Annamooka, o\u00C3\u00B9\nquelques Chefs femblent agir avec une forte\nd'ind\u00C3\u00A9pendance. Oma\u00C3\u00AF , qui aimoit beaucoup\nF\u00C3\u00A9enou & les habitans de ces Mes en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral,\neut envie de s'\u00C3\u00A9tablir ici : on lui propofoit de le\nfaire un des Chefs de la contr\u00C3\u00A9e; je penfe qu'il\naurait \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 bien-aife de s'y fixer, fi cet arrangement e\u00C3\u00BBt obtenu mon aveu. J'avoue que je le\nd\u00C3\u00A9fapprouvai, parce que je crus que mon brave\ncamarade ferait plus heureux dans fa patrie.\nQuand je fus de retour aux vaif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8aux , oit\nm'informa que des Infulaires avoient donn\u00C3\u00A9 des\ncoups de mafl\u00C3\u00B9es \u00C3\u00A0 un de leurs compatriotes, au\nmilieu du cercle o\u00C3\u00B9 nous faifions des \u00C3\u00A9changes ;\nqu'ils lui avoient ouvert le cr\u00C3\u00A2ne , & cafle une\ncuif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8 , & qu'ils Pauroient laif\u00C3\u00AEe mort fur la\nplace, fi nos gens ne les avoient pas arr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A9s; d e Coo k. 35\nque le bleff\u00C3\u00A9 fembloit devoir mourir bient\u00C3\u00B4t,\nmais qu'on l'emporta dans une maifon voifine, 1777.\n& qu'il reprit des forces. Je demandai la raifon Juillet.\nd'un traitement fi barbare, & on me dit qu'on\nl'avoit furpris carefl\u00C3\u00A0nt une femme qui \u00C3\u00A9toit\nTaboo : nous compr\u00C3\u00AEmes toutefois qu'elle \u00C3\u00A9toit\nTaboo , parce qu'elle appartenoit \u00C3\u00A0 un autre\nhomme, & parce qu'elle fe trou voit, d'un rang\nfup\u00C3\u00A9rieur \u00C3\u00A0 celui de fon amant. Nous reconn\u00C3\u00BBmes ainfi que les Infulaires des Ifles des Amis\npuniflcnt f\u00C3\u00A9v\u00C3\u00A9rement les infid\u00C3\u00A9lit\u00C3\u00A9s. Le ch\u00C3\u00A2timent\nde la femme fut moins rigoureux : on nous affina qu'elle recevrait feulement de l\u00C3\u00A9gers coups\nde b\u00C3\u00A2ton.\nLe 14, je plantai une pomme de pin, & je 14.\nfemai des graines de melons, & d'autres v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux, dans la plantation du Chef. J'avais lieu de\ncroire que ces foins ne feraient pas infru\u00C3\u00A9tueux,\ncar on me fervit \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00AEner un plat de Turneps,\nproduits par les graines que j'avois laiffees ici,\nlors de mon f\u00C3\u00A9cond Voyage.\nJ'avois fix\u00C3\u00A9 mon d\u00C3\u00A9part au 15. Taoofa me 15/\nprefl\u00C3\u00A0 de prolonger ma rel\u00C3\u00A2che d'un ou deux\njours, afin qu'il p\u00C3\u00BBt me faire le pr\u00C3\u00A9fent qu'il me\npr\u00C3\u00A9parait : ce motif, joint \u00C3\u00A0 l'efp\u00C3\u00A9rance de voir\nquelques-uns de nos Amis de Tongataboo, me\nd\u00C3\u00A9termina \u00C3\u00A0 diff\u00C3\u00A9rer l'appareillage.\nC 2 HB&. '\n36\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00C2\u00A5\n,.. / \". Je re\u00C3\u00A7us le pr\u00C3\u00A9fent du Chef le lendemain : il\nl777- fut compof\u00C3\u00A9 de deux paquets d'ignames & de\nJuillet, fruits qu'il me parut avoir rafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9s, en exi-\n1&> g\u00C3\u00A9ant des Naturels une forte de contribution. La\nplupart des habitans s'\u00C3\u00A9toient r\u00C3\u00A9unis \u00C3\u00A0 l'endroit\no\u00C3\u00B9 l'on m'offrit les fruits & les ignames ; &,\nainfi que nous Pavions d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 \u00C3\u00A9prouv\u00C3\u00A9 fur les autres Mes, lorfque la foule fe trouvoit nombreu-\nfe, nous e\u00C3\u00BBmes bien de la peine \u00C3\u00A0 contenir leurs\ndifpofitions au vol. Afin de nous amufer , on\nnous donna le fpe\u00C3\u00A9lacle de divers combats de\nb\u00C3\u00A2tons, de lutte & de pugilat. Des femmes prirent part aux deux derniers. Le Chef vouloir\nterminer la f\u00C3\u00AAte par le Bornai, ou la danfe de\nnuit; mais un accident impr\u00C3\u00A9vu fit manquer cette\npartie du fpe\u00C3\u00A9lacle, ou du moins nous emp\u00C3\u00AAcha\nd'y affilier : l'un de mes gens fe promenant \u00C3\u00A0\nquelque diftance du lieu de la fcene, fut environn\u00C3\u00A9 par vingt ou trente Infulaires, qui le ren-\nverferent par terre, & le d\u00C3\u00A9pouill\u00C3\u00A8rent de tout,\nm\u00C3\u00AAme de fes habits. D\u00C3\u00A8s que j'en fus inftruit,\nje faifis deux pirogues & un gros cochon , &\nj'enjoignis \u00C3\u00A0 Taoofa de me rendre les habits,\n& de livrer les coupables. Il parut tr\u00C3\u00A8s-afflig\u00C3\u00A9 de\nla violence de fes compatriotes, & il fit fur-\u00C3\u00AEe-\nchamp les d\u00C3\u00A9marches que je defirois. Cette affaire alarma tellement Pafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e, que la plupart 37\nde Cook.\ndes Naturels s'enfuirent. Ils revinrent n\u00C3\u00A9anmoins, \u00E2\u0096\u00A0\nlorfqu'ils s'apper\u00C3\u00A7urent que je n'employois pas 1777.\nd'autres. moyens de vengeance. On me livra Juillet.\nbient\u00C3\u00B4t un des coupables, & on me rendit une\nchemife & une paire de culottes. Le refle de ce\nqu'avoient pris les voleurs, n'\u00C3\u00A9tant pas arriv\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0\nl'entr\u00C3\u00A9e de la nuit, je fus oblig\u00C3\u00A9 de quitter la c\u00C3\u00B4te,\npour me rendre \u00C3\u00A0 bord ; la mer \u00C3\u00A9toit fi grofl\u00C3\u00A8\nque les canots eurent bien de la pein\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 fortir\nde la crique, quoiqu'on v\u00C3\u00AEt encore un peu clair.\nJe d\u00C3\u00A9barquai de nouveau le 17, avec un pr\u00C3\u00A9- 17.\nfent pour Taoofa , je voulois le remercier de\ncelui qu'il m'avoit fait. Comme il \u00C3\u00A9toit de bonne\nhpure, je trouvai peu de monde fur la c\u00C3\u00B4te ; &\nles Infulaires , que j'y vis , montraient de la\ncrainte. Je chargeai Oma\u00C3\u00AF de les afliirer que nous\nne m\u00C3\u00A9ditions aucune entreprife contre eux. Afin\nde ne point leur laifler de doutes fur la finc\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9\nde cette promefl\u00C3\u00A8, je rel\u00C3\u00A2chai les pirogues que\nj'avois faifies , je rendis la libert\u00C3\u00A9 au coupable\nqu'ils m'avoient livr\u00C3\u00A9, & ils reprirent leur gaiet\u00C3\u00A9\nordinaire. Us form\u00C3\u00A8rent tout de fuite un grand\ncercle, dont le Chef & les principaux perfon-\nnages de PIfle faifoient partie. On m'apporta\nalors le refle des habits de celui de mes gens\nqu'on avoit d\u00C3\u00A9pouill\u00C3\u00A9 ; mais ils \u00C3\u00A9toient en lambeaux , & ils ne valoient pas la peine d'\u00C3\u00AAtre\nC 3 V\n\u00C2\u00A5\n3c) Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n''.\"\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u00A2\u00E2\u0096\u00A0*\"'\u00E2\u0096\u00A0 conduits \u00C3\u00A0 bord. Taoofa partagea avec trois ou\nl777\" quatre Chefs, ce que je lui donnai; il ne r\u00C3\u00A9-\nJuillet, ferva qu'une petite portion pour lui. Ils avoient\npeu compt\u00C3\u00A9 fur'un auffi riche pr\u00C3\u00A9fent, & l'un\ndes Chefs, vieillard d'une figure refpe\u00C3\u00A9lable, me\ndit que nous ayant donn\u00C3\u00A9 fi peu de chofe, &\nayant maltrait\u00C3\u00A9 une perfonne de l'\u00C3\u00A9quipage, ils\nne m\u00C3\u00A9ritoient pas cette preuve de bienveillance.\n\u00E2\u0096\u00A0 Je demeurai parmi eux jufqu'au moment o\u00C3\u00B9 ils\neurent achev\u00C3\u00A9 leur bowl de Kava; &, apr\u00C3\u00A8s leur\navoir pay\u00C3\u00A9 la valeur du cochon, dont je m'\u00C3\u00A9tois\nempar\u00C3\u00A9 la veille, je retournai \u00C3\u00A0 bord accompagn\u00C3\u00A9 de Taoofa, & de l'un des domeftiques de\nPoulaho , \u00C3\u00A0 qui je remis un morceau de fer en\nbarre, en lui enjoignant de le porter au Roi,\ncomme une derni\u00C3\u00A8re marque de mon eftime &\nde ma reconnoif\u00C3\u00AF\u00C3\u00A0nce.\nNous appareill\u00C3\u00A2mes bient\u00C3\u00B4t ; &, \u00C3\u00A0 l'aide d'une\nbrife l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re du Sud-Eft, nous gouvern\u00C3\u00A2mes au\nlarge : Taoofa & un petit nombre d'autres Infulaires, qui fe trouvoient fur mon bord , nous\nquitt\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 cette \u00C3\u00A9poque. En relevant l'ancre,\nnous nous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes que les rochers avoient\nbeaucoup endommag\u00C3\u00A9 le cable ; & on ne doit\npas compter fur le fond de cette rade. Nous\nfent\u00C3\u00AEmes d'ailleurs qu'elle eft expof\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 une\nhoule prodigieufe du S'ud-Ouefl. d e C o o k. 39\nNous \u00C3\u00A9tions en mer depuis peu de temps, \u00E2\u0096\u00A0\nlorfque nous v\u00C3\u00AEmes une pirogue \u00C3\u00A0 voile qui ar- 1777.\nriva de Tongataboo , & qui gagna la crique Juillet.\ndevant laquelle nous avions mouill\u00C3\u00A9. Quelques\nheures apr\u00C3\u00A8s, une petite embarcation, mont\u00C3\u00A9e\npar quatre hommes, fe rendit \u00C3\u00A0 la hanche de\nmon vaifl\u00C3\u00A8au : il faifoit peu de vent, & nous\n\u00C3\u00A9tions peu \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9s de la c\u00C3\u00B4te. Les Infulaires\nnous dirent que la pirogue \u00C3\u00A0 voile, venant de\nTongataboo, avoit apport\u00C3\u00A9 un ordre aux habitans S Eooa, de nous fournir un certain nombre\nde cochons; & que le Roi & d'autres Chefs arriveraient dans deux jours ; ils m'exhort\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0\nretourner \u00C3\u00A0 notre dernier mouillage. Je n'avois\naucune raifon de douter de ce qu'ils me difoient;\ndeux d'entr'eux \u00C3\u00A9toient venus de Tongataboo\nfur la pirogue \u00C3\u00A0 voile, & ils ne s'\u00C3\u00A9toient approch\u00C3\u00A9s de nous , qu'afin de nous donner cet avis.\nCependant, comme nous nous trouvions hors\ndes terres, je crus devoir d'autant moins retourner fur mes pas, que nous comptions avoir \u00C3\u00A0\nbord allez de provifions, jufqu'\u00C3\u00A0 notre arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0\nO-Ta\u00C3\u00AFti. Ind\u00C3\u00A9pendamment de ce que je re\u00C3\u00A7us\nen pr\u00C3\u00A9fent de Taoofa, nous achet\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 Eooa\ndes ignames, que nous pay\u00C3\u00A2mes fur-tout avec de\npetits clous; nous y augment\u00C3\u00A2mes confid\u00C3\u00A9rable-\nraent auffi notre fuppl\u00C3\u00A9ment de cochons; mais\nC \u00C2\u00B1 mmm\nk\n1777.\nJuillet.\n40 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nnous en aurions obtenu un bien plus grand\n, propri\u00C3\u00A9-\nnombre , fi les Chefs de Tongataboo\ntaires de la plupart des richefl\u00C3\u00A8s de l'Ifle, avoient\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 avec nous. Les quatre Infulaires, s'apperce-\nvant de l'inutilit\u00C3\u00A9 de leurs inftances, nous quitt\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e de la nuit ; d'autres, qui \u00C3\u00A9toient\nvenus fur deux pirogues , & qui nous avoient\napport\u00C3\u00A9 des noix de cocos & des Shaddecks,\nqu'ils \u00C3\u00A9chang\u00C3\u00A8rent contre des bagatelles, nous\nquitt\u00C3\u00A8rent auffi. Les Naturels avoient un fi grand\ndefir de fe procurer encore quelques-unes de nos\nmarchandifes , qu'ils fuivirent nos vaifl\u00C3\u00A8aux en\nmer, & qu'ils prolong\u00C3\u00A8rent les \u00C3\u00A9changes jufqu'au\ndernier inflant.\nw JWP\n\" ' ! J' \"\"'\nCHAPITRE. X.\nAvantages que nous procura notre f\u00C3\u00A9jour\naux If es des Amis. Remarques fur les\nartiefas les plus propres aux \u00C3\u00A9changes\navec les Naturels. Rafra\u00C3\u00AEchiffemens qu'on\npeut s'y procurer. Nombre des Ifles &\nleurs noms. Les Ifles de Keppel & de\nBofcawen en d\u00C3\u00A9pendent. Remarques fur\nVavao\u00C3\u00B4, Hamoa, Feejee. Voyages de long\ncours que les Naturels font fur leurs pi~\nrogues. Combien il eft difficile d'obtenir\n*des informations exactes. D\u00C3\u00A9tails fur la\nperfonne des Infulaires de l'un & de\nVautre fexe, fur la couleur de leurpeau,\nleurs maladies, leur caradtere; de quelle\nmani\u00C3\u00A8re ils portent leurs cheveux ; piquetares de leur corps; habits & orne-\nmens dont ils fe parent ; propret\u00C3\u00A9 per~\nfonnelle.\nou s quitt\u00C3\u00A2mes ainfi les Ifles des Amis, &\nN\nleurs habitans, apr\u00C3\u00A8s une rel\u00C3\u00A2che d'environ trois ^777*\nmois, pendant lefquels nous v\u00C3\u00A9c\u00C3\u00BBmes dans l'a- Juillet.\nmiti\u00C3\u00A9 la plus cordiale avec les Infulaires. Leur s\n42 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\np extr\u00C3\u00AAme difpofit\u00C3\u00AFon au vol, trop fouvent encou-\nmm\nK\n1777- rag\u00C3\u00A9e par la n\u00C3\u00A9gligence de nos \u00C3\u00A9quipages, pro-\nJuil\u00C3\u00AEet. duifit, il eft vrai, des querelles paflageres; mais\nces querelles n'eurent jamais de fuites funeftes.\nJe m'occupai conftamment du foin de pr\u00C3\u00A9venir\nune brouillerie g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale , & je crois que peu\nd'hommes fur les deux vaifleaux, partirent fans\nregret. Le temps que je pafl\u00C3\u00A0i ici, ne fut pas\nmal employ\u00C3\u00A9. Nous confomm\u00C3\u00A2mes une tr\u00C3\u00A8s-petite quantit\u00C3\u00A9 de nos provifions de mer : les productions du pays nous fuffirent \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s, &\nnous y pr\u00C3\u00AEmes m\u00C3\u00AAme un fuppl\u00C3\u00A9ment de vivres,\naflez confid\u00C3\u00A9rable pour gagner O-Ta\u00C3\u00AFti, o\u00C3\u00B9 j'\u00C3\u00A9-\ntois s\u00C3\u00BBr de trouver beaucoup de rafra\u00C3\u00AEchif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8mens.\nJe fus bien-aife d'ailleurs d'avoir une occafion\nd'am\u00C3\u00A9liorer le fort de ce bon peuple , en lui\nlaifl\u00C3\u00A0nt des animaux utiles ; j'ajouterai que les\nquadrup\u00C3\u00A8des, deftin\u00C3\u00A9s pour O-Ta\u00C3\u00AFti, reprirent\ndes forces dans les p\u00C3\u00A2turages de Tongataboo:\nen un mot, nous tir\u00C3\u00A2mes une multitude d'avantages de notre f\u00C3\u00A9jour aux Ifles des Amis. Rien\nne troubla nos plaifirs; & la pourfuite du grand\nobjet de notre voyage, n'en fouffrit pas, car la\nfaifon de marcher au Nord, \u00C3\u00A9toit paflee, comme\nje l'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit, lorfque je pris la r\u00C3\u00A9folution de\ngagner ces terres.\nOutre l'utilit\u00C3\u00A9 imm\u00C3\u00A9diate dont cette rel\u00C3\u00A2che de Cook. 43\nfut pour nous, & pour les habitans des Ifles des\nAmis, les Navigateurs Europ\u00C3\u00A9ens, qui feront la\nm\u00C3\u00AAme route, profiteront des connoifl\u00C3\u00A0nces que\nj'ai acquifes fur la G\u00C3\u00A9ographie de cette partie\nde l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique; & les Le\u00C3\u00A9teurs Philofo-\nphes, qui aiment \u00C3\u00A0 \u00C3\u00A9tudier la nature humaine,\ndans tous les degr\u00C3\u00A9s de la civilifation, & qui fe\nplaifent \u00C3\u00A0 recueillir des faits exa\u00C3\u00A9ls fur les habitudes, les ufages, les arts, la religion, le gouvernement & la langue des peuplades qui habitent les contr\u00C3\u00A9es lointaines du globe, nouvellement d\u00C3\u00A9couvertes, jugeront peut-\u00C3\u00AAtre inftruftifs\n& amuf\u00C3\u00A0ns les d\u00C3\u00A9tails que je puis leur donner,\ntouchant les Infulaires de cet Archipel. Je vais\nexpofer, avec une fid\u00C3\u00A9lit\u00C3\u00A9 fcrupuleufe, les remarques que j'ai faites.\nLes articles les plus propres aux \u00C3\u00A9changes avec\nles Naturels, font en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral les meubles, les\noutils & les inftrumens de fer. Ils recherchent\n.beaucoup les grandes & les petites haches, les\nclous de fiche, ou les clous d'une moindre grof-\nfeur, les rapes, les limes & les couteaux. Ils\nefliment auffi beaucoup les \u00C3\u00A9toffes rouges, les\ntoiles blanches ou de couleur ; les miroirs & les\ngrains de verre : les grains bleus obtiennent la\npr\u00C3\u00A9f\u00C3\u00A9rence fur tous les autres, & les blancs font\nceux dont ils font le moins de cas. On nous\n1777.\nJuillet. IT\ni\nK\n44 T R O I S I E M B V O Y A G E\n. donnoit un cochon pour un collier de grains de\n1777. verre bleus. Il faut obferver que les chofes pu-\nJuillet, rement agr\u00C3\u00A9ables , feront quelquefois plus ou\n\u00E2\u0096\u00A0 moins recherch\u00C3\u00A9es. Lorfque nous abord\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0\nAnnamooka, pour la premiere fois, les Naturels vouloient \u00C3\u00A0 peine \u00C3\u00A9changer leurs fruits contre des grains de verre bleus ; mais F\u00C3\u00A9enou \u00C3\u00A9tant\narriv\u00C3\u00A9, ce perfonnage important les mit \u00C3\u00A0 la mode, & ils acquirent la valeur dont je parfois tout-\n\u00C3\u00A0-l'heure.\nAvec les articles que je viens d'indiquer, on\nobtiendra tous les rafra\u00C3\u00AEchifl\u00C3\u00A8mens que produi-\n\u00E2\u0096\u00A0fent ces Mes, c'eft-\u00C3\u00A0-dire, des cochons, des volailles, du poiflbn, des ignames, du fruit \u00C3\u00A0 pain,\ndes bananes, des noix de cocos, des cannes de\nfucre, & en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, lesdiverfesprovifionsqu'offrent O-Ta\u00C3\u00AFti, ou les autres Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9.\nLes ignames des Ifles des Amis font excellentes , &, quand elles fe trouvent \u00C3\u00A0 leur point de\nmaturit\u00C3\u00A9 , elles fe gardent tr\u00C3\u00A8s-bien \u00C3\u00A0 la mer ;\nmais le porc, le fruit \u00C3\u00A0 pain, & les bananes,\nd'une allez bonne qualit\u00C3\u00A9 d'ailleurs, ne valent\npas les m\u00C3\u00AAmes articles tir\u00C3\u00A9s d?O-Ta\u00C3\u00AFti, & des\nTerres des environs.\nL'eau parfaitement douce, dont les vaifleaux\nont fi grand befoin, dans les longs voyages, eft\nrare fur ces terres : on en trouve, il eft vrai, torn\nD\nCoo k. 45\nfur chacune; mais en trop petite quantit\u00C3\u00A9, ou\nen des lieux trop incommodes pour les Navigateurs. Cqfendant, comme les Ifles des Amis\noffrent des provifions, & fur-tout des noix de,\ncocos en abondance, les vaif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8aux, dont les \u00C3\u00A9quipages n'auront pas trop de d\u00C3\u00A9licatefl\u00C3\u00A8, pourront\nle contenter de l'eau qu'on y rencontre. Tandis\nque nous mouillions au-deflbus de Kotoo, \u00C3\u00A0 notre retour de Hapaee, quelques-uns d\u00C3\u00A9s Habitans de Kao nous apprirent qu'il y a dans leur\nMe, un ruiff\u00C3\u00A8au qui defeend des montagnes, &\nqui porte fes eaux \u00C3\u00A0 la mer, au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 Sud-Oueft,\nc'eft-\u00C3\u00A0-dire, au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 qui eft en face de Toofoa.\nIl eft aif\u00C3\u00A9 de reconno\u00C3\u00AEtre Toofoa \u00C3\u00A0 fon \u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation, ainfi qu'au volcan conf\u00C3\u00AEd\u00C3\u00A9rable, dont j'ai\nd\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 parl\u00C3\u00A9, & dont nous v\u00C3\u00AEmes toujours fortir de\nla flamme & de la fum\u00C3\u00A9e. Ces d\u00C3\u00A9tails fur le ruiff\u00C3\u00A8au de Kao font d'autant plus int\u00C3\u00A9reflans, que,,\nfelon le rapport des Naturels, cette partie de la\nc\u00C3\u00B4te pr\u00C3\u00A9fente un mouillage. On nous afliira que\nla pierre noire,.qui fert \u00C3\u00A0 ces peuplades de haches & d'autres outils, vient de Toofoa,\nIl faut comprendre, fous la d\u00C3\u00A9nomination g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale $ Ifles des Amis, non-feulement le grouppe\nde Hapaee, que j'ai vifit\u00C3\u00A9, mais auffi toutes\nles terres d\u00C3\u00A9couvertes au Nord \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s au\nm\u00C3\u00AAme M\u00C3\u00A9ridien, & d'autres qu'aucun Navigateur\nl777-\nJuillet. 46 Troisi\u00C3\u00A8me V q y a g e\nm Europ\u00C3\u00A9en n'a apper\u00C3\u00A7u jufqu'ici. Chacune d'elles\n1777. d\u00C3\u00A9pend, \u00C3\u00A0 quelques \u00C3\u00A9gards, de Tongataboo,\nJuillet, qui, fans avoir la plus grande \u00C3\u00A9tendue, eft la\nCapitale & le fiege du gouvernement.\nSelon les informations que nous re\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes \u00C3\u00A0\nTongataboo, cet .Archipel eft fort vafte. Les\nNaturels nous indiqu\u00C3\u00A8rent plus de cent cinquante\nMes; ils firent ufage de feuillps d'arbres pour en\nd\u00C3\u00A9terminer le nombre, & M. Anderfon dont le\nz\u00C3\u00A8le & l'activit\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A9toient infatigables, vint \u00C3\u00A0 bout\nd'en favoir les noms. Ils en comptoient quinze\nd'\u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9es & montueufes comme Toofoa & Eooa,\n\u00E2\u0096\u00A0 & trente-cinq de grandes. Nous n'en v\u00C3\u00AEmes que\ntrois de ces derni\u00C3\u00A8res, Hapaee, (regard\u00C3\u00A9e par\nles Infulaires comme une feule Me, ) Tongataboo & Eooa : je ne puis rien dire des trente-\ndeux que nous n'avons pas apper\u00C3\u00A7ues, fi ce n'eil\nqu'elles doivent \u00C3\u00AAtre plus \u00C3\u00A9tendues : quAnna-\nmooka, car les perfonnes qui pous donn\u00C3\u00A8rent\nces d\u00C3\u00A9tails, la mettoient au nombre des petites\nMes : il eft vrai que plufieurs de celles-ci font\ndes rochers ou des bancs de fable inhabit\u00C3\u00A9s. J'en\nai indiqu\u00C3\u00A9 au moins foixante-une fur ma Carte\ndes Ifles des Amis & fur le plan du havre de\nTongataboo; j'y renvoie les Lecteurs. C'eft aux\nNavigateurs futurs \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9terminer exactement la\npofition & l'\u00C3\u00A9tendue d'environ cent autres qui fe de Cook.\n47\ntrouvent dans ce parage, que nous n'avons pas ,\neu occafion d'examiner, & dont nous ne con- 1777\u00C2\u00BB\nnoif\u00C3\u00AEbns l'exiftence que par le t\u00C3\u00A9moignage de Juillet,\nquelques-uns des Naturels du pays. En voici la\nlifte ; je la publie, pour faciliter les recherches\nqu'on fera apr\u00C3\u00A8s nous.\nNoms des Ifles des Amis & des autres de ce\nparage, dont les Habitans Hamoa, Vavaoo- & Feejee^'\u00C3\u00A0xmt on nous\n1777. parla beaucoup, font les Mes les plus confid\u00C3\u00A9ra-\nJuillet. bl\u00C3\u00A9s de ces environs qu'on nous ait indiqu\u00C3\u00A9es.\nOn nous les repr\u00C3\u00A9fenta comme plus grandes que\nTongataboo. Je pr\u00C3\u00A9fume que ces terres n'ont\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 apper\u00C3\u00A7ues d'aucun Europ\u00C3\u00A9en : Tafman marque, il eft vrai, fur fa Carte, une Me \u00C3\u00A0 l'en-\n.droit o\u00C3\u00B9 je fuppofe Vavao, c'eft-\u00C3\u00A0-dire, par environ i9d de latitude-Sud; \u00C3\u0087a) mais il donne\n& 494 de l'original. Le Capitaine Wallis dit que ces\ndeux Ifles font \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9es ; mais il obferve que Tune a\nia forme d'un pain de fucre, d'o\u00C3\u00B9 Ton peut conclure\nqu'elle a plus d'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation que l'autre , \u00C3\u00A9k qu'elle ref-\nfemble beaucoup \u00C3\u00A0 Kao. En comparant les d\u00C3\u00A9tails\ndonn\u00C3\u00A9s par Poulaho au Capitaine Cook , avec le\nJournal du Capitaine Wallis, il paro\u00C3\u00AEt s\u00C3\u00BBr que l'Ifle\n\Befcawen eft l'Ifle Kootahee, & l'Ifle Keppel, l'Ifle\nNeeootabootaboo. La derni\u00C3\u00A8re eft une des Terres \u00C3\u00A9tendues, marqu\u00C3\u00A9es dans la lifte pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9dente. Le Lectear,\naverti d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 que les Navigateurs \u00C3\u00A9crivent, d'une mani\u00C3\u00A8re tr\u00C3\u00A8s-diff\u00C3\u00A9rente, les mots prononc\u00C3\u00A9s par les Naturels , jugera que Kottejeea & Kootahee f#nt la rri\u00C3\u00AAme\nMm ' |p: \u00E2\u0080\u00A2\nQa) M. Dalrymp\u00C3\u00AEe & Campbell, qui ont imprim\u00C3\u00A9\nles Journaux du Voyage de Tafman, ne difent pas\n.qu'il ait vu cette Ifle. La Carte \u00C3\u00A0 laquelle renvoie\nle Capitaine Cook,, eft vraifemblablement celle qu'on\ntrouve dans la Collection des Voyages de Dalrym-\nple , \u00C2\u00AE\u00C3\u00AEi k route de Tafeian eft indiqu\u00C3\u00A9e d'une d e C o o k. 53\npeu d'\u00C3\u00A9tendue \u00C3\u00A0, cette terre ; au-lieu que Va- ==\nyaoo, felon le t\u00C3\u00A9moignage unanime de nos Amis 1777.\nde Tongatab\u00C3\u00AAo, eft plus grande que cette der- Juillet,\nniere Me, & a de hautes montagnes. J'y ferais\nall\u00C3\u00A9, & j'aurais accompagn\u00C3\u00A9 F\u00C3\u00A9enou lorfqu'il s'y\nrendit de Hapaee, s'il ne m'avoit pas d\u00C3\u00A9courag\u00C3\u00A9, en me difant faufl\u00C3\u00A8ment qu'elle eft peu cori-;\nfid\u00C3\u00A9rable, & m\u00C3\u00AAme qu'on n'y trouve point de\nhavre. Poulaho , c'eft-\u00C3\u00A0-dire , lp Roi, m'afl\u00C3\u00B9ra\nbient\u00C3\u00B4t qu'elle eft grande, qu'elle offre non-feulement toutes les produ\u00C3\u00A9tions de Tongataboo,\nmais qu'elle a l'avantage particulier de pofleder\nun ruifl\u00C3\u00A8au d'eau douce &,un havre auffi beau\nque celui de la M\u00C3\u00A9tropole des Ifles des Amis.\nIl propofa de me ferv\u00C3\u00AEr de guide, fi je voulois\nfaire le voyage ; il en vint jufqu'\u00C3\u00A0 me dire, que\nje pourrois le tuer, fi tout ce qu'il m'afluroit\nn'\u00C3\u00A9toit pas vrai. Ses afl\u00C3\u00A8rtions ne me laifl\u00C3\u00A8rent\naucun dout\u00C3\u00A9, & je fus convaincu que F\u00C3\u00A9enou,\npar des vues d'int\u00C3\u00A9r\u00C3\u00AAt, avoit cherch\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 m'induire\nen erreur.\nHamoa, qui d\u00C3\u00A9pend auffi de Tongataboo,\ng\u00C3\u00AEt au Nord-Oueft de Vavao, \u00C3\u00A0 deux jours de\nnavigation. Si je crois tout ce qu'on m'en a dit,\nmani\u00C3\u00A8re exacte. On y voit plufieurs petits Mots fur\nle parage dont il eft ici queftion,\nH d i 54 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage f\nelle eft la plus grande des Ifles des Amis, elle\nl777* a des havres & de la bonne eau, & on y trouve\nJuillet, en abondance chacune des productions de ces\nterres ; Poulaho y r\u00C3\u00A9fide fouvent. Il para\u00C3\u00AEt que\n.-les habitans font tr\u00C3\u00A8s-eftim\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 Tongataboo , car\non nous apprit que les chants & les danfes ex\u00C3\u00A9cut\u00C3\u00A9s devant nous, \u00C3\u00A9toient copi\u00C3\u00A9s fur les leurs,\n& nous v\u00C3\u00AEmes quelques maifons, qu'on nous\naf\u00C3\u00AEiira avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 b\u00C3\u00A2ties fur le mod\u00C3\u00A8le des maifons\nde Hamoa. M. Anderfon, qui faifoit des recherches continuelles fur les langues des peuples de\nla mer du Sud, recueillit les trois mots fuivans\ndu dialecte de Hamao.\nTamolao, \u00C3\u0087a) un homme, Chef du pays.\nTamaety, une femme qui a de l'autorit\u00C3\u00A9 dans\nPIfle.\nSolle, un homme du peuple.\n(#) On a vu, dans plufieurs des notes pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9dentes, des extraits des Lettres \u00C3\u00A9difiantes & curieufes,\nqui prouvent la conformit\u00C3\u00A9 des ufages des habitans\ndes Mes Carolines, avec les coutumes que le Capitaine Cook a trouv\u00C3\u00A9es fur des Mes de la Mer Pacifique du Sud, tr\u00C3\u00A8s-\u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9es les unes des autres. Cette\nreffemblance toutefois laifle encore des doutes fur\nl'identit\u00C3\u00A9 d'origine des peuplades de ces Terres ; car\non peut dir*e , avec raifon , que le d\u00C3\u00A9veloppement\nfeul des facult\u00C3\u00A9s de la nature humaine\u00C2\u00BB introduit les de Cook. 55\n. D'apr\u00C3\u00A8s les inftru\u00C3\u00A9tions qu'on nous a don- f \u00E2\u0096\u00A0\nn\u00C3\u00A9es, Feejee g\u00C3\u00AEt au Nord-Oueft-quart-Oueft de 1777.\n __ Juillet.\nm\u00C3\u00AAmes ufages chez des peuples f\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9s par un grand\nefpace, & qu'on obferve les m\u00C3\u00AAmes habitudes dans\ntous les fiecles, & dans toutes les parties du globe,\nparmi les hommes qui font au m\u00C3\u00AAme degr\u00C3\u00A9 de ci-\nvilifationj le Lecteur cependant n'appliquera peut-\n\u00C3\u00AAtre pas cette remarque \u00C3\u00A0 la conformit\u00C3\u00A9 dont on parle\nici, s'il veut bien faifir la diftinction que je vais\nfaire. Les ufages fond\u00C3\u00A9s fur des befoins communs \u00C3\u00A0\ntoute l'efpece humaine , & born\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 l'application des\nm\u00C3\u00A9thodes qui peuvent fatisfaire ces befoins \u00C3\u00AE ne fup-\npofent pas, malgr\u00C3\u00A9 leur conformit\u00C3\u00A9, que ceux qui\nles fuivent fe font imit\u00C3\u00A9s, les uns les autres , ou\nqu'ils tirent leur origine de la m\u00C3\u00AAme fouche ; car\nl'homme a par-tout la m\u00C3\u00AAme fagacit\u00C3\u00A9, & les moyens\nde fatisfaire un befoin particulier, font en petit nombre, fur-tout dans les pays \u00C3\u00A9galement incultes. Ainfi,\nles Tribus les plus \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9es 9 celles , par exemple ,\nde la Terre de Feu y & celles qui habitent les Ifles\nfitu\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 l'Eft du Kamtfchatka, peuvent produire du\nfeu de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re, en frottant deux b\u00C3\u00A2tons,\nfans donner lieu de croire que l'une a imit\u00C3\u00A9 l'autre\u00C2\u00BB ou tir\u00C3\u00A9 cette invention d'une fource commune\u00C2\u00BB\nIl n'en eft pas ainfi des ufages qui ne tirent point\nleur origine d'un principe g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral de la nature humaine , & qui ne doivent leur \u00C3\u00A9tabliflement qu'aux\nfantaifies & aux modes infiniment vari\u00C3\u00A9es des diver-\nfes peuplades. Les coutumes des Infulaires de la partie feptentrionale & de la partie m\u00C3\u00A9ridionale de la\nMer Pacifique , d'apr\u00C3\u00A8s lefquelles nous avons jug\u00C3\u00A9\nD 1 56 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n5 Tongataboo, \u00C3\u00A0 trois jours de navigation. On\n1777. nous en parla comme d'une terre \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9e, mais\nJuillet. i\t\nque les diff\u00C3\u00A9rentes Tribus viennent de la m\u00C3\u00AAme fou-\nche, font \u00C3\u00A9videmment de la derni\u00C3\u00A8re efpece. Puif-\n\u00C2\u00AB[ue les Habitans de Mangeea &. ceux'des Nouvelles\n'Philippines, pour donner des marques de refpect \u00C3\u00A0\nun homme ou \u00C3\u00A0 une femme , frottent fa main fur\nleurs vifages, il eft clair qu'ils ont appris \u00C3\u00A0 la m\u00C3\u00AAme'\n\u00C3\u00A9cole cette mani\u00C3\u00A8re de faluer. Si les efprits trop livr\u00C3\u00A9s au fcepticifme, ne fe rendent point, j'ajouterai\n\u00C2\u00ABfu'il me paro\u00C3\u00AEt difficile de ne pas convenir de l'identit\u00C3\u00A9 de race, dans le cas pr\u00C3\u00A9fent; qu'\u00C3\u00A0 la preuve,\ntir\u00C3\u00A9e de la conformit\u00C3\u00A9 des ufages, on peut en joindre ici une nouvelle, encore plus inconteftable, celle\nde la conformit\u00C3\u00A9 des idiomes. Le Capitaine Cook\nnous apprend que le mot de Tamoloa fignifie un Chef9\n\u00C3\u00A0 Hamoa, l'une des Mes des Amis, & on voit dans\nles Lettres \u00C3\u00A9difiantes & curieufes , que les Habitans\ndes Ifles Carolines appellent du m\u00C3\u00AAme nom les principaux du pays. Deux notes inf\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9es plus haut offrent des pafTages du P\u00C3\u00A8re Cantova 3 o\u00C3\u00B9 ce Millionnaire parle des Tamoles de ces derni\u00C3\u00A8res Ifles ; il\nemploie ce terme au moins douze fois dans le cours\nde quelques pages. Je vais tranfcrire un paflage ab-\nfolum'ent d\u00C3\u00A9cifif, qui rend fuperflue toute autre citation. \" L'autorit\u00C3\u00A9 du Gouvernement fe partage en-\ns> tre plufieurs Familles Nobles, dont les Chefs s'ap-\n3> pellent Tamoles. Il y a outre cela dans chaque Pro-\n3> vince un principal Tamole , auquel tous les au-\n3> tr\u00C3\u00A8s font fournis. 3? Lettres \u00C3\u00A9difiantes & curieufes,\ntorn. XV, pag. 312. D E C o o k. 57\ntr\u00C3\u00A8s-fertile, o\u00C3\u00B9 il y a beaucoup de cochons, de '\nchiens, de volailles, & toutes les efpeces de 1777*\nfruits & de racines qu'on trouve dans ces para- Juillet,\nges : on nous aflura qu elle eft beaucoup plus\n\u00C3\u00A9tendue que Tongataboo, dont elle ne d\u00C3\u00A9pend\npas , ainfi que les autres Mes de cet Archipel ; que Feejee & Tongataboo font fouvent en\nguerre.' Plufieurs circonflances nous firent con-\nno\u00C3\u00AEtre que les habitans de Tongataboo Redoutent beaucoup les Infulaires de Feejee : pour exprimer le fentiment de leur inf\u00C3\u00A9riorit\u00C3\u00A9, ils avoient\ncoutume de plier leur corps en avant, & de fe\ncouvrir de leurs mains le vilage : il ne faut pas\ns'\u00C3\u00A9tonner de l'effroi qu'infpiroient les Naturels\nde Feejee , car la dext\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9 avec laquelle ils\nmanient Parc & la fronde , les rend redoutables, & comme ils mangent, \u00C3\u00A0 l'exemple des\nZ\u00C3\u00A9landois, les guerriers qu'ils tuent dans les\nbatailles, cet ufage abominable, ajoute encore\n\u00C3\u00A0 la frayeur de leurs voifins. Les Habitans de\nTongataboo, qui les accufoient d'\u00C3\u00AAtre cannibales , ne les ont point calomni\u00C3\u00A9s ; car plufieurs *\nperfonnes de Feejee que nous interroge\u00C3\u00A2mes,\nconvinrent du fait.\nPuifque je' parle des Antropophages, je demande \u00C3\u00A0 ceux qui foutiennent que le d\u00C3\u00A9faut de\nfubfiftances a d\u00C3\u00A9termin\u00C3\u00A9 les premiers Cannibales 58 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n>\u00C3\u00A0 manger de la chair humaine , ce qui-a d\u00C3\u00A9ter-\n*777\u00E2\u0080\u00A2 min\u00C3\u00A9 les habitans de Feejee \u00C3\u00A0 conferyer cet ufage\nJuillet, au milieu de l'abondance. Les Infulaires de Tongataboo , qui, fans doute par crainte , s'efforcent de vivre en paix avec leurs farouches voi-\nfins, les d\u00C3\u00A9tellent beaucoup : cependant ils vont\nquelquefois les combattre, & ils rapportent du\npays ennemi des troph\u00C3\u00A9es de plumes rouges,\nqu'on trouve en grande quantit\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Feejee, & qui\nfont tr\u00C3\u00A8s-eflim\u00C3\u00A9es aux Ifles des Amis , ainfi que\nje l'ai dit tant de fojs. Lorfque les deux Mes font\nen paix, la communication entre les deux terres\neft afl\u00C3\u00A8z vive; il para\u00C3\u00AEt qu'elles fe connoifl\u00C3\u00A8nt depuis peu; autrement, Feejee ayant beaucoup de\nchiens, ce quadrup\u00C3\u00A8de fe ferait r\u00C3\u00A9pandu plut\u00C3\u00B4t\n\u00C3\u00A0 Tongataboo , & aux Mes des environs , o\u00C3\u00B9\nj'en laiflai les premiers couples en 1773. Les\nNaturels de Feejee, que nous rencontr\u00C3\u00A2mes ici,\n\u00C3\u00A9toient d'une couleur plus fonc\u00C3\u00A9e, que celle des\nhabitans des Ifles des Amis en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral ; l'un\nd'eux avoit l'oreille fendue, & le lobe fi along\u00C3\u00A9,\nqu'il touchoit prefque les \u00C3\u00A9paules ; fingularit\u00C3\u00A9\nque j'avois obferv\u00C3\u00A9e fur d'autres Mes de la mer\ndu Sud dans mon f\u00C3\u00A9cond voyage. Il me parut\nqu'on avoit pour eux beaucoup d'\u00C3\u00A9gards ; au\nrefle , la vivacit\u00C3\u00A9 de leur efprit ne contribuoit\npeut-\u00C3\u00AAtre pas moins \u00C3\u00A0 ce bon accueil, que la DE CO\nO K.\n59\npuifl\u00C3\u00A0n\u00C3\u00A7e & la cruaut\u00C3\u00A9 de leur Nation, Leur p\u00C3\u00A9- r \u00E2\u0096\u00A0 ,\nn\u00C3\u00A9tration eft bien fup\u00C3\u00A9rieure \u00C3\u00A0 celle des Naturels 1777*\nde Tongataboo, fi j'en juge par quelques-uns de Juillet,\nleurs ouvrages m\u00C3\u00A9chaniques que nous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BB-\nmes ; ils ont des maflues & des piques fculpt\u00C3\u00A9es\nde la mani\u00C3\u00A8re la plus adroite , des \u00C3\u00A9toffes en\ncompartimens, d'un defl\u00C3\u00A8in exa\u00C3\u00A9t, des nattes dont\nles couleurs font nuanc\u00C3\u00A9es avec go\u00C3\u00BBt, & enfin\ndes pots de terre & d'autres meubles,qui annoncent de tr\u00C3\u00A8s-habiles ouvriers.\nJ'ai dit que Feejee g\u00C3\u00AEt \u00C3\u00A0 trois jours de navigation de Tongataboo : ces peuplades n'ont d'autre m\u00C3\u00A9thode de mefurer la diftance d'une Me \u00C3\u00A0\nl'autre, que par le temps dont elles ont befoin\npour faire la traverf\u00C3\u00A9e fur une de leurs pirogues.\nVoulant d\u00C3\u00A9terminer avec une forte de pr\u00C3\u00A9cifion,\nl'efpace que peuvent parcourir leurs embarcations\npar un vent mod\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9 , dans un intervalle fixe,\nj'allai \u00C3\u00A0 bord d'un de ces petits b\u00C3\u00A2timens qui\n\u00C3\u00A9toit fous voile , & apr\u00C3\u00A8s diverfes exp\u00C3\u00A9riences\ndu Lock, je reconnus qu'en ferrant le vent par\nune jolie brife , elles font fept n\u00C5\u0093uds ou fept\nmilles en une heure. J'en conclus qu'elles parcourent fept ou huit milles par heure, avec les\nbrifes qui fouffl\u00C3\u00A9nt ordinairement fur ces parages.\nMais la longueur d'un jour ne doit pas \u00C3\u00AAtre ici\ncompt\u00C3\u00A9e de vingt-quatre heures; car, en parlant\njjr y\nJuillet.\nf\n60' Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nd'un jour de navigation , ils comprennent feulement l'intervalle qui fe trouve du matin au foir,\nc'eft-\u00C3\u00A0-dire, dix ou douze heures au plus : ainfi,\ndeux jours de voile d\u00C3\u00A9fignent l'intervalle qu'il y\na du matin du premier jour au foir du f\u00C3\u00A9cond.\nIls fe guident fur le Soleil pendant le jour , &\nfur les \u00C3\u00A9toiles pendant la nuit : lorfque Pobfcu-\nrit\u00C3\u00A9 de Patmofphere leur \u00C3\u00B4te ce moyen de direction , les points d'o\u00C3\u00B9 viennent les vents & les\nvagues leur fervent de bouflble. Si le vent & les\nvagues changent de route au moment o\u00C3\u00B9 le ciel\neft n\u00C3\u00A9buleux , (ce qui n'arrive gu\u00C3\u00A8res qu'alors,\ndans les parages qui font le th\u00C3\u00A9\u00C3\u00A2tre du vent alif\u00C3\u00A9)\nils s'\u00C3\u00A9garent, ils manquent fouvent le port o\u00C3\u00B9\nils alloient, & on n'en entend plus parler. Le\nLe\u00C3\u00A9teur fe fouvient de ce que nous avons dit\ndes Compatriotes d'Oma\u00C3\u00AF jettes \u00C3\u00A0 Wateeoo, par\nles courans & les temp\u00C3\u00AAtes, & il para\u00C3\u00AEt que les\n\u00C3\u00A9quipages, dont on ne re\u00C3\u00A7oit plus de nouvelles,\nne p\u00C3\u00A9rifl\u00C3\u00A8nt pas toujours.\nDe tous les havres & de tous les mouillages\nque j'ai rencontr\u00C3\u00A9s parmi ces Mes, celui \u00C3\u00A0e Tongataboo eft fans comparaifon le meilleur , non-\nfeulement parce qu'il eft tr\u00C3\u00A8s-fur, mais \u00C3\u00A0 raifon\nde fon \u00C3\u00A9tendue & de la bont\u00C3\u00A9 de fon fond. Les\ndangers que nous cour\u00C3\u00BBmes en y entrant du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9\ndu Nord, doivent fervir de le\u00C3\u00A7on, & j'exhorte D E C O O K. 6\u00C3\u00AE\nles Navigateurs '\u00C3\u00A0 ne pas efl\u00C3\u00A0yer cette route avec\nun vaifl\u00C3\u00A8au lourd : Pautre pafl\u00C3\u00A0ge par lequel nous\nfort\u00C3\u00AEmes, eft beaucoup plus facile & beaucoup\nplus fur. Ceux qui voudront entrer par le canal\nde PEft, doivent gouverner fur la pointe Nord-\nEft de l'Ifle, & longer la c\u00C3\u00B4te feptentrionale, en\nla laifl\u00C3\u00A2nt, ainfi que les petites Mes \u00C3\u00A0 ftribord,\njufqu'\u00C3\u00A0 ce qu'ils aient atteint le travers de la\npointe orientale de l'entr\u00C3\u00A9e dans la lagune, &\nc\u00C3\u00B4toyer enfuite le r\u00C3\u00A9cif des petitesrrlfles ; en prenant cette route, ils pafl\u00C3\u00A8ront entre Makkahaa\n& Manooafai, ou la quatri\u00C3\u00A8me & la cinqui\u00C3\u00A8me\ndes Mes qu'on voit \u00C3\u00A0 la hauteur de la pointe\nOueft de la lagune : on peut auffi pafl\u00C3\u00A8r entre\nla troifieme & la quatri\u00C3\u00A8me Mes , c'eft-\u00C3\u00A0-dire,\nentre Pangimodoo & Monooafai ; mais ce canal eft bien plus \u00C3\u00A9troit que Pautre. La mar\u00C3\u00A9e eft\ntr\u00C3\u00A8s-forte dans tous les deux ; le flot vient du\nNord-Oueft , comme je l'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 obferv\u00C3\u00A9 , &\nl'Ebb\u00C3\u00A8 fuit la m\u00C3\u00AAme dire\u00C3\u00A9tion ; mais je parlerai\nailleurs des mar\u00C3\u00A9es. D\u00C3\u00A8s qu'on eft au milieu de\nl'un des deux canaux , il faut ferrer la c\u00C3\u00B4te de\nTongataboo , & mouiller entre cette terre &\nPangimodoo , devant une crique qui men\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 la\nlagune o\u00C3\u00B9 lessganots peuvent entrer \u00C3\u00A0 mi-flot.\nSi Tongataboo a le meilleur havre , Anna-\nmooka offre la meilleure eau, qu'on ne peut pas\nl777-\.\nJuillet. 62\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\n1\nJuillet.\ntoutefois appeller bonne ; mais en creufant des\npuits pr\u00C3\u00A8s de l'\u00C3\u00A9tang, nous en trouv\u00C3\u00A2mes d'afl\u00C3\u00A8z\npaflable. Cette derni\u00C3\u00A8re Me giflant au centre du\ngrouppe, eft d'ailleurs la mieux fitu\u00C3\u00A9e pour tirer\ndes rafra\u00C3\u00AEchifl\u00C3\u00A8mens des. terres des environs. Outre la rade dans laquelle nous mouill\u00C3\u00A2mes, & le\nhavre qui eft en-dedans de la pointe Sud-Oueft,\nil y a une crique dans le r\u00C3\u00A9cif, qu'on voit en\nface de Patrie fablonneufe orientale, au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 fep-\ntentrional de l'Ifle o\u00C3\u00B9 deux ou trois vaifl\u00C3\u00A8aux peuvent tenir en s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 en s'amarrant de mani\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0\n^pe point \u00C3\u00A9viter, & en \u00C3\u00A9tabliflant leurs ancres ou\namarres de l'avant & de Parriere fur les rochers.\nJ'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9crit les Mes Hapaee ; j'ajouterai\nfeulement ici qu'elles fe prolongent au Sud-Oueft-\nquart-Sud, & au Nord-Eft-quart-Nord, Pefpace\nd'environ dix-neuf milles. L'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 fepten-\ntrionale g\u00C3\u00AEt par i9d 39' de latitude Sud, & 33*\nde longitude \u00C3\u00A0 PEft SAnnamooka. On trouve,\ndans l'intervalle qui les f\u00C3\u00A9pare les unes des autres , une multitude de petites Mes, de bancs de\nfable & de brifans ; enforte que la meilleure\nroute, pour y arriver fans danger, eft celle que\nj'ai prife, ou d'arrondir par le Nord , f\u00C3\u00A9lon la\npofition du vaifl\u00C3\u00A8au qui veut y aborder. Lefoo-\nga, en travers de laquelle nous mouill\u00C3\u00A2mes, eft\nla plus fertile des Mes qu'on nomme Hapaee; DE COO K. 63\ndie eft auffi la plus peupl\u00C3\u00A9e : elle offre un.mouillage le lotlg du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 Nord-Oueft ; mais il fera\nn\u00C3\u00A9cefl\u00C3\u00A0ire de bien examiner le local, avant d'amarrer ; car, lors m\u00C3\u00AAme que la fonde rapporterait un beau fable, on y rencontrera des rochers aigus de corail qui couperont bient\u00C3\u00B4t les\ncables.\nJe renvoie \u00C3\u00A0 la carte ceux qui d\u00C3\u00A9lireront de\nplus grands d\u00C3\u00A9tails nautiques fur les Ifles des\nAmis : chacune de fes parties a \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 r\u00C3\u00A9dig\u00C3\u00A9e avec\nautant d'exa\u00C3\u00A9titude que les circonftances l'ont\npermife. Il faut auffi y recourir, fi l'on veut\nconno\u00C3\u00AEtre les divers mouillages des vaif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8aux, &\nleurs routes de l'une \u00C3\u00A0 l'autre de ces terres. Je\ngrof\u00C3\u00AEirois mon Journal, fans amufer ni inftruire\nle Public, fi je parlois de tous les relevemens\nque nous pr\u00C3\u00AEmes , ou de toutes les man\u00C5\u0093uvres\nque nous f\u00C3\u00AEmes, pour revirer de bord, &c.\nJ'omets ici plufieurs remarques g\u00C3\u00A9ographiques,\nqui fe trouvent dans la relation de mon f\u00C3\u00A9cond\nvoyage ; \u00C3\u0087a) je renvoie d'ailleurs aux obferva-\ntions que j'y ai inf\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9es \u00C3\u0087b) fur les habitans, les\nm\u00C5\u0093urs & les arts des Ifles des Amis : en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral , je\" n'ai rien d\u00C3\u00A9couvert depuis qui m'oblige\n1777'\u00E2\u0080\u00A2\nJuillet.\n(a) Tome I, pages 211, 213 de l'original.\n(b) Ibid. Pages 213 & les fuivantes de l'original. #4 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage Jjm\nr f de changer d'opinion. Je me borne donc \u00C3\u00A0 quel-\n1777. ques particularit\u00C3\u00A9s int\u00C3\u00A9reflantes , qu'on n'y ren-\nJuillet. contre pas, ou qui y font expbf\u00C3\u00A9es d'une mani\u00C3\u00A8re inexacte & imparfaite , & aux chofes qui .\npeuvent \u00C3\u00A9claircir davantage le r\u00C3\u00A9cit que j'ai fait\nde nos entrevues avec les Infulaires.\nOn imagine fans doute qu'ayant pafle pr\u00C3\u00A8s de\ntrois mois parmi eux, je fuis en \u00C3\u00A9tat de r\u00C3\u00A9pondre \u00C3\u00A0 toutes les difficult\u00C3\u00A9s, &' de donner une\ndefcription fatisfaifante de leurs ufages, de leurs\nopinions &vde leurs inflitutions civiles & reli-\ngieufes : cette opinion para\u00C3\u00AEt d'autant mieux\nfond\u00C3\u00A9e, que nous avions \u00C3\u00A0 bord un Naturel de\nla Mer du Sud, qui entendoit la langue du pays\n& la n\u00C3\u00B4tre, & qui fembloit tr\u00C3\u00A8s-propre \u00C3\u00A0 nous\nfervir d'Interpr\u00C3\u00A8te ornais le pauvre Oma\u00C3\u00AF ne nous\nfut pas auffi utile fous ce rapport, qu'on eft\ntent\u00C3\u00A9 de le croire. A moins que l'objet ou la\nchofe que nous voulions conno\u00C3\u00AEtre, ne fe trouv\u00C3\u00A2t fous nos yeux, nous avions bien de la peine\n\u00C3\u00A0 acqu\u00C3\u00A9rir des connoifl\u00C3\u00A0nces imparfaites. Nous\nfaifions cent m\u00C3\u00A9prifes, & Oma\u00C3\u00AF \u00C3\u00A9toit encore plus\nfujet \u00C3\u00A0 ces m\u00C3\u00A9prifes que nous; car, n'ayant point\nde curiofit\u00C3\u00A9, il ne s'avifa jamais de recueillir des\nobfervations pour lui-m\u00C3\u00AAme, &, quand il \u00C3\u00A9toit\ndifpof\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 nous procurer des \u00C3\u00A9c\u00C3\u00AFaircifl\u00C3\u00A8mens, fes\nid\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A9toient fi born\u00C3\u00A9es,. peut-\u00C3\u00AAtre fi diff\u00C3\u00A9rentes\ndes t> E COO K. 65\ndes n\u00C3\u00B4tres, & fes explications fi confufes, qu'el- \u00E2\u0096\u00A0\nles embrouilloient nos recherches, au-lieu de 1777.\nnous inftruire* J'ajouterai que nous ne rencon- Juillet.\ntrions gu\u00C3\u00A8res, parmi les Naturels, un homme\nafl\u00C3\u00A8z habile , & d'afl\u00C3\u00A8z bonne humeur, pour\nnous donner les informations que nous d\u00C3\u00A9lirions.\nLa plupart d'entr'eux n'aimoient pas nos questions , que vraifemblablement ils jugeoient oifeu-\nfes. Le polie que nous occupions \u00C3\u00A0 Tongataboo,\no\u00C3\u00B9 nous demeur\u00C3\u00A2mes le plus de temps, \u00C3\u00A9toit\nd'ailleurs tr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00A9favorable. Nqus nous trouvions\ndans une partie de l'Ifle, o\u00C3\u00B9 il n'y a gu\u00C3\u00A8res d'autres habitans que des p\u00C3\u00AAcheurs. C'\u00C3\u00A9toit conftam-\nment un jour de f\u00C3\u00AAte, pour ceux que nous allions\nvoir, ou qui venoient nous rendre vifite; enforte\nque nous e\u00C3\u00BBmes bien peu d'occafions d'examiner\nquelle eft la mani\u00C3\u00A8re de vivre habituelle des Infulaires. On ne s'\u00C3\u00A9tonnera donc pas, fi nous d\u00C3\u00A9veloppons, d'une mani\u00C3\u00A8re incomplete, plufieurs\npoints relatifs \u00C3\u00A0 leurs ufages domefliques : au\nrefle, nous nous fou\u00C3\u00AEmes efforc\u00C3\u00A9s de rem\u00C3\u00A9dier \u00C3\u00A0\nces d\u00C3\u00A9favantages, par des obfervations continuelles. Je dois \u00C3\u00A0 M. Anderfon une grande partie de\nla fin de ce Chapitre & du Chapitre fuivant : ce\nqui a rapport \u00C3\u00A0 la Religion & \u00C3\u00A0 la langue de ces\npeuplades, eft enti\u00C3\u00A8rement de lui ; &, fur les\nautres objets, j'ai exprim\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s dans les\nTome IL E 7\n1/77-\nJuillet.\n66 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nI termes de fon Journal, des Remarques qui s'accordent avec les miennes.\nLes Naturels des Ifles des Amis exc\u00C3\u00A9dent\nrarement la taille ordinaire (nous en avons cependant mefur\u00C3\u00A9 quelques-uns qui avoient plus de\nfix pieds) mais ils font tr\u00C3\u00A8s-forts & bien faits,\nfur-tout aux cuifl\u00C3\u00A8s, aux jambes & aux bras. En\ng\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, leurs \u00C3\u00A9paules ont beaucoup de largeur;\n&, quoique leur ftature mufculeufe, qui para\u00C3\u00AEt\nla fuite d'un grand exercice , annonce plus la\nvigueur que la beaut\u00C3\u00A9, plufieurs offrent r\u00C3\u00A9ellement une belle figure. On eft furpris de la vari\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 de leurs traits, & il n'eft gu\u00C3\u00A8res poffible\nde les cara\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9rifer par une conformit\u00C3\u00A9 g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale.\nOn peut dire qu'il eft tr\u00C3\u00A8s-commun d'y voir des\npointes de nez \u00C3\u00A9pat\u00C3\u00A9es ; mais, d'un autre c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9,\nnous avons apper\u00C3\u00A7u cent vifages pareils \u00C3\u00A0 ceux\ndes Europ\u00C3\u00A9ens, & de v\u00C3\u00A9ritables nez aquilins. Ils\nont les yeux & les dents d'une bonne qualit\u00C3\u00A9;\nmais les dents ne font ni fi blanches, ni fi bien\nrang\u00C3\u00A9es que celles qu'on rencontre fouvent parmi\nles peuplades de la Mer du Sud. Au refle, pour\nbalancer ce d\u00C3\u00A9faut, il y a peu de ces l\u00C3\u00A8vres\n\u00C3\u00A9paifl\u00C3\u00A8s fi communes dans les Mes de l'Oc\u00C3\u00A9an\nPacifique.\nOn reconno\u00C3\u00AEt moins les femmes \u00C3\u00A0 leurs traits,\nqu'\u00C3\u00A0 la forme g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale de leur corps, qui n'offre D E C O O K. 67\npas ordinairement l'embonpoint nerveux de celui des hommes. La phyfionomie de quelques-\nunes eft fi d\u00C3\u00A9licate, qu'elle indique leur fexe, &\nqu'elle a droit aux \u00C3\u00A9loges qu'ondonne \u00C3\u00A0 la beaut\u00C3\u00A9\n& \u00C3\u00A0 la douceur du vifage ; mais les phyfionomies\nde cette efpece font afl\u00C3\u00A8z rares. Au refle, c'eft\nla partie la plus d\u00C3\u00A9fe\u00C3\u00A9tueufe ; car le corps & les\nmembres de la plupart des femmes font bien proportionn\u00C3\u00A9s , & il y en a qui pourraient fervir da\nmod\u00C3\u00A8les aux Artiftes. La petitefl\u00C3\u00A8 & la d\u00C3\u00A9lica-\ntefl\u00C3\u00A8 extraordinaires de leurs doigts, comparables\naux plus jolis doigts de nos Europ\u00C3\u00A9ennes, font\nce qui les diflingue davantage.\nLa couleur g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale de la peau eft d'une\nnuance plus fonc\u00C3\u00A9e que le cuivre brun ; mais\nplufieurs des hommes & des femmes ont un teint\nvraiment oliv\u00C3\u00A2tre : quelques-unes des perfonnes\ndu fexe font m\u00C3\u00AAme afl\u00C3\u00A8z blanches : leur blancheur\nvient probablement de ce qu'elles s'expofent\nmoins au Soleil ; ainfi qu'une difpofition \u00C3\u00A0 l'embonpoint, dans un petit nombre des Principaux\ndu pays, para\u00C3\u00AEt \u00C3\u00AAtre la fuite d'une vie plus oi-\nfive. Les Chefs offrent fouvent auffi une peau\nplus douce & plus propre : celle du bas-peuple\neft ordinairement plus noire & plus grofliere,\nfur-tout dans les parties qui ne font pas couvertes, diff\u00C3\u00A9rence qu'il faut peut-\u00C3\u00AAtre attribuer \u00C3\u00A0 des\n^777-\nJuillet. 6\u00C2\u00A7 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nV\" \u00E2\u0080\u0094 maladies cutan\u00C3\u00A9es. Nous v\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 Hapaee un\n1777. homme & un petit gar\u00C3\u00A7on, & \u00C3\u00A0 Annamooka,\nJuillet, un enfant d'une blancheur parfaite. On a trouv\u00C3\u00A9\nde pareils individus chez tous les peuples noirs ;\nmais je pr\u00C3\u00A9fume que leur couleur eft plut\u00C3\u00B4t une\nmaladie, qu'un ph\u00C3\u00A9nom\u00C3\u00A8ne de la nature.\nA tout prendre n\u00C3\u00A9anmoins, il y a peu de d\u00C3\u00A9-\nfe\u00C3\u00A9tuofit\u00C3\u00A9s ou de difformit\u00C3\u00A9s naturelles parmi eux\u00C3\u00AF\nnous en rencontr\u00C3\u00A2mes deux ou trois qui avoient\nles pieds tourn\u00C3\u00A9s en-dedans, & quelques-uns afflig\u00C3\u00A9s d'une forte de c\u00C3\u00A9cit\u00C3\u00A9, o\u00C3\u00A7cafionn\u00C3\u00A9e par un\nvice de la corn\u00C3\u00A9e. Ils font fujets \u00C3\u00A0 d'autres maladies : les dartres, qui feir\u00C3\u00AEblent affe\u00C3\u00A9ter la moiti\u00C3\u00A9\ndes Infulaires, '& qui laifl\u00C3\u00A8nt apr\u00C3\u00A8s elles des taches blanch\u00C3\u00A2tres & ferpentines, font la maladie\nla plus commune ; mais elle eft moins grave\nqu'une f\u00C3\u00A9conde tr\u00C3\u00A8s-fr\u00C3\u00A9quente, laquelle fe mani-\nfefte fur toutes les parties du corps, en larges\nulc\u00C3\u00A8res qui ont de grofl\u00C3\u00A8s bordures blanches, &\nqui jettent une mati\u00C3\u00A8re l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re & claire. Nous\nv\u00C3\u00AEmes quelques-uns de ces ulc\u00C3\u00A8res tr\u00C3\u00A8s-vir\u00C3\u00BBlens ;\n& les Naturels, qui en avoient fur le v\u00C3\u00AFf\u00C3\u00A0ge,\ninfpiroient le d\u00C3\u00A9go\u00C3\u00BBt. Nous en v\u00C3\u00AEmes plufieurs\nde gu\u00C3\u00A9ris , ou fur le point de l'\u00C3\u00AAtre ; mais\ndans ces cas, les malades avoient perdu le nez,\nou ils en avoient perdu la plus grande partie.\nComme nous favions, de mani\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 n'en pouvoir de Coo K. 6%\ndouter, \u00C3\u0087a) que les habitans des Ifles des Amis\n\u00C3\u00A9toient fujets \u00C3\u00A0 cette maladie d\u00C3\u00A9go\u00C3\u00BBtante, avant\nmon f\u00C3\u00A9cond Voyage, & que les Naturels en con-\nvenoient; malgr\u00C3\u00A9 la conformit\u00C3\u00A9 des fympt\u00C3\u00B4mes,\nelle ne peut \u00C3\u00AAtre l'effet du virus v\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rien, \u00C3\u00A0\n' moins qu'on ne fuppofe que nous n'avons pas\napport\u00C3\u00A9 ici la maladie v\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rienne en 1773. Il eft\ns\u00C3\u00BBr que nous l'y avons trouv\u00C3\u00A9e en\u00E2\u0080\u009E 1777; car,\npeu de jours apr\u00C3\u00A8s notre arriv\u00C3\u00A9e, quelques-uns\nde mes gens la prirent; & je fentis avec regret,\nque je m'\u00C3\u00A9tois en vain donn\u00C3\u00A9, lors de ma premi\u00C3\u00A8re rel\u00C3\u00A2che, tous les foins poffib\u00C3\u00AEes,. pour pr\u00C3\u00A9venir Pintrodu\u00C3\u00A9tion d'une calamit\u00C3\u00A9 auffi terrible.\nCe qui eft extraordinaire, les Naturels ne fem-\nblent pas s'en occuper beaucoup, & nous v\u00C3\u00AEmes\npeu de traces de fes effets deftru\u00C3\u00A9t\u00C3\u00AEfs; vraisemblablement le climat & leur r\u00C3\u00A9gime affoiblifl\u00C3\u00A8nt\nfon venin. Il y a deux autres maladies r\u00C3\u00A9pandues\naux Ifles des Amis : la premiere eft une enflure\ncoriace qui affe\u00C3\u00A9te les jambes & les bras, & les\ngroffit extr\u00C3\u00AAmement dans toute leur longueur,\nmais qui n'a rien de douloureux; la f\u00C3\u00A9conde eft\n*777-\nJuillet,\n(a) Voyez le f\u00C3\u00A9cond Voyage du Capitaine Cook,\n( tome II, page 20 de l'original. ) M. Cook y parle\nd'un homme afflig\u00C3\u00A9 de cette maladie , qu'il rencontra\n\u00C3\u00A0 Annamooka en. 177.3. 7o T r o i s i 1 m 1 Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 \"\"\u00C2\u00BB\u00E2\u0096\u00A0 une tumeur de la m\u00C3\u00AAme efpece, qui vient aux\n1777. tefticules, & qui furpafl\u00C3\u00A8 quelquefois la grofl\u00C3\u00A8ur\nJuillet, des deux poings. On peut d'ailleurs regarder\ncomme des hommes tr\u00C3\u00A8s-fains, les habitans de\nces contr\u00C3\u00A9es : nous n'avons pas rencontr\u00C3\u00A9, durant notre f\u00C3\u00A9jour, une feule perfonne d\u00C3\u00A9tenue\nchez elle, pour caufe de maladie. Au contraire,\nleur force & leur a\u00C3\u00A9tivit\u00C3\u00A9 font, \u00C3\u00A0 tous \u00C3\u00A9gards,\nproportionn\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 la vigueur de leurs mufcles ; &\nils d\u00C3\u00A9ploient tellement l'une & Pautre dans leurs\noccupations habituelles , & dans leurs amufe-\nmens, qu'ils font, \u00C3\u00A0 coup s\u00C3\u00BBr, peu fujets aux\nmaladies nombreufes , qui r\u00C3\u00A9fultent de l'indolence , ou d'une mani\u00C3\u00A8re de vivre contraire \u00C3\u00A0\nla Nature.\nLeur contenance eft gracieufe & leur d\u00C3\u00A9marche ferme; ces avantages leur paroif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8nt fi naturels & fi n\u00C3\u00A9ceflaires, qu'en nous voyant tomber\nSouvent fur les racines des arbres, ou les in\u00C3\u00A9galit\u00C3\u00A9s du terrein, ils rioient de notre mal-adrefle,\nplus que de toute autre chofe.\nLeurs phyfionomies expriment \u00C3\u00A0 un point remarquable la douceur & l'extr\u00C3\u00AAme bont\u00C3\u00A9 de leur\ncara\u00C3\u00A9tere; on n'y apper\u00C3\u00A7oit pas le moindre trait\nde cette aigreur farouche, qu'on remarque fur le\nvifage des peuples qui vivent encore dans un \u00C3\u00A9tat\nde barbarie. Leur maintien eft fi calme, ils ont de Cook. 71\ntant d'empire fur leurs paffions, & tant de fermet\u00C3\u00A9 dans leur conduite, qu'ils femblent affujettis\nd\u00C3\u00A8s l'enfance aux prohibitions les plus f\u00C3\u00A9vercs ;\nmais ils ont d'ailleurs de la franchife & de la\ngaiet\u00C3\u00A9, quoiqu'ils prennent quelquefois fous les\nyeux de leurs Chefs une forte de gravit\u00C3\u00A9 & un\nair f\u00C3\u00A9ricux, qui leur donnent de la raideur, de\nde la mauvaife grace & de la r\u00C3\u00A9ferve.\nL'accueil amical qu'ont re\u00C3\u00A7u tous les Navigateurs , montre afl\u00C3\u00A8z les difpofitions pacifiques des\nNaturels des Ifles des Amis. Loin d'attaquer\nles \u00C3\u00A9trangers ouvertement ou clandeftinement, \u00C3\u00A0\nl'exemple de la plupart des habitans de ces mers,\non n'a pas \u00C3\u00A0 leur reprocher la plus l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re marque\nd'inimiti\u00C3\u00A9; ils ont au contraire, \u00C3\u00A0 Pexemple des\npeuples civilis\u00C3\u00A9s, cherch\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 \u00C3\u00A9tablir des communications par des \u00C3\u00A9changes, c'eft-\u00C3\u00A0-dire, par le\nSeul moyen qui r\u00C3\u00A9unit les diff\u00C3\u00A9rentes nations. Ils\nSont fi habiles dans les \u00C3\u00A9changes ( ils les appellent Fukatou).que nous juge\u00C3\u00A2mes d'abord qu'ils\ns'\u00C3\u00A9toient Sorm\u00C3\u00A9s , en commer\u00C3\u00A7ant avec les Mes\nvoifines ; mais nous nous afl\u00C3\u00AEir\u00C3\u00A2mes enfuite qu'ils\nne font point de trafic, ou qu'ils en font un\ntr\u00C3\u00A8s-peu confid\u00C3\u00A9rable, except\u00C3\u00A9 avec Feejee, d'o\u00C3\u00B9\nils tirent des plumes rouges, & un petit nombre\nd'articles que j'ai indiqu\u00C3\u00A9s plus haut. Il n'y a\npeut-\u00C3\u00AAtre pas fur le globe de peuplade qui mette\nE 4\nI777-\nJuillet. 72 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 plus d'honn\u00C3\u00AAtet\u00C3\u00A9 ,*& moins de d\u00C3\u00A9fiance dans le\n1777. commerce. Nous ne courions aucun rifque \u00C3\u00A0 leur\nJuillet, permettre d'examiner nos marchandifes, & de\nles manier en d\u00C3\u00A9tail, & ils comptaient \u00C3\u00A9galement\nfur notre bonne foi. Si l'acheteur ou le vendeur\nfe repentoient du march\u00C3\u00A9, on fe rendoit r\u00C3\u00A9ciproquement, d'un commun accord, & d'une mani\u00C3\u00A8re enjou\u00C3\u00A9e, ce qu'on avoit re\u00C3\u00A7u. En un mot,\nils Semblent r\u00C3\u00A9unir la plupart des bonnes qualit\u00C3\u00A9s\nqui font honneur \u00C3\u00A0 l'homme, telles que l'induf-\ntrie, la candeur, la pers\u00C3\u00A9v\u00C3\u00A9rance, l'affabilit\u00C3\u00A9 ; &\npeut-\u00C3\u00AAtre des vertus moins communes, que la\nbri\u00C3\u00A8vet\u00C3\u00A9 de notre S\u00C3\u00A9jour ne nous a pas permis\nd'obferver.\nLe penchant au vol, univerfel & tr\u00C3\u00A8s-vif dans\nles deux fexes, & parmi les individus de tous les\n\u00C3\u00A2ges, eft le feul d\u00C3\u00A9faut que nous leur connoif-\nfions. J'obferverai toutefois que cette partie d\u00C3\u00A9-\nfe\u00C3\u00A9tueufe de leur conduite, fembloit ne regarder\nque nous ; car j'ai lieu de croire qu'ils ne fe volent pas entr'eux plus Souvent, peut-\u00C3\u00AAtre pas auffi\nfr\u00C3\u00A9quemment qu'en d'autres pays, o\u00C3\u00B9 les larcins\nde quelques perfonnes corrompues, ne nuiSent\npoint \u00C3\u00A0 la r\u00C3\u00A9putation du corps du peuple en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral. Il Saut avoir beaucoup d'indulgence pour\nles tentations & les foiblefies de ces pauvres Infulaires de la Mer Pacifique, \u00C3\u00A0 qui nous inspirons de Cook. 73\nles defirs les plus ardens, en leur montrant des\nobjets nouveaux, dont l'utilit\u00C3\u00A9 ou h beaut\u00C3\u00A9 faf-\n1771\ncinent leurs eSpr\u00C3\u00AFts. Le vol, parmi les nations ci- Juillets\nviliS\u00C3\u00A9es & \u00C3\u00A9clair\u00C3\u00A9es, annonce un cara\u00C3\u00A9tere Souill\u00C3\u00A9\npar la bafl\u00C3\u00A8fle, par une cupidit\u00C3\u00A9 qui m\u00C3\u00A9priSe les\nr\u00C3\u00A8gles de la juflice ; par cette parefl\u00C3\u00A8 qui produit\nl'extr\u00C3\u00AAme indigence, & qui n\u00C3\u00A9glige les moyens\nhonn\u00C3\u00AAtes de s'en affranchir. Mais on ne doit pas\njuger auffi S\u00C3\u00A9v\u00C3\u00A8rement les vols commis par les\nNaturels des Ifles des Amis, & des autres Terres o\u00C3\u00B9 nous avons abord\u00C3\u00A9 : ils paraifl\u00C3\u00A8nt r\u00C3\u00A9Sulter\nd'une curiofit\u00C3\u00A9, ou d'un defir tr\u00C3\u00A8s-prefl\u00C3\u00A0nt de\npofl\u00C3\u00ABder des choSes qui \u00C3\u00A9toient absolument nouvelles pour eux, & qui appartenoient \u00C3\u00A0 des \u00C3\u00A9trangers tr\u00C3\u00A8s-diff\u00C3\u00A9rens de leur propre race. Si des\nhommes auffi Sup\u00C3\u00A9rieurs \u00C3\u00A0 nous en apparence,\nque nous le Sommes \u00C3\u00A0 eux, arrivoient parmi nous\navec des richefl\u00C3\u00A8s auffi S\u00C3\u00A9duiSantes que le Sont les\nn\u00C3\u00B4tres, pour des peuplades \u00C3\u00A9trang\u00C3\u00A8res aux arts,\nefl-il s\u00C3\u00BBr que nos principes de juflice Suffiraient\npour contenir la plijpart des individus de notre\nnation? La cauSe de leur penchant au vol, que\nje viens d'indiquer, para\u00C3\u00AEt d'autant plus vraie,\nqu'ils volent tout indiff\u00C3\u00A9remment d\u00C3\u00A8s la premiere\nvue, avant de Songer, le moins du monde, \u00C3\u00A0 Se\nfervir de leur proie d'une mani\u00C3\u00A8re utile : il n'en\neft pas de m\u00C3\u00AAme parmi nous ; le dernier de nos 74 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nr== voleurs ne voudrait pas rifquer fa r\u00C3\u00A9putation, ou\nl777* s'expofer au ch\u00C3\u00A2timent, fans favoir d'avance Pu-\nJuillet, fage qu'il fera des chofes d\u00C3\u00A9rob\u00C3\u00A9es. Au refle, la,\ndiSpofition au vol.de ces InSulaires, tr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00A9Sagr\u00C3\u00A9a-\nble & tr\u00C3\u00A8s-incommode d'ailleurs, nous fournit un\nmoyen de conno\u00C3\u00AEtre la vivacit\u00C3\u00A9 de leur intelligence; car ils commettoient les petits larcins avec\nbeaucoup de dext\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9, & les vols plus capitaux,\navec une fuite & des combinaifons proportionn\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 l'importance des objets. J'en ai donn\u00C3\u00A9 une\npreuve frappante, en racontant, qu'ils ef\u00C3\u00AF\u00C3\u00A0yerent\nd'enlever en plein jour une des ancres de la D\u00C3\u00A9couverte. '\nLeur chevelure eft en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral lifle, \u00C3\u00A9paifle &\nforte ; celle d'un petit nombre d'entr'eux boucle\nnaturellement. Elle eft noire, prefque fans exception ; mais la plupart des hommes, & quelques-\nunes des femmes la peignent en brun ou en\npourpre, & quelquefois en orang\u00C3\u00A9. Ils produi-\nf\u00C3\u00A8ntla premiere couleur, en y mettant une forte\nd'enduit de corail br\u00C3\u00BBl\u00C3\u00A9, m\u00C3\u00AAl\u00C3\u00A9 avec de Peau ; la\nf\u00C3\u00A9conde, en y appliquant des rapures d'un bois\nrouge\u00C3\u00A2tre, d\u00C3\u00A9lay\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A9galement dans de l'eau ; &\nla troifieme, en la parSemant, je crois, d'une\npoudre tir\u00C3\u00A9e du fouchet des Indes.\nLorfque j'abordai fur ces Mes pour la premiere fois, je crus que les hommes & les femmes de Cook.\n75\n\u00C3\u00A9toient dans PuSage de porter leurs cheveux \u00C2\u00BB \u00E2\u0096\u00A0\ncourts; mais notre rel\u00C3\u00A2che ayant \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 plus longue 1777.\ncette Sois, j'ai vu beaucoup de cheveux longs. Juillet.\nLeurs modes, en ce point, Sont fi vari\u00C3\u00A9es, qu'il\neft difficile d'indiquer celle qui eft la plus r\u00C3\u00A9pandue. Quelques-uns les portent coup\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 l'un des\nc\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s de la t\u00C3\u00AAte, tandis que la portion du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9\noppoS\u00C3\u00A9 a toute Sa longueur; ceux-ci les ont coup\u00C3\u00A9s pr\u00C3\u00A8s, & peut-\u00C3\u00AAtre raS\u00C3\u00A9s dans un endroit;\nceux-l\u00C3\u00A0 ont la t\u00C3\u00AAte raSe, except\u00C3\u00A9 une Seule touS-\nfe, qu'ils laifl\u00C3\u00A8nt ordinairement pr\u00C3\u00A8s de l'oreille :\nd'autres les laifl\u00C3\u00A8nt prendre toute leur croifl\u00C3\u00A0nce,\nfans y toucher. Les femmes, en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, portent\nleurs cheveux courts ; les hommes fe coupent la\nbarbe, & les deux fexes s'arrachent les poils fous\nles aifl\u00C3\u00A8lles; j'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9crit de quelle mani\u00C3\u00A8re.\nLes hommes ont des piquetures d'un bleu fonc\u00C3\u00A9,\ndepuis le milieu du ventre jufqu'\u00C3\u00A0 mi-cuifl\u00C3\u00A8s. Ils\nproduifent ces piquetures , avec un infiniment\nd'os, rempli de dents : apr\u00C3\u00A8s avoir plong\u00C3\u00A9 les\ndents dans le fuc du Doeedoee, ils les impriment dans la peau, \u00C3\u00A0 l'aide d'un morceau de\nbois, & il en r\u00C3\u00A9fulte des points ineffa\u00C3\u00A7ables. Ils\ntracent ainfi des lignes & des figures fi vari\u00C3\u00A9es &\nfi bien diSpoS\u00C3\u00A9es, qu'elles ont quelqueSois de\nl'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9gance. Les Semmes ne Se tatouent que l'int\u00C3\u00A9rieur des mains. Le Roi n'eft point aflujetti \u00C3\u00A0 W&k\n76 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n*\u00C2\u00BB\u00E2\u0080\u0094 '\"\u00E2\u0096\u00A0\"\"- cette coutume, il n'eft pas oblig\u00C3\u00A9 non plus de\n'l777* Se faire, dans les temps de deuil, ces bleflures^\nJuillet, dont je parlerai tout-\u00C3\u00A0-1'heure.\nLes hommes Sont tous circoncis, ou plut\u00C3\u00B4t\nfuperc\u00C3\u00AFs, car on leur coupe Seulement un petit\nmorceau de la partie Sup\u00C3\u00A9rieure du pr\u00C3\u00A9puce; ce\nqui-l'emp\u00C3\u00AAche de recouvrir jamais le gland. Ils\nne veulent pas autre choSe; ils diSent que la propret\u00C3\u00A9 leur a dict\u00C3\u00A9 cette op\u00C3\u00A9ration.\nL'habillement des femmes eft le m\u00C3\u00AAme que\ncelui des hommes; il eft compoS\u00C3\u00A9 d'une piece\nd'\u00C3\u00A9toffe, ou d'une natte, ( plus ordinairement de\nla premiere) large d'environ deux verges, & de\ndeux & demie de longueur, & toujours allez\nlong pour Saire un tour & demi Sur les reins,\no\u00C3\u00B9 il eft arr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A9 par une ceinture ou une corde.\nIl eft double Sur le devant, & il tombe comme\nun jupon, juSqu'au milieu de la jambe. La parv\ntie, qui efl au-deflus des reins, offre plufieurs\nplis; enforte que fi on la d\u00C3\u00A9veloppe dans toute\nfon \u00C3\u00A9tendue, il y a afl\u00C3\u00A8z d'\u00C3\u00A9toffes pour envelop*\nper & couvrir les \u00C3\u00A9paules, qui relient prefque\ntoujours nues. Tel eft, pour la forme, le v\u00C3\u00AAtement g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral des deux fexes. Les Infulaires, d'un\nrang diflingu\u00C3\u00A9, portent feuls de grandes pieces\nd'\u00C3\u00A9toffes, & de belles nattes. Le bas-peuple s'habille de pieces plus.petites, & tr\u00C3\u00A8s-fouv\u00C3\u00A9pt, il ne d e C o o k. 77\nporte qu'un pagne de feuilles de plantes, ou le ,,\nMaro, qui eft un morceau d'\u00C3\u00A9toffe \u00C3\u00A9troit, ou *777-\nune natte refl\u00C3\u00A8mblant \u00C3\u00A0 une ceinture : ils pafl\u00C3\u00A8nt Juillet.\nle Maro entre leurs cuifl\u00C3\u00A8s, & ils en couvrent\nleurs reins. Il para\u00C3\u00AEt deftin\u00C3\u00A9 principalement aux\nhommes. Ils ont divers habits pour leurs grands\nHaivas ou f\u00C3\u00AAtes; mais l\u00C3\u00A0 forme eft toujours la\nm\u00C3\u00AAme ; & les v\u00C3\u00AAtemens les plus riches font plus\nou moins garnis de plumes rouges. Je n'ai pu\nSavoir \u00C3\u00A0 quelle pccafion les Chefs mettent leurs\nchapeaux de plumes rouges. Les hommes & les\nfemmes ont quelquefois de petits bonnets com-\npof\u00C3\u00A9s de diff\u00C3\u00A9rentes mati\u00C3\u00A8res, pour fe garantir le\nvifage du SoleiL\nLa parure des deux Sexes eft \u00C2\u00ABauffi la m\u00C3\u00AAme.\nLes ornemens les plus communs, Sont des colliers du Sruit du Pandanus , ou de diverSes I\nfleurs odorif\u00C3\u00A9rantes ; on leur donne , dans le\npays, le nom g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral de Kahulla* Les Naturels fufpendent quelquefois fur leur poitrine, de\npetites coquilles, l'aile & les os de la cuifl\u00C3\u00A8 des\noifeaux, des dents de requins, &c. Ils portent\nSouvent, \u00C3\u00A0 la partie fup\u00C3\u00A9rieure du bras, une nacre de perle bien polie, ou un anneau de 1a\nm\u00C3\u00AAme fubflance fculpt\u00C3\u00A9 ; ils ont d'ailleurs des\nbagues d'\u00C3\u00A9caill\u00C3\u00A9 de tortues, & des bracelets.\nLes lobes de leurs oreilles, font perc\u00C3\u00A9s m \f\n78 T r o i s i e m e Voyage\n'\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0 deux endroits , & ils y placent des morceaux\n1777- cylindriques d'ivoire , d'environ trois pouces de\nJuillet, long, qu'ils introduifent par l'un des trous, &\nqu'ils font fortir par l'autre, ou de petits rofeaux\nde la m\u00C3\u00AAme grandeur , remplis d'une poudre\njaune. Cette poudre, dont les femmes fe frottent\ntout le vifage, ainfi que nos dames fe mettent\ndu rouge fur les joues, para\u00C3\u00AEt \u00C3\u00AAtre du fouchet\ndes Indes pulv\u00C3\u00A9rif\u00C3\u00A9. Nous avons vu fouvent le\nlobe d'une feule^oreille perc\u00C3\u00A9 d'un trou & non\npas de deux. -^\nLa propret\u00C3\u00A9 du corps, eft ce qu'ils femblent\npr\u00C3\u00A9f\u00C3\u00A9rer \u00C3\u00A0 tout ; auffi fe baignent - ils fr\u00C3\u00A9quemment dans les \u00C3\u00A9tangs, qui ne paroiflent pas destin\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 autre chofe : \u00C3\u0087a) quoique l'eau de la\nplupart de ces \u00C3\u00A9tangs foit d'une puanteur infup-\nportable, ils aiment mieux s'y laver que dans la\nmer; ils favent tr\u00C3\u00A8s-bien que l'eau fal\u00C3\u00A9e g\u00C3\u00A2te la\npeau ; & lorfque la n\u00C3\u00A9ceffit\u00C3\u00A9 les oblige \u00C3\u00A0 prendre\ndes bains dans l'Oc\u00C3\u00A9an, ils ont ordinairement\ndes cocos remplis d'une eau douce, dont ils\n( a ) On retrouve cet ufage parmi les Habitans des\nIfles Carolines ; jjjj ils font accoutum\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 fe baigner,\n\u00C2\u00BB trois fois le jour, le matin , \u00C3\u00A0 midi, & fur le\ns> foir. E Lettres \u00C3\u00A9difiantes & curieufes , tome 16 >\npage 314. D E C o O K. 7$\nfont ufage pour d\u00C3\u00A9truire cette impreffion. Ils \u00E2\u0096\u00A0 \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0 \u00E2\u0096\u00A0\nrecherchent beaucoup l'huile de la noix de cocos 1777\u00C2\u00BB\npar la m\u00C3\u00AAme raiSon ; non-Seulement ils en jettent Juillet,\nune quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9rable Sur leur t\u00C3\u00AAte & Sur\nleurs \u00C3\u00A9paules, ils ont Soin de plus de s'en frotter tout le corps. Quand on n'a point vu l'effet\nde cette op\u00C3\u00A9ration, on ne peut concevoir \u00C3\u00A0 quel\npoint elle embellit la peau. Tous les Infulaires\ncependant n'ont pas des moyens de fe procurer\nde l'huile de cocos, & c'eft fans doute parce\nque le bas-peuple ne s'en fert point, que fa\npeau eft moins fine & moins douce. 8o\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\n*m&e&\nCHAPITRE XL\n^\nOccupations des femmes des Ifles des Amis;\noccupations des hommes ; agriculture ;\nconflruBion des maifons ; outils, cordages\n& inflrumens de p\u00C3\u00AAche ; inftrumens de\nmuflque ; armes , nourriture & mani\u00C3\u00A8re\nd'appr\u00C3\u00AAter les alimens; amufemens ; Mariages ; \"C\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies fun\u00C3\u00A8bres; Divinit\u00C3\u00A9s\ndu Pays ; id\u00C3\u00A9es fur l'ame & fur une\nautre vie. Temples; Gouvernement ; hom*\nmages qu'on rend au Roi. D\u00C3\u00A9tails fur la\nFamille Royale. Remarques fur la Langue, & petit Vocabulaire de cet idiome.\nObfervations nautiques \u00C3\u00A2? autres.\nT **\nJLs a vie domeflique des Infulaires des Ifles des\nl777- Amis, n'eft pas afl\u00C3\u00A8z laborieufe pour \u00C3\u00AAtre fati-\nJuillet. gante, &pas afl\u00C3\u00A8z oifive pour \u00C3\u00AAtre accuf\u00C3\u00A9e de\nparef\u00C3\u00AF\u00C3\u00A8. La nature a \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fi prodigue envers eux*\nqu'ils ont rarement befoin de fe livrer \u00C3\u00A0 beaucoup de travail; & leur activit\u00C3\u00A9 les emp\u00C3\u00AAchera\ntoujours de fe livrer \u00C3\u00A0 la mollefl\u00C3\u00A8. Par une heu-\nreufe combinaison des circonflances, leurs occupations habituelles Sont en fi petit nombre & de\nfi D E Co O K.\n8l\nfi peu de dur\u00C3\u00A9e, qu'ils ont bien du temps pour\nleur r\u00C3\u00A9cr\u00C3\u00A9ation ; le travail & les affaires ne viennent point troubler leursamuSemens, & ils ne quittent ces amuSemens que lorsqu'ils en Sont rafl\u00C3\u00A0fi\u00C3\u00A9s.\nLes occupations' des Semmes n'ont rien de\np\u00C3\u00A9nible; elles Sont la plupart de leurs travaux,\ndans l'int\u00C3\u00A9rieur de la maiSon. Elles Se trouvent\ncharg\u00C3\u00A9es Seules de la Sabrique des \u00C3\u00A9toffes. J'ai\nd\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9crit les proc\u00C3\u00A9d\u00C3\u00A9s de cette manuSa\u00C3\u00A9ture {\nj'ajouterai Seulement qu'il y a des \u00C3\u00A9toffes de dif-\nf\u00C3\u00A9rens degr\u00C3\u00A9s de finefl\u00C3\u00A8. La plus groffiere, dont\nils forment de tr\u00C3\u00A8s-grandes pieces, ne re\u00C3\u00A7oit\nl'impreffion d'aucun mod\u00C3\u00A8le. Parmi les efpeces\nles plus fines on en voit de ray\u00C3\u00A9es, d'autres font\n\u00C3\u00A0 carreaux , ou fur divers defl\u00C3\u00A8ins de couleurs\nnuanc\u00C3\u00A9es. Je ne dirai pas comment on applique\nles couleurs, car je n'ai pas \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 t\u00C3\u00A9moin de cette\nop\u00C3\u00A9ration. Les \u00C3\u00A9toffes en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral r\u00C3\u00A9fiftent quelque\ntemps \u00C3\u00A0 l'eau, mais la plus luftr\u00C3\u00A9e eft la plus folide.\nLa f\u00C3\u00A9conde de leurs manufa\u00C3\u00A9tures qui eft auffi\nconfi\u00C3\u00A9e aux femmes, eft celle des nattes, dont\nla texture & la beaut\u00C3\u00A9 f urpaf\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8nt toutes les nattes\nque j'ai vues ailleurs. Quelques-unes en particulier\nfont fi fup\u00C3\u00A9rieures \u00C3\u00A0 celles \u00C3\u00A0'O-Ta\u00C3\u00AFti, que les\nNavigateurs peuvent en porter comme articles\nde commerce \u00C3\u00A0 la M\u00C3\u00A9tropole des Ifles de la\nSoci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. J'en ai diflingu\u00C3\u00A9 fept ou huit fortes qui\nTome IL F Sa Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 leur fervent de v\u00C3\u00AAtemens ou de lits, & on en\n1777. trouve beaucoup d'autres deftiu\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 des objets\nJuillet, d'agr\u00C3\u00A9ment ou de luxe. Ils tirent Surtout ces\nderni\u00C3\u00A8res de la partie membraneufe & coriace de\nla tige du bananier ; les nattes qu'ils portent Se\nfont avec le Pandanus, qu'ils cultivent pour\ncela, & auquel ils ne permettent jamais de fe\nformer en tronc : les plus groffieres fur lesquelles ils dorment, viennent d'une plante appellee Ewarra. Les femmes emploient leurs\nmomens de loifir, \u00C3\u00A0 des ouvrages moins impor-\ntans ; elles Sont, par exemple, une multitude de\npeignes, de petits paniers, avec la mati\u00C3\u00A8re premiere des nattes, avec la goufl\u00C3\u00A8 fibreuSe de la\nnoix de cocos, qu'elles treflent Amplement, ou\nqu'elles entrelacent de grains de verre; & ce\nqui Sort de leurs mains a tant d'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9gance & de\ngo\u00C3\u00BBt, qu'un \u00C3\u00A9tranger ne peut s'emp\u00C3\u00AAcher d'admirer leur confiance & leur adref\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8.\nLe d\u00C3\u00A9partement des hommes eft plus laborieux & plus \u00C3\u00A9tendu. Ils Sont charg\u00C3\u00A9s de l'agriculture , de la conflru\u00C3\u00A9tion des maifons & des\npirogues, de la p\u00C3\u00AAche & d'autres choSes relatives\n\u00C3\u00A0 la navigation; \u00C3\u0087a) Comme ils Se nourrifl\u00C3\u00A8nt\n(^) Le P\u00C3\u00A8re Cantova nous apprend que les travaux font diftribu\u00C3\u00A9s de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re aux IJlm de Cook, 83\njfur-tout de racines & de fruits cultiv\u00C3\u00A9s , ils \"\ns'occupent Sans celle du travail de la terre, & 1777.\nils Semblent avoir port\u00C3\u00A9 l'agriculture au degr\u00C3\u00A9 de Juillet,\nperfe\u00C3\u00A9tion, que permet l'\u00C3\u00A9tat o\u00C3\u00B9 ils fe trouvent.\nJ'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 parl\u00C3\u00A9 du vafte terrein qu'occupent les\nchamps de bananiers; les diflri\u00C3\u00A9ts plant\u00C3\u00A9s d'ignames, ne font pas en moindre quantit\u00C3\u00A9 : ces deux\ntedcles r\u00C3\u00A9unis font, \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9gard du refle, dans la\nproportion de dix \u00C3\u00A0 un.' S'il s'ag\u00C3\u00AEt de planter des\nbananiers ou des ignames, ils creufent de petits\ntrous, & ils ont Soin d'extirper \u00C3\u00A0 l'entour l'herbe\nqui y cro\u00C3\u00AEt : ces gramens ne tardent pas, dans\nun pays auffi chaud, \u00C3\u00A0 \u00C3\u00AAtre priv\u00C3\u00A9s de leur Sorce\nV\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tative, & leurs d\u00C3\u00A9trimens deviennent bient\u00C3\u00B4t\nun bon marnage. Les inflrumens qu'ils emploient & qu'ils appellent Hooo, Sont tout uniment des pieux de diff\u00C3\u00A9rentes longueurs , Selon\nle degr\u00C3\u00A9 de profondeur qu'ils veulent donner \u00C3\u00A0\nla fouille. Les Hooos Sont applatis & tranchans\nfur un bord de Puiie des extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s ; les plus\nCarolines. \u00C2\u00AB La principale occupation des hommes,\n\u00C2\u00BB eft de construire des barques , de p\u00C3\u00AAcher & de\nw cultiver la terre. L'affaire des femmes eft de faire\n\u00C2\u00BB la cuifine , de mettre ep , plante fauvage, \u00C3\u0094C un arbre pour en faire de la\nw toile, j\u00C2\u00BB Lettres \u00C3\u00A9difiantes & curieufes 9 tome il ,\npage 313.\nF 2 84 T R O I S I E M E V.0 Y A G \u00C2\u00A3\ngaggs grands portent un morceau de bois fix\u00C3\u00A9 tranfver-\n1777. falement, afin de le pref\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8r contre terre avec le\nJuillet, pied, d'une mani\u00C3\u00A8re plus aif\u00C3\u00A9e : quoique leur\nlargeur ne foit pas de plus de deux \u00C3\u00A0 quatre\npouces, c'eft le feul inftrument dont ils fe fervent pour fouiller & planter un terrein qui renferme un grand nombre d'arpens. Les planta-\ndons de bananiers & d'ignames , fe trouvent\nrang\u00C3\u00A9es de mani\u00C3\u00A8re qu'on apper\u00C3\u00A7oit des lignes\nr\u00C3\u00A9guli\u00C3\u00A8res & complettes, de quelque c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 qu'on\njette les yeux.\nLes cocotiers & les arbres \u00C3\u00A0 pain, font dif-\nperf\u00C3\u00A9s fans aucun ordre ; & ils ne femblent point\ndonner de peine, lorfqu'ils ont atteint une certaine hauteur. On peut dire la m\u00C3\u00AAme chofe d'un\nautre grand arbre qui produit une multitude de\ngrofl\u00C3\u00A8s noix arrondies & comprim\u00C3\u00A9es, appellees\nEeefee, & d'un arbre plus petit qui porte une\nnoix ovale, avec deux ou trois amandes triangulaires, coriaces & infipides, celui-ci eft appelle\nMabba, & les Naturels le plantent fouvent autour de leurs maifons.\nEn g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, le Kappe forme des plantations\nafl\u00C3\u00A8z vaftes, mais irr\u00C3\u00A9gu\u00C3\u00AEieres. Les Mawhahas\nfont entre-m\u00C3\u00AAl\u00C3\u00A9s parmi d'autres productions, ainfi\nque le Jeejee & les ignames. J'ai remarqu\u00C3\u00A9 fr\u00C3\u00A9quemment des ignames dans les intervalles des de Cook, 85\nbananiers. Les cannes de fucre occupent ordinairement peu de terrein, & elles ne font pas\nl777<\ncla\u00C3\u00AEr-fem\u00C3\u00A9es. Le m\u00C3\u00BBrier papier dont les Naturels Juillet,\ntirent leurs \u00C3\u00A9toffes, eft plant\u00C3\u00A9 fans ordre, mais\nils lui laifl\u00C3\u00A8nt Pefpace n\u00C3\u00A9ceflaire \u00C3\u00A0 fa croifl\u00C3\u00A0nce,\n& ils ont foin de nettoyer les environ\u00C3\u00A2^Le^^^-\ndanus eft la feule plante qu'ils cultivent d'ailleurs pour leurs manufactures ; les diff\u00C3\u00A9rens pieds\nfont commun\u00C3\u00A9ment rang\u00C3\u00A9s fur une ligne tr\u00C3\u00A8s-\nferr\u00C3\u00A9e , aux bords des champs mis en culture.\nLe pandanus cultiv\u00C3\u00A9, leur para\u00C3\u00AEt fi fup\u00C3\u00A9rieur \u00C3\u00A0\ncelui qui vient naturellement, qu'ils lui donnent\nun nom particulier, d'o\u00C3\u00B9 il r\u00C3\u00A9fulte qu'ils con-\nnoifl\u00C3\u00A8nt tr\u00C3\u00A8s-bien les am\u00C3\u00A9liorations que produit la\nculture.\nIl faut obferver que cette peuplade qui montre beaucoup de go\u00C3\u00BBt & d'efprit en plufieurs\nchofes, en montre peu dans la conftru\u00C3\u00A9lion de\nfes maifons; au refle, l'ex\u00C3\u00A9cution en eft moins\nd\u00C3\u00A9fe\u00C3\u00A9tueufe que la forme. Celles du bas-peuple\nfont de pauvres cabanes tr\u00C3\u00A8s-petites, & elles ga-\nrantifl\u00C3\u00A8nt \u00C3\u00A0 peine de la rigueur du temps. Celles\ndes Infulaires d'un rang diflingu\u00C3\u00A9, font plus grandes & mieux abrit\u00C3\u00A9es, mais elles devraient \u00C3\u00AAtre\nmeilleures. Une maifon de moyenne grandeur,\na- environ trente pieds de long, vingt de large\n& douze de hauteur; c'eft, \u00C3\u00A0 proprement parier,\nF 3 86 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u0094\u00C2\u00BB--\u00E2\u0084\u00A2 un toit couvert de chaume , Ipytenu par des\n1777, poteaux & des folives difpof\u00C3\u00A9s d'une mani\u00C3\u00A8re\nJuillet, tr\u00C3\u00A8s-judicieufe ; le plancher;t$|ui eft de la terre\nbattue, fe trouve un peu \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9 & reiisitu d'une\nnatte forte & \u00C3\u00A9paifl\u00C3\u00A8 , qu'on tient tr\u00C3\u00A8s-propre.\nLa plupart font ferm\u00C3\u00A9es du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 du ve^f* & quelques-unes dans plus de deux tiers de leur circonf\u00C3\u00A9rence, avec de grofl\u00C3\u00A8s nattes ou des branches de cocotier entrelac\u00C3\u00A9es : ces branches descendent des bords du toit jufqu'\u00C3\u00A0 terre, & elles\nfervent ainfi de murailles. Une autre natte grof-\nfiere & forte, d'environ deux pieds & demi ou\ntrois pieds de largeur, courte en demi-cercle\n& pof\u00C3\u00A9e de champ, don^^fKtr\u00C3\u00A9mit^touchai\nle c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de la maifon , renferme un efpace o\u00C3\u00B9\ncouchent le ma\u00C3\u00AEtre & la m$\u00C3\u00AEtrefl\u00C3\u00A8 du m\u00C3\u00A9nage.\nLa femme s'y tient la plus grande partie de la\njourn\u00C3\u00A9e ; le refle de la famille couche fur le plancher fans avoir aucune place fixe ; les hommes\n& les femmes, qui ne So&t pas mari\u00C3\u00A9s, \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9s\nles uns des autres. Si la famille efl nombreufe,\nil y a de petites huttes contigu\u00C3\u00ABs \u00C3\u00A0 la maiSon,\no\u00C3\u00B9 les dom^Hq^s Se retirent la nuit , enSorte\nque leur int\u00C3\u00A9rieur efl auffi r\u00C3\u00A9Serv\u00C3\u00A9 & auffi d\u00C3\u00A9cent\nqu'il peut l'\u00C3\u00AAtre. J'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit qu'ils dopaient Sur\ndes natt\u00C3\u00A9s; les v\u00C3\u00AAtemens qu'ils portent le jour,\nleur tiennent lieu, de couvertures pendant la nuit. DE C O O K.\n\u00C2\u00AB7\nLa lifte de leurs meubles n'eft pas longue ; ils -ma.11'\t\nont un bowl ou deux, dans leSquels ils Sont la 1777.\nKava, un petit nombre de gourdes, des co- Juillet.\nques de cocos, de petites eScabelles de bois, qui\nleur Servent de couffins, & quelqueSois une eS-\ncabelle plus grande Sur laquelle s'affied le Chef\nou le ma\u00C3\u00AEtre de la maifon.\nLa feule raifon plaufible que je puifle donner\nde leur d\u00C3\u00A9dain, pour les ornemens de l'architecture de leurs chaumi\u00C3\u00A8res, c'eft qu'ils aiment paf-\nfionn\u00C3\u00A9ment \u00C3\u00A0 Se tenir en plein air. Ils ne mangent\ngu\u00C3\u00A8res dans leurs maiSons ; ils y couchent, ils s'y\nretirent lorfque le temps efl mauvais, & c'eft tout\nl'uSage qu'ils Semblent en Saire. Le kf\u00C3\u00A9-peuple, qui\npafl\u00C3\u00A8 une grande partie de Sa vie autour des CheSs,\nn'y va ordinairement que dans le dern\u00C3\u00AE\u00C3\u00AAkcas.\nLeurs Soins & leur dext\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9 pour ce qui a\nrapport \u00C3\u00A0 Parchite\u00C3\u00A9ture navale , fi je peux employer ce nom , excuSent la n\u00C3\u00A9gligence que je\nViens de leur reprocher. La relation de mon Second Voyage, \u00C3\u0087a) donne la description de leu*l\n(a) Vol. I, pag. 21^ & 216 de l'original. Si Ton\ncompare les d\u00C3\u00A9tails donn\u00C3\u00A9s ici par le Capitaine Cook ,\navec ce que Cantova nous dit des pirogue* des Ifles Carolines, on appercevra encore une grande conformit\u00C3\u00A9 fur ce point. Voyez les lettres \u00C3\u00A9difiantes &\ncurieufes, pag, 286.\nF4 88 Troisi\u00C3\u00A8me V o y a g e\n\u00E2\u0096\u00A0 ' pirogues, & de leur mani\u00C3\u00A8re de les conflruire\n1777. ou de les man\u00C5\u0093uvrer, j'y renvoie les Le\u00C3\u00A9teurs..\nJuillet. Des haches de cette pierre noire & polie,\nqu'on trouve en abondance \u00C3\u00A0 Toofoa, des dents\nde requin5fix\u00C3\u00A9es Sur de petits manches qui tiennent lieu de tarrieres, des limes compos\u00C3\u00A9es de\nla peau groffiere d'une eSpece de poiflbn, attach\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 des morceaux applatis de bois, plus minces d'un c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 que de l'autre, & garnis auffi d'un\nmanche, Sont les Seuls outils dont ils Se Servent\npour conflruire leurs pirogues. Ces embarcations , qui Sont les plus parfaits de leurs ouvrages\nm\u00C3\u00A9chaniques, leur co\u00C3\u00BBtent beaucoup de temps\n& de travail ; & on ne doit pas s'\u00C3\u00A9tonner s'ils en\nprennent tant de Soin. Ils les conflruiSent & ils\nles gardent Sous des hangars ; & , lorsqu'ils les\nlaifl\u00C3\u00A8nt Sur la c\u00C3\u00B4te, ils couvrent la partie Sup\u00C3\u00A9rieure de feuilles de cocotiers, afin de la garantir du SoleiL\nSi j'en excepte diverSes coquilles , qui leur\ntiennent lieu de couteaux, ils n'emploient jamais\nd'autres outils. Au refle, ils ne doivent Sentir la\nfoiblefl\u00C3\u00A8 & l'incommodit\u00C3\u00A9 de leurs inflrumens,\nque dans la conftru\u00C3\u00A9tion des pirogues, ou la fabrique de quelques-unes de leurs armes ; car i\u00C3\u00AE&\nne font gu\u00C3\u00A8res d'ailleurs que des meubles de p\u00C3\u00AAche & des cordages. de Cook. 89\nIls tirent leurs cordages des fibres de la goufle ;\nde cocos ; ces fibres n'ont que neuf ou dix pieds 1777\nde long,,mais ils les joignent l'une \u00C3\u00A0 l'autre en Juillet\nles tordant; ils en font ainfi des ficelles de l'\u00C3\u00A9-\npaifl\u00C3\u00A8ur d'une plume, & d'une tr\u00C3\u00A8s-grande longueur, qu'ils roulent en pelottea, & qu'ils r\u00C3\u00A9u- Mf\nnifl\u00C3\u00A8nt enfuite , pour avoir de gros cordages.\nLeurs lignes de p\u00C3\u00AAche font auffi fortes & auffi\nunies, que les meilleures des n\u00C3\u00B4tres. De grands\n& de petits hame\u00C3\u00A7ons forment le refle de leur\nattirail de p\u00C3\u00AAche; les derniers font en entier de\nnacre de perle ; mais les premiers font feulement\nrecouverts de cette mati\u00C3\u00A8re. La pointe des uns\n& des autres efl ordinairement d'\u00C3\u00A9caill\u00C3\u00A9 de tortue ; celle des petits eft fimple, & celle des\ngrands barbel\u00C3\u00A9e. Ils prennent avec les. grands,\ndes bonites & des albicores; pour cela, ils adap*-\ntent \u00C3\u00A0 un rofeau de bambou, de douze ou quatorze pieds de long, Phame\u00C3\u00A7on fufpendu \u00C3\u00A0 une\nligne de la m\u00C3\u00AAme longueur. Le bambou efl aflu-\njetti par une piece de bois entaill\u00C3\u00A9e , poS\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0\nl'arri\u00C3\u00A9re de la pirogue, &, \u00C3\u00A0 meSure que l'embarcation s'avance, elle tra\u00C3\u00AEne Sur la Surface de\nla mer, Sans autre app\u00C3\u00A2t, qu'une touffe de lin\nqui Se trouve pr\u00C3\u00A8s de la pointe. Ils pofl\u00C3\u00A8dent\nauffi une multitude de petites Seines, dont quelques-unes Sont d'une texture tr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00A9licate; ils s'en WM\u00C3\u00AAtm\n\u00C3\u00A7o Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nmmmmmmm. Servent pour p\u00C3\u00AAcher dans les trous des r\u00C3\u00A9cifs, au\n^777* moment du reflux.\nJuillet. Leurs autres ouvrages m\u00C3\u00A9chaniques Sont Surtout des fl\u00C3\u00BBtes de roSeau compos\u00C3\u00A9es, des fl\u00C3\u00BBtes\nfimples, des armes de guerre, & ces eScabelles\nqui leur tiennent lieu de couffins. Les f\u00C3\u00BBtes compos\u00C3\u00A9es ont huit, neuS ou dix roSeaux plac\u00C3\u00A9s parall\u00C3\u00A8lement, mais dans une progreffion qui n'eft\npas r\u00C3\u00A9guli\u00C3\u00A8re; car les plus longs Sont quelquefois au milieu, & il y en a plufieurs de la m\u00C3\u00AAme\nlongueur. Je n'en ai vu aucun qui donn\u00C3\u00A2t plus\nde fix notes; ils paroifl\u00C3\u00A8nt incapables d'en tirer\nune mufique dont nos oreilles puifl\u00C3\u00A8nt diflinguer\nles divers fons. \u00C3\u0087a) Les fl\u00C3\u00BBtes fimples font des\nmorceaux de bambou, ferm\u00C3\u00A9s aux deux bouts,\n& garnis de fix trous, deux defquels font voifins\ndes extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s; en jouant, ils ne font ufage que\nde deux des trous du milieu, & de l'un de ceux\nde l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9. Ils bouchent la narine gauche\navec le pouce de la main gauche ; & , avec la\nnarine droite, ils fouffient dans le trou de l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 : ils mettent le doigt du milieu de la\nmain gauche, fur le premier trou de la gauche,\n{a) On trouve, dans le f\u00C3\u00A9cond Voyage de Cook,\nvol. I, pag. 221 de l'original, planche XXI, une\nfigure de cette fl\u00C3\u00BBte de rofeau compof\u00C3\u00A9e. D E C O O K. 91\n& l'index de la droite, Sur le trou inf\u00C3\u00A9rieur de\nce c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 : ainfi, avec trois notes feulement, ils\nproduifent une mufique fi\u00C2\u00A3B|?le & agr\u00C3\u00A9able, qu'ils\nvarient beaucoup plus qu'on ne le croirait, vu\nl'imperfe\u00C3\u00A9tion de leur infiniment. Ils #e paroif-\nfent pas go\u00C3\u00BBter notre mufique, qui eft fi compliqu\u00C3\u00A9e ; & cela vient peut-\u00C3\u00AAtre de l'habitude\nd'entendre la leur, qui eft compof\u00C3\u00A9e de fi peu\nde notes. Au relie, ils trouvent du pl&ifir \u00C3\u00A0 des\nchants plus groffiers encore que les leurs ; car\nnous remarqu\u00C3\u00A2mes qu'ils \u00C3\u00A9coutoient avec int\u00C3\u00A9r\u00C3\u00AAt\nceux de nos deux Z\u00C3\u00A9landois, lefqfi\u00C3\u00A7ls pouffbient\ndes fons forts, qui n'avoient rien de m\u00C3\u00A9lodieux\nou de mufical.\nLes 8$nes qu'ils fabriquent, font des maflues\nde diff\u00C3\u00A9rentes efpeces, dont la fculpture eft tr\u00C3\u00A8s-\nlongue, des piques & d\u00C3\u00A8s dards. Ils ont des arcs\n& des fl\u00C3\u00A8ches, qui femblent deftin\u00C3\u00A9s feulement \u00C3\u00A0\nl\u00C3\u00A7urs plaifirs, \u00C3\u00A0 la eb\u00C3\u00A2fl\u00C3\u00A8 des oifeaux, par exemple, & non pas \u00C3\u00A0 tuer leurs ennemis. Les efca-\nbelles ont \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s deux pieds de long, quatre\nou cinq pouces d'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation , & environ quatre\npouces de largeur; elles fe courbent dtus le mi-<\nlieu, & elles portent fur quatre forts jambages,\nqui ont des pieds circulaires : elles font d'un feul\nmorceau de bois noir ou brun, bien poli & in-,\ncruft\u00C3\u00A9 d'ivoire. Ils in\u00C3\u00A7ft^g&t \u00C3\u00A9galement d'ivoire,\n1777.\nJuillet.\n\u00E2\u0080\u0094 If\n92 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n, , ..- les manches de leurs chafl\u00C3\u00A8-mouches, qu'ils fculp-\nl777* tent d'ailleurs. Ils Sont avec de l'os, de petites\nJuillet, figures d'hommes, d'oiSeaux, & d'autres choSes ;\ntravail qui doit \u00C3\u00AAtre difficile, car ils n'emploient\nqu'une dent de requin.\nLes ignames, les bananes, & les noix de cocos , Sorment la plus grande partie des v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux\ndont ils Se nourrifl\u00C3\u00A8nt; les cochons, les volailles,\nles poiflbns, & les coquillages de toute eSpece f\nSont les principaux articles de leurs nourritures\nanimales , mais le bas - peuple mange des rats.\nL'igname, la banane, le Sr\u00C3\u00BBit \u00C3\u00A0 pain, le poiflbn\n& les coquillages deviennent leur reflburce habituelle aux diverfes \u00C3\u00A9poques de l'ann\u00C3\u00A9e ; les cochons , les volailles & les tortues paroifl\u00C3\u00A8nt \u00C3\u00AAtre\ndes SriandiSes extraordinaires r\u00C3\u00A9Serv\u00C3\u00A9es pour les\nCheSs. L'intervalle entre les SaiSons des v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux,\ndoit \u00C3\u00AAtre quelquefois confid\u00C3\u00A9rable ; car ils pr\u00C3\u00A9parent une forte de pain de banane, qu'ils tienr\u00C3\u00AEi\u00C3\u00AF\u00C3\u00AElC\nen r\u00C3\u00A9ferve : pour cela, ils d\u00C3\u00A9pofent les fruits\nfous terre, avant qu'ils foient m\u00C3\u00BBrs, & ils les y\nlaifl\u00C3\u00A8nt jufqu'au moment de la Sermentation ; ils\nles en tirent alors, & ils en Sont de petites boules fi aigres & de fi mauvaiSe qualit\u00C3\u00A9, qu'ils pr\u00C3\u00A9-\nSeraient Souvent notre pain, quand m\u00C3\u00AAme il \u00C3\u00A9toit\nun peu moifi.\nEn g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, ils cuifent leurs alimens au four^ D E C O 0 K. 93\nde la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re qu'\u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, & ils ont\nPart de tirer de quelques fruits , diff\u00C3\u00A9rens mets\nque la plupart d'entre nous jug\u00C3\u00A8rent tr\u00C3\u00A8s-bons.\nJe ne les ai jamais vu faire ufage d'aucune efpece\nde f\u00C3\u00A2ufl\u00C3\u00A8, ou boire \u00C3\u00A0 leur repas autre chofe que\nde l'eau, ou du jus de cocos : ils ne boivent la\nKava que le matin. Leur cuifine ou leur mani\u00C3\u00A8re de manger font mal-propres ; en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral,\nils pofent leurs alimens fur la premiere feuille\nqu'ils rencontrent, quelque fale qu'elle fo\u00C3\u00AEt; mais\nles nourritures deftin\u00C3\u00A9es aux Chefs, fe mettent\ncommun\u00C3\u00A9ment fur des feuilles vertes de bananiers. Quand le Roi faifoit un repas, il \u00C3\u00A9toit\nfervi par trois ou quatre perfonnes; l'une d\u00C3\u00A9cou-\npoit; une f\u00C3\u00A9conde divifoit en bouch\u00C3\u00A9es les gros\nmorceaux ; & d'autres \u00C3\u00A9toient pr\u00C3\u00AAtes \u00C3\u00A0 offrir les\nnoix de cocos, & les diverSes choSes dont il\npouvoit avoir beSoin. Je n'ai jamais rencontr\u00C3\u00A9 de\nnombreux convives d\u00C3\u00AEnant enSemble , ou mangeant \u00C3\u00A0 la m\u00C3\u00AAme portion : lors m\u00C3\u00AAme qu'ils pa-\nroifl\u00C3\u00A8nt r\u00C3\u00A9unis pour un repas, on divife les mets\nen gr\u00C3\u00A7fl\u00C3\u00A8s portions, deftin\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 un certain nombre ; ces grofl\u00C3\u00A8s portions Se Sous-diviSent, enSorte\nqu'il eft rare de trouver plus de deux ou trais\nNaturels qui mangent enSemble. J'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit que\nles Semmes ne- Sont point exclues des repas des\nhommes ; mais il y a des clafles d'InSulaires qui\nl777-\nJuillet. 94 Troisi\u00C3\u00A8me Vo y \u00C3\u00A0 d \u00C3\u00A8\n\"itt '-'r'.\"r ne peuvent ni manger ni boire enSemble. Cette\nl777* diftin\u00C3\u00A9tion commence au Roi, & je ne Sais pas\nJuillet, o\u00C3\u00B9 elle finit. %$jj0\nJe jugeai qu'ils n'ont point d'heure fixe pour\nleur repas. Au refle, il Saut obServer que , durant notre S\u00C3\u00A9jour parmi eux , leur affiduit\u00C3\u00A9 aupr\u00C3\u00A8s de nous d\u00C3\u00A9rangea beaucoup leur mani\u00C3\u00A8re de\nvivre habituelle. Si nous ne nous Sommes pas\ntromp\u00C3\u00A9s dans nos observations, les Naturels,\nd'un rang Sup\u00C3\u00A9rieur, ne prennent que la Kava\nle matin , & les autres mangent peut-\u00C3\u00AAtre un morceau d'igname ; mais il nous a fembl\u00C3\u00A9 qu'ils mangent tous quelque choSe dans l'apr\u00C3\u00A8s-midi. Il eft\nvraisemblable que PuSage de Saire un repas, pendant la nuit, eft afl\u00C3\u00A8z commun, &, qu'interrompant ainfi leur Sommeil, ils dorment Souvent le\njour. Ils vont Se coucher avec le Soleil, & ils Se\nl\u00C3\u00A8vent avec l'aurore. \u00C3\u0087a)\nIls aiment beaucoup \u00C3\u00A0 Se r\u00C3\u00A9unir : il eft tr\u00C3\u00A8s-\ncommun de ne trouver perSonne dans les mai-\n\u00C3\u00AFbns;\u00C3\u00AEes ma\u00C3\u00AEtres du logis Sont chez leurs voifins,\nou plut\u00C3\u00B4t au milieu d'un champ des environs,\no\u00C3\u00B9 ils s'amuSent \u00C3\u00A0 cauSer, & o\u00C3\u00B9 ils prennent\n{a) Canto va dit aufH des habitans des Ifles Carolines : \u00C3\u00A0 ils prennent leur repas, d\u00C3\u00A8s que le fa\u00C3\u00AEeil eft\n\u00C2\u00BB couch\u00C3\u00A9 , & ils fe l\u00C3\u00A8vent avec l'aurore. j> Lettres\n\u00C3\u00A9difiantes & curieufes, tome 15 , page 314. de Coo k. 95\nd'autres divertifl\u00C3\u00A8mens. Des chants, des danSes,\n& de la mufique, ex\u00C3\u00A9cut\u00C3\u00A9s par des Semmes,\nforment fur-tout leurs amufemens particuliers.\nLorfque deux ou trois femmes chantent \u00C3\u00A0-la-\nfois, & font claquer leurs doigts, on donne, \u00C3\u00A0\nce petit concert, le nom d'Oobai ; mais, lorsqu'elles Sont en plus grand nombre, elles Se divisent en grouppes , qui chantent Sur diff\u00C3\u00A9rentes\nclefs , & qui produifent une mufique agr\u00C3\u00A9able,\nce qu'on appelle Heeva ou Haiva. Les Naturels varient \u00C3\u00A9galement les fons de leurs fl\u00C3\u00BBtes ;\n& , pour faire plufieurs parties , ils emploient\ndes inflrumens de diverfes longueurs, mais leurs\ndanfes approchent beaucoup de celles qu'ils ex\u00C3\u00A9cutent en public. Les danfes des hommes , fi\ntoutefois on peut ici faire uf\u00C3\u00A0ge de ce terme,\nne confiftent pas fur-tout dans le mouvement des\npieds, comme les n\u00C3\u00B4tres, mais on y remarque\nmille mouvemens de la main, que nous ne pratiquons pas. Chacun de ces mouvemens a une\naif\u00C3\u00A0nce & une grace qu'il eft impoffible de d\u00C3\u00A9crire ou de faire concevoir \u00C3\u00A0 ceux qui ne les\nont point vus. Il n'eft pas befoin de rien ajouter\n\u00C3\u00A0 ce que j'ai dit fur ce point, dans le r\u00C3\u00A9cit des\nf\u00C3\u00AAtes qu'on nous donna aux Ifles des Amis. \u00C3\u0087a)\n(a) Si l'on compare la defcription inf\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9e plus\nhaut, des f\u00C3\u00AAtes donn\u00C3\u00A9es au Capitaine Cook par les\n.1777.\nJuillet. 96\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\nm p \u00E2\u0096\u00A0\u00C2\u00BB J'ignore fi la dur\u00C3\u00A9e de leur mariage efl aflur\u00C3\u00A9e\n1777. par une forte de contrat folemnel ; mais je puis\nJuillet. | j i\nChefs de Hapaee & de Tongataboo , ainfi que les\nobfervations g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rales fur les amufemens des Infulaires qu'on vient de lire , avec le paffage tir\u00C3\u00A9 des\nlettres des J\u00C3\u00A9fuites, Se imprim\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 la page 319 & 320 ,\non verra de plus en plus qu'il eft tr\u00C3\u00A8s-raifonnable d'attribuer \u00C3\u00A0 une fource commune, des ufages d'une conformit\u00C3\u00A9 fi frappante. Pour appuyer cette obfervation,\nj'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 fait valoir l'argument tir\u00C3\u00A9 de l'identit\u00C3\u00A9 du\nlangage ; j'ai remarqu\u00C3\u00A9 qu'on d\u00C3\u00A9figne, par le m\u00C3\u00AAme\nnom, les Chefs des Ifles Carolines Se ceux de Ha-\nmao, Tune des Ifles des Amis. Cet exemple feul fournit une aflez bonne preuve , mais je puis en citer\nd'autres. Le P\u00C3\u00A8re Cantova, qui a publi\u00C3\u00A9 quelques\nmots du Diale\u00C3\u00A9te des Infulaires de la Mer Pacifique\ndu Nord, ajoute imm\u00C3\u00A9diatement apr\u00C3\u00A8s le paffage auquel je viens de renvoyer : \u00C2\u00AB Ce divertiffement s'ap-\nj? pelle en leur langue, Tanger ifaifil, qui veut dire\ns? la plainte des femmes. \u00C2\u00BB Lettres \u00C3\u00A9difiantes & curieufes, tome XV, page 315. Selon le Vocabulaire de\nM. Anderfon, qu'on trouvera plus bas, les habitans\nde Tongataboo expriment par les termes de Tangec\nVefaine, cette plainte des femmes, que les Naturels\ndes Ifles Carolines d\u00C3\u00A9fignent par les mots de Tanger\nifaifil.\nS'il reftoit encore des doutes \u00C3\u00A0 quelques Lecteurs ,\nj'obferverois qu'une longue f\u00C3\u00A9paration & d'autres\ncaufes ont , de l'aveu de tout le monde, amen\u00C3\u00A9 une\nplus grande diff\u00C3\u00A9rence, dans la mani\u00C3\u00A8re de prononcer ces deux mots? fur des Ifles habit\u00C3\u00A9es par la m\u00C3\u00AAme\ndire de Cook. ^7\ndire que le gros du peuple fe contente d'une\nfemme. Les Chefs, n\u00C3\u00A9anmoins, en ont ordinairement plufieurs; \u00C3\u0087a) au refle, il fembla \u00C3\u00A0 quelques-uns d'entre nous, qu'une feule \u00C3\u00A9toit regard\u00C3\u00A9e comme la ma\u00C3\u00AEtrefl\u00C3\u00A8 de la famille.\nNous juge\u00C3\u00A2mes d'abord qu'ils n'eftiment pas\nbeaucoup la vertu des femmes , & nous nous\nattendions \u00C3\u00A0 voir fouvent des infid\u00C3\u00A9lit\u00C3\u00A9s conjugales ; mais nous \u00C3\u00A9tions bien loin de leur rendre\njuflice. Je ne f\u00C3\u00A2che pas qu'il Se Soit commis une\ninfid\u00C3\u00A9lit\u00C3\u00A9 de cette eSpece, durant notre S\u00C3\u00A9jour : \u00C3\u0087b)\nles Semmes des premiers rangs, qui ne Sont point\nmari\u00C3\u00A9es, ne prodigu\u00C3\u00A8rent pas plus leurs faveurs.\nIl efl vrai que la d\u00C3\u00A9bauche Se montra d'ailleurs \u00E2\u0080\u00A2\npeut-\u00C3\u00AAtre m\u00C3\u00AAme , relativement \u00C3\u00A0 la population,\nrace. Le Vocabulaire de M. Anderfon , imprim\u00C3\u00A9 dans\nle f\u00C3\u00A9cond Voyage du Capitaine Cook, nous apprend\nque le terme Tangee des Ifles des Amis, eft le Taee\ndes O-Ta\u00C3\u00AFtiens; & que le Vefaine des Ifles des Amis^\neft le Vaheine des Ifles de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9.\n{a) Cantova dit des habitans des Ifles Carolines:\n3) La pluralit\u00C3\u00A9 des femmes eft non-feulement permife\n\u00C2\u00BB \u00C3\u00A0 tous ces Infulaires, elle eft encore une marque\n\u00C2\u00AB d'honneur & de diftinclion. Le Tamole de l'Ifle\nj> ft Huoguoleu en a neuf, n Lettres \u00C3\u00A9difiantes & eu*\nj> rieufes > tome XV, page 310.\n(b) Les habitans des Ifles Carolines \u00C2\u00AB ont horreur\n\u00C2\u00BB de la d\u00C3\u00A9bauche, comme d'un grand p\u00C3\u00A9ch\u00C3\u00A9 , ?? dit le\nP\u00C3\u00A8re Cantova. Ibid. torn. XV, page 310.\nTome IL G\n1777.\nJuillet. r #\n/ mm\n98 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 eft-elle plus commune ici que dans les autres\n1777. pays; mais il, me parut que les femmes'qui s'y\nJuillet, livraient, \u00C3\u00A9toient en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, fi elles n'\u00C3\u00A9toient\npas toutes, des clafl\u00C3\u00A8s inf\u00C3\u00A9rieures; & celles qui\npermirent des familiarit\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 nos gens, faifoient\nle m\u00C3\u00A9tier de proflitu\u00C3\u00A9es.\nLe chagrin & la douleur que caufe \u00C3\u00A0 ces Infulaires la mort de leurs amis ou de leurs compatriotes, efl.la meilleure preuve de la bont\u00C3\u00A9 de\nleur cara\u00C3\u00A9tere ; \u00C3\u0087a) pour me fervir d'une expref-\nfion commune, leur deuil ne confifte pas en paroles, mais en a\u00C3\u00A9tions; car, ind\u00C3\u00A9pendamment du\nTooge, dont j'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 parl\u00C3\u00A9, ils fe donnent des\ncoups de pierre fur les dents, ils s'enfoncent une\ndent_de requin dans la t\u00C3\u00AAte, jufqu'\u00C3\u00A0 ce que le\nj\u00C2\u00BB||f\u00C3\u00A8ng en Sorte \u00C3\u00A0 gros bouillons ; ils Se plongent\nune pique dans l'int\u00C3\u00A9rieur de 4a cuifl\u00C3\u00A8, dans le\nflanc au-deffbus des aifl\u00C3\u00A8lles, & dans la bouche\n\u00C3\u00A0 travers les joues. Ces violences fuppofent un\ndegr\u00C3\u00A9 extraordinaire d'affe\u00C3\u00A9tion, ou des principes\nde Superflition tr\u00C3\u00A8s-cruels : leur fyfl\u00C3\u00AAme religieux\ndoit y contribuer ; car elles font quelquefois\nfi univerfelles, que la plupart de ceux qui fe\n(/z) On peut.voir dans le tome XV , des Lettres\n\u00C3\u00A9difiantes, page 308, de quelle. mani\u00C3\u00A8re les habitans\ndes Ifles Carolines expriment leur'chagrin dans ces\noccafions* D E C O O K. <)<)\nmaltraitent fi rudement, ne peuvent conno\u00C3\u00AEtre la ^^^^\nperforate qu'on pleure. Nous v\u00C3\u00AEmes, par exem- 1777.\npie, les Infulaires de Tongataboo, pleurer ainfi Juillet.\nla mort d'un Chef de Vavao, & nous f\u00C3\u00BBmes\nt\u00C3\u00A9moins d'autres fcenes pareilles. Il faut obferver\nque leur douleur ne fe porte aux derniers exc\u00C3\u00A8s,\nqu'\u00C3\u00A0 la mort de ceux qui \u00C3\u00A9toient tr\u00C3\u00A8s-li\u00C3\u00A9s avec\nles pleureurs. Quand un Naturel meurt, on l'enterre , apr\u00C3\u00A8s l'avoir enfeveli \u00C3\u00A0 la mani\u00C3\u00A8re des\nEurop\u00C3\u00A9ens, dans des nattes & des \u00C3\u00A9toffes. Les\nFiatookas Semblent \u00C3\u00AAtre des cimeti\u00C3\u00A8res r\u00C3\u00A9Serv\u00C3\u00A9s\naux Chefs; mais le bas-peuple n'a point de S\u00C3\u00A9pulture particuli\u00C3\u00A8re. \u00C3\u0087a) Je ne puis d\u00C3\u00A9crire les\nc\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies Sunebres qui ont lieu imm\u00C3\u00A9diatement\napr\u00C3\u00A8s l'enterrement, mais il y a lieu de croire\nqu'ils en pratiquent quelques-unes ; car on nous\napprit, comme je l'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 racont\u00C3\u00A9, que les fun\u00C3\u00A9railles de la Semme de Mar\u00C3\u00A9ewagee Seraient Suivies de diverSes c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies ; que ces c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies\n(a) Le P\u00C3\u00A8re Cantova dit, en parlant des Naturels\ndes Ifles Carolines : 7 Lorfqu'il meurt quelque per-\n\u00C2\u00AB fonne d'un rang diftingu\u00C3\u00A9, ou qui leur eft ch\u00C3\u00A8re par\nj; d'autres endroits, fes obfeques fe font avec pompe.\n3> Il y en a qui renferment le corps du d\u00C3\u00A9funt dans\ni> un petit \u00C3\u00A9difice de pierre, qu'ils gardent en-dedans\n\u00C2\u00BB de leurs maifons, d'autres les enterrent loin de\na* leurs habitations. \u00C2\u00BB Lettres \u00C3\u00A9difiantes & curieufes ,\ntome XV, pag* 308, 309. ft\n\u00C3\u008FOO\nTroisi\u00C3\u00A8me V o y a g \u00C3\u00A0\n1777.\nJuillet.\ndureraient cinq jours, & que chacun des principaux perSonnages de l'Ifle y affilierait.\nLa dur\u00C3\u00A9e & PuniverSalit\u00C3\u00A9 de leurs deuils, annoncent qu'ils regardent la mort comme un tr\u00C3\u00A8s-\ngrand mal : ce qu'ils Sont pour l'\u00C3\u00A9loigner , le\nprouve d'ailleurs. LorSque j'abordai Sur ces Mes,\nen 1773, je m'apper\u00C3\u00A7us qu'il manquoit aux Naturels, un des petits doigts de la main,-& Souvent tous les deux : on ne me rendit pas alors\nun compte SatisSaiSant de cette mutilation ; \u00C3\u0087a)\nmais on m'apprit cette Sois, qu'ils Se coupent les\npetits doigts, lorfqu'ils ont une maladie grave,\n& qu'ils fe croient en danger de mourir : ils fup-\npofent que la Divinit\u00C3\u00A9, touch\u00C3\u00A9e de ce facrifice\nleur rendra la fant\u00C3\u00A9. II? font l'amputation avec\nune hache de pierre. Nous en v\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 peine un\nfur dix qui ne f\u00C3\u00BBt pas mutil\u00C3\u00A9 de cette mani\u00C3\u00A8re :\nces petits doigts de moins produifent un effet\nd\u00C3\u00A9fagr\u00C3\u00A9able , fur-tout quand ils les coupent fi\npr\u00C3\u00A8s, qu'ils enl\u00C3\u00A8vent une partie de l'os de k\nmain, ce qui arrive quelquefois. \u00C3\u0087b)\n{#-) Voyez le f\u00C3\u00A9cond Voyage de Cook, tome I,\npage 222 , de l'original.\n(b) J'ajouterai ici, d'apr\u00C3\u00A8s l'autorit\u00C3\u00A9 du Capitaine\nKing, qu'il eft tr\u00C3\u00A8s-commun de voir le bas-peuple fe\ncouper une des jointures du petit doigt, lorfque les\nChefs dont ils d\u00C3\u00A9pendent font malades. DE COO K. IOI\ni En voyant avec quelle rigueur ils pratiquent\nquelques-unes de leurs c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies fun\u00C3\u00A8bres ou\nreligieufes, on efl tent\u00C3\u00A9 de croire qu'ils cherchent \u00C3\u00A0 affurer leur bonheur au-del\u00C3\u00A0 du tombeau , mais ils n'ont gu\u00C3\u00A8res en vue que des cho-\nfes purement temporelles ; car ils femblent avoir\npeu d'id\u00C3\u00A9e des ch\u00C3\u00A2timens d'une autre vie, \u00C3\u00A0 la\nfuite des fautes commifes dans ce monde. Ils pen-\nfent n\u00C3\u00A9anmoins qu'ils m\u00C3\u00A9ritent d'\u00C3\u00AAtre punis fur\nla terre, & ils n'oublient rien de ce qui peut\nm\u00C3\u00A9riter la bienveillance de leur Dieu. Ils donnent le nom de Kallafootonga \u00C3\u00A0 l'Auteur Supr\u00C3\u00AAme de la plupart des choies; ils dilent que\nc'eft une Semme ; qu'elle r\u00C3\u00A9fide au Ciel ; qu'elle\ndirige le tonnerre, les vents & la pluie, & eu\ng\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral toutes les variations du temps; ils imaginent que, lorsqu'elle efl S\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9e contre eux, les\nr\u00C3\u00A9coltes font mauvaises ; que la Soudre d\u00C3\u00A9truit\nune multitude de corps; que les hommes Sont\nen proie \u00C3\u00A0 la maladie & \u00C3\u00A0 la mort, auffi-bien\nque les cochons & les autres animaux ; & que,\nfi la col\u00C3\u00A8re de Kallafootonga diminue , tout\nrentre dans l'ordre naturel : il paro\u00C3\u00AEt qu'ils comptent beaucoup Sur l'efficacit\u00C3\u00A9 de leurs efforts pour\nPappaiSer. Ils admettent plufieurs Dieux inS\u00C3\u00A9rieurs\n\u00C3\u00A0 Kallafootonga ; ils nous parl\u00C3\u00A8rent en-particulier de Toofooa-B\u00C3\u00B4okot\u00C3\u00AAo , ou du Dieu des\nG 3\nl777-\nJuillet [.-\nil\u00C3\u00AFli!\n102- Troisi\u00C3\u00A8me V o y a g e\nnuages & de la brume, de Talleteboo, & de quel-\n1777- ques-uns qui habitent les Cieux. Celui qui oc-\njuillet, cupe le premier rang & qui a le plus d'autorit\u00C3\u00A9,\neft charg\u00C3\u00A9 du gouvernement de la mer & de\nSes produ\u00C3\u00A9tions ; ils l'appellent Futtofaihe, ou,\ncomme ils prononcent quelquefois, Footafooa ;\nils difent qu'il efl de PeSpece m\u00C3\u00A2le, & qu'il a\nune femme nomm\u00C3\u00A9e Fykaoa-Kajeea ; ils croient\nqu'il y a dans l'Oc\u00C3\u00A9an, comme au Ciel, plu-\n\nvre ; leur chevelure \u00C3\u00A9toit noire & lifl\u00C3\u00A8 ; quelques-\nuns la portoient nou\u00C3\u00A9e en touffes au fommet de\nla t\u00C3\u00AAte , & d'autres, la laiflbient flotter fur les\n\u00C3\u00A9paules ; leurs vifages nous parurent ronds &\npleins, mais^peu applatis, & leur phyfionomie\nannon\u00C3\u00A7o\u00C3\u00AFt une forte de f\u00C3\u00A9rocit\u00C3\u00A9 naturelle ; un\npagne \u00C3\u00A9troit qui enveloppoit leurs reins, & qui,\npaflant entre les cuifl\u00C3\u00A8s, voiloit les parties que\ncache la pudeur, compofoit tout leur v\u00C3\u00AAtement :\nplufieurs de ceux que nous v\u00C3\u00AEmes afl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9s fur\nla gr\u00C3\u00A8ve, avoient une efpece d'habit blanc, qui\nleur couvrait le corps en entier : nous ne remarqu\u00C3\u00A2mes d'autres parures, que des coquilles de\nperl\u00C3\u00A7s fufpendues fur la poitrine. L'un d'eux\nfojLiffla conftamment dans une grafle conque \u00C3\u00A0 laquelle \u00C3\u00A9toit fix\u00C3\u00A9 un rofeau d'environ deux pieds\nde longueur : il n'en tira d'abord qu'un feul ton,\nmais il en fit bient\u00C3\u00B4t une forte d'infiniment de\nmufique, & il r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9ta fans cefl\u00C3\u00A8 deux ou trois\nnotes qui \u00C3\u00A9toient de la m\u00C3\u00AAme force. Je ne fais\npas ce qu'annon\u00C3\u00A7oit cette conque ; mais je n'ai\njamais obferv\u00C3\u00A9 qu'elle annon\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2t la paix.\n, Les piroques me parurent avoir trente pieds .\ni4\n\u00E2\u0080\u00A2$\u00C2\u00A3. nt\n1777-\nAo\u00C3\u00BBt.\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\nde long, & deux pieds au- deflus de la furface\nde Peau. L'avant fe projettoit un peu en faillie,\n& il \u00C3\u00A9toit coup\u00C3\u00A9 par une entaillure horizontale,\nqui fembloit repr\u00C3\u00A9fenter la gueule de quelque\nanimal : l'arri\u00C3\u00A9re s'\u00C3\u00A9levoit par une courbure l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re en diminuant peu-\u00C3\u00A0-peu de largeur, jufqu'\u00C3\u00A0\nla hauteur de deux ou trois pieds, & il \u00C3\u00A9toit\nfculpt\u00C3\u00A9 par-tout, ainfi que la partie fup\u00C3\u00A9rieure\ndes c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s; le refle des c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s qui avoit une direction perpendiculaire, fe trouvoit incruft\u00C3\u00A9 de coquilles blanches & plates , difpof\u00C3\u00A9es en demi-\ncercles concentriques, la courbure tourn\u00C3\u00A9e vers\nle haut. La premiere de ces embarcations portoit\nfept hommes, & la f\u00C3\u00A9conde huit; les Infulaires\nles man\u00C5\u0093uvraient avec de petites pagaies, dont\nles pales \u00C3\u00A9toient prefque ronds ; elles avoient\nchacune un balancier d'une afl\u00C3\u00A8z grande longueur; elles marchoient quelquefois fi voifines\nl'une de l'autre, qu'elles fembloient former un\nfeul canot, muni de deux balanciers. Les rameurs fe tournoient quelquefois vers l'arri\u00C3\u00A9re,\n& ils alloient de ce bord fans revirer. Lorfqu'ils\nnous virent d\u00C3\u00A9cid\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 partir , ils fe tinrent debout, & ils prononc\u00C3\u00A8rent tous enfemble quelques paroles d'un ton tr\u00C3\u00A8s-haut; mais j'ignore\nfi cette efpece de chant indiquoit leur bienveillance ou leur inimiti\u00C3\u00A9 ; il efl s\u00C3\u00BBr toutefois, qu'ils de Cook. 137\nn'avoient point d'armes, & que nous ne d\u00C3\u00A9- ;\ncouvr\u00C3\u00AEmes pas avec nos lunettes, que les naturels qui nous regardoient du rivage , fufl\u00C3\u00A8nt\narm\u00C3\u00A9s. \ p,..\nEn m\u00C3\u00AE\u00C3\u00A9loignant 'de cette Me, dont la d\u00C3\u00A9couverte pourra procurer quelques avantages aux;\nnavigateurs, je mis le cap au Nord \u00C3\u00A0 l'aide d'un\nvent frais de PEft-quart-Sud-Efl, & le lendemain 12, \u00C3\u00A0 la pointe du jour, nous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes\nl'Ifle Maitea. O-Ta\u00C3\u00AFti feonontra bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s;\ncette derni\u00C3\u00A8re Me fe prolongeoit \u00C3\u00A0 Midi du\nSud-Ouefl-quart-Oueft , \u00C3\u00A0 POueft-Nord-Oueft,\n& la pointe d'Oheitepeha nous reftoit dans\nPOuefl \u00C3\u00A0 environ quatre lieues. Je gouvernai fur\nla baie dont je viens de parler, je voulois y mettre \u00C3\u00A0 l'ancre, afin de tirer des rafra\u00C3\u00AEchifl\u00C3\u00A8mens\nde la bande Sud-Eft de l'Ifle, avant d'aller \u00C3\u00A0\nMatavai, o\u00C3\u00B9 je comptois fur-tout embarquer\ndes vivres. Nous e\u00C3\u00BBmes un vent frais de la partie de PEft jufqu'\u00C3\u00A0 deux heures de l'apr\u00C3\u00A8s-midi ;\nnous nous trouvions, \u00C3\u00A0 cette \u00C3\u00A9poque, \u00C3\u00A0 environ\nune lieue de la baie, & le vent qui s'\u00C3\u00A9teignit\ntout-\u00C3\u00A0-coup, fut remplac\u00C3\u00A9 alternativement par de\nl\u00C3\u00A9gers fouffies de vents qui venoient de tous les\npoints du compas, & par des calmes. Cette tranquillit\u00C3\u00A9 de l'atmofphere dura pr\u00C3\u00A8s de deux heures ; des rafales fubites de PEft, accompagn\u00C3\u00A9es\n1777.\nAo\u00C3\u00BBt\u00C2\u00BB\n12. 138 T r o i s i e m e Voyage\n1 - \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0 \u00E2\u0096\u00A0 d\u00C3\u00A9 pluie , furvinrent enfuite ; elles nous por*\nl777* terent devant la Baie, o\u00C3\u00B9 une brife de terre\nAo\u00C3\u00BBt, rendit inutiles nos man\u00C5\u0093uvres pour gagner le\nmouillage. \u00E2\u0096\u00A0 \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u00A2'.\nDu moment o\u00C3\u00B9 nous approch\u00C3\u00A2mes de l'Ifle,\nplufieurs pirogues, conduites chacune par deux\nou trois hommes, prirent la route des vaifl\u00C3\u00A8aux;\nmais comme ces Infulaires \u00C3\u00A9toient des clafl\u00C3\u00A8s inf\u00C3\u00A9rieures , Oma\u00C3\u00AF ne fit point attention \u00C3\u00A0 eux. Les\nNaturels ne le regard\u00C3\u00A8rent pas avec plus d'em-\nprefl\u00C3\u00A8ment, & ils ne femblerent pas m\u00C3\u00AAme s'ap-\npercevoir qu'il f\u00C3\u00BBt un de leurs compatriotes ; ils\nlui parl\u00C3\u00A8rent n\u00C3\u00A9anmoins quelque temps. Enfin\nnous v\u00C3\u00AEmes arriver un Chef, appelle Ootee ,\nque j'avois connu autrefois ; il \u00C3\u00A9toit beau-frere\nd'Oma\u00C3\u00AF, & il fe trouvoit par hafard dans cette\npartie de rifle : trois ou quatre perfonnes, qui\ntoutes avoient connu Oma\u00C3\u00AF, avant qu'il s'embarqu\u00C3\u00A2t fur le b\u00C3\u00A2timent du Capitaine Furneaux ,\nl'accompagnoient. Leur entrevue n'eut rien de\nfenfible ou de remarquable; ils montr\u00C3\u00A8rent, au\ncontraire, une indiff\u00C3\u00A9rence parfaite, jufqu'\u00C3\u00A0 ce\nqu'Ornai ayant amen\u00C3\u00A9 fon beau-frere dans la\nWm grand'chambre , ouvrit la caifl\u00C3\u00A8 qui renfermoit\nfes plumes rouges & lui en donna quelques-unes.\nLes Naturels, qui \u00C3\u00A9toient fur le pont, apprirent\ncette grande nouvelle, & les affilies chang\u00C3\u00A8rent de Cook, 139\ntout de fuite de face ; Ootee qui vouloit \u00C3\u00A0 peine\nparler \u00C3\u00A0 Oma\u00C3\u00AF ; le fupplia de permettre qu'ils\nfufl\u00C3\u00A8nt Tayos, \u00C3\u0087a) & qu'ils changeafl\u00C3\u00A8nt de nom.\nOma\u00C3\u00AF accepta cet honneur ; & , pour t\u00C3\u00A9moigner fa reconnoifl\u00C3\u00A0nce, il fit un pr\u00C3\u00A9fent de plumes rouges \u00C3\u00A0 Ootee , qui envoya chercher \u00C3\u00A0\nterre un cochon qu'il deftinok \u00C3\u00A0 fon nouvel\nAmi. Chacun de nous fentk que ce n'\u00C3\u00A9toit pas\nOmaa, mais fes richefl\u00C3\u00A8s, qu'aimoient les Infi^\nla\u00C3\u00AEres : s'il n'e\u00C3\u00BBt point \u00C3\u00A9tal\u00C3\u00A9 devant eux fes plum\u00C3\u00A9s rouges , qui font les chofes les plus efH-\nm\u00C3\u00A9es dans l'Ifle, je cro\u00C3\u00AEs qu'ils ne lui auraient\npas m\u00C3\u00AAme donn\u00C3\u00A9 une noix de cocos. C'eft ainfi*\nque fe pafla la premiere entrevue d'Oma\u00C3\u00AF avec\nfes compatriotes; j'avoue que je m'y \u00C3\u00AAtois attendu , mais j'efp\u00C3\u00A9rois toujours qu'avec les tr\u00C3\u00A9fors\ndont la lib\u00C3\u00A9ralit\u00C3\u00A9 de fes amis dHAngleterre l'a-\nvoit charg\u00C3\u00A9 , il deviendrait un perf\u00C3\u00B4atiage import\u00C3\u00A2t; que les Chefs les plus diflingu\u00C3\u00A9s des\ndiverfes Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 le refpecteroient &\nlui feroient leur cour. Cela ferait f\u00C3\u00B9rement arriv\u00C3\u00A9, s'il avoit mis quelque prudence dans fe conduite ; mais il fut loin de m\u00C3\u00A9riter cet \u00C3\u00A9loge ; je\nfuis.- f\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9 de dire qu'il fit trop peu d'attention\naux avis multipli\u00C3\u00A9s de ceux qui lui voulo\u00C3\u00AFent du\n177J'\nAo\u00C3\u00BBt,\n(<*) Amis. i4o Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nj; bien, & qu'il fe laifl\u00C3\u00A0 duper par tous les frip-\nl777- pons du pays.\nAo\u00C3\u00BBt. Les Naturels avec lefquels nous caus\u00C3\u00A2mes,\ndurant cette journ\u00C3\u00A9e, nous apprirent que deux\nvaifl\u00C3\u00A8aux avoient rel\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9, \u00C3\u00A0 deux reprifes diff\u00C3\u00A9rentes, dans la baie d'Oheitepeha, depuis mon\nd\u00C3\u00A9part en 1774; & qu'ils en avoient re\u00C3\u00A7u des\nanimaux pareils \u00C3\u00A0 ceux qui fe trouvoient fur\nmon bord. Des recherches ult\u00C3\u00A9rieures me firent\nconno\u00C3\u00AEtre que ces b\u00C3\u00A2timens \u00C3\u00A9trangers leur avoient\nlaifle des cochons, des chiens, des ch\u00C3\u00A8vres, un\ntaureau , & le m\u00C3\u00A2le d'un autre quadrup\u00C3\u00A8de ,\ndont nous ne p\u00C3\u00BBmes deviner l'efpece, fur la description imparfaite qtfon nous en donna. Ils nous\ndirent que ces vaifl\u00C3\u00A8aux \u00C3\u00A9toient venus d'un port\nappelle Reema; nous conjectur\u00C3\u00A2mes qu'il s'a-\ngiflbit de Lima , Capitale du P\u00C3\u00A9rou, & que\nles b\u00C3\u00A2timens \u00C3\u00A9toient Efpagnols. On nous informa\nauffi , que les \u00C3\u00A9trangers avoient conftruit une\nmaifon, durant leur premiere rel\u00C3\u00A2che, & qu'ils\navoient laiff\u00C3\u00A9 dans l'Ifle quatre hommes ; favoir,\ndeux Pr\u00C3\u00AAtres, un Domeftique, & une quatri\u00C3\u00A8me\nperfonne, appellee Mateema, qui fut fouvent\nl'objet de la converfation ; qu'ils avoient emmen\u00C3\u00A9 quatre des Naturels ; que les deux b\u00C3\u00A2ti-,\nmens \u00C3\u00A9toient revenus environ dix mois apr\u00C3\u00A8s;\nqu'ils avoient ramen\u00C3\u00A9 deux des O-Ta\u00C3\u00AFtiens, les D E C O O K. 141\ndeux autres \u00C3\u00A9toient morts \u00C3\u00A0 Lima; qu'au bout :\nd'un f\u00C3\u00A9jour de peu de dur\u00C3\u00A9e, ils embarqu\u00C3\u00A8rent\nleurs compatriotes; mais que la maifon b\u00C3\u00A2tie par\neux fubfiftoit encore.\nI Les amis d'Oma\u00C3\u00AF publi\u00C3\u00A8rent dans l'Ifle qu'il y\navoit des plumes rouges \u00C3\u00A0 bord de nos vaifl\u00C3\u00A8aux:,\n& cette importante nouvelle excita les defirs de\ntout le monde : le lendemain, d\u00C3\u00A8s le point du\njour', nous f\u00C3\u00BBmes environn\u00C3\u00A9s d'une multitude de\npirogues, remplies d'Infulaires, qui apportaient\nau march\u00C3\u00A9 des cochons & des fruits. Une quantit\u00C3\u00A9 de plumes auffi peu confid\u00C3\u00A9rable, que celle\nqu'on tire d'une m\u00C3\u00A9lange, nous procura d'abord\nun cochon du poids de quarante ou cinquante\nlivres; mais prefque tous les hommes des vaif-\nSeaux, ayant en propre, une pacotille quelconque de cette marchandise pr\u00C3\u00A9cieuSe, Sa valeur\ndiminua de cent pour cent avant la nuit. Apr\u00C3\u00A8s\nCette diminution de prix, les \u00C3\u00A9changes conti-\nnuoient n\u00C3\u00A9anmoins \u00C3\u00A0 nous \u00C3\u00AAtre Sort avantageux,\n& les plumes rouges l'emport\u00C3\u00A8rent toujours Sur\nchacun des autres articles. Quelques-uns des Naturels ne vouloient \u00C3\u00A9changer un cochon que contre une hache ; mais les clous, les grains de\nverre, & les bagatelles de cette eSpece, qui\navoient une fi grande vogue, dans nos voyages\nant\u00C3\u00A9rieurs, \u00C3\u00A9toient alors fi m\u00C3\u00A9priS\u00C3\u00A9s, qu'ils am-\n1777.\nAo\u00C3\u00BBr.\nT 1 I4& J r o i s i e m e Voyage\nrrm^mmlr raient \u00C3\u00A0 peine les regards d'un petit nombre de\nl777* perSonnes.\nAo\u00C3\u00BBt. H y eut peu de vent durant toute la matin\u00C3\u00A9e,\n& nous ne mouill\u00C3\u00A2mes qu'\u00C3\u00A0 neuS heures dans la\nbaie, o\u00C3\u00B9 nous amarr\u00C3\u00A2mes avec ctettX ancres. La\nS\u00C5\u0093ur d'Oma\u00C3\u00AF arriva \u00C3\u00A0 bord pfu de temps apr\u00C3\u00A8s*\nJe vis, avec un extr\u00C3\u00AA\u00C3\u00AFpg plaifir, qu'ils Se donn\u00C3\u00A8rent l'un & Pautre, des marques de la plus tendre affection; il efl plus aif\u00C3\u00A9 de concevoir, que?\nde d\u00C3\u00A9crire leur bonheur.\nLorSque cette Scene attendriflante Sut termin\u00C3\u00A9e , je defcendis \u00C3\u00A0 terre avec Oma\u00C3\u00AF. Je vou\u00C3\u00AFopsi\nfur-tout, faire une vifite \u00C3\u00A0 un homme, que mon\nami me peignoit comme un perSonnage bien extraordinaire ; car, \u00C3\u00A0 l'en croire, c'\u00C3\u00A9toit le Dieu\nde Bolabola. Nous le trouv\u00C3\u00A2mes affis Sous un\nde ces abris qu'offrent ordinairement leurs plus\ngrandes pirogues. Il \u00C3\u00A9toit avanc\u00C3\u00A9 en \u00C3\u00A2ge, il avoit\nperdu PuSage de Ses membres, & on le portoit\nSur une civi\u00C3\u00A8re. Quelques Infulaires Pappelloient\nOlla ou Orra, nom du Dieu de Bolabola;\nmais Son v\u00C3\u00A9ritable nom \u00C3\u00A9toit Etary. D'apr\u00C3\u00A8s ce\nqu'on m'en avoit dit, je comptois que le peuple\nlui prodiguerait une Sorte d'adoration religieuSe ;\nmais, except\u00C3\u00A9 de jeunes bananiers, plac\u00C3\u00A9s devant\nlui, & par-deflus l'abri fous lequel il \u00C3\u00A9toit, je\nn'apper\u00C3\u00A7us rien qui le diftingu\u00C3\u00A2t des autres CheSs. DE C O O K. 143 :||||\nOma\u00C3\u00AF lui pr\u00C3\u00A9fenta une touffe de plumes rouges, -\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u0094\u00E2\u0080\u0094\u00E2\u0096\u00A0\nli\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 d'un petit b\u00C3\u00A2ton; &, lorfqu'il 1777\u00C2\u00BB\neut cauf\u00C3\u00A9 quelques momens, fur des chofes in- Ao\u00C3\u00BBt.\ndiff\u00C3\u00A9rentes avec ce pr\u00C3\u00A9tendu Dieu de Bolabola,\nil remarqua une vieille femme, la f\u00C5\u0093ur de fa\nmere, qui fe pr\u00C3\u00A9cipita \u00C3\u00A0 fes pieds, & qui les\narrofa de larmes de joie.\nJe le l\u00C3\u00A0ifl\u00C3\u00A0i, avec fa tante, au milieu d'un\ncercle nombreux d'Infulaires, qui s'\u00C3\u00A9toient raf-\nfembl\u00C3\u00A9s autour de lui, & j'allai examiner la\nmaifon qu'on m'afluroit avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 b\u00C3\u00A2tie par les\nEfpagnols. Je la trouvai \u00C3\u00A0 peu de diflance de la\ngr\u00C3\u00A8ve : les bois qui la compofoient, me parurent avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 amen\u00C3\u00A9s dans l'Ifle tout pr\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9s ;\ncar dmun d'eux ^ortoit un num\u00C3\u00A9ro. Elle \u00C3\u00A9toit\nliisif\u00C3\u00A9e en deux petites chambres : je remarquai,\ndans la f\u00C3\u00A9conde, un bois de lit, une table, un\nbanc, de vieux Ghapeaux, & d'autres bagatelles,\nque les Naturels fembloient conferver foigneufe- |\nment : ils,ne prenoient pas moins de foin de h\nmaifon, qui \u00C3\u00A9to&ffler\u00C3\u00A8tue d'un hangar, * & qui\nn'avoit point \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 '\u00C3\u00AAftdommag\u00C3\u00A9e par le temps. Le\npourto\u00C5\u0093 \u00C3\u00A9toit rempli d'\u00C3\u00A9coutilles, qui laiffbient\nun pafl\u00C3\u00A0ge \u00C3\u00A0 \u00C3\u008BlSr; peut-\u00C3\u00AAtre \u00C3\u00A9toient-ce des meurtri\u00C3\u00A8res , par o\u00C3\u00B9 les Efpagnols vouioient tirer des\ncoups de f\u00C3\u00B9fils, fi j$ftiais on les attaquoit. Il y\navoit, afl\u00C3\u00A8z pr\u00C3\u00A8l de la fa\u00C3\u00A7ade, une croix de 144 Troisi\u00C3\u00A8me V o y a\g e\nm m\"' bois, dont la branche tranfverfale pr\u00C3\u00A9fentoit Pinf-\n1777. cription fuivante :\nAo\u00C3\u00BBt. ~ _ ' \u00E2\u0096\u00A0 \u00E2\u0080\u009E.\nCHRISTUS VINCIT.\nJe lus fur la branche verticale :\nCarol us III. Im p e rat or. 1774*\nAfin de conferver la m\u00C3\u00A9moire des voyages ant\u00C3\u00A9rieurs faits par les Anglois, je gravai fur l'autre\nc\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de la croix :\nGeorgius t e rt i u s , Rex,\nA N N I S I767 ,\nI769, I773, I774 ET I777. \u00E2\u0096\u00A0\nLes Naturels nous montr\u00C3\u00A8rent, aux environs\nde la croix, le tombeau du Commandant des\ndeux vaifl\u00C3\u00A8aux, qui mourut durant la premiere rel\u00C3\u00A2che : ils Pappelloient Oreede. Quels que puif-\nfent \u00C3\u00AAtre les motifs des Efpagnols en abordano\nfur cette Me , ils me paroiflent s'\u00C3\u00AAtre donn\u00C3\u00A9\nbeaucoup de foins pour fe rendre agr\u00C3\u00A9ables aux\nhabitans, qui nous en parl\u00C3\u00A8rent dans toutes les\noccafions, avec une eftime & un refpe\u00C3\u00A9t eaptt\u00C3\u00AAmes.\nExcept\u00C3\u00A9 le perfonnage extraordinaire, dont\nj'ai fait mention, je ne rencontrai point de Chef\nd'importance durant ma promenade. Waheiadooa,\nSouverain de Tiaraboo, nom que porte cette\npartie de Cook. 14g\npartie de PIfle, \u00C3\u00A9toit abfent. Je Reconnus enfuite j\nqu'il ^UVoit l\u00C3\u00A9 m\u00C3\u00AAme nom que le Chef que j'y vis\ndans mon f\u00C3\u00A9cond Voyage; que ce n'\u00C3\u00A9toit cependant'pais le m\u00C3\u00AAme homme, r&\u00C3\u00A2i&l&h fr\u00C3\u00A8re , \u00C3\u00A2g\u00C3\u00A9\nd'environ dix ans, lequel \u00C3\u00A9toit mont\u00C3\u00A9 fur le\n| tr\u00C3\u00B4ne vingt mois avant notre arriv\u00C3\u00A9e, apr\u00C3\u00A8s la\nmort de fon aine. Nous appr\u00C3\u00AEmes auffi que k\ni9ebr\u00C3\u00AB Oberea ne vivoit plus, & qu'Otoo &\ntous nos autres Amis fe portoient bie\u00C3\u00A0i '\nA mon retour, je trouvai Oma\u00C3\u00AF, entretenant\nune compagnie nombreufe, & j'eus bien de la\npein\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 l'emmener \u00C3\u00A0 bord, o\u00C3\u00B9 j'avois*une affaire\n: Bgj^ortante \u00C3\u00A0 r\u00C3\u00A9gler.\nJe favois qu'O-Ta\u00C3\u00AFti, & les Mes voifines,\nnous fourniraient, en abondance, des noix de\ncocos, dont l'excellente-^queur peut tenir lieu\nde toutes les boiflbns artificielles \u00E2\u0096\u00A0-'-; ;\u00C3\u00ABt je defirois\nbeaucoup retrancher le grog de l'\u00C3\u00A9quipage, du-\nimt notre S\u00C3\u00A9jour ici. Mais, en Suppritent cette\nboiflbn Savorite des matelots, Sans leur en parler,\nje |K*otoB exciter un murmure g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral;; & je\nttus qu'il \u00C3\u00A9t\u00C3\u00B4it \u00C3\u00A0 propos de les afl\u00C3\u00A8mbler. Je les\nQ\u00C3\u008Ff\u00C3\u00A8mblai en effet, & je leur expoSai le but de\nnotre voyage, & l'\u00C3\u00A9tendue des op\u00C3\u00A9rations que\nnous avions encore \u00C3\u00A0 S\u00C3\u00A2ire. Voulant leur inSpirer\ndu courage & de la gaiet\u00C3\u00A9, je leur rappellai\nles r\u00C3\u00A9compenses offertes par l\u00C3\u00A9 Parlement, aux\nTome IL K\n*777>\nAo\u00C3\u00BBt, \u00C3\u00AF 46 T R O I S I E M E V O Y AGE\n\"\"mi ii-\"1'1\" Sujets de Sj^Majeft\u00C3\u00A9, qui d\u00C3\u00A9couvriront,^ pre-\n1777\u00E2\u0080\u00A2 miers, dans Ph\u00C3\u00A9miSphere Septentrional, de quel-\nAo\u00C3\u00BBt, que c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 que ce Soit, igge communication entre\nl'Oc\u00C3\u00A9an Atlantique & la Mm, Pacifique, ou \u00C3\u00A0\nceux qui p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9treront au-del\u00C3\u00A0 du quatre-vingt-\nneuvi\u00C3\u00A8me degr\u00C3\u00A9 de latitude Nord. Je leur-^|fj\nque je ne doutois pas de leur bonne volont\u00C3\u00A9,\nqu'ijtef feraient^ S\u00C3\u00BBrement jtpus leurs efforts p^$^\nm\u00C3\u00A9riter l'une de ces r\u00C3\u00A9compenses , & m\u00C3\u00AAme\ntoutf^les deux; mais que, pour avoir plus de\nmoyens de r\u00C3\u00A9uffir, il Salloit m\u00C3\u00A9nager, avec une\n\u00C3\u00A9conomie extr\u00C3\u00AAme, nos munitions.& nos vivres,\n& principalement les derniers ; p\u00C3\u00B9iSque, Selon\nles apparences, nous ne pourrions pas en embarquer de nouveaux, apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part, des\nIfles de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, Pour donner encore plus de\npoids \u00C3\u00A0 mes argumens, je leur obServai qu'il\n\u00C3\u00A9toit impoffible de gagner ,. cef|f ann\u00C3\u00A9e , les\nhautesJagfudes Septentrionales, & que not^gggg\np\u00C3\u00A9dition exc\u00C3\u00A9derait, au moins d'une ann\u00C3\u00A9e, la\ndur\u00C3\u00A9e Sur laquelle nous avions compt\u00C3\u00A9 d'abord.\nJe les priai de Songer aux obfta\u00C3\u00A7lf^ & aux diflLlg\ncult^que nous rencontrerions in\u00C3\u00A9vitablement,\n& \u00C3\u00A0 tout ce qu'ils auroient \u00C3\u00A0 Souffrir d'ailleurs,\ns'il devenokjjj\u00C3\u00A9\u00C3\u00A7efl\u00C3\u00A0ire de diminuer leurs rations,\nfous un cjinat froid. Je les exhortai \u00C3\u00A0 peSer ces\nSolides \u00C3\u00A7aiSo\u00C3\u00B9f^ \u00C3\u00A0 voir s'^ne valoir- pas mieux de Cook. 147 *&*.\"\n\u00C3\u00AAtre prudent de bonne heure , que courir les rr==\nriSques de n'avoir point de liqueurs Sortes, dans 1777.\nun temps o\u00C3\u00B9 elles leur Seraient le plus utiles; Ao\u00C3\u00BBt,\ns'ils ne d\u00C3\u00A9voient pas confentir qu'on retrp$ch\u00C3\u00A2t\nleur grog, maintenant que nous avions du jus de\ncocos pour le remplacer ; j'ajoutai qu'apr\u00C3\u00A8s tout,\nje les laiflbis les ma\u00C3\u00AEtres de prononcer Sur ce\npoint.\nJ'eus la Satisfaction de voir qu'ils ne d\u00C3\u00A9lib\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A8rent pas un moment; ils approuv\u00C3\u00A8rent mon\nprojet d'une voix unanime & fans faire aucune\nobjection. J'ordonnai au Capitaine Gierke de pro*\npofer la m\u00C3\u00AAme chofe \u00C3\u00A0 fon \u00C3\u00A9quipage, qui s'iru-\npofa d'auffi bon c\u00C5\u0093ur la m\u00C3\u00AAmef abftinence* On\nne fervit donc plus de grog, except\u00C3\u00A9 les Samedis au foir; nous en donnions ces jours-l\u00C3\u00A0\nune ration enti\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 nos gens, afin qu'ils puflent\nboir\u00C3\u00A7 \u00C3\u00A0 la fant\u00C3\u00A9 de leurs amies d'An\u00C3\u00AAfe terre,\n& qrje les jolies filles d'O-Ta\u00C3\u00AFti ne leur fifl\u00C3\u00A8nt\npas oublier tout-\u00C3\u00A0-fait leurs anciennes liaifons.\nLe lendemain, nous commen\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2mes quelques 14.\ntravaux indifpenfables; on examina les provifions,\non \u00C3\u00B4ta les tonneaux de b\u00C5\u0093uf ou de porc, & le\ncharbon, du lieu qu'ils occupoient, & on mit\ndu left en leur place ; on calfata les vaifl\u00C3\u00A8aux\nqui en avoient grand befoin; car notre \u00E2\u0080\u00A2 derniers\u00E2\u0096\u00A0 w\ntraverf\u00C3\u00A9e avoit produit beaucoup de voies d'eau,\nK % 1777 '\nAo\u00C3\u00BBt.\n\u00C3\u00AFv 16.\n17,\n148 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nJ'envoyai \u00C3\u00A0 terre le taureau, les vaches, les chevaux & les moutons, & je chargeai deux hommes de les furveiller au milieu des p\u00C3\u00A2turages. Je\nne voulois laif\u00C3\u00AEer aucun de nos quadrup\u00C3\u00A8des,\ndans cette partie de l'Ifle.\nLa pluie futprefque continuelle le 15 & le W\u00C3\u008A\nLes Infulaires, n\u00C3\u00A9anmoins, vinrent nous voir de\ntous les cantons, car la nouvelle de notre arriv\u00C3\u00A9e fe r\u00C3\u00A9pandit promptement. Waheiadoo\u00C3\u00A0* qui\nfe trouvoit tr\u00C3\u00A8s-\u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9 du lieu de notre mouffil\nlage, la fut bient\u00C3\u00B4t; & l'apr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00AEner du 16, un\nChef appelle Etorea, qui lui fervoit d\u00C3\u00A9 tuteur,\nm'apporta deux cochons de fa part : il m%vertit\nque le Prince lui-m\u00C3\u00AAme arriverait le lendemain.\nIl ne me trompa point, car le '17 au matin, je\nre\u00C3\u00A7us un meflage d\u00C3\u00A9 Waheiadooa qui m'inflrui-\nfoit de fon arriv\u00C3\u00A9e, & qui me prioit de defc\u00C3\u00A9SPl\ndre \u00C3\u00A0 terre. Nous nous pr\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A2mes Oma\u00C3\u00AF & m\u00C3\u00ABifi\n\u00C3\u00A0 lui faire une vifite dans toutes les formes. Oma\u00C3\u00AF P\naid\u00C3\u00A9 de q\u00C3\u00AEfelques-uns de fes amis, s'habilla, rr\u00C3\u00AA^i\n\u00C3\u00A0 la mani\u00C3\u00A8re Angloife , ni \u00C3\u00A0 celle d'O-Ta\u00C3\u00AFti ou\nde Tongataboo , ni m\u00C3\u00AAme \u00C3\u00A0 celle d'aue\u00C3\u00B9\u00C3\u00AFPf^\ndu monde ; car il fe compofa un v\u00C3\u00AAtement SP|\nzarre de tout ce qu'il avoit d'habits.\n\u00C2\u00BBd$jfeus' all\u00C3\u00A2mes voir d'abord Etary , qui nous\nicc^nlpagna fur fa civi\u00C3\u00A8re, dans une grande maifon o\u00C3\u00B9 on Paffit ; n^S nous afs\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de de Cook. 149\nlui , & je fis \u00C3\u00A9tendre devant nous une piece\nd'\u00C3\u00A9toffe de Tongataboo, Sur laquelle je mis les\npr\u00C3\u00A9Sens que j'apportois. Waheiadooa entra bient\u00C3\u00B4t, Suivi de Sa mere, & de plufieurs grands personnages , qui Se plac\u00C3\u00A8rent tous \u00C3\u00A0 l'autre extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 de l'\u00C3\u00A9toffe, en Sace de nous. Un homme\naffis pr\u00C3\u00A8s de moi, pronon\u00C3\u00A7a un diScours com-\npoS\u00C3\u00A9 de phraSes courtes & d\u00C3\u00A9tach\u00C3\u00A9es ; ceux qui\nPenvironnoient, lui en Souffl\u00C3\u00A8rent une partie. Un\nautre InSulaire, qui \u00C3\u00A9toit de la bande oppoS\u00C3\u00A9e i\n& qui Se trouvoit pr\u00C3\u00A8s du Chef, lui r\u00C3\u00A9pondit.\nEtary parla enfuite, & Oma\u00C3\u00AF apr\u00C3\u00A8s lui : un Orateur r\u00C3\u00A9pondit \u00C3\u00A0 tous deux : ces difcours roul\u00C3\u00A8rent uniquement fur mon arriv\u00C3\u00A9e , & fur mes\nliaifons avec les Naturels. L'Infulaire, qui harangua le dernier, me dit entr'autres chofes, que\nles hommes de Reema , c'eft-\u00C3\u00A0-dire , les Espagnols , avoient recommand\u00C3\u00A9 de ne pas me laif-\nfer entrer dans la baie d'Oheitepeha , fi j'abor-\ndois de nouveau fur cette Me qui leur apparte-\nnoit ; que, loin de foufcrire \u00C3\u00A0 cette requ\u00C3\u00AAte, il\n\u00C3\u00A9toit autorif\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 me c\u00C3\u00A9der formellement la Province de Tiaraboo, & tout ce qu'elle renferme:\nd'o\u00C3\u00B9 il r\u00C3\u00A9fulte que ces peuplades ont une forte\nde politique, & qu'ils favent s'accommoder aux\ncirconftances. Enfin Waheiadooa vint m'embraf-\nfer , \u00C3\u00A0 l'inftigation des gens\nSa Suite,\nK 3\n&\nAo\u00C3\u00BBt. msm\n1777.\nAo\u00C3\u00BBt.\n150 T r o 1 si e me Voyage\npour confirmer ce trait\u00C3\u00A9 d'amiti\u00C3\u00A9 , nous \u00C3\u00A9change\u00C3\u00A2mes nos noms. LorSque la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie Sut\ntermin\u00C3\u00A9e, je l'emmenai d\u00C3\u00AEner \u00C3\u00A0 bord, ainfi que\nSes. Amis. \: v a^aW,\nOma\u00C3\u00AF avoit pr\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9 un Maro compoS\u00C3\u00A9 de\nplumes rouges & jaunes, qu'il vouloit donner \u00C3\u00A0\nO-Too, Roi de l'Ifle enti\u00C3\u00A8re ; &, vu le pays o\u00C3\u00B9\nnous nous trouvions, c'\u00C3\u00A9toit un pr\u00C3\u00A9Sent d'une\ntr\u00C3\u00A8s-grande valeur. Je lui dis tout ce que je pus,\npour l'emp\u00C3\u00AAcher de montrer alors Son Maro ; je\nlui conseillai de le garder \u00C3\u00A0 bord, jufqu'\u00C3\u00A0 ce qu'il\neut une oceafion de le pr\u00C3\u00A9senter lui-m\u00C3\u00AAme au\nMonarque. Mais il avoit trop bonne opinion de\nl'honn\u00C3\u00AAtet\u00C3\u00A9 & de la fid\u00C3\u00A9lit\u00C3\u00A9 de Ses compatriotes,\npour profiter de mon confeil. Il imagina de l'apporter \u00C3\u00A0 terre, & d\u00C3\u00A9 le remettre \u00C3\u00A0 Waheiadooa,\nen chargeant celui-ci de l'envoyer \u00C3\u00A0 O-Too, &\nde le prier d'ajouter ces plumes au Maro royal.\nIl crut que cet arrangement Serait agr\u00C3\u00A9able aux\ndeux CheSs : il Se trompoit beaucoup ; l'un d'eux,\ndont il d\u00C3\u00A9voit Rechercher la faveur avec le plus\ngrand foin* fut tr\u00C3\u00A8s-blefle, & il ne Se fit pas un\nami de l'autre. Ce que j'avois pr\u00C3\u00A9vu arriva : Waheiadooa garda le Maro , il n'envoya \u00C3\u00A0 O-Too\nqu'un petit nombre de plumes, &'il Se r\u00C3\u00A9Serva\nplus des dix-neuf vingti\u00C3\u00A8mes de ce magnifique\npr\u00C3\u00A9fent. : 16f^\u00C3\u00AFl|P W^&^% ' P D E C O 0 K. . \u00C3\u008E$T\nLe 19, Waheiadooa me donna dix ou douze,\ncochons, des Sruits & des \u00C3\u00A9toffes. Nous tir\u00C3\u00A2mes\nle Soir des Seux d'artifice, qui \u00C3\u00A9tonn\u00C3\u00A8rent & amu-\n^fent une aflembl\u00C3\u00A9e nombreufe*\nLe m\u00C3\u00AAme jour, quelques-uns de nosMeffieurs\ntrouv\u00C3\u00A8rent, dans leurs promenades, un \u00C3\u00A9difice,\nauquel ils donnoient le nom de Chapelle Catholique. Il ne Sembloit pas qu'on p\u00C3\u00BBt en douter,\nd'apr\u00C3\u00A8s ce qu'ils diSoient; car ils d\u00C3\u00A9crivoient Pau-\ntel , & tout ce qu'on voit dans un Temple de\ncette eSpece. Ils obServoient n\u00C3\u00A9anmoins que deux\nhommes charg\u00C3\u00A9s de la garde du Temple, ne\nvoulurent pas leur permettre d'y entrer ; je pen-\nfai qu'ils pouvoient s'\u00C3\u00AAtre m\u00C3\u00A9pris, & j'eus la cu-\nriofit\u00C3\u00A9 de m'aflurer de ce fait par moi-m\u00C3\u00AAme.\nL'\u00C3\u00A9difice , qu'ils prenoient pour une Chapelle\nCatholique, \u00C3\u00A9toit un Toopapaoo, o\u00C3\u00B9 l'on tenoit\nfolemnellement expof\u00C3\u00A9 le corps du pr\u00C3\u00A9d\u00C3\u00A9cefl\u00C3\u00A8ur\nde Waheiadooa. Le Toopapaoo fe trouvoit dans\nune maifon afl\u00C3\u00A8z \u00C3\u00A9tendue qu'environnoit une pa-\n\u00C3\u00AEifl\u00C3\u00A0de peu \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9e ; il \u00C3\u00A9toit d'une propret\u00C3\u00A9 extraordinaire , & il refl\u00C3\u00A8mbloit \u00C3\u00A0 un de ces petits\npavillons ou abris, que portent les grandes pirogues du pays. Peut-\u00C3\u00AAtre avoit-il \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 originairement employ\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 cet ufage. Les \u00C3\u00A9toffes & les\nnattes de diff\u00C3\u00A9rentes couleurs, qui le couvraient\n& qui flottoient fur les.bords , produifoient un\nK 4\n1777.\nAo\u00C3\u00BBt.\n19. ill\nt52\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\nIIP\n\u00C2\u00BBCKS<5KSfi?\u00C2\u00BBSefi*\u00C2\u00BBWt\njoli effet : on y voyoit, entr'autres qmemen% ;Un\n1777. morceau de drap \u00C3\u00A9carlate , de quatre ou cinq\nAo\u00C3\u00BBt\u00C2\u00BB verges de longueur, que les Infulaires avoient\nS\u00C3\u00BBrement re\u00C3\u00A7u des Efpagnols. Ce drap, & quel-\nI ques glands de plumes que nos Meffieurs fuppo-\nferent de foie, leur donn\u00C3\u00A8rent l'id\u00C3\u00A9e d'une Chapelle Catholique ; leur imagination fuppl\u00C3\u00A9a \u00C3\u00A0 ce\nqui manquoit d'ailleurs ; & , s'ils n'avoient pas\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 inftrtfits auparavant du f\u00C3\u00A9jour des Efpagnols,\nils n'auraient jamais fait une pareille m\u00C3\u00A9prife. Je\njugeai que les Naturels apportoient chaque jour\n\u00C3\u00A0 ce fan\u00C3\u00A9tuaire, des offrandes de fruits & de ra-r\ncines; car il y avoit des fruits & des racines\ntout frais. Ils les d\u00C3\u00A9pofoient fur un Whatta\n(un Autel) plac\u00C3\u00A9 en dehors de quelques palifl\u00C3\u00A0-\ndes, qu'il n'eft pas permis de franchir. Deux gardes veilloient nuit & jour fur le Temple; ils d\u00C3\u00A9voient de plus le parer dans l'occafion:en effet?\nlorfque j'allai l'examiner une premiere fois , P\u00C3\u00A9-\ntoff\u00C3\u00A9 & les draperies \u00C3\u00A9toient roul\u00C3\u00A9s; mais, \u00C3\u00A0 ma\npri\u00C3\u00A8re, ils le rev\u00C3\u00AAtirent de fes ornemens, apr\u00C3\u00A8s\navoir pris eux-m\u00C3\u00AAmes des robes blanches tr\u00C3\u00A8s-\npropres. Ils me dirent qu'on comptoit vingt mois\ndepuis la mort du Chef,\n%% Le 22 , nous avions embarqu\u00C3\u00A9 de l'eau , &\nachev\u00C3\u00A9 ceux de nos travaux que je crus indifpemii.\nJ$>\u00C3\u00AEes ; je fis ramener \u00C3\u00A0 bord le b\u00C3\u00A9tail $c les Ao\u00C3\u00BBt.\n~.v\nDE C O O K. 153\nmoutons que j'avois envoy\u00C3\u00A9s dans les p\u00C3\u00A2turages .\u00E2\u0096\u00A0'\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u00A2\u00E2\u0096\u00A0.\ndu pays, & je me difpofai \u00C3\u00A0 remettre en mer. 1777*\nLe 23 , au matin , tandis que les vaifl\u00C3\u00A8aux\nd\u00C3\u00A9marraient, je defcendis \u00C3\u00A0 terre avec Oma\u00C3\u00AF,\nafin de prendre cong\u00C3\u00A9 de Waheiadooa. Nous\ncaufions avec lui, lorfque l'un de ces enthou-\nfiaftes fanatiques , qu'ils appellent Eatooas ,\nparce qu'ils les croient remplis de l'efprit de la\nDivinit\u00C3\u00A9, vint fe placer devant nous. Ses paroles , fa d\u00C3\u00A9marche & fon maintien annon\u00C3\u00A7oient\nun fou; une quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9rable de feuilles de\nbananiers enveloppoient fes reins , & compo-\nfoient tout fon v\u00C3\u00AAtement ; il parloit \u00C3\u00A0 voix bafle,\n& d'un ton fi criard, qu'il \u00C3\u00A9toit difficile de l'entendre, du moins pour moi. Si j'en crois Oma\u00C3\u00AF,\nqui difoit le comprendre parfaitement, il con-\nfeilloit au jeune Prince de ne pas me fuivre \u00C3\u00A0\nMatavai, projet de voyage dont je n'avois\npoint \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 inflruit, ou que je ne lui avois jamais propof\u00C3\u00A9. UEatooa pr\u00C3\u00A9dit de plus que les\nvaif\u00C3\u00AFeaux n'atteindraient pas Matavai ce jour-\nl\u00C3\u00A0 : les apparences favorifoient fa pr\u00C3\u00A9diction, car\nil n'y avoit pas un fouffle de vent ; mais il fe\ntrompa. Pendant qu'il p\u00C3\u00A9rorait, il furvint une\nond\u00C3\u00A9e de pluie tr\u00C3\u00A8s-forte , qui obligea tout le\nmonde \u00C3\u00A0 chercher un afyle; quant \u00C3\u00A0 Jjjt., l'orage\nfle^toit.point l'aff\u00C3\u00A7\u00C3\u00A9ter; il continua*\u00C3\u00A0 brailler 154 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n^^Sir de nous, l'efpace d'environ uneS^em\u00C3\u00AE-\nheure, & il fe retira. Perfonne ne fit attention \u00C3\u00A0\nfes propos ; & les gens du pays fe moqu\u00C3\u00A8rent\nbeaucoup de fes extravagances. Je dem\u00C3\u00A2\u00C3\u0089dai \u00C3\u00A0\nWaheiadooa, ce que c'\u00C3\u00A9to\u00C3\u00AFt qu'un pareil original, s'il \u00C3\u00A9toit de la clafl\u00C3\u00A8 des Ear ces ou de celle\ndes Tow tow s : le Chef me r\u00C3\u00A9pondit qu'il \u00C3\u00A9toit\nTaata-Eno, c'eft-\u00C3\u00A0-dire , un m\u00C3\u00A9chant homt$|l\nMalgr\u00C3\u00A9 la mauvaife opinion qu'on avoitf^\u00C3\u00A9 ce\nProph\u00C3\u00A8te, malgr\u00C3\u00A9 le d\u00C3\u00A9dain qu'on lui t\u00C3\u00A9moignoit,\nla fuperflition ma\u00C3\u00AEtrife les Infulaires, au peint de\nles rendre intimement convaincus, que les infen-\nf\u00C3\u00A9s de cette efpece pofl\u00C3\u00A8dent Pefprit de la Divinit\u00C3\u00A9. Oma\u00C3\u00AF paroiffbit bien inftruit fur cette mati\u00C3\u00A8re, il m'afl\u00C3\u00B9ra que, durant leurs acc\u00C3\u00A8s, ils ne\nconnoifl\u00C3\u00A8nt perfonne , pas m\u00C3\u00AAme leurs intimes\namis ; que s'ils ont des richefl\u00C3\u00A8s , ils les diftri-\nbuent au public, \u00C3\u00A0 moins qu'on n'ait foin de leur\nen \u00C3\u00B4ter les moyens ; que lorfqu'ils reprennent\nleurs fens , ils demandent ce que font devenues\nles chofes, dont ils ont fait des largefl\u00C3\u00A8s, peu\nde minutes auparavant ; qu'ils ne femblent pas\nconferver le moindre fouvenir de ce qui s'eft paff\u00C3\u00A9\npendant leur acc\u00C3\u00A8s. M^PH^^1 \u00C3\u00AE-^\u00C3\u008A\u00C3\u0088k\nJe fus \u00C3\u00A0 peine de retour , qu'il s'\u00C3\u00A9leva une\nbrife l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re de PEft; nous m\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 la voile,\n& nous, ^gouvern\u00C3\u00A2mes fi^^te baie de Mata- $\u00C2\u00A7Bf j \u00C2\u00A9 E C O 0 K. I55\nvai , \u00C3\u0087a) o\u00C3\u00B9 la R\u00C3\u00AAfolution mouilla dans la\nfoir\u00C3\u00A9e. La D\u00C3\u00A9couverte n'y arriva que le lendemain , enforte que la moiti\u00C3\u00A9 de la prediction\ndu fou s'accomplit.\n*777-\nAo\u00C3\u00BBt.\n(a) Voyez le plan de cette Baie, dans la Collec-\n\u00C2\u00AB*jon de Hawkefv/orth> tome II, page 248 de l'original. 156 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage,\nCHAPITRE II.\nEntrevue avec O-Too, Roi *fO-Ta\u00C3\u00AFti. Con~\nduite imprudente d'Oma\u00C3\u00AF. Nos occupations \u00C3\u00A0 terre. D\u00C3\u00A9barquement de nos quadrup\u00C3\u00A8des ^'Europe. D\u00C3\u00A9tails fur un des Naturels qui avoit fait le voyage de Lima.\nD\u00C3\u00A9tails fur QEdidee. R\u00C3\u00A9volte d'Eimeo.\nGuerre contre cette Ifle r\u00C3\u00A9folue dans i^n.\nConfeil des Chefs. Sacrifice humain qui\neut lieu \u00C3\u00A0 cette occafion. Defcription particuli\u00C3\u00A8re des C\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies pratiqu\u00C3\u00A9es au\ngrand Morai, ou l'on offrit la vi&ime.\nAutres coutumes barbares de ce Peuple*\no\n-Too, Roi de l'Ifle enti\u00C3\u00A8re d'O-Ta\u00C3\u00AFti,\n1777. fuivi d'une multitude de pirogues remplies de\nAo\u00C3\u00BBt. Naturels, arriva d'Oparre, lieu de fa r\u00C3\u00A9fidence,\n\u00C3\u00A0 neuf heures du matin ; &, apr\u00C3\u00A8s avoir d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A9 fur la pointe Matavai, il m'avertit, par un\nexpr\u00C3\u00A8s, qu'il d\u00C3\u00A9lirait beaucoup de me voir. Je\ndefcendis \u00C3\u00A0 terre accompagn\u00C3\u00A9 d'Oma\u00C3\u00AF , & de\nplufieurs de mes Officiers. Je m'approchai toue\nde fuite du Monarque, & je le faluai. Oma\u00C3\u00AF fe\njetta \u00C3\u00A0 fes pieds, & embrafl\u00C3\u00A0 fes genoux; il avoit de Cook. 157\neu foin de mettre'Ton plus bel habit, & il fe\nconduifit de la m\u00C3\u00A2Hiere larrplus refpe\u00C3\u00A9tueuli & la\nplus-'modefte. On fit cependant peu d'attention\n\u00C3\u00A0 luf^ l'envie eut peut-\u00C3\u00AAtre quelque part \u00C3\u00A0 ce\n8bid accueil. Il offrit au Roi une grofl\u00C3\u00A8 touffe\nle plumes rouges, & deux ou trois verges de\ndrap d'or. De mon c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, je donnai au Prince un\nv\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A9\u00C3\u00A0ifent de belle toile, un tiN\u00C3\u00A0peau bord\u00C3\u00A9 d'or,\n\u00C3\u00A2\u00C3\u00ABsr outils, &, ce qui \u00C3\u00A9toit plus pr\u00C3\u00A9cieux encore,\ndes plumes rouges, & un des bonnets que por*\n\u00C3\u0089Brt- les Naturels des 'Ifl\u00C3\u00ABs des Amis.\n\u00E2\u0080\u00A2^Le Roi & la Famille Royale m*aSSC\u00C3\u0089I|)agne-\nrent \u00C3\u00A0 bord, fuivis d\u00C3\u00A9 plufieurs pirogues charg\u00C3\u00A9es\nd\u00C3\u00A9 toutes efpeces de profilions, en afle\u00C3\u0089 grande\nabondance pour nourrir une femaine, les \u00C3\u00A9quipages d\u00C3\u00AB^deux vaifleiux. Les divers membres de\nl\u00C3\u00A0 Famille Royale indiquoient telle portion qu'ils\nEv\u00C3\u00B4i\u00C3\u00A9fftcfourn\u00C3\u00AFe, & je leur fis \u00C3\u00A0 chacun un pr\u00C3\u00A9-\n\u00C3\u00AE\u00C3\u00ABiiti ^\u00C3\u00A9toit l\u00C3\u00A0 ce ^qu'ils vo\u00C3\u00B9\u00C3\u00AF\u00C3\u00B4ient. La: mere du\nRoi, qui ne s'\u00C3\u00A9toit point trouv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 la premiere\nentrevue, arrivages de nous bient\u00C3\u00B4t apt\u00C3\u00A2^ elle\napportoit des pravifious & des \u00C3\u00A9toffes , qu'elle\ndiftf\u00C3\u00AEbua \u00C3\u00A0 Oma\u00C3\u00AF & \u00C3\u00A0 moi. Quoiqu'Oma\u00C3\u00AF eut\nd'abord: attir\u00C3\u00A9 foiblement les regards, les Infulaires recherch\u00C3\u00A8rent fonMiiti\u00C3\u00A9, d\u00C3\u00A8s 3|u'ils conjurent-fes richeflesi J'entretins cette d\u00C3\u00AFfpofitfon,\nautant que je le pus, c\u00C3\u00A0f je^^firois le fixer pr\u00C3\u00A8s\nT777\nAo\u00C3\u00BBt. 158 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n- ; d'O-Too. Comme j'avois defl\u00C3\u00A8in de teifl\u00C3\u00A8r .faf\u00C3\u00A0\u00C3\u00AA*\n1777. cette Me, tous les animaux que j'attienois d't\u00C2\u00A73^:\nAo\u00C3\u00BBt, rop\u00C3\u00AB, je penfai qu'il feroit -en \u00C3\u00A9tat d\u00C3\u00A9 digger un\npeu les habitans, furies foins qu'ils en d\u00C3\u00A9voient\nprendre, & fur Pufage auquifjfils pouvoient les\nemployer : je pr\u00C3\u00A9voyoi& d'ailleurs que plus;!!\nferoit \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9 de fa patrie, plus il feroit copjfe\nd\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9. Malheureufement le pauvre Oma\u00C3\u00AF ne profita point de mon avis, & il fe \u00C3\u00A7ond#fific^Y^&\ntant d'imprudence qu'il in tarda pas \u00C3\u00A0 rgard\u00C2\u00A76\nl'amiti\u00C3\u00A9 d'O-Too, & de f^us les O-Ta\u00C3\u00AFtieiM d'#ii\nrang diflingu\u00C3\u00A9. Il ne fr\u00C3\u00A9quenta que d^ pga*\nbonds & des \u00C3\u00A9trangers, qui cherchoient Sans\ncefl\u00C3\u00A8 \u00C3\u00A0 le duper; &, fi je n'\u00C3\u00A9tois pas interyeng-\n\u00C3\u00A0 propos, ils l'auraient d\u00C3\u00A9pouill\u00C3\u00A9 compl\u00C3\u00A9terai^\nIl s'attira la malveillance des principaux jC|^S^ ;\nqui s'aprjp\u00C3\u00A7urent qu'%, n'obtenoient pas d^jppy j\nou de mes gens, des articles auffi pr\u00C3\u00A9ciepy$$| ^\nceux dont Oma\u00C3\u00AF faifoit pf^fent aux gens du peuple Ses camarades, j^gpfeg\njlif^S^\u00C3\u00A9 nous e\u00C3\u00BBmes d\u00C3\u00AEn\u00C3\u00A9, je ramenai O-Too\n\u00C3\u00A0 Oparre ; je pris avec moi les volailles dont je\nvoulois enrichir cette terre. J'emportai un paon\n& Sa Semelle, que Mylo^i Besboroug avoit eu\nla bont\u00C3\u00A9 de m'envoyer pour les O-Ta\u00C3\u00AFtiens, peu\nde jours avant mon d\u00C3\u00A9part de Londres, un coq\nd'Inde & une poule,\"quatre oies,nm m\u00C3\u00A2le & de Cook. jfc&T 159 fK:\ntrois Semelles, un canard m\u00C3\u00A2le & quatre Semel- _\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0'' \u00E2\u0096\u00A0\" \u00E2\u0096\u00A0 \u00C2\u00BB\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\nles. Je d\u00C3\u00A9poSai toutes ces volailles \u00C3\u00A0 Oparre, 1777.\n& je les donnai \u00C3\u00A0 O-Too : elles convoient d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0, Ao\u00C3\u00BBt.\nlqrfque nous quitt\u00C3\u00A2mes l'Ifle. Nous y trouv\u00C3\u00A2mes\nune oie m\u00C3\u00A2le, dont le Capitaine Wallis avoit |jp:\nSait pr\u00C3\u00A9Sent \u00C3\u00A0 Oberea, plufieurs ch\u00C3\u00A8vres, & le\ntaureau Efgpgnol qu'on tenait attach\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 un arbre\npr\u00C3\u00A8s de la maiSon d'O-Too. Je n'ai jamais vu un\nplus bel animal de cette efpece* Il appartenoit\nalors \u00C3\u00A0 Etary, & on l'avoit amen\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0'Oheite-\npeha dans cet endroit, afin de l'embarquer pour\nBolabola; mais je ne puis concevoir comment ||H\non \u00C3\u00A9toit venu \u00C3\u00A0 bout de le tranfporter fuMine\ndes pirogues du pays. Au relie, fi nous n'\u00C3\u00A9tions\npas priv\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, il e\u00C3\u00BBt \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 bien inutile,\ncar il manquoit de vachg$. Les Naturels nous\ndirent qu'il y avoit des vaches \u00C3\u00A0 bord des va\u00C3\u008A^.\nf\u00C3\u00A9aux Efpagnols, & que le Capitaine les rembarqua ; je ne le crois point; je fuppoferai plut\u00C3\u00B4t\nque les vaches \u00C3\u00A9toient mortes, durant ,|a traver-\nf\u00C3\u00A9e. Le lendemain, j'envoyai \u00C3\u00A0 ce taureau les 25,\ntrois vaches que j'avois \u00C3\u00A0,|$rd; je fis \u00C3\u00A9galement\nconduire dans la baie de.Matavai, le taureau,\nle cheval, la jument & les moutons que je defli-\nnois aux O-Ta\u00C3\u00AFtiens. t\u00C3\u0089\u00C3\u008E^\u00C3\u008A-^\nJe me trouvai d\u00C3\u00A9barrafl\u00C3\u00AB d'un foin tr\u00C3\u00A8s-incommode. Il efl difficile d\u00C3\u00A7 concevoir la peine & \u00E2\u0080\u00A2\"fil\n\6o Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nEJSm\u00C3\u00AF .~ Pembarras, que me cauf\u00C3\u00A0 le tranfport de ces an?-\u00C2\u00BB\n1777. maux : ma*s? fiitisfait d'avoir pu remplir les vues\nAo\u00C3\u00BBt, bienfaifantes de Sa Majeft\u00C3\u00A9, qui voulo\u00C3\u00AFt enrichir\ndeux peuplades fi dignes d'int\u00C3\u00A9r\u00C3\u00AAt, fi me crus\nbien d\u00C3\u00A9dommag\u00C3\u00A9 de toutes les inqui\u00C3\u00A9tudes, auxquelles j'avois \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 en proie, tant qu'il refta quel*\ntjue chofe'\u00C3\u00A0 faire fur cet objet fecondaire de\nmon voyage.\n^^BBmme je me propofois de rel\u00C3\u00A2cher quelque\ntemps ici, on \u00C3\u00A9tablit les deux Obfervatoires fut\nla pointe Matavai : on drefla, aux environs,\ndeux tentes o\u00C3\u00B9 d\u00C3\u00A9voient coucher les foM\u00C3\u0089s de\ngarde, & ceux de nos gens qu'il conviehfl\u00C3\u0089B\nde laifl\u00C3\u00A8r \u00C3\u00A0 terre. Je donnai le commandement de\nce pofte \u00C3\u00A0 M. King, qui fe chargea en m\u00C3\u00AAme-\nteni^ffi\u00C3\u00AFuivre les obfervations n\u00C3\u00A9cefl\u00C3\u00A0ires, pour\nd\u00C3\u00A9terminer le mouvement journalier du garde-\n'rtSmps, &c. Durant notre fejour \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti*\nnous nous occup\u00C3\u00A2mes de divers ouvrag\u00C3\u00A9s d\u00C3\u00A9venus\nindifpenfables. On porta \u00C3\u00A0 terre le grand m\u00C3\u00A2t de\nla d\u00C3\u00A9couverte , & on le r\u00C3\u00A9para fi bien, qu'il\nparoiflbit fortir du chantier : on r\u00C3\u00A9para \u00C3\u00A9galement\ntips voiles & nos futailles,. on calfata les v\u00C3\u00A0if-\nfeaiftf & on examina les agr\u00C3\u00A8s; on infpe\u00C3\u00A9ta auf\u00C3\u00AFi\nle bifcuit que nous avions en caifl\u00C3\u00A8s, & j'eus Ici\npla\u00C3\u00AEjBPIPipprendre qu'il y en avoittJpeu d'en*\ndommage,\niO:M Le de Cook.\nloi\nLe 26, je fis d\u00C3\u00A9fricher une piece de terre, =\no\u00C3\u00B9 je plantai plufieurs graines de jardinage, & 1777*\nquelques arbres fruitiers : je fuis perfuad\u00C3\u00A9 que Ao\u00C3\u00BBt.\nles Naturels en prendront peu de foin. Au mo- 2Q*\nment o\u00C3\u00B9 nous part\u00C3\u00AEmes, les melons, les patates,\n& deux pommiers de pin, pouflbient de mani\u00C3\u00A8re\n\u00C3\u00A0 me donner les plus grandes efp\u00C3\u00A9rances. J'avois\napport\u00C3\u00A9, des Ifles des Amis, plufieurs plants de\nShaddeks ; je les mis \u00C3\u00A9galement dans le jardin\nque je venois de former. Mes graines & mes\narbres ne manqueront pas de r\u00C3\u00A9uffir, \u00C3\u00A0 moins j\nque la curiofit\u00C3\u00A9 pr\u00C3\u00A9matur\u00C3\u00A9e des O-Ta\u00C3\u00AFtiens, qui\na d\u00C3\u00A9truit un fep de vigne plant\u00C3\u00A9 par les Efpagnols\n\u00C3\u00A0 Oheitepeha , n'arr\u00C3\u00AAte leur d\u00C3\u00A9veloppement.\nQuelques Infulaires s'afl\u00C3\u00A8mblerent pour go\u00C3\u00BBter\nles premiers raifins que porta la vigne; & les\ngrappes fe trouvant encore aigres, ils jug\u00C3\u00A8rent\nque c'\u00C3\u00A9toit une efpece de poifon, & ils r\u00C3\u00A9folu-\nrent unanimement de fouler aux pieds le fep.\nOrnai ayant rencontr\u00C3\u00A9 ce fep par hafard, flic enchant\u00C3\u00A9 de fa d\u00C3\u00A9couverte, car il \u00C3\u00A9toit perfuad\u00C3\u00A9\nque s'il avoit une fois des raifins, il lui feroit\naif\u00C3\u00A9 de faire du vin. Il fe h\u00C3\u00A2ta d'en couper plufieurs tiges, qu'il vouloit emporter dans fa patrie ; nous taill\u00C3\u00A2mes le fep qui n'\u00C3\u00A9toit pas d\u00C3\u00A9racin\u00C3\u00A9, & nous foflby\u00C3\u00A2mes le terrein dans les environs. Il efl probable que les habitans de l'Ifle ?\nTome IL L 162 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00C2\u00AB*\u00C2\u00BB\u00C2\u00BB\u00C2\u00BB*\u00C2\u00BB\u00E2\u0080\u0094m devenus plus fages par les inflru\u00C3\u00A9tions d'Oma\u00C3\u00AF,\n1777. laifi\u00C3\u00A8ront m\u00C3\u00BBrir le fruit, & qu'ils ne le condam-,\nAo\u00C3\u00BBt, neront plus d'une mani\u00C3\u00A8re fi pr\u00C3\u00A9cipit\u00C3\u00A9e.\nQuarante-huit heures apr\u00C3\u00A8s notre arriv\u00C3\u00A9e dans\nla baie de Matavai, nous re\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes la vifite de\nnos anciens Amis, dont parle la Relation de mon\nf\u00C3\u00A9cond voyage. Aucun d'eux ne fe pr\u00C3\u00A9fenta les\"\nmains vuides, & nous e\u00C3\u00BBmes des provifions par-\ndel\u00C3\u00A0 ce qu'il nous en fall oit; ce qui nous fit encore plus de plaifir, nous ne craignions point\nd'\u00C3\u00A9puifer l'Ifle, o\u00C3\u00B9 nous appercevions de toutes\nparts une multitude intarif\u00C3\u00AF\u00C3\u00A0ble de productions &\nd'animaux propres \u00C3\u00A0 notre fubfiflance.\nL'un des Naturels, que les Efpagnols avoient\nemmen\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Lima, vint nous voir \u00C3\u00A9galement ; on\nne pouvoit, \u00C3\u00A0 fes mani\u00C3\u00A8res & \u00C3\u00A0 fon ext\u00C3\u00A9rieur,\nle diflinguer du refle de fes compatriotes. Il fe\nfouvenoit cependant de quelques mots efpagnols\nqu'il avoit appris & qu'il pronon\u00C3\u00A7oit tr\u00C3\u00A8s-mal :\nil rep\u00C3\u00A9rait fur-tout fr\u00C3\u00A9quemment, fi fennor, &\nlorfque nous nous approchions de lui , il ne\nmanquoit pas de fe lever, & de fe faire entendre\nle mieux qu'il pouvoit avec fon petit vocabulaire europ\u00C3\u00A9en.\nNous rencontr\u00C3\u00A2mes auffi le jeune-homme que\nnous appell\u00C3\u00A2mes autrefois \u00C5\u0092didee, mais dont\nle v\u00C3\u00A9ritable nom efl Heete-heete , il s'\u00C3\u00A9coit D-E Cook. 163\nembarqu\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Ulietea, en 1773, fur mon vaifl\u00C3\u00A8au,\n& je Pavois ramen\u00C3\u00A9 dans fa patrie, en 1774,\napr\u00C3\u00A8s l'avoir conduit aux Ifles des Amis, \u00C3\u00A0 la\nNouvelle-Z\u00C3\u00A9lande, \u00C3\u00A0 l'Ifle de P\u00C3\u00A2ques h. aux\nMar qui fes ; traverf\u00C3\u00A9es qui dur\u00C3\u00A8rent fept mois.\nIl s'effor\u00C3\u00A7oit, comme celui dont je viens de parier , de nous montrer fa politefl\u00C3\u00A8, & de s'exprimer dans notre langue; il difoit fouvent yes,\nfir, if you pleafe fir. Heete-heete, qui a re\u00C3\u00A7u\nle jour \u00C3\u00A0 Bolabola, \u00C3\u00A9toit \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti depuis trois\nmois ; &, felon ce que nous appr\u00C3\u00AEmes, fans autre defl\u00C3\u00A8in que de fatisfaire fa curiofit\u00C3\u00A9, ou peut-\n\u00C3\u00AAtre la paffion de l'amour, qui anime tous les\nhabitans des Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 : les Infulaires\nqui voyagent d'une terre \u00C3\u00A0 l'autre, ne paroif\u00C3\u00AEent\npas avoir d'autre but. Nous v\u00C3\u00AEmes clairement\nqu'il pr\u00C3\u00A9f\u00C3\u00A9rait \u00C3\u00A0 nos modes & \u00C3\u00A0 nos parures,\ncelles de fes compatriotes ; car lorfque je lui eus\ndonn\u00C3\u00A9 des habits \u00C3\u0087a) que le Bureau de PAmi-\nraut\u00C3\u00A9 m'avoit charg\u00C3\u00A9 de lui remettre, il les porta\nquelques jours, & il refufa enfuice d'en faire\nufage. Cet exemple & celui de PO-Ta\u00C3\u00AFtien qui\navoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Lima, prouvent bien la force de\nl'habitude, qui ramen\u00C3\u00A9 l'homme aux mani\u00C3\u00A8res &\nAo\u00C3\u00BBt.\n(a) Je lui donnai en outre de mon chef une caille\ntfoutils, & quelques autres articles.\nL 2 t\n1777.\nAo\u00C3\u00BBt.\nm\n164 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\naux coutumes qu'il a prifes dans fon enfance,\n& que le hafard efl venu interrompre. Je fuis\ntent\u00C3\u00A9 de croire qu'Ornai lui-m\u00C3\u00AAme, malgr\u00C3\u00A9 le\nchangement abfolu que fembloient avoir produit\nfur lui les m\u00C5\u0093urs angloifes, ne tardera pas \u00C3\u00A0 reprendre les v\u00C3\u00AAtemens de fon pays, ainfi qu'\u00C5\u0092di-\ndee & l'0-Ta\u00C3\u00AFtien, conduit au P\u00C3\u00A9rou par les\nEfpagnols.\nLe 27, au matin, un homme arriv\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0'Ohei-\ntepeha, nous dit que deux vaifl\u00C3\u00A8aux Efpagnols\nmouilloient depuis vingt-quatre heures dans cette\nbaie, & pour ne laifl\u00C3\u00A8r aucun doute fur la v\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9\ndu fait, il montra un morceau de gros drap\nbleu, qu'il afl\u00C3\u00B9roit avoir re\u00C3\u00A7u de l'un de ces b\u00C3\u00A2timens : le morceau d'\u00C3\u00A9toffe \u00C3\u00A9toit en effet pref-\nque neuf : il ajouta que Mateema montoit l'un\ndes vaifl\u00C3\u00A8aux qui d\u00C3\u00A9voient fe rendre \u00C3\u00A0 Matavai\ndans un jour ou deux. D'autres circonflances\nqu'il indiqua, rendoient ia nouvelle tr\u00C3\u00A8s-vraifem*\nblable ; j'ordonnai au Lieutenant Williamfon de\nprendre un canot & d'aller examiner la baie\nd'Oheitepeha. Sur ces entrefaites, je mis leSv\nvaifl\u00C3\u00A8aux en \u00C3\u00A9tat de fe d\u00C3\u00A9fendre : quoique l'Angleterre & l'Efp\u00C3\u00A0gne fufl\u00C3\u00A8nt en paix \u00C3\u00A0 mon\nd\u00C3\u00A9part $ Europe, je fentis que la guerre pouvoit s'\u00C3\u00AAtre d\u00C3\u00A9clar\u00C3\u00A9e depuis. Des recherches ult\u00C3\u00A9rieures me donn\u00C3\u00A8rent lieu de croire que le de Cook.\ni6<\nr\u00C3\u00A9cit de l'arriv\u00C3\u00A9e des Efpagnols \u00C3\u00A9toit faux, & \u00E2\u0080\u0094\nM. Williamfon, qui fut de retour le lendemain, 1777.\nacheva de m'en convaincre ; il me dit qu'il avoit Ao\u00C3\u00BBt.\nd\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Oheitepeha, qu'il n'y avoit point 28.\nvu de vaifl\u00C3\u00A8aux, & que cette baie n'en avoit\nre\u00C3\u00A7u aucun depuis mon d\u00C3\u00A9part en 1774. Les\nhabitans de la partie de f Me o\u00C3\u00B9 nous nous trouvions, nous d\u00C3\u00A9clar\u00C3\u00A8rent, d\u00C3\u00A8s le commencement,\nque c'\u00C3\u00A9toit un menfonge invent\u00C3\u00A9 par les Naturels de Tiarraboo ; mais nous ne pouvions deviner leurs vues : ils efp\u00C3\u00A9roient peut-\u00C3\u00AAtre que\ncette f\u00C3\u00A0ufl\u00C3\u00A8 nouvelle nous d\u00C3\u00A9terminerait \u00C3\u00A0 quitter l'Ifle, & qu'ils priveraient ainfi la peuplade\n\u00C3\u00A0'Ota\u00C3\u00AFti nooe, des avantages r\u00C3\u00A9fuitans du f\u00C3\u00A9jour\nde nos vaifl\u00C3\u00A8aux. Les habitans des deux' parties\nde l'Ifle ont une inimiti\u00C3\u00A9 inv\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9e les uns pour\nles autres.\nDu moment o\u00C3\u00B9 nous arriv\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 Matavai,\nl'atmofphere fut tr\u00C3\u00A8s-variable jufqu'au 29 , & il\ntomba chaque jour plus ou moins de pluie.\nNous ne p\u00C3\u00BBmes prendre que le 29 des hauteurs 20.\ncorrefpondantes du Soleil, pour d\u00C3\u00A9terminer le\nmouvement journalier du garde-temps. La m\u00C3\u00AAme\ncaufe retarda le calfatage & les autres r\u00C3\u00A9parations dont les vaifl\u00C3\u00A8aux avoient befoin.\nLe foir , les Naturels fe retir\u00C3\u00A8rent pr\u00C3\u00A9cipitamment des vaifl\u00C3\u00A8aux, & du pofte que nous 1777-\nAo\u00C3\u00BBt.\n166 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nI occupions \u00C3\u00A0 terre ; il nous fut impoffible d'abord\nd'en deviner la raifon : nous conje\u00C3\u00A9tur\u00C3\u00A2mes, en\ng\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, qu'il y avoit eu quelque vol de commis , & qu'ils redoutoient notre vengeance. Je\nfus enfin ce qui \u00C3\u00A9toit arriv\u00C3\u00A9 : l'un des aides du\nChirurgien p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9tra dans l'int\u00C3\u00A9rieur du pays ,\npour y \u00C3\u00A9changer quatre haches contre des curio-\nfit\u00C3\u00A9s ; l'Infulaire qu'il chargea de fes haches ,\nprofita d'un inftant favorable, & il emporta des\noutils fi pr\u00C3\u00A9cieux. Telle fut la caufe de la retraite brufque de fes compatriotes; O-Too lui-\nm\u00C3\u00AAme & toute fa famille Si joignirent aux\nfuyards ; &, apr\u00C3\u00A8s les avoir fuivis deux ou trois\nmilles, j'eus bien de la peine \u00C3\u00A0 les arr\u00C3\u00AAter. Afin\nd'engager mes gens \u00C3\u00A0 fe tenir mieux fur leurs\ngardes d\u00C3\u00A9formais, je r\u00C3\u00A9folus de ne faire aucune\nd\u00C3\u00A9marche pour obtenir la refHtution des haches,\n& il me fut moins difficile de ramener les O-Ta\u00C3\u00AF-\ntiens & de r\u00C3\u00A9tablir la tranquillit\u00C3\u00A9.\nJufqu'ici O-Too & fes fujets ne s'\u00C3\u00A9toient occup\u00C3\u00A9s que de nous ; mais des mefl\u00C3\u00A0gers d'Eimeo,\nou, comme le difent plus fouvent les Naturels,\nde Morea, \u00C3\u0087a) qui arriv\u00C3\u00A8rent le lendemain,\n(a) Selon le Docteur Forfler, Morea efl un district d'Eimeo. Voyez fes Obfervations, page 217 de\nToriginal. D E C O O K. 167\nleur donn\u00C3\u00A8rent d'autres occupations ; ils apprirent que les babitans de cette Me \u00C3\u00A9toient en\narmes, que les partifans d'O-Too avoient \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9\nbattus & oblig\u00C3\u00A9s de fe retirer dans les montagnes.\nLa querelle qui commen\u00C3\u00A7a en 1774 , entre les\ndeux Mes, ainfi que je l'ai dit dans la Relation\nde nion: f\u00C3\u00A9cond Voyage, femble avoir toujours\nfubfift\u00C3\u00A9-depuis. L'armement formidable que je vis\nalors, & que j'ai d\u00C3\u00A9crit ailleurs, \u00C3\u0087a) mit \u00C3\u00A0 la\nvoile peu de temps apr\u00C3\u00A8s mon d\u00C3\u00A9part d'O-Taf-\nti ; mais les habitans d'E'imeo firent une r\u00C3\u00A9fif-\ntance fi opini\u00C3\u00A2tre, que f efcadre revint fans avoir\neu de fucc\u00C3\u00A8s d\u00C3\u00A9cffif, & une autre exp\u00C3\u00A9dition\n\u00C3\u00A9toit devenue n\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9fl\u00C3\u00A0ire.\nTous les Chefs qui fe trouvoient \u00C3\u00A0 Matavai,\ns'afl\u00C3\u00A8mbter\u00C3\u00A9nt \u00C3\u00A0 la maifon d'O-Too o\u00C3\u00B9 j'\u00C3\u00A9tois\nalors, & j'eus l'honneur d'\u00C3\u00AAtre admis \u00C3\u00A0 leur coA-\nfeil. L'un des D\u00C3\u00A9put\u00C3\u00A9s expofa le fujet de la\nd\u00C3\u00A9lib\u00C3\u00A9ration , & il pronon\u00C3\u00A7a un long difcours.\nJe ne compris gu\u00C3\u00A8res que les articles principaux\nde fa harangue ; il fit le tableau des affaires \u00C3\u00A0\nEim\u00C3\u00A9o, & il invita les Chefs d'O-Ta\u00C3\u00AFti \u00C3\u00A0 fe\nr\u00C3\u00A9unir & \u00C3\u00A0 prendre les armes. Cet avis fut\ncombattu par d'autres Orateurs, qui vouloient\n1777.\nAo\u00C3\u00BBt.\n\u00E2\u0080\u00A2\u00C2\u00BB\n(a) Voyez le f\u00C3\u00A9cond Voyage de Cook, Vol. I.\npage 347, &c. de l'original.\n4 \u00C3\u00AFt58 Troisi\u00C3\u00A8me Voyag\ni?7r\nAo\u00C3\u00BBt,\nattendre que l'ennemi commen\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2t les hoflilit\u00C3\u00A9s ; il\nr\u00C3\u00A9gna d'abord beaucoup de d\u00C3\u00A9cence dans le d\u00C3\u00A9bat, & les confeillers ne parl\u00C3\u00A8rent que Pun^apr\u00C3\u00A8s\nl'autre. L'afl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e devint enfuite orageufe, &\nje crus qu'elle fe terminerait par des violences,\ncomme les di\u00C3\u00A8tes de Pologne; mais les grands\nperfonnages qui s'\u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A9chauff\u00C3\u00A9s fi brufque-\nment, fe calm\u00C3\u00A8rent de m\u00C3\u00AAme, & le bon ordre\nfe r\u00C3\u00A9tablit bient\u00C3\u00B4t. La fiction qui d\u00C3\u00A9lirait la guerre , l'emporta enfin, & il fut d\u00C3\u00A9cid\u00C3\u00A9 qu'ils enverraient un armement confid\u00C3\u00A9rable au fecours\nde leurs Amp d'Eimeo : cette r\u00C3\u00A9folution fut\nloin d'obtenir l'unanimit\u00C3\u00A9 des fuffrages. O-Too\ngarda le filence durant tout le d\u00C3\u00A9bat, il dit feulement par intervalle un mot ou deux aux Orateurs. Les membres du confeil qui op\u00C3\u00AEnoient\npour la guerre, me prefl\u00C3\u00A8rent de les aider avec\nles forces qui fe trouvoient en ma puiflance, &\nils voulurent tous favoir le parti que je prendrais. J'envoyai chercher Oma\u00C3\u00AF, afin d'avoir un\ninterpr\u00C3\u00A8te, mais on ne le rencontra point, & je\nfus oblig\u00C3\u00A9 de m'expliquer moi-m\u00C3\u00AAme ; je leur\ndis le plus clairement que je pus, que ne con-\nnoifl\u00C3\u00A0nt pas bien le fujet de la difpute, & les\nInfulaires d'Eimeo ne m'ayant jamais offenf\u00C3\u00A9, je\nne me croyois point en droit d'entreprendre des\nhoflilit\u00C3\u00A9s contre eux. Cette d\u00C3\u00A9claration les fatisfit, DE C O 0 K. 169\nou parut les fatisfaire. Les membres du Confeil\nfe difperferent ; & O-Too me pria de venir le\nrevoir Papr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00AEner, & d'amener Oma\u00C3\u00AF.\nJe retournai en effet aupr\u00C3\u00A8s du Roi, avec plufieurs de nos Meilleurs ; le Prince nous conduifit\ndans la maifon de fon p\u00C3\u00A8re, en pr\u00C3\u00A9fence duquel\non parla de nouveau de Pinjuftice des Infulaires\nd'Eimeo. Je defirois beaucoup trouver un moyen\nd'accommodement entre les deux Puiflances, &\nje fondai le vieux Chef fur ce point : il ne voulut \u00C3\u00A9couter aucune propofition de paix : il me\nfollicita encore d'aider les O-T\u00C3\u00A0itiens, mais je\n,demeurai inflexible. Je. m'informai du fujet de la\nquerelle, & j'appris que quelques ann\u00C3\u00A9es auparavant , un fr\u00C3\u00A8re de Waheiadooa \u00C3\u00A9toit parti de\nTiaraboo, pour aller occuper le Tr\u00C3\u00B4n\u00C3\u00A9 d'Eimeo , fur l'invitation de Maheine, Chef populaire de cette Me ; que Maheine l'avoit fait tuer\npeu de femaines apr\u00C3\u00A8s fon arriv\u00C3\u00A9e, & avoit r\u00C3\u00A9clam\u00C3\u00A9 la couronne au pr\u00C3\u00A9judice de Tierataboo-\nnooe, fils de fa f\u00C5\u0093ur, qui fe trouvoit le l\u00C3\u00A9gitime\nh\u00C3\u00A9ritier du fceptre, ou, felon une autre verfion,\nqui avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 charg\u00C3\u00A9 du gouvernement par les\nO-Ta\u00C3\u00AFtiens.\nTowha, parent d'O-Too, & Chef du diftri\u00C3\u00A9l\nde Tettaha, homme de beaucoup de cr\u00C3\u00A9dit dans\nl'Ifle, qui avoit command\u00C3\u00A9 en chef l'armement\n1777.\nAo\u00C3\u00BBt. il\nr \u00C2\u00ABn\n\u00C3\u008F/O T II O I S I E M E V O Y A G E\nIBM! envoy\u00C3\u00A9 contre Eimeo , en 1774 , n'\u00C3\u00A9toit pas\n*777- \u00C3\u00A0 Matavai \u00C3\u00A0 cette * \u00C3\u00A9poque , & par conf\u00C3\u00A9-\nAo\u00C3\u00BBt. quent il n'aififta \u00C3\u00A0 aucune des d\u00C3\u00A9lib\u00C3\u00A9rations : il\nme parut cependant qu'il fe m\u00C3\u00AAloit beaucoup de\nce qui fe paflbit, & qu'il montrait encore plus\n1 rrbre. d'ardeur que les autres Chefs ; car le premier\nSeptembre , d\u00C3\u00A8s le grand matin, il fit dire \u00C3\u00A0\nO-Too par un mefl\u00C3\u00A0ger, qu'il venoit de tuer un\nhomme pour l'offrir en f\u00C3\u00A0crifice \u00C3\u00A0 l'Eatooa, &\nimplorer l'affiftan\u00C3\u00A7e du Dieu contre Eimeo. Ce\nf\u00C3\u00A0crifice devoir avoir lieu dans le grand Morai\nd'Attahooroo , & je jugeai que la pr\u00C3\u00A9fence\nd'O-Too \u00C3\u00A9toit abfolument n\u00C3\u00A9ceflaire en cette\noccafion.\nM. de Bougainville avoit d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit, fur le t\u00C3\u00A9moignage de l'0-Ta\u00C3\u00AFtien, qu'il amena en France,\nque les facrifices humains font partie des infli-\ntutions religieufes de cette Ifle. Les recherches\ndont je m'occupai en 1774 , & mes converfa-\ntions avec Oma\u00C3\u00AF , ne me donnoient que trop\nlieu de penfer qu'un ufage fi contraire \u00C3\u00A0 l'humanit\u00C3\u00A9 , y efl \u00C3\u00A9tabli : mais comme on veut toujours douter d'une coutume fi atroce, \u00C3\u00A0 moins\nqu'un voyageur n'en ait \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 le t\u00C3\u00A9moin oculaire,\nje r\u00C3\u00A9folus de profiter de Poccafion , & afin de\ndifliper toutes les incertitudes , d'affifler moi-\nm\u00C3\u00AAme \u00C3\u00A0 cette barbare c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie. Je priai donc de Cook. 171\nO-Too de me permettre de l'accompagner ; il\ny confentit volontiers , & nous nous embarqu\u00C3\u00A2mes tout de fuite dans mon canot, avec mon\nvieil ami Potatow, M. Anderfon, & M. Webber : Oma\u00C3\u00AF nous fuivoit fur une pirogue.\nNous defcendimes pendant la route fur une\npetite Me, qui g\u00C3\u00AEt en travers de Tettaha, o\u00C3\u00B9\nnous rencontr\u00C3\u00A2mes Towha & les gens de fa fuite :\nlorfque les deux Chefs eurent cauf\u00C3\u00A9 quelque\ntemps fur la guerre, Towha m'adrefl\u00C3\u00A0 la parole,\n& il r\u00C3\u00A9clama encore mes fecours ; je fis pour la\ntroifieme fois une r\u00C3\u00A9ponfe n\u00C3\u00A9gative, & il parut\nf\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9 ; il lui fembloit \u00C3\u00A9trange que m'\u00C3\u00A9tant toujours d\u00C3\u00A9clar\u00C3\u00A9 l'ami 80-Ta\u00C3\u00AFti, je ne voulufl\u00C3\u00A8\npas combattre fes ennemis. Il donna \u00C3\u00A0 O-Too\ndeux ou trois plumes rouges li\u00C3\u00A9es enfemble, &\nun chien tr\u00C3\u00A8s-maigre fut mis dans une de nos\npirogues. Nous nous rembarqu\u00C3\u00A2mes & nous pr\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 bord un Pr\u00C3\u00AAtre qui devoit affifler \u00C3\u00A0 la\n.c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie.\nNous arriv\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 Attahooroo fur les deux\nheures de l'apr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00AEner ; O-Too me pria d'ordonner aux matelots de demeurer dans le canot,\n& il recommanda \u00C3\u00A0 M. Anderfon , \u00C3\u00A0 M. Webber & \u00C3\u00A0 moi, d'\u00C3\u00B4ter nos chapeaux d\u00C3\u00A8s que nous\nferions au Morai. Nous en pr\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 l'inflant\nm\u00C3\u00AAme le chemin ; une multitude d'hommes & 11\n*777-\n7-bre.\n17& Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nquelques petits gar\u00C3\u00A7ons nous efcorterent, jtnais\nje n'apper\u00C3\u00A7us jpas une femme. Quatre pr\u00C3\u00AAtres &\nleurs acolytes ou affiftans, nous attendoient au\nMorai : le corps de l'infortun\u00C3\u00A9 qu'on alloit offrir aux Dieux , \u00C3\u00A9toit dans une petite pirogue\nretir\u00C3\u00A9e fur la gr\u00C3\u00A8ve , & expof\u00C3\u00A9e en partie \u00C3\u00A0\nl'a\u00C3\u00A9tion des vagues : deux Pr\u00C3\u00AAtres & plufieurs\nacolytes \u00C3\u00A9toient affis pr\u00C3\u00A8s de la pirogue , les\nautres fe trouvoient au Morai. Nous nous\narr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 vingt ou trente pas des Pr\u00C3\u00AAtres :\nO-Too fe pla\u00C3\u00A7a en cet endroit, & nous nous\nt\u00C3\u00AEnmes debout pr\u00C3\u00A8s de lui, avec quelques habitans du pays ; le gros peuple fe tint plus\n\u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9.\nLes c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies commenc\u00C3\u00A8rent alors. L'un\ndes acolytes apporta un jeune bananier, qu'il\nmit devant le Roi ; un autre apporta une touffe\nde plumes rouges, mont\u00C3\u00A9es fur des fibres de\ncocos, il toucha le pied du Prince avec une de\nces plumes, & il fe retira vers fes camarades.\nL'un des Pr\u00C3\u00AAtres affis au Morai en face de ceux\nqui fe trouvoient fur la gr\u00C3\u00A8ve , fit une longue\npri\u00C3\u00A8re , & il envoya de temps en temps de jeunes bananiers qu'on d\u00C3\u00A9pofa fur la victime. Durant cette pri\u00C3\u00A8re, un homme qui \u00C3\u00A9toit debout,\npr\u00C3\u00A8s du Pr\u00C3\u00AAtre officiant, tenoit dans fes mains\ndeux paquets qui nous parurent \u00C3\u00AAtre d'\u00C3\u00A9toffe : de Cook. 173\nnous reconn\u00C3\u00BBmes enfuite que l'un d'eux conte-\nnoit le Maro royal, & l'autre, l'arche de l'Ea-\ntooa, fi je puis me f\u00C3\u00A8rvir de cette expreffion.\nD\u00C3\u00A8s que la pri\u00C3\u00A8re fut termin\u00C3\u00A9e, les Pr\u00C3\u00AAtres du\nMorai & leurs acolytes vinrent s'afl\u00C3\u00A8oir fur la\ngr\u00C3\u00A8ve, & ils apport\u00C3\u00A8rent les deux paquets dont\nje parfois tout-\u00C3\u00A0-l'heure. Ils recommenc\u00C3\u00A8rent ici\nleurs pri\u00C3\u00A8res , pendant lefquelles les bananiers\nfurent \u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s un \u00C3\u00A0 un & \u00C3\u00A0 diff\u00C3\u00A9rens intervalles, de\ndefl\u00C3\u00B9s la victime, couverte en partie de feuilles\nde cocotiers & de petites branches d'arbres : on\nla tira, alors de la pirogue , & on P\u00C3\u00A9tendit fur\nle rivage, les pieds tourn\u00C3\u00A9s vers la mer. Les\nPr\u00C3\u00AAtres fe plac\u00C3\u00A8rent autour d'elle, les uns affis\n& les autres debout, & l'un ou plufieurs d'en-\ntr'eux r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A8rent quelques phrafes l'efpace d'environ dix minutes : on la d\u00C3\u00A9couvrit en \u00C3\u00A9cartant\nles feuilles & les branchages qui la cachoient,\n& on la* mit dans une direction parall\u00C3\u00A8le \u00C3\u00A0 la\nc\u00C3\u00B4te. L'un des Pr\u00C3\u00AAtres, qui fe tint debout aux\npieds du corps, fit une longue pri\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 laquelle\nfe joignirent quelquefois les autres : chacun\nd'eux avoit \u00C3\u00A0 la main une touffe de plumes rouges. Vers le milieu de la pri\u00C3\u00A8re , on enleva\nquelques cheveux de la t\u00C3\u00AAte de la vi\u00C3\u00A9time, &\non lui arracha l'\u00C5\u0093il gauche ; les cheveux & l'\u00C5\u0093il\nfurent envelopp\u00C3\u00A9s dans une feuille verte, &\n1777.\n^bre. ^bre.\n174\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\npr\u00C3\u00A9fent\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 O-Too. Le Roi n'y toucha point,\nmais il donna \u00C3\u00A0 l'homme qui les lui offrit, la\ntouffe de plumes rouges qu'il avoit re\u00C3\u00A7ue de\nTowha. Les cheveux & l'\u00C5\u0093il de la victime furent report\u00C3\u00A9s au Pr\u00C3\u00AAtre avec les plumes. O-Too\nleur envoya bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s d'autres plumes, qu'il\navoit mifes l\u00C3\u00A9 matin dans ma poche, en me recommandant de les garder. Tandis qu'on proc\u00C3\u00A9-\ndoit \u00C3\u00A0 cette derni\u00C3\u00A8re c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, on entendit un\nmartin-p\u00C3\u00AAcheur qui voltigeok fur les arbres :\nO-Too fe tournant pr\u00C3\u00A8s de moi, me dit, c'eft\nPEatooa, & il parut enchant\u00C3\u00A9 d'un fi bon pr\u00C3\u00A9fage.\nLe corps fut port\u00C3\u00A9 quelques pas plus loin,\n& on le d\u00C3\u00A9pofa, la t\u00C3\u00AAte tourn\u00C3\u00A9e vers le Morai,\nfous un arbre , pr\u00C3\u00A8s duquel \u00C3\u00A9toient trois morceaux de bois minces & larges charg\u00C3\u00A9s de fculp-\ntures groffieres , mais diff\u00C3\u00A9rentes les unes des\nautres. On pla\u00C3\u00A7a les paquets d'\u00C3\u00A9toffes dans le\nMorai, & on mit les touffes de plumes rouges , aux pieds de la vi\u00C3\u00A9time : les pr\u00C3\u00AAtres fe rang\u00C3\u00A8rent autour du corps, & on nous permit d'en\napprocher autant que nous le voul\u00C3\u00BBmes. Celui\nqui paroiflbit exercer les fonctions de grand-\nPr\u00C3\u00AAtre \u00C3\u00A9toit affis \u00C3\u00A0 peu de diftance ; il. parla un\nquart-d'heure , en variant fes gefles & les inflexions de fa voix ; il s'adrefla toujours \u00C3\u00A0 la victime , & il partit fouvent lui faire des reproches; Coo\nil lui propofa diff\u00C3\u00A9rentes queftions, il me fem- :\nbla qu'il lui demandoit fi on n'avoit pas eu raifon\nde fa facrifier : d'autrefois il lui adrefl\u00C3\u00A0 des pri\u00C3\u00A8res , comme fi le mort avoit eu afl\u00C3\u00A8z de pouvoir\nou de cr\u00C3\u00A9dit fur la Divinit\u00C3\u00A9, pour en obtenir ce\nqu'il Solliciterait. Nous compr\u00C3\u00AEmes, Sur-tout,\nqu'il le Suppliok de livrer aux mains du peuple\nd'O-Ta\u00C3\u00AFti, Eimeo, le CheS Maheine, les cochons , les Semmes, & tout ce qui Se trouvoit\ndans cette derni\u00C3\u00A8re Me. Le Sacrifice n'avoit pas,\nen effet, d'autre but. Il chanta d'un ton plain-\ntiS, une pri\u00C3\u00A8re qui dura pr\u00C3\u00A8s d'une demi-heure;\ndeux autres Pr\u00C3\u00AAtres, Potatou & une partie de\nl'afl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e l'accompagn\u00C3\u00A8rent durant cette pri\u00C3\u00A8re:\nl'un des Pr\u00C3\u00AAtres arracha encore de la t\u00C3\u00AAte de la\nvictime, quelques cheveux qu'il mit Sur des* paquets d'\u00C3\u00A9toffes : enSuite le Grand-Pr\u00C3\u00AAtre pria\nSeul, tenant \u00C3\u00A0 la main les plumes dont Towha\navoit Sait pr\u00C3\u00A9Sent \u00C3\u00A0 O-Too. LorSqu'il eut fini, il\ndonna ces plumes \u00C3\u00A0 un Second Pr\u00C3\u00AAtre, qui pria\nde la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re. Les touffes de plumes Surent d\u00C3\u00A9poS\u00C3\u00A9es Sur les paquets d'\u00C3\u00A9toffe, & le lieu\nde la Scene changea.\nOn porta le corps dans la partie la plus vifi-\nble du Morai ; on y porta auffi les plumes, les\ndeux paquets d'\u00C3\u00A9toffes & des tambours : les\nplumes & les \u00C3\u00A9toffes Surent plac\u00C3\u00A9es Sur les murs\n777.\n7bre. 176 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ndu Morai, & on poSa la victime au-def\u00C3\u00AEbus.\nLes Pr\u00C3\u00AAtres l'entour\u00C3\u00A8rent de nouveau, & apr\u00C3\u00A8s\ns'\u00C3\u00AAtre affis, ils recommenc\u00C3\u00A8rent leurs pri\u00C3\u00A8res ,\ntandis que quelques-uns de leurs acolytes creu-\nSerent un trou de deux pieds de profondeur, o\u00C3\u00B9\nils jetterent PinSortun\u00C3\u00A9e victime, qu'ils couvrirent de terreau & de pierres. Au moment o\u00C3\u00B9\non mettoit le corps dans la fofl\u00C3\u00A8, un petit gar\u00C3\u00A7on poufl\u00C3\u00A0 des cris, & Oma\u00C3\u00AF me dit que c'\u00C3\u00A9toit\nl'Eatooa. Sur ces entrefaites, on avoit pr\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9\nun feu : on amena le chien dont j'ai parl\u00C3\u00A9 plus\nhaut, & on lui tordit le col jufqu'\u00C3\u00A0 ce qu'il f\u00C3\u00BBt\n\u00C3\u00A9touff\u00C3\u00A9; on enleva fes poils en le pafl\u00C3\u00A0nt fur la\nflamme, & on lui arracha les entrailles, qu'oal\njetta au feu, o\u00C3\u00B9 on les laifl\u00C3\u00A0 br\u00C3\u00BBler. Les Naturels , charg\u00C3\u00A9s de ce d\u00C3\u00A9tail, fe content\u00C3\u00A8rent de\nr\u00C3\u00B4tir le c\u00C5\u0093ur, le foie & les rognons, qu'ils tinrent fur des pierres chaudes l'efpace de quelques\nminutes; ils barbouill\u00C3\u00A8rent enfuite le corps du\nchien avec du fang qu'ils avoient recueilli dans\nun coco, & ils all\u00C3\u00A8rent le placer , ainfi que le\nfoie, &c. devant les Pr\u00C3\u00AAtres qui prioient autour\ndu tombeau. Ils continu\u00C3\u00A8rent quelque temps \u00C3\u00A0\nprier fur le chien , tandis que deux hommes\nfrappoient avec force par intervalles fur deux\ntambours : un petit gar\u00C3\u00A7on poufl\u00C3\u00A0, \u00C3\u00A0 trois repri-\nfes diff\u00C3\u00A9rentes, des fons per\u00C3\u00A7ans, & on nous\napprit D E C 0 0 K. 177\napprit que c'\u00C3\u00A9toit pour inviter- YEatoo-a \u00C3\u00A0 fe j\nr\u00C3\u00A9galer, du mets qu'on lui pr\u00C3\u00A9parait. D\u00C3\u00A8s que\nles Pr\u00C3\u00AAtres eurent achev\u00C3\u00A9 leurs pri\u00C3\u00A8res, on d\u00C3\u00A9-\npofa le corps du chien avec fes entrailles , &c,\nfur un what ta, ou fur un \u00C3\u00A9chafaud de fix pieds\nde hauteur, qui fe trouvoit pr\u00C3\u00A8s de l\u00C3\u00A0 : ce\ntyhatta offr\u00C3\u00AEt \u00C3\u00A0 nos regards deux autres gros\ncochons & deux cochons-de-lait, qu'on avoit\nofferts derni\u00C3\u00A8rement \u00C3\u00A0 l'Eatooa, & qui exhalaient une odeur infupportable. Cette puanteur\nnous t\u00C3\u00AEnt plus \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9s qu'on ne l'e\u00C3\u00AEit d'ailleurs\nexig\u00C3\u00A9 de nous; car du moment o\u00C3\u00B9 l'on e\u00C3\u00BBt port\u00C3\u00A9\nla victime du bord de la mer pr\u00C3\u00A8s du Morai,\non nous laifl\u00C3\u00A0 les ma\u00C3\u00AEtres d'en approcher autant\nque nous le d\u00C3\u00A9lirions : il efl vrai que depuis cet\ninfiant, nous n'apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes plus parmi les fpec-\ntateurs , Pair recueilli & l'attention que nous\navions remarqu\u00C3\u00A9s d'abord quand on d\u00C3\u00A9pofa le\nchien fur le what ta : les Pr\u00C3\u00AAtres & leurs acolytes\ntermin\u00C3\u00A8rent la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie par une acclamation.\n-La nuit approchoit, & on nous conduifit \u00C3\u00A0 une\nmaifon qui appartenoit \u00C3\u00A0 Potatou, o\u00C3\u00B9 on nous\ndonna \u00C3\u00A0 fouper & o\u00C3\u00B9 nous couch\u00C3\u00A2mes. On nous\n.avoit annonc\u00C3\u00A9 que les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies religieufes recommenceraient le lendemain, & je ne voulois\npas quitter cet endroit de l'Ifle, tant qu'il reftoit\nquelque chofe \u00C3\u00A0 vok.\nTome IL M\n1777.\n^bre. 178\n1777-\n*?bre.\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\nNous craignions de perdre une partie du\nfpe\u00C3\u00A9tacle, & quelques-uns d'entre nous fe rendirent au lieu de la fc\u00C3\u00A9ne de tr\u00C3\u00A8s-bonne heure;\nmais tout y \u00C3\u00A9toit tranquille. Bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, on\nfacrifia cependant un cochon de lait, qu'on d\u00C3\u00A9-\npofa fur le what ta. A huit heures, O-Too nous\nramena au Morai, o\u00C3\u00B9 les Pr\u00C3\u00AAtres & une mt*fj|\ntitude d'Infulaires venoient de fe rafl\u00C3\u00A8mbler. Les\ndeux paquets d'\u00C3\u00A9toffes occupoient la place o\u00C3\u00B9\non les avoit mis le foir de la veille ; les detii||\ntambours \u00C3\u00A9toient au front du Morai, mais un\npeu plus pr\u00C3\u00A8s que le jour pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9dent. O-Too fe\npla\u00C3\u00A7a entre les deux tambours, & il me dit de\nme tenir \u00C3\u00A0 fes c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s.\nLa c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie commen\u00C3\u00A7a de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re que le jour pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9dent. On apporta un\njeune bananier, qu'on mit aux pieds du Roi :\nles Pr\u00C3\u00AAtres, qui tenoient dans leurs mains plufieurs touffes de plumes ? rouges, & un panache de plumes d'autruches, que j'avois donn\u00C3\u00A9\n\u00C3\u00A0 O-T\u00C3\u00B4o, & qu'on avoit confacr\u00C3\u00A9 depuis, firent\nune pri\u00C3\u00A8re : lorfqu'ils eurent fini, ils change-\nrent de pofition, ils fe plac\u00C3\u00A8rent entre nous &\nle Morai; & l'un d'eux, le m\u00C3\u00AAme qui avoit\njou\u00C3\u00A9 le principal r\u00C3\u00B4le la vieille, marmota une\nf\u00C3\u00A9conde pri\u00C3\u00A8re, qui dura envkon une demi-\nheure. Durant cet intervalle, les plumes furent de Cook. 179\nport\u00C3\u00A9es une \u00C3\u00A0 une, & d\u00C3\u00A9pof\u00C3\u00A9es fur l'arche de ..\nYEatooa. 1777*\n- Peu de temps apr\u00C3\u00A8s, on amena quatre cochons 7br9'\nde lait; l'un de ces animaux fut tu\u00C3\u00A9 : on con*\nduifit les trois autres dans une \u00C3\u00A9table , qui fe\ntrouvoit pr\u00C3\u00A8s de l\u00C3\u00A0, & on les r\u00C3\u00A9ferva vraifem-\nblablement pour k premier f\u00C3\u00A0crifice. On ouvrit\nalors un des paquets d'\u00C3\u00A9toffe , & on trouva,\ncomme je l'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit, qu'il renfermoit le Maro,\ndont les O-Ta\u00C3\u00AFtiens inveftiflent leurs Rois : le\nMaro eft parmi eux, ce que font en Europe\nles fymboles de la Royaut\u00C3\u00A9 : on le tira avec foin\nde l'enveloppe, qui le couvrait, & on l'\u00C3\u00A9tendit\ndevant les Pr\u00C3\u00AAtres. C'eft une ceinture longue\nd'environ cinq verges, & large de quinze pouces; il para\u00C3\u00AEt, d'apr\u00C3\u00A8s fon nom , que le Monarque le porte fur fes reins, comme le refle\ndes Naturels porte le Maro ordinaire. Il \u00C3\u00A9toit\norn\u00C3\u00A9 de plumes jaunes & rouges, & fur-tout\ndes derni\u00C3\u00A8res, que fournit une colombe de l'Ifle :\nl'une des extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s avoit une bordure de huit\npieces, chacune de la grandeur & de la forme\nd'un fer-\u00C3\u00A0-cheval, avec des franges de plumes\nnoires : l'autre extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A9toic fourchue, & les\npointes fe trouvoient de diff\u00C3\u00A9rentes longueurs.\nLes plumes offraient deux lignes de comparti-\nmens quarr\u00C3\u00A9s, & elles \u00C3\u00A9toient d'ailleurs difpof\u00C3\u00A9es\nM 2 iHo\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\nde mani\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 produire un effet agr\u00C3\u00A9able. On les\navoit d'abord coll\u00C3\u00A9es ou attach\u00C3\u00A9es fur des morceaux de l'\u00C3\u00A9toffe du pays, & on les avoit coufues\nenfliite au haut d'une flamme de navire, que le\nCapitaine Wallis arbora & laifla flottante Sur la\nc\u00C3\u00B4te, la premiere fois qu'il d\u00C3\u00A9barqua \u00C3\u00A0 Mata-\nyai; c'eft du moins ce qu'on nous dit; & nous\nn'avions aucune raiSon d'en douter, car nous y.I\nreconnoiffions une flamme AngloiSe. Une bande\ndu Maro, de Six ou huit pouces en quarr\u00C3\u00A9,\n\u00C3\u00A9toit plus d\u00C3\u00A9nu\u00C3\u00A9e d'ornemens : on n'y voyoit\npoint de plumes, fi ce n'eft quelques-unes envoy\u00C3\u00A9es par Waheadooa. Les Pr\u00C3\u00AAtres firent une\nlongue pri\u00C3\u00A8re, relative \u00C3\u00A0 cette partie de la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie; &, fi je ne me m\u00C3\u00A9pris point, ils Pap-\npelloient la Pri\u00C3\u00A8re du Maro. Le Symbole de la\nRoyaut\u00C3\u00A9 fut enfuite envelopp\u00C3\u00A9 foigneufement\ndans f \u00C3\u00A9toffey & remis fur le Morai.\nOn ouvrit Pautre paquet, auquel j'ai donn\u00C3\u00A9 le\nnom S Arche ; mais on ne nous permit pas d'en\napprocher afl\u00C3\u00A8z, pour examiner les chofes myf-\nt\u00C3\u00A9r\u00C3\u00AEeuSes qu'il contenoit. On nous dit Seulement\nque YEatooa, auquel on venoit d'offrir un l\u00C3\u00A0-. 1\ncrifice, & qui s'appelle Ooro , s'y trouvoit cach\u00C3\u00A9; ou plut\u00C3\u00B4t que l'arche renSermoit le Signe\nrepr\u00C3\u00A9sentatif du Dieu. Ce Tabernacle efl comJ\u00C2\u00A7\npof\u00C3\u00A9 de fibres entrelac\u00C3\u00A9es de la goufl\u00C3\u00A8 de cocos, de Cook. i8i\nqui pr\u00C3\u00A9sentent la Sorme d'un pain de Sucre, c'eft-\u00C3\u00A0- :\ndke, qui Sont arrondies, & beaucoup plus \u00C3\u00A9paifl\u00C3\u00A8s\n\u00C3\u00A0 une extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 qu'\u00C3\u00A0 l'autre. Diff\u00C3\u00A9rentes personnes nous avoient vendu de ces c\u00C3\u00B4nes, mais nous\nn'en appr\u00C3\u00AEmes PuSage qu'ici.\nOn nettoya alors le cochon, & on en \u00C3\u00B4ta les\nentrailles. Ces entrailles offrirent plufieurs des\nmouvemens convulfifs, qu'on remarque en di-\nverSes parties du corps d'un animal qu'on vient\nde tuer ; & les Infulaires les prirent pour un\npr\u00C3\u00A9fage tr\u00C3\u00A8s-f\u00C3\u00A0vorable de l'exp\u00C3\u00A9dition qui occa-\nfionnoit le f\u00C3\u00A0crifice. On les laifl\u00C3\u00A0 expof\u00C3\u00A9es pendant quelque temps, afin que les Naturels puf-\nfent examiner des indices fi heureux, & on alla\nenfuite les d\u00C3\u00A9pofer aux pieds des Pr\u00C3\u00AAtres. Tandis\nque l'un d'eux faifoit une pri\u00C3\u00A8re, un autre^.exa-\nminoit plus attentivement les entrailles, qu'il rc-\ntournoit d'une main l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re avec un b\u00C3\u00A2ton; &\nlorfqu'ils les eurent bien examin\u00C3\u00A9es, ils les jetterait dans le feu. Le corps du cochon, fon\nfoie, &c. furent mis fur le whatta, o\u00C3\u00B9 l'on\navoit d\u00C3\u00A9pof\u00C3\u00A9 le .chien, la veille; on renferma,\ndans l'arche avec l'Eatooa, toutes les plumes,\nexcept\u00C3\u00A9 le panache de plumes d'autruches y & la\nc\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie fe trouva compl\u00C3\u00A8tement termin\u00C3\u00A9e.\nIl y eut, toute la matin\u00C3\u00A9e, quatre doubles pirogues fur la gr\u00C3\u00A8ve, devant le lieu o\u00C3\u00B9 fe pafl\u00C3\u00A0 l\u00C3\u00A9\nM I\nl777-\nybre. \u\n177;\n18a Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nf\u00C3\u00A0crifice. L'avant de chacune d\u00C3\u00A9 ces embarcations , portoit une petite plate-forme, couverte\nde feuilles de palmier, li\u00C3\u00A9es entr'elles par des\nn\u00C5\u0093uds myft\u00C3\u00A9rieux; les Naturels donnent auffi \u00C3\u00A0\nces plate-formes le nom de M\u00C2\u00BBai. Des noix de\ncocos, des bananes, des morceaux de fruit \u00C3\u00A0\npain, du poiflbn & d'autres chofes, \u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A9tal\u00C3\u00A9s\nfur ces Morais de mer. On nous dit que les\npirogues appartenoi\u00C3\u00A8nt \u00C3\u00A0 YEatooa, & qu'elles\nd\u00C3\u00A9voient accompagner Pefcadre deftin\u00C3\u00A9e pour\n-Eimeo.\nL'infortun\u00C3\u00A9 qu'on facrifia \u00C3\u00A0 cette occafion,\nme parut un homme d'entre deux \u00C3\u00A2ges ; on nous\napprit qu'il \u00C3\u00A9toit Towtow, c'eft-\u00C3\u00A0-dire, de la derni\u00C3\u00A8re clafle des Infulaires. Je fis beaucoup^ de\nrecherches, & je ne d\u00C3\u00A9couvris pas qu'on l'e\u00C3\u00BBt\nd\u00C3\u00A9fign\u00C3\u00A9 pour victime , parce qu'il fe trouvoit\ncoupable d'un crime capital. Il efl s\u00C3\u00BBr n\u00C3\u00A9anmoins\nqu'en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral ils immolent, dans leurs facrifices,\ndes individus qui ont commis des d\u00C3\u00A9lits graves ;\nou bien des vagabonds des derniers rangs de la\nibci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, qui courent de bourgade en bourgade,\nou d'une Me \u00C3\u00A0 Pautre, fans avoir de domicile,\nou des moyens connus de pourvoir \u00C3\u00A0 leur fub-\nfiflance ; efpeces d'hommes que l'on rencontre\nfouvent fur ces terres. J'eus occafion d'examiner\nle corps de la malheureufe victime ; je remarquai DE COO K.\nlo\nque le derri\u00C3\u00A8re de la t\u00C3\u00AAte & le vifage \u00C3\u00A9toient\n^nf\u00C3\u00A0nglant\u00C3\u00A9s ; qu'il y avoit une meurtriffure \u00C3\u00A9norme\nfur la tempe droite : je reconnus alors de quelle\nmani\u00C3\u00A8re on l'avoit tu\u00C3\u00A9. On m'annon\u00C3\u00A7a en effet\nqu'on l'avoit aflbmm\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 coups de pierre.\nCeux qui doivent \u00C3\u00AAtre les victimes de cet affreux f\u00C3\u00A0crifice, ignorent l'arr\u00C3\u00AAt prononc\u00C3\u00A9 contre eux; & ils n'en font inftruits, qu'\u00C3\u00A0 l'inftant\n$j ils re\u00C3\u00A7oivent le coup mortel. Lorfque l'un des\ngrands Chefs juge qu'un f\u00C3\u00A0crifice humain efl n\u00C3\u00A9-\n<$g\u00C3\u00A0ire, il d\u00C3\u00A9figne lui-m\u00C3\u00AAme l'infortun\u00C3\u00A9 qu'on\nimmolera; il d\u00C3\u00A9tache enfuite quelques-uns de\nfes ferviteurs affid\u00C3\u00A9s, qui tombent brufquement\nfur la vi\u00C3\u00A9time, & qui Paflbmment \u00C3\u00A0 coups de\npiaflue m de pierres. On porte la nouvelle de f\u00C3\u00A0\n!$ort au Roi, dont la pr\u00C3\u00A9f\u00C2\u00A3nce, comme je.l'ai\nd\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit, eft abfolument indifpenfable aux c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies qui doivent fuivre : O-Too joua en effet\nun des premiers r\u00C3\u00B4les au f\u00C3\u00A0crifice, dont j'ai fait\nla defcription, La c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9mopie, en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, eft\nappellee Poore-Eree, ou la pri\u00C3\u00A8re du Chef; &\nla victime offerte \u00C3\u00A0 la Divinit\u00C3\u00A9, Taata-Taboo,\nou l'homme d\u00C3\u00A9voil\u00C3\u00A9. C'eft le feul cas o\u00C3\u00B9 nous\nayions entendu \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, le terme de Taboo;\nil Semble y avoir une fignification myft\u00C3\u00A9rieufe,\nainfi qu'\u00C3\u00A0 Tonga. Les habitans de cette derni\u00C3\u00A8re\nMe l'emploient, toutes les fois qu'ils veulent\nM 4\nl777-\nyb\u00C3\u00AFC. ybre\n\u00C3\u008F\u00C3\u008FM\n2 84 T I o 1 s 1 e m e Voyage \u00E2\u0096\u00A0 ,\ns=^ d\u00C3\u00A9figner des chofes, auxquelles il ne faut pas\n1777. toucher; mais on fe fert alors \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti du motile , dont l'acception n'eft pas moins \u00C3\u00A9tendue.\nLe Morai, o\u00C3\u00B9 fe pafl\u00C3\u00A8rent les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies atroces, que j'ai d\u00C3\u00A9crites, efl s\u00C3\u00BBrement tout-\u00C3\u00A0-\u00C3\u00AEa-fois\nun Temple, un lieu deftin\u00C3\u00A9 aux Sacrifices, & un\ncimeti\u00C3\u00A8re. C'efty celui o\u00C3\u00B9 on enterre le Chef Supr\u00C3\u00AAme- de l'Ifle enti\u00C3\u00A8re, & il Se trouve r\u00C3\u00A9Serv\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0\nfa Samille. & \u00C3\u00A0 quelques-uns des Principaux du\npays. Il ne diff\u00C3\u00A8re gu\u00C3\u00A8res des Morals ordinaires\nque par Sa grandeur. La partie la plus remarquable , efl une mafle large & oblongu\u00C3\u00A9 de\npierres, poS\u00C3\u00A9es l'une Sur Pautre, Sans ciment;\nelle a environ douze ou quatorze pieds d\u00C3\u00A9 hauteur, elle Se ref\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8rre au Sommet, & elle offre,\nde chaque c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, un terrain quarr\u00C3\u00A9, pav\u00C3\u00A9 de\ncailloux mobiles, au-deflbus defquels on enterre\nles CheSs. On trouve, \u00C3\u00A0 peu de diftance de l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 la plus voifine de la mer, le lieu o\u00C3\u00B9 l'on\noffre les Sacrifices ; il efl pav\u00C3\u00A9 aufli de pierres\nmobiles, preSque en entier. On y voit un grand\n\u00C3\u00A9chaSaud ou what ta , Sur lequel on met les\nfruits & les diff\u00C3\u00A9rais v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux qu'on offre \u00C3\u00A0 la-\nDivinit\u00C3\u00A9 ; mais les animaux Sont d\u00C3\u00A9poS\u00C3\u00A9s Sur des\nwhat tas plus petits , que j'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 indiqu\u00C3\u00A9s, &\n#n enterre Sous diverSes parties du pav\u00C3\u00A9 , ks\npauvres malheureux qu'on immole aux Dieux, %\n10*\nD E C O 0 K. 105\n\u00E2\u0080\u00A2On apper\u00C3\u00A7oit aux environs, divers monumens de\nla Superflition des O-T\u00C3\u00A0ifiens; on rencontre, par\nexemple , de petites pierres qui s'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A8vent au-\ndef\u00C3\u00AEus du pav\u00C3\u00A9 ; .d'autres pierres auxquelles Sont\n-attach\u00C3\u00A9s des morceaux d'\u00C3\u00A9toffe ; plufieurs qui\nSont couvertes d'\u00C3\u00A9toffe; & on trouve, \u00C3\u00A0 c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9\nde la grande mafl\u00C3\u00A8 de pierres, qui efl en Sace de\nTeSplanade du Morai, un grand nombre de morceaux de bois Sculpt\u00C3\u00A9s, o\u00C3\u00B9 ils fuppofent que la\n\u00E2\u0096\u00A0Divinit\u00C3\u00A9 r\u00C3\u00A9fide quelquefois, & qui, par conf\u00C3\u00A9-\n| :qu\u00C3\u00A8nt,.fo.nt Sacr\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 leurs yeux. Un amas de pierres, qui efl \u00C3\u00A0 l'une des extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s du whatta,\ndevant lequel on offrit la victime, & qui pr\u00C3\u00A9-\n.fente d'un c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 une efpece de plate-forme, m\u00C3\u00A9rite une attention particuli\u00C3\u00A8re. On y expofe les\ncr\u00C3\u00A2nes de tous les infortun\u00C3\u00A9s qu'on immole aux\n;Dieux ; car on va les d\u00C3\u00A9terrer quelques mois\n;apr\u00C3\u00A8s la f\u00C3\u00A9pukure : on apper\u00C3\u00A7oit au-deflus de ces\n\u00C2\u00ABcr\u00C3\u00A2nes, une multitude de planches de bois : on\npla\u00C3\u00A7a au m\u00C3\u00AAme endroit, durant la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, le\nMaro, & l'autre paquet qui contient le Dieu\nOoro, felon la folle croyance des Infulaires, &\nque j'ai appelle l'Arche : ainfi, on peut comparer cet amas de pierres aux autels des autres\nnations. ij\u00C3\u0089\u00C3\u0089\u00C3\u0089\u00C3\u0089\nOn ne peut trop regretter qu'une coutume fi\natroce & fi definitive d'un droit facr\u00C3\u00A9 , dont\n1777.\n*rbre.\nJPjit IS\u00C3\u0094\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyag\n|g tous les hommes font rev\u00C3\u00AAtus en naiflant, fubfifte\nencore dans la Mer du Sud; & on efl effray\u00C3\u00A9 de\nla puiflanc\u00C3\u00A9 de la fuperflition, qui \u00C3\u00A9touffe les\npremiers fentimens de l'humanit\u00C3\u00A9, lorfqu'on voit\ncette inflitution abominable \u00C3\u00A9tablie chez un peuple , qui n'a plus d'ailleurs la brutalit\u00C3\u00A9 de la vie\nfauvage. Ce qui afflige davantage, elle efl vrai-\nfemb\u00C3\u00AEablement r\u00C3\u00A9pandue fur la vafte \u00C3\u00A9tend\u00C2\u00BB des\nterres de la Mer Pacifique. La conformit\u00C3\u00A9 des\nufages & des idiomes, que nous avons eu occafion de remarquer entre les Mes de cette partie\nde Y\u00C3\u0094c\u00C3\u00A9m, qui fe trouvent les plus \u00C3\u00A9lo|\u00C3\u00A7r\u00C3\u00A7\u00C3\u00A9es.,\ndonne lieu de croire qu'elles fe rapprochent auffi\npar quelques-uns des articles les plus importans\nde leurs c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies religieufes. Nous avons fu\nen effet, de mani\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 n'en pouvoir douter, que\nles habitans des Ifles des Amis f\u00C3\u00A0crifient des\nhommes \u00C3\u00A0 leurs Dieux. Lorfque j'ai d\u00C3\u00A9crit la\nNatche, dont nous f\u00C3\u00BBmes t\u00C3\u00A9moins \u00C3\u00A0 Tongataboo , j'ai dit que les Infulaires, en nous parlant\nde la fuite de cette F\u00C3\u00AAte, nous aflurerent qu'on\nimmolerait dix vi\u00C3\u00A9times humaines ; d'o\u00C3\u00B9 l'on\npeut fe former une id\u00C3\u00A9e de la multitude de\nleurs mafl\u00C3\u00A0cres religieux. Nous juge\u00C3\u00A2mes que les\nO-Ta\u00C3\u00AFtiens ne facrifient jamais plus d'une per*\nfonne \u00C3\u00A0-la-fois , mais il efl au moins probable\nque ces Sacrifices reviennent fouvent, & qu'ils DE COO K. li>7\nenl\u00C3\u00A8vent une foule d'individus ; car je comptai\njufqu'\u00C3\u00A0 quarante-neuf cr\u00C3\u00A2nes, expof\u00C3\u00A9s devant le\nMorai : ces cr\u00C3\u00A2nes n'avoient encore \u00C3\u00A9prouv\u00C3\u00A9\nqu'une l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re alt\u00C3\u00A9ration, & il efl clair qu'on\navoit immol\u00C3\u00A9 quarante-neuf perfonnes fur cet\nautel de fang, depuis un temps peu confid\u00C3\u00A9rable.\nRien ne peut, fans doute, affoiblir l'horreur\nqu'infpire une pareille coutume ; mais fes funef-\ntes effets fe trouveraient diminu\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 quelques\n\u00C3\u00A9gards , fi elle contenoit la multitude , en lui\ndonnant du refpect pour la Divinit\u00C3\u00A9, ou pour la\nReligion du pays. Elle efl fi loin de produire ce\nfoible avantage, que la foule nombreufe afl\u00C3\u00A8m-\nbl\u00C3\u00A9e au Morai, lors du f\u00C3\u00A0crifice auquel nous affili\u00C3\u00A2mes, ne parut point du tout p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9tr\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9 ce\nque firent ou dirent les Pr\u00C3\u00AAtres, durant la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie. On l'avoit d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 commenc\u00C3\u00A9e, quand Oma\u00C3\u00AF\narriva, & la plupart des Spectateurs fe pr\u00C3\u00A9cipit\u00C3\u00A8rent autour de lui ; ils ne fongerent qu'\u00C3\u00A0 lui\ndemander le r\u00C3\u00A9cit de quelques-unes de Ses aventures; ils l'\u00C3\u00A9couterent avec une attention extr\u00C3\u00AAme, & ils ne s'occup\u00C3\u00A8rent plus du f\u00C3\u00A0crifice. Les\nPr\u00C3\u00AAtres eux-m\u00C3\u00AAmes trop habitu\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 de pareilles\nfcenes, ou ayant trop peu de confiance \u00C3\u00A0 l'efficacit\u00C3\u00A9 de leurs rites, ne prirent point cette gravit\u00C3\u00A9 impofante, n\u00C3\u00A9cefl\u00C3\u00A0ire pour donner du poids\n7bre.\n'\u00E2\u0096\u00A0: \u00E2\u0096\u00A0'\u00E2\u0080\u00A2\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0 1777\u00C2\u00BB\n*rbre.\n\u00C3\u00AF88 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\naux c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies religieufes; j'en excepte n\u00C3\u00A9anmoins celui qui faifoit commun\u00C3\u00A9ment les pri\u00C3\u00A8res. Ils avoient l'habit ordinaire des Naturels, ils\ncaufoient entr'eux fans le moindre fcrupule. Ils\ninterpol\u00C3\u00A8rent, il efl vrai , leur autorit\u00C3\u00A9 , afin\nd'emp\u00C3\u00AAcher la populace de venir \u00C3\u00A0 l'endroit o\u00C3\u00B9\nfe paflbient les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies, & afin de nous rapprocher davantage du lieu de la fcene, parce\nque nous \u00C3\u00A9tions \u00C3\u00A9trangers ; mais ils n'imagin\u00C3\u00A8rent rien autre chofe, pour conferver un air de\nd\u00C3\u00A9cence. Ils r\u00C3\u00A9pondirent d'ailleurs , d'une mani\u00C3\u00A8re tr\u00C3\u00A8s-franche, aux queftions que nous leur\nf\u00C3\u00AEmes fur cette inflitution. Lorfque je les priai\nde m'en expliquer le but, ils me dirent que c'\u00C3\u00A9-\ntoit une vieille coutume ; qu'elle \u00C3\u00A9toit agr\u00C3\u00A9able\n\u00C3\u00A0 leur Dieu, qui aimoit les victimes humaines,\nou, felon leur expreflion, qui s'en nourriflb|y|\nqu'apr\u00C3\u00A8s une pareille c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, ils en obte-\nnoient ce qu'ils vouloient. Je ne manquai pas de,\nr\u00C3\u00A9pliquer que leur Dieu ne pouvoit manger les\nvictimes, puifqu'ils ne le voyoient pas, & que\nles corps des animaux demeuraient long-temps\nintacts; qu'en enterrant les victimes humaines,\nils lui \u00C3\u00B4toient les moyens de s'en nourrir. Ils me\nr\u00C3\u00A9pondirent que leur Dieu arrivoit la nuit, fans\nqu'on l'apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBt; qu'il fe nourriflbit de l'\u00C3\u00A2me\nou de la partie immat\u00C3\u00A9rielle qui, felon leur DE C O O K. 189\ndoctrine, demeure autour du Morai, jufqu'\u00C3\u00A0 J\nce que la putr\u00C3\u00A9faction ait enti\u00C3\u00A8rement d\u00C3\u00A9truit\nle corps\u00C2\u00BB\nIl efl bien \u00C3\u00A0 defir\u00C3\u00A8r que cette peuplade, aveugl\u00C3\u00A9e par la fuperflition, apprenne \u00C3\u00A0 regarder,\navec horreur, ces f\u00C3\u00A0crifices humains, dont elle\nr\u00C3\u00A9gale fes Dieux, & qu'elle s'en d\u00C3\u00A9go\u00C3\u00BBte ,\ncomme elle s'eft d\u00C3\u00A9go\u00C3\u00BBt\u00C3\u00A9e de l'uf\u00C3\u00A0ge de manger\nde la chair humaine; car on efl tr\u00C3\u00A8s-fond\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0\ncroire que jadis elle \u00C3\u00A9to\u00C3\u00AEt Cannibale. On nous\naflura qu'il efl indifpenfable d'arracher l'\u00C5\u0093il gauche de l'infortun\u00C3\u00A9 qu'on facrifie : le Pr\u00C3\u00AAtre le\npr\u00C3\u00A9fente au Roi, ainfi que nous le v\u00C3\u00AEmes nous-\nm\u00C3\u00AAmes ; il l'approche du Monarque , \u00C3\u00A0 qui il\nrecommande d'ouvrir la bouche ; mais il le retire, fans le mettre dans la bouche du Prince*\nIls appellent cette partie de la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, Manger F homme , ou R\u00C3\u00A9gal du Chef; & c'eft\npeut-\u00C3\u00AAtre un refle des temps o\u00C3\u00B9 le Roi man^\ngeoit v\u00C3\u00A9ritablement le corps de la viftime.\nJe n'infifterai pas fur ces d\u00C3\u00A9tails qui fouillent\nl'imagination. Il efl s\u00C3\u00BBr qu'outre les f\u00C3\u00A0crifices\nhumains, ces Infulaires., fi remplis de bienf\u00C3\u00A0i-\nfance & de douceur, ont d'autres coutumes barbares. Ils coupent les m\u00C3\u00A2choires de ceux de\nleurs ennemis qu'ils tuent dans les batailles; ils\noffrent m\u00C3\u00AAme en f\u00C3\u00A0crifice \u00C3\u00A0 Y Eat 00 a y les corps\n1777.\n*ybre. 1777-\n^bre.\n190 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ndes vaincus. S'ils Portent vainqueurs d'un combat, ils raf\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8mblent, peu de temps apr\u00C3\u00A8s, les\nmorts qui font tomb\u00C3\u00A9s entre leurs mains ; ils les\napportent au Morai , o\u00C3\u00B9 ils creufent une fofl\u00C3\u00A8\navec beaucoup d'appareil, & ils les y enterrent ;\nmais ils ne les d\u00C3\u00A9terrent pas enfuite, pour en\n\u00C3\u00B4ter les cr\u00C3\u00A2nes.\nLa f\u00C3\u00A9pulture de ceux de leurs premiers Chefs,\nqui meurent dans les combats, efl diff\u00C3\u00A9rente. On\nnous apprit que Tootaha, leur dernier Roi, Tu-\nbourai Tamaide, & d'autres qui p\u00C3\u00A9rirent dans\nune bataille livr\u00C3\u00A9e aux habitans de Tiarrabo&m\nfurent rapport\u00C3\u00A9s au Morai \u00C3\u00A2'Attahooroo. Lefl\nPr\u00C3\u00AAtres leur ayant ouvert les entrailles, qu'ils\nd\u00C3\u00A9poferent devant le grand Autel, enterr\u00C3\u00A8rent\nenfuite les corps en trois endroits, qu'on nous\nmontra fous la grofl\u00C3\u00A8 mafle de pierres, qui\nforme la partie la plus remarquable de ce Morai. Les hommes du peuple, tu\u00C3\u00A9s par l'ennemi , durant le m\u00C3\u00AAme combat, furent enterr\u00C3\u00A9s\ndans une feule fofl\u00C3\u00A8, au pied de la mafle de\npierres, dont je viens de parler. Oma\u00C3\u00AF avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9\nau combat, & il me dit que les obfeques eurent\nlieu le lendemain ; qu'on les c\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9bra avec beaucoup de pompe & d'appareil, au milieu d'un\nconcours nombreux d'Infulaires ; que, dans Pft\u00C3\u00AFjS\ntention desN Naturels, ce furent des actions de\nPnm D E C O O K. I9I\ngraces rendues \u00C3\u00A0 YEatooa , pour la victoire\nqu'ils venoient d'obtenir. Les vaincus, qui fe\nfauverent dans les montagnes, fur ces entrefaites^\ns'y tinrent cach\u00C3\u00A9s une femaine ou dix jours, jufqu'\u00C3\u00A0 ce que la fureur des vainqueurs fut appai-\nf\u00C3\u00A9e, & qu'on e\u00C3\u00BBt arrang\u00C3\u00A9 le Trait\u00C3\u00A9 de Paix. Ce\nTrait\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9clara O-Too, Roi de l'Ifle enti\u00C3\u00A8re; on\nl'inveftit du Maro en grande pompe, dans le\nm\u00C3\u00AAme Morai, & en pr\u00C3\u00A9fence. de tous les Chefs\nde la contr\u00C3\u00A9e.\n1777.\n*7bre^ 192 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\nbagatelle devient importante ; j'\u00C3\u00A9tois vivement\noccup\u00C3\u00A9 du foin de propager, aux Ifles de l\u00C3\u00A0\nSoci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, ce quadrup\u00C3\u00A8de utile, & la perte du\nb\u00C3\u00A9lier fut un v\u00C3\u00A9ritable malheur; car je n'avois\nque celui-ci de la race du Cap, & il ne m'en\nreftoit qu'un de la race d?Angleterre.\nLe 7, dans la foir\u00C3\u00A9e, nous tir\u00C3\u00A2mes des feux\nd'artifices, devant une multitude d'Infulairll : ce\nfpe\u00C3\u00A9tacle fit grand plaifir \u00C3\u00A0 quelques-uns d'entr'eux;\nmais il caufa un effroi terrible \u00C3\u00A0 la l\u00C3\u00A2stpart, &\nnous e\u00C3\u00BBmes bien de la peine \u00C3\u00A0 les retenir jufqu'\u00C3\u00A0\nla fin. Une table de fuf\u00C3\u00A9es volantes devoir terminer le jeu, l'afl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e erif\u00C3\u00AE\u00C3\u00AAfe fe difperfa au\nftoment o\u00C3\u00B9 elles partirent, & les hommes dii\npays, les plus courageux, s'enfuire\u00C3\u00B9t \u00C3\u00A2vefc pr\u00C3\u00A9cipitation.\nLe 8, \u00C5\u0092didee, notre ancien camarade, donrii\n\u00C3\u00A0 d\u00C3\u00AEner \u00C3\u00A0 quelques-uns d'entre nous ; fon feflin\nfut compof\u00C3\u00A9 de poiflbn & de porc : le cochoil\npefoit environ trente livres; il fut tu\u00C3\u00A9, cuit &\nServi en moins d'une heure. Nous*'achevions de\nd\u00C3\u00AEner, lorfqu'\u00C3\u0094-Too arriva; il me demanda \" fi\n\u00E2\u0080\u009E mon ventre \u00C3\u00A9toit plein? \u00E2\u0080\u009E je lui r\u00C3\u00A9pondis que DE C O O K. 199\noui, & il me dit, \" dans ce cas, venez avec\nn>\nmoi. \u00E2\u0080\u009E Je le fuivis chez fon p\u00C3\u00A8re, o\u00C3\u00B9 je trouvai\ndiff\u00C3\u00A9rentes perfonnes qui habilloient deux jeunes\nfilles d'une quantit\u00C3\u00A9 prodig\u00C3\u00AEeufe de belles \u00C3\u00A9toffes,\narrang\u00C3\u00A9es d'une fa\u00C3\u00A7on finguliere. Une extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9\ndes pieces, qui \u00C3\u00A9toient en grand nombre, fe trou-\nvoit relev\u00C3\u00A9e par-deffus la t\u00C3\u00AAte des jeunes filles,\ntandis que le refle environnoiti le corps, \u00C3\u00A0 commencer de d$$pus les aifl\u00C3\u00A8lles ; l'autre extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9\ntomboit en plis jufqu'\u00C3\u00A0 terre, & reflemblok \u00C3\u00A0 un\njupon de femme port\u00C3\u00A9 fur un large panier : plu^\nfieurs pieces enveloppaient le bord ext\u00C3\u00A9rieur de\nce panier, & groffiflbient l'attirail. Les \u00C3\u00A9toffes\noccupoient l'efpace de cinq ou fix verges de circuit , & ces pauvres filles \u00C3\u00A9toient accabl\u00C3\u00A9es fous\nun fi \u00C3\u00A9norme poids; elles pp\u00C3\u00AFent, en outre,\ndeux taamas , (deux pieces de corps) qui\nleur fervoient de parure, & qui donnaient u$\nair pittorefque \u00C3\u00A0 leur accoutrement. On les con-\nxiaifit, dans cet \u00C3\u00A9quipag\u00C2\u00A7|||\u00C3\u00A0. kPx& de mon vaif-\nfeau; la pirogue, qui les ameaaa,-\u00C3\u00A9toit charg\u00C3\u00A9e\nde plufieurs cochons, & d\ine quantit\u00C3\u00A9 afl\u00C3\u00A8z\nconfid\u00C3\u00A9rable de fruits, dont le p\u00C3\u00A8re d'O-Too\nvouloit me faire pr\u00C3\u00A9fent, ainfi que des \u00C3\u00A9toffes.\nOn donne le nom \u00C3\u00A7YAtee aux perfonp^ de Pun\n& de Paulre fexe, habill\u00C3\u00A9es de cette mani$re\u00C2\u00A3\nmais je crois que cette mode bizarre a feulement\nH\n1777- 1777-\n^bre.\nI\n10.\n200 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nlieu quand ils veulent offrir \u00C3\u00A0 quelqu'un des pr\u00C3\u00A9-\nfens confid\u00C3\u00A9rables d'\u00C3\u00A9toffes; du moins je ne l'ai\njamais vu que dans cette occafion : c'\u00C3\u00A9toit la premiere fois qu'on nous pr\u00C3\u00A9fentoit ainfi des \u00C3\u00A9toffes;\nmais, le Capitaine Gierke & moi, nous en re\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes enfuite d'autres, \u00C3\u00A9tal\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A9galement fur le\ncorps des Naturels qui nous les apport\u00C3\u00A8rent.\nLe lendemain, O-Too me fit pr\u00C3\u00A9fent d'un cochon & de quelques fruits, & chacune de fes\nf\u00C5\u0093urs me donna un cochon & d'autres fruits :\nnous ne manquions pas d'ailleurs de provifions.\nLes Naturels avoient pris en-dedans du r\u00C3\u00A9cif,\navec la Seine, une quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9rable de maquereaux; ils en \u00C3\u00A9chang\u00C3\u00A8rent une partie dans\nnotre camp & fur nos vaifl\u00C3\u00A8aux.\nO-Too, fi foigneux de nous fournir des vivres, cherchoit avec le m\u00C3\u00AAme foin \u00C3\u00A0 nous procurer des amufemens continuels. Nous all\u00C3\u00A2mes,\nle 10, \u00C3\u00A0 Oparre, & il fit donner pour nous\nune efpece de Com\u00C3\u00A9die. Ses trois f\u00C5\u0093urs y jou\u00C3\u00A8rent ; elles avoient des habits neufs & \u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9gans,\nw moins nous n'en avions pas encore vu fur\nces Mes d'auffi agr\u00C3\u00A9ables \u00C3\u00A0 l'\u00C5\u0093il. Mais le principal objet de mon voyage \u00C3\u00A0 Oparre, \u00C3\u00A9toit d'examiner un corps embaum\u00C3\u00A9, que quelques-uns de\nnos Meilleurs avoient rencontr\u00C3\u00A9 par hafard pr\u00C3\u00A8s\nde la r\u00C3\u00A9fidence d'O-Too. J'appris que c'\u00C3\u00A9toit D E C O O K, * 201\ncelui de Tee, l'un des Chefs que j'avois connu\nautrefois : je le trouvai dans un Toopapaoo,\nmieux confin\u00C3\u00A2t que les Toopapaoos ordinaires,\n& pareil, \u00C3\u00A0 tous \u00C3\u00A9gards, \u00C3\u00A0 celui que nous avions\nvu quelque temps auparavant \u00C3\u00A0 Oheitepeha, o\u00C3\u00B9\nles relies de Waheadooa font d\u00C3\u00A9pof\u00C3\u00A9s & embaum\u00C3\u00A9s de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re. Lorfque nous arriv\u00C3\u00A2mes , le eorps \u00C3\u00A9toit couvert & envelopp\u00C3\u00A9 d'\u00C3\u00A9toffes; mais, \u00C3\u00A0 ma pri\u00C3\u00A8re, l'Infulaire qui le gar-\ndoit, le tira du Toopapaoo, il le,pla\u00C3\u00A7a fur une\nefpece de bierre , & nous l'examin\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 notre\naife ; on ne nous permit pas toutefois de p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9trer en-dedan^jdes palif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A0des qui enfermoient le\nToopapaoo \u00E2\u0096\u00A0: l'Infulaire orna le cercueil de nattes & d'\u00C3\u00A9toffes, qui produifoient un joli effet.\nLe corps \u00C3\u00A9toit entier dans toutes les parties, &,\nce qui nous.iluprit bien davantage, la putr\u00C3\u00A9faction paroiflbit \u00C3\u00A0 peine avoir commenc\u00C3\u00A9, car il\nn'exhaloit posftt d'odeur d\u00C3\u00A9fagr\u00C3\u00A9able : cependant\nle climat eft tr\u00C3\u00A8s-chaud, & Tee \u00C3\u00A9toit mort depuis plus de quatre mois : on n'y appercevoit\nd'autre alt\u00C3\u00A9ration , qu'une contraction des muf-\ncles & des yeux ; les cheveux & les ongles fe\ntrouvoient en bon \u00C3\u00A9tat, & ils adh\u00C3\u00A9raient fortement \u00C3\u00A0 la peau : les diverfes jointures avoient\nde la fouplefl\u00C3\u00A8, o\u00C3\u00B9 elles pr\u00C3\u00A9fentoient ce rel\u00C3\u00A2chement qui arrive aux perfonnes attaqu\u00C3\u00A9es d'un\n1777,\njbre, l777*\n^bre.\n202 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n: \u00C3\u00A9^anouilfenent fubit. M. Andeffon, q\u00C3\u00B4l m\u00C3\u00A8 communiqua ces r\u00C3\u00ABffeatqu\u00C3\u00A9s, fit des r\u00C3\u00A9tdhfcr\u00C3\u00A9tt\u00C3\u0088s fui*\nles libyens cj&'\u00C3\u00ABmploient les Natuf\u00C3\u00B4ls, pour con-\nferver \u00C3\u00A2HffflSgcorps, & d\u00C3\u00AEl#ii dit, qu'imm\u00C3\u00A9diatement apf\u00C3\u00A8k la nfiftt',-\u00C3\u00B4n tilt par Y anus tel\ninteftffl\u00C3\u0088 & les autres vifc\u00C3\u00AAf\u00C3\u00A9s, qu'on remplit le\nventre & PtSf\u00C3\u00B4ii\u00C3\u00AFfe d'\u00C3\u00A9'f\u00C3\u00B4fflf\u00C3\u00A8sr$ que s'il y a de\nl'humiditl fur la peau, dit la fait difparo\u00C3\u00AEfre, &\nqu'on frdHfe'\u00C3\u0087\u00C3\u0089hite tout le coi-ps avec une quantit\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00B4f\u00C3\u00A0fid\u00C3\u00A9rable d'hiMl\u00C3\u00AA de noix de cocos parfum\u00C3\u00A9e; que 'c\u00C3\u00ABfff\u00C3\u00AEfl\u00C3\u0089SRtti le confie afl\u00C3\u00A8z longtemps lahs i|W\u00C3\u00AEl tombe en p\u00C3\u00B4ur\u00C3\u00AFftUr\u00C3\u00A9. De mon\nc\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, je ne pUs tii\u00C3\u00A9^ocurer, C\\u00C3\u008Af dette op\u00C3\u00A9ra*\ndon, d'aMBBSS^\u00C3\u00A2\u00C3\u00A9tails*}6e ceux d'\u00C3\u0094hia\u00C3\u00AF. Il m'\u00C2\u00A3&\nfura que l\u00C3\u00A9s O-lfi\u00C3\u0089H\u00C3\u0089is fe fe?verf\u00C2\u00A3&lors du fuc\nd'une pl\u00C3\u00A2fiie^^^\u00C3\u00A9fkff\u00C3\u00A2lli\u00C3\u00AEi les tif\u00C3\u00B4f\u00C3\u00A0tagnes, &\nd'huile de noix d\u00C3\u00A9 cocos ; q\u00C3\u00A2&t$\u00C3\u0089#^ fouv$f\u00C2\u00A3\nle c\u00C3\u00B4\u00C3\u00AFps avec de l'eau de mer : il m'apprit d'alb-\nleurs qu'on' \" Vous m'e\u00C3\u00BBtes \u00C3\u00A0 peine quitt\u00C3\u00A9 , qu'un\n\u00E2\u0080\u009E f\u00C3\u00A9cond meflager de Towha, arriva pr\u00C3\u00A8s d'O-\n\u00E2\u0080\u009E Too avec un bananier. Nous part\u00C3\u00AEmes d'Oparre\n\u00E2\u0080\u009E au couche^ du Soleil, & nous d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A2mes\n\u00E2\u0080\u009E vers cinq heures \u00C3\u00A0 Tettaha, fur la langue de\n\u00E2\u0080\u009E terre contigu\u00C3\u00AB \u00C3\u00A0 Attahooroo. Les habitans de\n\u00E2\u0080\u009E ce diftri\u00C3\u00A9t nous appellerent de la c\u00C3\u00B4te, vrai-\n\u00E2\u0080\u009E femblablement pour nous avertir que Towha\n\u00E2\u0080\u009E s'y trouvoit. Je comptois que Pentfl\u00C3\u00A9vue d\u00C3\u00A7 ce\n\u00E2\u0080\u009E Chef & du Roi, m'offrirait quelque chofe\n\u00E2\u0080\u009E d'int\u00C3\u00A9refl\u00C3\u00A0nt. O-Too & les gens de fa fuite,\n\u00E2\u0080\u009E all\u00C3\u00A8rent s'afl\u00C3\u00A8oir fur la gr\u00C3\u00A8ve, pr\u00C3\u00A8s de la piro-\n\u00E2\u0080\u009E gue o\u00C3\u00B9 \u00C3\u00A9toit Towha : celui-ci dormoit, mais\n,, fes domeftiques l'ayant \u00C3\u00A9veill\u00C3\u00A9, & ayant nomm\u00C3\u00A9\n\u00E2\u0080\u009E O-Too, on apporta aux pieds du Roi un ba-\n\u00E2\u0080\u009E nanier & un cochon ; & un afl\u00C3\u00A8z grand nom-\n\u00E2\u0080\u009E bre d'Infulakes attach\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 Towha, vinrent cau-\n,, fer avec O-Too : je jugeai qu'ils parfoient de\n\u00E2\u0080\u009E leur exp\u00C3\u00A9dition dHEimeo. Je demeurai quelque\n\u00E2\u0080\u009E temps affis \u00C3\u00A0 c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 du Roi ; & comme Towha\ntome I, page 463 de l'original , que les O-Ta\u00C3\u00AFtiens\ntrait\u00C3\u00A8rent de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re le Capitaine Wallis\n& fon premier lieutenast*' 220 Troisiem\u00C3\u00A7 Voyage\n\u00E2\u0080\u009E ne fortoit point de fa pirogue, & qu'il ne\n\u00E2\u0080\u009E nous difoit rien, je montai fur fon embarca-\n\u00E2\u0080\u009E tion ; il me demanda fi Toote \u00C3\u0087a) \u00C3\u00A9toit f\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9\n\u00E2\u0080\u009E contre lui. Je lui r\u00C3\u00A9pondis que non, que Toote\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00A9toit Ton Taye, (fon ami ) & qu'il m'av$M\ncharg\u00C3\u00A9 de me rendre \u00C3\u00A0 Attahooroo pour le\nlui dire. Oma\u00C3\u00AF eut alors une longue converf\u00C3\u00A0-/f\ntion avec ce Chef; mais je ne pus favoir\nquelle avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 la mati\u00C3\u00A8re de leurs difcours. Je\nretournai aupr\u00C3\u00A8s d'O-Too, qui paroiflbit defi-\nrer que je mangeaf\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8 quelque chofe, & que\nj'allafl\u00C3\u00A8 me coucher. Nous les quitt\u00C3\u00A2mes en.\neffet, Oma\u00C3\u00AF & moi. Je queftionnai Oma\u00C3\u00AF fur '\nles raifons qui avoient emp\u00C3\u00AAch\u00C3\u00A9 Towha de for-\ntir de fa pirogue ; il me dit que ce Chef \u00C3\u00A9toit\nboiteux, mais que le Roi s'approcherait dej\nlui, & qu'ils c\u00C3\u00A0uferoient en particulier. Cette\npr\u00C3\u00A9diction parut fe v\u00C3\u00A9rifier ; car les Infulaires\nque nous laifs\u00C3\u00A2mes pr\u00C3\u00A8s d'O-Too, vinrent:\nbient\u00C3\u00B4t nous trouver, & O-Too lui-m\u00C3\u00AAme\narriva envkon dix minutes apr\u00C3\u00A8s : nous all\u00C3\u00A2mes tous nous coucher dans fa pirogue.\n\u00E2\u0080\u009E Le lendemain au matin, ils pr\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A8rent une\ngrande quantit\u00C3\u00A9 de kava; l'un d'eux en but\n{a) C'eft ainfi que les O^Ta\u00C3\u00AFtiefls prononcent le\nnom du Capitaine Cook* de Cook. 221\ntellement, qu'il perdit Pufage de fes fens. Il : \u00E2\u0080\u00A2\u00E2\u0096\u00A0 , [v\navoit des convulfions fi fortes, que fi je n'en 1777*\navois pas connu la caufe, je l'aurais fuppof\u00C3\u00A9 7bre-\ntr\u00C3\u00A8s-malade : deux hommes le tenoient par les\ncheveux. J'abandonnai cette fcene , pour en\nvoir une autre plus touchante, l'entrevue de\nTowha, de fa femme & d'une jeune perfonne\nqui me parut \u00C3\u00AAtre fa fille. Apr\u00C3\u00A8s avoir d\u00C3\u00A9coup\u00C3\u00A9\nfa t\u00C3\u00AAte, de mani\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 en faire fortir beaucoup\nde fang, & apr\u00C3\u00A8s avoir bien pleur\u00C3\u00A9, elles fe\nlav\u00C3\u00A8rent & embrafl\u00C3\u00A8rent le Chef d'un air tranquille ; mais la jeune fille n'\u00C3\u00A9toit pas encore\nau bout de fes fbuffrances ; Terridiri \u00C3\u0087a) arri-\n\u00E2\u0080\u009E va , & elle r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9ta avec un maintien calme\n\u00E2\u0080\u009E tout ce qu'elle avoit fait avant d'aborder fon\n\u00E2\u0080\u009E p\u00C3\u00A8re. Towha av^it amen\u00C3\u00A9 une grande pirogue\n\u00E2\u0080\u009E de guerre df Eimeo ; je lui demandai s'il avoit\n\u00E2\u0080\u009E tu\u00C3\u00A9 les guerriers qui la montoient, & il me\n\u00E2\u0080\u009E r\u00C3\u00A9pondit qu'elle n'avoit point d'hompies \u00C3\u00A0\n\u00E2\u0080\u009E bord, lorfqu'il la prit.\n\u00E2\u0080\u009E Nous part\u00C3\u00AEmes de Tettaha entre dix & onze\n\u00E2\u0080\u009E heures, & nous d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 peu de dif-\n\u00E2\u0080\u009E tance du Morai d9Attahooroo, un peu apr\u00C3\u00A8s\n{a) Terridiri \u00C3\u00A8fl: fils d'Oberea. La Collection de\nHawkefworth , tome II, page 154 de Poriginal, donne\ndes d\u00C3\u00A9tails fur la g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9alogie de ceux qui compofent\nla Famille Royale d'O-Ta\u00C3\u00AFti. 1777-\n\u00E2\u0099\u00A6rbre.\n\u00C3\u00BB*\u00C2\u00A3 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u009E midi. Nous trouv\u00C3\u00A2mes trois pirogues retir\u00C3\u00A9es\nfur la gr\u00C3\u00A8ve, en face du Morai; il y avoit\ntrois cochons dans chacune; on voyoit au-\ndeflbus de leurs hangars ou abris quelque\nchof\u00C3\u00A9 que nous ne p\u00C3\u00BBmes pas diftinguer. Nous\ncomptions que1 la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie aurait lieu dans\nla foir\u00C3\u00A9e, mais Towha & Potatou n'arriv\u00C3\u00A8rent\npoint, & il ne fe pafl\u00C3\u00A0 rien d'important.\n\u00E2\u0080\u009E Un Chef qui \u00C3\u00A0rriyoit d'Eimeo, apporta un\npetit cochon & un bananier, qu'il d\u00C3\u00A9pofa aux\npieds d'O-Too : il caufa quelque temps avec\nle Roi, & comme il r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9ta fbuvent le mot\nWarry, Warry, \u00C3\u0087 faux ) je fuppofai qu'O-\nToo lui racontoit ce qu'il avoit oui dire, &\nque le Chef nioit les faits.\n\u00E2\u0080\u009E Towha & Potatou arriv\u00C3\u00A8rent le 24, avec\nhuit grandes pirogues, & ils d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A8rent pr\u00C3\u00A8s\ndu Morai. O-Too re\u00C3\u00A7ut une multitude de .bananiers de la part de diff\u00C3\u00A9rens Chefs. Towha\nne quitta point fa pirogue. La c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie commen\u00C3\u00A7a enfin : le Grand-Pr\u00C3\u00AAtre apporta d'abord\nle Maro foigneufement envelopp\u00C3\u00A9, & un paquet qui avoit la forme d'un pain de fucre; ii\nles pla\u00C3\u00A7a \u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e d'un lieu qui me parut \u00C3\u00AAtre\nle cimeti\u00C3\u00A8re : trois Pr\u00C3\u00AAtres all\u00C3\u00A8rent enfuite\ns'afl\u00C3\u00A8oir en face \u00C3\u00A0 l'autre extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 du cimeti\u00C3\u00A8re ; ils apport\u00C3\u00A8rent aufli un bananier , une de Cook, 223\n\u00E2\u0080\u009E branche d'un autre arbre & une fleur de co-\n\u00E2\u0080\u009E cotier.\n\u00E2\u0080\u009E Les Pr\u00C3\u00AAtres prononc\u00C3\u00A8rent f\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9ment de pe-\n\u00E2\u0080\u009E rites phrafes en tenant ces diverfes chofes \u00C3\u00A0\n\u00E2\u0080\u009E leurs mains; deux, d'entr'eux & quelquefois\n\u00E2\u0080\u009E les trois, chantoient de temps en temps une\n\u00E2\u0080\u009E chanfon m\u00C3\u00A9lancolique , \u00C3\u00A0 laquelle Pafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e\n\u00E2\u0080\u009E fit peu d'attention. Ces pri\u00C3\u00A8res & ces chants\n\u00E2\u0080\u009E dur\u00C3\u00A8rent une heure. Le Grand-Pr\u00C3\u00AAtre ayant\n\u00E2\u0080\u009E fait une autre pri\u00C3\u00A8re qui fut de courte dur\u00C3\u00A9e,\n\u00E2\u0080\u009E d\u00C3\u00A9couvrit le Maro : O-Too fe leva, on lui\n\u00E2\u0080\u009E ceignit le Maro, &, pendant cette op\u00C3\u00A9ration,\nil t^noit \u00C3\u00A0 fa main un chapeau ou bonnet, des\nplumes rouges de la queue de l'oifeau du Tropique, m\u00C3\u00AAl\u00C3\u00A9es avec d'autres plumes brunes. H\nfe pla\u00C3\u00A7a au milieu de la fcene, en face des trois\nPr\u00C3\u00AAtres, qui continu\u00C3\u00A8rent leurs pri\u00C3\u00A8res Pefpace\nd'environ dix minutes : l'un des affiftans fe leva\nd'une mani\u00C3\u00A8re brufque; il dit quelque chofe\nqui finit par le cri de Heiva, & Pafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e\nlui r\u00C3\u00A9pondit trois fois en criant \u00C3\u00A0 haute voix,\nEaree ! on m'avoit averti auparavant que c'\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E toit la partie principale de la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie.\n\u00E2\u0080\u009E Les Affiftans pafl\u00C3\u00A8rent alors au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 oppof\u00C3\u00A9\n\u00E2\u0080\u009E de la grande mafl\u00C3\u00A8 de pierres o\u00C3\u00B9 l'on voit une\n\u00E2\u0080\u009E large fofl\u00C3\u00A8, que les Infulakes appellent le Mo-\n\u00E2\u0080\u009E rai du Roi On y r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9ta la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie que\n1777-\n^bre. 1777'\n*7bre.\n224 T r o 1 s i e m e Voyage\n\u00E2\u0080\u009E je viens de d\u00C3\u00A9crire, & elle finit \u00C3\u00A9galement par\n\u00E2\u0080\u009E trois acclamations. On replia le Maro, dont\n\u00E2\u0080\u009E la fplendeur fe trouva augment\u00C3\u00A9e d'une touffe\n\u00E2\u0080\u009E de plumes rouges, que l'un des Pr\u00C3\u00AAtres donna\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00A0 O-Too tandis que le Roi l'avoit autour de\n\u00E2\u0080\u009E fes reins.\n\u00E2\u0080\u009E L'afl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e fe rendit enfuite \u00C3\u00A0 une vafte ca-\n3, bane , fitu\u00C3\u00A9e pr\u00C3\u00A8s du Morai, & elle s'y affit\n\u00E2\u0080\u009E avec beaucoup plus d'ordre qu'on n'en voit or-.\ni dinairement \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti. Un homme du diftrict\n\u00E2\u0080\u009E de Tiarraboo, fit un *difcours qui dura envi-\n\u00E2\u0080\u009E ran dix minutes ; un hahitant di'Attahooroo\n\u00E2\u0080\u009E p\u00C3\u00A9rora enfuite ; Potatou, qui prit la parole\n,3 apr\u00C3\u00A8s eux, s'exprima avec plus d'abondance\n\u00E2\u0080\u009E & de grace; \u00C3\u00A9\u00C3\u00AFi g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, les deux premiers\n3, ne dirent que de petites phrafes d\u00C3\u00A9tach\u00C3\u00A9es,\n\u00E2\u0080\u009E accompagn\u00C3\u00A9es d'un mouvement de main tr\u00C3\u00A8s-'\n3, gauche. Tooteo harangua auffi au nom d'O-\n\u00E2\u0080\u009E Too, & apr\u00C3\u00A8s lui un Infulaire d'Eimeo. Il y\nU eut deux ou trois autres difcours auxquels\n,3 l'auditoire fit peu d'attention : Oma\u00C3\u00AF m'aflura\n33 qu'ils promirent tous de ne point combattre,\n\u00E2\u0080\u009E mais de vivre en amis. Plufieurs des orateurs\n,3 s'\u00C3\u00A9chauff\u00C3\u00A8rent; peut-\u00C3\u00AAtre qu'ils fe plaignirent\n5, du pafle 3 & qu'ils firent des proteftations de\n3, ne pas troubler la paix \u00C3\u00A0 l'avenir. Un Habitant\n3, du diftrict d'Attahooroo fe leva au milieu de\n\u00E2\u0080\u009E ces 3?\n3?\n5?\n59\nde Cook. 225\nces harangues; il portoit une fronde autour\nde fes reins & une grofl\u00C3\u00A8 pierre fur fes \u00C3\u00A9paules : apr\u00C3\u00A8s s'\u00C3\u00AAtre promen\u00C3\u00A9 environ un quart-\nd'heure dans le cercle , & r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 quelques\nmots d'un ton chantant, il jetta fa pierre.\nLorfque les difcours furent termin\u00C3\u00A9s , on\nporta au Morai cette pierre & un bananier\nqui \u00C3\u00A9toit aux pieds du Roi : l'un des Pr\u00C3\u00AAtres pronon\u00C3\u00A7a ici deux ou trois phrafes, avec\nle Roi.\n\u00E2\u0080\u009E Au moment o\u00C3\u00B9 nous nous embarqu\u00C3\u00A2mes,\nla brife de mer avoit commenc\u00C3\u00A9, & il fallut\nredefcendre fur la c\u00C3\u00B4te ; nous f\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 pied\nprefque tout le chemin de Tettaha \u00C3\u00A0 Oparre, & cette promenade fut tr\u00C3\u00A8s-agr\u00C3\u00A9able. Nous\ntrouv\u00C3\u00A2mes un arbre, auquel \u00C3\u00A9toient fufpen-\ndus deux paquets de feuilles feches : il Sert\nde bornes aux deux diflri\u00C3\u00A9ts. L'Infulaire qui\navoit,paru dans la c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie avec la fronde\n& la pierre , nous accompagnoit : le p\u00C3\u00A8re\nd'O-Too l'entretint long-temps ; il paroiflbk\n\u00E2\u0080\u009E fort en col\u00C3\u00A8re, & je compris qu'il \u00C3\u00A9toit ir-\n\u00E2\u0080\u009E rite du r\u00C3\u00B4le qu'avoit jou\u00C3\u00A9 Towha dans l'af-\n\u00E2\u0080\u009E faire d'Eimeo.\nAutant que je puis juger de cette c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie,\nd'apr\u00C3\u00A8s la defcription de M. King, ce ne fut pas\nuniquement une action de graces aux Dieux,\nT\u00C3\u00A7me Ih P\n?5\n?>\n1777.\n.^bre.\n\u00E2\u0096\u00A0;'\u00E2\u0096\u00A0: \u00C2\u00AB1 \u00E2\u0096\u00A0 \"*rbre,\n/\n226 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n*mi$ plut\u00C3\u00B4t une confirmation du trait\u00C3\u00A9; peut-\n1777* \u00C3\u00AAtre m\u00C3\u00AAme avoit-elle l'un & l'autre de ces objets pour but. Le cimeti\u00C3\u00A8re , dont il fait mention , para\u00C3\u00AEt \u00C3\u00AAtre le lieu o\u00C3\u00B9 commenc\u00C3\u00A8rent les\nc\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies du f\u00C3\u00A0crifice humain, auquel j'affiftai,\n& devant lequel on d\u00C3\u00A9pofa la victime , apr\u00C3\u00A8s\nqu'on l'eut \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9e du bord de la mer. C'eft\nauffi dans cette partie du Morai, qu'ils invef-\ntif\u00C3\u00AF\u00C3\u00A8nt leur Roi du Maro , pour la premiere\nSois. Oma\u00C3\u00AF, qui s'\u00C3\u00A9toit trouv\u00C3\u00A9 au couronnement\nd'O-Too, m'en expliqua tous les d\u00C3\u00A9tails Sur les\nlieux ; & ces d\u00C3\u00A9tails Se rapprochent beaucoup\nde ceux que vient de donner M. King, quoique\nles deux c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies aient eu lieu en des occa-\nfions bien diff\u00C3\u00A9rentes. Le bananier, efl la premiere chofe qu'on apper\u00C3\u00A7oit dans toutes les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies reiigieuSes de ces peuplades, & m\u00C3\u00AAme\ndans tous leurs d\u00C3\u00A9bats publics ou particuliers.\nElles l'emploient auffi en d'autres oecafions, &\npeut-\u00C3\u00AAtre plus Sr\u00C3\u00A9quemment encore que nous ne\nPavons remarqu\u00C3\u00A9. Tandis que Towha Sut \u00C3\u00A0 Eimeo , il envoya chaque jour des mefl\u00C3\u00A0gers \u00C3\u00A0\nO-Too : ces expr\u00C3\u00A8s ne manquoi\u00C3\u00A9rit jamais d'ai^\nriver, en tenant \u00C3\u00A0 la main un jeune bananier,\nqu'ils d\u00C3\u00A9poSoient aux pieds d'O-Too, avant d'ouvrir k1 bouche ; ils s'\u00C3\u00A0fleio\u00C3\u00AFent enSuite devant le\nRoi, & ils faifoient leur meff\u00C3\u00A0ge. Deux hon\u00C3\u008Btaes, d e Cook.\n27\nqui fe difputoient, s'\u00C3\u00A9chauff\u00C3\u00A8rent tellement un\njour, que je m'attendois \u00C3\u00A0 les voir fe frapper; l'un d'eux ayant plac\u00C3\u00A9 un bananier devant\nl'autre, ils fe calm\u00C3\u00A8rent tout-\u00C3\u00A0-coup, & ils continu\u00C3\u00A8rent fans emportement. Enfin le bananier\nefl toujours l\u00C3\u00A9 rameau d'olivier, pour les-habitans des IJ\u00C3\u008Fes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9.\nLa guerre \u00C3\u00ABErmeo-, & les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies Solem-\nnelles qui en furent la fuite , n'occupant plus\nnos amis, ils revinrent nous voir le 26 ; &,\ncomme ils favoient qu\u00C3\u00A7 nous \u00C3\u00A9tions fur le point\nde partir, ils nous apport\u00C3\u00A8rent plu* de cochons\nque nous ne pouvions en acheter. Nous manquions de fel, & nous n'avions befoin que de la\nquantit\u00C3\u00A9 de porc n\u00C3\u00A9cefl\u00C3\u00A0ire \u00C3\u00A0 notre confommation\njournali\u00C3\u00A8re, SB\nLe lendemain, j'accompagnai O-Too \u00C3\u00A0 Opar*\nre, &, avant de le quitter, je fis la revue du\nb\u00C3\u00A9tail & des volailles, dont je lui avois recommand\u00C3\u00A9 de prendre foin* Chacun de ces animaux\n\u00C3\u00A9toit en bon \u00C3\u00A9tat, & on les foignoit d'une mani\u00C3\u00A8re convenable. Deux des oies, & deux des\ncanards couvoient, mais la femelle du paon, &\nles poules d'Inde, n'avoient pas encore pondu,\nJe redemandai \u00C3\u00A0 O-Too quatre ch\u00C3\u00A8vres ; j'en\nvoulois la\u00C3\u00AEf\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8r deux \u00C3\u00A0 Ulietea, o\u00C3\u00B9 cette efpece\nefl inconnue ; & je me propofois de garder les\nP 2\n1777\n^bre*\n10. 22\u00C2\u00A7 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ndeux autres, pour quelques-unes des Mes que je\npourrais rencontrer, en allant \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te d\u00C2\u00A3Am\u00C3\u00A9rique. \u00C3\u0089ggi\nUne fupercherie d'O-Too, que je vais citer,;\nmontre que ces Infulaires favent, au befoin, employer la rufe & l'artifice, pour arriver \u00C3\u00A0 leur\nbut. Je lui avois donn\u00C3\u00A9, entr'autres chofes, une\nlunette qu'il garda deux ou trois jours ; habitu\u00C3\u00A9\nenfuite \u00C3\u00A0 cet infiniment, &, felon toute appa^\nrence, ne le trouvant d'aucune utilit\u00C3\u00A9 pour lui,\nil le porta en fecret au. Capitaine Gierke; il lui\ndit qu'il \u00C3\u00A9toit fon bon ami; que ce pr\u00C3\u00A9fent de-\nvoit lui \u00C3\u00AAtre agr\u00C3\u00A9able, & qu'il le prioit de l'accepter. .\" Mais, ajouta-t-il, vous ne devez pas\n\u00E2\u0080\u009E en parler \u00C3\u00A0 Toote : \u00C3\u0087a) il defire cette bagajrfi\n\u00E2\u0080\u009E le, & je ne voudrais pas qu'il l'e\u00C3\u00BBt. \u00E2\u0080\u009E Il mit\nla lunette entre les mains du Capitaine Gierke, &\nil Paflura qu'il la poff\u00C3\u00A9dok \u00C3\u00A0 jufte titre. M. Gierke\nrefufa d'abord de l'accepter ; O-Too infifta, &\nne voulut point la reprendre. Quelques jours\napr\u00C3\u00A8s, il eut foin de parler de la lunette; le Capitaine Gierke n'en avoit pas befoin, il defiroit\ncependant d'obliger le Prince; &, croyant que\ndes haches feraient plus utiles \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, que\ncet inftrument, il offrit d'en donner quatre en\n{a) Au Capitaine Cook* de Cook. 2*9\nretour. O-Too s'\u00C3\u00A9cria fur-le-champ : r Toote :\n\u00E2\u0080\u009E m'en a offert cinq pour la lunette. | M, Gierke\nlui r\u00C3\u00A9pondit : \u00E2\u0096\u00A0 Si cela eft, je ne veux pas que\n% votre amiti\u00C3\u00A9 pour moi , vous foit d\u00C3\u00A9favali-\n\u00E2\u0080\u009E tageufe, Se vous en aurez fix. \u00E2\u0080\u009E Le Roi re\u00C3\u00A7ut les fix hach\u00C3\u00A9s, mais il recommanda d\u00C3\u00A9 nouveau de ne pas m'inftruire de ce qui venoit de\nfe pafler, ^|\nOma\u00C3\u00AF, qui prodigua fi follement ici les chofes\nutiles qu'il avoit apport\u00C3\u00A9es, s'en procura toutefois une, dont il devoit tirer de grands avantages.\nC'\u00C3\u00A9toit une tr\u00C3\u00A8s-belle pirogue double, & \u00C3\u00A0 voiles , \u00C3\u00A9quip\u00C3\u00A9e d'une mani\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A7omplette. Je lui\navois fait faire, peu de temps auparavant, les\ndivers pavillons de beaupr\u00C3\u00A9, cornettes, guidons\n& flammes dont on fe fert fur les vaifl\u00C3\u00A8aux An-\nglois ; mais il les croyoit trop pr\u00C3\u00A9cieux pour les\nemployer \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti : il rapetafla dix ou douze\nde nos vieux pavillons ou de nos vieilles flammes ; il les arbora tous \u00C3\u00A0-la-fois en diff\u00C3\u00A9renteg\nparties de fon b\u00C3\u00A2timent, & ce fpe\u00C3\u00A9tacle attira\nautant de monde qu'en attire dans un port d'Europe , un vaifl\u00C3\u00A8au de guerre pavoif\u00C3\u00A9. Ces banderoles \u00C3\u00A9toient Angloifes, Fran\u00C3\u00A7oifes, Efpagnoles\n& Hollandoifes ; il n'en avoit pas vu d'autres.\nJ'avois donn\u00C3\u00A9, en 1774, un pavillon de beaupr\u00C3\u00A9\n& 'une flamme \u00C3\u00A0 O-Too, & une fimple flamme\nP 1\n*ybre. 230 T R O I S I E M E V O-Y AGE\n\u00C3\u00A0 Towha ;, i\u00C3\u00AE| les avoient conferv\u00C3\u00A9s avec un foin\nextr\u00C3\u00AAme, car je les retrouvai en bon \u00C3\u00A9tat.\nLes \u00C3\u00A9toffes & l'huile de cocos font bien meilleures \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, que fur aucune des autres Mes\nde la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, o\u00C3\u00B9 on les vend fort cher, & Oma\u00C3\u00AF\ns'en procura une afl\u00C3\u00A8z grande quantit\u00C3\u00A9 : il ne fe\nferoit pas conduit d'une mani\u00C3\u00A8re fi inconf\u00C3\u00A9quente\n& fi indigne de la vie qu'il avoit men\u00C3\u00A9e en An*\ngleterre & durant le voyage, fans f\u00C3\u00A0 f\u00C5\u0093ur, fans\nfon beau-frere & quelques perfonnes de fa con-\nnoiflance, qui s'empar\u00C3\u00A8rent de lui;, dans la vue\nde le d\u00C3\u00A9pouiller de toutes fes richefl\u00C3\u00A8s. Leur complot aurait r\u00C3\u00A9uffi, fi je n'avois pris \u00C3\u00A0 temps les\ntr\u00C3\u00A9fors de mon Ami fous ma garde. Cette pr\u00C3\u00A9caution n'e\u00C3\u00BBt pas m\u00C3\u00AAme \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fuffifante, fi j'euf\u00C3\u00AFe\npermis \u00C3\u00A0 ces frippons de le fuivre \u00C3\u00A0 Huaheine,\no\u00C3\u00B9 il devoit s'\u00C3\u00A9tablir. C'\u00C3\u00A9toit leur projet de ne\npoint le quitter; mais je leur d\u00C3\u00A9fendis de fe montrer \u00C3\u00A0 Huaheine, tant que je me trouverais dans\nces parages, & ils me connoiflbient trop bien\npour enfreindre mes ordres,\nO-Too vint \u00C3\u00A0 bord le 28, il me pria d'accepter une pirogue, & de l'offrir de fa part \u00C3\u00A0 YEa-\nree-r/ahie no Bretane ; \u00C3\u0087a) il me dit que,\nvoulant envoyer quelque chofe \u00C3\u00A0 un fi grand\n(a) Au Roi de la Grande-Bretagne. D E C O O K. 23I\nMonarque, il n'avoit rien imagin\u00C3\u00A9 de mieux. Je :\nfus charm\u00C3\u00A9 de fa reconnoiffance; il avoit feul le\nm\u00C3\u00A9rite de cette galanterie ; perfonne d'entre nous\nne lui en avoit donn\u00C3\u00A9 l'id\u00C3\u00A9e. Il nous prougfe\nd'une mani\u00C3\u00A8re claire, qu'il favoit bien \u00C3\u00A0 qui il\n\u00C3\u00A9toit redevable des tr\u00C3\u00A9fors que nous lui avions\napp0\u00C2\u00A33\u00C3\u00A9s. Je crus d'abord que la pirogue ferait\nun mod\u00C3\u00A8le en petit de leurs b\u00C3\u00A2timens de guerre,\nmais je reconnus bient\u00C3\u00B4t qu'il s'agiilbit d'un jva-\nhah d'environ feize pieds de longueur. Elle \u00C3\u00A9toit\ndouble, & je jugeai qu'on l'avoit conflruire expr\u00C3\u00A8s; car elle fe trouvoit d\u00C3\u00A9cor\u00C3\u00A9e de beaucoup\nde fculptures : elle m'aurait trop g\u00C3\u00AAn\u00C3\u00A9, & je le\nremerciai de fa bonne volont\u00C3\u00A9 : je vis que je lui\naurois fait plus de plaifir en l'acceptant.\nDes brifes l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8res de POuefl, & des'$almes,\nnous retinrent \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti quelques jours de plus\nque je ne le comptois : je ne pus pas nt\u00C3\u00AAmg\nfortir de la baie. Durant cet intervalle, lq&vaif-\nfeaux furent- remplis d'Infulaires., & environn\u00C3\u00A9s\nd'une multitude de pirogues ; car les Naturels\nne vouloient quitter les environs de Matavai ^\nqu'apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part. Le vent pafl\u00C3\u00A0 enfin \u00C3\u00A0 PEft\n\u00C3\u00A0 trois heures de l'apr\u00C3\u00A8s-midi du 29, & nous lev\u00C3\u00A2mes l'ancre.\nD\u00C3\u00A8s que nous f\u00C3\u00BBmes fous voile, j'ordonnai\nde tirer fept ccups de canons charg\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 boulet;\n1777..\n*7*i>re.\nm\u00C5\u0092i\nP 232 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n;; \u00E2\u0096\u00A0 O-Too m'en avoit pri\u00C3\u00A9, & je voulois d'ailleurs\n1777. fatisfaire la curiofit\u00C3\u00A9 de fes Sujets. Tous nos amis,\n7bre* except\u00C3\u00A9 le Roi, nous quitt\u00C3\u00A8rent enfuite avec des\nmarques d'\u00C3\u00A2fle\u00C3\u00A9tion & de douleur, qui montr\u00C3\u00A8rent afl\u00C3\u00A8z combien ils nous regrettoient. Le Roi\nayant defir\u00C3\u00A9 de voir marcher les vaifl\u00C3\u00A8aux, je\nm'\u00C3\u00A9tendis en pleine mer, & je revins pr\u00C3\u00A8s de la\ncote ; il me fit alors fes adieux & il retourna \u00C3\u00A0\nt\u00C3\u00A9\u00C3\u0089re fur Sa pirogue.\nNous avions abord\u00C3\u00A9 fi fouvent \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti,\ndepuis un petit nombre d'ann\u00C3\u00A9es, que les Infulaires paroiflbient perfuad\u00C3\u00A9s que nous ne tarderions pas \u00C3\u00A0 revenir. O - Too me recommanda\navec infiance de prier en fon nom YEaree-ra-\nhie no Bretane, d'envoyer, par les premiers\nvaifl\u00C3\u00A8aux, des plumes rouges & les oifeaux quij\nles fourn\u00C3\u00AEfl\u00C3\u00A8nt \ des haches, une demi-douzaine\nde fufils, de la poudre, du plomb , & de ne |\npas oublier des chevaux.\nJ'ai dit fouvent, que j'avois re\u00C3\u00A7u des pr\u00C3\u00A9fens\nco\u00C3\u00AEifid\u00C3\u00A9rables d'O-Too & du refle de fa famille,\n& je n'ai pas toujours fait mention de ce que je\ndonnois de mon c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9. Lorfque les habitans de\nces Mes font un pr\u00C3\u00A9fent, ils laifl\u00C3\u00A8nt entrevoir ce\nqu'ils efperent en retour, & nous \u00C3\u00A9tions oblig\u00C3\u00A9s\nde les fatisfaire ; ainfi, ce qu'on avoit Pair de\nnous offrir gratuitement, nous courait plus que *35\nde Cook.\nce que nous achetions : mais, lorfque nous ,\n\u00C3\u00A9prouvions un moment de difette , & qu'on 1777-\nn'apportoit rien au march\u00C3\u00A9, nous pouvions re- 7bre*\ncourir \u00C3\u00A0 nos amis ; & en tout cette mani\u00C3\u00A8re de\ntrafiquer fut auffi avantageufe pour nous que\npour eux. En g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, je payai tout de fuite\nchacun des pr\u00C3\u00A9fens qu'on me fit; j'en excepte\nceux que je re\u00C3\u00A7us d'O-Too. Ses largefl\u00C3\u00A8s furent fi multipli\u00C3\u00A9es & fi fr\u00C3\u00A9quentes, que nous ne\ncomptions ni l'un ni Pautre. Je lui offrais furie-champ les chofes qu'il me demandoit, lorsqu'elles ne m'\u00C3\u00A9toient pas n\u00C3\u00A9ceflaires , & je le\ntrouvai toujours mod\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9 dans fes demandes.\nSi j'avois pu d\u00C3\u00A9terminer Oma\u00C3\u00AF \u00C3\u00A0 fe fixer ici,\nje ne ferais pas parti fit\u00C3\u00B4t; car, \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9poque o\u00C3\u00B9\nje quittai l'Ifle, on nous fourniflbk\" des rafra\u00C3\u00AE-\ni\u00C3\u00A2afl\u00C3\u00A8mens en fi grande quantit\u00C3\u00A9 , & \u00C3\u00A0 fi bon\nmarch\u00C3\u00A9 , que je n'efp\u00C3\u00A9rois pas rencontrer ailleurs le m\u00C3\u00AAme avantage : il r\u00C3\u00A9gnoit d'ailleurs\nentre nous & les habitans, une amiti\u00C3\u00A9 fi cordiale\n& une confiance fi enti\u00C3\u00A8re, qu'il \u00C3\u00A9toit difficile\nd'efp\u00C3\u00A9rer un pareil fucc\u00C3\u00A8s en d'autres terres du\ngrouppe de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. Il efl afl\u00C3\u00A8z extraordinaire que cette correfpondance amicale n'ait pas\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 troubl\u00C3\u00A9e une feule fois, & que je n'aie eu\n\u00C3\u00A0 me plaindre d'aucun vol important; ce n'eft\npas que je craie aux progr\u00C3\u00A8s de la moralit\u00C3\u00A9 des 234\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\n.1777,\n^bre.\nO-Ta\u00C3\u00AFtiens fur cet article ; je penfe plut\u00C3\u00B4t qu'il\nfaut attribuer la r\u00C3\u00A9gularit\u00C3\u00A9 de leur conduite aux\nfoins des Chefs : ces Chefs craignoient de voir\nfufpendre un trafic qui leur donnoit plus de\nmarchandises qu'ils n'auraient pu en obtenir par\ndes vols & des larcins. Je ne manquai pas de\nles en avertir moi-m\u00C3\u00AAme, imm\u00C3\u00A9diatement apr\u00C3\u00A8s\nmon arriv\u00C3\u00A9e. Frapp\u00C3\u00A9 de la multitude de provi-\nfions qu'offrait l'Ifle, & de Pemprefl\u00C3\u00A8ment que\nmontraient les Naturels pour nos articles de commerce , je r\u00C3\u00A9folus de profiter de ces deux cir-\nconflances favorables, & je d\u00C3\u00A9clarai de la mani\u00C3\u00A8re la plus pofitive, que je ne fouffrirois pas\nles vols des gens du pays, comme je les avois\nfoufferts autrefois. Oma\u00C3\u00AF me fut en cela tr\u00C3\u00A8s-\nutile; je lui recommandai de leur bien expliquer\nles heureux effets qu'aurait leur honn\u00C3\u00AAtet\u00C3\u00A9 , &\nles fuites funeftes qu'entra\u00C3\u00AEneraient leurs frippon-\nneries; en un mot, je lui fis,fa le\u00C3\u00A7on & il la dit\n\u00C3\u00A0 memille.\nLes Chefs ne peuvent pas toujours emp\u00C3\u00AAcher\nles vols ; on les vole fouvent eux-m\u00C3\u00AAmes, & ils\ns'en plaignent comme d'un grand mal. O-Too\nlaifl\u00C3\u00A0 entre mes mains, jufqu'\u00C3\u00A0 la veille de mon\nd\u00C3\u00A9part, les chofes qu'il avoit obtenues de nous ;\nlorSqu'il m'en chargea, il me dit qu'elles ne Seraient pas en S\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 ailleurs. Depuis que cette de Coo K. \u00C2\u00BB35\npeuplade conno\u00C3\u00AEt de nouvelles richefles, Ses dispositions au vol doivent avoir augment\u00C3\u00A9. Les\nCheSs, qui ne l'ignorent pas, d\u00C3\u00A9firent beaucoup\nd'avoir des caifl\u00C3\u00A8s; ils Sembloient mettre un prix\nextr\u00C3\u00AAme \u00C3\u00A0 un petit nombre de coffres laiffes dans\nl'Ifle par les Espagnols, & ils nous en deman-\ndoient d'autres Sans celle. J'en fis faire un pour\nO-Too, il le voulut de huit pieds de long , de\ncinq de large & de trois de profondeur. Les\nferrures & les verroux ne fuffiront pas pour\n\u00C3\u00A9carter les voleurs; mais deux hommes peuvent\ny coucher la nuit & y monter la garde.\nNous favions un peu la langue du pays ;\nOma\u00C3\u00AF nous fervoit d'ailleurs d'in&rprete , & il\nefl afl\u00C3\u00A8z fingulier, que nous n'ayons pu d\u00C3\u00A9couvrir l'\u00C3\u00A9poque pr\u00C3\u00A9cife de l'arriv\u00C3\u00A9e des Efpagnols\n& la dur\u00C3\u00A9e de leur f\u00C3\u00A9jour. En multipliant nos\nqueflions fur ce point, nous reconn\u00C3\u00BBmes de\nplus en plus que ces Infulaires font incapables\nde noter oti de fe rappdJer h date des \u00C3\u00A9v\u00C3\u00A9nement\nanciens, fur-tout s'il s'eft \u00C3\u00A9coul\u00C3\u00A9 dix ou vingt\nmois. L'infcription que nous trouv\u00C3\u00A2mes fur H\ncroix, & les d\u00C3\u00A9tails que nous donn\u00C3\u00A8rent les plus\nintelligens des O-Ta\u00C3\u00AFtiens, me firent juger cependant que deux vaifl\u00C3\u00A8aux arriv\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 Oheite-\npeha en 1774, peu de temps apr\u00C3\u00A8s mon d\u00C3\u00A9part\nde Matavai, qui eut lieu au mois de Mars de\nm\n1777-\n^bre. 1777-\n7bre.\n236\u00C2\u00B0 T r*o i s i e me Voyage\nla m\u00C3\u00AAme ann\u00C3\u00A9e. Ces b\u00C3\u00A2timens apport\u00C3\u00A8rent la\nmaifon & les quadrup\u00C3\u00A8des dont j'ai parl\u00C3\u00A9 plus\nbaut. Si j'en crois quelques Infulaires, lorfqu'ils\neurent d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A9 les bois de la maifon & un petit\nnombre d'hommes, ils remirent \u00C3\u00A0 la voile pour\nme chercher, & ils revinrent dix jours enfuite :\nmais j'en doute, car on ne les vit ni \u00C3\u00A0 Hua-\nheine, ni \u00C3\u00A0 Ulietea. Les quadrup\u00C3\u00A8des laifles\npar ces Navigateurs \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, furent un taii-S\nreau, des ch\u00C3\u00A8vres, des cochons, des chiens &\nle m\u00C3\u00A2le d'une autre efpece; ce dernier \u00C3\u00A9toit un\nb\u00C3\u00A9lier, & il fe trouvoit \u00C3\u00A0 Bolabola, o\u00C3\u00B9 l'on devoir auffi tranfporter le taureau.\nLes cochons , qui font d'une grofl\u00C3\u00A8 taille,\navoient d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 am\u00C3\u00A9lior\u00C3\u00A9 la race indigene du pays,\n& ils \u00C3\u00A9toient tr\u00C3\u00A8s-nombreux lorfque nous arri^\nv\u00C3\u00A2mes. Il y a de plus-un afl\u00C3\u00A8z grand nombre de\nch\u00C3\u00A8vres ; les Chefs un peu importons, en ont\nquelques-unes. Les chiens offrent deux ou trois\nvari\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9s, & je penfe que les Efpagnols auraient\nmieux fait de. les jetter tous \u00C3\u00A0 la mer, que de\nles d\u00C3\u00A9pofer fur cette Me : c'eft un de ces chiens\nqui tua mon b\u00C3\u00A9lier.\nLes Vaifl\u00C3\u00A8aux Efpagnols laifl\u00C3\u00A8rent deux Pr\u00C3\u00AAtres , un domeftique, & un autre homme appelle\nMateema par les Infulaires , dont il a gagn\u00C3\u00A9\nl'amiti\u00C3\u00A9. Il para\u00C3\u00AEt qu'il \u00C3\u00A9tudia leur langue, m D E COO K. \u00C2\u00A337\ndu moins qu'il la parloit afl\u00C3\u00A8z bien pour fe faire :\nentendre, & qu'il prit beaucoup de peines pour\ninfpirer aux Naturels la plus haute id\u00C3\u00A9e de f\u00C3\u00A0\nNation , & leur donner une mauvaife opinion\ndes Anglois ; il alla jufqu'\u00C3\u00A0 les affurer que nous\nne formions plus un Etat ind\u00C3\u00A9pendant ; que\nPretane \u00C3\u0087a) n'\u00C3\u00A9toit qu'une petite Me ravag\u00C3\u00A9e\ndepuis peu par fes compatriotes ; qu'ils m'avoient\nrencontr\u00C3\u00A9 en mer, & qu'avec quelques boulets,\nils avoient coul\u00C3\u00A9 bas mon vaifl\u00C3\u00A8au, & tous les\nhommes de mes \u00C3\u00A9quipages. Ainfi , mon arriv\u00C3\u00A9e\n\u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti excita une grande furprife de toute\nmani\u00C3\u00A8re : le v\u00C3\u00A9ridique perfonnage fit croire aux\ngens du pays, ce menfonge & beaucoup d'autres auffi peu vraifemblables. Si PEfpagne n'avoit\npour but, dans cette exp\u00C3\u00A9dition, que de d\u00C3\u00A9pr\u00C3\u00A9cier les Anglois , elle pouvoit fe difpenfer d'envoyer fi loin fes vaifl\u00C3\u00A8aux ; car mon retour parmi\nles O-Ta\u00C3\u00AFtiens r\u00C3\u00A9futa compl\u00C3\u00A8tement tout ce que\nMateema leur avoit dit.\nJ'ignore quelle fut l'intention des Pr\u00C3\u00AAtres Efpagnols qui s'\u00C3\u00A9tablirent \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, pour quelques\nmois ; on ne peut que former des conjectures\nl\u00C3\u00A0-defliis. S'ils vouloient convertir les Infulaires,\nils n'ont pas fait un feul prof\u00C3\u00A9lyte : mais il ne\n1777.\n-rbre.\n00 L'Angleterre. 238\n1777.\n*rbre.\nI\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\npara\u00C3\u00AEt qu'ils l'aient jamais tent\u00C3\u00A9 ; car on me dit\nqu'ils ne parl\u00C3\u00A8rent point de Religion. Ces Pr\u00C3\u00AAtres ne s'\u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A8rent pas de la maifon b\u00C3\u00A2tie par\neux \u00C3\u00A0 Oheitepeha ; ma\u00C3\u00AFs Mateema parcourut la\nplupart des cantons de l'Ifle : enfin ils fe trouvoient \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti depuis dix mois, lorfque deux\nvaifl\u00C3\u00A8aux de leur Nation arriv\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 Oheitepeha , & ils s'embarqu\u00C3\u00A8rent cinq jours apr\u00C3\u00A8s.\nCe brufque d\u00C3\u00A9part annonce que, s'ils Song\u00C3\u00A8rent\nd'abord \u00C3\u00A0, former un petit \u00C3\u00A9tablifl\u00C3\u00A8ment, ils ne\ntard\u00C3\u00A8rent pas \u00C3\u00A0 changer de defl\u00C3\u00A8in. J'appris cependant d'O-Too & de quelques autres Natu|\u00C2\u00A7\nrels, qu'avant de mettre \u00C3\u00A0 la voile , ils eurent\nfoin d'avertir qu'ils reviendraient & qu'ils am\u00C3\u00A8neraient des maifons, des animaux de toute\nefpece, des hommes & des femmes, qui fe fixeraient dans P\u00C3\u008FHe, & qui y paf\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8roient leur vie. |\nO-Too ajouta que fi les Efpagnols revenoient\nen effet, il ne leur permettrait pas de s'\u00C3\u00A9tablir\nau Fort Matavai, qui nous appattenoit. Il\n\u00C3\u00A9toit aif\u00C3\u00A9 de voir, que ce projet de Colonie lui\nfaifoit pMf\u00C3\u00AEr ; il ne favok pas que, pour l'ex\u00C3\u00A9cuter, on le priverait de fon Royaume, & qu'on\nd\u00C3\u00A9truirait la libert\u00C3\u00A9 de fon peuple. H feroit tr\u00C3\u00A8s-\nfacile fans doute, de former un \u00C3\u00A9tablifl\u00C3\u00A8ment \u00C3\u00A0\nO-Ta\u00C3\u00AFti; & fenfibfe \u00C3\u00A0 tous les fervrces que j'ai\nre\u00C3\u00A7us de la peuplade qui habite cette terre , de Cook. 239\nj'efpere qu'on n'y en fermera point. Nos rel\u00C3\u00A2ches :\npafl\u00C3\u00A0geres ont peut-\u00C3\u00AAtre am\u00C3\u00A9lior\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 quelques\n\u00C3\u00A9gards le fort des habitans ; mais une Colonie\nparmi eux , dirig\u00C3\u00A9e fur le plan qu'on a malheu-\nreufement fuivi dans la plupart des \u00C3\u00A9tablifl\u00C3\u00A8mens\neurop\u00C3\u00A9ens, leur donnerait bient\u00C3\u00B4t lieu de regretter de nous avoir connus. Je ne puis croire que\nles Nations de l'Europe fongent d'une mani\u00C3\u00A8re\nf\u00C3\u00A9rieufe \u00C3\u00A0 y \u00C3\u00A9tablir une Colonie ; car O-Ta\u00C3\u00AFti\nn'offre rien de f\u00C3\u00A9duifant pour l'ambition des\nPuifl\u00C3\u00A0nces ou la cupidit\u00C3\u00A9 des particuliers , &\nj'oferois pr\u00C3\u00A9dire que fans ces motifs on ne l'entreprendra point.\nJ'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 racont\u00C3\u00A9 que je re\u00C3\u00A7us la vifite de l'un\ndes deux O-Ta\u00C3\u00AFtiens conduits par les Efpagnols\n\u00C3\u00A0 Lima. Je ne le revis plus, & j'en fus \u00C3\u00A9tonn\u00C3\u00A9 ; car je Pavois tr\u00C3\u00A8s-bien accueilli : je crois\nqu'Oma\u00C3\u00AF, jaloux de trouver dans l'Ifle un Voyageur qu'on p\u00C3\u00BBt lui comparer, le maltraita, afin\nde l'\u00C3\u00A9loigner de moi. Ce fut un bonheur pour\nOma\u00C3\u00AF que nous euf\u00C3\u00AF\u00C3\u00AFons touch\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 T\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rif; il fe\nvanta d'avoir vu auffi une contr\u00C3\u00A9e foumife \u00C3\u00A0 l'Ef-\npagne. Je ne rencontrai pas l'autre Infulaire qui\n\u00C3\u00A9toit all\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Lima ; mais le Capitaine Gierke,\nqui eut occafion de caufer avec lui, m'en parla\ncomme d'un poliflbn, qui \u00C3\u00A9toit un peu fol. Ses\ncompatriotes en avoient la m\u00C3\u00AAme opinion; en un\n1777.\n>rbre.\n/ 240 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n== mot, ces deux aventuriers n'\u00C3\u00A9toient point efli-\n1777. mes. Oma\u00C3\u00AF que le hafard a mieux fervi, reve-\n7bre* noit dans fa patrie charg\u00C3\u00A9 de tr\u00C3\u00A9fors; il avoit\nbeaucoup profit\u00C3\u00A9 de Son f\u00C3\u00A9jour en Angleterre,\n& ce fera fa faute s'il tombe un jour dans la\nm\u00C3\u00AAme obfcurk\u00C3\u00A9.\nCHA- de Cook.\nHt\nCHAPITRE V.\nArriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Eimeo, On y ' trouvei deux haw es,\nDefcription de ces deux* havre s.aP&fts recevons une vifite de Maheine, Chef de l'Ifle.\nDefcription de fa perfonne. Les Infulaires\nnous volent une ch\u00C3\u00A8vre ; ils la renvoient\nenfuite avec le Voleur. Vol d'une autre\nch\u00C3\u00A8vre que les Naturels ont foin de cacher.\nMe fur es que je pris \u00C3\u00A0 cette occafion. Exp\u00C3\u00A9dition militaire dans l'Ifle. Nous br\u00C3\u00BBlons des maifons & des pirogues. On nous\nrend la ch\u00C3\u00A8vre, & la paix fe r\u00C3\u00A9tablit.\nD\u00C3\u00A9tails fur l'Ifle, &c. \u00C2\u00A5\nJ e partis d'O-Ta\u00C3\u00AFti, le 30 au matin, & n'ayant =\npas renonc\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 mon projet de toucher \u00C3\u00A0 Eimeo,\nje mis le Cap fur l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 feptentrionale de\ncette Me, o\u00C3\u00B9 fe trouve le havre que je voulois\nexaminer. Oma\u00C3\u00AF y arriva fur Y-\u00C3\u00A0 pirogue longtemps -avant nous, & il prit les mefures n\u00C3\u00A9cef-\nfaires pour nous indiquer la rade. Nous ne manquions cependant pas de pilotes, car nous avions\n\u00C3\u00A0 bord plufieurs O-T\u00C3\u00A0itiens & beaucoup d'O-\nTait\u00C3\u00AEennes. Je ne crus ^ pas devoir me repofer\nTome, IL Q\n1777.\nybre. 1777-\n\u00E2\u0099\u00A6rbre.\n242 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ntaUjd\u00C3\u00A9rement fur ^guides, & deux canots all\u00C3\u00A8rent reconnoitre le havre : on m'avertit, par un\nlignai, que l'ancrage \u00C3\u00A9toit bon, & j'y conduifis\nles vaifl\u00C3\u00A8aux : nous mouill\u00C3\u00A2mes en-dedans de\nl'entr\u00C3\u00A9e par dix brafl\u00C3\u00A8s fond d\u00C3\u00A9 %$k molle, &\nnous amarr\u00C3\u00A2mes avec une hanf\u00C3\u00AEere attach\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 la\nc\u00C3\u00B4te.\nCe havre, qui eft appelle Taloo, g\u00C3\u00AEt au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9\nSeptentrional de:l'Ifle, dans le diflri\u00C3\u00A9t d'Oboono-\nhoo ou de Poonohoo. Il fe prolonge au Sud ou\nau Sud-quart-Sud-Eft, entre les collines, Pef-\npace d'environ deux milles. Je n'ai pas rencontr\u00C3\u00A9\nSur les terres de l'oc\u00C3\u00A9an pacifique, de rade plus\nS\u00C3\u00BBre & de meilleure tenue; il a m\u00C3\u00AAme un avan*\ntage qui lui eft particulier, car un vaifl\u00C3\u00A8au peut\ny entrer & en Sortir avec le vent al\u00C3\u00AFf\u00C3\u00A9 qui r\u00C3\u00A8gne\ndans ces parages ; en Sorte que l'entr\u00C3\u00A9e & la Sortie Sont \u00C3\u00A9galement Saciles. Il re\u00C3\u00A7oit diff\u00C3\u00A9rens ruif-\nfeaux ; l'un qui fe trouve au fond, efl fi confid\u00C3\u00A9rable que les canots le remontent \u00C3\u00A0 plus d'un\nquart de mille ; & \u00C3\u00A0 cette hauteur, l'eau efl parfaitement douce. Ses bords font couverts d'at-\nbres, appelles Poor00 par les Naturels, tressons \u00C3\u00A0 br\u00C3\u00BBler, & dont les gens du pays ne font\npoint de cas : ainfi, il efl tr\u00C3\u00A8s-aif\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9 fe procurer ici du bois & de l'eau.\nDu m\u00C3\u00AAme c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de'l'Ifle & environ deux milles de Cook. 243\n\u00C3\u00A0 PEft, on trouve le havre de Parowroah bien !\nplus \u00C3\u00A9tendu que celui de Taloo ; mais l'entr\u00C3\u00A9e\nou l'ouverture dans le r\u00C3\u00A9cif, ( car l'Ifle enti\u00C3\u00A8re\nefl entour\u00C3\u00A9e d'un r\u00C3\u00A9cif de rocher de corail) eft\nbeaucoup plus \u00C3\u00A9troite & fous le vent. Ces deux\nd\u00C3\u00A9fauts font fi fenfibles, que le havre de Taloo doit toujours obtenk la pr\u00C3\u00A9f\u00C3\u00A9rence. Je fus\nun peu \u00C3\u00A9tonn\u00C3\u00A9 de voir qu'apr\u00C3\u00A8s trois rel\u00C3\u00A2ches \u00C3\u00A0\nO-Ta\u00C3\u00AFti, qu'apr\u00C3\u00A8s avoir envoy\u00C3\u00A9 un canot \u00C3\u00A0 Eimeo , je ne favois pas qu'il y e\u00C3\u00BBt un havre dans\ncette derni\u00C3\u00A8re Me : j'\u00C3\u00A9tois perfuad\u00C3\u00A9 au contraire,\nqu'il n'y en a point. Eimeo n\u00C3\u00A9anmoins offre\nnon-feulement les deux dont je viens de parler,\nmais on en d\u00C3\u00A9couvrira un troifieme & peut-\u00C3\u00AAtre\nun quatri\u00C3\u00A8me au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 m\u00C3\u00A9ridional : toutefois les\ndeux derniers ne font pas auffi vaftes que les deux\npremiers dont nous avons lev\u00C3\u00A9 le plan, polir Pif-\nfage des Navigateurs qui feront cette route.\nD\u00C3\u00A8s que nous f\u00C3\u00BBmes mouill\u00C3\u00A9s, les vaifl\u00C3\u00A8aux fe\nremplirent d'Infulaires que la curiofit\u00C3\u00A9 feule ame-\nnoit \u00C3\u00A0 bord ; car ils n'apportoient rien qu'ils vou-\nlufl\u00C3\u00A8nt \u00C3\u00A9changer : mais le lendemain, d\u00C3\u00A8s le grand\nmatin, plufieurs pirogues arriv\u00C3\u00A8rent des parties\nles plus \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9es de l'Ifle, avec une quantit\u00C3\u00A9\nconfid\u00C3\u00A9rable de fruit \u00C3\u00A0 pain, de noix de cocos\n& un petit nombre de cochons. Ils \u00C3\u00A9chang\u00C3\u00A8rent\nces divers articles contre des haches, des clous\nO 2\n.1777.\n\u00C2\u00AB^bre.\n1 8bre\u00C2\u00AB *777'\niJbre.\n144 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n: & des grains de verre : ils ne recherchoient pas\nl\u00C3\u00A9s pl\u00C3\u00BBmes rouges d'une mani\u00C3\u00A8re auffi empreff\u00C3\u00A9e\nque les O-Ta\u00C3\u00AFtiens. La R\u00C3\u00A9folution fe trouvant\ninfeft\u00C3\u00A9e par les rats, je la fis conduire \u00C3\u00A0 trente\nverges de la c\u00C3\u00B4te, auffi pr\u00C3\u00A8s que la profondeur\nde l'eau le permit, & en attachant des hanfieres\naux arbres , on ouvrit \u00C3\u00A0 ces animaux un fentier\npar o\u00C3\u00B9 ils pouvoierjt fe fauver \u00C3\u00A0 terre. On dit que\ncette exp\u00C3\u00A9dient ara\u00C3\u00B9ffi quelquefois; mais je cr\u00C3\u00A0\u00C3\u0089l\nque nous nous d\u00C3\u00A9barrafs\u00C3\u00A2mes de peu de rats, fi\nm\u00C3\u00AAme nous nous en d\u00C3\u00A9barrafs\u00C3\u00A2mes d'un feul.\nNous re\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes la vifite de Maheine, Chef de\nl'Ifle, le 2 dans la\"-matin\u00C3\u00A9e. Il s'approcha des\nv\u00C3\u00A0p^fix avec beaucoup de pr\u00C3\u00A9caution j & il fallut le prefl\u00C3\u00A8r long-temps pour le d\u00C3\u00A9terminer \u00C3\u00A0\nv^f\u00C3\u00AEr \u00C3\u00A0 bord : il nous regardoit comme les amis\ndes O-Ta\u00C3\u00AFtiens, & il croyoit vraifemblablement\nque nous lui ferions du mal ; car ces peuplades\nne comprennent pas qu'on puif\u00C3\u00AF\u00C3\u00A8 \u00C3\u00AAtre amis d'une*\ntribu, Sans \u00C3\u00A9poufer fa querelle contre une tribu\nennemie. Sa femme qui l'accompagnoit, \u00C3\u00A9toit\nf\u00C5\u0093ur d'Oamo, l'un des Chefs d'O-Ta\u00C3\u00AFti, dont\non nous avoit racont\u00C3\u00A9 la mort. Je leur donnai \u00C3\u00A0\nl'un & \u00C3\u00A0 Pautre les chofes auxquelles ils me\nfemblerent devoir mettre le plus de prix, & ils\ns'en retourn\u00C3\u00A8rent apr\u00C3\u00A8s avoir pafle une demi-\nTietife fur la R\u00C3\u00A9folution. Ils revinrent bient\u00C3\u00B4t D E\nC O O K.\n*45\npour m'offrir un gros cochon, en retour de mon\npr\u00C3\u00A9fent ; mais je leur en fis un f\u00C3\u00A9cond qui valoit\nau moins ce qu'ils m'apport\u00C3\u00A8rent. Ils all\u00C3\u00A8rent\nenfuite vok le Capitaine Clerke. ||v\nCe Chef qui, \u00C3\u00A0 l'aide d'un petit nombre de\npartifans, s'\u00C3\u00A9toit rendu, \u00C3\u00A0 quelques \u00C3\u00A9gards ind\u00C3\u00A9pendant d''O-Ta\u00C3\u00AFti, avoit quarante \u00C3\u00A0 cinquante\nans; fa t\u00C3\u00AAte \u00C3\u00A9toit chauve, ce qui n'arrive gu\u00C3\u00A8res\n\u00C3\u00A0 cet \u00C3\u00A2ge dans les Mes de la mer du Sud. Il por-\ntoit une efpece de turban, & il fembloit honteux de n'avoir point de cheveux ; mais j'ignore\ns'il rougiflbit d'avoir la t\u00C3\u00AAte chauve, ou s'il nous\njugeoit pleins de m\u00C3\u00A9pris pour les t\u00C3\u00AAtes d\u00C3\u00A9nu\u00C3\u00A9es\nde cheveux. J'adopterais volontiers la derni\u00C3\u00A8re\nfuppofition ; car les Infulaires nous avoient vu\nrafer la chevelure de l'un de leurs compatriotes\nque nous furpr\u00C3\u00AEmes commettant un vol. Ils en\nconclurent , felon toute apparence , que nous.\ninfligions ce ch\u00C3\u00A2timent aux voleurs, & un ou\ndeux de nos Meffieurs qui avoient peu de cheveux, furent violemment foup\u00C3\u00A7onn\u00C3\u00A9s d'\u00C3\u00AAtre des\ntetos. \u00C3\u0087a)\nLe fok, nous mont\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 cheval, Oma\u00C3\u00AF &\nmoi, & nous f\u00C3\u00AEmes une promenade le long de\nla c\u00C3\u00B4te, vers la partie de PEft. Notre cortege\nttbre.\n(a) Des Voleurs ou des Frippoas^\nfi 1777\ntjbte.\n246 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n: ne fut pas nombreux; Oma\u00C3\u00AF avoit d\u00C3\u00A9fendu aux\nNaturels de nous fuivre, & la plupart d'entr'eux\nob\u00C3\u00A9irent : la crainte de nous d\u00C3\u00A9plaire l'emporta\nfur leur curiofit\u00C3\u00A9. Towha avoit amen\u00C3\u00A9 fa flotte\ndans ce havre ; &, quoique les hoftilit\u00C3\u00A9s n'euf-\nfent dur\u00C3\u00A9 que peu de jours, on appercevoit partout les traces de fes d\u00C3\u00A9vaftations. Les arbres\n\u00C3\u00A9toient d\u00C3\u00A9pouill\u00C3\u00A9s de leurs fruits, & toutes les\nmaifons du voifinage avoient \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 abattues, ou\nr\u00C3\u00A9duites en cendres.\nNous employ\u00C3\u00A2mes deux ou trois jours ^tirer de la calle nos tonneaux de liqueurs fortes,\n& nous en goudronn\u00C3\u00A2mes les fonds, afin de les\ngarantir de la piquure des infe\u00C3\u00A9tes. Le 6, au\nmatin, on remorqua la R\u00C3\u00A9folution dans le courant; je voulois appareiller le jour fuivant, mais\nun accident, qui me donna beaucoup d'inqui\u00C3\u00A9tude , ne le permit pas. Nous avions envoy\u00C3\u00A9 nos\nch\u00C3\u00A8vres \u00C3\u00A0 terre, o\u00C3\u00B9 nous les laiffions pa\u00C3\u00AEtre pendant le jour : deux de nos gens les gardoient,\n& cependant les Naturels parvinrent \u00C3\u00A0 en voler\nune. La perte n'e\u00C3\u00BBt pas \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 bien importante, f\u00C3\u00AE\nje n'avois pas eu le def\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8in d'enrichir d'autres Ifles\nde cette efpece. de quadrup\u00C3\u00A8de ; mais comme je\ntenois beaucoup \u00C3\u00A0 ce projet, il \u00C3\u00A9toit indifpenfa-\nble d'employer tous les moyens pofl\u00C3\u00AEbies pour\nobtenk la reftitution de la ch\u00C3\u00A8vre. Nous appr\u00C3\u00AEmes DE C O O K, 247\nle lendemain, qu'on l'avoit , conduite \u00C3\u00A0 Phabi- ;\ntatipn du Chef Maheine, quitfe trouvoit alors\nau havre d\u00C3\u00A9 Parowroah. Deux vieillards me\npropoferent de fervir de guides \u00C3\u00A0 ceux de mes\ngens que je voudrais y envoyer. J'ordonnai \u00C3\u00A0 un\nd\u00C3\u00A9tachement de monter un canot, & d'aller dire\n\u00C3\u00A0 Maheine, que je me vengerais, s'il ne livrait\npas tout de fuite la ch\u00C3\u00A8vre & le voleur.\nCe Chef m'avoit fuppli\u00C3\u00A9 la veille de lui donner deux ch\u00C3\u00A8vres; mais, ne pouvant le fatisfake\nqu'aux d\u00C3\u00A9pens des autres Mes , qui n'auraient\npeut-\u00C3\u00AAtre plus d'occafion de fe procurer une race\nd'animaux auffi utiles, & f\u00C3\u00A2chant d'ailleurs qu'il\ny en avoit d^\u00C3\u00A0 \u00C3\u00A0 Eimeo, je lui refufai ce qu'il\nme demandok : cependant , pour lui montrer\nque je defirois f\u00C3\u00A9conder fes vues \u00C3\u00A0 cet \u00C3\u00A9gard y\nje chargeai Tidooa , Chef O-Ta\u00C3\u00AFtien, qui \u00C3\u00A9toit\npr\u00C3\u00A9fent, de prier O-Too, de ma part, d'envoyer\ndeux ch\u00C3\u00A8vres \u00C3\u00A0 Maheine, & afin que ma follici-\ntation e\u00C3\u00BBt plus de fucc\u00C3\u00A8s, je lui remis une grofl\u00C3\u00A8\ntouffe de plumes rouges, de la valeur des deux\nch\u00C3\u00A8vres , en lui recommandant de la donner ait\nRoi. Je crus que cet arrangement fatisferoit Maheine, & tous les Chefs de PMe ; mais l'\u00C3\u00A9v\u00C3\u00A9nement m'apprit que je m'\u00C3\u00A9tois tromp\u00C3\u00A9.\nJe ne penfois pas que les Naturels eufl\u00C3\u00A8nt la\nhardiefl\u00C3\u00A8 de voler une f\u00C3\u00A9conde ch\u00C3\u00A8vre, tandis que\nQ4\n1777-\ngbre.\n7. 248 Troisi\u00C3\u00A8me Vo y a g e\n11 ; je prenois des mefures pour recouvrer la pre-\n1777. miere ; & on mena pa\u00C3\u00AEtre notre petit troupeau\n8^re*.- comme \u00C3\u00A0 l'ordinaire : le Soir , lorSque nos gens\nl'embarqu\u00C3\u00A8rent pour le ramener \u00C3\u00A0 bord, les Insulaires enlev\u00C3\u00A8rent une ch\u00C3\u00A8vre Sans \u00C3\u00AAtre d\u00C3\u00A9couverts. Nous nous en apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes tout de Suite:\non n'avoit pas eu afl\u00C3\u00A8z de temps pour la conduire bien loin , & je crus que je la recouvrerais Sans peine. Dix ou douze des habitans \u00E2\u0096\u00A0 du\npays, qui prirent diff\u00C3\u00A9rentes routes, partirent^]\nbient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, afin de la chercher & de nous \u00E2\u0096\u00A0\nrendre ; aucun d'eux ne vouloir convenir qu'on\nl'e\u00C3\u00BBt vol\u00C3\u00A9e; ils s'effor\u00C3\u00A7oi\u00C3\u00A9nt, au contraire, de*\nnous perSuader qu'elle s'\u00C3\u00A9toit \u00C3\u00A9gar\u00C3\u00A9e dans les bois.\nJ'avoue que j'en Sus d'abord convaincu , mais\nvoyant qu'aucun des \u00C3\u00A9mifl\u00C3\u00A0ires ne revenoit, je\nreconnus bient\u00C3\u00B4t mon erreur : les InSulaires cherch\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 m'amuSer juSqu'\u00C3\u00A0 ce que leur proie ne\nf\u00C3\u00BBt plus \u00C3\u00A0 port\u00C3\u00A9e de nous. Sur ces entreSaites,\nmon canot arriva avec Pautre ch\u00C3\u00A8vre, & l'un des\nhommes qui l'avoient d\u00C3\u00A9rob\u00C3\u00A9e ; c'eft la premiere\nflgif fois qu'on me livrait un voleur Sur ces Mes.\n,U. Je m'apper\u00C3\u00A7us, le 8, que la plupart des InSu\nlaires, \u00C3\u00A9tablis autour de nous, s'\u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9s;\nqu'ils avoient emport\u00C3\u00A9 un corps expoS\u00C3\u00A9 Sur un\nToopapaoo , qui Se trouvoit en face des vaif-\n\ f\u00C3\u00A9aux, & que Maheine lui-m\u00C3\u00AAme s'\u00C3\u00A9toit retir\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 DE C O O K. 249\nl'autre extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 de l'Ifle. Il paroiflbit clair que\nles Infulakes avoient r\u00C3\u00A9folu de voler ce que je\nn'avois pas voulu leur donner ; que s'ils avoient\nrendu une des ch\u00C3\u00A8vres, ils \u00C3\u00A9toient d\u00C3\u00A9cid\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 garder la f\u00C3\u00A9conde, qui \u00C3\u00A9toit une femelle pleine. Je\nr\u00C3\u00A9fblus, de mon c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, de ne pas la laifl\u00C3\u00A8r entre\nleurs mains. Je m'adrefl\u00C3\u00A0i donc aux deux vieillards qui me procur\u00C3\u00A8rent la reftitution de la premiere ; ils me dirent que la ch\u00C3\u00A8vre avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 conduite \u00C3\u00A0 Watea , diftt\u00C3\u00A0\u00C3\u00A9t du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 m\u00C3\u00A9ridional de\nl'Ifle , par Hamoa, Chef de ce canton ; qu'on\nme la rendrait, fi je vo\u00C3\u00B9lois y envoyer du monde. Ils me propoferent de nouveau de fervir de\nguides dans l'int\u00C3\u00A9rieur du pays \u00C3\u00A0 ceux de mes\ngens que je-chargerais de la commiffion , mais\non m'informa qu'on pouvait achever en un jour\nce voyage par mer, & je d\u00C3\u00A9tachai M. Roberts\n& M. Shuttleworth fur le canot ; j'ordonnai que\nl'un d'eux fe tint \u00C3\u00A0 bord, tandis que l'autre ferait le relie du chemin par terre avec les guides,\n& deux ou trois de nos foldats de marine , fi\nPembarcatipn ne pouvoit arriver! jufqu'\u00C3\u00A0 la r\u00C3\u00A9fi-\ndence de Hamoa.\nMon d\u00C3\u00A9tachement revint fort tard dans la foi-\nr\u00C3\u00A9e ; il s'\u00C3\u00A9toit approch\u00C3\u00A9 de la c\u00C3\u00B4te autant que les\nrochers & les bas-fonds le permirent. M. Shuttleworth , fuivi de deux foldats de marine & de\n1777.\ngbre. I\nTU\n1777-\ngbre.\n\ .\nm\n25a Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nPun des guides, d\u00C3\u00A9barqua & fe rendit par terigfj\n\u00C3\u00A0 Watea; il atteignit la maifon de Hamoa, o\u00C3\u00B9\nles habitans du cantonl'amuferent quelque temps,\nen lui difant qu'on avoit envoy\u00C3\u00A9 du monde apr\u00C3\u00A8s\nla ch\u00C3\u00A8vre, & qu'on la ram\u00C3\u00A8nerait bient\u00C3\u00B4t ; mais\non ne la ramena point, & la nuit l'obligea \u00C3\u00A0 regagner le canot.\nJ'avois beaucoup de regret alors de m'\u00C3\u00AAtre;\ntrop avanc\u00C3\u00A9 ; je ne pouvois reculer fans me compromettre & fans donner aux habitans des Mes\no\u00C3\u00B9 je voulois encore aborder, lieu de croire,\nqu'on nous voloit impun\u00C3\u00A9ment. Je confultai Oma\u00C3\u00AF\n& les deux vieillards fur ce que je devois faire ;\nils me confeillerent tout de fuite de p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9trer\navec mon d\u00C3\u00A9tachement dans l'int\u00C3\u00A9rieur du pays,\n& de tuer tous les Infulaires que je rencontre-\nrois. Je ne m'avifai point d'adopter ce confeil\nSanguinaire ; mais je r\u00C3\u00A9Solus de traverSer Eimeo\n\u00C3\u00A0 la t\u00C3\u00AAte d'une troupe afl\u00C3\u00A8z nombreuSe, pour\nexercer une Sorte de vengeance , &, le lendemain \u00C3\u00A0 la pointe du jour, je partis avec trente-\ncinq de mes gens, l'un des vieillards, Oma\u00C3\u00AF &\ntrois ou. quatre perSonnes de Sa Suite. J'ordonnai\nen m\u00C3\u00AAme-temps au Lieutenant WilliamSon d'armer trois canots, & de venk me trouver \u00C3\u00A0 la\npartie occidentale de l'Ifle.\nD\u00C3\u00A8s Pinftant o\u00C3\u00B9 je d\u00C3\u00A9barquai avec mon d\u00C3\u00A9ta- e Cook.\nm\nchement, le petit nombre d'InSulaires qui Se trou- ,\nvoient encore dans notre voifinage , s'enSuirent *777*\ndevant nous. Le premier homme que nous ren- 8 e*\ncontr\u00C3\u00A2mes, fut en danger de perdre la vie ; car\nOma\u00C3\u00AF l'eut \u00C3\u00A0 peine apper\u00C3\u00A7u , qu'il me demanda\ns'il lui tirerait un coup de Sufil, tant il \u00C3\u00A9toit per-\nSuad\u00C3\u00A9 que je deScendois dans l'Ifle pour Saire ce\nqu'il m'avoit conSeill\u00C3\u00A9. J'ordonnai bien v\u00C3\u00AEte \u00C3\u00A0\nOrnai & \u00C3\u00A0 notre guide de d\u00C3\u00A9clarer aux Insulaires, que mon intention n'\u00C3\u00A9toit pas de blefl\u00C3\u00A8r, &\nbeaucoup moins de tuer un Seul des Naturels.\nCette heureuS\u00C3\u00A9 nouvelle Se r\u00C3\u00A9pandit avec la rapidit\u00C3\u00A9 de l'\u00C3\u00A9clair ; elle arr\u00C3\u00AAta la Suite des habitans,\n& aucun d'eux ne quitta plus Sa maiSon ou n'interrompit Son travail.\nLorSque nous commen\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 monter la cha\u00C3\u00AEna\n\"de collines, nous S\u00C3\u00BBmes que la ch\u00C3\u00A8vre avoit pris\ncette route , & nous compr\u00C3\u00AEmes qu'elle n'\u00C3\u00A9toit\npas encore de Pautre c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 : nous march\u00C3\u00A2mes dans\nun proSond Silence , afin de Surprendre les InSu-\nl\u00C3\u00A0kes qui Pemmenoient ; mais, quand nous e\u00C3\u00BBmes\natteint la derni\u00C3\u00A8re des plantations, qui Se trouve\ndans la partie Sup\u00C3\u00A9rieure des collines, les habitans du canton nous dirent qu'en effet la ch\u00C3\u00A8vre\ny avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 la premiere nuit, & que Hamoa l'avoit conduite le lendemain \u00C3\u00A0 Watea. Nous travers\u00C3\u00A2mes les collines, & nous ne recommen\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2mes *777-\n8*>re.\n252 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nnos recherches, qu'au moment o\u00C3\u00B9 nous d\u00C3\u00A9cou?-|\nvr\u00C3\u00AEmes Watea. Quelques perSonnes nous montr\u00C3\u00A8rent la maiSon de Hamoa , en nous aflurant\nque la ch\u00C3\u00A8vre y \u00C3\u00A9toit : je me crus s\u00C3\u00BBr de la\nravoir imm\u00C3\u00A9diatement apr\u00C3\u00A8s; &, ce qui me fur-\nprit beaucoup, les InSulaires que nous rencontr\u00C3\u00A2mes autour de la maiSon, d\u00C3\u00A9clar\u00C3\u00A8rent qu'ils ne -\nPavoient jamais vue , & qu'ils n'en avoient pas\nentendu parler ; Hamoa d\u00C3\u00A9clara la m\u00C3\u00AAme choSe.\nEn approchant de la bourgade , je vis plufieurs hommes, qui entroient dans les bois ou qui\nen Sorto\u00C3\u00AEent avec des maflues & des SaiSceaux de\ndards, & Oma\u00C3\u00AF ayant voulu les Suivre , on lui\njetta des pierres. Je jugeai qu'ils avoient Song\u00C3\u00A9\nd'abord \u00C3\u00A0 m'arr\u00C3\u00AAter de Sorce, mais qu'ils avoient\nrenonc\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 leur projet, apr\u00C3\u00A8s avoir reconnu que\nmon d\u00C3\u00A9tachement \u00C3\u00A9toit trop' nombreux ; je le\ncrus Sur-tout, quand je m'apper\u00C3\u00A7us que les habitations \u00C3\u00A9toient d\u00C3\u00A9Sertes. Je rafl\u00C3\u00A8mblai un petit\nnombre d'InSulaires, & je chargeai Oma\u00C3\u00AF de leur\nexpofer Pabfurdit\u00C3\u00A9 de leurs d\u00C3\u00A9marches , de leur\ndire, qu'un t\u00C3\u00A9moin Sur lequel je pouvois compter , m'avoit inftruit de tout ; qu'ils avoient la\nch\u00C3\u00A8vre, que je la redemandois, & que fi on ne\nme la rendoit pas, je br\u00C3\u00BBlerais leurs maiSons &\nleurs pirogues : malgr\u00C3\u00A9 l'\u00C3\u00A9loquence d'Oma\u00C3\u00AF- & la- j\nmienne , ils continu\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 Soutenir que je me DE C o o K. *53\ntrompois. Je fis mettre le Seu \u00C3\u00A0 Six ou huit mai-\nSons, qui Sur\u00C3\u00A9\u00C3\u00BBt conSum\u00C3\u00A9es par les flammes, ainfi\nque deux ou trois pirogues de guerre amarr\u00C3\u00A9es\npr\u00C3\u00A8s de l\u00C3\u00A0 : j'allai enSuite-joindre les canots \u00C3\u00A9loi-\nn\u00C3\u00A9s de nous d'environ Sept ou huit milles : chemin SaiSant, nous br\u00C3\u00BBl\u00C3\u00A2mes fix autres pirogues de\nguerre Sans que perSonne s'y oppoS\u00C3\u00A2t; au contraire , plufieurs gens du pays nous aid\u00C3\u00A8rent,\nvraisemblablement par crainte , plut\u00C3\u00B4t que de\nbonne volont\u00C3\u00A9. Oma\u00C3\u00AF, qui marchoit un peu en\navant, vint me dire, que les Naturels s'aflem-\nbloient en So\u00C3\u00BBle, afin de nous attaquer. Nous\n\u00C3\u00A9tions pr\u00C3\u00AAts \u00C3\u00A0 les recevoir ; mais, au-lieu de\nrencontrer des ennemis rang\u00C3\u00A9s en bataille, je ne\nvis que des Supplians; ils d\u00C3\u00A9poferent des bananiers \u00C3\u00A0 mes pieds, & ils me conjur\u00C3\u00A8rent d'\u00C3\u00A9paiv\ngner une pirogue que j'allois trouver. Je leur accordai, de bon c\u00C5\u0093ur, ce qu'ils demandoient.\nEnfin, \u00C3\u00A0 quatre heures de l'apr\u00C3\u00A8s-midi, nous\n: atteign\u00C3\u00AEmes les canots qui nous attendoient \u00C3\u00A0\nWharrarade, diflri\u00C3\u00A9t appartenant \u00C3\u00A0 Tiarataboo-\nnoue. Ce CheS, ainfi- que les principaux du canton, s'\u00C3\u00A9toient r\u00C3\u00A9Sugi\u00C3\u00A9s Sur les collines; mais ils\n- \u00C3\u00A9toient les amis d'O-Too, & je ne touchai pas\n\u00C3\u00A0 leurs propri\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9s. Apr\u00C3\u00A8s nous \u00C3\u00AAtre repoS\u00C3\u00A9s environ une heure ici, nous part\u00C3\u00AEmes pour les vaiS-\n-feaux, o\u00C3\u00B9 nous arriv\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 huit heures du Soir.\n8bre. Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n*\u00E2\u0096\u00A0 A cette \u00C3\u00A9poque, nous n'avions re\u00C3\u00A7u aucune non-\n>R\nl777* velle de la ch\u00C3\u00A8vre; ainfi, les op\u00C3\u00A9rations de cette\n8bre* journ\u00C3\u00A9e, ne produifirent pas l'effet que j'en ef-\np\u00C3\u00A9rois.\nio. Le io, d\u00C3\u00A8s le grand matin, j'envoyai \u00C3\u00A0 Maheine , l'un des ferviteurs d'Oma\u00C3\u00AF ; je fis dire \u00C3\u00A0\nce Chef, d'une mani\u00C3\u00A8re pofitive, que s'il per-\nfifloit \u00C3\u00A0 ne vouloir point me rendre la ch\u00C3\u00A8vre,\nje ne laifl\u00C3\u00A8rois pas une feule pirogue dans l'Ifle,\n& qu'il pouvoit s'attendre \u00C3\u00A0 me voir continuer\nles hoflilit\u00C3\u00A9s, tant que je ne l'aurais pas re\u00C3\u00A7ue :\nafin que le meflager fent\u00C3\u00AEt lui-m\u00C3\u00AAme combien\nmes menaces \u00C3\u00A9toient f\u00C3\u00A9rieufes, le charpentier d\u00C3\u00A9-\ntruif\u00C3\u00AEt, en fa pr\u00C3\u00A9fence, trois ou quatre pirogues\namarr\u00C3\u00A9es fur la gr\u00C3\u00A8ve au fond du havre. On\namena les planches \u00C3\u00A0 bord; j'avois defl\u00C3\u00A8in de m'en\nfervir, lorfque je conftruirois une maifon pour\nOma\u00C3\u00AF dans l'Ifle, o\u00C3\u00B9 il \u00C3\u00A9tabliroit fa r\u00C3\u00A9fidence. Je\npris enfuite une efcorte, & je me rendis au havre\nvoifin du n\u00C3\u00B4tre ; nous y d\u00C3\u00A9truis\u00C3\u00AEmes trois ou\nquatre pirogues, nous en br\u00C3\u00BBl\u00C3\u00A2mes autant, &\nnous f\u00C3\u00BBmes de retour au vaifl\u00C3\u00A8au \u00C3\u00A0 fept heures\ndu foir. J'appris, \u00C3\u00A0 mon arriv\u00C3\u00A9e, qu'on avoit\nramen\u00C3\u00A9 la ch\u00C3\u00A8vre environ une demi-heure auparavant, & je d\u00C3\u00A9couvris qu'elle \u00C3\u00A9toit venue d'une\nbourgade o\u00C3\u00B9 les habitans m'avoient aflur\u00C3\u00A9, la\nveille, qu'ils n'en avoient pas entendu parler. DE C O O K, 255\nMaheine, frapp\u00C3\u00A9 de mes derni\u00C3\u00A8res menaces, ne ;\ncrut pas devok fe moquer davantage de moi.\nAinfi fe termina cette p\u00C3\u00A9nible & malheureufe\naffake ; les fuites qu'elle entra\u00C3\u00AEna, ne me caufe-\nrent pas moins de regrets qu'aux Infulakes. Ne\nm'\u00C3\u00A9tant point rendu aux follickations de nos Amis\n\u00C3\u00A0'O-Ta\u00C3\u00AFti, qui me preflbient de favorifer leur\n-invafion d'Eimeo, il fut bien douloureux pour\n| : moi d'\u00C3\u00AAtre r\u00C3\u00A9duit fi-t\u00C3\u00B4t \u00C3\u00A0 la n\u00C3\u00A9ceffit\u00C3\u00A9 de faire,\naux habitans de cette Me, une forte de guerre,\nqui peut-\u00C3\u00AAtre leur nuifit plus que l'exp\u00C3\u00A9dition de\nTowha.\nNos correfpondances, avec les Naturels, fe\n: r\u00C3\u00A9tablirent le 11, & plufieurs pirogues appor-\n* terent, aux vaifl\u00C3\u00A8aux, du fruit \u00C3\u00A0 pain & des noix\nde cocos : j'en conclus, & ce me femble avec\nraifon, que les Infulaires fentoient que c'\u00C3\u00A9toit\nleur faute, fi je les avois trait\u00C3\u00A9s avec rigueur. La\ncaufe de mon indignation ne fubfiflant plus, ils\nparoiflbient perfuad\u00C3\u00A9s que je ne leur ferais plus\nde mal. Sur les neuf heures nous lev\u00C3\u00A2mes l'ancre,\n^ l'aide d'une brife; mais elle fut fi foible & fi\n. variable, que nous atteign\u00C3\u00AEmes la haute mer,\nfeulement \u00C3\u00A0 midi. A cette \u00C3\u00A9poque, je pris la\nroute de Huaheine; Oma\u00C3\u00AF me fuivoit dans f\u00C3\u00A0\npirogue : n'ofant.pas s'en rapporter aux connoif-\nfances qu'il avoit de ces parages, il menok un\n1777\ngbre.\nII. 1777\nJjbre.\n256 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nt pilote avec lui ; & muni de ce fecours, il Suivit\n. une route auffi directe que moi-m\u00C3\u00AAme.\nNos deux vaifl\u00C3\u00A8aux embarqu\u00C3\u00A8rent, \u00C3\u00A0 Eimeo,\ndu bois \u00C3\u00A0 br\u00C3\u00BBler : O-Ta\u00C3\u00AFti ne nous avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9\nd'aucune reflburce pour cet article, car tous les\narbres de Matavai Sont utiles aux habitans. Nous\ny pr\u00C3\u00AEmes de plus, une quantit\u00C3\u00A9 afl\u00C3\u00A8z confid\u00C3\u00A9rable\nde cochons, de Sruk \u00C3\u00A0 pain, & de noix de cocos ; peu d'autres v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux Se trouvoient alors\nde SaiSon. Les productions dfEim\u00C3\u00A9o & d'O-Ta\u00C3\u00AFti,\nmeparoiff\u00C3\u00A8nt les m\u00C3\u00AAmes; mais on apper\u00C3\u00A7oit, entre\nles Semmes de ces Mes, une diff\u00C3\u00A9rence remarquable, que je ne puis expliquer : celles d'Eimeo\nSont d'une petite taille; elles ont le teint Sort\nbrun & des traits repouflans; nous en apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes\nquelques-unes de belles, mais nous reconn\u00C3\u00BBmes\nbient\u00C3\u00B4t qu'elles \u00C3\u00A9toient d'une Me voifine.\nL'afpe\u00C3\u00A9t g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral d'Eimeo, ne refl\u00C3\u00A8mble point\ndu-tout \u00C3\u00A0 celui df O-Ta\u00C3\u00AFti : la premiere formant\nune feule mafle de collines efcarp\u00C3\u00A9es, n'a gu\u00C3\u00A8res\nde terreins bas, que quelques vall\u00C3\u00A9es profondes,.\n& la bordure plate qui environne la plupart de\nfes cantons, fitu\u00C3\u00A9s au bord de la mer : Eimeo,\nau contraire, a des collines qui fe prolongent en\ndiff\u00C3\u00A9rentes directions; Pefcarpement de ces collines efl tr\u00C3\u00A8s-in\u00C3\u00A9gal; elles offrent, \u00C3\u00A0 leurs pieds,\nde tr\u00C3\u00A8s-grandes vall\u00C3\u00A9es, & fur leurs flancs, des\nterreins DE C O O K, 257\nterreins qui s'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A8vent en pente douce. Quoique :\nremplies de rochers , elles font, en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral,\ncouvertes d'arbres prefque jufqu'au fommet, mais\nfouvent on ne voit que de la foug\u00C3\u00A8re fur les parties inf\u00C3\u00A9rieures de la croupe. Au fond du havre\no\u00C3\u00B9 nous mouill\u00C3\u00A2mes, le terrein s'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A8ve peu-\u00C3\u00A0-peu\njufqu'au pied des collines qui traverSent l'Ifle\nvers fon centre ; mais la bordure plate dont elle\nefl environn\u00C3\u00A9e, devient abfolument efcarp\u00C3\u00A9e, \u00C3\u00A0\npeu de diftance de la mer ; ce qui forme un\ncoup-d'\u00C5\u0093il pittorefque, bien ftip\u00C3\u00A9rieur \u00C3\u00A0 tout ce\nqu'on voit \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti. Le fol des cantons bas eft\nun terreau jaun\u00C3\u00A2tre afl\u00C3\u00A8z compact; il efl plus noir\n& plus friable fur les petites collines, & lorsqu'on brife la pierre des collines ; on la trouve\nbleu\u00C3\u00A2tre, peu ferme & entre-m\u00C3\u00AAl\u00C3\u00A9e de particules\nde mica. J'ai cru devoir noter ces d\u00C3\u00A9tails. Nous\ntrouv\u00C3\u00A2mes, pr\u00C3\u00A8s de notre mouillage, deux grofl\u00C3\u00A8s\n.pierres, ou plut\u00C3\u00B4t, deux rochers, fur lefquels\nles Naturels ont des id\u00C3\u00A9es fuperftkieufes ; ils les\nregardent comme des Eatooas, ou. des Divinit\u00C3\u00A9s : ces rochers, felon leur Mythologie, font\nfr\u00C3\u00A8res & f\u00C5\u0093urs, & ils font venus d'Ulietea\nd'une mani\u00C3\u00A8re furnaturelle.\n1777,\ngbre.\nTome IL\nR 2<& Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u00A2e~\n- ws j\u00C2\u00BB (\u00C2\u00A3Sf^7#s \u00C2\u00AB*^, -\nCHAPITRE VI.\n12.\nArriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Huaheine. Confeil des Chefs. Pr\u00C3\u00A9-\nfens & difcours d'Oma\u00C3\u00AF aux Chefs du\nPays. Son \u00C3\u00A9tablifl\u00C3\u00A8ment dans cette Ifie efi,\nd\u00C3\u00A9cid\u00C3\u00A9. Nous lui b\u00C3\u00A2tiffons une maifon &\nnous lui formons un jardin. Remarques^\nfur l'\u00C3\u00A9tat o\u00C3\u00B9 il fe trouvoit. Mefures que\nnous prenons pour le mettre en s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9*.\nD\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A2t fait par les blattes \u00C3\u00A0 bord de nos\nVaifl\u00C3\u00A8aux. Voleur d\u00C3\u00A9couvert & puni. Feux\nd'artifice. Animaux que nous lai f s \u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0\nOma\u00C3\u00AF. Obfervations fur fa Famille. Ses\nArmes. Inferipti'on que nous m\u00C3\u00AEmes fur fa\nmaifon. Sa conduite lors de notre d\u00C3\u00A9part*\nObfervations g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rales fur fa conduite C5*\nfon cara&ere. D\u00C3\u00A9tails fur les deux jeunes\ngens qu'il avoit pris \u00C3\u00A0 la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande,\nous avions une jolie brife, & le temps \u00C3\u00A9toit\nbeau, lorfque nous part\u00C3\u00AEmes d?Eimeo. Le 12,\n\u00C3\u00A0 la pointe du jour, \ nous d\u00C3\u00A9couvr\u00C3\u00AEmes Huaheine, qui fe prolongeoit du Sud-Oueft-quart-\nOueft un demi-rumb-Oueft , \u00C3\u00A0 POuefl -quart-\nNorcPQueft; \u00C3\u00A0 midi, nous mouill\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e de Cook. 259\nfeptentrionale du havre de Owharre, \u00C3\u0087a) fitu\u00C3\u00A9\nau c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 Oueft de l'Ifle ; l'apr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00AEner fe pafl\u00C3\u00A0 \u00C3\u00A0\nremorquer les vaifl\u00C3\u00A8aux dans un lieu convenable\n& \u00C3\u00A0 amarrer. Oma\u00C3\u00AF entra dans le havre fur fa\npirogue un inftant avant nous, mais il ne d\u00C3\u00A9barqua point ; fes compatriotes fe raflemblerent\nen foule pour le voir, & il ne fit pas beaucoup\nd'attention \u00C3\u00A0 eux. Une multitude encore plus\ngrande d'Infulaires, arriv\u00C3\u00A8rent fur la R\u00C3\u00A9folution\n& la' D\u00C3\u00A9couverte, & ils nous incommod\u00C3\u00A8rent\ntellement, que nous e\u00C3\u00BBmes peine \u00C3\u00A0 travailler. Les\npafl\u00C3\u00A0gers, que nous avions \u00C3\u00A0 bord, les avertirent\nde ce que nous avions fait \u00C3\u00A0 Eimeo ; ils exag\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A8rent le nombre des maifons & des pirogues\nque nous y avions d\u00C3\u00A9truites, ils en compt\u00C3\u00A8rent\nau moins dix fois plus que nous n'en d\u00C3\u00A9truis\u00C3\u00AEmes\nr\u00C3\u00A9ellement. Je ne fus pas f\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9 de cette exag\u00C3\u00A9ration, car je m'apper\u00C3\u00A7us qu'elle produifok beaucoup d'effet : je penfai qu'elle d\u00C3\u00A9terminerait les\ngens du pays \u00C3\u00A0 nous mieux traiter, que lors des\npremieres rel\u00C3\u00A2ches.\nJ'avois appris \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, que mon vieil Ami\nOr\u00C3\u00A9e n'\u00C3\u00A9toit plus le Chef fupr\u00C3\u00AAme de Huaheine,\n{a) Voyez un Plan de ce Havre, dans la Collection de Hawkefworth > vol. II, pag. 248 de l'original.\nR 2 1777-\n8bre.\nH\ns\n\u00C2\u00A764 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n3, \u00C3\u00A0 0 - Ta\u00C3\u00AFti plufieurs animaux pr\u00C3\u00A9cieux , &\n\u00E2\u0080\u009E d'une efpece nouvelle, qui fe multiplieraient\n\u00E2\u0080\u009E & fe r\u00C3\u00A9pandraient bient\u00C3\u00B4t fur toutes les Mes\n\u00E2\u0080\u009E des environs. Il leur d\u00C3\u00A9clara que, pour prix\nde mes fervices, je demandois, avec inflance,\nqu'on lui accord\u00C3\u00A2t un terrein, qu'on lui perm\u00C3\u00AEt d'y b\u00C3\u00A2tir une maifon, & d'y cultiver les\n\u00E2\u0080\u009E productions n\u00C3\u00A9ceflaires \u00C3\u00A0 fa fubfiftance & \u00C3\u00A0\n\u00E2\u0080\u009E celle de fes domeftiques. Il ajouta que fi je\n\u00E2\u0080\u009E n'obtenois pas \u00C3\u00A0 Huaheine, gratuitement ou\n\u00E2\u0080\u009E par \u00C3\u00A9change, ce que. je follicitois, j'\u00C3\u00A9tois d\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E cid\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 le conduire \u00C3\u00A0 Ulietea. \u00E2\u0080\u009E\nJ'aurais peut-\u00C3\u00AAtre fait un difcours meilleur que\ncelui dont je viens de parler; mais Oma\u00C3\u00AF n'oublia-aucun des points importans, fur lefque\u00C3\u00AEs je\nlui avois recommand\u00C3\u00A9 d'infifter. Le morceau relatif au projet, o\u00C3\u00B9 il me fuppofoit de le conduire\n\u00C3\u00A0 Ulietea, parut obtenir l'approbation de tous\nles Chefs, & j'en devinai bient\u00C3\u00B4t la raifon. Oma\u00C3\u00AF,\nainfi que je l'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 obferv\u00C3\u00A9, fe flattoit vaine-\nment que j'emploierais la force 3 pour le r\u00C3\u00A9tabli^\n\u00C3\u00A0 Ulietea dans les biens de fon p\u00C3\u00A8re ; il l'avoit-\ndit, fans mon aveu, \u00C3\u00A0 quelques perfonnes de-\nPafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e. Les Chefs imagin\u00C3\u00A8rent tout de fuite,\nque je me propofois d'attaquer Ulietea, & que\nje les aiderais \u00C3\u00A0 chafl\u00C3\u00A8r de cet^e Me les Naturels\nde Bolabola. Il \u00C3\u00A9toit donc n\u00C3\u00A9ceflaire de les\n*SK de Cook. 265\nd\u00C3\u00A9tromper : je leur d\u00C3\u00A9clarai en effet, d'une mani\u00C3\u00A8re pofkive, que je ne les aiderais pas dans\nune entreprise de cette eSp\u00C3\u00A9ce, que m\u00C3\u00AAme je ne\nla Souffrirais point, tant que je me trouverais dans\nleurs parages; & que, fi Oma\u00C3\u00AF Se fixoit \u00C3\u00A0 Ulietea , je l'y \u00C3\u00A9tablirais d'une' mani\u00C3\u00A8re amicale, &\nfans faire la guerre \u00C3\u00A0 la peuplade de Bolabola.\nCette d\u00C3\u00A9claration changea les id\u00C3\u00A9es du Gon-\nfeil. L'un des Chefs me r\u00C3\u00A9pondit Sur-le-champ,\n\u00E2\u0080\u009E que je pouvois difpofer de l'Ifle enti\u00C3\u00A8re de\n\u00E2\u0080\u009E Huaheine, & de tout ce qu'elle renferme;\n\u00E2\u0080\u009E que j'\u00C3\u00A9tois le ma\u00C3\u00AEtre d'en donner \u00C3\u00A0 mon Ami,\n\u00E2\u0080\u009E la portion que je voudrais. \u00E2\u0080\u009E Sa r\u00C3\u00A9ponfe fit\nun grand plaifir \u00C3\u00A0 Oma\u00C3\u00AF qui, femblable au refle\nde fes compatriotes, ne fonge gu\u00C3\u00A8res qu'au moment actuel; il crut, fans doute, que je ferais\ntr\u00C3\u00A8s-lib\u00C3\u00A9ral, & que je lui accorderais une vafte\n\u00C3\u00A9tendue de terrain. Je r\u00C3\u00A9fl\u00C3\u00A9chis qu'en m'offrant\nce qu'il ne convenoit pas d'accepter , on ne\nm'offrait rien du tout; & je voulus non-feulement qu'on d\u00C3\u00A9fign\u00C3\u00A2t le local, mais la quantit\u00C3\u00A9\npr\u00C3\u00A9cife de terrein dont jouirait mon Ami. On\nenvoya chercher quelques-uns des Chefs, qui\navoient d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 quitt\u00C3\u00A9 Pafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e, & , apr\u00C3\u00A8s une\nd\u00C3\u00A9lib\u00C3\u00A9ration qui fut courte, ils Souscrivirent \u00C3\u00A0\nma demande, d'une voix unanime : ils me c\u00C3\u00A9d\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 l'inftant un terrein contigu \u00C3\u00A0 la maiSon,\n1777.\ngbre. 1777'\ngbre.\ns (ft) Troisi\u00C3\u00A8me Voyage*\n: o\u00C3\u00B9 Se tenoit le conSeil : Son \u00C3\u00A9tendue, le long de\nla c\u00C3\u00B4te du havre , \u00C3\u00A9toit d'environ deux cents\nverges, & Sa profondeur, qui alloit jufqu'au\npied de la colline, qui en renfermoit m\u00C3\u00AAme une\npartie, fe trouvoit un peu plus confid\u00C3\u00A9rable.\nApr\u00C3\u00A8s cet arrangement qui fatisfit les Infulaires , Oma\u00C3\u00AF & moi, j'ordonnai de drefl\u00C3\u00A8r une\ntente & les obfervatoires fur la c\u00C3\u00B4te, o\u00C3\u00B9 j'\u00C3\u00A9tablis un polie. Les charpentiers des deux vaif-\nfeaux conftruif\u00C3\u00AErent une petite maifon , dans laquelle mon ami devoit renfermer fes tr\u00C3\u00A9fors :\nnous lui cr\u00C3\u00A9\u00C3\u00A2mes de plus un jardin ; nous y\nplant\u00C3\u00A2mes des Shaddecks, des feps de vigrieijH\ndes pommes de pin, des melons, & les graines\nde plufieurs autres v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux : avant de quitter\nl'Ifle, j'eus le plaifir de voir r\u00C3\u00A9uffir chacune des\nparties d\u00C3\u00A9 fa plantation^\nOma\u00C3\u00AF commen\u00C3\u00A7a alors \u00C3\u00A0 s'occuper f\u00C3\u00A9rieufe-\nment de fes int\u00C3\u00A9r\u00C3\u00AAts; il fe repentit beaucoup d'avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fi prodigue \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFtk II trouva \u00C3\u00A0 Hughe ine un fr\u00C3\u00A8re, une f\u00C5\u0093ur, & un beau-frere; car\nfa f\u00C5\u0093ur \u00C3\u00A9toit mari\u00C3\u00A9e : mais ils ne le pill\u00C3\u00A8rent\npas, ainfi que l'avoient fait Ses autres- parens,\ndont j'ai parl\u00C3\u00A9. Toutefois je m'apper\u00C3\u00A7us \u00C3\u00A0 regret,\nque s'ils \u00C3\u00A9toient trop honn\u00C3\u00AAtes pour le tromper , ils \u00C3\u00A9toient trop peu Confid\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9s dans l'Ifle,\npour lui rendre des fervices eff\u00C3\u00A8ntieJs : d\u00C3\u00A9nu\u00C3\u00A9s d e Cook. 267\nd'autorit\u00C3\u00A9 ou de cr\u00C3\u00A9dit, ils ne pouvoient prot\u00C3\u00A9ger fa perfonne ou fes biens ; &, dans cet\n\u00C3\u00A9tat d'abandon, il me parut courir de grands rif-\nques d'\u00C3\u00AAtre d\u00C3\u00A9pouill\u00C3\u00A9 de ce qu'il avoit obtenu de\nnous, l\u00C3\u00B4rfqu'il ne nous aurait plus aupr\u00C3\u00A8s de lui.\nJe penfois que fes Compatriotes ne le maltraiteraient pas, tant qu'il feroit \u00C3\u00A0 port\u00C3\u00A9e de r\u00C3\u00A9clamer\nnos fecours ; mais j'avois des inqui\u00C3\u00A9tudes bien\nfond\u00C3\u00A9es fur l'aven\u00C3\u00AFr.\nUn individu plus opu\u00C3\u00A9eht que fes voifins, eft\ns\u00C3\u00BBr d'exciter l'envie d'une multitude d'hommes\nqui d\u00C3\u00A9firent le rabaifl\u00C3\u00A8r \u00C3\u00A0 leur niveau. Mais dans\nles pays o\u00C3\u00B9 la civilisation, les Loix & la Religion ont de l'empir\u00C3\u00A9, les riches ont toute forte\nde motifs de f\u00C3\u00A9curit\u00C3\u00A9 : les richefl\u00C3\u00A8s s'y trouvant\ndrff)erf\u00C3\u00A9es dans une foule de mains, un fimple\nparticulier ne craint pas que les pauvres fe r\u00C3\u00A9unifient contre lui, de pr\u00C3\u00A9f\u00C3\u00A9rence aux autres,\ndont -la fortune efl \u00C3\u00A9galement un objet de ja-\nloufie. La pofition d'Oma\u00C3\u00AF fe trouvoit bien diff\u00C3\u00A9rente; il alloit vivre dans une contr\u00C3\u00A9e, o\u00C3\u00B9 l'on\nne conno\u00C3\u00AEt gu\u00C3\u00A8res d'autre principe des actions\nmorales , que Pimpulfion imm\u00C3\u00A9diate des defirs\n& des fantaifies : il alloit \u00C3\u00AAtre le feul riche de\nla peuplade, & c'eft l\u00C3\u00A0 fur-tout ce qui le met-\ntoit en danger. Un hafard heureux l'ayant li\u00C3\u00A9\navec nous., il rapportoit un amas de richefl\u00C3\u00A8s,\n8bre il\nM\n268 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n-1 / \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u00A2 qu'aucun de fes Compatriotes ne pouvoit Se\n1777. donner, & que chacun d'eux envioit : il \u00C3\u00A9toit\ngbre. (jonc j)jen natUrel de les croire diSpoS\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 Se\n||\u00C2\u00A7 r\u00C3\u00A9unir pour le d\u00C3\u00A9pouiller.\nAfin de pr\u00C3\u00A9venir ce malheur, s'il \u00C3\u00A9toit poffi-\nble, je lui conseillai de donner quelques-unes,\nde Ses richefl\u00C3\u00A8s \u00C3\u00A0 deux ou trois des principaux\nCheSs; je lui dis que la reconnoifl\u00C3\u00A0nce les exciterait peut-\u00C3\u00AAtre \u00C3\u00A0 le prendre Sous leur prot\u00E2\u0082\u00AC|H\ntion, & \u00C3\u00A0 le garantir des injuftices des autres.11\npromit de Suivre mon conSeil, & j'eus la Satisfaction de voir, avant mon d\u00C3\u00A9part, qu'il l'avoit\nSuivi : ne comptant pas trop n\u00C3\u00A9anmoins fur les\neffets de la reconnoifl\u00C3\u00A0nce , je voulus employer\nun moyen plus impof\u00C3\u00A0nt, celui de la terreur. Je\nn\u00C3\u00A9 laiflai \u00C3\u00A9chapper aucune occafion d'avertir les\nInSulakes, que je me propoSois de revenir dans\nl'Ifle, apr\u00C3\u00A8s une abSence de la dur\u00C3\u00A9e ordinaiSIH\nque s'ils attentoieni: \u00C3\u00A0 la propri\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 ou \u00C3\u00A0 l\u00C3\u00A0 perfonne de mon Ami, je me vengerais impitoyablement de tous ceux qui lui auraient fait du\nmal. Selon toute apparence cette menace Servira\nbeaucoup \u00C3\u00A0 contenir les Naturels; car les diverses rel\u00C3\u00A2ches que nous avons Saites aux Ifles\nde la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, leur perSuadent que nos vaiS-\nfeaux-dqj\u00C3\u00A7ent revenir \u00C3\u00A0 certaines \u00C3\u00A9poques; &\ntant qu'ils auront cette id\u00C3\u00A9e, que j'eus Soin de Cook. 269\nd'entretenk, Omal peut eSp\u00C3\u00A9rer de jouir en paix :\nde Sa fortune & de fa plantation.\nTandis que nous \u00C3\u00A9tions dans ce havre , on\nporta \u00C3\u00A0 terre le refle du bifcuit qui \u00C3\u00A9toit dans la\nfoute aux vivres, afin d'en \u00C3\u00B4ter la vermine qui le\nd\u00C3\u00A9vorait. On ne peut imaginer \u00C3\u00A0 quel point les\nblattes infeftoient mon vaifl\u00C3\u00A8au. Le dommage\nqu'elles nous cauferent fut tr\u00C3\u00A8s - confid\u00C3\u00A9rable,\n& nous employ\u00C3\u00A2mes vainement toute forte de\nmoyens pour les d\u00C3\u00A9truire. Ces blattes ne firent\nd'abord que nous incommoder, & habitu\u00C3\u00A9s aux\nravages que produifent les infe\u00C3\u00A9tes, nous y f\u00C3\u00AEmes\npeu d'attention ; mais elles \u00C3\u00A9toient devenues pour\nnous une v\u00C3\u00A9ritable .calamit\u00C3\u00A9, & elles ravageoient\nprefque tout ce qui fe trouvoit \u00C3\u00A0 bord. Les co-\nmeflibles expof\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 Pak, durant quelques minutes, en \u00C3\u00A9toient couverts; elles y creufoient bient\u00C3\u00B4t des trous comme on en voit dans une ruche\n\u00C3\u00A0 miel. Elles mangeoient en particulier les oi-\nfeaux que nous avions empaill\u00C3\u00A9s, & que nous\nconfervions comme des curiofit\u00C3\u00A9s ; ce qui \u00C3\u00A9toit\nplus f\u00C3\u00A2cheux encore, elles fembloient aimer l'encre avec paffion, en forte que l'\u00C3\u00A9criture des \u00C3\u00A9tiquettes attach\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 nos divers \u00C3\u00A9chantillons, \u00C3\u00A9toit\ncompl\u00C3\u00A8tement rong\u00C3\u00A9e ; la fermet\u00C3\u00A9 feule de la\n\u00E2\u0080\u00A2reliure pouvoit conferver les livres, en emp\u00C3\u00AAchant ces animalcules d\u00C3\u00A9pr\u00C3\u00A9dateurs de fe glifl\u00C3\u00A8r\n1777.\no,bre. OL777-\ngbre.\n270 T r o i s i e m I Voyage\nentre les feuillets. M. Anderfon en apper\u00C3\u00A7ut dexm\nefpeces, la blatta orientalis & la german\u00C3\u00AFc\u00C3\u00A0. '\nLa premiere avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9- apport\u00C3\u00A9e de mon f\u00C3\u00A9cond\nvoyage; & quoique le vaifl\u00C3\u00A8au e\u00C3\u00BBt toujours \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9\nen Angleterre^ dans le baifin, elle avoit \u00C3\u00A9chapp\u00C3\u00A9\n\u00C3\u00A0 la rigueur de l'hiver de 1776. La f\u00C3\u00A9conde ne\nfe montra qu'apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part de la Nouvelle-\nZ\u00C3\u00A9lande ; mais elle s'\u00C3\u00A9toit multipli\u00C3\u00A9e fi prodi-\ngieufement, qu'outre les d\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A2ts dont je parlois\ntout-\u00C3\u00A0-Pheure , elle infectoit jufqu'au gr\u00C3\u00A9ment;\n&, d\u00C3\u00A8s qu'on l\u00C3\u00A2choit une voile, il en tomboit\ndes milliers fur le pont. Les orientales ne for-*\ntoient gu\u00C3\u00A8res que la nuit ; elles faifoient alors\ntant de bruit dans les chambres & dans les pof-\ntes, que tout femb\u00C3\u00AEoit y \u00C3\u00AAtre en mouvement.\nOutre le d\u00C3\u00A9fagr\u00C3\u00A9ment de nous voir ainfi environn\u00C3\u00A9s de toutes parts, elles chargeoient d\u00C3\u00A9 leurs\nexcr\u00C3\u00A9mens notre biScuit, qui aurait excit\u00C3\u00A9 le d\u00C3\u00A9go\u00C3\u00BBt des gens un peu d\u00C3\u00A9licats.\nRien ne troubla, juSqu'au 22, le commerce\nRechange & d'amiti\u00C3\u00A9 , qui eut lieu entre nous\n& l\u00C3\u00A9s Naturels : le 22 au Soir, un des InSulaires\ntrouva moyen de p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9trer dans PobServatoire de\nM. Bayly , & d'y voler un Sextant Sans \u00C3\u00AAtre ap-\nper\u00C3\u00A7u, je deScendis \u00C3\u00A0 terre ; d\u00C3\u00A8s que je Sus instruit du vol, je chargeai Oma\u00C3\u00AF de r\u00C3\u00A9clamer PinS\ntrament. Il le r\u00C3\u00A9clama en effet, mais les Chefs j d e Cook. 271\nne firent aucune d\u00C3\u00A9marche ; ils s'occup\u00C3\u00A8rent de ^^^H\nYHeiva qu'on jouoit alors, juSqu'au moment 1777.\no\u00C3\u00B9 j'ordonnai aux Acteurs de cefl\u00C3\u00A8r. Ils Sentirent 8bre*\nque ma r\u00C3\u00A9clamation \u00C3\u00A9toit tr\u00C3\u00A8s-f\u00C3\u00A9rieufe, & ils fe\ndemand\u00C3\u00A8rent les uns aux autres des nouvelles du\nvoleur, qui fe trouvoit affis tranquillement au\nmilieu d'eux. Son aflurance & fon maintien me\nlaiflbient d'autant plus de doutes, qu'il moiti\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9lit dont on Paccufoit. Je l'envoyai n\u00C3\u00A9anmoins \u00C3\u00A0 bord de nlon vaifl\u00C3\u00A8au fur le t\u00C3\u00A9moignage\nd'Oma\u00C3\u00AF, & je l'y tins en prifon. Son emprisonnement excita une rumeur g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale parmi les\n| Infulaires, & ils s'enfuirent en d\u00C3\u00A9pit de mes efforts pour les arr\u00C3\u00AAter. Le prifonnier interrog\u00C3\u00A9\npar Oma\u00C3\u00AF , finit par dire o\u00C3\u00B9 il avoit cach\u00C3\u00A9 fa\nproie ; mais la nuit commen\u00C3\u00A7oit , & nous ne\np\u00C3\u00BBmes retrouver le fextant que le lendemain \u00C3\u00A0\nla pointe du jour : il n'\u00C3\u00A9toit point endommag\u00C3\u00A9\nlorfqu'on nous le rapporta. Les Naturels revinrent de leur frayeur, & ils fe rafl\u00C3\u00A8mblerent autour de nous, felon leur ufage. Le voleur me\nparut, \u00C3\u00AAtre un coquin d'habitude, & je crus devoir le punir d'une mani\u00C3\u00A8re plus rigoureufe que\nles autres voleurs auxquels j'avois inflig\u00C3\u00A9 des\n\"cb\u00C3\u00A2tim\u00C3\u00A9ns. Je lui fis rafer les cheveux & la barbe , & couper les deux oreilles.\nCette correction ne fuffifoit pas, car 1a nuit\n2\u00C3\u0094* 272 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nr=r du 24 au 25, des cris d'alarme nous avertirent\nl777* qu'il ef\u00C3\u00AEayoit de voler une de nos ch\u00C3\u00A8vres. QuSj\n8bre- ques-uns de nos gens fe rendirent \u00C3\u00A0 l'endroit d'o\u00C3\u00B9\n24. 25. partoient les cris , & ils ne s'apper\u00C3\u00A7urent pas\nqu'on e\u00C3\u00BBt commis de vol : vraifemblablement les\nch\u00C3\u00A8vres \u00C3\u00A9toient fi bien gard\u00C3\u00A9es, qu'il ne put ex\u00C3\u00A9cuter fon projet ; mais fes hoftilit\u00C3\u00A9s r\u00C3\u00A9uffirent \u00C3\u00A0\nd'autres \u00C3\u00A9gards. Il parut qu'il avoit d\u00C3\u00A9truit ou\nemport\u00C3\u00A9 les feps de vigne & les choux du jardin d'Oma\u00C3\u00AF ; il difoit hautement qu'il tuerait\nmon Ami, & qu'il br\u00C3\u00BBlerait i\ maifon d\u00C3\u00A8s que\nnous aurions quitt\u00C3\u00A9 l'Ifle. Afin do ter \u00C3\u00A0 ce fc\u00C3\u00A9-\nl\u00C3\u00A9rat les moyens de nuire d\u00C3\u00A9formais \u00C3\u00A0 Oma\u00C3\u00AF & \u00C3\u00A0\nmoi, je le fis arr\u00C3\u00AAter, je le tins en prifon pour\nla Seconde Sois \u00C3\u00A0 bord de mon vaifl\u00C3\u00A8au, & je\nr\u00C3\u00A9Solus de l'enlever de O-Ta\u00C3\u00AFti : tous les Chefs\nmontr\u00C3\u00A8rent de la fatisfaction,. de ce que je vou-\n\u00C3\u00AEois les d\u00C3\u00A9barraflcr d'un homme auffi intraitable. Il\n\u00C3\u00A9toit natif de Bolabola; mais il trouvoit \u00C3\u00A0 Hua-\nheine trop de gens difpof\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 lui donner des fe-\ncours pour l'ex\u00C3\u00A9cution de fes coupables projets.\nJ'avois rencontr\u00C3\u00A9 dans cette Me, durant mes deux\npremiers Voyages, des hommes plus incommodes que fur aucune autre des terres voifines, &\nfi les Infulaires fe conduifoient d'une mani\u00C3\u00A8re\nplus honn\u00C3\u00AAte, je ne pouvo\u00C3\u00AEs l'attribuer qu'\u00C3\u00A0 la\ncrainte & au d\u00C3\u00A9faut d'occafion. Il fembloit \u00C3\u00AAtre\nen \u00C3\u00AB Cook*\nm\nen proie \u00C3\u00A0 Parl\u00C3\u00A0\u00C3\u00AFabie : Vl\u00C3\u0088ar\u00C3\u00AB\u00C3\u00AB^fiahie, ou le :\nSouverain du^\u00C3\u00A0ys , n'\u00C3\u00A9toit qu'un enfant, ainfi\nque je l'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 obServ\u00C3\u00A9, & je ne remarquai pas\nqu'un individu en particulier , ou un conSeit\nquelconque, gouvern\u00C3\u00A2t en fou nom : ainfi, lo^\nqu'il Survint \u00C3\u00A2&te. m\u00C3\u00A9fkitelligence entre nous, J#\nne fus jamais d'une Sa\u00C3\u00A7on afl\u00C3\u00A8z pr\u00C3\u00A9ciSe \u00C3\u00A0lfui je\ndevois m'adrefl\u00C3\u00A8r pour arranger la querelle &\nobtenir juflice. La mere du jeune Roi eflayok\nquelquefois, il efl vrai, d'interpoSer Son cr\u00C3\u00A9dit ;\nmais je ne m'apper\u00C3\u00A7us pas qu'elle e\u00C3\u00BBt beaucoup\nd'autorit\u00C3\u00A9*\nLa maiSon d'Om\u00C3\u00A0i fut prefqu\u00C3\u00A8 %c\u00C3\u00AFi\u00C3\u00A9v\u00C3\u00A9e l\u00C3\u00A9 26 ,\n& nous y port\u00C3\u00A2mes la plupart de Ses tf\u00C3\u00A9S\u00C3\u00B4f\u00C3\u00A2\nParmi la So\u00C3\u00BBle de choSes inutiles qu'il avoit re\u00C3\u00A7ues\nen Angleterre, je ne dois pas oublier une caifl\u00C3\u00A8\nde joujoux ; il eut Soin de montrer aux Naturels\nles bagatelles qu'elle cont\u00C3\u00A9noit, & la mi\u00C3\u0089M\u00C3\u0089^\n\u00C3\u00A9tonn\u00C3\u00A9e , parut les contempler avec un grand\np\u00C3\u00AEaifir. Quant \u00C3\u00A0 fes pots, Ses chauderons, Ses\nplats, Ses affiettes, fes bouteilles, fes verres, enfin aux divers meubles dont on fe fert dans les\nm\u00C3\u00A9nages d'Europe, il y eut \u00C3\u00A0 peine un feul de\nces articles qui attira les regards d\u00C3\u00A9s Infulaires:\nil commen\u00C3\u00A7oit lui-m\u00C3\u00AAme \u00C3\u00A0 juger cet attirail inutile ; il fentoi&qu'un cochon cuit au four efl plus\nfevoureux, qu'un cochon bouilli; qu'une feuille\nTome IL $\n1777.\n8bre.\na\u00C3\u00B4. 1777-\nLibre.\n2\u00C2\u00BB,\nm\n274 Troisi\u00C3\u00A8me V o y age\n: d\u00C3\u00A9 bgn^JH\u00C3\u008Af peut tefl$r lieu d'un plat ou d'une\naffiette d'\u00C3\u00A9tain, & qu'on boit auffi-bien dans un\n\u00C3\u00A7\u00C2\u00AEeos que dans un verre de cryftal. Il vendit aux\n\u00C3\u00A9quipages^,>de nos, yaifl\u00C3\u00A8aux tous, les meubles de\ncuif^3^derf^eterie qu'ils vou\u00C3\u00A8rent acheter,\n& il eut raifon ; il re\u00C3\u00A7ut en \u00C3\u00A9change des haches\n& d'autres outils de fer, g^i avotent plus de v|B\nleurjt^rinfeque dans cette pajrti\u00C3\u00A7\u00C3\u00A9\u00C3\u00AFfg monde, &\nqui devc$$it ajouter davantage \u00C3\u00A0 fa t\u00C3\u00AFk|>\u00C3\u00A9\u00C3\u00AE\u00C3\u00AEorit\u00C3\u00A9\nfur les individus avec lefquels il alloit pafl\u00C3\u00A8r le\nrefle de fes jours.\nIl fe trouvoit des feux d'artifices parmi les pr\u00C3\u00A9-\nfens qu'on lui avoit faits \u00C3\u00A0 Londres, he 28 au\nfoir, fious en tir\u00C3\u00A2mes quelques-uns ; la nombreufe\nafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e qui nous environnoit, vit ce fpe\u00C3\u00A9tacle\navec un m\u00C3\u00A9lange de plaifir & de .crainte : on mit\nen bon \u00C3\u00A9tat les pieces qui reftoient;, & Oma\u00C3\u00AF les\nferra dans fon iftaggfin ; la plus grande partie avoit\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 employ\u00C3\u00A9e dans les F\u00C3\u00AAtes qug nous donn\u00C3\u00A2mes\nfi$l d'autres Ifjgs, ou s'\u00C3\u00A9toit g\u00C3\u00A2t\u00C3\u00A9e;djjrant le voy\u00C3\u00A0*\nge, & noys en e\u00C3\u00BBmes peu de regret.\nLe 30, le Naturel de Bolabola, que je te-\nnois en prifon Sur mon bord, Se Sauva entre minuit & quatre heures du matin; il emporta le Ser\ndu morceau de bois qu'on avoit mis,\u00C3\u00A0 Sa jambe*\nLorSqu'il Suc Sur la c\u00C3\u00B4te, l'un desC\u00C2\u00A7eSs lui reprit\nle Ser qu'il donna \u00C3\u00A0 Ornai ; & celui-ci vint me DE COO K. 275\ndire, d\u00C3\u00A8s le grand matin, que Son mortel ennemi :\n\u00C3\u00A9toit en libert\u00C3\u00A9. Je jugeai, apr\u00C3\u00A8s quelques recherches , que la Sentinelle charg\u00C3\u00A9e de Surveiller\nle priSonnier,.& m\u00C3\u00AAme tous les hommes de quart\nSur le gaillard d'arri\u00C3\u00A8re o\u00C3\u00B9 il Se trouvoit, s'\u00C3\u00A9toient\nendormis; le priSonnier profita du moment, il\nprit la cleS des fers dans le tiroir de l'habitacle\no\u00C3\u00B9 il l'avoit vu placer, & il Se d\u00C3\u00A9barrafla de\nfes entraves. Cette \u00C3\u00A9vafion me prouva que mes\ngens avoient mal fait leur devoir; je punis les\ncoupables , & afin de pr\u00C3\u00A9venir une Semblable\nn\u00C3\u00A9gligence, je donnai Sur ce point de nouveaux\nordres. Je Sus charm\u00C3\u00A9 d'apprendre enSuite que\nnotre coquin s'\u00C3\u00A9toit Sauv\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Ulietea; j'avois\nl'eSp\u00C3\u00A9rance de l'y rencontrer & de l'arr\u00C3\u00AAter de\nnouveau.\nD\u00C3\u00A8s qu'Oma\u00C3\u00AF fut \u00C3\u00A9tabli dans Sa nouvelle habitation , je Songeai \u00C3\u00A0 partir ; je fis conduire \u00C3\u00A0 bord\ntout ce que nous avions d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A9, except\u00C3\u00A9 le\ncheval, la jument & une ch\u00C3\u00A8vre pleine, que je\nkifl\u00C3\u00A0i \u00C3\u00A0 mon Ami, dont nous allions nous S\u00C3\u00A9parer pour jamais. Je lui donnai auffi une truie &\ndeux cochons de race angloiSe, & il s'\u00C3\u00A9toit procur\u00C3\u00A9 d'ailleurs une ou deux truies. Le cheval\ncouvrit k jument durant notre rel\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti,\n& je Suis perSuad\u00C3\u00A9 que les Navigateurs trouveront d\u00C3\u00A9sormais des chevaux dans ces Mes.\nS' 1\n1777.\ngbre. 1/77-\ngbre.\n276 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nLes d\u00C3\u00A9tails relatifs \u00C3\u00A0 Oma\u00C3\u00AF, int\u00C3\u00A9refl\u00C3\u00A8ront peut*\n\u00C3\u00AAtre une clafl\u00C3\u00A8 nombreuSe de lecteurs, & je crois\ndevoir dire tout ce qui peut expof\u00C3\u00A8r d'une mani\u00C3\u00A8re Satisfaifante dans quel \u00C3\u00A9tat nous le laifs\u00C3\u00A2mes.\nIl avoit pris \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti quatre ou cinq toutous;\nil gardoit d'ailleurs fes deux jeunes gens de la\nNouvelle-Z\u00C3\u00A9lande ; fon fr\u00C3\u00A8re & quelques autres\nde f^parens le joignirent kHuaheine; en Sorte\nque fa famille fe trouvoit d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 compof\u00C3\u00A9e de huit\nou dix perfonnes, fi toutefois on peut donner le\nnom de famille \u00C3\u00A0 un m\u00C3\u00A9nage o\u00C3\u00B9 il n'y avoit pas\nune femme, & o\u00C3\u00B9 vraifemblablement il n'y eu\naura jamais, \u00C3\u00A0 moins qu'il ne devienne .moins\nvolage : il ne paroiffbk point du tout difpof\u00C3\u00A9 au\nmariage.\nLa maifon que nous lui b\u00C3\u00A2t\u00C3\u00AEmes, avoit vingt-:\nquatre pieds de long fur dix-huit de large & dix\nde hauteur; nous y employ\u00C3\u00A2mes les bois des pirogues d\u00C3\u00A9truites par nous \u00C3\u00A0 Eimeo ; on y mit le\nmoins de clous qu'il fut poffible, afin que l'ap-\npas du fer n'excit\u00C3\u00A2t point les Naturels \u00C3\u00A0 la d\u00C3\u00A9-\nvafter. Il fut d\u00C3\u00A9cid\u00C3\u00A9 qu'imm\u00C3\u00A9diatement apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part, il en b\u00C3\u00A2tirait une plus grande fur le\nmod\u00C3\u00A8le des habitations du pays; que, pour mettre en s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 celle que nous avions confiante\nnous-m\u00C3\u00AAmes, il la couvrirait avec l'une des extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s de la nouvelle. Quelques-uns des Chefs de Cook. \u00C2\u00AB77\npromirent de l'aider, & fi l'\u00C3\u00A9difice projette oc- ]\ncupe le terrein qu'indiquok fon plan, il n'y en\naura gu\u00C3\u00A8res dans rifle de plus \u00C3\u00A9tendues.\nUn moufquet, une bayonette & une giberne,\nun fi\u00C3\u00AFfil de chafl\u00C3\u00A8, deux paires de piftolets, &\ndeux ou trois fabres ou coutelas, compofoient\nfona\u00C3\u00AFfenal; il fut enchant\u00C3\u00A9 d'avoir ces armes,\n& en les lui donnant, je ne Songeai qu'\u00C3\u00A0 lui faire\nplaifir; car j'\u00C3\u00A9tois perfuad\u00C3\u00A9 qu'il ferait plus heureux , fi nous ne lui laiffions point d'armes \u00C3\u00A0 feu,\nou d'armes europ\u00C3\u00A9ennes d'aucune efpece. En\neffet, cet attirail de guerre entre les mains d'un\nhomme dont la prudence m'eftfufpecte, doit plut\u00C3\u00B4t accro\u00C3\u00AEtre fes dangers qu'\u00C3\u00A9tablir fa Sup\u00C3\u00A9riorit\u00C3\u00A9\nSur Ses compatriotes. LorSqu'il eut conduit \u00C3\u00A0\nterre les diverSes choSes qui lui appartenoient,\n& qu'il les eut plac\u00C3\u00A9es dans Sa maiSon, il donna \u00C3\u00A0\nd\u00C3\u00AEner deux ou trois Sois \u00C3\u00A0 la plupart des Officiers\nde la R\u00C3\u00A9folution & de la D\u00C3\u00A9couverte : l\u00C3\u00A0 table\nnous offrit en abondance les meilleures productions de PIfle.\nAvant d'appareiller, je gravai PinScription Suivante en dehors de f\u00C3\u00A0 maiSon.\nGeorgius ter tins, Rex, 2 Novembris, 1777.\n_r {R\u00C3\u00A9folution, Jac. Cook. pr.\nNaves4 : *\nl Dijcovery , Car. Gierke, pr.\n1777.\n\u00C2\u00A3bre. 278 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u0094-\u00E2\u0080\u0094: Jj|jLe 2 Novembre, \u00C3\u00A0 quatre heures du foir, je\n777.- profitai d'une briSe qui s'\u00C3\u00A9leva dans la partie de\nybre. pEft, & je Sortis du havre. La plupart de nos\nAmis demeur\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 bord juSqu'au moment o\u00C3\u00B9\nles ..vaifl\u00C3\u00A8aux Surent Sous voile ; & afin de fa-\ntisSake leur curiofit\u00C3\u00A9, j'ordonnai de tirer cinq\ncoups de canon. Ils nous firent tous leurs derniers adieux , except\u00C3\u00A9 Omit qui nous accompagna quelque temps en mer. L'hanfiere amarr\u00C3\u00A9e\nSur la c\u00C3\u00B4te, Sut coup\u00C3\u00A9e par les rochers au moment de l'appareillage ; ceux qui travailloient\naux man\u00C5\u0093uvres , ne s'appercevant pas qu'elle\n\u00C3\u00A9toit rompue , abandonn\u00C3\u00A8rent la partie qui Se\ntrouvoit Sur la gr\u00C3\u00A8ve, & il Sallut l'envoyer chercher par un canot. Oma\u00C3\u00AF s'en alla dans ce canot,\napr\u00C3\u00A8s avoir embrafle tendrement chacun des Officiers. Il montra du courage jufqu'\u00C3\u00A0 l'inftant o\u00C3\u00B9\nil s'approcha de moi ; mais il eflaya en vain de\nfe contenir, il verfa un torrent de larmes, &\nM. King, qui commandoit le canot, le vit pleurer durant toute la route.\nJe fongeois avec un extr\u00C3\u00AAme plaifir, que je\nPavois ramen\u00C3\u00A9 fain & fauf dans l'Ifle o\u00C3\u00B9 nous le\npr\u00C3\u00AEmes autrefois : mais telle efl la bizarre defli-\nn\u00C3\u00A9e des ehofes humaines, que nous le laifs\u00C3\u00A2mes\nvraifemblab\u00C3\u00AEement dans une pofition moins heu-\nreufe, vue celle o\u00C3\u00B9 il fe trouvoit avant de nous DE C O O -K. I C 279\navoir connus. Je ne dis pas qu'accoutum\u00C3\u00A9 aux\ndouceurs de la vie civilif\u00C3\u00A9e , il fera malheureux\nde ne plus les go\u00C3\u00BBter ; j'\u00C3\u00A9tablis mes conjectures\nfur un feul point ; les avantages qu'il a tir\u00C3\u00A9s de\nnous, ont mis fa f\u00C3\u00A9curit\u00C3\u00A9 perfonneile dans une\nfituation plus p\u00C3\u00A9rilleufe. Ayant \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9\u00C3\u00AFtr\u00C3\u00A8s-careff\u00C3\u00A9 en\nAngleterre, il avoit oubli\u00C3\u00A9 fa condition primitive ; il ne penfa jamais quelle impreffion feraient fur fes compatriotes fes connoifl\u00C3\u00A0nces &\nfes richefl\u00C3\u00A8s : cependant les lumi\u00C3\u00A8res de fon ef-\nprit & Ses tr\u00C3\u00A9Sors pouvoient feuls afl\u00C3\u00B9rer Soft\ncr\u00C3\u00A9dit, & il ne devoit pas fonder fur d'autres\nmoyens fon \u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation & fon bonheur. Il para\u00C3\u00AEt\nm\u00C3\u00AAme qu'il connoiflbit mal le caract\u00C3\u00A8re des habitans des Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, ou qislfl avoit perdu\nde vue, \u00C3\u00A0 bien des \u00C3\u00A9gards , leurs coutume^\nautrement il aurait fenti qu'il lui feroit d'une\ndifficuk\u00C3\u00A9 extr\u00C3\u00AAme de parvenir \u00C3\u00A0 un rang diftin-\ngu\u00C3\u00A9, dans un pays o\u00C3\u00B9 le m\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9e perfonnel n'a\npeut-\u00C3\u00AAtre jai^s\u00C3\u00BBf\u00C3\u00A0k fortir un individu d'une\nclafl\u00C3\u00A8 inf\u00C3\u00A9rieure pour le porter \u00C3\u00A0 une claf\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8 plus\nrelev\u00C3\u00A9e, Les diftin\u00C3\u00A9tions & le pouvoir qui en eft\nla fuite, femblent \u00C3\u00AAtre fond\u00C3\u00A9s ici fur le rang; les\nInfuLpprres font fournis \u00C3\u00A0 ce pr\u00C3\u00A9jug\u00C3\u00A9 d'une ma\u00C2\u00BB\nriiere fi. opini\u00C3\u00A2tre & fi aveugle , fpi'un homme\nqui n'a pas re\u00C3\u00A7u le jour dans les familles privil\u00C3\u00A9gi\u00C3\u00A9es , fera s\u00C3\u00BBrement m\u00C3\u00AAprif\u00C3\u00A9 & ha\u00C3\u00AF, s'il veut\nS 4\nl777-\nre. 284 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\npour lui en Angleterre, & il n'oubliera jamais\nceux qui l'ont honor\u00C3\u00A9 de leur protection & de\nleur amiti\u00C3\u00A9 pendant fon S\u00C3\u00A9jour \u00C3\u00A0 Londres. Il\n\u00C3\u00A9toit dou\u00C3\u00A9 d'une afl\u00C3\u00A8z grande p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9tration, mais\nil ne s'appliquoit pas, & il n'avoit point cette\nconfiance qui fuit les m\u00C3\u00AAmes id\u00C3\u00A9es ; ainfi, fes\nconnoiflances \u00C3\u00A9toient fuperficielles & imparfaites\n\u00C3\u00A0 bien des \u00C3\u00A9gards. Il obfervoit peu : il vit aux\nIfles des Amis une foule d'arts utiles & d'amu-\nfemens agr\u00C3\u00A9ables, qu'il auroit pu porter dans fa\npatrie, o\u00C3\u00B9 vraifemblablement on les adopterait\nvolontiers, puifqu'ils font fi analogues aux habitudes des Naturels des Ifles de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 ; mi\u00C3\u0089i\nje ne me fuis pas apper\u00C3\u00A7u qu'il ait fait le moB\u00C3\u0089|\u00C2\u00A7\ndre effort pour s'en inftruire. Cette efpece d'indiff\u00C3\u00A9rence , je l'avoue , efl le d\u00C3\u00A9faut caract\u00C3\u00A9ristique de fes compatriotes. Ils ont re\u00C3\u00A7u \u00C3\u00A0 diverfes\nreprifes, depuis dix ans , la vifite des Navigateurs europ\u00C3\u00A9ens; je n'ai pas d\u00C3\u00A9couvert toutefois, ,\nqu'ils aient efl\u00C3\u00A0y\u00C3\u00A9 le moins du monde de profiter\nde ce commerce, & jufqu'ici ils ne nous ont\ncopi\u00C3\u00A9 en rien. Il efl donc difficile qu'Oma\u00C3\u00AF vienne\n\u00C3\u00A0 bout d'introduire parmi eux un grand nombre\nde nos rarts & de nos coutumes, ou qu'il perfectionne beaucoup les ufages & les m\u00C3\u00A9thodes\nauxquels ces peuplades font accoutum\u00C3\u00A9es depuis\nfi long-temps : je fuis perfuad\u00C3\u00A9 n\u00C3\u00A9anmoins, DE COO K, 285\nqu'il cultivera les arbres fruitiers & les v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux |\nque nous avons plant\u00C3\u00A9s, & que les Ifles de la\nSoci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 lui auront, en ce point, des obligations\nef\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8nt\u00C3\u00AEelles ; mais le plus grand avantage qu'elles\nfemblent devoir tirer de fes voyages, r\u00C3\u00A9fultera\ndes quadrup\u00C3\u00A8des nouveaux que nous y avons\nkifl\u00C3\u00ABs, & que vraifemblablement elles n'auraient\njamais obtenus, s'il n'\u00C3\u00A9toit pas venu en Angleterre. Lorfque ces animaux fe feront multipli\u00C3\u00A9s,\nO-Ta\u00C3\u00AFti & les Ifl$s de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, \u00C3\u00A9galeront,\nfi elles ne furpafl\u00C3\u00A8nt pas, les rel\u00C3\u00A2ches c\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A8bres,\npar l'abondance des provisions.\nLe retour d'Oma\u00C3\u00AF, & les preuves f\u00C3\u00A9duifantes\nqu'il offrait de notre lib\u00C3\u00A9ralit\u00C3\u00A9, excit\u00C3\u00A8rent un grand\nnombre d'Infulaires \u00C3\u00A0 me demander la permiffion\nde me fuivre \u00C3\u00A0 Pretane. \u00C3\u0087a) J'eus foki de d\u00C3\u00A9-,\n\u00C3\u00A7larer, dans toutes les occafions, que je ne fouf-\ncrkois point \u00C3\u00A0 ces demandes. Oma\u00C3\u00AF toutefois,\nqui mettoit un grand prix \u00C3\u00A0 \u00C3\u00AAtre cit\u00C3\u00A9 comme le\nSeul homme qui e\u00C3\u00BBt fait un long voyage,\" crai-\ngnoit que je ne confentifl\u00C3\u00A8 \u00C3\u00A0 donner \u00C3\u00A0 d'autres\nles moyens de lui difpufer ce m\u00C3\u00A9rite, & il me\ndit fouvent, que Mylord Sandwich lui avoit promis , qu'aucun des Naturels des Ifles de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 ne viendrait en Angleterre.\n1777\u00C2\u00BB\nbre.\n9\n(<0 En Angleterre. 1777-\nbre.\n9\n286 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n: Si j'avois cru qu'on ne tarderait pas \u00C3\u00A0 envoyer un vaifl\u00C3\u00A8au \u00C3\u00A0 la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande, j'aurais pris avec moi les deux jeunes gens de cette\ncontr\u00C3\u00A9e, qui s'\u00C3\u00A9raient embarqu\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 la fuite d'Oma\u00C3\u00AF ;\ncar ils d\u00C3\u00A9liraient extr\u00C3\u00AAmement, l'un & l'autre,\nde ne pas nous quitter; Tiarooa, le plus \u00C3\u00A2g\u00C3\u00A9,\navoit des difpofitions tr\u00C3\u00A8s-heureufes ; il \u00C3\u00A9toit dou\u00C3\u00A9\nd'un bon\u00C2\u00BB fens admirable, & fufceptible de toute\nforte d'inftru\u00C3\u00A9tions. Il paroif\u00C3\u00AEbk fentir que la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande fe trouvoit inf\u00C3\u00A9rieure aux Ifles de\nla Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9; &, frapp\u00C3\u00A9 des plaifirs & de l'abondance que lui offrait Huaheine, il finit parl|B\nfoumettre gaiement \u00C3\u00A0 la loi du fort, qui l'obli-\ngeoit \u00C3\u00A0 y terminer fa carri\u00C3\u00A8re. Son camarade nous\n\u00C3\u00A9toit fi attach\u00C3\u00A9, qu'il fallut l'enlever du vaifl\u00C3\u00A8au\n& le conduire de force \u00C3\u00A0 terre : celui-ci avoit de\nla malice & de l'\u00C3\u00A9nergie dans le caract\u00C3\u00A8re, & fa\np\u00C3\u00A9tulance amufa beaucoup mon \u00C3\u00A9quipage. de Go O K.\nI>>>l<^f^''\"1 -\n287\nCHAPITRE VIL\nArriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Ulietea. Obfervations afironoml-\nques. Un Soldat de Marine d\u00C3\u00A9ferte, & les\nInfulaires le r.amenent. Je re\u00C3\u00A7ois des nouvelles d'Oma\u00C3\u00AF. Infiru&ions que je donne\nau Capitaine Gierke. Autre d\u00C3\u00A9fertion d'un\nMidshipman & d'un Matelot. Trois des\nprincipaux Perfonnages de l'Ifle emprisonn\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 cette occafion. D\u00C3\u00A9couverte d'un\n\ complot des Naturels , qui formoient le\nprojet de m9arr\u00C3\u00AAter, ainfi que le Capitaine\nClerke. On me ramen\u00C3\u00A9 les deux D\u00C3\u00A9fer-\nteurs, & je rends la libert\u00C3\u00A9 aux Gens du\nPays, que je tenois en prifon. Les deux\nVaifl\u00C3\u00A8aux appareillent. Rafra\u00C3\u00AEchiffemens\nque nous pr\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 Ulietea. Etat de cette\nIJle, compar\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 V\u00C3\u00A9tat o\u00C3\u00B9 nous l'avions\ntrouv\u00C3\u00A9e autrefois. D\u00C3\u00A9tails fur un de fes\nRois qui fut d\u00C3\u00A9tr\u00C3\u00B4n\u00C3\u00A9, & fur le dernier\nR\u00C3\u00A9gent de Huaheine.\nJLj or s que le canot, qui conduifo\u00C3\u00AEt \u00C3\u00A0 terre\nOma\u00C3\u00AF, dont nous venions de nous f\u00C3\u00A9parer pour\njamais, nous eut rapport\u00C3\u00A9 le refle de l'baafiere,\nl777\npbre. s88 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n1 nous primes tput de fuite la route d'Ulietea, o\u00C3\u00B9\nl777* je voulois rel\u00C3\u00A2cher. A dix heures du foir, nous\npbre. minces en panne jufqu'\u00C3\u00A0 quatre heures du matin\n8\u00C2\u00AB du jour fuivant ; \u00C3\u00A0 cette \u00C3\u00A9poque, nous f\u00C3\u00AEmes de\ne la voile pour doubler l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 m\u00C3\u00A9ridionale de\nl'Ifle, & arriver au havre de Ohamaneno : \u00C3\u0087a)\nnous e\u00C3\u00BBmes tour-\u00C3\u00A0-tour des calmes & de l\u00C3\u00A9gers\nfouilles de vents de diff\u00C3\u00A9rens points du compas;\n\u00C3\u0089lI en f\u00C2\u00B0rte 4U^ midi, nous nous trouvions encore \u00C3\u00A0\nune lieue de l'entr\u00C3\u00A9e du havre. Oreo, mon vieil\nami, Chef de l'Ifle, prit le large, d\u00C3\u00A8s qu'il nous\napper\u00C3\u00A7ut, & il vint nous voir avec fon fils &\nPotooe, fon gendre.\nJe r\u00C3\u00A9folus de gagner promptement le havre,\n&, apr\u00C3\u00A8s avoir mis tous les canots \u00C3\u00A0 la mer,, je\nleur ordonnai de nous prendre \u00C3\u00A0 la remorque;\nune brife l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re du Sud f\u00C3\u00A9conda cette man\u00C5\u0093uvre,\nmais elle s'\u00C3\u00A9teignjt bient\u00C3\u00B4t, & elle fut remplac\u00C3\u00A9e\npar une autre de PEft, qui venoit du mouillage\no\u00C3\u00B9 je voulois arriver. Nous f\u00C3\u00BBmes oblig\u00C3\u00A9s de\njetter l'ancre \u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e de la rade \u00C3\u00A0 deux heures\napr\u00C3\u00A8s-midi, & de nous faire touer.dans l'int\u00C3\u00A9rieur; op\u00C3\u00A9ration* qui ne fut achev\u00C3\u00A9e qi|'\u00C3\u00A0 la nuit.\n{a) Voyez un Plan de ce Havre, dans la Collection de Hawkefworth , vol. II,: pag. I48 de l'original, l;feDCM\u00C2\u00A3i, l ?Mo\u00C3\u00A2 t\nD\u00C3\u00A8s de Cook.-' 289\nD\u00C3\u00A8s que nous f\u00C3\u00BBmes en-dedans du havre, desi\u00C2\u00ABr=:\npirogues remplies d'Infulakes, qui apportoient 1777.\ndes cochons & des fruits, environn\u00C3\u00A8rent les vaif- 9bre-\nf\u00C3\u00A9aux , en forte que nous trouvions l'abondance?\npar-tout o\u00C3\u00B9 nous abordions.\nLe lendemain 4, j'amarrai la R\u00C3\u00A9folution- de 4*\nl'avant & de l'arri\u00C3\u00A9re, pr\u00C3\u00A8s de la c\u00C3\u00B4te fepten-.\ntrionale & \u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e du havre; je fis ouvr\u00C3\u00AEF\nun des fabords, & dans la vue de nous d\u00C3\u00A8bar-\nrafl\u00C3\u00A8r de quelques-uns des rats qui c\u00C3\u00B4ntinuoid\u00C3\u008BP\na nous infefter, nous \u00C3\u00A9tabl\u00C3\u00AEmes, de ce f\u00C3\u00A0b\u00C3\u00B4fdy;:\nun petit pont qui communiquoit au rivage ,\n\u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9 d'environ vingt pieds. La D\u00C3\u00A9couv\u00C3\u00A8ffff*\namarra le long de la c\u00C3\u00B4te m\u00C3\u00A9ridionale avec le\nm\u00C3\u00AAme projet. Sur ces entrefaites, j'allai rendre\n\u00C3\u00A0 Oreo la vifite que j'avois re\u00C3\u00A7ue de lui ; je lui\ndonnai une robe de toile , une chemif\u00C3\u00AB, un\nchapeau de plumes rouges de Tongataboo, &\nd'autres chofes de moindre valeur. Je le ramenai d\u00C3\u00AEner \u00C3\u00A0 bord, ainfi que1 quelques-uns de \u00E2\u0080\u00A2\nfes amis.\nLe 6, nous dreff\u00C3\u00A2mes les obfervatoires, & 6.\nnous port\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 terre les inftrumens d'Aflrono-\nmie. Les deux jours fuivans, nous pr\u00C3\u00AEmes deis\nazimuths du Soleil, \u00C3\u00A0 bord des vaifl\u00C3\u00A8aux & fur la\nc\u00C3\u00B4te, avec toutes nos bouflbles, afin de trouver\nla d\u00C3\u00A9clinaifon de l'aimant; & la nuit du 8 au 9,\nTome IL T %9& T r o i s 11 m s V O Y A G s\n11 ' .-\u00E2\u0080\u009E npns obferv\u00C3\u00A2mes u^ occultation du \u00C3\u00A9 du Ca-\n1777? pricome, par le bord obfcur de la Lune. Nous\n| nous accorda*^, M. Bayly & moi, fur Pinflant\no\u00C3\u00B9 g|g eut lieu; & notre r\u00C3\u00A9fulat, \u00C3\u00A0 l'un & \u00C3\u00A0\nPautre, fut 10 heures 6 min. & 54 fee. & demie; celui de Me King fut d'une demi-feconde\nplut\u00C3\u00B4t. M. Bayly obferva, avec une lunette achromatique , qui appartenoit au Bureau des Longitudes; M. King, avec un t\u00C3\u00A9lefeope de r\u00C3\u00A9flexion,\nqui app^r\u00C3\u00A7enok au m\u00C3\u00AAme Bureau, & je me fermai\nde i^i t\u00C3\u00A9lefeope de r\u00C3\u00A9flexion de dix-huit pouces\nde foyer. Il y avoit eu, quelque temps auparavant , une immerfion du **\u00E2\u0080\u00A2 du Capricorne, derri\u00C3\u00A8re le bord obfcur de la Lune ; mais elle ne fut\nobferv\u00C3\u00A9e que par M. Bayly. J'efl\u00C3\u00A0yai de la fuivre\n\u00C3\u00A0 l'aide d'une petite lunette achromatique, mais,\nj\u00C3\u00A7 trouvai qu\u00C3\u00A7 mon infiniment n'amplifioit pas j\nalj\u00C3\u00A7z.\n; Il ne nous arriva rien de remarquable jufqu'\u00C3\u00A0,\nla nuit du 12 au 13. A cette \u00C3\u00A9poque, Jean Har-\nrifon, l'un des foldats de Marine, qui \u00C3\u00A9toit en\nfanion \u00C3\u00A0 PObfervatoke, d\u00C3\u00A9ferte, & il emporta\nfQn fv^I & fon \u00C3\u00A9quipage : je fus, le matin, de\nq^l c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 il avoit tourn\u00C3\u00A9 fes pas, & j'envoyai un,\nd\u00C3\u00A9tachement \u00C3\u00A0 f\u00C3\u00A0 pourfuite ; nos -gens revinrent\nle foir, fans avoir pu en apprendre de nouvelles*\nL^l\u00C3\u00A7^demain je m'ackef\u00C3\u00AF\u00C3\u00A0i au Chef, & je le priai DE C O O K. &91\nde mettre tous fes moyens en ufage. Il me promit d'envoyer quelques-uns des Infulaires apr\u00C3\u00A8s\nle d\u00C3\u00A9ferte\u00C3\u00BBr, & il me fit efp\u00C3\u00A9rer qu'on me le ram\u00C3\u00A8nerait le m\u00C3\u00AAme jour. Mon foldat n'arrivSS\npoint, & je penfai qu'Oreo n'avoit''fait aucune\nd\u00C3\u00A9marche. N\u00C3\u0089te avions alors une foule de Na*\nturels autour d\u00C3\u00A9s vaifl\u00C3\u00A8aux, & il fe commettok\nquelques vols. Les Infulaires craignirent les fuft\u00C3\u00ABi\nde ces larcins, & un tr\u00C3\u00A8\u00C3\u00A2*petk nombre s'approch\u00C3\u00A8rent de nous le 15; le Chef lui-m\u00C3\u00AAme prit\nT\u00C3\u00A2l\u00C3\u00A2rme, ainfi que les autres, & il s'enfuit avec\ntoute fa fi\u00C3\u0089fl^e* Je crus avoifclne belle occafion\nde les contraindre \u00C3\u00A0 livrer le c\u00C3\u008A\u00C3\u00A9ferteur : on m'fi$\nforma qu'il \u00C3\u00A9tok:\u00C3\u00A0 un endroir appelle Hamoa j\nde l'autre c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de l'Ifle; je fi^\u00C3\u0089fe^Pdeux canots;\n& je me rendis \u00C3\u00A0 Hamoa, accompagn\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9Tiin\nElfes Naturels. Nous renc\u00C3\u00B4ntS^ie\u00C2\u00BB Oreo^^ui monta:\nfur mon bord. Je d\u00C3\u00A9barquai \u00C3\u00A0 envirdfi un mile &\ndemi de Hamoa, fuMde quelques hommes, &\nje marchai en avant au pas redoubl\u00C3\u00A9; je craignis\nque les can\u00C3\u00A9ls, en approchant davantage,'ne\ndonnafl\u00C3\u00A8nt l'alarme, & que le d\u00C3\u00A9ferte\u00C3\u00BBr ne vfii\u00C3\u00AF\n\u00C3\u00A0 bout de fe fauver dans les montagnes; mais cette\npr\u00C3\u00A9caution \u00C3\u00A9toit inutile, car les h\u00C3\u00A2b\u00C3\u00AEt\u00C3\u00A0hs de ce\ndiftrict avoient appris mon arriv\u00C3\u00A9e, & ils fe dif-\npofbient \u00C3\u00A0 me livrer le fif\u00C3\u0089Bat.\nJe trouvai Harrifon affis entre d\u00C3\u00A9li\u00C3\u00A9: femmes,\nT 2\n*5* *777*\nobre.\n292 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n: qui fe lev\u00C3\u00A8rent pour me demander fa grace, d\u00C3\u00A8s\\nqu'elles mevirent ; comme il \u00C3\u00A9toit important de\npr\u00C3\u00A9venir de pareilles d\u00C3\u00A9ferrions, je les accueillis\nfort mal, & je leur ordonnai de fe retirer; elles\nfondirent-en larmes, & elles s'en all\u00C3\u00A8rent. Paha,\nChef.du diftrict, arriva; il m'offrit un bananier\n& un cochon-de-lait en ligne de paix. Je refufai\nfon cadeau, & je lui enjoignis de fortir de ma\npr\u00C3\u00A9fence. Apr\u00C3\u00A8s avoir embarqu\u00C3\u00A9 le d\u00C3\u00A9ferte\u00C3\u00BBr fur\nle premier canot qui atteignit le rivage, je retournai aux vaifl\u00C3\u00A8aux. Notre correfpondance avec\nles Infulaires fe r\u00C3\u00A9tablit. Le foldat fe contenta de\ndire, pour fa juftification, que les Naturels Pa-\nvoient d\u00C3\u00A9bauch\u00C3\u00A9 : cela pouvoit \u00C3\u00AAtre vrai, car\nles deux femmes dont j'ai parl\u00C3\u00A9, \u00C3\u00A9toient venues\nfur mon bord la veille de fa d\u00C3\u00A9fertion; je recotflfl\nnus d'ailleurs qu'il avoit quitt\u00C3\u00A9 fon pofte peu de\nminutes avant l'heure o\u00C3\u00B9 on devoit le relever,\n& le ch\u00C3\u00A2timent que je lui infligeai ne fut pas rigoureux.\nQuoique nous fuffions f\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9s d'Oma\u00C3\u00AF, nous\npouvions encore en recevoir des nouvelles. Je\nlui avois recommand\u00C3\u00A9 de m'inftruire de ce qui\nfe pafl\u00C3\u00A8rok : quinze jours apr\u00C3\u00A8s notre arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0\nUlietea, il m'envoya deux de fes gens : j'appris\n* avec une extr\u00C3\u00AAme plaifir, que fes compatriotes\nle laiflbient en paix ; que tout alloit bien, mais DE C O O K.\n*n\nque fa ch\u00C3\u00A8vre \u00C3\u00A9toit morte en faifant fes petits: \u00E2\u0080\u0094\nil me prioit de lui en envoyer une autre, &\ndeux haches. Je fus bien-aife d'avoir une nou-\n.velle occafion d'\u00C3\u00AAtre utile \u00C3\u00A0 mon Ami, &f le 18,\n/je renvoyai fes deux mefl\u00C3\u00A0gers qui lui port\u00C3\u00A8rent\nles haches, & deux chevreaux, l'un m\u00C3\u00A2le &\nl'autre femelle, que je pris parmi les quadrup\u00C3\u00A8des qui reftoient \u00C3\u00A0 bord de la D\u00C3\u00A9couverte.\nLe 19, j'\u00C3\u00A9crivis les inftru\u00C3\u00A9tions que le Capitaine Clerke devoit fuivre, s'il venoit \u00C3\u00A0 fe f\u00C3\u00A9pa-\nrer de moi apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part des Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9; il ne fera pas inutile de. les rapporter ici.\n177\n7'\nybre.\nl8.\n10.\nJnflru&ions donn\u00C3\u00A9es par le Capitaine Cook,\ncommandant la Corvette de Sa Majefi\u00C3\u00A9,\nla R\u00C3\u00A9solution, au Capitaine Clerke,\ncommandant le Sloop la D\u00C3\u00A9couverte.\n\u00E2\u0080\u009E Les Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fe trouvant fort\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9es de la c\u00C3\u00B4te feptentrionale de l'Am\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E rique, notre traverf\u00C3\u00A9e fera longue ; nous en\n\u00E2\u0080\u009E ferons une partie au milieu de l'hiver, c'eft-\u00C3\u00A0-\n\u00E2\u0080\u009E dire, \u00C3\u00A0 une \u00C3\u00A9poque o\u00C3\u00B9 il faut s'attendre \u00C3\u00A0 des\n\u00E2\u0080\u009E orages & \u00C3\u00A0 un mauvais temps qui peuvent\na, f\u00C3\u00A9parer les vaifl\u00C3\u00A8aux, & vous devez prendre*\nj, tous les foins imaginables pour pr\u00C3\u00A9venir cette\n\u00E2\u0080\u009E f\u00C3\u00A9paration; mais fi nous nous f\u00C3\u00A9parons, malgr\u00C3\u00A9\nT I 1.777-\nybre.\nv>\n\u00E2\u0099\u00A694 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ntous nos efforts pour marcher de cgnferve,.\nvous me chercherez d'abord \u00C3\u00A0 l'endroit o\u00C3\u00B9 vous\nm'aurez vu pour la derni\u00C3\u00A8re fois; & fi vous ne\nm'appercevez pas apr\u00C3\u00A8s cinq jours de recherches , vous marchez vers la c\u00C3\u00B4te de la Nouvelle Albion, felon les inftru\u00C3\u00A9tions des Lords\nde l'Amiraut\u00C3\u00A9 dont vous avez d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 re\u00C3\u00A7u une.\ncopie : vous t\u00C3\u00A2cherez d'atteindre la c\u00C3\u00B4te d'Am\u00C3\u00A9rique par le quarante-cinqui\u00C3\u00A8me degr\u00C3\u00A9 de\nlatiaide.\n\u00E2\u0080\u009E Vous ferez une cro\u00C3\u00AEfiere de dix jours par\nce parall\u00C3\u00A8le, & \u00C3\u00A0 une diftance convenable de\nla terre ; fi vous ne me voyez point apr\u00C3\u00A8s cette\ncroifiere, vous rel\u00C3\u00A2cherez dans le premier havre que vous rencontrerez \u00C3\u00A0 cette hauteur ou\nplus au Nord ; vous y embarquerez du bois\n& de Peau, & vous y prendrez des rafra\u00C3\u00AEchif-\nfemens.\n\u00E2\u0080\u009E Tandis que vous ferez dans le havre, vous\naurez foin d'entretenir des vigies; vous choisirez pour cela une flation auffi voifine de la.\nc\u00C3\u00B4te qu'il fera pofiible, afin que vous foyez\nplus fur de m'appercevoir lorfque je para\u00C3\u00AEtrai\nau large.\n\u00E2\u0080\u009E Si je ne vous ai pas rejoint le premier.\nAvril ^*yous appareillerez & vous marcherez\nau Nord jufqu'au cinquante-fixieme. degr\u00C3\u00A9 de de C 4 e k, i*95\n\u00E2\u0080\u009E latitude ; vous ferez une cr\u00C3\u00B4ifiere \u00C3\u00A0 cette hau-\n\u00C3\u00A7, teur & \u00C3\u00A0 une diftance convenable de li $&&$\ni, dont vous ne vous \u00C3\u00A9loignerez jamais de plus\n\u00E2\u0080\u009E de quinze lieues, & vous m'attendrez jufqu'au\nd, dix Mai. ^%'\n\u00E2\u0080\u009E Si. je ne fuis pas arriv\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 cette \u00C3\u00A9poq\u00C3\u00A0e,-\n\u00E2\u0080\u009E vous continuerez \u00C3\u00A0 marcher \u00C3\u00A0ul\u00C3\u00AF&ord, & vous\n\u00C3\u00A0, chercherez un pafl\u00C3\u00A0ge dans la m\u00C3\u00A9r atlantique\n\u00E2\u0080\u009E par la baie de Hudfon ou celle de Baffin,\n5, conform\u00C3\u00A9ment aux inflru\u00C3\u00A9tions de PAtttaut\u00C3\u00A9\n\u00E2\u0080\u009E dont je parfois teut-\u00C3\u00A0-PK\u00C3\u00AAure.\n\u00E2\u0080\u009E Si vous ne rencontrez point de pafl\u00C3\u00A0ge par\n3, l'une de ces baies, ou par une autre entr\u00C3\u00A9e,\n\u00E2\u0080\u009E il feroit dangereux, vu la faifon de l'ann\u00C3\u00A9e,\n\u00C2\u00AB, de vous tenir dans les hautes latHades, &\n\u00E2\u0080\u009E vous gagnerez le havre de Saint-Pierre &\n\u00E2\u0080\u009E Saint-Paul au Kamtfchatka, v\u00C3\u008Ak d'y ra-\n\u00E2\u0080\u009E fra\u00C3\u00AEchir votre \u00C3\u00A9quipage & d'y pafl\u00C3\u00A8r l'hiver.\n\u00E2\u0080\u009E Si ce port ne vous offrait pas les rafra\u00C3\u00AE-\n\u00E2\u0080\u009E chifl\u00C3\u00A8mens dont vous auriez befoin, je vous\n\u00E2\u0080\u009E laide le ma\u00C3\u00AEtre de choifk la rel\u00C3\u00A2che que vous\n\u00E2\u0080\u009E voudrez; feulement, avant de partir, vous au-\n\u00E2\u0080\u009E rez foin d'inflruire le Gouverneur par \u00C3\u00A9crit,\n\u00E2\u0080\u009E de l'endroit o\u00C3\u00B9 vous comptez vous rendre, &\n\u00E2\u0080\u009E vous lui recommanderez de me remettre ce\n\u00E2\u0080\u009E papier \u00C3\u00A0 mon arriv\u00C3\u00A9e. Dans ce dernier cas,\n\u00C2\u00BB vous retournerez auport=S. Pierre & S. Paul\nTa 1777-\nnbre.\n296 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u009E au printemps, & vous t\u00C3\u00A2cherez d'y \u00C3\u00AAtre le\n\u00E2\u0080\u009E dix Mai, ou m\u00C3\u00AAme plut\u00C3\u00B4t.\n,, Si vous ne recevez pas de moi, au prin-\n\u00E2\u0080\u009E temps 1779, des jpfl\u00C3\u00A0ges ou des ordres, qui\n3, vous autorifent \u00C3\u00A0 vous \u00C3\u00A9carter des inflructions-\n3, de^Amiraut\u00C3\u00A9, vous r\u00C3\u00A9glerez fur ces inftrusjw\n\u00E2\u0080\u009E rions, vos op\u00C3\u00A9rations ult\u00C3\u00A9rieures.\n\u00E2\u0080\u009E Vous vous occuperez d'ailleurs des divers\n\u00E2\u0080\u009E points \u00C3\u00A9nonc\u00C3\u00A9s dans ces inflru\u00C3\u00A9tions , dont\n\u00E2\u0080\u009E nous ne nous Sommes point encore occup\u00C3\u00A9s,\n3, ou qui ne contrarient point les ordres que je\n,3 vous donne ici; & en cas que la maladie o\u00C3\u00B9\n\u00E2\u0080\u009E un accident quelconque, vous mette hors d'\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E tat d'ex\u00C3\u00A9cuter ces ordres & ceux de PAmirau-\n\u00E2\u0080\u009E t\u00C3\u00A9, vous ne manquerez pas d'en charger votre\n\u00E2\u0080\u009E premier Lieutenant, \u00C3\u00A0 qui j'enjoins de remplir\n\u00E2\u0080\u009E Sa commiffion le mieux qu'il lui Sera poffible.\nSign\u00C3\u00A9 par moi, \u00C3\u00A0 bord de la R\u00C3\u00A9folution \u00C3\u00A0\nUlietea, le 18 Novembre. J. C o o \u00C3\u008A\nTandis que nous \u00C3\u00A9tions amarr\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te,\nnous m\u00C3\u00AEmes les vaifl\u00C3\u00A8aux \u00C3\u00A0 la bande, nous en\nfrott\u00C3\u00A2mes les fonds des deux c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s, & nous y\npla\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2mes quelques Seuijles d'\u00C3\u00A9tain, apr\u00C3\u00A8s avoir\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 le vieux doublage. L'ing\u00C3\u00A9nieux M. Pelham,\nSecr\u00C3\u00A9taire du Bureau des Vivres, m'avoit donn\u00C3\u00A9\nces feuilles, en me priant d'examiner, fi elles DE C O O K. 297\nprodukoient le m\u00C3\u00AAme effet que des feuilles de :\ncuivre.\nJ'appris, le 24 au matin, l'\u00C3\u00A9vafion d'un Midshipman & d'un matelot de la D\u00C3\u00A9couverte. Les\nNaturels nous dirent bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, que les d\u00C3\u00A9serteurs s'\u00C3\u00A9toient enfuis fur une pirogue la veille\n\u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e de la nuit, & qu'ils \u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A0 Pautre\nextr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 de l'Ifle. Le Midshipman ayant t\u00C3\u00A9moign\u00C3\u00A9 fouvent le defir de pafl\u00C3\u00A8r fa vie fur ces\nten*es, il paroiflbit clair que lui & fon camarade\nformoient le projet de ne pas revenir, & le Capitaine Clerke alla \u00C3\u00A0 leur pourfuite avec deux\ncanots arm\u00C3\u00A9s, & un d\u00C3\u00A9tachement de foldats de\nMarine. Sa d\u00C3\u00A9marche n'eut point de fucc\u00C3\u00A8s, car\nil fut de retour le foir, fans ayoir appris aucune\nnouvelle s\u00C3\u00BBre des deux d\u00C3\u00A9ferteurs : il jugea que\nles Naturels cachoient le Midshipman & le matelot ; qu?ils l'avoient amuf\u00C3\u00A9 toute la journ\u00C3\u00A9e\navec des menfonges, & qu'ils lui avoient indiqu\u00C3\u00A9 malignement des endroits o\u00C3\u00B9 il ne devoit\npas retrouver fes deux hommes. Nous fumes,\nen effet, le lendemain, que les d\u00C3\u00A9ferteurs \u00C3\u00A9toient\n\u00C3\u00A0 Otaha. Ces deux hommes n'\u00C3\u00A9toient pas les\nfeuls de nos \u00C3\u00A9quipages.qui eufl\u00C3\u00A8nt envie de s'\u00C3\u00A9tablir fur ces Mes fortun\u00C3\u00A9es ; &, afin de contenir de femblables d\u00C3\u00A9fertions, il devenoit indif-\npenfable d'employer tous mes moyens. Voulant\n1777\nnb\u00C3\u00AEe. .\n1777-\nbre.\n9\n\u00C3\u00BB5-\n298 Troisi\u00C3\u00A8me V o y age\n: d'ailleurs montrer aux Naturels que je mettois\nun grand int\u00C3\u00A9r\u00C3\u00AAt au retour des d\u00C3\u00A9ferteurs, je re-*\nfolus d'aller les chercher moi-m\u00C3\u00AAme ; j'avois ob-\nferv\u00C3\u00A9 en bien des occafions, que les Infulaires\ns'avifoient rarement de me tromper.\nJe partis en effet, le 25 au matin avec deux\ncanots arm\u00C3\u00A9s. Le Chef de l'Ifle me fervit de\nguide, & je marchai fur fes pas : nous ne nous\narr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A2mes qu'au moment o\u00C3\u00B9 nous e\u00C3\u00BBmes atteint\nle milieu du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 oriental de Otaha ; nous d\u00C3\u00A9-,\nbarqu\u00C3\u00A2mes alors, & Oreo d\u00C3\u00A9tacha en avant un\nhomme, auquel il enjoignit de faifir les d\u00C3\u00A9ferteurs & de les t\u00E2\u0082\u00AC\u00C3\u008Bir aux arr\u00C3\u00AAts jufqu'\u00C3\u00A0 ce que\nnos canots fufl\u00C3\u00A8nt arriv\u00C3\u00A9s. Mais, quand nous arriv\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 l'endroit o\u00C3\u00B9 nous comptions les trouver, on nous dit qu'ils avoient quitt\u00C3\u00A9 l'Ifle, &\npafle la veille \u00C3\u00A0 Bolabola. Je ne crus pas devoir les y fuivre, & je retournai aux vaifl\u00C3\u00A8aux,\nbien d\u00C3\u00A9cid\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 faire ufage d'un exp\u00C3\u00A9dient qui me\nparut propre \u00C3\u00A0 contraindre les Naturels \u00C3\u00A0 ramener le Midshipman & le matelot. Durant la\nnuit, nous obferv\u00C3\u00A2mes, M. Bayly, M. King &\nmoi, une immerfion du troifieme fatellite de Jupiter : elle eut lieu felon Pobfervation de\nM.Bayly,\u00C3\u00A02k37'54\"-]\nSelon celle de M. King, 2\nSelon la mienne.\n57 24 >du matin.\n,a2 D E GOO K. 209\n. M. Bayly & M. King, obfervcrent avec une\nlunette achromatique de Dollond, de trois pieds\n& demi de foyer, & de la plijs grande force.\nJ'obfervai avec un t\u00C3\u00A9lefcope de r\u00C3\u00A9flexion gr\u00C3\u00A9gorien , de deux pieds, confirait par M. Bkd.\nLe Chef, fon fils, fa fille & fon gendre,\nvinrent d\u00C3\u00A8s la pointe du jour \u00C3\u00A0 bord de la R\u00C3\u00A9folution. Je r\u00C3\u00A9fo\u00C3\u00AEus d\u00C3\u00A9 tenir aux arr\u00C3\u00AAts les trois\nderniers, jufqu'\u00C3\u00A0 ce qu'on me ramen\u00C3\u00A2t les deux\nd\u00C3\u00A9ferteurs. D'apr\u00C3\u00A8s ce plan, le C&gi\u00C3\u00AEaine Clerke\nles invita \u00C3\u00A0 pafl\u00C3\u00A8r fur fon vaifl\u00C3\u00A8au, & d\u00C3\u00A8s qu'ils\ny furent il les emprifonna dans fa chambre. Oreo\n\u00C3\u00A9toit aupr\u00C3\u00A8s de rr\u00C3\u00A7oi lorfqu'il en apprit la nouvelle : croyant qu'on avoit arr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A9 fa famille fans\nque je le fufl\u00C3\u00A8, &, par conf\u00C3\u00A9quent, fans mon\naveu, il m'en avertit tout de fuite. Je lui r\u00C3\u00A9pondis que j'avois ordonn\u00C3\u00A9 moi-m\u00C3\u00AAme cet empri-\nfonnement : il commen\u00C3\u00A7a \u00C3\u00A0 craindre pour lui,\n&fes regards annonc\u00C3\u00A8rent le plus grand trouble;\nmais je ne tardai pas \u00C3\u00A0 le ^\u00C3\u00AE^piillifer fur ce\npoint ; je lui dis qu'il pouvoit quitter le vaifl\u00C3\u00A8au\nquand il le voudrait, & prendre les mefures les\nplus propres \u00C3\u00A0 nous rendre nos d\u00C3\u00A9ferteurs ; que\ns'il r\u00C3\u00A9uffiflpk, on mettrait en libert\u00C3\u00A9 fes amis\nd\u00C3\u00A9tenus fur la D\u00C3\u00A9couverte, & que s'il ne r\u00C3\u00A9uf-\nf\u00C3\u00AEflbit pas, je les emm\u00C3\u00A8nerais avec moi. J'ajoutai, que lui & plufieurs de fes Sujets, avoient\n77*\nne. 3oo\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\neu la hardiefle de faciliter l'\u00C3\u00A9vafion de mes deux\nhommes ; qu'ils cherchoient de plus \u00C3\u00A0 en d\u00C3\u00A9baucher d'autres, & que j'avois droit de tout entreprendre pour mettre fin \u00C3\u00A0 de pareils d\u00C3\u00A9lits.\nNous v\u00C3\u00AEnmes \u00C3\u00A0 bout d'expliquer aux Infulakes\nles motifs qui me d\u00C3\u00A9terminoient, & cette explication parut diminuer la frayeur que je lewm\navois infpir\u00C3\u00A9e d'abord ; mais s'ils furent plus\ntranquilles fur leur s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 , ils continu\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0\navoir de vives inqui\u00C3\u00A9tudes fur celle de leurs pri-\nfonniers. Un grand nombre d'entr'eux conduifi-\nrent leurs pirogues fous l'arri\u00C3\u00A9re de la D\u00C3\u00A9couverte , & ils y d\u00C3\u00A9plor\u00C3\u00A8rent, en longues &\nbruyantes exclamations , la captivit\u00C3\u00A9 de leurs\ncompatriotes. On entendoit de tous c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s le cri\nde Po\u00C3\u00ABdooa ! nom de la fille du Chef; les femmes du pays fembloient fe difputer \u00C3\u00A0 l'envi la\nfatisfaction de lui donner des marques d'int\u00C3\u00A9r\u00C3\u00AAt,\nplus expreflives encore que les larmes & les\ncris, & elles ne manqu\u00C3\u00A8rent pas de fe faire \u00C3\u00A0 la\nt\u00C3\u00AAte des bleflures terribles.\nOreo lui-m\u00C3\u00AAme eut part \u00C3\u00A0 ces lamentations\ninutiles; mais il s'occupa tout de fuite des moyens\nde nous rendre les D\u00C3\u00A9ferteurs. Il exp\u00C3\u00A9dia une\npirogue \u00C3\u00A0 Bolabola ; -il avertit Opoony, Souverain de cette Me, de ce qui \u00C3\u00A9toit arriv\u00C3\u00A9; il\nle pria d'arr\u00C3\u00AAter les deux fugitifs, & de les de Cook.. 301\nrenvoyer. Le Mefl\u00C3\u00A0ger, qui n'\u00C3\u00A9toit rien moins .\nque le p\u00C3\u00A8re de Pootoe, gendre d'Oreo, vint\nprendre mes ordres avant de partir. Je lui enjoignis exprefl\u00C3\u00ABment de ne pas revenir fans les\nD\u00C3\u00A9ferteurs, & de dke de ma part, \u00C3\u00A0 Opoony,\nd'envoyer des pirogues \u00C3\u00A0 leur fuite, s'ils avoient\nquitt\u00C3\u00A9 Bolabola ; car je pr\u00C3\u00A9fumois qu'ils ne\ndemeureraient pas long-temps dans le m\u00C3\u00AAme\nendroit.\nLes Infulaires s'int\u00C3\u00A9reflbient fi vivement \u00C3\u00A0 la\nlibert\u00C3\u00A9 du fils, de la fille & du gendre d'Oreo,\nqu'ils ne voulurent pas la faire d\u00C3\u00A9pendre 'du retour de nos D\u00C3\u00A9ferteurs, ou leur impatience fut\nfi vive, qu'ils m\u00C3\u00A9dit\u00C3\u00A8rent un complot, dont les\nfuites auraient \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 plus funefles encore pour\neux, fi nous n'\u00C3\u00A9tions pas venus \u00C3\u00A0 bout de l'\u00C3\u00A9touffer. J'obfervai fur les cinq ou fix heures du\nfok, que toutes leurs pirogues , qui fe trouvoient dans le havre, ou aux environs, com-\nmen\u00C3\u00A7oient \u00C3\u00A0 s'enfuir, comme fi la frayeur fe f\u00C3\u00BBt\nr\u00C3\u00A9pandue dans le pays. J'\u00C3\u00A9tois \u00C3\u00A0 terre, & je fis\nvainement des recherches pour d\u00C3\u00A9couvrir la caufe\nde cette alarme. L'\u00C3\u00A9quipage de la D\u00C3\u00A9couverte\nin?avertk, par des cris, que les Naturels avoient\narr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A9 le Capitaine Clerke & M..Gore, qui fe\npromenoient \u00C3\u00A0 quelque diflance des Vaifl\u00C3\u00A8aux.\nEtonn\u00C3\u00A9 de la hardiefle de ces repr\u00C3\u00A9failles, qui ;oa.\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\nn fembloient d\u00C3\u00A9truire l'effet de mes combinaisons 1\n* je n'eus pas le loifir de d\u00C3\u00A9lib\u00C3\u00A9rer. J'ordonnai de\nprendre les armes, & en moins de cinq minutes\nun gros d\u00C3\u00A9tachement, command\u00C3\u00A9 par M. King,\npartit , avec ordre de d\u00C3\u00A9livrer M. Clerke &\nM. Gore. Deux canots arm\u00C3\u00A9s, & un f\u00C3\u00A9cond d\u00C3\u00A9tachement , pourfuivirent en m\u00C3\u00AAme-te\u00C3\u00A0ips les pirogues ; j'enjoignis \u00C3\u00A0 M* Williamfon , qui le\ncommandoit, d'emp\u00C3\u00AAcher les embarcations des\nInfulaires, d'aborder \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te; d\u00C3\u00A8s que nous\ne\u00C3\u00BBmes perdu de vue les deux d\u00C3\u00A9tachemens, j'appris qu'on m'avoit donn\u00C3\u00A9 une faufl\u00C3\u00A8 nouvelle, &\nje leur envoyai un ordre de revenir.\nIl \u00C3\u00A9toit clair n\u00C3\u00A9anmoins, d'apr\u00C3\u00A8s plufieurs cir-\nconftances, que les Naturels avoient v\u00C3\u00A9ritablement form\u00C3\u00A9 \u00C3\u00AEe projet d'arr\u00C3\u00AAter M. Clerke. Ils\nn'en firent pas un fccret le \u00C3\u00AF\u00C3\u00ABftdemain. Ils m\u00C3\u00A9-\n\u00C3\u00A2kdi\u00C3\u00A8nt bien autre chofe ; car ils vou\u00C3\u00AEoient m'ar-\nr\u00C3\u00AAter auffi. J! prenofe tous les foirs un bain\nd'eau douce; j'allois fouvent au bain feul, &\ntoujours fans armes. Ils avoient r\u00C3\u00A9folu de m'at-\ntendre ce jour-l\u00C3\u00A0, & de s'a\u00C3\u0089ferer de ma per*\nforme & de celle du Capitaine Clerke, s'ils le\ntrouvoient avec moi. Mais depuis que je tenois\naux arr\u00C3\u00AAts l\u00C3\u00A0 Samilfe deOreo, je n'avois pas cru\ndevoir expoSer ma perfonne, & j'avois recommand\u00C3\u00A9 au Capitaine Clerke & aux Officiers, de DE C O O K.\nne pas s'\u00C3\u00A9loigner des Vaifl\u00C3\u00A8aux. Dans le cours\nde l'apr\u00C3\u00A8s-midi, le Chef me demanda, \u00C3\u00A0 trois\nreprifes diff\u00C3\u00A9rentes, fi je n'irais point me baigner , & s'appercevant que j'avois r\u00C3\u00A9folu de ne\npas me rendre au bain, il s'en alla avec fes gens,\nmalgr\u00C3\u00A9 tout ce que je pus dire & faire pour le\nretenir. N'ayant point alors de foup\u00C3\u00A7ons de leur\ndefl\u00C3\u00A8in, j'imaginai qu'une frayeur fubite s'\u00C3\u00A9toit\nempar\u00C3\u00A9e d'eux, & que cette terreur, felon leur\nufage, ne tarderait pas \u00C3\u00A0 fe difliper ; comme il\nne leur reftoit plus d'efpoir de m'attirer dans le\npi\u00C3\u00A8ge, ils efl\u00C3\u00A0yerent d'arr\u00C3\u00AAter ceux de nos Mef-\nfieurs qui \u00C3\u00A9toient un peu \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9s de la c\u00C3\u00B4te.\nHeureufement pour eux & pour nous ils ne r\u00C3\u00A9uf-\n_ firent pas. Par un autre hafard \u00C3\u00A9galement heureux, tout ceci fe pafl\u00C3\u00A0 fans effufion de fang;\non ne tira que deux ou trois coups de fufil, afin\nd'arr\u00C3\u00AAter les pirogues. M. Clerke & M. Gore\ndurent peut-\u00C3\u00AAtre leur s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 ces deux ou trois\ncoups de fufil ; \u00C3\u0087a) car, dans ce m\u00C3\u00AAme inftant,\nl777-\nobre.\n(<0 Le Capitaine Clerke marchoit avec un pif-\ntolet qu'il tira une fois; cette circonflance, \u00C3\u00A0 laquelle\nils durent peut-\u00C3\u00AAtre leur s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9, fe trouve omife\ndans le Journal du Capitaine Cook & dans celui\nde M. Anderfon, mais nous Pavons apprife du Capitaine King. 304 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nffiSB! une troupe d'Infulaires, arm\u00C3\u00A9s de mafl\u00C3\u00B9es, s'a-\nl777* van\u00C3\u00A7oit vers eux, & elle fe difperfa d\u00C3\u00A8s qu'elle\n9bre\" entendit Pexplofion.\nLa conspiration fut d\u00C3\u00A9couverte par une fille\nque l'un de mes Officiers avoit amen\u00C3\u00A9e de Hua-\nheine. Ayant oui dire aux Habitans d'Ulietea\n0 qu'ils arr\u00C3\u00AAteraient le Capitaine Clerke & M. Gore,\nelle fe h\u00C3\u00A2ta d'en avertir le premier de nos gens\nqu'elle rencontra. Ceux qui \u00C3\u00A9toient charg\u00C3\u00A9s de\nl'ex\u00C3\u00A9cution du complot, la menac\u00C3\u00A8rent de la\ntuer, d\u00C3\u00A8s que nous aurions quitt\u00C3\u00A9 PIfle. Craignant qu'elle ne f\u00C3\u00BBt punie de nous avoir oblig\u00C3\u00A9,\nje d\u00C3\u00A9terminai quelques-uns de fes amis, \u00C3\u00A0 venir\nla chercher \u00C3\u00A0 bord, quelques jours apr\u00C3\u00A8s, \u00C3\u00A0 la\nconduire dans un lieu de s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 , & \u00C3\u00A0 l'y tenir\ncach\u00C3\u00A9e , jufqu'\u00C3\u00A0 ce qu'ils eufl\u00C3\u00A8nt une occafion\nde la renvoyer \u00C3\u00A0 Huaheine.\n27. Le 27, nous abatt\u00C3\u00AEmes nos Obfervato\u00C3\u00AFres, &\nnous conduis\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 bord tout ce que nous avions\nport\u00C3\u00A9 fur la c\u00C3\u00B4te; les Vaifl\u00C3\u00A8aux d\u00C3\u00A9marr\u00C3\u00A8rent,\n& nous mouill\u00C3\u00A2mes plus pr\u00C3\u00A8s de la fortie du\nHavre. L'apr\u00C3\u00A8s - midi, les Infulaires montr\u00C3\u00A8rent\nmoins de frayeur, ils vinrent fur nos bords, o\u00C3\u00B9\nils fe rafl\u00C3\u00A8rablerent autour de nos B\u00C3\u00A2timens ; &\nla brouillerie de la veille fembla oubli\u00C3\u00A9e de part\n& d'autre.\n28. Durant la nuit, le vent fouffla en rafalles\nimp\u00C3\u00A9- d fi Cook. 305\n\u00C3\u00AEmp\u00C3\u00A9tueufes du Sud \u00C3\u00A0 PEft, & il fut accompa- ;\ngn\u00C3\u00A9 de beaucoup de pluie. L'une de ces rafalles\nrompit le cable de la R\u00C3\u00A9folution, en dehors de\nl'hanfiere. Nous avions une autre ancre toute\npr\u00C3\u00AAte, & le Vaifl\u00C3\u00A8au ne fut point entra\u00C3\u00AEn\u00C3\u00A9 hors\ndu mouillage. Le vent fe calma l'apr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00AEner,\n& nous r\u00C3\u00A9un\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 l'hanfiere l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 du cable qui s'\u00C3\u00A9toit brif\u00C3\u00A9.\nOreo auffi afflig\u00C3\u00A9 que moi, de ne point recevoir de nouvelles de Bolabola, partit le foir\npour cette Me, & il me pria de l'y fuivre le\nlendemain avec les Vaifl\u00C3\u00A8aux. C'\u00C3\u00A9toit mon projet; mais le vent ne nous permit pas d'appareiller. Ce vent qui nous retenoit dans le Havre,\nneno, \u00C3\u00A0 Ulietea 16 45 \ 20S 2? 22 6 19 E. 29 5\nLes longitudes de ces trois lieux ont \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 conclues par un milieu entre 145 fuites d'obferva-\ntions, faites \u00C3\u00A0 terre fur diff\u00C3\u00A9rens points de la.\nc\u00C3\u00B4te, & rapport\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 chacune des flarions, par\nle moyen du garde-temps. Comme la pofition\nde ces trois lieux avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9termin\u00C3\u00A9e tr\u00C3\u00A8s-exactement dans mes deux premiers Voyages, mon\nprincipal objet dans ces obfervations, \u00C3\u00A9toit de de Cook. j^\nd\u00C3\u00A9couvrir fur quel degr\u00C3\u00A9 de pr\u00C3\u00A9cifion on pouvoit compter, en employant un f\u00C3\u00A9fultat moyen\nentre tous ceux qu'aurait donn\u00C3\u00A9s un certain\nnombre d'obfervations de la Lune. J'ai penf\u00C3\u00A9\ncjue nous pourrions en juger par le plus ou le\nmoins d'accord qui fe trouverait entre noim\nnouveau r\u00C3\u00A9fultat, & celui qui avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 conclu\ndes obfervations que nous avions faites fur les\nm\u00C3\u00AAmes lieux, en 1769, & par lefquelles nous\navions fix\u00C3\u00A9 la longitude de la pointe Matavai\nde l'Ifle d'O-Ta\u00C3\u00AFti, \u00C3\u00A0 2iod 271 30\". On voit\nque notre nouvelle d\u00C3\u00A9termination ne diff\u00C3\u00A8re -dei\nl'incienne, que de g1 2\"; & peut-\u00C3\u00AAtre aucune\nautre m\u00C3\u00A9thode n'e\u00C3\u00BBt donn\u00C3\u00A9 deux r\u00C3\u00A9fultats plus\nconformes entr'eux. Sans pr\u00C3\u00A9tendre d\u00C3\u00A9cider laquelle de ces d\u00C3\u00A9terminations approche le - plut\nde la vraie pofitiori , je ferai ufage de notre\ndernier r\u00C3\u00A9fultat, c'eft-\u00C3\u00A0-dire, que je fuppofeUl\nque la pointe Matavai d'O-Ta\u00C3\u00AFti , efl patf\nou, -\u00C3\u00AAe qui revient au m\u00C3\u00AAme,\n\u00C3\u008FIOd 227 28\".\nque le havre de Ohamanefio dans l'Ifle d'Ulietea , efl par 2o8d 25' 22\"; & c'eft d'apr\u00C3\u00A8s\ncette loniftude de d\u00C3\u00A9part, que je calculerai |\npour la fuite, celles que nous conclurons pa\u00C2\u00A3\nle moyen du garde - tefiips , en comptant que'\nfon retard journalier fur le moyen mouvement\ndu Soleil, eft actuellement de i!!, 6$, ainfi\nX 4\n1777.\nDec* 323 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n,\u00C2\u00ABr \u00E2\u0096\u00A0|,||,:I\" que nous l'avons d\u00C3\u00A9termin\u00C3\u00A9 par un milieu en-\n\u00C3\u00AE7779 tre toutes les obfervations que nous avons faites\np\u00C3\u00A9\u00C3\u00A7. \u00C3\u00A0 ces Mes, pour conno\u00C3\u00AEtre la marche de cette\nmontre.\nA notre arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, l'erreur, fur la\nlongitude donn\u00C3\u00A9e par le garde-temps, \u00C3\u00A9toit :\nEn calculant d'apr\u00C3\u00A8s fon mouvement journalier conftat\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Greenwich id 18'58\".\nD'apr\u00C3\u00A8s fon mouvement journalier conclu des obfervations de Tongataboo , de od i8;4o'V\nNous f\u00C3\u00AEmes aufli quelques obfervations fur les\nmar\u00C3\u00A9es, fur-tout \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti & \u00C3\u00A0 Ulietea : nous\nvoulions d\u00C3\u00A9terminer leur plus gfande \u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation\nfur la premiere de ces Mes. Durant mon f\u00C3\u00A9cond\n$?oyage, M. Wales crut avoir d\u00C3\u00A9couvert, que\nles flots y montaient par-del\u00C3\u00A0 le point que i>$3\u00C2\u00A7\nvois trouv\u00C3\u00A9 en 1769 ; mais nous nous afliir\u00C3\u00A2mes\ncette fois, que cette diff\u00C3\u00A9rence n'avoit plus lieu,\n\u00C3\u00A7'eft-\u00C3\u00A0-dire, que la mar\u00C3\u00A9e s'\u00C3\u00A9levoit feulement de\nI2; ou 14 pouces au plus. Nous obferv\u00C3\u00A2mes\nque la mar\u00C3\u00A9e efl haute \u00C3\u00A0< midi dans les quadratures auffi-bien qu'\u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9poque des pleines & des\nnouvelles Lunes. \t\nD E C O.O K. \" - j\u00C3\u0089\u00C3\u00A2 329;\nI La Table fuivante des obfervations faites \u00C3\u00A0 n\nUlietea, fervka de preuve.\nNovembre.\n' Jour\ndu mois.\n6.\nm\n8.\n|\n10.\n11.\n12.\n13-\n14.\nm\n16.\n18.\n19.\n20.\nsi.\n24.\n25-\n26.\nla Mer eft \u00C3\u00A9tale\nde f\u00C3\u00A2\u00C3\u008AS& \u00C3\u00A0\nTemps moyen de\nla haute mer.\nHh 15*\nII 40\n11 35\n11 40\n11 25\n12 00\n11 00\n9 3\u00C2\u00B0\n11 10\n9 20\n10 00\n10 45\n10 25\n11 00\n11 30\n11 00\n11 30\n11 00\nn 30\n11 40\n11 00\n12 20m\nI OO\n12 50\nI\nI\nl6\nIO\nI 40\n1 05\n11 40\n12 50\n11 30\n12 OO\n12 15\n12 IO\n1 OO\n2 OO\nOO\n\u00C2\u00B07\n3\u00C2\u00B0\n40\nso\nnh48m\n12 20\n\"12 12\n12 28\n12 18\n12 20\n12 02\n10 35\n12 00\n10 25\n11 00\n11 30\n11 18\n12 00\n12 45\n12 00\n12 18\n12 45\n|pj 35\nm 45\n12 15\nEl\u00C3\u00A9vation\nperpendiculaire.\nPouces.\n5. 5\n2\no\n5\n5\no\n7\no\no\no\n5\no\no\no\no\no\n5\n5\n7\n2\n1777.\nDec So\nO T R O I S I E M E V O Y A G E\n\u00E2\u0096\u00A0>-\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u0094\u00C2\u00BB* J'ai achev\u00C3\u00A9 ce que j'avois \u00C3\u00A0 dire fur ces Ifles |\n1777. qui jouent un r\u00C3\u00B4le fi brillant dans la lifte de. nos ^\nDec. d\u00C3\u00A9couvertes ; mais le Lecteur me permettra d'interrompre un moment la fuite de mon Journal,\n&-de lui faire lire des remarques que je dois k*\nM, Anderfon. de Cook.\n53*\nJu^^^ae\u00C2\u00BB.,^.\u00E2\u0084\u00A2\n=!**SS\u00C2\u00A3$3\nCHAPITRE IX.\nLes d\u00C3\u00A9tails fur O-Ta\u00C3\u00AFti font encore imparfaits. Vents dominans dans le parage de\ncette! Ifle. Beaut\u00C3\u00A9 du Pays. Culture. Remarques fur les curiofit\u00C3\u00A9s naturelles du\n' Pays ; fur la perfonne des Naturels ; fur\nleurs maladies ; fur leur cara&ere ; fur\nleur amour pour le plaifir ; fur leur langue ; fur la Chirurgie & la M\u00C3\u00A9decine\nqu'ils pratiquent. Leur r\u00C3\u00A9gime di\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9tique.\nEffets de l'A va. \u00C3\u0089poques de leur repas,\n6? mani\u00C3\u00A8re de manger. Liaifons avec les:\nfemmes. Circoncifion. Syft\u00C3\u00AAme Religieux.\nId\u00C3\u00A9es fur l'ame & fur une vie future. Superfi ilions diver fes. Traditions fur la cr\u00C3\u00A9ation. L\u00C3\u00A9gende hiftorique. Honneurs qu'on;\nrend au Roii Difiin&ibn des rangs. Ch\u00C3\u00A2-\ntimens des crimes. Particularit\u00C3\u00A9s des Ifles\nvoifines. Noms de leurs Dieux. Noms des\nIfles fr\u00C3\u00A9quent\u00C3\u00A9es par les Naturels des Ifles\nde la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. Etendue de leur Navigation.\nSf3*u JL l para\u00C3\u00AEt d'abord fuperflu de rien ajou-\n\u00E2\u0080\u009E ter aux d\u00C3\u00A9tails qu'on trouve fur O-Ta\u00C3\u00AFti,\n59 dans les relations du Capitaine Wallis & de\nTV *777*\nBec.\n332 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n=r ,, M. de Bougainville, & dans le premier & le\n\u00E2\u0080\u009E f\u00C3\u00A9cond Voyage de M. Cook : on ^ft tent\u00C3\u00A9 de\n\u00E2\u0080\u009E croire qu'on ne peut gu\u00C3\u00A8res aujourd'hui que\n\u00E2\u0080\u009E r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9ter les m\u00C3\u00AAmes obfervations, mais je fuis\nv loin de penfer ainfi. Malgr\u00C3\u00A9 la defcription\n\u00E2\u0080\u009E exacte du pays, & des ufages les plus ordi-\n,, naires des habitans, dont nous fommes rede-\n\u00E2\u0080\u009E vables aux Navigateurs que je viens de citer,\n5> & fur-tout \u00C3\u00A0 M. Cook, je ne craindrai pasi\u00C2\u00BB\n*, dire qu'il refle un grand nombre de points\n\u00E2\u0080\u009E dont on n'a pas parl\u00C3\u00A9 ; qu'on a fait quelques\n9, m\u00C3\u00A9prifes rectifi\u00C3\u00A9es depuis par des recherch\u00C3\u00A9s\n5, poft\u00C3\u00A9rieures, & que m\u00C3\u00AAme \u00C3\u00A0 pr\u00C3\u00A9fent, nous\n5, n'avons aucune id\u00C3\u00A9e de diverfes inflitutions\n\u00E2\u0080\u009E. tr\u00C3\u00A8s-hnportantes de cette peuplade. Nos rel\u00C3\u00A2-\n\u00E2\u0080\u009E ches ont \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fr\u00C3\u00A9quentes mais pafl\u00C3\u00A0geres ; la\n\u00E2\u0080\u009E plupart de ceux qui fe trouvoient \u00C3\u00A0 bord des\n\u00E2\u0080\u009E vaifl\u00C3\u00A8aux, ne fe foucioient pas de recueillir\ny, des obfervations, ou d'autres qui s'en occu-\n\u00E2\u0080\u009E poient, n'\u00C3\u00A9toient pas en \u00C3\u00A9tat de diftinguer une\nj, r\u00C3\u00A9marque utile , d'une remarque oifeufe, &\ny, nous avions tous, quoique \u00C3\u00A0 tin degr\u00C3\u00A9 diff\u00C3\u00A9-\nyy rent, le d\u00C3\u00A9savantage inf\u00C3\u00A9parable d'une con-\n5, noifl\u00C3\u00A0nce imparfaite de la langue des Naturels,\n\u00E2\u0080\u009E qui feuls pouvoient nous inftruire. Quelque^\n\u00E2\u0080\u009E Efpagnols ont r\u00C3\u00A9fid\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, plus long-\n2, temps qu'aucun autre Europ\u00C3\u00A9en, & il leur r>\ny>\nde Cook. 333\n\u00C3\u00A0* \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 moins difficile de furmonter ce dernier\nobftacle : s'ils ont profit\u00C3\u00A9 de leurs moyens,\nils fe font inftruits d'une mani\u00C3\u00A8re complette\nde tout ce qui a rapport aux inflitutions &\naux ufages de cette contr\u00C3\u00A9e , & leur relation offrirait vraifemblablement des d\u00C3\u00A9tails plus\nexacts & plus authentiques, que ceux dont\nnous avons acquis la connoifl\u00C3\u00A0nce apr\u00C3\u00A8s bien\ndes efforts; mais, comme il efl tr\u00C3\u00A8s-incertain,,\npour ne pas dke tr\u00C3\u00A8s-improbable, que YEf-\n\u00E2\u0080\u009E pagne nous apprenne quelque chofe l\u00C3\u00A0-deflus*\nL, j'ai rafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9 les informations nouvelles, rela-\n\u00E2\u0080\u009E tives \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti & aux Mes voifines, que je\n\u00E2\u0080\u009E fuis venu \u00C3\u00A0 bout d'obtenir d'Oma\u00C3\u00AF , tandis\n^ qu'il \u00C3\u00A9toit \u00C3\u00A0 bord de la R\u00C3\u00A9folution, ou des;\n\u00E2\u0080\u009E Naturels avec qui j'ai converf\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 terre.\n\u00E2\u0080\u009E Le vent efl fix\u00C3\u00A9, la plus grande partie de\nI l'ann\u00C3\u00A9e, entre PEft-Sud-Eft & PEft-Nord-Eft;\n\u00E2\u0080\u009E c'eft le v\u00C3\u00A9ritable vent alif\u00C3\u00A9, auquel les Naturels\n\u00E2\u0080\u009E donnent le nom de Maaraee ; il fbuffle quel-\n,, quefois avec beaucoup de force. Dans ce der-\n5, nier cas, l'atmofphere efl fouvent n\u00C3\u00A9buleufe.,\n\u00E2\u0080\u009E & il tombe de la pluie ; mais lorfqu'il eft plus\n\u00E2\u0080\u009E mod\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9, le ciel efl clair & ferein. Si le vent\n\u00E2\u0080\u009E prend davantage de la partie du Sud, s'il de-\n\u00C2\u00BB vient Sud-Eft ou ;Sud-Sud-Eft, il eft plus\n*, doux & accompagn\u00C3\u00A9 d'une mer tranquille, &\n1777.\nDec 334 m Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nn . \u00E2\u0080\u009E les Naturels l'appellent Maoai. Aux \u00C3\u00A9poques\nl777* \u00E2\u0080\u009E o\u00C3\u00B9 le Soleil efl \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s vertical, c'eft-\u00C3\u00A0-\nD\u00C3\u00A9c. g dire, aux mois de D\u00C3\u00A9cembre & de Janvier,\n\u00E2\u0080\u009E le vent & l'atmofphere font tr\u00C3\u00A8s-variables, mais\nil efl tr\u00C3\u00A8s-commun de voir les vents \u00C3\u00A0 POuefl-\n91\n\u00E2\u0080\u009E Nord-Oueft ou au Nord-Oueft ; ce vent efl\n\u00E2\u0080\u009E appelle Toerou : en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, il efl accompa-\n\u00E2\u0080\u009E gn\u00C3\u00A9 d'un ciel fombre & n\u00C3\u00A9buleux, & de fr\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E quentes ond\u00C3\u00A9es de pluie : quoique mod\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9*\n\u00E2\u0080\u009E il fouffle de temps en temps avec force, mais\n\u00E2\u0080\u009E il ne dure gu\u00C3\u00A8res plus de cinq ou fix jours\n\u00E2\u0080\u009E fans interruption ; ! c'eft le feul par lequel les\n\u00E2\u0080\u009E habitans des Mes fous le vent, arrivent \u00C3\u00A0 celle-\n,, ci. S'il vient un peu plus de la partie du.\nNord,m il a moins de force, & on le d\u00C3\u00A9figne\npar le terme d'Era-potaia. Les geiis du pays\ndifent, qu'Era-potai a eft. la femme de Toerou,\nlequel, felon leur mythologie, efl de l'efpece\nm\u00C3\u00A2le.\n\u00E2\u0080\u009E Le vent du Sud-Oueft, & de POueft-Sud*\n,, Oueft, fe trouve encore plus commun que\n5, celui dont je viens de parier; &, quoiqu'il\n\u00E2\u0080\u009E foit, en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, doux & interrompu par des\n\u00E2\u0080\u009E calmes ou des brifes de PEU, il produit, de\n\u00E2\u0080\u009E temps \u00C3\u00A0 autre, des rafalles tr\u00C3\u00A8s-vives. Le ciel\n\u00E2\u0080\u009E alors efl ordinairement couvert, n\u00C3\u00A9buleux &\ni, pluvieux, & fouvent accompagn\u00C3\u00A9 de beaucoup M\nv>\nw\nde C o o k. 335\nd'\u00C3\u00A9clairs & de tonnerre : on l'appelle Etoa,\n& il fuccede fr\u00C3\u00A9quemment au Toerou. Il eft\nordinake auffi de voir le Toerou remplac\u00C3\u00A9 par\nle Farooa, qui prend davantage de la partie\ndu Sud; celui-ci efl tr\u00C3\u00A8s-imp\u00C3\u00A9tueux, il ren-\nverfe les maifons & les arbres', & fur-tout les\ncocotiers, \u00C3\u00A0 caufe de leur hauteur; mais il eft\nde peu de dur\u00C3\u00A9e.\n\u00E2\u0080\u009E Les Naturels ne paroifl\u00C3\u00A8nt pas avoir une\nconnoifl\u00C3\u00A0nce bien exacte de ces variations de\nl'atmofphere, & ils croient n\u00C3\u00A9anmoins avoir\nform\u00C3\u00A9 des r\u00C3\u00A9fultats g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9raux fur leurs effets.\nLorfque les vagues produifent un fon creux,\n& battent la c\u00C3\u00B4te, ou plut\u00C3\u00B4t le r\u00C3\u00A9cif avec lenteur , ils comptent fur un beau temps ; mais\n\u00E2\u0080\u009E fi les flots produifent des fons aigus, & s'ils\nI fe fuccedent avec rapidit\u00C3\u00A9, ils s'attendent \u00C3\u00A0 un\n5, mauvais temps.\n\u00E2\u0080\u009E Il n'y a peut-\u00C3\u00AAtre pas, dans le monde entier, de canton d'un afpe\u00C3\u00A9t plus riche, que la\npartie Sud-Eft d'O-Ta\u00C3\u00AFti. Les collines y font\n\u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9es, d'une pente roide, & efcarp\u00C3\u00A9es en bien\n\u00E2\u0080\u009E des endroits ; mais des arbres & des arbrifl\u00C3\u00A8aux *\n\u00E2\u0080\u009E les couvrent tellement jgfqu'au fommet, qu'en\n,, les voyant, on a bien de la peine \u00C3\u00A0 ne pas\nj, attribuer aux rochers , le don de produire\n\u00E2\u0080\u009E & d'entretenir cette charmante verdure. Les\n55\ny>\n\u00C2\u00BB\n*777'\nDec. 33^ Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nplaines qui bordent les collines vers la mer, les\n1777. \u00E2\u0080\u009E vall\u00C3\u00A9es adjacentes, offrent une multitude de\nDec. \u00C3\u00A0 productions d'une force extraordinaire, & \u00C3\u00A0\nla vue de ces richefl\u00C3\u00A8s du fol, le fpe\u00C3\u00A9tateur eft\nconvaincu qu'il n'y a pas fur le globe de terrein d'une v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tation plus vigour\u00C3\u00A9ufe & plus\nbelle. La nature y a r\u00C3\u00A9pandu des eaux avec\nla m\u00C3\u00AAme profufion ; on trouve des ruifleaux\ndans chaque vall\u00C3\u00A9e; ces ruifleaux, \u00C3\u00A0 mefure\nqu'ils s'approchent de l'oc\u00C3\u00A9an, fe divifent fouvent en deux ou trois branches, qui fertilifent\nles plaines fur leur pafl\u00C3\u00A0ge. Les habitations des-.\nNaturels font difperf\u00C3\u00A9es, fans ordre, au milieu^\ndes plaines ; & quand nous les regardions des\nvaifl\u00C3\u00A8aux, .elles nous offraient des points de\nvue d\u00C3\u00A9licieux. Pour augmenter le charme de\ncette perfpective, la portion de mer qui eft'\nen-dedans du r\u00C3\u00A9cif & qui borde la c\u00C3\u00B4te, eft\nd'une tranquillit\u00C3\u00A9 parfaite; les Infulaires y naviguent en s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9 dans tous les temps : on\nles y voit fe promener mollement fur leurs-\npirogues , lorfqu'ils pafl\u00C3\u00A8nt d'une habitation\n\u00C3\u00A0 l'autre, ou lorfqu'ils vont \u00C3\u00A0 la p\u00C3\u00AAche. Tandis que je jouiflbis de ces coups-d'\u00C5\u0093il ra*\nvifl\u00C3\u00A0ns, j'ai fouvent regrett\u00C3\u00A9 de ne pouvoir\nles d\u00C3\u00A9crire de mani\u00C3\u00A8re; \u00C3\u00A0 communiquer aux-\nlecteurs une partie de Pimpreffion qu'\u00C3\u00A9prau-e\n,, vent 59\n55\nde C o o k. 337\n*rt vent tous ceux qui ont le bonheur d'aborder :\n\u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti. &&\u00C2\u00A7\n\u00E2\u0080\u009E C'eft fans doute la fertilit\u00C3\u00A9 naturelle du\npays, jointe \u00C3\u00A0 la douceur & \u00C3\u00A0 la f\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9nit\u00C3\u00A9 du\nclimat, qui donne aux Infulaires tant d'infou-\nciance pour la culture. Il y a une foule de\ndiflri\u00C3\u00A9ts couverts des plus riches productions,\no\u00C3\u00B9 l'on n'en apper\u00C3\u00A7oit pas la moindre trace.\nIls ne foignent gu\u00C3\u00A8res que la plante d'o\u00C3\u00B9 ils\ntirent leurs \u00C3\u00A9toffes, laquelle vient des femen-\nces apport\u00C3\u00A9es des montagnes, & l'Ava, ou\nle*poivre enivrant, qu'ils garantifl\u00C3\u00A8nt du fi>\nleil, lorfqu'il efl tr\u00C3\u00A8s-jeune , & qu'ils couvrent pour cela de feuilles d'arbres \u00C3\u00A0 pain;\nils tiennent fort propres l'une & l'autre de ces\u00C2\u00BB\nplantes,\n\u00E2\u0080\u009E J'ai fait de longues recherches fur la mani\u00C3\u00A8re dont ils cultivent l'arbre \u00C3\u00A0 pain, & on\nm'a toujours r\u00C3\u00A9pondu qu'ils ne le plantent ja*\nmais. Si on examine les endroits o\u00C3\u00B9 croifl\u00C3\u00A8nt\nles rejettons, on en fera convaincu. On ob-\nfervera toujours qu'ils poufl\u00C3\u00A8ht fur les racines\ndes vieux, lefquelles fe prolongent pr\u00C3\u00A8s de la\nfurface du terrein : les arbres couvriraient donc\nles plaines, quand m\u00C3\u00AAme Pille ne feroit pas\nhabit\u00C3\u00A9e, ainfi que les arbres \u00C3\u00A0 \u00C3\u00A9corce blanche,\ncroifl\u00C3\u00A8nt naturellement \u00C3\u00A0 la terre de Diemen.}\nTome IL Y\n99\n59\n^59\n59\n59\n1777-\nDec. 1777-\nDec.\n3$ Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\no\u00C3\u00B9 ils compofent de vaftes for\u00C3\u00AAts ; d'o\u00C3\u00B9 Yo\u00C2\u00AE.\npeut conclure que l'habitant d'O-Ta\u00C3\u00AFti, loin\nd'\u00C3\u00AAtre oblig\u00C3\u00A9 de fe procurer fon pain \u00C3\u00A0 la fueur\nde fon front, efl forc\u00C3\u00A9 d'arr\u00C3\u00AAter les largefl\u00C3\u00A8s\nde la nature, qui le lui offre en abondance.\nJe crois qu'il extirpe quelquefois des arbres\n\u00C3\u00A0 pain , pour y planter d'autres arbres, &\nmettre de la vari\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 dans les chofes dont il\nfe nourrit.\n\u00E2\u0080\u009E Les O-T\u00C3\u00A0\u00C3\u00AFtiens remplacent fur-tout l'arbre\n\u00C3\u00A0 pain par le cocotier & le bananier. Le premier de ceux-ci n'exige point de foin, lorf-\nqu'il s'eft \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 deux ou n*ois pieds au-deflus\nde la furface du fol, mais le bananier donne\nun peu plus de peine : il ne tarde pas \u00C3\u00A0\nproduire des branches, & il commence \u00C3\u00A0\nporter des fruits trois mois apr\u00C3\u00A8s qu'on l'a\nplant\u00C3\u00A9 ; ces fruits, & les branches qui les fou-\ntiennent, fe fuccedent afl\u00C3\u00A8z long-temps; on\ncoupe les vieilles tiges \u00C3\u00A0 mefure qu'on enlev\u00C3\u00A9\nle fruit.\n\u00E2\u0080\u009E Les productions de l'Ifle ne font cependant\npas auffi remarquables par leur vari\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 que par\nleur abondance, & il y a peu de ces chofes\nqu'on appelle curiofit\u00C3\u00A9s naturelles du pays. On\npeut citer toutefois un \u00C3\u00A9tang ou lac d'eau\ndouce, qui fe trouve au fommet de l'une des de C e o k. 339\nplus hautes montagnes, o\u00C3\u00B9 l'on n'arrive du :\nbord de la mer, qu'apr\u00C3\u00A8s un jour & demi ou\ndeux jours de marche. Ce lac efl d'une profondeur extr\u00C3\u00AAme, & il renferme des anguilles\nd'une grandeur \u00C3\u00A9norme ; les Naturels y p\u00C3\u00A8chent quelquefois fur de petits radeaux de\ndeux ou trois bananiers fauvages joints enfem-\nble. Ils le regardent comme la premiere des\ncuriofit\u00C3\u00A9s naturelles d'O-Ta\u00C3\u00AFti. En g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral,\non demande tout de fuite aux Voyageurs qui\nviennent des autres Mes, s'ils l'ont vu. On y\ntrouve auffi, \u00C3\u00A0 la m\u00C3\u00AAme diftance de la c\u00C3\u00B4te,\nune mare d'une eau douce, qui d'abord para\u00C3\u00AEt\ntr\u00C3\u00A8s-bonne, & qui d\u00C3\u00A9pofe un f\u00C3\u00A9diment jaune;\nmais elle a un mauvais go\u00C3\u00BBt ; elle devient fu-\nnefte \u00C3\u00A0 ceux qui en boivent une quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9rable, & elle produit des pullules fur la\npeau lorfqu'on s'y baigne,\n\u00E2\u0080\u009E En abordant \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, nous f\u00C3\u00BBmes vivement frapp\u00C3\u00A9s d'un contrafte remarquable : habitu\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 la flature robufle & au teint brun de\nk peuplade de Tongataboo, nous ne nous ac-\ny, costumions pas \u00C3\u00A0 la d\u00C3\u00A9licateff\u00C3\u00A8 des proportions\n\u00E2\u0080\u009E & \u00C3\u00A0 la blancheur des O-Ta\u00C3\u00AFtiens : ce ne fut\nj, qu'apr\u00C3\u00A8s un certain temps, que nous juge\u00C3\u00A2mes\n\u00E2\u0080\u009E cette diff\u00C3\u00A9rence favorable aux derniers; peut-\n5, \u00C3\u00AAtre m\u00C3\u00AAme n'arr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A2mes-nous ainfi notre opi-\nY 2\n1777.\nDec.\n55\n55\ny>\n59\n$5\n55\n55\n55\n55\n55\n55 *777-\nDec.\n340 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u009E nion, que parce que nous commencions \u00C3\u00A0\n\u00E2\u0080\u009E oublier la taille & la phyfionomie des habitans\n\u00E2\u0080\u009E de la M\u00C3\u00A9tropole des Ifles des Amis. Lisa\nI O-Ta\u00C3\u00AFtiens, cependant, nous parurent fup\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E rieurs \u00C3\u00A0 bien des \u00C3\u00A9gards ; nous leur trouv\u00C3\u00A2mes\n\u00E2\u0080\u009E tous les agr\u00C3\u00A9mens & toute la d\u00C3\u00A9licatefle de\n.,, traits qui diftinguent les perfonnes du fexe,\n\u00E2\u0080\u009E dans un grand nombre de contr\u00C3\u00A9es de la terre :\n\u00E2\u0080\u009E la barbe que les hommes portent longue, &\n\u00E2\u0080\u009E leur chevelure, qui n'eft pas coup\u00C3\u00A9e fi pr\u00C3\u00A8s\n\u00E2\u0080\u009E qu'\u00C3\u00A0 Tongataboo, produifoient un autre con-\n\u00E2\u0080\u009E trafte, & il nous fembla, dans toutes les oc-\n\u00E2\u0080\u009E cafions, qu'ils montraient plus de timidit\u00C3\u00A9 &\n\u00E2\u0080\u009E de l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8ret\u00C3\u00A9 de caract\u00C3\u00A8re. On n'apper\u00C3\u00A7oit pas\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti ces formes nerveufes, qui font fi\n\u00E2\u0080\u009E communes parmi les Naturels des Ifles des\n\u00E2\u0080\u009E Amis, & qui font la fuite d'un exercice tr\u00C3\u00A8s-\n\u00E2\u0080\u009E prolong\u00C3\u00A9. Cette Terre \u00C3\u00A9tant beaucoup plus\n\u00E2\u0080\u009E fertile, fes habitans m\u00C3\u00A8nent une vie plus in-\n\u00E2\u0080\u009E dolente, & ils offrent cet embonpoint & cette\n\u00E2\u0080\u009E douceur de la peau qui les rapprochent peut-\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00AAtre davantage des id\u00C3\u00A9es que nous avons de la\n\u00E2\u0080\u009E beaut\u00C3\u00A9 , mais qui ne contribuent pas \u00C3\u00A0 em-\n\u00E2\u0080\u009E bellir leur figure, puifqu'il en r\u00C3\u00A9fulte une forte\n\u00E2\u0080\u009E de langueur dans leurs mouvemens : nous f\u00C3\u00AEmes\n\u00E2\u0080\u009E fur-tout cette remarque, en voyant leurs com-\n\u00E2\u0080\u009E bats de lutte & de pugilat, qui paroifl\u00C3\u00A8nt de E C O O K.\n34*\n\u00E2\u0080\u009E foibles efforts d'enfans, fi on les compare \u00C3\u00A0\n\u00E2\u0080\u009E la vigueur des m\u00C3\u00AAmes combats' ex\u00C3\u00A9cut\u00C3\u00A9s aux\nI Ifles des Amis.\n\u00E2\u0080\u009E Les O-Ta\u00C3\u00AFtiens eftimant les avantages ext\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E rieurs, recourent \u00C3\u00A0 plufieurs moyens pour les\n\u00E2\u0080\u009E augmenter : ils font accoutum\u00C3\u00A9s , fur-tout\n3, parmi les Erreoes ou les C\u00C3\u00A9libataires d'un\n\u00E2\u0080\u009E certain rang, de fe foumettre \u00C3\u00A0 une op\u00C3\u00A9ration\n\u00E2\u0080\u009E m\u00C3\u00A9dicinale, afin de blanchir leur peau : pour\n\u00E2\u0080\u009E cela ils pafl\u00C3\u00A8nt un mois ou deux fans fortir\n\u00E2\u0080\u009E de leurs maifons ; durant cet intervalle , ils\n\u00E2\u0080\u009E portent une quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9rable d'\u00C3\u00A9toffes ,\n\u00E2\u0080\u009E & ils ne mangent que du fruit \u00C3\u00A0 pain, au-\n\u00E2\u0080\u009E quel ils attribuent la propri\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 de blanchir le\n\u00E2\u0080\u009E corps. Ils femblent croire auffi que leur em-\n\u00E2\u0080\u009E bonpoint & la couleur de leur peau, d\u00C3\u00A9pen-\n\u00E2\u0080\u009E dent d'ailleurs des diverfes nourritures qu'ils\n\u00E2\u0080\u009E prennent habituellement ; le changement des\n\u00E2\u0080\u009E faifons les oblige en effet \u00C3\u00A0 changer leur r\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E gime felon les diff\u00C3\u00A9rentes \u00C3\u00A9poques de l'ann\u00C3\u00A9e\u00C2\u00BB\n\u00E2\u0080\u009E Les nourritures v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tales forment, au moins\n\u00E2\u0080\u009E les neuf dixi\u00C3\u00A8mes de leur r\u00C3\u00A9gime ordinaire.\n\u00E2\u0080\u009E Je penfe que le Mahee en particulier, ou le\n\u00E2\u0080\u009E fruit \u00C3\u00A0 pain ferment\u00C3\u00A9 ,\nV77*\nDec,\ndont ils font ufage\n\u00E2\u0080\u009E dans prefque chacun de leurs repas, les rel\u00C3\u00A2-\n\u00E2\u0080\u009E che, & produit autour d'eux une fra\u00C3\u00AEcheur\n3, tr\u00C3\u00A8s-fenfible , qu'on n'apper\u00C3\u00A7oit pas en nous\nY \u00C3\u00A0 1777\u00C2\u00BB\nDec.\n342 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u009E qui vivons de nourritures animales ; & s'ils\n\u00E2\u0080\u009E ont fi peu de maladies, il faut peut-\u00C3\u00AAtre Pat-\n\u00E2\u0080\u009E tribuer au.degr\u00C3\u00A9 de temp\u00C3\u00A9rature dans lequel\n\u00E2\u0080\u009E ils fe trouvent prefque toujours.\n\u00E2\u0080\u009E Ils ne comptent que cinq ou fix maladies\n\u00E2\u0080\u009E qu'on puifle appeller chroniques ou nationa-\n\u00E2\u0080\u009E les, parmi lefquelles je ne dois pas oublier\n\u00E2\u0080\u009E Phydropifie & hfefai, ou ces enflures fans\n\u00E2\u0080\u009E douleur , que nous avions trouv\u00C3\u00A9 fi commu-\n\u00E2\u0080\u009E n\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 Tongataboo. Il s'agit ici de l'\u00C3\u00A9poque\n\u00E2\u0080\u009E qui pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A8de l'arriv\u00C3\u00A9e des Europ\u00C3\u00A9ens, car notj\u00C3\u0089J\n\u00E2\u0080\u009E les avons infect\u00C3\u00A9s d'une maladie nouvelle, qui\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00A9quivaut feule \u00C3\u00A0 toutes les autres, & qui eft\n\u00E2\u0080\u009E prefque univerfel\u00C3\u00AEe aujourd'hui : il parol\u00C3\u0089j\n\u00E2\u0080\u009E qu'ils ne favent pas la gu\u00C3\u00A9rir d'une mani\u00C3\u00A8re\n\u00E2\u0080\u009E efficace. Les Pr\u00C3\u00AAtres la traitent quelquefois\n\u00E2\u0080\u009E avec des compofitions de fimples : mais, de\n3, leur aveu, ils ne la gu\u00C3\u00A9rifl\u00C3\u00A8nt jamais parfaite-\n\u00E2\u0080\u009E ment ; ils conviennent n\u00C3\u00A9anmoins, que dans\n\u00E2\u0080\u009E un petit nombre de cas, la nature, fans le\n\u00E2\u0080\u009E fecours d'un M\u00C3\u00A9decin d\u00C3\u00A9truit le fatal virus,\n\u00E2\u0080\u009E & op\u00C3\u00A8re une gu\u00C3\u00A9rifon complette. Ils difent\n,3 qu'un homme infect\u00C3\u00A9 communique fouvent fa\n3, maladie aux perfonnes qui vivent dans la\n3, m\u00C3\u00AAme maifon ; que ces perfonnes la pren-\n\u00E2\u0080\u009E nent en mangeant dans les m\u00C3\u00AAmes vaf\u00C3\u00ABs que\n\u00E2\u0080\u009E le malade, & m\u00C3\u00AAme en les touchant; qu'alors de C q o k. 343\n\u00E2\u0080\u009E elles meurent fouvent, tandis que celui-l\u00C3\u00A0 :\n\u00E2\u0080\u009E gu\u00C3\u00A9rit ; mais ce dernier fait me paro\u00C3\u00AEt difficile\n\u00E2\u0080\u009E a croire, & s'il efl vrai, c'eft avec des mqdi-\n\u00E2\u0080\u009E fications dont on ne nous a pas parl\u00C3\u00A9.\n\u00E2\u0080\u009E Leur conduite dans toutes les oc\u00C3\u00A7afions,\n\u00E2\u0080\u009E annonce beaucoup de franchife & un carac-\n\u00E2\u0080\u009E tere g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9reux. N\u00C3\u00A9anmoins Ornai , que fes\n9, pr\u00C3\u00A9ventions pour les Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, dif-\n\u00E2\u0080\u009E pofoit \u00C3\u00A0 cacher les d\u00C3\u00A9fauts de fes compatrio-\n5, tes, nous a avertis fouvent, que les O-T\u00C3\u00A0jtiens\n\u00E2\u0080\u009E font quelquefois cruels envers leurs ennemis.\n\u00E2\u0080\u009E Ils les tourmentent, nous difoit-il, de,propos\nL d\u00C3\u00A9lib\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9 ; ils leur enl\u00C3\u00A8vent de petits morceaux\n\u00E2\u0080\u009E de chak en diff\u00C3\u00A9rentes parties du corps ; ils\n3, leur arrachent les yeux, ils leur coupent le\n\u00E2\u0080\u009E nez, \u00C3\u00B4\u00C3\u00A7 enfin ils les tuent & ils leur ouvrent\n,3 le ventre : mais ces cruaut\u00C3\u00A9s n'ont lieu qu'en\n\u00E2\u0080\u009E certaines oc\u00C3\u00A7afions. Si la gaiet\u00C3\u00A9 eft l'indice\n,3 d'une ame en paix, on doit fuppofer que leur\n\u00E2\u0080\u009E vie efl rarement fouill\u00C3\u00A9e par\u00C2\u00BB des crimes ; je\n\u00E2\u0080\u009E crois cependant qu'il faut plut\u00C3\u00B4t attribuer leur\n3, difpofition \u00C3\u00A0 la joie, \u00C3\u00A0 leurs fenfations, qui,\n\u00E2\u0080\u009E malgr\u00C3\u00A9 leur vivacit\u00C3\u00A9, ne paroif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8nt jamais du-\n33 r\u00C3\u00A2bles; car, lorfqu'il leur furvenoit des njal-\n\u00E2\u0080\u009E heurs, je ne les ai jamais vu affect\u00C3\u00A9s d'une\n\u00E2\u0080\u009E mani\u00C3\u00A8re p\u00C3\u00A9nible 3 apr\u00C3\u00A8s les premiers momens\n\u00E2\u0080\u009E de crife. Le chagrin ne fillonne point leur\nY4\n1777-\nDec. 1777-\nDec,\n344 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u009E front; l'approche de la mort ne femble pag\n\u00E2\u0080\u009E m\u00C3\u00AAme alt\u00C3\u00A9rer leur bonheur. J'ai obferv\u00C3\u00A9 des\n\u00E2\u0080\u009E malades pr\u00C3\u00AAts \u00C3\u00A0 rendre le dernier foupir, ou\n\u00E2\u0080\u009E des guerriers qui fe pr\u00C3\u00A9paraient au combat,\n\u00E2\u0080\u009E & je n'ai pas remarqu\u00C3\u00A9 que la m\u00C3\u00A9lancolie ou\n3, des r\u00C3\u00A9flexions trifles, r\u00C3\u00A9pandifl\u00C3\u00A8nt des nuages\n\u00E2\u0080\u009E fur leur phyfionomie.\n\u00E2\u0080\u009E Ils ne s'occupent que des chofes propres k\n\u00E2\u0080\u009E leur donner du plaifir & de la joie. Le but\n\u00E2\u0080\u009E de leurs amufemens efl toujours d'accro\u00C3\u00AEtre\n\u00E2\u0080\u009E la force de leur penchant amoureux ; ils ai-\n\u00E2\u0080\u009E ment paffionn\u00C3\u00A9ment \u00C3\u00A0 chanter, & le plaifir\n3, efl auffi l'objet de leurs chanfons : mais,\n1 comme on efl bient\u00C3\u00B4t raflafi\u00C3\u00A9 des jouiflances\n\u00E2\u0080\u009E charnelles ininterrompues, ils varient les fujets\n3, de ces chants, & ils fe plaifent \u00C3\u00A0 c\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9brer\n,, leurs triomphes \u00C3\u00A0 la guerre, leurs travaux du-\n\u00E2\u0080\u009E rant la paix, leurs voyages fur les terres vol-\ny, fines & les aventures dont ils ont \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 les t\u00C3\u00A9-\n5, moins, les beaut\u00C3\u00A9s de leur Ifle, & fes avanta-\n$1 ges fur les pays des environs , ou ceux de\n|, quelques cantons d'O-Ta\u00C3\u00AFti, fur des cffiricts\n3, moins favorif\u00C3\u00A9s. La mufique a pour eux beau-\n,3 coup de charmes ; &, quoiqu'ils montraf-\n\u00E2\u0080\u009E fent une forte de d\u00C3\u00A9go\u00C3\u00BBt pour nos compofi-\n3, tions favantes, les fons m\u00C3\u00A9lodieux que produi-\nI foit chacun de nos inftrumens en particulier^ i Coo\napprochant davantage de h fimplicit\u00C3\u00A9 des leurs, \u00E2\u0096\u00A0 \"\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\nles raviflbient toujours de plaifir. \u00C3\u00AE777*\n\u00E2\u0080\u009E Ils connoifl\u00C3\u00A8nt les impreffions voluptueufes Dec.\nqui r\u00C3\u00A9fultent de certains exercices du corps,\n& qui chafl\u00C3\u00A8nt quelquefois le trouble & le\nchagrin de l'\u00C3\u00A2me , avec autant de fucc\u00C3\u00A8s que\nla mufique. Je puis citer l\u00C3\u00A0-deflus un fait remarquable , qui s'eft pafle fous mes yeux. Me\npromenant un jour aux environs de la pointe\nMatavai, o\u00C3\u00B9 fe trouvoient nos tentes, je vis\nun homme qui ramoit dans fa pirogue, de la\nmani\u00C3\u00A8re du monde la plus rapide ; & comme\nil jettoit d'ailleurs autour de lui des regards\nemprefles, il attira mon attention. J'imaginai\nd'abord qu'il avoit commis un vol & qu'on\nle pourfuivoit; mais, apr\u00C3\u00A8s l'avoir examin\u00C3\u00A9\nquelque temps, je m'apper\u00C3\u00A7us qu'il s'airtufoit.\nIl s'\u00C3\u00A9loigna de la c\u00C3\u00B4te ; il fe rendit \u00C3\u00A0 l'endroit\no\u00C3\u00B9 commence la houle, & \u00C3\u00A9piant avec foin la\npremiere vague de la lev\u00C3\u00A9e, il fit force de rames devant cette vague, jufqu'\u00C3\u00A0 ce qu'il p\u00C3\u00BBt\nen \u00C3\u00A9prouver le mouvement, & qu'elle e\u00C3\u00BBt\nafl\u00C3\u00A8z de vigueur pour conduire l'embarcation\nfans la renverfer ; il fe tint immobile alors ,* &\nil fut port\u00C3\u00A9 par la lame qui le d\u00C3\u00A9barqua fur la\ngr\u00C3\u00A8ve : il vuida tout de fuite fa pirogue, &\nil alla chercher une autre houle. Je jugeai 34<5 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n5-\u00E2\u0080\u0094\u00E2\u0080\u0094 33 qu'il go\u00C3\u00BBtoit un plaifir inexprimable \u00C3\u00A0 \u00C3\u00AAtre\n1777. 3, promen\u00C3\u00A9 fi v\u00C3\u00AEte & fi doucement fur les flots;\nDec. \u00E2\u0080\u009E quoiqu'il f\u00C3\u00BBt \u00C3\u00A0 peu de diftance de nos tentes\n33 & de la R\u00C3\u00A9folution & de la D\u00C3\u00A9couverte, il\n,3 ne fit pas la moindre attention aux troupes\n3, nombreufes de fes compatriotes, qui s'\u00C3\u00A9toient\n\u00E2\u0080\u009E rafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9s pour voir des objets auffi extraorcfB\n,3 naires pour eux, que nos vaifl\u00C3\u00A8aux & notre!\n\u00E2\u0080\u009E camp. Tandis que je l'obfervois, deux ou\n\u00E2\u0080\u009E trois Infulaires vinrent me joindre ; ils femble-\n\u00E2\u0080\u009E rent partager fon bonheur, & ils lui annonce-\n33 rent toujours par des cris, l'apparence d'une\n,3 houle favorable : car ayant le dos tourn\u00C3\u00A9 &\n,3 cherchant la lame du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 o\u00C3\u00B9 elle n'\u00C3\u00A9toit pas,\n3, il la manquoit quelquefois. Ils me dirent que\n,3 cet exercice, appelle Ehororoe, dans la Ian-\n3, gue du pays, efl tr\u00C3\u00A8s-commun parmi eux. Ils\n\u00E2\u0080\u009E ont vraifemblablement plufieurs amufemens de\n33 cette efpece, qui leur procurent au moins au-\n\u00E2\u0080\u009E tant de plaifir, que nous en donne l'exercice\n3, du patin, le feul de nos jeux, dont les effets\n\u00E2\u0080\u009E puif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8nt \u00C3\u00AAtre compar\u00C3\u00A9s aux effets que je viens\n\u00E2\u0080\u009E de d\u00C3\u00A9crire.\n\u00E2\u0080\u009E La langue d'O - Ta\u00C3\u00AFti , radicalement h\n3, m\u00C3\u00AAme que celles de la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande &\n33 des Ifles des Amis, n'a pas leur prononcia-\n\u00E2\u0080\u009E tion gutturale, & elle manque de quelques* d e C o o k, 347\n\u00E2\u0080\u009E unes des confonnes qui abondent dans les :\n\u00E2\u0080\u009E deux derniers dialectes. Les recueils de mots\n\u00E2\u0080\u009E que nous avons d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 donn\u00C3\u00A9s, montrent afl\u00C3\u00A8z\n\u00E2\u0080\u009E en quoi confifte principalement cette diff\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E rence , & ils prouvent qu'elle a pris la dou-\n\u00E2\u0080\u009E ceur & la mbllefl\u00C3\u00A8 des habitans. J'avois rafl\u00C3\u00A8m-\n\u00E2\u0080\u009E bl\u00C3\u00A9, durant le f\u00C3\u00A9cond Voyage de M. Cook,\n\u00E2\u0080\u009E un long Vocabulaire , \u00C3\u0087a) d'apr\u00C3\u00A8s lequel je\n\u00E2\u0080\u009E me fuis trouv\u00C3\u00A9 plus en \u00C3\u00A9tat de comparer ce\ndialecte au diale\u00C3\u00A9te des autres Mes : durant\n\u00E2\u0080\u009E celui-ci, je n'ai laifl\u00C3\u00AB \u00C3\u00A9chapper aucune oc-\n\u00E2\u0080\u009E cafion de m'inftruke davantage fur l'idiome\n\u00E2\u0080\u009E d'O-Ta\u00C3\u00AFti ; j'ai eu pour cela de longues con-\n\u00E2\u0080\u009E verfations avec Oma\u00C3\u00AF, avant d'arriver aux Mes\nde la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, & j'ai fr\u00C3\u00A9quent\u00C3\u00A9 les Naturels,\npendant nos rel\u00C3\u00A2ches, le plus que J'ai pu. Cet\nidiome efl rempli d'expreflions figur\u00C3\u00A9es tr\u00C3\u00A8s-\nbelles; & fi on le connoiflbit parfaitement,\n\u00E2\u0080\u009E je fuis perfuad\u00C3\u00A9 qu'on le mettrait au ni-\n33 veau des langues dont on eftime le plus la\n\u00C3\u00AE777<\nDec.\n95\n59\n55\n55\n{a) Voyez le Vocabulaire , \u00C3\u00A0 la fin du f\u00C3\u00A9cond\nVoyage de Cook. L'infatigable M. Anderfon y a\nfait un grand nombre de corrections & d'additions;\nmais ce qu'on pourroit ajouter ici aux divers recueils\nde mots d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 publi\u00C3\u00A9s fur la langue d'O-Ta'ki, ne feroit d'aucune utilit\u00C3\u00A9 r\u00C3\u00A9elle. 348 . Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ns= 5, hardiefle & l'\u00C3\u00A9nergie des images. Ainfi, les.\nl777' ?\u00E2\u0080\u00A2> O-Ta\u00C3\u00AFtiens, pour exprimer avec emphafe les.\nDec. w id\u00C3\u00A9es qu'ils fe forment de la mort, difent que\n\u00E2\u0080\u009E l'ame va dans les t\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A8bres, ou plut\u00C3\u00B4t dans\n\u00E2\u0080\u009E la nuit. Lorfque vous avez Pair de douter\n\u00E2\u0080\u009E qu'une telle femme foit leur mere, ils vous\n,3 r\u00C3\u00A9pondent fur-le-champ avec furprife , oui ,\n\u00E2\u0080\u009E c'efi la mere qui m'a port\u00C3\u00A9 dam fon feiru\n,5 Une de leurs tournures r\u00C3\u00A9pond pr\u00C3\u00A9cif\u00C3\u00A9ment \u00C3\u00A0\n33 cette tournure des Livres faints : Les en-*\n,3 trailles font \u00C3\u00A9mues de douleur : ils s'en fer-\n3, vent toujours, quand ils \u00C3\u00A9prouvent des affec-\n\u00E2\u0080\u009E tions morales qui les tourmentent : ils fuppo-\n3, fent que le fiege de la douleur cauf\u00C3\u00A9e par les\n33 chagrins, les defirs inquiets & les diverfes af?\n3, fe\u00C3\u00A9tions de l'ame efl dans les entrailles, & ils\n\u00E2\u0080\u009E fuppofent de plus que c'eft le fiege de toutes\n\u00E2\u0080\u009E les op\u00C3\u00A9rations de Pefprit. Leur langue admet\n\u00E2\u0080\u009E ces inverfions de mots, qui placent le latin &\n3, le grec bien au-defl\u00C3\u00B9s de la plupart de nos\n3, langues modernes de l'Europe, fi imparfaites,\n,5 que, pour pr\u00C3\u00A9venir les ambigu\u00C3\u00AFt\u00C3\u00A9s, elles font\n\u00E2\u0080\u009E r\u00C3\u00A9duites \u00C3\u00A0 arranger fervilement les mots les\n\u00E2\u0080\u009E uns apr\u00C3\u00A8s les autres. Elle efl fi riche, qu'elle\n35 a plus de vingt termes pour d\u00C3\u00A9figner le fruit\n5, \u00C3\u00A0 pain dans fes diff\u00C3\u00A9rens \u00C3\u00A9tats;,elle en a au-\"\ni tant pour la racine de Taro, & envkon dix be Cook. 349\npour la noix de cocos. J'ajouterai, qu'outre le _. .\ndialecte ordinake, les O-T\u00C3\u00A0itiens ont une lan- ^777*\ngue, qu'on peut appeller la Langue plain- Dec.\nfive, & qui forme toujours des efpeces de\nfiances ou un r\u00C3\u00A9citatif.\n\u00E2\u0080\u009E Leurs Arts font en petit nombre & bien\nfimples ; n\u00C3\u00A9anmoins, fi on doit les en croire,\nils font avec fucc\u00C3\u00A8s des op\u00C3\u00A9rations de chirur-\n55 gie5 ^ue nous n avons pas encore pu imiter,\n\u00E2\u0080\u009E malgr\u00C3\u00A9 nos connoifl\u00C3\u00A0nces \u00C3\u00A9tendues fur ces ma-\n\u00E2\u0080\u009E tieres. Ils environnent d'\u00C3\u00A9clifl\u00C3\u00A8s les os fractu-\nm r\u00C3\u00A9s, & fi une partie de l'os s'eft d\u00C3\u00A9tach\u00C3\u00A9e,\n\u00E2\u0080\u009E ils inf\u00C3\u00A8rent dans le vuide un morceau de bois\n\u00E2\u0080\u009E taill\u00C3\u00A9 comme la partie de l'os qui manque :\n\u00E2\u0080\u009E cinq ou fix jours apr\u00C3\u00A8s, le Rapaoo ou le Chi-\n3, rurgien , examine la bleflure, & il trouve le\n\u00E2\u0080\u009E bois qui commence \u00C3\u00A0 fe recouvrir de chair ;\n\u00E2\u0080\u009E ils ajoutent qu'en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, ce bois efl enti\u00C3\u00A9-\nP rement couvert de chair le douzi\u00C3\u00A8me jour ,\n-3, qu'alors le malade a repris des forces, qu'il\ns, fe baigne & qu'il ne tarde pas \u00C3\u00A0 gu\u00C3\u00A9rir. Nous\n3, n'ignorons pas que les bleflures fe gu\u00C3\u00A9rifl\u00C3\u00A8nt\n\u00E2\u0080\u009E fur des balles de plomb, & quelquefois, mais\n5, rarement, fur d'autres corps \u00C3\u00A9trangers; mais\nP je doute doutant plus de l'op\u00C3\u00A9ration dont je\n% viens de parler, qu'en d'autres oc\u00C3\u00A7afions, j'ai\n\u00E2\u0080\u009E vu les O-Ta\u00C3\u00AFriens bien loin d'une fi grande 35o Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nhabilet\u00C3\u00A9. J'apper\u00C3\u00A7us un jour une moiti\u00C3\u00A9 de\nbras qu'on avoit coup\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 un homme qui s'\u00C3\u00A9toM\nlaiff\u00C3\u00A9 tomber d'un arbre, & je n'y remarquai\nrien qui annon\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2t un Chirurgien fort habile,\nm\u00C3\u00AAme en n'oubliant pas que leurs inftrumens\nfont tr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00A9fectueux : je rencontrai un autre\nhomme qui avoit une \u00C3\u00A9paule difloqu\u00C3\u00A9e ; il\ns'\u00C3\u00A9toit \u00C3\u00A9coul\u00C3\u00A9 quelques mois depuis l'accident,\n& perfonne n'avoit fu la remettre, quoique\nce foit une' des op\u00C3\u00A9rations les moins difficiles\nde notre Chirurgie. Us favent que les fractures & les luxations de l'\u00C3\u00A9pine du dos font\nmortelles, & qu'il n'en efl pas de m\u00C3\u00AAme de\ncelles du cr\u00C3\u00A2ne; ils favent auffi par exp\u00C3\u00A9rience, en quelles parties du corps les bleflures\nfont incurables. Ils nous ont montr\u00C3\u00A9 plufieurs\ncicatrices, fuites des coups de pique qu'ils\navoient re\u00C3\u00A7us ; fi les coups p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9tr\u00C3\u00A8rent r\u00C3\u00A9ellement aux endroits qu'on nous indiqua, nous\nles aurions s\u00C3\u00BBrement d\u00C3\u00A9clar\u00C3\u00A9 mortels, & cependant les bleff\u00C3\u00A9s ont gu\u00C3\u00A9ri.\n\u00E2\u0080\u009E Leurs connoifl\u00C3\u00A0nces en M\u00C3\u00A9decine paroifl\u00C3\u00A8nt\nplus born\u00C3\u00A9es, fans doute , parce qu'il leur\narrive plus d'accidens qu'ils n'ont de maladies.\nLes Pr\u00C3\u00AAtres n\u00C3\u00A9anmoins adminiftrent des fucs\nd'herbe en quelques oc\u00C3\u00A7afions, & lorfque les\nfemmes ont des fuites de couches f\u00C3\u00A2cheufes, 59\n55\nde Cook. 351\nelles emploient un rem\u00C3\u00A8de qui femble para\u00C3\u00AEtre inutile fouS un climat chaud : elles chauffent des pierres, elles les couvrent enfuite\nd'une \u00C3\u00A9toffe \u00C3\u00A9paifl\u00C3\u00A8 par-deflus laquelle elles po-\nfent une certaine quantit\u00C3\u00A9 d'une petite plante\nde l'efpece de la moutarde, &, apr\u00C3\u00A8s avoir\ncouvert le tout d'une f\u00C3\u00A9conde \u00C3\u00A9toffe, elles\ns'afleient defliis ; elles ont des fueurs abondantes , & elles gu\u00C3\u00A9rifl\u00C3\u00A8nt : les hommes infect\u00C3\u00A9s du mal v\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rien, ont voulu pratiquer\nla m\u00C3\u00AAme m\u00C3\u00A9thode, ma\u00C3\u00AFs ils l'ont trouv\u00C3\u00A9e inefficace. Ils n'ont point d'\u00C3\u00A9m\u00C3\u00A9tique.\n\u00E2\u0080\u009E Malgr\u00C3\u00A9 l'extr\u00C3\u00AAme fertilit\u00C3\u00A9 de l'Ifle , on y\n\u00C3\u00A9prouve fouvent des famines qui emportent,\ndifc-on, beaucoup de monde. Je n'ai pu d\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E couvrir fi ces famines font la fuite d'une mau*\n\u00E2\u0080\u009E vaife faifon, de la guerre, ou d'une popula-\n\u00E2\u0080\u009E tion trop nombreufe ; il efl prefqu'impoffible\n\u00E2\u0080\u009E qu'il n'y ait pas quelquefois dans l'Ifle trop de\n,*, monde \u00C3\u00A0 nourrir. Au refle, il efl difficile de\n\u00E2\u0080\u009E douter de la v\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9 du fait ; car ils m\u00C3\u00A9nagent\navec beaucoup de foin, m\u00C3\u00AAme aux temps de\nl'abondance , les chofes qui fervent \u00C3\u00A0 leur\nnourriture. Dans les momens de difette, lorfqu'ils ont confomm\u00C3\u00A9 leur fruit \u00C3\u00A0 pain & leurs\n1 ignames , ils mangent diverfes racines qui\nL croifl\u00C3\u00A8nt fans culture fur les montagnes : ih\n55\n55\n55\n55\nf5\n1777-\nDec. 35^ Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n!!=r \u00E2\u0080\u009E fe nourriflent d'abord de la patarra ; elk\n1777. \u00E2\u0080\u009E refl\u00C3\u00A8mble \u00C3\u00A0 une grofl\u00C3\u00A8 patate ou \u00C3\u00A0 une igna-\nD\u00C3\u00A9c. \u00E2\u0080\u009E me-, & elle efl bonne tant qu'elle n'a pas pris\n\u00E2\u0080\u009E toute fa croiflance ; mais , d\u00C3\u00A8s qu'elle eft\n\u00E2\u0080\u009E vieille , elle efl remplie de fibres dures : ils\n\u00E2\u0080\u009E mangent d'ailleurs deux autres racines , l'une\n\u00E2\u0080\u009E approche du Taro, & la f\u00C3\u00A9conde s'appelle\n,5 Ehoee; il y a deux efpeces de celle-ci, l'une\n\u00E2\u0080\u009E efl v\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9neufe, & on efl contraint de la fen-\n5, dre & >de la laifl\u00C3\u00A8r mac\u00C3\u00A9rer une nuit dans\n\u00E2\u0080\u009E l'eau, avant de la cuire;.&, fous ce rapport,\n,3 elle refl\u00C3\u00A8mble \u00C3\u00A0 la caffave des V\es d'Am\u00C3\u00A9-\n3, rique. De la mani\u00C3\u00A8re dont les O-Ta\u00C3\u00AFtiens\n\u00E2\u0080\u009E l'appr\u00C3\u00AAtent , elle forme une p\u00C3\u00A2te humide M\n3, tr\u00C3\u00A8s-infipide au go\u00C3\u00BBt : cependant je les ^ vus|\n\u00E2\u0080\u009E s'en nourrir \u00C3\u00A0 une \u00C3\u00A9poque o\u00C3\u00B9 ils n'\u00C3\u00A9prouJ\n\u00E2\u0080\u009E voient point de difette ; c'eft une plante grim-\n\u00E2\u0080\u009E pante, ainfi que la patarra.\n\u00E2\u0080\u009E La clafl\u00C3\u00A8 inf\u00C3\u00A9rieure fait peu d'ufage des\n. \u00E2\u0080\u009E nourritures animales, & ce ne font jamais\n\u00E2\u0080\u009E que des poiflbns, des \u00C5\u0093ufs de mer, ou d'au-\n\u00E2\u0080\u009E tr\u00C3\u00A8s productions marines ; il efl rare qu'elle\n5, mange du cochon, fi m\u00C3\u00AAme cela lui arrive\n3, quelquefois. h'Eree-d\u00C3\u00A8-hoi \u00C3\u0087a) feul , efl\n(a) M. Anderfon \u00C3\u00A9crit toujours Eree de hoi. Le\nCapitaine Cook \u00C3\u00A9crit Eree rahie* Ceft encore un des\n\u00E2\u0080\u009E affez de Cook. 353\nH afl\u00C3\u00A8z riche pour avoir du porc tous les jours, :\n\u00E2\u0080\u009E & les Chefs fubalternes, ne peuvent gu\u00C3\u00A8res\n\u00E2\u0080\u009E en avoir qu'une fois par femaine, par quin-\n,5 zaine & par mois, felon leur fortune. Il y a\n\u00E2\u0080\u009E m\u00C3\u00AAme des temps o\u00C3\u00B9 ils font oblig\u00C3\u00A9s de fe\n3, pafl\u00C3\u00A8r de cette friandife : car, lorfque la guerre\n,3 ou d'autres caufes ont appauvri PIfle, le Roi\ny, d\u00C3\u00A9fend \u00C3\u00A0 fes Sujets de tuer des cochons; &\n3, on nous a dit qu'en certaines oc\u00C3\u00A7afions, la d\u00C3\u00A9-\n,3 fenfe fubfifloit plufieurs mois, & m\u00C3\u00AAme une\n3, ann\u00C3\u00A9e ou deux. Les cochons fe multiplient\n.,, tellement durant cette prohibition , qu'on les\n,5 a vu abandonner l'\u00C3\u00A9tat de domeflicit\u00C3\u00A9 & deve-\n,5 nir fauvages. Lorfqu'il para\u00C3\u00AEt convenable de\n3, lever la d\u00C3\u00A9fenfe , tous les Chefs fe rendent\n\u00E2\u0080\u009E aupr\u00C3\u00A8s du Roi, & chacun d'eux lui apporte\n,5 des cochons. Le Roi ordonne d'en tuer quel-\n3, ques-uns qu'on fert aux Chefs, & ils s'en re-\n33 tournent avec la libert\u00C3\u00A9 d'en tuer d\u00C3\u00A9formais\n,3 pour leur table, La prohibition dont je viens\n33 de parler , fubfifloit lors de notre arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0\n3, O-Ta\u00C3\u00AFti 3 du moins dans les diflri\u00C3\u00A9ts qui d\u00C3\u00A9-\n33 pendent imm\u00C3\u00A9diatement d'O-Too, & de peur\nexemples fans nombre, qu'on peut citer, pour faire\nvoir que les diverfes perfonnes \u00C3\u00A0 bord de nos Vaif-\nfeaux , \u00C3\u00A9crivoient d'une mani\u00C3\u00A8re diff\u00C3\u00A9rente les mots\nprononc\u00C3\u00A9s par les Naturels de la Mer du Sud.\nTome IL Z\n1777.\nDec.\n\u00C2\u00A7* *777*\nDec.\n354 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n,5 qu'elle ne nous emp\u00C3\u00AAch\u00C3\u00A2t d'aller \u00C3\u00A0 Mat avait\n1 lorfque nous aurions quitt\u00C3\u00A9 Oheitepeha, il\n3, nous aflura, par un mefl\u00C3\u00A0ger, qu'il la r\u00C3\u00A9vo-\n| querok d\u00C3\u00A8s que nos vaifl\u00C3\u00A8aux auraient gagn\u00C3\u00A9\n\u00E2\u0080\u009E le port. Il la r\u00C3\u00A9voqua en effet, du moins par\n\u00E2\u0080\u009E rapport \u00C3\u00A0 nous ; mais nous f\u00C3\u00AEmes une fi grande\n5, confommation de ces animaux, qu'on la retail\nblit fans doute apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part. Le Gouvernement d\u00C3\u00A9fend auffi quelquefois de tuer\ndes volailles.\n\u00E2\u0080\u009E UAva efl fur-tout en ufage parmi les In*\nfulaires d'un rang diftingu\u00C3\u00A9.- Ils la font d'une\nmani\u00C3\u00A8re un peu diff\u00C3\u00A9rente de celle dont nous\navons \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fi fouvent t\u00C3\u00A9moins aux Ifles des\nAmis ; car ils verfent une tr\u00C3\u00A8s-petite quantit\u00C3\u00A9\nd'eau fur la racine, & quelquefois ils grillent\nou ils cuifent au four, & ils broient les tiges\nfans les hacher. Ils emploient d'ailleurs les\nfeuilles broy\u00C3\u00A9es de la plante, & ils y verfent\nde l'eau comme fur la racine. Ils ne fe r\u00C3\u00A9unifient pas en troupes pour la boire amicalement 5 comme \u00C3\u00A0 Tongataboo ; mais fes pernicieux effets font plus fenfibles \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, car\nelle ne tarde pas \u00C3\u00A0 enivrer , ou plut\u00C3\u00B4t \u00C3\u00A0 donner de l\u00C3\u00A0 flupeur \u00C3\u00A0 toutes les facult\u00C3\u00A9s du corps\n\u00E2\u0080\u009E & de Pefprit : ceux d'entre nous qui avoient\n3, abord\u00C3\u00A9 autrefois fur ces Mes, furent furpris\n\u00C2\u00AB?5\n59\n55\n55\n55\n59\n55 de Cook. m|\ny, de voir la maigreur affreufe d'une multitude e\n,, d'Infulakes , que nous avions laif\u00C3\u00AEes d'un em- 1777*\n3, bonpokit & d'une grofl\u00C3\u00A8ur remarquables ; nous Dec\u00C2\u00BB\n55 demand\u00C3\u00A2mes la caufe de ce changement, &\n3, on nous r\u00C3\u00A9pondit , qu'il falloir l'attribuer \u00C3\u00A0\n,5 l'Ava : leur peau \u00C3\u00A9toit groffiere , deflech\u00C3\u00A9e\n,\u00E2\u0080\u009E & couverte d'\u00C3\u00A9caill\u00C3\u00A9s ; on nous affiira que ces\n^, \u00C3\u00A9cailles tombent de temps en temps, & que\n33 la peau fe renouvelle. Pour juftifier Pufage\n\u00E2\u0080\u009E d'une liqueur fi pernicieufe , ils pr\u00C3\u00A9tendent\n33 qu'elle emp\u00C3\u00AAche de devenir trop gras ; il eft\n,3 \u00C3\u00A9vident qu'elle les \u00C3\u00A9nerve , & il eft tr\u00C3\u00A8s-pro-\n\u00E2\u0080\u009E bable qu'elle abr\u00C3\u00A8ge leurs jours. Ces effets\n5, nous ayant moins frapp\u00C3\u00A9s durant nos premieres\n33 rel\u00C3\u00A2ches, il y a lieu de croke que les O-Ta\u00C3\u00AF-\n3, tiens n'abufoient pas autant de cet article de\n3, luxe. S'ils continuent \u00C3\u00A0 boire l'Ava auffi fr\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E quemment , on peut pr\u00C3\u00A9dire que leur popu*\n3, lation diminuera* .\n3, Ils font beaucoup de repas dans un jour;\n,, le premier (ou plut\u00C3\u00B4t le dernier, car ils vont\n,3 fe coucher imm\u00C3\u00A9diatement apr\u00C3\u00A8s) a lieu \u00C3\u00A0\n,3 environ deux heures du matin, & le f\u00C3\u00A9cond\n33 \u00C3\u00A0 huit ; ils d\u00C3\u00AEnent \u00C3\u00A0 onze heures, &, comme\n3, le difoit Oma\u00C3\u00AF, ils d\u00C3\u00AEnent une f\u00C3\u00A9conde & une\n,, troifieme fois \u00C3\u00A0 deux & \u00C3\u00A0 cinq heures du foir,\n.0, & ils foupent \u00C3\u00A0 huit. Ils ont, fur ce point de\nZ 2 356 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n=T= 5, leur vie domeftique, des ufages tr\u00C3\u00A8s-bizarres,\n1777. \u00C2\u00BB Les femmes \u00C3\u00A9prouvent non-feulement la mor-\nD\u00C3\u00A9c. \u00E2\u0080\u009E tification de manger feules, & dans une partie\n\u00E2\u0080\u009E de la maifon \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9e de celle o\u00C3\u00B9 mangent\n3, les hommes ; mais, ce qui efl bien plus \u00C3\u00A9trange\n3, encore, on ne leur donne aucune portion des\n3, mets d\u00C3\u00A9licats : elles n'ofent go\u00C3\u00BBter ni d'un;\n,5 poiflbn de l'efpece du thon, qui efl fort ef-\n3, rim\u00C3\u00A9 3 ni de quelques-unes des meilleures ba-\n33 nanes, & on permet rarement le porc m\u00C3\u00AAme\n3, \u00C3\u00A0 celles des clafl\u00C3\u00A8s fup\u00C3\u00A9rieures. Les petites\n33 filles & les petits gar\u00C3\u00A7ons prennent auffi leur\n3, repas f\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9ment. En g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral , les femmes\n,3 appr\u00C3\u00AAtent les chofes dont elles fe nourrifl\u00C3\u00A8nt;\n3, car les hommes les laifl\u00C3\u00A8roient mourir de\n\u00E2\u0080\u009E faim 3 plut\u00C3\u00B4t que de leur rendre ce fervice.\n3, Il y a ici, & dans plufieurs de leurs coutu-\n3, mes relatives \u00C3\u00A0 leurs repas, quelque chofe de\n3, myft\u00C3\u00A9rieux, que nous n'avons jamais pu bien\n33 comprendre. Lorfque nous en demandions la\n3, raifon, on ne nous r\u00C3\u00A9pondoit rien, finon que\n33 cela \u00C3\u00A9toit jufte & indifpenfable.\n\u00E2\u0080\u009E Ce qui a d'ailleurs rapport aux femmes,\n33 n'eft point obfcur ; leurs liaifons avec les\n3, hommes n'offrent fur-tout rien de cach\u00C3\u00A9. Si\n\u00E2\u0080\u009E un jeune homme & une jeune femme habi-\n99 tent enfemble , le jeune homme donne au 55\nde Cook. 357\np\u00C3\u00A8re de la fille, quelques-unes des chofes r\u00C3\u00A9put\u00C3\u00A9es n\u00C3\u00A9cefl\u00C3\u00A0kes dans*le pays, telles que des\ncochons, des \u00C3\u00A9toffes & des pirogues; la quantit\u00C3\u00A9 de ces chofes efl proportionn\u00C3\u00A9e au temps\nqu'il pafl\u00C3\u00A8 avec fa ma\u00C3\u00AEtrefl\u00C3\u00A8 : fi le p\u00C3\u00A8re croit\nqu'on ne l'a pas pay\u00C3\u00A9, il ne craint pas de reprendre fa fille, & de la livrer \u00C3\u00A0 un autre qui\nfera peut-\u00C3\u00AAtre plus lib\u00C3\u00A9ral : l'homme, de fon\nc\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, peut toujours former un nouveau choix.\nSi fa ma\u00C3\u00AEtrefl\u00C3\u00A8 devient grofl\u00C3\u00A8, il efl le ma\u00C3\u00AEtre\nde tuer l'enfant, & de continuer fes liaifons\navec la mere, ou de l'abandonner ; mais s'il\nadopte l'enfant, & s'il ne lui \u00C3\u00B4te pas la vie,\nil efl cenf\u00C3\u00A9 mari\u00C3\u00A9, & il garde commun\u00C3\u00A9ment\nfa femme le refle de fes jours. Aux yeux des\nO-T\u00C3\u00A0\u00C3\u00AEtiens, ce n'eft pas un crime de prendre\nune concubine plus jeune, & de l'\u00C3\u00A9tablir dans\nfa maifon ; il efl toutefois bien plus commun\nde les vok changer de femmes, & c'eft une\nchofe fi ordinaire, qu'ils en parlent d'un ton\nfort l\u00C3\u00A9ger. Les Erroes font des Infulaires des\nclafl\u00C3\u00A8s fup\u00C3\u00A9rieures, qui joignant \u00C3\u00A0 une humeur\nvolage, des moyens de fe procurer de nouvelles femmes, voyagent d'un canton \u00C3\u00A0 l'autre\nou fur les Mes voifines, & qui ne fe livrant\npas \u00C3\u00A0 un attachement particulier, n'adoptent\ngu\u00C3\u00A8res la mani\u00C3\u00A8re de vivre plus f\u00C3\u00A9dentake &\nZ 3\n*777*\nDec. w\n35<>\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00C3\u00AF777-\nDec.\n\u00E2\u0080\u009E plus tranquille dont je viens de parler. Cette.\n33 vie licencieufe eft IP analogue \u00C3\u00A0 leur difpofi-\n3, tion 5 que les plus jolis hommes & l\u00C3\u00A7s plus\n5, jolies femmes pafl\u00C3\u00A8nt ordinairement leur jeu-\n35 nefl\u00C3\u00A8 dans une d\u00C3\u00A9bauche qui d\u00C3\u00A9shonorerait\n3, les peuplades les plus fauvages, mais qui r\u00C3\u00A9*l\n\u00E2\u0080\u009E volte fur-tout au milieu d'une nation, qui of-\n3, fre, \u00C3\u00A0 d'autres \u00C3\u00A9gards, des indices s\u00C3\u00BBrs d'am\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E nit\u00C3\u00A9 & de tendrefl\u00C3\u00A8. \u00C3\u0087a) Lorfqu'une femme\n(a) Je crois avoir prouv\u00C3\u00A9 d'une mani\u00C3\u00A8re fat\u00C3\u00AFsfai\u00C2\u00BB\nfante, dans les notes inf\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9es plus haut, que les Mes\nCarolines font habit\u00C3\u00A9es par une peuplade de cette nation, que le Capitaine Cook a trouv\u00C3\u00A9 r\u00C3\u00A9pandue fi\nloin fur l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique du Sud. Les Mes des\nLarrons ou les Ifles Marianes giflent encore plus au\nNord que les Mes Carolines, mais \u00C3\u00A0 peu de diitan-\nce ; on conjecture, au premier coup-d'oeil, que les\nInfulaires de ce grouppe viennent de la m\u00C3\u00AAme race ;*\n\u00C3\u00AAc en lifant l'hiftoire du P\u00C3\u00A8re le Gobien, cette conjecture paro\u00C3\u00AEt une v\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9. La Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 des Erroes efl ce\nqu'il y a de plus fingulier dans les m\u00C5\u0093urs d'O-Ta\u00C3\u00AFti;\nor le P\u00C3\u00A8re le Gobien nous apprend qu'il exifte une\npareille Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 aux Ifles des Larrons. Il dit : Les\nUrritoes font parmi eux les jeunes gens qui vivent avec\ndes tna\u00C3\u00AEtr\u00C3\u00A8jjes, fans vouloir s'engager dans les liens du\nmariage. Parce qu'on trouve aux Ifles des Larrons 9\ncomme \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, des jeunes gens qui vivent avec\ndes ma\u00C3\u00AEtreffes fans vouloir s'engager dans les liens du\nmariage , on ne pourroit pas en conclure que les de Cook.\ni59\n\u00E2\u0080\u009E Erreoe accouche, on applique \u00C3\u00A0 la bouche \"\n\u00E2\u0080\u009E & au nez de l'enfant un morceau d'\u00C3\u00A9toffe 1777.\n3, mouill\u00C3\u00A9e qui le fuffoque. Dec.\nm\u00C5\u0093urs de ces Ifles ont de la reffemblance ; mais les\njeunes gens des Ifles des Larrons & d'O-Ta\u00C3\u00AFti, qui\nm\u00C3\u00A8nent une vie fi licencieufe , formant une aflocia-\ntion f\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9e, d\u00C3\u00A9fign\u00C3\u00A9e par un nom particulier, & ce\nnom \u00C3\u00A9tant le m\u00C3\u00AAme dans les. deux pays, cette conformit\u00C3\u00A9 extraordinaire jointe \u00C3\u00A0 celle du langage, femble prouver, d'une mani\u00C3\u00A8re inconteftable , que les\ndeux peuplades viennent de la m\u00C3\u00AAme Tribu. On fait\nque le dialecte d'O-Ta\u00C3\u00AFti adoucit la prononciation de\nfes mots ; & il faut obferver qu'en retranchant une\nfeule lettre > ( la confonne T ) le mot Urritoes des\nIfles des Larrons refl\u00C3\u00A8mble beaucoup aux Arreoys\n( felon l'orthographe^ de la Collection de Hawkef-\nworth), ou aux Erreoes, (felon l'orthographe de\nM. Anderfon. ) Cette conformit\u00C3\u00A9 de fon, feul moyen\nde comparaifon entre deux langues parl\u00C3\u00A9es , efl fi\nfrappante , qu'on peut y voir le m\u00C3\u00AAme mot, fans\ns'expofer aux railleries des Critiques f\u00C3\u00A9veres.\nIl efl aif\u00C3\u00A9 de donner d'autres preuves pareilles;\ntir\u00C3\u00A9es de l'affinit\u00C3\u00A9 du langage , en citant des mots\nd'un ufage tr\u00C3\u00A8s-fr\u00C3\u00A9quent. Le Gobien ajoute que les\nHabitans des Ifles des Larrons adorent leurs morts\nfous le nom d'Anitis. Si on \u00C3\u00B4te la confonne n, il\nrefte un mot qui reffemble beaucoup \u00C3\u00A0 celui d'Ea-\ntooes y tr\u00C3\u00A8s-commun dans les Voyages du Capitaine\nCook, o\u00C3\u00B9 il fignifie une Divinit\u00C3\u00A9. Il n'eft pas inutile\nde remarquer, que l'objet d\u00C3\u00A9fign\u00C3\u00A9 aux Ifles des Lar~\nrons par le mot Aniti, \u00C2\u00ABft appelle Tahutup aux Ifles\nZ 4 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n>-\u00E2\u0096\u00A0 \u00E2\u0080\u009E de les prendre, elles foient trait\u00C3\u00A9es fouvent\nl777* ,5 avec une duret\u00C3\u00A9 ou plut\u00C3\u00B4t une brutalit\u00C3\u00A9 qui\nDec.\nHawkefVorth, que les Naturels des Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9pofent, autour des endroits o\u00C3\u00B9 ils enterrent\nleurs morts , des guirlandes du fruit du palmier &- |\ndes feuilles de cocos, ainfi que d'autres chofes consacr\u00C3\u00A9es particuli\u00C3\u00A8rement aux c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies fun\u00C3\u00A8bres, &\nqu'ils placent \u00C3\u00A0 peu de diltance des provifions & de\nl'eau : les Naturels des Ifles des Larrons font, dit le\nP\u00C3\u00A8re Gobien, quelques repas autour du tombeau, car\non en \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9 toujours un fur le lieu ou le corps efl enterr\u00C3\u00A9 , ou dans le voifinage ; on le charge de fleurs, de\nbranches de palmiers , de coquillages & de tout ce\nqu'ils ont de plus pr\u00C3\u00A9cieux. 6\u00C2\u00B0. Les O-Ta\u00C3\u00AFtiens (voyez\nla Collection de Hawkefworth, tome II9 page 23e\nde l'original) n'enterrent pas les cr\u00C3\u00A2nes des Chefs\navec le refle des os , mais ils les d\u00C3\u00A9pofent dans des\nbo\u00C3\u00AEtes deftin\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 cet ufage. On retrouve encore aux\nIfles des Larrons cette coutume bizarre; car le Gobien dit expreflement qu'ils gardent les cr\u00C3\u00A2nes en leurs\nmaifons $ qu'ils mettent ces cr\u00C3\u00A2nes dans de petites\ncorbeilles , & que ces Chefs morts font les \u00C3\u0080nitis\nauxquels les Pr\u00C3\u00AAtres adreffent des pri\u00C3\u00A8res. 70. Le Capitaine Cook, en parlant du corps embaum\u00C3\u00A9 de Tee,\nobferve que les O-Ta\u00C3\u00AFtiens font ufage d'huile de\ncocos, &. d'autres ingr\u00C3\u00A9diens, pour frotter les corps\ndes d\u00C3\u00A9funts ; le Gobien dit que les Habitans des Mes\ndes Larrons ont le m\u00C3\u00AAme ufage : d'autres frottent les\nmorts d'huile odorif\u00C3\u00A9rante. 8\u00C2\u00B0. Les O-Ta\u00C3\u00AFtiens croient\n\u00C3\u00A0 l'immortalit\u00C3\u00A9 de l'ame ; ils croient de plus qu'il y\na dans l'autre monde deux endroits qui ont une forte I) E C O O K. 363\n33 femble exclure la plus l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re affection. Rien \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u0094\u00C2\u00BB\u00E2\u0096\u00A0\u00C2\u00BB*\n\u00C2\u00A7 toutefois n'eft plus ordinaire que de les voir 1777*\nDec.\nd'analogie avec notre paradis & notre enfer, mais\nHsne fuppofent pas que les actions de cette vie influent en rien fur l'\u00C3\u00A9tat futur. (Voyez la Collection\nde Hawkefworth, torn. II, page 239 6t 240 de l'original.) On retrouve cette doctrine dans les d\u00C3\u00A9tails\ninf\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9s plus haut , (tome II, page 85) fur les opinions religieufes des Habitans des Ifles des Amis.\nLes Habitans des Mes des Larrons ont le m\u00C3\u00AAme fyf-\nfc\u00C3\u00AAme ; ils font perfuad\u00C3\u00A9s , dit le Gobien, de l'immortalit\u00C3\u00A9 de l'ame ; ils reconnoiffent m\u00C3\u00AAme un paradis &\nun enfer, dont ils fe forment des id\u00C3\u00A9es ajfe^ bigarres;\nce nefi point, felon eux, la vertu ni le crime qui conduit dans ces lieux-l\u00C3\u00A0 ; les bonnes ou les mauva\u00C3\u00AFfes\nactions n'y fervent de rien. 90. Je terminerai cette\nlongue lifte par une autre conformit\u00C3\u00A9 plus finguliere\nencore. On a vu, Livre I, Chap. VII, page 17c\nde ce troifieme Voyage , que fe\u00C3\u00AEon les Habitans de\nla Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande, l'homme qui a \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 tu\u00C3\u00A9 \u00C3\u00B4c mang\u00C3\u00A9\npar l'ennemi, efl condamn\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 un feu \u00C3\u00A9ternel, tandis que les \u00C3\u00A2mes de tous ceux qui meurent de mort\nnaturelle, montent \u00C3\u00A0 la demeure des Dieux. Les Naturels des Mes Larrones ont auffi cette id\u00C3\u00A9e ; felon\nle Gobien, fi on a le malheur de mourir de mort violente , on a l'enfer pour partage.\nDes rapports fi frappans ne peuvent \u00C3\u00AAtre l'effet du\nhafard : lorfqu'on les ajoute \u00C3\u00A0 l'affinit\u00C3\u00A9 dans l'idiome\ndes diverfes peuplades, dont j'ai cit\u00C3\u00A9 des exemples\nau commencement de cette note, on paro\u00C3\u00AEt autorif\u00C3\u00A9\n\u00C3\u00A0 conclure que les Habitans des Mes d\u00C3\u00A9couvertes 364 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nimpitoyablement battues par les hommes ; &\nil efl difficile d'expliquer ces violences , \u00C3\u00A0\nmoins qu'elles ne foient l'effet de la jaloufie,\nqui, de l'aveu des O-T\u00C3\u00A0itiens , tourmente\nquelquefois les deux fexes. J'adopterais cette\nexplication volontiers; car, en bien des oc\u00C3\u00A7afions , j'ai trouv\u00C3\u00A9 les femmes plus fenfibles\naux charmes de la figure, qu'\u00C3\u00A0 des vues d'int\u00C3\u00A9r\u00C3\u00AAts ; mais je dois avouer que m\u00C3\u00AAme alors\n\u00E2\u0080\u009E elles paroifl\u00C3\u00A8nt \u00C3\u00A0 peine fufceptibles de ces fen-\n33 timens d\u00C3\u00A9licats que produit une tendrefle mu-\n3, tuelle 3 & qu'il y a moins d'amour platonique\n3, \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti 3 que dans aucun autre pays du\n3, monde.\n3, Des id\u00C3\u00A9es de propret\u00C3\u00A9 firent imaginer aux\n\u00E2\u0080\u009E O-Ta\u00C3\u00AFtiens l'amputation ou l'incifion du pr\u00C3\u00A9-\n3, puce 3 & ils ont, dans leur langue , une\npar le Capitaine Cook dans l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique du\nSud, & ceux que les Efpagnols ont trouv\u00C3\u00A9s aux Ifles\ndes Larrons ou aux Marianes , dans Ph\u00C3\u00A9mifphere\nfeptentrial , ont tir\u00C3\u00A9 leur langue, leurs ufages &\nleurs opinions d'une fource commune, &. qu'on peut\nles regarder comme des Tribus difperf\u00C3\u00A9es d'une m\u00C3\u00AAme\nNation.\nVoyez l'Hiftoire des Ifles Marianes, par le P\u00C3\u00A8re\nle Gobien Liv. II, ou l'Extrait de cet Ouvrage,\ndans l'Hiftoire des Navigations aux Terres Auflrahs,\ntome II, pages 492-512. de Cook. 365\n\u00C3\u00A9pithete injurieufe, pour ceux qui n'obfervent :\npas cet ufage. Lorfqu'il y a, dans un diftrict,\ncinq ou fix petits gar\u00C3\u00A7ons d'un \u00C3\u00A2ge convenable, le p\u00C3\u00A8re de l'un d'eux va en avertir le\nTahoua, ou l'un des Savans du pays ; le Ta-\nhoua, fulvi d'un domeftique, men\u00C3\u00A9 les petits\ngar\u00C3\u00A7ons au fommet d'une colline; apr\u00C3\u00A8s avoir\ndonn\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 l'un d'eux une attitude propre \u00C3\u00A0 l'op\u00C3\u00A9ration, il introduit un morceau de bois au-\ndeflbus du pr\u00C3\u00A9puce, & il lui dit de regarder\nde tel c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, une chofe bien curieufe : tandis\nque le jeune homme efl occup\u00C3\u00A9 d'un autre objet, le Pr\u00C3\u00AAtre coupe, avec une dent de requin,\n& ordinairement d'un feu! coup, le pr\u00C3\u00A9puce\n\u00C3\u00A9tabli fur le morceau de bois ; il f\u00C3\u00A9pare en-\nfuite , ou plut\u00C3\u00B4t il replie en arri\u00C3\u00A8re les parties\ndivif\u00C3\u00A9es, & ayant band\u00C3\u00A9 la plaie, il fait la\nm\u00C3\u00AAme op\u00C3\u00A9ration au refle des jeunes gens. Les\nnouveaux circoncis fe baignent cinq jours apr\u00C3\u00A8s;\non \u00C3\u00B4te leurs bandages & on nettoie leur plaie ;\nle dixi\u00C3\u00A8me jour ils fe baignent de nouveau, &\nI ils fe portent bien ; mais la partie o\u00C3\u00B9 s'eft faite\nfincifion, offre encore une grofl\u00C3\u00A8ur, & le Ta-\nj houa, toujours fuivi d'un domeftique, men\u00C3\u00A9\n, une f\u00C3\u00A9conde fois les petits gar\u00C3\u00A7ons fur la col-\n, line, y allume du feu, & il place le pr\u00C3\u00A9-\n> puce entre deux pierres chaudes, il le preff\u00C3\u00A8\n1777.\nDec. %66 Troisi\u00C3\u00A8me Voyag\u00C3\u00A9\ndoucement, ce qui d\u00C3\u00A9truit la grof\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8ur. Le|\nnouveaux circoncis retournent alors chez eux,\nla t\u00C3\u00A8te & le corps orn\u00C3\u00A9s de fleurs odorif\u00C3\u00A9rantes ; leurs p\u00C3\u00A8res donnent \u00C3\u00A0 l'Op\u00C3\u00A9rateur des co*\n; chons & des \u00C3\u00A9toffes, & ils proportionnent la\nr\u00C3\u00A9compenfe \u00C3\u00A0 fon habilet\u00C3\u00A9 ; s'ils font pauvres,\nla famille fe charge du pr\u00C3\u00A9fent.\n\u00E2\u0080\u009E Le fyft\u00C3\u00AAme religieux des O-Ta\u00C3\u00AFtiens efl fort\n\u00C3\u00A9tendu & fingulier fur un grand nombre de\npoints, mais il y a peu d'individus du bas-peu*\n5, pie qui le connoifl\u00C3\u00A8nt parfaitement : cette con*\nnoifl\u00C3\u00A0nce fe trouve fur-tout parmi les Pr\u00C3\u00AAtres,\ndont la clafl\u00C3\u00A8 efl tr\u00C3\u00A8s-nombreufe. Ils croient\nqu'il y a plufieurs Dieux, dont chacun eft\n, tr\u00C3\u00A8s-puiflant, mais ils ne paroiflent pas admet-\n\u00E2\u0080\u009E tr\u00C3\u00A8 une Divinit\u00C3\u00A9 fup\u00C3\u00A9rieure aux autres. Les\ndiff\u00C3\u00A9rens diftri\u00C3\u00A9ts & les diverfes Mes des envi*\nrons, ayant des Dieux divers, les Habitans de\nchacun de ces diftri\u00C3\u00A9ts, & de chacune de ces\n5, terres, imaginent, fans doute, avoir choifi le\nplus refpe\u00C3\u00A9table, ou*du moins, une Divinit\u00C3\u00A9\nrev\u00C3\u00AAtue d'afl\u00C3\u00A8z de pouvoir pour les prot\u00C3\u00A9ger,\n& pour fournir \u00C3\u00A0 tous leurs befoins. Si ce\nDieu ne fatisfait pas leurs efp\u00C3\u00A9rances, ils ne\npenfent pas qu'il foit impie d'en changer |\nc'eft ce qui efl arriv\u00C3\u00A9 derni\u00C3\u00A8rement \u00C3\u00A0 Tiarra*\nboo 3 o\u00C3\u00B9 l'on a fubftitu\u00C3\u00A9 aux deux Divinit\u00C3\u00A9s 95\nde Cook. 367\nanciennes, Oraa, \u00C3\u0087a) Dieu de Bolabola, peut-\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00AAtre, parce qu'il efl le protecteur d'une peu-\n\u00E2\u0080\u009E plade qui a \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 triomphante \u00C3\u00A0 la guerre ; & -,\n\u00E2\u0080\u009E comme depuis cette \u00C3\u00A9poque, ils ont eu des\n\u00E2\u0080\u009E fucc\u00C3\u00A8s contre la Tribu d'O-Ta\u00C3\u00AFti-nooe, ils at-\n\u00E2\u0080\u009E tribuent leurs vi\u00C3\u00A9tokes \u00C3\u00A0 Oraa, qui, felon\n,3 leur expreflion, combat pour eux.\n\u00E2\u0080\u009E Ils fervent leurs Dieux avec une affiduit\u00C3\u00A9\n5, remarquable : outre que les grands Whattas,\n,3 c'eft-\u00C3\u00A0-dire, les endroits des Morai, o\u00C3\u00B9 l'on\n\u00E2\u0080\u009E d\u00C3\u00A9pofe les offrandes, font ordinairement char-\n\u00E2\u0080\u009E g\u00C3\u00A9s d'animaux & de fruits, on rencontre peu\n3, de maifons qui n'en aient pas un petit dans\n53 leur voifinage. Les habitans des Mes de l\u00C5\u0093\n\u00E2\u0080\u009E Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 font, fur ces mati\u00C3\u00A8res, d'une rigidit\u00C3\u00A9\n\u00E2\u0080\u009E fi fcrupuleufe, qu'ils ne commencent jamais\nI un repas, fans mettre de c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 un morceau\n\u00E2\u0080\u009E pour YEatooa.he f\u00C3\u00A0crifice humain dont nous\n\u00E2\u0080\u009E avons \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 t\u00C3\u00A9moins durant ce voyage, montre\n\u00E2\u0080\u009E afl\u00C3\u00A8z jufqu'o\u00C3\u00B9 ils portent leur z\u00C3\u00A8le religieux &\n\u00E2\u0080\u009E leur fanatifme. Il para\u00C3\u00AEt s\u00C3\u00BBr, que les f\u00C3\u00A0crifices\n\u00E2\u0080\u009E humains reviennent fr\u00C3\u00A9quemment; ils ont peutr\n3, \u00C3\u00AAtre recours \u00C3\u00A0 cet exp\u00C3\u00A9dient abominable, quand\n(a) On trouve encore ici le m\u00C3\u00AAme mot \u00C3\u00A9crit d'une\nmani\u00C3\u00A8re diff\u00C3\u00A9rente, par M. Anderfon &. le Capitaine\nCook, Le dernier, ainfi qu'on l'a vu plus haut, \u00C3\u00A9crit\nQUa. W-\n1777.\nDec.\nM 1777*\nDec.\n368 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u009E ils \u00C3\u00A9prouvent des contre-temps f\u00C3\u00A2cheux ; car\n1 ils nous demand\u00C3\u00A8rent, fi l'un de nos gens,\n\u00E2\u0080\u009E d\u00C3\u00A9tenu en prifon \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9poque o\u00C3\u00B9 nous nous\n,5 trouvions arr\u00C3\u00AAt\u00C3\u00A9s par des vents contraires, \u00C3\u00A9toit\n\u00E2\u0080\u009E Taboo? Leurs pri\u00C3\u00A8res font auffi tr\u00C3\u00A8s-fr\u00C3\u00A9quen-\n\u00E2\u0080\u009E tes 3 ils les chantent \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s fur le m\u00C3\u00AAme\n33 ton que les ballades de leurs jeux. On apper-\n,5 \u00C3\u00A7oit encore l'inf\u00C3\u00A9riorit\u00C3\u00A9 des femmes dans les\n33 pratiques religieufes ; on les oblige \u00C3\u00A0 fe d\u00C3\u00A9-\n3, couvrir en partie, lorfqu'elles pafl\u00C3\u00A8nt devant\n5, les Morals, ou \u00C3\u00A0 faire un long d\u00C3\u00A9tour po\u00C3\u00AFM\n33 \u00C3\u00A9viter les lieux d\u00C3\u00A9f\u00C3\u00AEmes au culte public. Selon\n33 leur mythologie, Dieu n'eft pas cenf\u00C3\u00A9 leur ac-\n\u00E2\u0080\u009E corder toujours des bienfaits fans jamais les\n3, oublier, & fans permettre qu'il leur arrive\n5, du mal ; cependant, lorfqu'ils efluient des\n\u00E2\u0080\u009E malheurs, ils femblent y voir les effets d'un\n3, \u00C3\u00AAtre mal-faif\u00C3\u00A0nt, qui veut leur nuire. Ils difent\n3, qu'Et\u00C3\u00A9e efl un efprit mal-faifant, qui leur fait\n33 quelquefois du mal ; ils lui pr\u00C3\u00A9fentent des of\n\u00E2\u0080\u009E fraudes, ainfi qu'\u00C3\u00A0 leur Dieu ; mais ce qu'ils\n5, redoutent des \u00C3\u00AAtres invifibles 3 fe borne \u00C3\u00A0 des\n33 chofes purement temporelles.\n35 Ils croient que l'ame efl immat\u00C3\u00A9rielle & im-\n,5 mortelle. Ils difent qu'elle voltige autour des\n,5 l\u00C3\u00A8vres du mourant, pendant les derni\u00C3\u00A8res an-\n33 goifl\u00C3\u00A8s, & qu'elle monte enfuite aupr\u00C3\u00A8s du\n\u00E2\u0080\u009E Dieu, DE C O O K.\ntf9\n,3 Dieu3 qui la r\u00C3\u00A9unit \u00C3\u00A0 fa propre fubflance, ou, =\n\u00E2\u0080\u009E felon leur expreffion, qui la mange ; qu'elle\n\u00E2\u0080\u009E demeure quelque temps dans cet \u00C3\u00A9tat ; qu'elle\n,5 pafl\u00C3\u00A8 enfuite au lieu deftin\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 la r\u00C3\u00A9ception de\n,5 toutes les \u00C3\u00A2mes humaines; qu'elle y vit au mi-\n\u00E2\u0080\u009E lieu d'une nuit \u00C3\u00A9ternelle , ou , comme ils le\n\u00E2\u0080\u009E difent quelquefois, au milieu d'un cr\u00C3\u00A9pufcule\n\u00E2\u0080\u009E qui ne finit jamais. Ils ne penfent pas que les\nL, crimes commis fur la terre, foient punis apr\u00C3\u00A8s\n\u00E2\u0080\u009E la moi\u00C2\u00A3d*une mani\u00C3\u00A8re permanente; car le Dieu\n,\u00E2\u0080\u009E mange indiff\u00C3\u00A9remment les \u00C3\u00A2mes des bons &\ncelles des m\u00C3\u00A9chans. Mais il efl s\u00C3\u00BBr qu'ils regardent cette r\u00C3\u00A9union \u00C3\u00A0 la Divinit\u00C3\u00A9, comme une\npurification n\u00C3\u00A9ceff\u00C3\u00A8ke,7Jpur arrivera l'\u00C3\u00A9tat de\nbonheur ; .en effet, felon leur doctrine, fi un\nhomme s'abftient des femmes, quelques mois\n\u00E2\u0080\u009E avant de mourir, il pafl\u00C3\u00A8 tout de fuite dans fil\n33 demeure \u00C3\u00A9ternelle, fans avoir befoin de cette\n\u00E2\u0080\u009E union pr\u00C3\u00A9liminaire; ils imaginent qu'il eft afl\u00C3\u00A8z\n\u00E2\u0080\u009E purifi\u00C3\u00A9 par cette abftinence, & affranchi de la\n,, loi g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale.\n3, Toutefois ils font loin de fe former fur le\n,3 bonheur de l'autre vie, les id\u00C3\u00A9es fublimes que\n\u00E2\u0080\u009E nous offrent notre Religion & m\u00C3\u00AAme notre\n3, raifon. L'immortalit\u00C3\u00A9 efl le feul privilege im-\n33 portant qu'ils femblent efp\u00C3\u00A9rer ; car s'ils croient\n,3 les \u00C3\u00A2mes d\u00C3\u00A9pouill\u00C3\u00A9es de quelques-unes des\n1777.\nDec.\nTome IL\nAa 37o Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00C3\u00AE=?^s \u00E2\u0080\u009E pallions qui les animoient tandis qu'elles fe\n1777. 55 trouvoient r\u00C3\u00A9unies au{corps, ils ne fuppofer\u00C3\u00AEt\nDec. 33 pas qu'elles en foient abfolument affranchies.\n,3 auffi 3 les \u00C3\u00A2mes qui ont \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 ennemies fur la terre,\n,3 fe livrent-elles des combats lorfqu'elles fe reh-\n,5 contrent; mais il para\u00C3\u00AEt que ces d\u00C3\u00A9m\u00C3\u00AAl\u00C3\u00A9s n'a-\n\u00E2\u0080\u009E boutiflent \u00C3\u00A0 rien, puifqu'elles font r\u00C3\u00A9put\u00C3\u00A9es km\n,5 vuln\u00C3\u00A9rables. Ils ont la m\u00C3\u00AAme id\u00C3\u00A9e de la ren-\n\u00E2\u0080\u009E contre d'un homme & d'une femme. Si le mari\n33 meurt le premier, il reconno\u00C3\u00AEt l'ame de fon\nI \u00C3\u00A9poufe 3 d\u00C3\u00A8s le moment o\u00C3\u00B9 elle arrive dans la\n33 terre des EfprksV il fe fait reconnoitre dans\n3, une maifon fpaci\u00C3\u00AAuf\u00C3\u00AB, appellee Tour ova, o\u00C3\u00B9\n35 fe rafl\u00C3\u00A8mblent les ames/des morts, pour fe di-\n,5 vertir avec les Dieux. Les deux \u00C3\u00A9poux vont\nenfuite occuper une habitation f\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9e, o\u00C3\u00B9 ils\ndemeurent \u00C3\u00A0 jamais, & o\u00C3\u00B9 ils font des enfans;\nau refle, ils ne procr\u00C3\u00A9ent que des \u00C3\u00AAtres fpiri-\ntuels, car leur mariage & leurs embrafl\u00C3\u00A8mens \\nne font pas les m\u00C3\u00AAmes que ceux des \u00C3\u00AAtres ^\ncorporels.\n33 Leurs id\u00C3\u00A9es fur la Divinit\u00C3\u00A9, font d'une ex-\n93 travagance abfurde. Ils la croient foumife au poin\n33 voir, de ces m\u00C3\u00AAmes Efprits, \u00C3\u00A0 qui elle a donn\u00C3\u00A9\n3, l'\u00C3\u00AAtre ; ils imaginent que ces Efprits la rnatf-\n,5 gent fouvent, mais ils lui fuppofent la facult\u00C3\u00A9\n3, de fe reproduire. Ils emploient fans doute ici DE COO K.\nOY\n95\n59\n\u00E2\u0080\u009E Pexpreffion de manger, parce qu'ils ne peu- -\n\u00E2\u0080\u009E vent parler des chofes immat\u00C3\u00A9rielles, fans re-\n5-5 courir \u00C3\u00A0 des objets mat\u00C3\u00A9riels. Ils ajoutent que\n55 la Divinit\u00C3\u00A9 demande aux \u00C3\u008B\u00C3\u00AFprits, afl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9s\n,3, dans le Tour ova, s'ils ont le projet de l^d\u00C3\u00A9*\ntruire; que fi les Efprits ont pris cette r\u00C3\u00A9folu-\n$$&, elle ne peut la changer. Les Habitans\nde la terr\u00C3\u00A9 f\u00C3\u00AB croient inflruits de ce qui fe pafl\u00C3\u00A8\ndans la r\u00C3\u00A9gion des Efprits ; car \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9poque o\u00C3\u00B9\nla lune efl dans fon d\u00C3\u00A9clin y ils difent que les\nEfprits mangent leur Eatooa, & que la reproduction de YEatooa avance, lorfque la lune eft\n, dans fon plein. Les Dieux les plus puiflans font\n, fujets a \u00C3\u00AB\u00C3\u00AB\u00C3\u00AE^\u00C3\u00A0ce\u00C3\u00AFdent, ainfi que les Divinit\u00C3\u00A9s\n!, fubalt\u00C3\u00A9rnes,r\u00C3\u00AFls penfent auffi qu'il y a d'autres\n, endroits deftin\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 recevoir les \u00C3\u00A2mes apr\u00C3\u00A8s la\n;, mort. Ceux, par exemple, qui:f\u00C3\u00A8 noient dans\n\u00E2\u0080\u009E la mer, y demeurent au fein des flots ; ils y\n\u00E2\u0080\u009E trouvent un beau pays, des maifons', & tout\n\u00E2\u0080\u009E ce qui'petit les rendre heureux. Ils foutiennent\nj, de plus, que tous les animaux, que l\u00C3\u00A8s arbres,\nI les fruits & m\u00C3\u00AAme les pierres, ont des \u00C3\u00A2mes,\nI qui, \u00C3\u00A0 l'inflant de la: mort, ou de l\u00C3\u00A0 diflblu-\n33 tion 5 montent aupr\u00C3\u00A8s de la Divinit\u00C3\u00A9, \u00C3\u00A0 la-\n33 quelle ces fubftances s'incoporent d'abord,\n33 pour pafl\u00C3\u00A8r enfuite dans la demeure particu-\n3, liere qui leur efl; deftin\u00C3\u00A9e.\nAa %\n1777.\nD&- 1777-\nDec.\n^\n55\n3?\n55\n372 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nJj 33 Ils font perfuad\u00C3\u00A9s que la pratique exacte de\nI leurs devoirs religieux, leur procure toute forte\nd'avantages,temporels; & comme ils affurepj~3\nque l'a\u00C3\u00A9ti^rpuifl\u00C3\u00A0nte & vivifiante de l'efpr\u00C3\u00AEt\njdgr Dieu efl r\u00C3\u00A9pandue par-tout, on ne doif;\npas s'\u00C3\u00A9tonner s'ils orffigne fbule^d\u00C3\u00A9e^i^g\nperftitieufes fur fes op\u00C3\u00A9rations. Ilsi difent qi$B\nles morts fubites, & tous les autres accidens,\n2, ) font l'effet de l'action imm\u00C3\u00A9diate de quelque\n3, Divinit\u00C3\u00A9. Si un homme fe heurte contre mxe\n5, pierre, & fe blefl\u00C3\u00A8 l'orteil, ils attribuent h\nmeurtriflure \u00C3\u00A0 Y Eat 00 a; en forte que, felon\nleur mythologie, ils marchent r\u00C3\u00A9ellement fur\nune terre enchant\u00C3\u00A9e. Ils trefl\u00C3\u00A0illent pendant la\nnuit* lorfqu'ils approchent d'un Toopapaoo,\no\u00C3\u00B9 font expof\u00C3\u00A9sles morts, ainfi que les hommes ignorans & f^erftitieux de nos contr\u00C3\u00A9es\nde A'Europe, redoutent les Efprits, \u00C3\u00A0 la vue\nd'un Cimeti\u00C3\u00A8re. Ils croient auffi aux fonges,,\nqu'ils prennent pour des avis de leur Dieu,\n.aides Efprits de leurs Amis d\u00C3\u00A9funts, & ils\nfuppofent le don de pr\u00C3\u00A9dire l'avenir \u00C3\u00A0 ceux\nqui ont des r\u00C3\u00AAves ; au refle, ils n'attribuent\nqu'\u00C3\u00A0 quelques perfonnes ce don de proph\u00C3\u00A9tie.\nOma\u00C3\u00AF pr\u00C3\u00A9tendoit l'avoir ; il nous dit le 26 Juillet 17765 que l'ame de fon p\u00C3\u00A8re l'avoit averti\nen fonge, qu'il defcendroit \u00C3\u00A0 terre dans trois de Cook.\n373\n95\njours ; mais il ne put triompher \u00C3\u00A0 l'occafion :\nde fa proph\u00C3\u00A9tie, car nous n'arriv\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 T\u00C3\u00A9 n\u00C3\u00A9-\nrifle que le premier Ao\u00C3\u00BBt. La r\u00C3\u00A9putation de\nceux qui ont des fonges approche beaucoup\nde celle de leurs Pr\u00C3\u00AAtres & de leurs JPr\u00C3\u00AAtreff\u00C3\u00A8s\ninfpir\u00C3\u00A9s, auxquels ils ajoutent une foi aveugle,\n& dont ils fuivent les d\u00C3\u00A9cifions, toutes les fois\nqu'ils forment un projet important. Opoony\nrefpe\u00C3\u00A9te beaucoup la Pr\u00C3\u00AAtrefl\u00C3\u00A8 qui lui perfuada\nd'envahir Ulietea, & il ne va jamais \u00C3\u00A0 la guerre\nfans la confulter. Ils adoptent de plus, \u00C3\u00A0 quelques \u00C3\u00A9gards , notre vieille doctrine de l'influence des Plan\u00C3\u00A8tes, du moins ils r\u00C3\u00A8glent, en\ncertains cas, leurs d\u00C3\u00A9lib\u00C3\u00A9rations publiques fur\nles afpe\u00C3\u00A9ts de la Lune : par exemple, ils entreprennent une guerre , & ils comptent fur\ndes fucc\u00C3\u00A8s, lorfque cette Plan\u00C3\u00A8te efl couch\u00C3\u00A9e\nhorizontalement, ou fort inclin\u00C3\u00A9e dans fa partie convexe, apr\u00C3\u00A8s fon renouvellement.\n,3 Leur fyft\u00C3\u00AAme fur la cr\u00C3\u00A9ation de l'univers,\nefl embrouill\u00C3\u00A9, obfcur & extravagant, comme\non l'imagine bien. Ils difent qu'une D\u00C3\u00A9efle\nayant un bloc ou une maff\u00C3\u00A8 de terre fufpen-\ndue \u00C3\u00A0 une corde , la lan\u00C3\u00A7a loin d'elle , &\nen r\u00C3\u00A9pafldit aux environs des morceaux, tels\nqu'O-Ta\u00C3\u00AFti & les Mes vo\u00C3\u00AEfines, dont les divers habitans viennent d'un homme-& d'une\nAa 1 374\nl777-\nDec.\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyage\n,5 femme \u00C3\u00A9tablis \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti. Il ne s'agit cepen-\n3, dant que de la cr\u00C3\u00A9ation imm\u00C3\u00A9diate de leur\n33 contr\u00C3\u00A9e; car ils admettent une cr\u00C3\u00A9ation uni-\n\u00E2\u0080\u009E verfelle ant\u00C3\u00A9rieure \u00C3\u00A0 celle-ci, &- ils croient \u00C3\u00A0\nPexiftence de plufieurs terres qu'ils ne con- .\nnoiflent que par tradition ; mais leurs id\u00C3\u00A9es\ns'arr\u00C3\u00AAtent \u00C3\u00A0 Tatooma \u00C3\u00B4ckTapuppa, pierres\n& rochers m\u00C3\u00A2le & femelle , qui forment le\nnoyau du globe, ou qui foutiennent Pafl\u00C3\u00A8m-\nblage de terre & d'eau jette \u00C3\u00A0 fa furface. Tatooma & Tapuppa praduifirent Totorro, qui\nfut tu\u00C3\u00A9 & d\u00C3\u00A9compof\u00C3\u00A9 en terre , & enfuite\nO-Ta\u00C3\u00AFa & Oroo, qui s'\u00C3\u00A9pouferent & qui donn\u00C3\u00A8rent d'abord naifl\u00C3\u00A0nce \u00C3\u00A0 une terre, & en-\nfuite \u00C3\u00A0 une race de Dieux. O-Ta\u00C3\u00AFa fut tu\u00C3\u00A9,\n& Or oo, qui \u00C3\u00A9toit de l'efpece femelle, \u00C3\u00A9poufa\nun Dieu, fon fils, appelle Teerraa, \u00C3\u00A0 qui\nelle ordonna de cr\u00C3\u00A9er de nouvelles terres, les\nanimaux & les diff\u00C3\u00A9rentes efpeces de comefti-\nbles, qu'on trouve fur le Globe, ainfi que le\nfirmament, foutenu par des hommes, appelles\nTeeferei. Les taches qu'on obferve dans la\n\u00E2\u0080\u009E Lune, font, \u00C3\u00A0 leurs yeux, des bocages d'une\n33 forte d'arbres qui croiflbient jadis \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti;\n35 ces arbres ayant \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 d\u00C3\u00A9truits par un accident,\n33 leurs femences furent port\u00C3\u00A9es dans la Lune\n\u00E2\u0080\u009E par des colombes. r>\n0 \u00C2\u00B0 k.. 375\n\u00E2\u0080\u009E Ils ont d'ailleurs une multitude de l\u00C3\u00A9gendes ;\nreligieufes & hiftoriques ; l'une des derni\u00C3\u00A8res\na rapport \u00C3\u00A0 l'ufage de manger de la chair humaine , & je vais en donner le pr\u00C3\u00A9cis. Deux\nhommes, appelles Taheeai, feul nom qu'ils\nemploient pour d\u00C3\u00A9figner des Cannibales, vi-\nvoient \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti il y a bien long-temps : on\nne favoit pas d'o\u00C3\u00B9 ils fortoient, ni comment\nils \u00C3\u00A9toient arriv\u00C3\u00A9s dans l'Ifle. Ils habitoient les\nmontagnes qu'ils avoient coutume de quitter\npour venir tuer les gens du pays ; ils man-\ngeoient enfuite les hommes qu'ils maflacroient,\n& ils arr\u00C3\u00AAtoient les progr\u00C3\u00A8s de la population.\nDeux fr\u00C3\u00A8res r\u00C3\u00A9folurent de d\u00C3\u00A9truire ces monf-\ntres formidables, & ils imagin\u00C3\u00A8rent un ftrata-\ng\u00C3\u00AAme qui leur r\u00C3\u00A9uffit. Ils habitoient auffi les '\nmontagnes, un peu au-deflus des Taheeai,\n& ils occupoient un pofte, d'o\u00C3\u00B9 ils pouvoient\nleur parler fans trop expofer leurs jours. Ils\nles invit\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 un repas que les Taheeai accept\u00C3\u00A8rent de bon c\u00C5\u0093ur;\" ayant fait chauffer\ndes pierres, ils les mirent dans du Mahee-, &\nils dirent \u00C3\u00A0 l'un des Taheeai d'ouvrir la bouche : le Taheeai ouvrit la bouche ; on y laifl\u00C3\u00A0\ntomber un de ces morceaux de Mahee & on\ny verfa de l'eau, laquelle, en fe m\u00C3\u00AAlant avec\nla pierre chaude, produifit un bouillonnement\nAa 4\nl777>\nDec, 1777-\nDec.\n55\n55\n376 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nqui tua le monflre quelque temps apr\u00C3\u00A8s. Les\ndeux fr\u00C3\u00A8res voulurent engager Pautre \u00C3\u00A0 faire la\nm\u00C3\u00AAme chofe ; mais le f\u00C3\u00A9cond Cannibale, frapp\u00C3\u00A9\ndu bouillonnement de Peftomac de fon camarade, les remercia; on Paflura que le Mahee\n\u00C3\u00A9toit excellent ,. & que ce bouillonnement\npafl\u00C3\u00A8rok bien v\u00C3\u00AEte, & il fut fi cr\u00C3\u00A9dule, qulil\nouvrit la bouche & fubit le fort, du premier.\nLes Naturels alors les coup\u00C3\u00A8rent en morceaux,\nqu'ils enterr\u00C3\u00A8rent, & ils donn\u00C3\u00A8rent, par reconnoifl\u00C3\u00A0nce , le gouvernement de l'Ifle aux deux\nfr\u00C3\u00A8res. Les Taheeais r\u00C3\u00A9fidoient dans le diftrict\nappelle IVhapaneeoo, & on y trouve encore\naujourd'hui un arbre \u00C3\u00A0 pain, qui, dit-on, leur\napparteno\u00C3\u00AEt. Une femme qui vivoit avec eux,\navoit deux dents d'une grofl\u00C3\u00A8ur prodigieufe,\napr\u00C3\u00A8s leur mort, elle alla s'\u00C3\u00A9tablir \u00C3\u00A0 O-Taha;\n& les Infulaires la mirent au nombre de leurs\nd\u00C3\u00A9efies, lorfqu'elle eut rendu le dernier foupir.\nElle ne mang\u00C3\u00A9oit pas de la chair humaine\n95\n55\n95\n5, comme fes deux \u00C3\u00A9poux ; mais, d'apr\u00C3\u00A8s la gran-\n3, deur de fes dents 5 on donne le nom de Ta-\ny, heeai \u00C3\u00A0 tout animal qui a un afpe\u00C3\u00A9t farouche\n\u00E2\u0080\u009E ou de larges crocs.\n,5 On doit avouer que cette Hifloire a la vrai-\n55 femblance de celle d'Hercule, d\u00C3\u00A9truifant l'Hy-\n93 dre, ou des Tueurs de G\u00C3\u00A9ants, dont parlent de Cook. 377\n3, les Romanciers des derniers fiecles^mais j'y ;\n\u00E2\u0080\u009E trouve auffi peu de moralit\u00C3\u00A9, q\u00C3\u00BB# dans la plu-\n,5 part des vieilles fables de la m\u00C3\u00AAme efpece,\n33 re\u00C3\u00A7ues comme des v\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9s par des peuples igno-\n33 rans, dont la c\u00C3\u00AFHlifation peut \u00C3\u00AAtre compar\u00C3\u00A9e,\n,5 \u00C3\u00A0 quelques \u00C3\u00A9gards, \u00C3\u00A0 la civilifation des Natu-\n,5 rels des Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. Elle efl d'ailleurs\n33 heureufement imagin\u00C3\u00A9e, car elle exprime Pa-\n3, verfion & l'horreur qu'infpirent ici les Canni-\n55 baies. Plufieurs raifons feraient croire cepen-\n,5 dant que 1er Habitans de ces Mes mangeoient\n35 jadis de la chair humaine. J'interrogeai Oma\u00C3\u00AF\n3, fur ce point ; il foutint de la mani\u00C3\u00A8re la plus\n55 pofitive 5 que je me trompois, mais il me\n55 conta un fait dont il avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 t\u00C3\u00A9moin g & qui\nl^confirme prefque cette opinion. Un grand nom-\n33 bre de fes parens & de fes alli\u00C3\u00A9s furent tu\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0\n\u00E2\u0080\u009E l'\u00C3\u00A9poque o\u00C3\u00B9 la peuplade de Bolabola battit\n\u00E2\u0080\u009E celle de Huaheine. Un homme de fa famille\n33 eut enfuite occafion de fe venger; il battit \u00C3\u00A0\n,3 fon tour les Infulaires de Bolabola, & cou-\n,5 pant un morceau de la cuifl\u00C3\u00A8 de l'un de fes\n35 ennemis, il le r\u00C3\u00B4tit, & il le mangea. M.Cook\n,5 a racont\u00C3\u00A9 plus haut, qu'on offre au Roi un\n,3 \u00C5\u0093il du malheureux qu'on facrifie aux Dieux,\n3, & nous n'avons pu nous emp\u00C3\u00AAcher de voir\n.3, dans cet ufage les relies d'une coutume qui Dec.\n9?\n55\n5?\n95\n99\n378 Troisi\u00C3\u00A8me V o y a g e\ns \u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00A9toit, jadis, beaucoup plus \u00C3\u00A9tendue, & dont\nl7?7* 99 cette c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie embl\u00C3\u00A9matique rappelle le fou-\n,, venir.\n\u00E2\u0080\u009E Le Roi efl inverti du Maro, il pr\u00C3\u00A9fide aux\nf\u00C3\u00A0crifices humains; & il para\u00C3\u00AEt que ce font l\u00C3\u00A0\nles privileges diftinctifs de fa Soudainet\u00C3\u00A9. II\nfaut peut-\u00C3\u00AAtre y ajouter celui de fonner d'une\nconque, qui produit un fon tr\u00C3\u00A8s-\u00C3\u00A9clatant. D\u00C3\u00A8s\nqu'il donne ce lignai, tous fes fujets font obli-\n\u00E2\u0080\u009E g\u00C3\u00A9s de lui apporter des comeftibles de diff\u00C3\u00A9-\n\u00E2\u0080\u009E rentes efpeces, en proportion de leurs facult\u00C3\u00A9s.\n33 Son nom feul leur infpire un refpe\u00C3\u00A9t, qui va\n3, jufqu'\u00C3\u00A0 l'extravagance, & il les rend quelque-\n,3 fois cruels. Lorfqu'on le rev\u00C3\u00AAt du fymbole de\n,5 la Royaut\u00C3\u00A9 5 s'il y a dans lalgngue des mots qui\n\u00E2\u0080\u009E aient de la refl\u00C3\u00A8mblance avec celui de Maro,\n\u00E2\u0080\u009E on les change, & on en fubftitue d'autres:\n\u00E2\u0080\u009E l'homme qui a enfuite la hardiefle de ne pas\n,5 fe foumettre au changement, & de continuer\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00A0 fe fervir des mots profcrks, efl fur-le-champ\n\u00E2\u0080\u009E mis \u00C3\u00A0 mort, avec toute fa famille. On traite\n3, d'une mani\u00C3\u00A8re auffi barbare ceux qui s'avifent\n\u00E2\u0080\u009E d'appeller un animal, du nom du Prince. D'a-\n\u00E2\u0080\u009E pr\u00C3\u00A8s cet ufage, Oma\u00C3\u00AF fut toujours indign\u00C3\u00A9 de\n\u00E2\u0080\u009E' voir que les Anglois donnent, \u00C3\u00A0 des chevaux\n\u00E2\u0080\u009E\u00C2\u00BB ou \u00C3\u00A0 des chiens, les noms d'un Prince, ou\n\u00E2\u0080\u009E d'une Princefl\u00C3\u00A8. Au refle, tandis que les de Coo k. 379\n33 O-Ta\u00C3\u00AFtiens punifl\u00C3\u00A8nt de mort quiconque em-\n3, ploie l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8rement le nom de leur Souverain,\n\u00E2\u0080\u009E ils fe contentent de confifquer les terres & les\n35 cabanes de ceux qui outragent fon adminif-\n\u00E2\u0080\u009E tration.\n\u00E2\u0080\u009E Le Roi a, dans chaque Diftrict, des mai-\n53 fons qui lui appartiennent; & il n'entre jamais\n33 dans la maifon d'un de fes fujets. Si un aec\u00C3\u00AF-\n,5 dent l'oblige \u00C3\u00A0 s'\u00C3\u00A9carter de cette r\u00C3\u00A8gle, on\n\u00E2\u0080\u009E br\u00C3\u00BBle la maifon qu'il a honor\u00C3\u00A9e de fa pr\u00C3\u00A9fence,\nainfi que tous les meubles qu'elle renferme.\nNon-feulement fes fujets fe d\u00C3\u00A9couvrent devant\nlui, jufqu'\u00C3\u00A0 la ceinture ; mais lorfqu'il efl quel-\n3, que part3 on drefl\u00C3\u00A8, dans les environs, unpo-\n33 teau 5 garni d'une piece d'\u00C3\u00A9toffe, auquel ils\n\u00E2\u0080\u009E rendent les m\u00C3\u00AAmes honneurs. Les Naturels des\n3, deux fexes fe d\u00C3\u00A9couvrent \u00C3\u00A9galement jufqu'\u00C3\u00A0 la\n3, ceinture, devant fes fr\u00C3\u00A8res ; mais les femmes\n5, feules fe d\u00C3\u00A9couvrent devant les femmes du fang\n\u00E2\u0080\u009E Royal. En un mot, ils portent jufqu'\u00C3\u00A0 la fu-\n\u00E2\u0080\u009E perflation, leur refpe\u00C3\u00A9t pour le Roi, & fa perfonne efl prefque facr\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 leurs yeux. Il doit\n55 peut-\u00C3\u00AAtre, \u00C3\u00A0 ces pr\u00C3\u00A9jug\u00C3\u00A9s, la pof\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8ffion traijr\nj, quille de fes Domaines. Les Naturels du Dif-\n\u00E2\u0080\u009E tri\u00C3\u00A9t de Tiarraboo conviennent qu'il a dra^t\n\u00E2\u0080\u009E aux m\u00C3\u00AAmes honneurs parmi eux, quoique leur\n\u00E2\u0080\u009E Chef particulier leur paroifl\u00C3\u00A8 plus puiflahf!'\n55\n55\n5?\n1777.\nDec.\nm 3&0 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0'\u00E2\u0096\u00A0 \" 33 quoiqu'ils le fuppofent h\u00C3\u00A9ritier du Gouverne-\n*777* 35 ment de l'Ifle, en cas de Pextin\u00C3\u00A9tion de la fa-\nD\u00C3\u00A9c. g mille Royale actuelle. Il efl afl\u00C3\u00A8z vraifemblable\n3, que Waheia-Dooa deviendrait en effet Souve-\n55 rain de toute la contr\u00C3\u00A9e ; car outre Tiarra-\n55 boo 5 il efl le ma\u00C3\u00AEtre de plufieurs diftri\u00C3\u00A9ts\n,5 d'Opooreenoo. Ses Domaines \u00C3\u00A9galent prefque,\n55 en \u00C3\u00A9tendue, ceux d'O-Too, & la portion de\n5, l'Ifle, \u00C3\u00A0 laquelle il dicte des Loix, efl d'ail-'\n\u00E2\u0080\u009E leurs la plus peupl\u00C3\u00A9e & la plus fertile. Ses\n3, fujets ont donn\u00C3\u00A9 des preuves de leur fup\u00C3\u00A9rio-\nrit\u00C3\u00A9; ils ont remport\u00C3\u00A9 des victoires fr\u00C3\u00A9quentes\nfur ceux d'O-Ta\u00C3\u00AFti-nooe ; & ils affectent de\n5 parler de leurs voifins, comme d'une troupe\n,, de Guerriers m\u00C3\u00A9prifables, qu'il feroit aif\u00C3\u00A9 de\n,5 battre fi leur Chef vouloit d\u00C3\u00A9clarer la guerre.\n55 Apr\u00C3\u00A8s YEre-de-Hoi & fa famille, vien-\n-, nent les Erees ou les Chefs , rev\u00C3\u00AAtus de\n\u00E2\u0080\u009E quelque pouvok, enfuite les Manohoone ou\n\u00E2\u0080\u009E les Vafl\u00C3\u00A0ux, & les Teous ou Toutous, c'eft-\u00C3\u00A0-\n[5 dire, les Domeftiques, ou plut\u00C3\u00B4t les Efclaves.\n\u00E2\u0080\u009E Les hommes de chacune de ces clafl\u00C3\u00A8s fe\n,5 lient, felon l'inftkution primitive, avec des\n55 femmes de leur Tribu ; mais s'ils ont des pri-\n\u00E2\u0080\u009E vaut\u00C3\u00A9s avec des femmes d'un rang inf\u00C3\u00A9rieur,\n\u00E2\u0080\u009E & s'il r\u00C3\u00A9fulte un enfant de ce commerce, on\n33 laifl\u00C3\u00A8 la vie \u00C3\u00A0 l'enfant 3 qui prend le rang de\n55\n95 de Cook* 381\n\u00E2\u0080\u009E fon. p\u00C3\u00A8re, \u00C3\u00A0 moins qu'il ne doive le jour \u00C3\u00A0 ;\n\u00E2\u0080\u009E un Eree; car on le tue dans ce dernier cas.\nL, Si une femme de condition fe lie avec un\n\u00E2\u0080\u009E homme d'une \u00C3\u00A7lafl\u00C3\u00A8 inf\u00C3\u00A9rieure, on tue fes en-\nL, fans ; & on met \u00C3\u00A0 mort le Teou, qui efl fur-\n\u00E2\u0080\u009E pris dans une intrigue avec une femme du\n\u00E2\u0080\u009E f\u00C3\u00A0ng Royal. Le fils de l'Eree-de-Hoi fuc-\n\u00E2\u0080\u009E cede aux titres & aux honneurs de fon p\u00C3\u00A8re,\n33 d\u00C3\u00A8s le moment de fa naifl\u00C3\u00A0nce; fi le Roi meurt\nL, fans enfans 3 le Gouvernement pafl\u00C3\u00A8 \u00C3\u00A0 fon fr\u00C3\u00A8re.\n\u00E2\u0080\u009E Dans les autres familles, les biens pafl\u00C3\u00A8nt tou-\n3, jours au fils a\u00C3\u00AEn\u00C3\u00A9.; mais il efl oblig\u00C3\u00A9 de four-\n3, nir \u00C3\u00A0 l'entretien de fes fr\u00C3\u00A8res & de fes f\u00C5\u0093urs,\n\u00E2\u0080\u009E \u00C3\u00A0 qui on accorde une portion de fes domaines.\n\u00E2\u0080\u009E Des ruifleaux ou de petites collines, qui\n,, en bien des endroits fe prolongent dans la\n\u00E2\u0080\u009E mer, fervent ordinairement de bornes aux di-\n\u00E2\u0080\u009E vers cantons Taroa. r*g\nfoumife \u00C3\u00A0 Huaheine , j\nA Eimeo, Oroo hadoo.\nAO-\nTa\u00C3\u00AFti\n[O-Ta\u00C3\u00AFti.\nNooe ,\n1\n<\n>Ooroo.\nf que lesjl||l^\u00C3\u00AEr|i\nOpoona & j\n\u00C2\u00BB. ont chaff\u00C3\u00A9 depuis\nTiarraboo, >\u00E2\u0080\u009E, \" *? Peu p\u00C2\u00B0ur y fubfti--\nI Wat^teere. j tuer 0raa , Dieu\n* J [de Bolabola.\nA Mataia ou \u00C3\u00A0 l'Ifle (Tooboo, Toobooai,\nd'Ofndbrug, f Ry Maraiva.\nAux Mes Bafl\u00C3\u00A8s, f\u00C3\u00AEtu\u00C3\u00A9es\n\u00C3\u00A0 PEft.\nf\nTammaree. de Coo k. 387\n33 Outre le grouppe des hautes Ifles qu'on\n3, rencontre depuis Mataia jufqu'\u00C3\u00A0 Mourooa\n,3 inclufivement, les O-Ta\u00C3\u00AFtiens connoifl\u00C3\u00A8nt une\n3, Me bafl\u00C3\u00A8 & d\u00C3\u00A9ferte , qu'ils appellent Moo-\n5, peha, & qui para\u00C3\u00AEt \u00C3\u00AAtre l'Ifle Howe, mar-\n\u00E2\u0080\u009E qu\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 POuefl de Mourooa, dans nos demie-\n\u00E2\u0080\u009E res Cartes de cet Oc\u00C3\u00A9an. Les Naturels des\n,5 Mes, qui font le plus fous le vent, y vont\n3, quelquefois. Il y a auffi au Nord-Efl d'O-\n\u00E2\u0080\u009E Ta\u00C3\u00AFti des Mes bafl\u00C3\u00A8s , o\u00C3\u00B9 les O-Ta\u00C3\u00AFtiens\n\u00C3\u00AElfPont abord\u00C3\u00A9 de temps en temps, mais par lef-\n,5 quelles ils n'entretiennent pas de communica-\n3, tion r\u00C3\u00A9guli\u00C3\u00A8re. On dit qu'il ne faut que deux\n3, jours de navigation avec un bon vent, pour\n3, s'y rendre. On me les a nomm\u00C3\u00A9es, dans Por-\n33 dre que voici.\nMataeeva.\n1 appellee Oannah dans la Lettre de\nOanaa, > M. Dalrymple au Docteur Hawkef-\nj worth. I\nTaboohoe.\nAwehee.\nKao or a.\nOrootooa.\nOtavaoo , o\u00C3\u00B9 l'on recueille de grofl\u00C3\u00A8s perles.\n\u00E2\u0080\u009E Les Habitans de ces Mes viennent plus fr\u00C3\u00A9-\n<,, quemment \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, & aux Mes' \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9es\nBb 2\n*777 >\nDec. W7-\nDec.\n388 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ndes environs. Ils ont le teint plus brun , la\nphyfionomie plus farouche , & leur corps\nn'eft pas piquet\u00C3\u00A9 de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re. J'ai\nappris qu'\u00C3\u00A0 Mataeeva, & fur quelques-unes\ndes terres dont je viens de publier la lifte ,\nles hommes font dans l'ufage de donner leurs\nfilles aux \u00C3\u00A9trangers qui arrivent parmi eux :_\nmais que la jeune femme & l'\u00C3\u00A9tranger doi^\nvent coucher enfemble cinq nuits , fans fe\npermettre aucune libert\u00C3\u00A9. Le fixieme jour , \u00C3\u00A0\nl'entr\u00C3\u00A9e de la nuit, le p\u00C3\u00A8re de la jeune femme\noffre des alimens \u00C3\u00A0 fon h\u00C3\u00B4te , & il dit \u00C3\u00A0 fa\nfille, qu'elle doit traiter l'\u00C3\u00A9tranger comme fon\nmari. Celui-ci ne peut t\u00C3\u00A9moigner aucun d\u00C3\u00A9go\u00C3\u00BBt , lors m\u00C3\u00AAme que la femme deflin\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0\npartager f\u00C3\u00A0 couche efl tr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00A9fagr\u00C3\u00A9able ; car\non regarderait f\u00C3\u00A0 r\u00C3\u00A9pugnance comme une in-\nfulte, qui ne fe pardonne point , & on la\npunirait de mort. Quarante hommes de Bolabola , que la curiofit\u00C3\u00A9 avoit amen\u00C3\u00A9s, fur une\npirogue , jufqu'\u00C3\u00A0 Mataeeva ,. en firent la\ntrifle exp\u00C3\u00A9rience; l'un d'eux ayant montr\u00C3\u00A9 JfcS\ndifcr\u00C3\u00A9tement du d\u00C3\u00A9go\u00C3\u00BBt pour la femme qui lui\n\u00C3\u00A9chut en partage, il fut entendu d'un petit\ngar\u00C3\u00A7on, qui alla tout de fuite en informer le\np\u00C3\u00A8re de la jeune perfonne. Les Habitans de\nl'Ifle fondirent fur les \u00C3\u00A9trangers; ceux-ci, qui de Cook. 389.\nil avoient toute la valeur de leur Nation, tu\u00C3\u00A8rent\n,5 trois fois plus de monde qu'ils n'en avoient\nj, eux-m\u00C3\u00AAmes ; cependant accabl\u00C3\u00A9s par le nom-\n55 bre , ils p\u00C3\u00A9rirent fur le champ de bataille,\n53 except\u00C3\u00A9 cinq. Les cinq qui \u00C3\u00A9chapp\u00C3\u00A8rent au\n55 carnage, fe cach\u00C3\u00A8rent dans les bois, & tandis\n33 que le vainqueur enterroit fes morts , ils vin-\n33 rent \u00C3\u00A0 bout de gagner l'int\u00C3\u00A9rieur de quelques\n3, maifons, o\u00C3\u00B9 ils vol\u00C3\u00A8rent des provifions, qu'ils\n155 port\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 bord d'une embarcation. Ils mi-\n5, rent enfuite en mer , & ils pafl\u00C3\u00A8rent devant\n\u00E2\u0080\u009E Mataia, o\u00C3\u00B9 ils ne voulurent pas rel\u00C3\u00A2cher,\n3, & ils arriv\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 Eimeo. On les jugea n\u00C3\u00A9an-\n55 moins dignes de bl\u00C3\u00A2me dans leur patrie; car une\n55 pirogue de Mataeeva ayant abord\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Bolabola\n33 peu de temps apr\u00C3\u00A8s, la peuplade , loin de\n33 venger la mort de fes compatriotes, reconnut\n33 qu'ils avoient m\u00C3\u00A9rit\u00C3\u00A9 de perdre la vie, & elle\n5, accueillit les Mataevens d'une mani\u00C3\u00A8re amicale.\n3, La navigation des Naturels d'O-Ta\u00C3\u00AFti &\n\u00E2\u0080\u009E des Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 , ne s'\u00C3\u00A9tend pas au-\n\u00E2\u0080\u009E jourd'hui au-del\u00C3\u00A0 de ces terres bafl\u00C3\u00A8s. Il para\u00C3\u00AEt\n35 que M. de Bougainville \u00C3\u0087a) leur attribue\n\u00E2\u0080\u009E mal-\u00C3\u00A0-propos des voyages beaucoup plus longs ;\n\u00E2\u0080\u00A2 {a) Voyez fon Voyage autour du Monde, pag. 228 :\nil dit que ces Infulaires font quelquefois des navigations de plus de trois cents lieues.\nBb 3\n1777.\nDec.\n\u00E2\u0096\u00A0 1777-\nDec.\n300 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n5, car on me citoit, comme une efpece de pro-\n\u00E2\u0080\u009E dige, qu'une pirogue chaflee d'O-Ta\u00C3\u00AFti par\n\u00E2\u0080\u009E la temp\u00C3\u00AAte , e\u00C3\u00BBt abord\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 Moopeha , o\u00C3\u00B9 \u00C3\u00A0\n\u00E2\u0080\u009E l'Ifle de Howe , terre qui efl cependant tr\u00C3\u00A8s-\n\u00E2\u0080\u009E voifine , & fous le vent. Ils ne connoiflent\n3, s\u00C3\u00BBrement les autres Mes \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9es que par tra-\n\u00E2\u0080\u009E dirion ; des Naturels de ces Mes , jettes fur\n5, leurs c\u00C3\u00B4tes , leur en ont appris l'exiitence,\n3, les noms, la pofition , & le nombre de jours\n\u00E2\u0080\u009E qu'ils avoient pafles en mer. Ainfi, on peut\n3, fuppofer que les Infulaires de Wateeoo , inf-\n3, truits par les Voyageurs , fur lefquels j'ai\n\u00E2\u0080\u009E donn\u00C3\u00A9 plus haut des d\u00C3\u00A9tails, ont ajout\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 leur\n\u00E2\u0080\u009E Catalogue O-Ta\u00C3\u00AFti, les Mes voifines, & m\u00C3\u00AAme\nd'autres, dont ces Voyageurs avoient entendu\nparler. J'expliquerais encore par-l\u00C3\u00A0 l'inflruc-\ntion fi \u00C3\u00A9tendue & fi vari\u00C3\u00A9e, que M. Cook &\nles Obfervateurs qui \u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A0 bord de Y Endeavour, \u00C3\u0087a) trouv\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 Tupia. Je fuis\nloin de l'accufer de charlatanerie ; mais fi,\ncomme il le difoit , il n'avoit jamais \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0\nOheterea , puifqu'il parvint \u00C3\u00A0 y conduire le\nvaifl\u00C3\u00A8au fi directement, je pr\u00C3\u00A9fume qu'il avoit\nrecueilli de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re des informations\nfur le E-iflement de cette terre. \u00E2\u0080\u009E\n(a) Collection de Hawkefworth , Volume II,\npage 278 de l'original. \u00C2\u00AB6\u00C3\u00A25\nDE C O O K,\n39 \u00C3\u00AF\nCHAPITRE X.\nSuite du Voyage apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part des Ifles\nde- la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, D\u00C3\u00A9couverte de l'Ifle de No\u00C3\u00ABl.\nP of tion des Vaifl\u00C3\u00A8aux fur la C\u00C3\u00B4te. Canots\nenvoy\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 terre. Grand nombre de tortues\nque nous y prenons. Obfervation d'une\n\u00C3\u00A9clipfe de Soleil. D\u00C3\u00A9trefle de deux Matelots qui s'\u00C3\u00A9gar\u00C3\u00A8rent dans l'int\u00C3\u00A9rieur de\nl'Ifle. Infeription Imjfl\u00C3\u00A9g dans une bouteille,.\nDefcription de l'Ifle. Remarques fur le\nfol; fur les arbres & les plantes ; fur les\noifeaux ; fur l'\u00C3\u00A9tendu^, de cette Terre ; fur\nfa forme ; fur fa pofition. Mouillage.\nJt-j]\nin etjuktant Bolabola , je mis le Cap au =sr\u00E2\u0080\u0094\nNord, & je ferrai le vent, qui fouffloit entre le l777*\nNord-Eft & PEft; car nous ne l'e\u00C3\u00BBmes pg\u00C2\u00A7fgtje Dec.\njamais au Sud de PEft , qu'apr\u00C3\u00A8s avoir pafle\nyk^ligne , & atteint les latitudes feptentrionaleg.\nAinfi la route qui nous nienoit \u00C3\u00A0 notre but fut\ntoujours \u00C3\u00A0 POuefl du Nord, & quelquefois\nNord-Oueft feulement.\nLes dix-fept mois qui s'\u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A9coul\u00C3\u00A9s depuis notre d\u00C3\u00A9part d?Angleterre, n'avoient 7|fs\nBb 4 39^ Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 mal employ\u00C3\u00A9s ; mais je fentois que notre\n1777. voyage ne faifoit que commencer, relativement\nDec. au principal objet de mes inflru\u00C3\u00A9tions, & je crus\ndevoir redoubler d'efforts & d'attention fur tout\nce qui pouvoit affiirer notre confervation & le\nfucc\u00C3\u00A8s de notre entreprife. J'avois examin\u00C3\u00A9 l'\u00C3\u00A9tat\nde nos munitions durant nos derni\u00C3\u00A8res rel\u00C3\u00A2ches,\n& dfe\u00C2\u00A3 que je fus hors du grouppe de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 , & que j'eus d\u00C3\u00A9pafle les parages, o\u00C3\u00B9 fe\ntrouvent les d\u00C3\u00A9couvertes de ma premiere & de\nma f\u00C3\u00A9conde exp\u00C3\u00A9dition , j'ordonnai l'inventaire\ndes approvifionnemens du Ma\u00C3\u00AEtre d'Equipage &\ndu Charpentier, afin de conno\u00C3\u00AEtre bien en d\u00C3\u00A9tail\nl\u00C3\u00A0 quantit\u00C3\u00A9 & la qualit\u00C3\u00A9 de chaque article , &\nd'en r\u00C3\u00A9gler l'ufage de la mani\u00C3\u00A8re la plus convenable.\nDurant mes rel\u00C3\u00A2ches aux Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9,\nje ne perdis aucune occafion de demander aux\n^Naturels, s'il y a des Mes au Nord ou au Nord-\nOueft de leur grouppe; mais je ne m'apper\u00C3\u00A7us\npas qu'ils en connufl\u00C3\u00A8nt une feule. Nous ne d\u00C3\u00A9couvr\u00C3\u00AEmes rien qui annon\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2t le voifinage d'une\nterre, jufqu'au moment o\u00C3\u00B9 nous atteign\u00C3\u00AEmes le\nhuiti\u00C3\u00A8me degr\u00C3\u00A9 de latitude Sud. A cette \u00C3\u00A9poque , nous commen\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 voir des boubies,\ndes oifeaux du tropique , des fr\u00C3\u00A9gates, des hirondelles de mer & d'autres efpeces d'oifeaux : de Cook.\n593\nNotre longitude \u00C3\u00A9toit de 205e* Efl. M\u00C3\u00A8ndana **-\u00E2\u0084\u00A2\u00C2\u00BB\u00E2\u0084\u00A2-*\nd\u00C3\u00A9couvrit en 1568, durant fa premiere exp\u00C3\u00A9di- 1777.\ntion, \u00C3\u0087a) une Me qu'il nomme Ifle de Je fus, Dec.\npar 6d 45I de latitude Sud, \u00C3\u00A0 quatorze cents\ncinquante lieues de Callao, c'eft-\u00C3\u00A0-dire \u00C3\u00A0 2ood\nde longitude Efl du M\u00C3\u00A9ridien de Greenwich.\nNous travers\u00C3\u00A2mes cette latitude , pr\u00C3\u00A8s de cent\nlieues \u00C3\u00A0 PEft de la longitude dont je viens de\nparler , & nous y rencontr\u00C3\u00A2mes un grand nombre d'oifeaux des efpeces que je citois tout-\u00C3\u00A0-\nl'heure ; on fait qu'iF\u00C3\u00ABft rare de les voir s'\u00C3\u00A9loigner beaucoup de la terre.\nNous coup\u00C3\u00A2mes l'\u00C3\u00A9quateur par 203d 15' Eft,\nla nuit du 22 au 23. La d\u00C3\u00A9clinaifon de l'aimant 22. 2,3.\n\u00C3\u00A9toit de 6d 30; Efl.\nLe 24 , une demi-heure apr\u00C3\u00A8s la pointe du 24,\njour, nous d\u00C3\u00A9couvr\u00C3\u00AEmes une terre dans le Nord-\nEft-quart-Eft, un demi-rumb \u00C3\u00A0 PEft. Nous reconn\u00C3\u00BBmes, en nous approchant, que c'\u00C3\u00A9toit une\ndes Mes bafl\u00C3\u00A8s, fi communes dans cet oc\u00C3\u00A9an,\nc'eft-\u00C3\u00A0^dire, une bordure \u00C3\u00A9troite de terre, qui\nrenfermoit une lagune d'eau de mer. Nous ap-\nper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes quelques cocotiers en deux ou trois\nendroits, mais, en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, 'elle paroiflbit tr\u00C3\u00A8s-\n(a) Voyez la Collection de Dalrymphe e\u00C2\u00BB Anglois, Vol, I, pag. 45. 1777-\nDec.\n394 T r o i s i e m e j V o y a g \u00C2\u00A7\n^\u00C3\u008AS.7 \" midi, elle fe pro\u00C3\u00AEongeoit du Nord-Efl-\nquart-Eil au Sud-quart-Sud-Eft un demi-rumb-\nEft, \u00C3\u00A0 la diflance d'environ quatre milles. Le\nvent fouffloit de i'Eft-Sud-Efl, en forte que nous\nf\u00C3\u00BBmes oblig\u00C3\u00A9s de courir de petites bord\u00C3\u00A9es pour\natteindre le c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 fous le vent ou le c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 occidental, o\u00C3\u00B9 nous e\u00C3\u00BBmes de quarante \u00C3\u00A0 vingt & quatorze brafl\u00C3\u00A8s d'eau, fond de joli fable. La fonde\nrapporta cette derni\u00C3\u00A8re pr\u00C2\u00A7||ondeur, \u00C3\u00A0 environ un\ndemi-mille des brifans, & la ; plus grande \u00C3\u00A0 en$||\nron un mille. Ayant trouv\u00C3\u00A9 des fondes, je r\u00C3\u00A9fo-\n\u00C3\u00AFus de mouiller, afin de me procurer des tortues.\nCette terre fembloit devoir en fournir, & elle\nn'\u00C3\u00A9toit pas habit\u00C3\u00A9e. Nous jett\u00C3\u00A2mes l'ancre en effet\npar trente brafl\u00C3\u00A8s, & l'un de mes canots alla voir\nfi le. d\u00C3\u00A9barquement \u00C3\u00A9toit praticable, ce dont je\ndoutois ; car la mer produifoit un refl\u00C3\u00A0c terrible\nfur toute la c\u00C3\u00B4te. L'Officier-, que j'avois charg\u00C3\u00A9\nde cette commiffion, me dit, \u00C3\u00A0 fon retour, qu'il\nn'avoit point apper\u00C3\u00A7jfed'endrok o\u00C3\u00B9 un canot p\u00C3\u00BBt\nd\u00C3\u00A9barquer, mais que les bas-fonds en-dehors des\nbrifans, offraient une quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9rable de\npoiflbns.\nLe 25 5 \u00C3\u00A0 la pointe du jour, deux canots,\nl'un de la R\u00C3\u00A9folution, & Pautre de la D\u00C3\u00A9couverte , all\u00C3\u00A8rent examiner de nouveau, s'il n'y\navoit point de lieu propre au d\u00C3\u00A9barquement : un de Cook. 395\ntroifieme & un quatri\u00C3\u00A8me \u00C3\u00A9tablirent en m\u00C3\u00AAme- y|\ntemps leurs grappins pr\u00C3\u00A8s de la c\u00C3\u00B4te, ils p\u00C3\u00AAche- 3\nrent, & ils revinrent, fur les huit heures, avec\nplus de deux cents livres de poiflbns. Encourag\u00C3\u00A9\npar ce fucc\u00C3\u00A8s, je les renvoyai \u00C3\u00A0 la p\u00C3\u00AAche apr\u00C3\u00A8s\nle d\u00C3\u00A9je\u00C3\u00BBner. Je pris moi-m\u00C3\u00AAme un cinqui\u00C3\u00A8me canot , j'examinai la c\u00C3\u00B4te , & j'efl\u00C3\u00A0yai de d\u00C3\u00A9barquer , mais le d\u00C3\u00A9barquement \u00C3\u00A9toit impraticable.\nLes deux premiers canots, qui \u00C3\u00A9toient partis avec\nle m\u00C3\u00AAme deffein, revinrent \u00C3\u00A0 midi : le Mafler,\nqui commandoit celui de h. R\u00C3\u00A9folution , me\nrapporta, qu'\u00C3\u00A0 environ une lieue & demie au\nNord, la c\u00C3\u00B4te offrait une coupure & un canal\ndans la Lagune , que par conf\u00C3\u00A9quent on pourrait y d\u00C3\u00A9barquer, & qu'en travers de cette entr\u00C3\u00A9e, il avoit trouv\u00C3\u00A9 les m\u00C3\u00AAmes fondes qu'\u00C3\u00A0 l'endroit o\u00C3\u00B9 nous mouillions. D'apr\u00C3\u00A8s fon rapport,\nles vaifl\u00C3\u00A8aux lev\u00C3\u00A8rent l'ancre, & ayant couru deux\nou trois bord\u00C3\u00A9es, nous mouill\u00C3\u00A2mes de nouveau\npar vingt brafl\u00C3\u00A8s, fond de joli fable brun , de-\nyant une petite Me qui g\u00C3\u00AEt \u00C3\u00A0 l'ouvert de la Lagune , de chaque c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de laquelle il y a un canal qui men\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 la Lagune, & qui efl acceffible\nfeulement aux canots. La Lagune elfem\u00C3\u00AAme a\ntr\u00C3\u00A8s-peu de profondeur.\n. Le 26 au matin, j'ordonnai au Capitaine Clerke\nd'envoyer un canot & un Officier \u00C3\u00A0 la rive Sud-\n526\u00C2\u00BB >*777-\nDec.\n396 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nEft de la Lagune, & d'y faire chercher des tortues. Nous pr\u00C3\u00AEmes enfuite un autre canot, M. King\n& moi, & je r\u00C3\u00A9folus de gagner la partie Nord-\nEft. Je me propofois d'aller jufqu'\u00C3\u00A0 l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9\nla plus orientale, mais le vent fouffloit avec trop\nde force, & nous f\u00C3\u00BBmes contraints de d\u00C3\u00A9barquer\nplus fous le vent, \u00C3\u00A0 une batture fablonneufe, o\u00C3\u00B9\nnous pr\u00C3\u00AEmes une tortue, la feule que nous v\u00C3\u00AEmes.\nEn marchant dans Peau, nous atteign\u00C3\u00AEmes une\nMe, o\u00C3\u00B9 je n'apper\u00C3\u00A7us qu'un petit nombre d'oi-\nfeaux ; je la quittai bient\u00C3\u00B4t pour me. rendre \u00C3\u00A0 la\nterre qui borde la mer au Nord-Oueft, & j'y\nlaiflai M. King, qui vouloir obferver la hauteur\nm\u00C3\u00A9ridienne du Soleil. Je la trouvai plus fl\u00C3\u00A9rile\nencore que celle que je venois de quitter ; en\nlongeant la c\u00C3\u00B4te, je rencontrai cinq tortues pr\u00C3\u00A8s\ndu rivage, je ne pus en prendre qu'une, & n'en\nd\u00C3\u00A9couvrant point d'autres, je revins \u00C3\u00A0 bord :\nM. King y arriva bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, fans en avoir\nrencontr\u00C3\u00A9 une feule. Nous ne d\u00C3\u00A9fefp\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A2mes cependant pas de nous en procurer ; car quelques-\nuns des Officiers du Capitaine Clerke , qui d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A8rent fur la terre au Sud du canal qui d\u00C3\u00A9bouche dans la Lagune, n'avoient pas \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fi malheureux, & ils en avoient rapport\u00C3\u00A9 plufieurs.\nLe 27, au matin, la pinnafl\u00C3\u00A8 & le grand canot, command\u00C3\u00A9s par M. King, all\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 la partie\nHSKi de Cook\n39?;\nSud-Eft de l'Ifle, en-dedans de la Lagune,\n& le petit canot fe rendit au Nord, o\u00C3\u00B9 j'avois\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 la veille; quelques-uns des gens du Capitaine\nClerke avoient paff\u00C3\u00A9 la nuit \u00C3\u00A0 terre, & ils avoient\neu le bonheur de tourner quarante \u00C3\u00A0 cinquante\ntortues, que nous ne tard\u00C3\u00A2mes pas \u00C3\u00A0 recevoir \u00C3\u00A0\nbord. Les hommes que j'avois envoy\u00C3\u00A9s au Nord,\nrevinrent l'apr\u00C3\u00A8s-midi avec fix autres : je les renvoyai de nouveau , & ils fe tinrent dans cette\npartie de l'Ifle, jufqu'au moment de notre appareillage; ils eurent, en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, beaucoup de\nfucc\u00C3\u00A8s. fe^ji\nLe 28, je d\u00C3\u00A9barquai avec M. Bayly, fur l'Ifle\nfitu\u00C3\u00A9e entre les deux canaux de h. Lagune; nous\nvoulions pr\u00C3\u00A9parer les t\u00C3\u00A9lefcopes, afin d'obferver\nl'\u00C3\u00A9clipfe de Soleil, qui devoit avoir lieu bient\u00C3\u00B4t.\nCette obfervation ne contribua pas peu \u00C3\u00A0 me\nfaire mouiller ici. M. King revint \u00C3\u00A0 midi, & il\napporta huit tortues ; il en laifl\u00C3\u00A0 fur la gr\u00C3\u00A8ve\nfept, qui d\u00C3\u00A9voient \u00C3\u00AAtre ramen\u00C3\u00A9es par l'autre canot , dont l'\u00C3\u00A9quipage en cherchoit de nouvelles :\nle foir, j'envoyai de Peau & des vivres \u00C3\u00A0 ceux\nde nos gens qui \u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A0 terre ; M. Williamfon\nalla les furveiller en place de Ml King, qui demeura \u00C3\u00A0 bord pour obferver l'\u00C3\u00A9clipfe.\n. M. Williamfon nous envoya le lendemain deux\ncanots, charg\u00C3\u00A9s de tortues ; il me pria en m\u00C3\u00AAme-\n1777,\nDec*\nI 1777*\nDec.\n30.\n398 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ntemps de les renvoyer au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 Sud-Eft de l'Ifle,\no\u00C3\u00B9 il avoit trouv\u00C3\u00A9 un d\u00C3\u00A9barquement, & o\u00C3\u00B9 l'on\nprenoit le plus de tortues ; il m'avertit qu'on\ns'affranchirait ainfi de l'embarras de les porter\npar terre dans l'int\u00C3\u00A9rieur de la Lagune, comme\non aWit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 oblig\u00C3\u00A9 de le faire jufqu'alors. J'ordonnai aux canots de fe rendre \u00C3\u00A0 l'endroit qu'il\nm'indiquoit.\nLe 30 , au matin , jour o\u00C3\u00B9 l'\u00C3\u00A9clipfe devoit\navoir lieu, nousdefcend\u00C3\u00AEmes, M. King, M.Bayly\n& moi, fur la petite Me dont j'ai parl\u00C3\u00A9 pl\u00C3\u00A9sl\nhaut, afin de nous pr\u00C3\u00A9parer \u00C3\u00A0 l'obfervation. Le\nciel fut n\u00C3\u00A9buleux jufqu'\u00C3\u00A0 neuf heures ; les nuages\nfe difperferent enfuite, & l'\u00C3\u00A9claircie fut afl\u00C3\u00A8z longue pour prendre la hauteur du Soleil, & comparer notre montre marine avec le temps apparent. L'atmofphere s'obfcurcit de nouveau jufqu'\u00C3\u00A0\nenviron neuf heures trente minutes, & nous reconn\u00C3\u00BBmes bient\u00C3\u00B4t que l'\u00C3\u00A9clipfe commen\u00C3\u00A7oit. Nous\nfix\u00C3\u00A2mes nos micrometres aux t\u00C3\u00A9lefcopes, & nous\nmefur\u00C3\u00A2mes la partie du difque du Soleil, qui n'\u00C3\u00A9toit pas \u00C3\u00A9clipf\u00C3\u00A9e. Je fuivis ces obfervations jufqu'\u00C3\u00A0 environ trois quarts-d'heure avant la fin, &\nje les abandonnai alors ; je ne pouvois plus les\ncontinuer \u00C3\u00A0 caufe de la grande chaleur du Soleil\nqu'accroif\u00C3\u00AEbient encore fes rayons r\u00C3\u00A9fl\u00C3\u00A9chis fur le *\ni\u00C3\u00A0ble. de Cook.\nm\nLe Soleil fut n\u00C3\u00A9buleux, par intervalles ; mais\nil fe trouva clair \u00C3\u00A0 la fin de l'\u00C3\u00A9clipfe qui fut ob- 1777.\nferv\u00C3\u00A9e. Dec.\nM. Bayly, \u00C3\u00A0oha6'3'\"|\nSelon M. King, \u00C3\u00A0 o ,6 , /empS ^f\u00C3\u00AFmt\n/ Moi, \u00C3\u00A0o253?Japres ;-\u00E2\u0096\u00A0'\u00E2\u0096\u00A0\nNous nous ferv\u00C3\u00AEmes, M. Bayly & moi, des\ngrandes lunettes achromatiques, & M. King ob-\nferva avec un t\u00C3\u00A9lefcope de r\u00C3\u00A9flexion. Comme ma\nlunette & celle de M. Bayly amplifioient \u00C3\u00A9galement , mon r\u00C3\u00A9fultat n'aurait pas d\u00C3\u00BB \u00C3\u00AAtre auffi\ndiff\u00C3\u00A9rent du lien ; il faut peut-\u00C3\u00AAtre attribuer cette\ndiff\u00C3\u00A9rence en partie , finon en totalit\u00C3\u00A9, \u00C3\u00A0 une\nprotub\u00C3\u00A9rance dans la Lune , que je n'apper\u00C3\u00A7us\npas, & que virent M. King & M. Bayly.\nL'apr\u00C3\u00A8s-midi, les canots & ceux de mes gens\nqui prenoient des tortues \u00C3\u00A0 la partie Sud-Eft de\nl'Ifle, revinrent \u00C3\u00A0 bord , except\u00C3\u00A9 un matelot de\nla D\u00C3\u00A9couverte, qui \u00C3\u00A9toit perdu depuis quarante-\nhuit heures. Il y avoit d'abord eu deux de nos\nhommes d'\u00C3\u00A9gar\u00C3\u00A9s ; mais, ne s'accordant pas fur\nla route qu'ils d\u00C3\u00A9voient fuivre pour rejoindre\nleurs camarades, l'un d'eux rejoignit en effet le\nd\u00C3\u00A9tachement, apr\u00C3\u00A8s avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 abfent vingt-quatre\nheures, & s'\u00C3\u00AAtre trouv\u00C3\u00A9\" dans la plus grande d\u00C3\u00A9-\ntrefl\u00C3\u00A8 ; il ne put fe procurer une feule -goutte 1777-\nDec.\n400 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nd'eau douce, car il n'y en a point dans Pille, &\nle canton o\u00C3\u00B9 il \u00C3\u00A9toit, ne lui offrant pas une noix\nde cocos pour diminuer fa foif, il imagina de\ntuer des tortues, & d'en boire le fang : lorfqu'il\nfe fentoit accabl\u00C3\u00A9 de fatigue, il fe d\u00C3\u00A9shabilloit,\nil fe mettoit quelque temps dans les bafl\u00C3\u00A8s eaux\nqu'on voit fur la gr\u00C3\u00A8ve, & il dit que cette mani\u00C3\u00A8re de fe rafra\u00C3\u00AEchir, ne manqua jamais de le\nfoulager.\nNous ne concevions pas comment ces deux\nhommes \u00C3\u00A9toient venus \u00C3\u00A0 bout de fe perdre : l'ef-\npace qu'ils avoient \u00C3\u00A0 parcourir depuis la c\u00C3\u00B4te de\nla mer jufqu'\u00C3\u00A0 la Lagune o\u00C3\u00B9 \u00C3\u00A9toient les canots,\nn'eft pas de plus de trois milles ; rien n'ob$ruok\nleur vue , car l'Ifle efl plate; on n'y rencontre\nqu'un petit nombre d'arbrifl\u00C3\u00A8aux, & il y a bien\ndes points d'o\u00C3\u00B9 ils pouvoient appercevoir les\nm\u00C3\u00A2ts de la R\u00C3\u00A9folution & de la D\u00C3\u00A9couverte ;\nmais ils ne fongerent pas \u00C3\u00A0 ce moyen de fe diriger ; ils oubli\u00C3\u00A8rent en quelle partie mouilloient\nles vaifl\u00C3\u00A8aux ; ils furent auffi embarrafles pour gagner le mouillage ou atteindre le d\u00C3\u00A9tachement\ndont ils venoient de fe f\u00C3\u00A9parer, que s'ils \u00C3\u00A9toient\ntomb\u00C3\u00A9s des nues. Si l'on obferve que les matelots , en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, font d'une gaucherie & d'une\nb\u00C3\u00AAtife extr\u00C3\u00AAmes, quand ils fe trouvent \u00C3\u00A0 terre,\nau-lieu d'\u00C3\u00AAtre furpris que Ces deux-ci fe foient\n\u00C3\u00A9gar\u00C3\u00A9s, \u00C3\u00A9gares\nde Cook\u00C2\u00BB 401\nil faut s'\u00C3\u00A9tonner plut\u00C3\u00B4t, que d'autres ne :\nfe foient pas perdus \u00C3\u00A9galement. L'un de ceux qui\nd\u00C3\u00A9barqua avec moi, fut dans une fituation pareille; mais il eut afl\u00C3\u00A8z d'intelligence pour r\u00C3\u00A9fl\u00C3\u00A9chir que les vaifl\u00C3\u00A8aux \u00C3\u00A9toient fous le vent,\n& ii arriva \u00C3\u00A0 bord peu de minutes apr\u00C3\u00A8s Pinf\ntant o\u00C3\u00B9 nous d\u00C3\u00A9couvr\u00C3\u00AEmes qu'on l'avoit laiff\u00C3\u00A9 par-\nderriere.\nLe Capitaine Clerke ayant appris que l'un\ndes tra\u00C3\u00AEneurs n'\u00C3\u00A9toit pas revenu , envoya un d\u00C3\u00A9tachement pour le chercher ; l'homme ni le\nd\u00C3\u00A9tachement n'\u00C3\u00A9toient de retour le lendemain.\nJ'exp\u00C3\u00A9diai deux canots dans la Lagune , & je\nrecommandai \u00C3\u00A0 ceux qui les mouraient, de prendre diff\u00C3\u00A9rentes routes & de traverfer l'Ifle enti\u00C3\u00A8re. Le d\u00C3\u00A9tachement du Capitaine Clerke arriva bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, avec le matelot qui s'\u00C3\u00A9toit\n^gar\u00C3\u00A9 , & j'avertis mes canots, par un figna\u00C3\u00AE,\nde revenir \u00C3\u00A0 bord. Le pauvre matelot dont je\nviens de parler, dut fbuffrir encore plus que fon\ncamarade ; fon abfence avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 plus longue ,\n,& il avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 trop d\u00C3\u00A9licat pour boire du fang\nde tortue.\nJ'avois \u00C3\u00A0 bord des noix de cocos & des ignames en pleine v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tation ; & je les fis planter\nfur la petite Me o\u00C3\u00B9 nous avions obferv\u00C3\u00A9 l'\u00C3\u00A9clipfe.\nNous fem\u00C3\u00A2mes des graines de melon dans une\nTome IL C c\n<\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\n1777.\nDec. 4\u00C3\u00B42 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 .. autre endroit ; j'y laifl\u00C3\u00A0i auffi une bouteille qui\n1777. renferme cette infcription :\nDec.\nGeorgius tertius, Rex, 31 Decembris 1777.\nJ R\u00C3\u00A9folution, Jac. Cook, pr.\n\Difcovery, Car. Clerke,pr.\n1 Le 1 Janvier 1778 , les canots all\u00C3\u00A8rent cher-\n1778. cher le d\u00C3\u00A9tachement que nous avions \u00C3\u00A0 terre,\n1 Janv. & les tortues qu'il avoit tourn\u00C3\u00A9es. Ils revinrent\nfort tard dans la foir\u00C3\u00A9e, & je crus ne devoir appareiller que le lendemain. Les deux vaifl\u00C3\u00A8aux\nfe procur\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 cette Me environ trois cents\ntortues, qui pefoient l'une dans Pautre , quatre-\nvingt-dix ou cent livres : elles \u00C3\u00A9toient toutes de ,\nPefp\u00C3\u00ABce verte, & peut-\u00C3\u00AAtre qu'on n'en trouve\nde meilleures nulle part. Nous y pr\u00C3\u00AEmes auffi, \u00C3\u00A0\nl'hame\u00C3\u00A7on & \u00C3\u00A0 la ligne, autant de poiflbns q^i'il\nnous en fallut pour notre confommation journali\u00C3\u00A8re : c'\u00C3\u00A9toient fur-tout des cav allies, \u00C3\u0087a) de\n(tf) J'ai conferv\u00C3\u00A9 le terme de l'original. Je n'ai pu\nd\u00C3\u00A9couvrir le nom de ce poif\u00C3\u00AFbn dans TYctyologie\n'Ftai\u00C3\u00AF\u00C3\u00A7oif\u00C3\u00AA : il ne paro\u00C3\u00AEt pas que ce foit une efpece\nde furmulet , appellee Cavillone dans quelques-unes\nde nos Provinces : je croirois plut\u00C3\u00B4t que c'eft le\nCabeliau. Note du Traducteur, DE C O O K.\n40;\ndiff\u00C3\u00A9rentes grofl\u00C3\u00A8urs, de grands & de petits fnap- .\u00C2\u00AB\nper s, \u00C3\u0087a) & quelques poiflbns de rochers de 1778.\ndeux efpeces, l'une qui avoit beaucoup de ta- Janvier,\nches bleues, & l'autre qui portoit des rayures\nblanch\u00C3\u00A2tres.\nLe fol efl, en quelques endroits, l\u00C3\u00A9ger &\nnoir : il para\u00C3\u00AEt clair que c'eft un compof\u00C3\u00A9 du\nd\u00C3\u00A9triment des v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux, de fiente d'oifeaux &\nde fable. Il y a des cantons o\u00C3\u00B9 l'on n'apper\u00C3\u00A7ok\nque des productions marines , .telles que des\npierres de corail brif\u00C3\u00A9es & des coquilles ; ces\npierres de corail brif\u00C3\u00A9es & ces coquilles offrent,\ndans une direction parall\u00C3\u00A8le \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te de la mer,\ndes filions \u00C3\u00A9troits d'une grande longueur , qui\nrefl\u00C3\u00A8mb\u00C3\u00AEent \u00C3\u00A0 un champ labour\u00C3\u00A9 , & elles doivent avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 jett\u00C3\u00A9es par les vagues , quoique\nles flots en foient aujourd'hui \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9s d'un mille.\nCe fait femble prouver d'une mani\u00C3\u00A8re incontef-\ntable , que PIfle a \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 produite par le vomif\u00C3\u00AF\u00C3\u00A8-\nment de la mer, & qu'elle augmente de jour en\njour ; car les morceaux de corail brif\u00C3\u00A9 , & la\nplupart des coquilles font trop lourds & trop\ngros pour avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 apport\u00C3\u00A9s de la gr\u00C3\u00A8ve, par\n( a ) Snappers , en Anglois , fignifie Caftagnettes ;\nmais je n'ai pas trouv\u00C3\u00A9 de poiffon qui porte ce nom\ndans l'Yctyologie Fran\u00C3\u00A7oife. Note du Traducteur.\nCe a 404 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nf ' les oifeaux aux lieux o\u00C3\u00B9 on les trouve mainte-\n1778. nant. Nous avons fait divers puits pour d\u00C3\u00A9cou-\nJanvier. vrir de l'eau douce , & nous n'en avons pas\napper\u00C3\u00A7u une goutte : mais on y rencontre plufieurs \u00C3\u00A9tangs d'eau fal\u00C3\u00A9e, lefquels n'ont aucune\ncommunication vifible avec la mer; felon toute\napparence , ils fe remplifl\u00C3\u00A8nt par l'eau qui filtre\n\u00C3\u00A0 travers le fable, dans les mar\u00C3\u00A9es hautes. L'un\ndes deux matelots dont j'ai parl\u00C3\u00A9 , trouva du\nfel fur la partie Sud-Efl de l'Ifle , & , quoique nous euffions un grand befoin de cet article, je ne pouvois envoyer un d\u00C3\u00A9tachement fous\nla direction d'un homme qui avoit eu la mal-\nadrefl\u00C3\u00A8 de s'\u00C3\u00A9garer , & qui ne favoit pas s'il\nmarchoit \u00C3\u00A0 PEft , \u00C3\u00A0 POuefl, au Sud ou au\nNord.\nNous n'apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes pas fur l'Ifle, la plus l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re trace d'un \u00C3\u00AAtre humain, & fi Pun des habitans des terres voifines, avoit le malheur d'\u00C3\u00AAtre\njette ou abandonn\u00C3\u00A9 fur celle-ci, il lui feroit\nextr\u00C3\u00AAmement difficile de prolonger fon exiflence.\nOn y trouve , il efl vrai, une quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9rable d'o\u00C3\u00AEfeaux & de poiflbns, mais on n'y voit\nrien qui puifle fervir \u00C3\u00A0 \u00C3\u00A9tancher la foif, & on\nn'y d\u00C3\u00A9couvre aucun v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tal qui puifle tenir lieu\nde pain , ou d\u00C3\u00A9truire les mauvais effets d'un r\u00C3\u00A9gime di\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9tique purement animal, lequel ne de Cook. 405\ntarderait pas vraifemblablement \u00C3\u00A0 devenir fatal. 1\nLes cocotiers que nous rencontr\u00C3\u00A2mes, n'\u00C3\u00A9toient 1778.\npas au nombre de plus de trente ; ils portoient Janvier,\ntr\u00C3\u00A8s - peu de fruits, & , en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral , les noix\nque nous cueill\u00C3\u00AEmes, n'avoient pas encore pris\ntoute leur grofl\u00C3\u00A8ur, ou leur fuc \u00C3\u00A9toit fal\u00C3\u00A9 ou\nfaum\u00C3\u00A2tre. En rel\u00C3\u00A2chant ici, on ne doit donc\nefp\u00C3\u00A9rer que du poif\u00C3\u00AEbn & des tortues, mais on\npeut compter fur une quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9rable de\nces deux articles.\nIl y avoit des arbres peu \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9s en divers cantons de l'Ifle. M. Anderfon me fit la defcription\nde deux petits arbrifl\u00C3\u00A8aux, & de deux ou trois\npetites plantes que nous avions d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 vus \u00C3\u00A0 l'Ifle\nPalmerflon & \u00C3\u00A0 Otakootaia. Nous y apper-\n\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes auffi une efpece de Sida ou de mauve\nde l'Inde , une efpece de pourpier , une autre\npetite plante qui refl\u00C3\u00A8mble par les feuilles, \u00C3\u00A0 un\nMefembryamthemum, & deux efpeces de gra-\nmen : mais chacune de ces productions v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tales \u00C3\u00A9toit en fi petite quantit\u00C3\u00A9 & d'une v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tation fi foible, qu'elles ne fembloient pas devok\nfe perp\u00C3\u00A9tuer.\nNous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes fous les arbres peu \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9s,\ndont je parfois tout-\u00C3\u00A0-1'heure, une multitude infinie d'une nouvelle efpece d'hirondelles de mer\nou d'oifeaux d'\u00C5\u0093uf. Ceux-ci font noirs dans la\nCe 3 4o6 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n~\u00E2\u0080\u0094\u00E2\u0096\u00A0-\u00E2\u0080\u0094 partie fup\u00C3\u00A9rieure du corps, & blancs au-deflbus ;\n1778. ils ont un arc blanc au front, & ils font un peu\nJanvier, plus gros que le noddy ordinaire. La plupart\nfoignoient leurs petits, qui \u00C3\u00A9toient fur la terre\nnue, & les autres couvoient ; ils ne font qu'uf!\n\u00C5\u0093uf bleu\u00C3\u00A2tre, tachet\u00C3\u00A9 de noir, & plus gros que\ncelui d'un pigeon : on y rencontre auffi beaucoup de noddies, un oifeau qui refl\u00C3\u00A8mble au\ngo\u00C3\u00A9land, & un f\u00C3\u00A9cond, qui efl couleur de fuie\nou de chocolat , & qui a le ventre blanc. Il\nfaut ajouter \u00C3\u00A0 cette lifte , des fr\u00C3\u00A9gates , des oi-\nfeaux du Tropique , des courlis , des guignet-\ntes, \u00C3\u0087a) un petit oifeau de terre qui refl\u00C3\u00A8mble\n\u00C3\u00A0 une fauvette d'hiver, des crabes de terre , de\npetits l\u00C3\u00A9zards & des rats.\nNous c\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9br\u00C3\u00A2mes ici la F\u00C3\u00AAte de No\u00C3\u00ABl , & je\ndonnai \u00C3\u00A0 cette Terre le nom d'Me de No\u00C3\u00ABl. Je\njuge qu'elle a quinze ou vingt lieues de circonf\u00C3\u00A9rence; elle me para\u00C3\u00AEt deffin\u00C3\u00A9e en demi-cercle,\nou pr\u00C3\u00A9fenter la forme de la Lune, lorfque cette\nplan\u00C3\u00A8te fe trouve dans le dernier quartier; les\ndeux cornes font au Nord & au Sud, & elles\n{a) Il y a dans l'original Sand pipers ; M. de Buf-\nfon , Tome VIII, de l'Hiftoire Naturelle, i/2-40 s\ndonne le nom de guignette \u00C3\u00A0 l'oifeau appelle Sand\npiper en Yorkskire, DE C O O K. 407\ngiflent entr'elles Nord-quart-Nord-Eft , & Sud-\nquart-Sud-Oueft, \u00C3\u00A0 la diftance de quatre ou cinq\nlieues. Le c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 occidental ou la petite Me ,\nfitu\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e de la Lagune , fur laquellp\nnous obferv\u00C3\u00A2mes l'\u00C3\u00A9clipfe de Soleil , fe trouve\npar id 597 de. latitude Nord, & 20 2d 30' de\nlongitude Efl. Cette longitude fut d\u00C3\u00A9termin\u00C3\u00A9e\npar un nombre confid\u00C3\u00A9rable d'obfervations de\nla Lune, qui ne diff\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A8rent du garde-temps,\nque de fept minutes : la d\u00C3\u00A9clinaifon de l'aimant, \u00C3\u00A9toit de 6d 22' & demie Efl, & Pincli-\nnaifon de l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 feptentrionale de l'aiguille\nde nd 54;.\nL'Ifle de No\u00C3\u00ABl, comme la plupart des autres\nterres de cet Oc\u00C3\u00A9an , efl bord\u00C3\u00A9e d'un r\u00C3\u00A9cif de\nrochers de corail, qui fe prolonge \u00C3\u00A0 peu de diftance de la c\u00C3\u00B4te. Il y a en-dehors de ce r\u00C3\u00A9cif, .\nau c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 occidental, un banc de joli fable, qui\ns'\u00C3\u00A9tend \u00C3\u00A0 un mille en mer. La profondeur de\nPeau y varie, & elle offre un bon mouillage, fi\non le choifit entre dix-huit ou vingt brafl\u00C3\u00A8s : fi\non jettoit l'ancre \u00C3\u00A0 moins de dix-huit, le r\u00C3\u00A9cif\nferoit trop pr\u00C3\u00A8s, & \u00C3\u00A0 plus de trente, on ne ferait pas afl\u00C3\u00A8z \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9 du bord du banc. Durant\nnotre rel\u00C3\u00A2che , le vent fut conflamment frais de\nPEft ou de PEft-quart-Sud-Efl, except\u00C3\u00A9 un ou\ndeux jours : nous e\u00C3\u00BBmes toujours de la partie du\nCe 4\n1778.\nJanvier. 408 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\_ Nord, une grofl\u00C3\u00A8 houle, qui caufoit un reflac\n1778. prodigieux fur le r\u00C3\u00A9cif : nous avions rencontr\u00C3\u00A9\nJanvier, cette houle avant d'arriver \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te , & elle\ndura quelques jours apr\u00C3\u00A8s que nous e\u00C3\u00BBmes regagn\u00C3\u00A9 le large. DE C O O K.\n409\n-**\u00C3\u008A$$^\nCHAPITRE XL\nD\u00C3\u00A9couverte de quelques Ifles. Obfervations\nfur les Naturels i'Atooi qui arriv\u00C3\u00A8rent\naux vaifl\u00C3\u00A8aux., & fur leur conduite au\nmoment o\u00C3\u00B9 ils fe rendirent aupr\u00C3\u00A8s de nous.\nVun d'eux efl tu\u00C3\u00A9. Pr\u00C3\u00A9cautions pour emp\u00C3\u00AAcher les \u00C3\u00A9quipages de communiquer avec\nles femmes. Nous trouvons une aiguade.\nR\u00C3\u00A9ception qu'on nous fait \u00C3\u00A0 notre d\u00C3\u00A9barquement. Excurf\u00C3\u00AFon dans l'int\u00C3\u00A9rieur du\nPays. Nous allons voir un Morai. Defcription de cet \u00C3\u00A9difice. Tombeaux des Chefs.\nOn y d\u00C3\u00A9pofe les corps des victimes facrifi\u00C3\u00A9es\naux Dieux. Reconnoifl\u00C3\u00A0nce d'une autre\nIfle appellee Oneeheow. C\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies ex\u00C3\u00A9cut\u00C3\u00A9es par quelques-uns des Naturels qui\nviennent aux Vaifl\u00C3\u00A8aux. Raifons de croire\nqu'ils font Cannibales. Un D\u00C3\u00A9tachement\nenvoy\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 terre y paflfe deux nuits. R\u00C3\u00A9cit\nde ce qui fe pafla lors du d\u00C3\u00A9barquement :\nles Vaifl\u00C3\u00A8aux s'\u00C3\u00A9loignent de ces Ifles &\nmarchent au Nord.\n\\ ous appareill\u00C3\u00A2mes, le 2 Janvier, \u00C3\u00A0 la pointe\ndu jour, & nous repr\u00C3\u00AEmes la route du Nord ;\nnous e\u00C3\u00BBmes un beau temps & une jolie brife de Janvier.\n1778, 4io Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 PEft & de l'Eft-Sud-Eft, jufqu'au moment o\u00C3\u00B9 nous\n1778. atteign\u00C3\u00AEmes le feptieme degr\u00C3\u00A9 45; de latitude\nJanvier. Nord, & le 205me degr\u00C3\u00A9 de longitude orientale:\nil furvint, \u00C3\u00A0 cette \u00C3\u00A9poque, un jour de calme,\nqui fut fuivi d'un vent du Nord-Eft-quart-Eft,\n& de l'Eft-Nord-Eft. Ce vent, foible d'abord,\nfra\u00C3\u00AEchit \u00C3\u00A0 mefure que nous avan\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2mes au Nord.\nNous continu\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 voir chaque jour des oifeaux\ndes efpeces dont j'ai parl\u00C3\u00A9 en dernier lieu ; ils\n\u00C3\u00A9toient quelquefois plus ou moins nombreux,\n&, entre le dixi\u00C3\u00A8me & le onzi\u00C3\u00A8me parall\u00C3\u00A8les,\nnous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes plufieurs tortues , d'o\u00C3\u00B9 nous\nconcl\u00C3\u00BBmes que nous nous trouvions pr\u00C3\u00A8s d'une\nterre : cependant nous ne d\u00C3\u00A9couvr\u00C3\u00AEmes une c\u00C3\u00B4te\nque le 18, au lever de l'aurore : une Ifle s'offrit\nalors \u00C3\u00A0 nos regards dans le Nord-Eft-quart-Eft;\nbient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, nous en v\u00C3\u00AEmes au Nord une f\u00C3\u00A9conde enti\u00C3\u00A8rement d\u00C3\u00A9tach\u00C3\u00A9e de la premiere : l'une\n& l'autre paroiflbient \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9es. A midi, la premiere\nnous reftoit au Nord-Eft-quart-Eft un demi-rumb\n\u00C3\u00A0 PEft, &, felon ce qu'il nous fembla, \u00C3\u00A0 la dif-\ntance de huit ou neuf lieues; une colline \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9e,\nfitu\u00C3\u00A9e pr\u00C3\u00A8s de l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 orientale de la f\u00C3\u00A9conde,\nfe montrait au Nord un demi-rumb-Oueft : notre\nlatitude \u00C3\u00A9toit de 2id 12' Nord, & notre longitude de 2ood 41' Efl. Nous avions alternativement de l\u00C3\u00A9gers fouffles de vent & des calmes; DE C O O K. 4I.I\nen forte qu'au coucher du Soleil, nous n'\u00C3\u00A9tions\npas \u00C3\u00A0 moins de neuf \u00C3\u00A0 dix lieues de la terre la\nplus voifine.\nLe 19, au lever du Soleil, l'Ifle que nous\navions apper\u00C3\u00A7ue la premiere, nous reftoit \u00C3\u00A0 l'E\u00C3\u0089lv\n\u00C3\u00A0 plufieurs lieues. Comme elle fe trouvoit aa\nvent, & que nous ne p\u00C3\u00BBmes en approcher, je\nmis le Cap fur Pautre qui fe trouvoit \u00C3\u00A0 notre\nport\u00C3\u00A9e. Nous d\u00C3\u00A9couvr\u00C3\u00AEmes bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s une troi*\nfieme Me , dans la direction de POueft-Nord-\nOueft ; mais \u00C3\u00A0 une fi grande diftance qu'on la\nvoyoit \u00C3\u00A0 peine. Nous avions une jolie brife de\nl'Eft-quart-Nord-Eft, & je gouvernai fur l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 m\u00C3\u00A9ridionale de la f\u00C3\u00A9conde qui s'\u00C3\u00A9tendoit\n\u00C3\u00A0 midi, du Nord un demi-rumb Efl \u00C3\u00A0 l'Ouefl-\nNord-Oueft un quart de rumb Oueft. La c\u00C3\u00B4te\nla plus proche \u00C3\u00A9toit \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9e d'environ deux\nlieues. Nous ne Pavions pas encore fi la terre\nplac\u00C3\u00A9e devant nous , avoit des Habitans ; mais\nnous ne tard\u00C3\u00A2mes pas \u00C3\u00A0 en \u00C3\u00AAtre afliir\u00C3\u00A9s, car quelques pirogues fe d\u00C3\u00A9tach\u00C3\u00A8rent du rivage, pour\nvenir aux vaifl\u00C3\u00A8aux. Je mis en panne, tout de\nfuite,afin de leur permettre de nous joindre. Ces\nembarcations portoient chacune de trois \u00C3\u00A0 fix\nhommes ; & nous f\u00C3\u00BBmes agr\u00C3\u00A9ablement furpris de\nles entendre parler la langue d'O-Ta\u00C3\u00AFti, & des\ndiverfes Mes o\u00C3\u00B9 nous venions de rel\u00C3\u00A2cher. Ils 4\u00C3\u00AE2 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00C2\u00BB\u00E2\u0096\u00A0 conf\u00C3\u00A8htirent fans peine \u00C3\u00A0 fe placer \u00C3\u00A0 la hanche\n1778. de la R\u00C3\u00A9folution; mais nos invitations & nos\nJanvier, carefl\u00C3\u00A8s ne purent les d\u00C3\u00A9terminer \u00C3\u00A0 monter \u00C3\u00A0 bord,\nj'attachai \u00C3\u00A0 une corde des m\u00C3\u00A9dailles de cuivre,\n|p5 que je jettai dans une des pirogues ; ils accept\u00C3\u00A8rent mon pr\u00C3\u00A9fent, & ils attach\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 la m\u00C3\u00AAme\ncorde, du maquereau qu'ils me pri\u00C3\u00A8rent de recevoir en retour. Je leur donnai de plus, toujours\npar l'entremife de la corde, de petits clous ou\ndes morceaux de fer, dont ils faifoient plus de\ncas que de toute autre chofe; ils m'envoy\u00C3\u00A8rent\nde leur c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 une quantit\u00C3\u00A9 plus confid\u00C3\u00A9rable de\npoiflbns & une patate douce, indice certain qu'ils\n|g| connoiflbient les \u00C3\u00A9changes, ou du moins qu'ils\nrendoient un pr\u00C3\u00A9fent pour un autre. Nous n'ap-\nper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes dans leurs pirogues, que de larges citrouilles & une efpece de filet de p\u00C3\u00AAche ; mais\nl'un d'eux nous propofa d'acheter la piece d'\u00C3\u00A9toffe qu'il portoit autour de fes reins, fe\u00C3\u00AEon Pu-\nfage des Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. Ils avoient la peau\nbrune ; &, quoique d'une taille ordinaire, ils\n\u00C3\u00A9toient tr\u00C3\u00A8s-robuftes. Leur teint offrait peu de\nnuances, mais leurs traits n'avoient point du tout\nd'uniformit\u00C3\u00A9 : le vifage de quelques-uns refl\u00C3\u00A8m-\nbloit afl\u00C3\u00A8z \u00C3\u00A0 celui des Europ\u00C3\u00A9ens. La chevelure\nde la plupart \u00C3\u00A9toit courte, d'autres l'avoient flottante , & 'un petit nombre la porto\u00C3\u00AEent relev\u00C3\u00A9e DE C O O K. 413\nen touffe au fommet de la t\u00C3\u00AAte : elle paroif\u00C3\u00AEbk .1 j\nnaturellement noire, ainfi que celle des habitans 1778.\ndes Ifles des Amis ; elle \u00C3\u00A9toit charg\u00C3\u00A9e d'une Janvier,\ngraifl\u00C3\u00A8 ou d'une fubflance, qui lui donnoit une\ncouleur brune ou rouf\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8 : en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, ils por-\ntoient leurs barbes : leur corps ne fe trouvoit\ncharg\u00C3\u00A9 d'aucun ornement, & nous ne nous ap-\nper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes pas que leurs oreilles fufl\u00C3\u00A8nt trou\u00C3\u00A9es,\nmais quelques-uns \u00C3\u00A9toient l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8rement piquet\u00C3\u00A9s\nfur les mains, ou pr\u00C3\u00A8s de Paine, & les morceaux\nd'\u00C3\u00A9toffe qui leur fervoient de pagnes, pr\u00C3\u00A9fentoient\ndes taches rouges, noires & blanches d'un def-\nfein curieux. Nous les juge\u00C3\u00A2mes d'un caract\u00C3\u00A8re\ndoux ; ils \u00C3\u00A9toient fans armes, fi j'en excepte de\npetites pierres , qu'ils avoient \u00C3\u00A9videmment apport\u00C3\u00A9es pour leur d\u00C3\u00A9fenfe, & qu'ils jetterent \u00C3\u00A0 la\nmer, lorfqu'ils virent que nous ne les attaquerions pas. Simile\nRien ne m'annon\u00C3\u00A7ant un mouillage \u00C3\u00A0 cette\nextr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 orientale de l'Ifle, j'arrivai fous le vent,\n& je longeai la bande Sud-Eft \u00C3\u00A0 une demi-lieue\nde la c\u00C3\u00B4te. Les pirogues nous quitt\u00C3\u00A8rent d\u00C3\u00A8s\nqu'elles nous virent faire de la voile ; mais, tandis que nous rangions la c\u00C3\u00B4te, d'autres nous apport\u00C3\u00A8rent des cochons-de-lait r\u00C3\u00B4tis, & de tr\u00C3\u00A8s-\nbelles patates , qu'elles \u00C3\u00A9chang\u00C3\u00A8rent contre ce\nque nous voul\u00C3\u00BBmes leur donner. Nous achet\u00C3\u00A2mes\nWl 414 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0\u00C2\u00BB\u00E2\u0080\u0094^ \u00C2\u00BB plufieurs cochons - de - lait, qui nous co\u00C3\u00BBt\u00C3\u00A8rent\n1778. chacun un clou de fix fols flerling : nous nous\njanvier, trouv\u00C3\u00A2mes de nouveau dans l'abondance, & nous\nen f\u00C3\u00BBmes d'autant plus charm\u00C3\u00A9s, que nos tortues de l'Ifle de No\u00C3\u00ABl alloient finir. Nous d\u00C3\u00A9-\npafs\u00C3\u00A2mes plufieurs villages, les uns fitu\u00C3\u00A9s pr\u00C3\u00A8s de\nla mer, & d'autres plus avant dans l'int\u00C3\u00A9rieur du\npays. Les habitans de ces diverfes bourgades, fe\nr\u00C3\u00A9unirent en foule fur le rivage, & ils eurent foin\nde monter aux endroits \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9s , afin de voir les\nvaifl\u00C3\u00A8aux. De ce c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, le terrein s'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A8ve peu-\u00C3\u00A0-\npeu, depuis la mer jufqu'au pied des montagnes\nqui occupent le centre de l'Ifle, except\u00C3\u00A9 dans un\nendroit pr\u00C3\u00A8s de l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 orientale, o\u00C3\u00B9 il s'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A8ve\ntout-\u00C3\u00A0-coup du fein des flots, & o\u00C3\u00B9 il ne femble\noffrir que de la pierre ou des rochers, difpof\u00C3\u00A9s\nen couches horizontales. On ne voyoit des bois\nque dans la partie int\u00C3\u00A9rieure de l'Ifle ; mais un\npetit nombre d'arbres fe trouvoient r\u00C3\u00A9pandus autour des villages, pr\u00C3\u00A8s defquels nous remarqu\u00C3\u00A2mes des plantations de bananiers & de cannes de\nfucre, & des cantons o\u00C3\u00B9 il nous fembla qu'on\ncultivoit des racines.\nNous continu\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 fonder, & nous ne trouv\u00C3\u00A2mes de fond avec une ligne de cinquante brafi-\nfes qu'en travers d'une pointe bafl\u00C3\u00A8, fitu\u00C3\u00A9e vers\nle milieu de ce c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de l'Ifle , & afl\u00C3\u00A8z pr\u00C3\u00A8s D E C OO K. 415 \u00C3\u00AFt\u00C2\u00A3g\nde l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 Nord-Oueft. La fonde y rapporta \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0\ndouze \u00C3\u00A0 quatorze brafl\u00C3\u00A8s fond de roche. Lorfque i77$*\nnous e\u00C3\u00BBmes d\u00C3\u00A9pafl\u00C3\u00AB cette pointe, d'o\u00C3\u00B9 la c\u00C3\u00B4te fe Janvier,\nprolonge plus au Nord, la fonde donna vingt,\nenfuite feize & douze, & enfin cinq brafl\u00C3\u00A8s fond\nde fable. Les derni\u00C3\u00A8res fondes eurent lieu \u00C3\u00A0 environ un mille du rivage. La nuit mit fin \u00C3\u00A0 nos\nrecherches 3 & nous la pafs\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 louvoyer. Le\nlendemain au marin, nous atteign\u00C3\u00AEmes la terre, 20.\n& nous rencontr\u00C3\u00A2mes plufieurs pirogues ; les Infulaires qui les mouraient, prirent courage, &\nils fe hafarderent \u00C3\u00A0 venir \u00C3\u00A0 bord,\ne Je n'avois jamais vu dans mes voyages, d'hommes auffi \u00C3\u00A9tonn\u00C3\u00A9s que ceux-ci, \u00C3\u00A0 Pafp\u00C3\u00A9ct d'un\nvaifl\u00C3\u00A8au ; leurs yeux alloient continuellement d'un\nobjet \u00C3\u00A0 Pautre ; l'admiration \u00C3\u00A9toit peinte fur leur\nphyfionomie & dans leurs gefles : nous juge\u00C3\u00A2mes que tout ce qui frappoit leurs regards \u00C3\u00A9toit\nnouveau pour eux; qu'ils n'avoient re\u00C3\u00A7u jufqu'a-\nlors la vifite d'aucun Europ\u00C3\u00A9en, &, qu'except\u00C3\u00A9\nle fer, ils ne connoiflbient aucune de nos mar-\nchandifes. Il \u00C3\u00A9toit clair n\u00C3\u00A9anmoins , qu'ils en\navoient feulement entendu parler, ou qu'on leur\nen avoit apport\u00C3\u00A9 jadis une petite quantit\u00C3\u00A9, mais\nqu'il s'\u00C3\u00A9toit \u00C3\u00A9coul\u00C3\u00A9 bien du temps depuis cette\n\u00C3\u00A9poque. Ils fembloient favoir que c'\u00C3\u00A9toit une\nfubftance beaucoup plus propre \u00C3\u00A0 tailler des ^^^\u00E2\u0096\u00A0m\n416 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ncorps ou \u00C3\u00A0 percer des,trous, que celles dont ils\nfaifoient ufage. Us nous en demand\u00C3\u00A8rent fous le\nnom de Hamaite ; c'eft vraifemblablement le\nterme qu'ils emploient pour d\u00C3\u00A9figner un infiniment auquel on peut employer le fer d'une mani\u00C3\u00A8re utile : ils Pappliquoient en effet \u00C3\u00A0 la lame\nd'un couteau. Nous reconn\u00C3\u00BBmes toutefois qu'ils\nn'avoient aucune id\u00C3\u00A9e de nos couteaux, & qu'ils\nne favoient pas du tout les manier. Par la m\u00C3\u00AAme\nraifon, ils appelloient fouvent le fer du nom de\nTo\u00C3\u00AB, qui, dans leur langue, lignifie une petite\nhache ou plut\u00C3\u00B4t une herminette. Nous leur d\u00C3\u00AEmes de nous expliquer ce que c'\u00C3\u00A9toit que le fer,\n& ils nous r\u00C3\u00A9pondirent fur-le-champ ; \" Nous\n3, n'en favons rien ; vous favez vous-m\u00C3\u00AAmes ce\n5, que c'eft ; nous n'en avons d'autre id\u00C3\u00A9e que\n\u00E2\u0080\u009E celle du To\u00C3\u00AB ou de YHama\u00C3\u00AFte. ,, Lorfque\nnous leur montr\u00C3\u00A2mes des grains de verre , ils\nnous demand\u00C3\u00A8rent ce que c'\u00C3\u00A9toit, & s'ils d\u00C3\u00A9voient les manger. Nous les avert\u00C3\u00AEmes qu'ils d\u00C3\u00A9voient les fufpendre \u00C3\u00A0 leurs oreilles, & ils nous\nles rendirent comme une chofe inutile : ils ne\nfirent pas plus de cas d'un miroir que nous leur\noffr\u00C3\u00AEmes & qu'ils refuferent par le m\u00C3\u00AAme motif:\nmais ils t\u00C3\u00A9moign\u00C3\u00A8rent un grand defir d'avoir de\nY Hamaite & du To\u00C3\u00AB ; & ils le voul oient en\ngros morceaux.\nLes affiettes de finance , les\ntafles DE COO K.\n4.1:\ntafl\u00C3\u00A8s de porcelaine & les autres meubles de cette \u00C2\u00BB\nefpece, \u00C3\u00A9toient fi nouveaux \u00C3\u00A0 leurs yeux, qu'ils 1778.\nnous demand\u00C3\u00A8rent fi on les faifoit avec du bois ; Janvier\u00C2\u00BB\nils nous pri\u00C3\u00A8rent de leur en donner des \u00C3\u00A9chantillons, qu'ils defiroient montrer \u00C3\u00A0 leurs compatriotes. Ils avoient, \u00C3\u00A0 quelques \u00C3\u00A9gards, une po-\nlitefl\u00C3\u00A8 naturelle qui nous charma : ils craignoient\nbeaucoup de nous offenfer ; ils nous demand\u00C3\u00A8rent o\u00C3\u00B9 ils d\u00C3\u00A9voient s'afl\u00C3\u00A8oir, s'ils pouvoient cracher fur le pont, & ils nous montr\u00C3\u00A8rent de la\nd\u00C3\u00A9licatefle de toute forte de mani\u00C3\u00A8res. Quelques-\nuns r\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A8rent une longue pri\u00C3\u00A8re avant de venir\n\u00C3\u00A0 bord : plufieurs chant\u00C3\u00A8rent & firent avec leurs\nmaps d\u00C3\u00A9s geftes pareils \u00C3\u00A0 ceux que nous avions\nvus fouvent dans les danfes des Ifles des Amis\n& de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. Ils refl\u00C3\u00A8mbloient parfaitement,\nfous un f\u00C3\u00A9cond rapport, aux Infulaires de ces\ndeux grouppes. D\u00C3\u00A8s qu'ils furent au vaifl\u00C3\u00A8au\", ils\ns'efforc\u00C3\u00A8rent de voler toutes les chofes qui fe j\ntrouvoient pr\u00C3\u00A8s d'eux, ou plut\u00C3\u00B4t ils les prirent\nfans fe cacher , comme s'ils avoient \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 f\u00C3\u00BBrs de\nne point nous f\u00C3\u00A2cher , ou de ne pas \u00C3\u00AAtre punis*\nNous ne tard\u00C3\u00A2mes pas \u00C3\u00A0 les d\u00C3\u00A9tromper,1 & s'ils\n'-devinrent enfuite moins emprefles \u00C3\u00A0 fe rendre\nI ma\u00C3\u00AEtres de tout ce qui exckok leurs d\u00C3\u00A9firs, c'eft\nparce qu'ils f\u00C3\u00A8 virent furveill\u00C3\u00A9s de pr\u00C3\u00A8s.\nNous \u00C3\u00A9tions peu \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9s- \u00C3\u00A7fe la cote \u00C3\u00A0 neuf\nTome IL Dd 4i8 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nmvBwmmm heures : j'ordonnai au Lieutenant Williamfon de\n1778. prendre trois canots 5 & d'aller chercher un lieu\nJanvier, propre au d\u00C3\u00A9barquement, & de l'eau douce. Je\nlui recommandai de ne pas emmener plus d'un\nhomme, s'il \u00C3\u00A9toit oblig\u00C3\u00A9 de quitter les canots\npour d\u00C3\u00A9couvrir une aiguade. Au moment o\u00C3\u00B9 il\npartit 5 un des Naturels qui avoit vol\u00C3\u00A9 le coupe*\nret du Boucher, fe jetta \u00C3\u00A0 la mer & gagna fa pirogue ; M. Williamfon qui en fut averti, pour-\nfuivit le voleur fans pouvoir l'atteindre.\nJ'avois d\u00C3\u00A9fendu d'aller \u00C3\u00A0 terre, aux \u00C3\u00A9quipages\ndes trois canots , parce que je voulois prendre\ntous les moyens poffibles de ne pas introduire\nla maladie v\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rienne dans cette Me. Je favois\nque quelques-uns de nos gens en \u00C3\u00A9toient infect\u00C3\u00A9s, & que malheureufement nous l'avions d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0\nr\u00C3\u00A9pandue fur d'autres terres de l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique. Le m\u00C3\u00AAme motif me d\u00C3\u00A9termina \u00C3\u00A0 ne pas recevoir des femmes \u00C3\u00A0 bord des vaifl\u00C3\u00A8aux : plufieurs \u00C3\u00A9toient arriv\u00C3\u00A9es fur des pirogues ; elles\navoient \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s la taille, le teint & les traits\ndes hommes, &, quoique leur phyfionomie annon\u00C3\u00A7\u00C3\u00A2t unefranchife aimable, leur vif\u00C3\u00A0ge & leurs\nproportions manquoient de d\u00C3\u00A9licat\u00C3\u00ABfl\u00C3\u00A8. Au-liei*\nde Maro que portoieiit les hommes , elles\n: avoient autour du corps , une piece d'\u00C3\u00A9toffe qui\ntombcit d? la hauteur des re\u00C3\u00AEns jufqu'\u00C3\u00A0 -ini-cuifle, de Cook. 419\n& c'eft la feule diff\u00C3\u00A9rence que pr\u00C3\u00A9f\u00C3\u00A8ntoit leur ]\nv\u00C3\u00AAtement. Elles n'\u00C3\u00A9tqient pas moins empreflees\nque les hommes \u00C3\u00A0 monter \u00C3\u00A0 bord ; mais , ainfi\nque je le difois tout-\u00C3\u00A0-Pheure, je cherchois \u00C3\u00A0\npr\u00C3\u00A9venir des liaifons qui leur auraient fait un\nmal irr\u00C3\u00A9parable, & qui auraient attir\u00C3\u00A9 une calamit\u00C3\u00A9 aflreufe fur la Nation enti\u00C3\u00A8re. Je ne bornai\npas l\u00C3\u00A0 mes pr\u00C3\u00A9cautions ; je d\u00C3\u00A9fendis , de la mani\u00C3\u00A8re la plus exprefle, d'employer \u00C3\u00A0 terre les\nhommes qui pouvoi\u00C3\u00A9nt y r\u00C3\u00A9pandre Pinfedt\u00C3\u00AEon.\nLe temps feul d\u00C3\u00A9couvrira fi ces r\u00C3\u00A9glemens,\n\u00C3\u00AEnfpir\u00C3\u00A9s par l'humanit\u00C3\u00A9, produifirent l'effet que\nj'en attendois. Je m'\u00C3\u00A9tois occup\u00C3\u00A9 de cet objet\navec le m\u00C3\u00AAme foin, lorfque j'abordai pour la\npremiere fois aux Ifles des Amis ; & j'ai vu\ndepuis avec beaucoup de chagrin, que je n'avois\npas r\u00C3\u00A9uffi. Je crahfs beaucoup que de pareilles ef-\np\u00C3\u00A9rances ne foient toujours tromp\u00C3\u00A9es : dans une\nexp\u00C3\u00A9dition comme la\no\u00C3\u00B9 il devient n\u00C3\u00A9-\nceflake d'avoir \u00C3\u00A0 terre un certain nombre d'hommes 3 les d\u00C3\u00A9tachemens qu'on laifl\u00C3\u00A8 fur la c\u00C3\u00B4te,\nont tant d'occafions & un tel defir de conno\u00C3\u00AEtre\nles femmes du pays, qu'il eft bien difficile d'emp\u00C3\u00AAcher ces liaifons; & un Capitaine qui fe croit\nfur de la fant\u00C3\u00A9 de fon \u00C3\u00A9quipage, efl fouvent d\u00C3\u00A9tromp\u00C3\u00A9 trop tard. Je ne fuis pas m\u00C3\u00AAme perfuad\u00C3\u00A9\nque le plus habile M\u00C3\u00A9decin foit toujours en \u00C3\u00A9tat\nD\u00C3\u00A0 2 1778.\n4*o Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nde dire avec certitude, fi un homme qui fort du\ntraitement, efl tellement gu\u00C3\u00A9ri, qu'il lui foit im-\nJanvier. poffible de communiquer le venin. Il me feroit\naif\u00C3\u00A9 de juftifier mon opinion par quelques exemples. On fait auffi que, parmi les malades , il y\nen a qui, par un fentiment de honte & de pudeur , s'efforcent de cacher \u00C3\u00A0 tout le monde les\ndivers fympt\u00C3\u00B4mes qu'ils \u00C3\u00A9prouvent, & qu'on en\ntrouve d'autres fi d\u00C3\u00A9prav\u00C3\u00A9s , qu'ils ne craignent\npas d'empoifonner la compagne de leurs plaifirs.\nLe canonnier de la D\u00C3\u00A9couverte eut cette audace\ncriminelle \u00C3\u00A0 Tongataboo ; on l'avoit charg\u00C3\u00A9 des\n\u00C3\u00A9changes \u00C3\u00A0 terre : lorfqu'il fe vit attaqu\u00C3\u00A9 de la\nmaladie v\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rienne , il continua fes liaifons avec\nplufieurs femmes, qu'on fuppofoit ne l'avoir pas\nencore contract\u00C3\u00A9e. Ses camarades lui adrefl\u00C3\u00A8rent\nvainement des reproches, & il fallut que le Capitaine Clerke, inflruit d'une conduite auffi dan-\ngereufe, lui * ordonn\u00C3\u00A2t de fe rendre \u00C3\u00A0 bord & de\nne pas retourner dans l'Ifle.\nTandis que les canots examinoient la c\u00C3\u00B4te,\nnous louvoy\u00C3\u00A2mes pour les attendre. M. Williamfon fut de retour \u00C3\u00A0 midi, il me dit qu'il avoit\nvu derri\u00C3\u00A8re une gr\u00C3\u00A8ve, pr\u00C3\u00A8s de l'un des villages,\nun vafte \u00C3\u00A9tang , o\u00C3\u00B9 les Naturels l'avoient af-\nfur\u00C3\u00A9 qu'on trouverait de Peau douce, & que le\nmouillage feroit bon en face de cet \u00C3\u00A9tang. Il de Cook. 421\nefl\u00C3\u00A0ya de d\u00C3\u00A9barquer dans un autre endroit ; mais\nles gens du pays l'en emp\u00C3\u00AAch\u00C3\u00A8rent ; ils fe rendirent en foule au canot, & ils s'efforc\u00C3\u00A8rent d'en- Janvier,\nlever les rames, les fufils, & tout ce qui leur\ntomba fous la main ; ils le pref\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8rent tr\u00C3\u00A8s-vivement, & fon d\u00C3\u00A9tachement, oblig\u00C3\u00A9 de faire feu,\ntua un homme. Je ne fus inftruk de cette mal-\nheureufe circonflance, qu'apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part de\nl'Ifle, en forte que je dirigeai mes mefures comme\ns'il n'\u00C3\u00A9toit rien arriv\u00C3\u00A9 de f\u00C3\u00A2cheux. M. Williamfon\nme dit depuis , que les Infulaires emport\u00C3\u00A8rent\nleur compatriote tu\u00C3\u00A9 ; que , frapp\u00C3\u00A9s de cette\nmort 5 ils s'\u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A8rent, qu'ils continu\u00C3\u00A8rent \u00C3\u00A0 lui\nfaire ligne de d\u00C3\u00A9barquer, mais qu'il fe garda bien\nd'accepter l'invitation. Il ne jugea pas qu'ils euf-\nfent le projet de tuer ou de frapper aucun de fes\ngens; il crut que la curiofit\u00C3\u00A9 feule les excitok \u00C3\u00A0\nobtenir par \u00C3\u00A9change des chofes utiles ; car ils\n\u00C3\u00A9toient pr\u00C3\u00AAts, de leur c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, \u00C3\u00A0 donner en retour\nce qu'ils avoient.\nJe renvoyai dans l'Ifle un des canots, auquel\nj'ordonnai de s'\u00C3\u00A9tablir au meilleur mouillage; j'y\nconduifis enfuite les vaifl\u00C3\u00A8aux, & je mouillai par\nvingt-cinq brafl\u00C3\u00A8s fond de fable gris. La pointe\norientale de la rade, qui \u00C3\u00A9toit la pointe bafle,\ndont j'ai parl\u00C3\u00A9 plus haut, nous reftoit au Sud\n5id Efl ; la pointe occidentale au Nord 25^\nDd 422 Troisi\u00C3\u00A8me Voyag\u00C3\u00A9\nTrrMmgmm Oueft, & le village derri\u00C3\u00A8re lequel on nous an*\n1778. non\u00C3\u00A7oit de l'eau douce, au Nord-Eft-quart-Eft,\nJanvier, \u00C3\u00A0 la diftance d'un mille; mais il fe trouvoit \u00C3\u00A0 un\nquart de mille des brifans, que j'apper\u00C3\u00A7us lorfque la R\u00C3\u00A9folution fut plac\u00C3\u00A9. La D\u00C3\u00A9couverte\njetta l'ancre \u00C3\u00A0 PEft de nous, & plus loin de la\nterre. Je defcendis fur la'c\u00C3\u00B4te enq-e trqis & quatre heures, avec trois canots arm\u00C3\u00A9s & douze\nfoldats de marine ; je voulois gp\u00C3\u00BBter l'eau de l'\u00C3\u00A9tang , & fonder les difpofitions des Infulaires raf-\nfembl\u00C3\u00A9s au nombre de plufieurs centaines, fur\nune gr\u00C3\u00A8ve fablonneufe devant le village. Le fond\nd'une vall\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A9troite fitu\u00C3\u00A9e derri\u00C3\u00A8re, offrit en effet\nune piece d'eau \u00C3\u00A0 mes regards. D\u00C3\u00A8s l'inflant o\u00C3\u00B9\nje d\u00C3\u00A9barquai, tous les Naturels fe profternerent\nla face contre terre ; ils fe tenoient dans cette\nhumble pollute, & il me fallut employer les\ngeftes les plus expreffifs pour les d\u00C3\u00A9terminer \u00C3\u00A0 fe\nrelever. Ils m'apport\u00C3\u00A8rent enfuite une multitude\nde petits cochons, qu'ils me pr\u00C3\u00A9fenterent avec\ndes bananiers; ils pratiqu\u00C3\u00A8rent les m\u00C3\u00AAmes c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies que nous avions vues dans des oc\u00C3\u00A7afions\npareilles, aux Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 , & fur d'autres Mes; l'un d'eux fit une longue pri\u00C3\u00A8re, \u00C3\u00A0 la*\nquelle Pafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e prit part quelquefois. Je leur\nt\u00C3\u00A9moignai ma reconnoifl\u00C3\u00A0nce des marques d'amiti\u00C3\u00A9 qu'ils me donnoient, \u00C3\u00B4c je leur offris, de D E C O O Ko 423\ntiion c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9, les diverfes chofes que j'avois apport\u00C3\u00A9es du vaifl\u00C3\u00A8au. Quand les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies de ma\nr\u00C3\u00A9ception furent termin\u00C3\u00A9es, je pla\u00C3\u00A7ai une garde\nfur le rivage, & on me conduifit \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9tang. L'eau\n\u00C3\u00A9toit bonne, & l'on pouvoit y remplir commod\u00C3\u00A9ment les futailles. Cette piece d'eau \u00C3\u00A9toit fi\nconfid\u00C3\u00A9rable , qu'elle m\u00C3\u00A9riterait le nom de lac :\nelle fe prolongeoit dans l'int\u00C3\u00A9rieur du pays, au-\ndel\u00C3\u00A0 de la port\u00C3\u00A9e de la vue. Apr\u00C3\u00A8s m'\u00C3\u00AAtre aflur\u00C3\u00A9\nmoi-m\u00C3\u00AAme de ce point efl\u00C3\u00A8ntiel, & des difpofi-\ntions pacifiques des habitans de l'Ifle, je retournai \u00C3\u00A0 bord 5 & j'ordonnai de fe pr\u00C3\u00A9parer \u00C3\u00A0 remplir les futailles le lendemain. Le 21, je defcen-\ndis de nouveau \u00C3\u00A0 terre , avec le d\u00C3\u00A9tachement\ncharg\u00C3\u00A9 de ce fervice, & je poflai fur la gr\u00C3\u00A8ve\ndes foldats de marine qui y mont\u00C3\u00A8rent la garde.\nLes \u00C3\u00A9changes commenc\u00C3\u00A8rent d\u00C3\u00A8s que nous e\u00C3\u00BBmes d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A9 ; les Naturels nous vendirent des\ncochons & des patates, que nous pay\u00C3\u00A2mes avec\ndes clous & des morceaux de fer groffi\u00C3\u00A9rement\ntaill\u00C3\u00A9s en forme de cifeaux. Nous f\u00C3\u00AEmes de l'eau\nfans aucun obftacle ; les gens du pays nous aid\u00C3\u00A8rent 5 au contraire, \u00C3\u00A0 rouler les futailles & ils\nnous rendirent de bon c\u00C5\u0093ur les fervices que\nnous leur demand\u00C3\u00A2mes. Comme tout fe paflbit \u00C3\u00A0\nma fatisf\u00C3\u00A0ction, & que ma pr\u00C3\u00A9fence \u00C3\u00A0 l'aiguade\nn'\u00C3\u00A9toit pas n cefl\u00C3\u00A0ire, je laifl\u00C3\u00A0^ le commandement\nDd4\n21. 424 T R O I S I E M E V O Y A G S\nm*--\u00C2\u00BB* \u00C3\u00A0 M. Williamfon, & je remontai la vall\u00C3\u00A9e, ac-\n1778- compagne de M. Anderfon & de M. Webber:\nJanvier, le premier fe difpofoit \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9crire, & le f\u00C3\u00A9cond \u00C3\u00A0\ndeffiner tout ce que nous rencontrerions digne\nde remarque. Une troupe nombreufe d'Infulaires\nnous fuivoit5 & je.choifis, pour notre guide,\nl'un d'eux, qui avoit mis beaucoup d'activit\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0\nmaintenir le bon ordre. Il annon\u00C3\u00A7oit de temps\nen temps notre approche, & les perfonnes que\nnous rencontrions, fe profternoient la face contre terre, & elles demeuraient dans cette poP\nture jufqu'\u00C3\u00A0 ce que nous enflions pafle. Je fus,\nyj\u00C2\u00A3 par la fuite, qu'ils obfervent ce c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monial ref-\npettueux envers leurs grands Chefs. En longeant\nla c\u00C3\u00B4te, lorfque nous arriv\u00C3\u00A2mes de la partie de\nl'Efl, nous avions obferv\u00C3\u00A9 des vaifl\u00C3\u00A8aux, dans\nchaque village, un ou plufieurs corps blancs,\nfemblables \u00C3\u00A0 des pyramides , ou plut\u00C3\u00B4t \u00C3\u00A0 des\nob\u00C3\u00A9lifques ; l'un de ces corps qui me parut avoir\nau moins cinquante pieds de hauteur, fe voyoit\ntr\u00C3\u00A8s-bien du mouillage, & il fembloit n'\u00C3\u00AAtre pas\nplac\u00C3\u00A9 bien avant dans la vall\u00C3\u00A9e. Le principal objet de ma promenade , \u00C3\u00A9toit de l'examiner de\npr\u00C3\u00A8s; notre guide comprit parfaitement, qu'il de-\nvoit nous y mener ; mais l'ob\u00C3\u00A9lifque fe trouvant\nau-del\u00C3\u00A0 de l'\u00C3\u00A9tang, nous ne p\u00C3\u00BBmes l'atteindre.\nUn autre de la.m\u00C3\u00AAme efpece s'offrait \u00C3\u00A0 nos de Cook. 425\nregards \u00C3\u00A0 environ un demi-mille du flanc d\u00C3\u00A9lavai- \t\nl\u00C3\u00A9e, & nous en pr\u00C3\u00AEmes la route. D\u00C3\u00A8s le moment 1778.\no\u00C3\u00B9 nous approch\u00C3\u00A2mes, nous reconn\u00C3\u00BBmes qu'il Janvier*\n\u00C3\u00A9toit dans un cimeti\u00C3\u00A8re ou Morai, qui rei\u00C3\u00AF\u00C3\u00A8m-\nbloit , \u00C3\u00A0 bien des \u00C3\u00A9gards, d'une mani\u00C3\u00A8re frappante , aux Morais que nous avions rencontr\u00C3\u00A9s\nfur les Mes de cet oc\u00C3\u00A9an, & en particulier \u00C3\u00A0'\nl'Ifle d'O-Ta\u00C3\u00AFti : nous d\u00C3\u00A9couvr\u00C3\u00AEmes auffi que les\ndiverfes parties portoient le m\u00C3\u00AAme nom : c'\u00C3\u00A9toit\nun terrein oblong, d'une \u00C3\u00A9tendue confid\u00C3\u00A9rable,\n&,environn\u00C3\u00A9 d'une muraille de pierre d'environ\nquatre pieds de hauteur ; il \u00C3\u00A9toit pav\u00C3\u00A9 de cailloux mobiles, & ce que je nomme la pyramide,\n& ce qui efl appelle Henananoo, dans la langue du pays, occupok l'une des extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s. La\npyramide reflembloit exactement \u00C3\u00A0 une f\u00C3\u00A9conde\nplus grande, que nous avions apper\u00C3\u00A7ue des vaifi-\nf\u00C3\u00A9aux ; elle avoit environ quatre pieds en quarr\u00C3\u00A9\n\u00C3\u00A0 la bafe , & \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s vingt d'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation; des\nbaguettes & des branchages entrelac\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 de petites perches, lefquels pr\u00C3\u00A9fentoient un mauvais\ntreillage, creux ou ouvert en-dedans, depuis le\nfond jufqu'au fommet, en formoient les quatre\nc\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s. La conflru\u00C3\u00A9tion tomboit en ruine, mais\nelle fe trouvoit afl\u00C3\u00A8z bien conferv\u00C3\u00A9e pour nous\n\u00C3\u00AEaifl\u00C3\u00A8r voir, qu'elle avoit \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 originairement couverte d'une \u00C3\u00A9toffe mince , l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re & grife. 426 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nf^*\"\"\" para\u00C3\u00AEt que les Infulaires confacrent \u00C3\u00A0 des ufages\n*778. religieux cette efpece d'\u00C3\u00A9toffe; car nous en ap*\nJanvier, per\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes une grande quantit\u00C3\u00A9 , fufpendue en\nplufieurs endroits du Morai, & on m'en avoit\nmis quelques pieces fur le corps , lorfque je\nd\u00C3\u00A9barquai pour la premiere fois. Il y avoit de\nchaque c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de la pyramide, de longues pieces\nde treillages ou d'ouvrages d'ofier, appelles Here anee, qui tomboient \u00C3\u00A9galement en ruine ; &\n\u00C3\u00A0 l'un des coins, pr\u00C3\u00A8s d'une planche attach\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0\nla hauteur de cinq \u00C3\u00A0 fix pieds, & charg\u00C3\u00A9e de *\nquelques bananiers , deux perches minces qui\ns'inclinoient l'une vers l'autre. Ils nous dirent\nque les fruits \u00C3\u00A9toient une offrande \u00C3\u00A0 leur Dieu.\nIls donnent \u00C3\u00A0 cette efpece d'autel, le nom de\nHerairemy, d'o\u00C3\u00B9 il r\u00C3\u00A9fulte que c'eft le whatta\ndes O-Ta\u00C3\u00AFtiens. Devant YHenananoo, un petit\nnombre de morceaux de bois fculpt\u00C3\u00A9s, repr\u00C3\u00A9fen-\ntoient des figures humaines : ces fculptures,\njointes \u00C3\u00A0 une pierre de deux pieds de hauteur,\ncouvertes d'\u00C3\u00A9toffes, appellee Hoho , & confa-\ncr\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Tongaroa, Dieu de l'Ifle, nous rappel-\nlerent de plus en plus les diverfes chofes que\nnous avions rencontr\u00C3\u00A9es dans les Morals , des\nderni\u00C3\u00A8res terres o\u00C3\u00B9 nous avions abord\u00C3\u00A9 : \u00C3\u0087a) un\n(a) Voyez la defcription du Moral O-Ta\u00C3\u00AFtier: be Cook.\n4\u00C3\u00AA.\n.feangar auffi petit qu'une loge de chiens, que \u00E2\u0096\u00A0\nles Naturels nomment Hareepahoo, \u00C3\u00A9toit en- 1778.\ndehors du Morai, & contigu \u00C3\u00A0 YHenananoo Janvier.\n& \u00C3\u00A0 YHoho ; il fe trouvoit pr\u00C3\u00A9c\u00C3\u00A9d\u00C3\u00A9 d'un tombeau, o\u00C3\u00B9 l'on nous dit qu'on avoit enterr\u00C3\u00A9 une\nfemme.\nLe c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 le plus \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9 de la cour du Mo*\nrai, offrait une maifon ou hangar, d'environ\nquarante pieds de long, de dix de large au milieu, c|'unev moindre largeur \u00C3\u00A0 chacune des extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s, & de dix pieds de hauteur. Les Naturels du pays donnent le nom de Hemanaa \u00C3\u00A0\ncet \u00C3\u00A9difice, qui efl beaucoup plus long, mais\nmoins \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9 que leurs habitations ordinaires :\nl'entr\u00C3\u00A9e fe trouvoit au milieu, du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 qui re-\ngardoit le Morai. Il y avoit au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 le plus\n\u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9 de ce hangar, en face de l'entr\u00C3\u00A9e, deux\nfigures de bois d'un feul morceau, fur un pi\u00C3\u00A9-\ndeftal ; elles \u00C3\u00A9toient d'environ trois pieds de hauteur, afl\u00C3\u00A8z bien deffin\u00C3\u00A9es & afl\u00C3\u00A8z bien fculpt\u00C3\u00A9es;\nles Infulaires les appelloient Eatooa no Vehei-\nfia, ou figures de D\u00C3\u00A9efl\u00C3\u00A8s : l'une d'elles portok\nfur fa t\u00C3\u00AAte un cafque fculpt\u00C3\u00A9, peu diff\u00C3\u00A9rent de\ncelui de nos anciens guerriers ; & l'autre, un\no\u00C3\u00B9 fe fit le f\u00C3\u00A0crifice humain, auquel le Capitaine\nm 428 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0 ' bonnet cylindrique, qui refl\u00C3\u00A8mbloit au Tomou>\n1778. des O-Ta\u00C3\u00AFtiens; des pieces d'\u00C3\u00A9toffes leur enve-\nJanvier. loppoient les reins & tomboient fort bas. On\nvoyoit \u00C3\u00A0 peu de diftance de chacune, un morceau de bois fculpt\u00C3\u00A9, orn\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A9galement de lambeaux d'\u00C3\u00A9toffe, & un amas de foug\u00C3\u00A8re, entre ou\ndevant les pi\u00C3\u00A9deftaux. Nous juge\u00C3\u00A2mes qu'on y\navoit d\u00C3\u00A9pof\u00C3\u00A9 cette foug\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 diff\u00C3\u00A9rentes \u00C3\u00A9poques,\ncar nous y remarqu\u00C3\u00A2mes tous les degr\u00C3\u00A9s du def-\nf\u00C3\u00A9chement, & une partie \u00C3\u00A9toit enti\u00C3\u00A8rement fl\u00C3\u00A9trie , tandis qu'une autre partie confervoit fa\nfra\u00C3\u00AEcheur & fa couleur. j^l\nLe milieu de la maifon, devant les deux figures de bois, offrait un efpace oblong, enferm\u00C3\u00A9\npar une bordure de pierres, peu \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9 & couvert de ces lambeaux d'\u00C3\u00A9toffe , dont j'ai parl\u00C3\u00A9\nfi fouvent. Les Infulaires donnoient \u00C3\u00A0 cet endroit , le nom de Heneene ; ils nous dirent que\nc'\u00C3\u00A9toit le tombeau de fept Chefs, qu'ils d\u00C3\u00A9figne-\nrent par leurs noms. Nous remarquions des ana- S\nlogies fi fr\u00C3\u00A9quentes, entre ce cimeti\u00C3\u00A8re, & ceux\ndes Ifles des Amis & de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, que nous\nnous attend\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 trouver la refl\u00C3\u00A8mblance port\u00C3\u00A9e\nplus loin : nous ne dout\u00C3\u00A2mes pas que les c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies ne fufl\u00C3\u00A8nt les m\u00C3\u00AAmes, & que cette peuplade n'e\u00C3\u00BBt auffi l'horrible habitude de facrifier\ndes victimes humaines. Des indices, directs ne D E C O O K. f||\ntard\u00C3\u00A8rent pas \u00C3\u00A0 confirmer nos foup\u00C3\u00A7ons ; car,\nen fortant de la maifon, nous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes pr\u00C3\u00A8s\nde l'entr\u00C3\u00A9e, un petit quarr\u00C3\u00A9 & un f\u00C3\u00A9cond moindre encore ; & ayant demand\u00C3\u00A9 ce que c'\u00C3\u00A9toit?\nnotre guide nous r\u00C3\u00A9pondit tout de fuite, qu'on\navoit enterr\u00C3\u00A9 dans l'un un homme facrifi\u00C3\u00A9 aux\nDieux Taata, \u00C3\u0087a)Taboo, \u00C3\u0087b) & dans l'autre,\nun cochon immol\u00C3\u00A9 auffi \u00C3\u00A0 la Divinit\u00C3\u00A9. Nous obferv\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 peu de diftance de ceux-ci, trois autres quarr\u00C3\u00A9s orn\u00C3\u00A9s chacun de deux morceaux de\nbois fculpt\u00C3\u00A9s & couverts de foug\u00C3\u00A8re : c'\u00C3\u00A9toient\nles tombeaux de trois Chefs. On voyoit fur le\ndevant un efpace oblong & enclos, que notre\nconducteur appelloit auffi, Tangata-Taboo; il\najouta clairement, & de mani\u00C3\u00A8re \u00C3\u00A0 ne pas nous\nexpofer \u00C3\u00A0 une m\u00C3\u00A9prife, qu'on y avoit enterr\u00C3\u00A9;\nles victimes humaines, facrifi\u00C3\u00A9es aux fun\u00C3\u00A9railles!\ndes trois Chefs. Je fus vivement afflig\u00C3\u00A9 de rencontrer des preuves de cet ufage fanguinake dansv\ntoutes l\u00C3\u00A7s terres de l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique , parmi,-\ndes peuplades qui font fi \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9es & m\u00C3\u00AAme\nqui ne fe connoifl\u00C3\u00A8nt pas, quoique tout annonce\nl'identit\u00C3\u00A9 de leur origine. Ce qui augmenta ma\n1778.\nJanvier.\nmmi\n( Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nr=s^-; douleur , tout indiquoit que ces barbares fa-\n1778. crifices \u00C3\u00A9toient tr\u00C3\u00A8s-communs. L'Ifle fembloif\nJanvier, rempli de tombeaux des victimes humaines, pareils \u00C3\u00A0 celui que je viens de d\u00C3\u00A9crire : il \u00C3\u00A9toit\nPun des moins confid\u00C3\u00A9rables, & il avoit beaucoup moins d'apparence que plufieurs autres qui\nfrapp\u00C3\u00A8rent nos regards, au moment o\u00C3\u00B9 les vaifl\u00C3\u00A8aux long\u00C3\u00A8rent la c\u00C3\u00B4te, & en particulier, qu'un\nfitu\u00C3\u00A9 de l'autre c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de P\u00C3\u00A9tang dans cette vall\u00C3\u00A9e.\nUHenananoo, o\u00C3\u00B9 la pyramide blanche tirait fa\ncouleur des pieces d'\u00C3\u00A9toffe, qui la d\u00C3\u00A9coraient :\ndiverfes parties de l'enclos renfermoient des arbres de Pefpece appellee Cordia Sebeflina ,\nquelques-uns de Pefpece nomm\u00C3\u00A9e Morinda ci-\ntri folia, & plufieurs Et ces ou Jeejees de Ton*\ngaiaboo. UHemanaa \u00C3\u00A9toit couvert des feuilles\nde YEtee; & comme j'obfervai que les Naturels n'emploient pas les feuilles de cette plante,\ndans la couverture de leurs habitations, il efl:\nvraifemblable qu'ils les emploient toutes \u00C3\u00A0 des\nufages religieux.\nNous travers\u00C3\u00A2mes des plantations pour allere\nau Morai, & pour en revenir. La plus grande\npartie du terrein \u00C3\u00A9toit plat, & entrecoup\u00C3\u00A9 de.\nfolles remplis d'eau, & de chemins \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9s par\nles Naturels \u00C3\u00A0 une certaine hauteur. Nous y trouv\u00C3\u00A2mes fur-tout des champs de Taro, lequel croit DE COO K. 431\nici avec beaucoup de force, car le fol eft au-\ndeflbus du niveau ordinaire, & il conferve l'eau,\ndont cette racine a befoin. L'eau vient probablement de la fource, qui entretient l'\u00C3\u00A9tang auquel nous rempl\u00C3\u00AEmes nos futailles. Nous apper-\n\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes, dans les endroits plus fees, des plantations tr\u00C3\u00A8s-r\u00C3\u00A9gulieres de m\u00C3\u00BBrier-\u00C3\u00A9toffe , qu'on te-\nnoit fort propres, & dont la v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tation n'\u00C3\u00A9toit\npas moins vigoureufe. Les cocotiers, tous peu\n\u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9s, n'avoient pas une auffi belle apparence ;\nles bananiers, fans \u00C3\u00AAtre d'une grande taille, pro-\nmettoient davantage. En g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, les arbres qui\nenvkonnoient le village , & les autres que nous\nv\u00C3\u00AEmes autour de la plupart des bourgades que\nnous d\u00C3\u00A9paffames avant de mouiller, font de l'ef-\npece appellee Cordia Sebeflina, mais moins\ngros que dans les Mes fitu\u00C3\u00A9es plus au Sud. La\npartie la plus \u00C3\u00A9tendue du village, fe trouve pr\u00C3\u00A8s\nde la gr\u00C3\u00A8ve, & on y compte plus de foixante\nmaifons ; environ, quarante autres font difperf\u00C3\u00A9es\nplus/\u00C3\u00BBvant dans l'int\u00C3\u00A9rieur du pays, du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 du\ncimeti\u00C3\u00A8re.\nLorfque nous e\u00C3\u00BBmes examin\u00C3\u00A9 foigneufemen\u00C3\u00A7\ntout ce qui fe trouvoit aux envkons du Morai,\n& lorfque M. Webber eut achev\u00C3\u00A9 fes defl\u00C3\u00A8ins\nde l'\u00C3\u00A9difice & du diftrict d'alentour, nous retourn\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 nos canots a en fuivant un chemin\n1778.\nJanvier. 43\u00C2\u00A3 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\" diff\u00C3\u00A9rent de celui par lequel nous \u00C3\u00A9tions venus.\n1778. Il y avoit une foule nombreufe rafl\u00C3\u00A8mbl\u00C3\u00A9e fur la\nJanvier, gr\u00C3\u00A8ve ; nos gens achetoient des Infulaires des\ncochons-de-lait, des volailles & des racines , &\nune loyaut\u00C3\u00A9 extr\u00C3\u00AAme pr\u00C3\u00A9fidoit aux \u00C3\u00A9changes : je\nne m'apper\u00C3\u00A7us pas n\u00C3\u00A9anmoins qu'aucun des Naturels f\u00C3\u00AEt la police. A midi, j'allai d\u00C3\u00AEner \u00C3\u00A0 bordi\n& M. King fe rendit \u00C3\u00A0 terre pour commander le\nd\u00C3\u00A9tachement qui y \u00C3\u00A9toit. Il devoit s'y rendre le\nmatin, mais des obfervations de Lune le retinrent au vaifl\u00C3\u00A8au. Dans l'apr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00AEner, je d\u00C3\u00A9barquai\nde nouveau avec le Capitaine Clerke; nous voulions examiner une f\u00C3\u00A9conde fois l'int\u00C3\u00A9rieur du\npays, mais la nuit furvint avant que nous puffions\nex\u00C3\u00A9cuter notre projet : j'y renon\u00C3\u00A7ai pour le moment , & il ne fe pr\u00C3\u00A9fenta pas enfuite d'occafion\nde l'effectuer. Je ramenai tout le monde \u00C3\u00A0 bord\nau coucher du Soleil Nous rempl\u00C3\u00AEmes neuf futailles durant cette journ\u00C3\u00A9e, & nous obtinmes\nfoixante-dix ou quatre-vingt cochons-de-lait, un\npetit nombre de volailles, beaucoup de patates,\nquelques bananes, & des racines de tara , que\nnous pay\u00C3\u00A2mes fur-tout avec des clous & des\nmorceaux de fer. Les Infulaires font dignes de\ntous nos \u00C3\u00A9loges, pour l'honn\u00C3\u00AAtet\u00C3\u00A9 qu'ils mirent\ndans les \u00C3\u00A9changes ; ils n'efi\u00C3\u00A0yerent pas une fois\nde nous tromper, foit \u00C3\u00A0 bord, foit \u00C3\u00A0 la hanche\ndes O\u00C3\u0099\nDE COO K.\ndes vaifl\u00C3\u00A8aux : quelques-uns d'eux, il efl vrai,\nmontr\u00C3\u00A8rent d'abord une difpofition au vol, afnfi\n1778.\nque je l'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit, ou plut\u00C3\u00B4t ils crurent qu'ils Janvier.\navoient droit \u00C3\u00A0 tout ce dont ils pouvoient s'emparer ; mais ils ne tard\u00C3\u00A8rent pas \u00C3\u00A0 changer de\nconduite, lorfqu'ils virent que nous les punirions.\nParmi les chofes qu'ils apport\u00C3\u00A8rent au march\u00C3\u00A9,\nnous remarqu\u00C3\u00A2mes une efpece particuli\u00C3\u00A8re de\nmanteaux & de bonnets, qui feraient r\u00C3\u00A9put\u00C3\u00A9s\n\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9gans, m\u00C3\u00AAme dans les pays o\u00C3\u00B9 l'on s'occupe\nle plus de la parure; les premiers ont \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s\nla grandeur & la forme des manteaux courts que\nportent les femmes en Angleterre, & les hommes en Efpagne ; ils defcendent jufqu'au milieu\ndu dos, & ils font attach\u00C3\u00A9s, fur le devant, d'une\nmani\u00C3\u00A8re peu ferr\u00C3\u00A9e. Le fond efl un r\u00C3\u00A9feau, fur\nlequel on a plac\u00C3\u00A9 de tr\u00C3\u00A8s-belles plumes rouges\n& jaunes, fi pr\u00C3\u00A8s les unes des autres , que la\nfurface refl\u00C3\u00A8mble au velours le plus \u00C3\u00A9pais, le\nplus moelleux & le plus luflr\u00C3\u00A9. Les defl\u00C3\u00A8ins en\nfont tr\u00C3\u00A8s-diff\u00C3\u00A9rens ; quelques-uns offrent des ef-\npaces triangulaires, rouges & jaunes ; d'autres,\nune efpece de croif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A0nt ; plufieurs enti\u00C3\u00A8rement\nrouges, avoient une large bordure jaune, &, \u00C3\u00A0\nune certaine diftance, on les e\u00C3\u00BBt pris pour un\nmanteau d'\u00C3\u00A9carlate , galonn\u00C3\u00A9 d'or \u00C3\u00A0 la bordure.\nLes couleurs \u00C3\u00A9clatantes des plumes, dans ceux\nTome IL Ee 434 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ni \u00E2\u0096\u00A0 | qui \u00C3\u00A9toieht neufs, n'ajouraient pas peu \u00C3\u00A0 leyr\n1778. beaut\u00C3\u00A9. Les Naturels y mettaient un grand prix;\nJanvier, car rien de ce que nous leur offr\u00C3\u00AEmes, ne put\nles d\u00C3\u00A9terminer d'abord \u00C3\u00A0 nous en c\u00C3\u00A9der un feul ;\nils ne vouloient les \u00C3\u00A9changer que contre un fufil :\npar la fuite n\u00C3\u00A9anmoins on nous en vendit quatre\nou cinq, que nous pay\u00C3\u00A2mes avec de tr\u00C3\u00A8s-grands\nclous. Ceux de ces manteaux qui fe trouvoient\nde la premiere qualit\u00C3\u00A9, \u00C3\u00A9toient rares : il para\u00C3\u00AEt\nqu'ils s'en fervent feulement dans leurs c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9mo*\nnies d'appareil, & dans leurs jeux ; car tous les *\nNaturels, auxquels nous en v\u00C3\u00AEmes, firent fes\ngeftes que nous avions vu faire auparavant aux\nchanteurs.\nLe bonnet a prefque la forme d'un \u00C3\u00A7afque;\nle n$ieu efl orn\u00C3\u00A9 d'une cr\u00C3\u00AAte, qui efl quelquefois de la largeur de la main : il ferre la t\u00C3\u00AAte de\npr\u00C3\u00A8s, & il a des trous par o\u00C3\u00B9 pafl\u00C3\u00A8nt les oreilles.\nC'eft un chaffis de baguettes d'ofier, couvert\nd'un r\u00C3\u00A9feau, dans lequel on a tiflu des plumes\nde m\u00C3\u00AAme que fur les manteaux, mais le tiflu en\nefl' plus ferr\u00C3\u00A9, & les couleurs en font moins vari\u00C3\u00A9es. La plus grande partie efl rouge, & ils\npr\u00C3\u00A7fentent fur les c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s quelques rayures noires,\njaunes ou vertes, qui fuivent la courbure de la\ncr\u00C3\u00AAte : il efl vraifemblable que le bonnet & le\nmanteau forment un ajuftement complet; car de Cook. 435\nnous rencontr\u00C3\u00A2mes des Naturels qui portaient\nl'un & l'autre.\nNous ne pouvions imaginer d'o\u00C3\u00B9 ils tiroient\nune quantit\u00C3\u00A9 fi confid\u00C3\u00A9rable de ces belles plumes\nrouges ; mais nous f\u00C3\u00BBmes bient\u00C3\u00B4t d'o\u00C3\u00B9 ils en\ntkent du moins une efpece ; car ils apport\u00C3\u00A8rent\n\u00C3\u00A0 notre march\u00C3\u00A9 une multitude de petits oifeaux\nrouges , qui formoient des paquets de plus de\nvingt, & qui \u00C3\u00A9toient enfil\u00C3\u00A9s par les narines \u00C3\u00A0\nune brochette de bois. Les premieres robes d'oi-\nfeaux que nous achet\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 bord , ne conte-\nnoient que les plumes plac\u00C3\u00A9es dans l'intervalle\ndes ailes \u00C3\u00A0 la t\u00C3\u00AAte ; mais depuis , nous nous en\nprocur\u00C3\u00A2mes beaucoup d'autres, o\u00C3\u00B9 fe trouvoient\nles plumes de derri\u00C3\u00A8re, avec la queue & les\npieds. Les premieres nous donn\u00C3\u00A8rent, tout de\nfuite , l'explication de la fable, adopt\u00C3\u00A9e jadis\ntouchant les oifeaux du Paradis, qu'on difoit\nmanquer de jambes. Les habitans des Mes fitu\u00C3\u00A9es\n\u00C3\u00A0 PEft des Moluques, d'o\u00C3\u00B9 nous viennent les\nrobes des oifeaux du Paradis, leur coupent vrai-\nfemblablement les pieds, par la m\u00C3\u00AAme raifon que\nles Infulakes d'Atooi; ceux-ci nous dkent qu'ils\nfont cette amputation, afin de conferver les plumes plus aif\u00C3\u00A9ment, & fans perdre aucune des\nparties qu'ils regardent comme pr\u00C3\u00A9cieufes. M. Anderfon jugea que l'oifeau rouge d'Atooi, efl une\nEe &\nanvrer. EsaszssrgKRaB!\n436 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nefpece de M\u00C3\u00A9rops ; il eft \u00C3\u00A0-peu-pr\u00C3\u00A8s de la grof-\n1778- feur d'un moineau, & d'un beau rouge \u00C3\u00A9carlate;\nJanvier, il a la queue & les ailes noires ; fon bec arqu\u00C3\u00A9,\na deux fois la longueur de fa t\u00C3\u00AAte, & il efl rou-\nge\u00C3\u00A2tre, ainfi que les pieds. Ceux que nous achet\u00C3\u00A2mes 5 avoient la t\u00C3\u00AAte vuide, ainfi que les oifeaux du Paradis ; mais il para\u00C3\u00AEt que , pour les\nconferver, ils n'emploient d'autre m\u00C3\u00A9thode que\n%de les f\u00C3\u00A9cher; car les robes, quoique humides,\nn'avoient ni la faveur ni l'odeur qui r\u00C3\u00A9fultent des'\nfubftances antiputrides. \u00C3\u0087a)\n(tf) La pr\u00C3\u00A9dilection pour les plumes rouges, qu'on\nremarque dans toutes les Mes de l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique,\nefl r\u00C3\u00A9ellement curieufe , & ceux qui s'amufent \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9couvrir les migrations extraordinaires de la m\u00C3\u00AAme\nNation ou Tribu, fur les diff\u00C3\u00A9rentes terres de cette\npartie du monde, tireront vraifemblablement du paragraphe qu'on vient de lire, un nouvel argument en\nfaveur de Thypothefe qui regarde la Nouvelle-Guin\u00C3\u00A9e,\n& les Ifles des Indes Orientales, d'o\u00C3\u00B9 les Hollandois\nnous apportent les oifeaux du paradis, comme ayant\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 peupl\u00C3\u00A9es originairement par la race d'Indiens,\nque le Capitaine Cook a trouv\u00C3\u00A9s fur toutes les Ifles\nde la mer du Sud, depuis la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande, juf-\nqu'au grouppe dont Atooi fait partie.\nCe que M. Sonnerat dit de l'oifeau du paradis, efl\nparfaitement d'accord avec les d\u00C3\u00A9tails que nous donne\nM. Cook touchant les oifeaux rouges , conferv\u00C3\u00A9s par\nles Naturels d'Atooi. Apr\u00C3\u00A8s ayok parl\u00C3\u00A9 des Papous, de Cook. 437\nIl plut prefque continuellement durant la nuit, =2\n& la matin\u00C3\u00A9e du 22 ; le vent fouffloit du Sud- 177^-\nEfl, du Sud-Sud-Eft 6c du Sud, & la mer de- Janvier,\nvint clapoteufe; comme les brifans fe trouvoient 22.\n\u00C3\u00A0 environ deux milles de l'arri\u00C3\u00A9re de la R\u00C3\u00A9folution , notre pofitioniitoit afl\u00C3\u00A8z dangereufe : le\nrefl\u00C3\u00A0c , qui battoit la c\u00C3\u00B4te, avoit une fi grande\n\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9vation, que nous ne pouvions d\u00C3\u00A9barquer en\ncanots; mais cette journ\u00C3\u00A9e ne fut pas enti\u00C3\u00A8rement perdue , car les Naturels arriv\u00C3\u00A8rent en pi-\nm\nil continue ainfi : \u00C2\u00AB. Ils nous pr\u00C3\u00A9fenterent plufieurs\n\u00C2\u00BB efpeces d'oifeaux , auffi \u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9gans par leur forme ,\n3? que bril\u00C3\u00AEans par l'\u00C3\u00A9clat de leurs couleurs. La d\u00C3\u00A9-\n\u00C2\u00BB pouille des oifeaux fert \u00C3\u00A0 la parure des Chefs, qui\n\u00C2\u00BB la portent attach\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 leurs bonnets en forme d'ai-\ni) grettes : mais en pr\u00C3\u00A9parant la peau, ils coupent les\ni pieds. Les Holiandois qui trafiquent fur ces c\u00C3\u00B4tes,\n3> y ach\u00C3\u00A8tent de ces peaux, ainfi pr\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9es, les tranf-\n\u00C2\u00BB portent en Perfe, \u00C3\u00A0 Surate, dans les Indes, o\u00C3\u00B9 ils\n3> les vendent fort cher aux habitans riches, qui en\n3> font des aigrettes pour leurs turbans, 6c pour le\n31 cafque des guerriers, 6c qui en parent leurs che-\nj\u00C3\u00AF vaux. C'eft de-l\u00C3\u00A0 qu'efl venue l'opinion , qu'une\n33 de ces efpeces d'oifeaux, (l'oifeau du paradis) n'a\n3> point de pattes. Les Holiandois ont accr\u00C3\u00A9dit\u00C3\u00A9 ces\n3> fables, qui, en jettant du merveilleux fur les objets\n3> dont ils trafiquoient 9 \u00C3\u00A9toient propres \u00C3\u00A0 les rendre\n3> plus pr\u00C3\u00A9cieux, 6c \u00C3\u00A0 en rehauffer la valeur. 3> Voyage\n\u00C3\u00A0 la Nouvelle-Guin\u00C3\u00A9e , pag. 154, jfj|P\nEe % 438 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ne ! j rogues, & ils apport\u00C3\u00A8rent des cochons & des\n1778. racines, que nous achet\u00C3\u00A2mes. L'un d'eux , qui\nJanvier, offrit de nous vendre des hame\u00C3\u00A7ons, avoit un\npaquet d'\u00C3\u00A9toffe attach\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 la corde d'un de ces\nhame\u00C3\u00A7ons ; & il eut foin de le r\u00C3\u00A9ferver lorfqu'il\nnous vendit l'hame\u00C3\u00A7on. Nous lui demand\u00C3\u00A2mes ce\nque c'\u00C3\u00A9toit; il nous montra fon ventre, il parla\nde la mort, & il dit en m\u00C3\u00AAme-temps que cela\n\u00C3\u00A9toit mauvais : il ne parut pas difpof\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 r\u00C3\u00A9pondre\n\u00C3\u00A0 notre queftion d'une mani\u00C3\u00A8re plus claire. Il\ncachoit avec empref\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8ment les chofes que ren-\nfermoit fon paquet : nous le pri\u00C3\u00A2mes de l'ouvrir,\nil y confentit en t\u00C3\u00A9moignant beaucoup de r\u00C3\u00A9pugnance , & il lui fallut un peu de temps pour\nnous fatisfaire; car il y avoit bien des morceaux\nd'\u00C3\u00A9toffes : nous v\u00C3\u00AEmes qu'il contenoit une tranche\nde chair de deux pouces de longueur, qui pa-\nroiflbit avoir \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 f\u00C3\u00A9ch\u00C3\u00A9e , & fur laquelle on\navoit jette de Peau fal\u00C3\u00A9e, qui la rendoit humide:\nnous juge\u00C3\u00A2mes que ce pouvoit \u00C3\u00AAtre de la chair\nhumaine, & que les habitans de l'Ifle mangent\npeut-\u00C3\u00AAtre leurs ennemis ; nous n'avions en effet\nque trop de preuves de l'exiftence de cet ufage\nparmi quelques-unes des peuplades de la mer du\nSud. Nous interroge\u00C3\u00A2mes, fur ce point, l'homme\n\u00C3\u00A0 qui appartenoit le paquet ; il nous r\u00C3\u00A9pondit\nque c'\u00C3\u00A9toit de la chair humaine : nous demanda- de Coo k. 439\nmes enfuite \u00C3\u00A0 un autre de fes compatriotes, qui *\n\u00C3\u00A9toit aupr\u00C3\u00A8s de lui, s'ils avaient coutume de 1778.\nmanger les guerriers qu'ils tuoient da$s les ba- Janvier-\ntailles? & fur-le-champ il nous dit qu'oui.\nIl y eut quelques intervalles de beau temps\ndans l'apr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00AEner, & le vent prit alors de PEft\n& du Nord-Eft ; mais le foir il repafl\u00C3\u00A0 au Sud-\nSud-Eft ; la pluie revint, & elle dura toute la\nnuit : par bonheur, elle ne fut pas accompagn\u00C3\u00A9e\nde beaucoup d\u00C3\u00A9 vent. Nous nous \u00C3\u00A9tions pr\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9e\n\u00C3\u00A0 l'orage, en laifl\u00C3\u00A0nt tomber l'ancre d'affourche,\n<\u00C3\u0087c en abattant nos vergues de perroquet\nLe 23, \u00C3\u00A0 fept heures du matin, il s'\u00C3\u00A9leva une 23.\nbriie du Nord-Eft, & je fis relever les ancres\navec le defl\u00C3\u00A8in de conduire la R\u00C3\u00A9folution plus\nau large : la derni\u00C3\u00A8re ancre fut \u00C3\u00A0 peine au boflbir,\nque le vent pafla \u00C3\u00A0 PEft, ce qui m'obligea de\nforcer de voile pour m'\u00C3\u00A9loigner de la c\u00C3\u00B4te ;\nnous f\u00C3\u00BBmes jettes fous le vent, avant que nous\nenflions pris une bonne pofition. Je m'\u00C3\u00A9teitdis au\nlarge, dans l'intention de regagner la rade ; mais\nayant peu de vent, & un courant tr\u00C3\u00A8s - fort\nportant contre les vaifl\u00C3\u00A8aux, je vis que je ne\npourrais pas ex\u00C3\u00A9cuter mon projet. J'ordonnai \u00C3\u00A0\nM M. King & Williamfon , de prendre trois\ncanots, de fe rendre \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te, & de nous rapporter de Peau & des rafra\u00C3\u00AEchifl\u00C3\u00A8mens : j'envoyai\nEe 4 440 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00C2\u00BB auffi , au Capitaine Clerke, un ordre de mettre\n*77%* en mer, s'il me jugeoit dans Pimpoffibilit\u00C3\u00A9 de\nJanvier. regagGer ia rade. J'efp\u00C3\u00A9rois en rencontrer une ou\npeut-\u00C3\u00AAtre un havre, \u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e occidentale de\nPIfle, & je me confolois des obftacles qui m'\u00C3\u00A9-\ncartoient de ma premiere ftation : mais comme\nj'y avois envoy\u00C3\u00A9 trois canots, je me tins au vent\nle plus qu'il me fut poffible , &, malgr\u00C3\u00A9 tous\nmes efforts, j'\u00C3\u00A9tois \u00C3\u00A0 trois lieues fous le vent \u00C3\u00A0\nmidi. A mefure que nous approch\u00C3\u00A2mes de l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 occidentale de l'Ifle , nous reconn\u00C3\u00BBmes\nque la c\u00C3\u00B4te s'arrondiflbit peu-\u00C3\u00A0-peu au Nord-Eft,\nfans former une crique ou une anfe qui offr\u00C3\u00AEt\nun afyle contre la force de la houle, qui venoit\ndu Nord , & qui produifoit, fur la c\u00C3\u00B4te, un\nreflac effrayant ; & les efp\u00C3\u00A9rances que j'avois\ncon\u00C3\u00A7ues de d\u00C3\u00A9couvrir un havre, s'\u00C3\u00A9vanouirent.\nPlufieurs pirogues qui arriv\u00C3\u00A8rent dans la matin\u00C3\u00A9e , nous finirent, & elles \u00C3\u00A9chang\u00C3\u00A8rent les racines & les autres articles qui formoient leur car-\ngaifon. Toujours \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9 de croire que cette\npeuplade \u00C3\u00A9toit cannibale , malgr\u00C3\u00A9 les foup\u00C3\u00A7ons\nbien fond\u00C3\u00A9s que nous avions con\u00C3\u00A7us la veille,\nje profitai de l'occafion pour faire de nouvelles\nrecherches fur cette mati\u00C3\u00A8re. Nous avions achet\u00C3\u00A9\nun petit inftrument de bois , garni de dents de\nrequin ; il refl\u00C3\u00A8mbloit un peu \u00C3\u00A0 la fcie ou au de Cook. 441\ncouteau dont fe fervent les Naturels de la Nou- \u00E2\u0096\u00A0\nvelle-Z\u00C3\u00A9lande, pour diff\u00C3\u00A9quer les corps de leurs 1778.\nennemis, & nous pens\u00C3\u00A2mes qu'il avoit peut-\u00C3\u00AAtre Janvier,\nici le m\u00C3\u00AAme ufage. L'un des Infulaires nous apprit tout de fuite le nom de l'inftrument; il nous\ndit qu'il fervok \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9couper le ventre d'un homme\nou d'une femme tu\u00C3\u00A9 ; fa r\u00C3\u00A9ponfe expliquant &\nconfirmant les id\u00C3\u00A9es que nous avoit donn\u00C3\u00A9 le Naturel qui toucha fon ventre, le 22 , je lui demandai fi fes compatriotes mangeoient la partie\nqu'ils d\u00C3\u00A9coupoient ainfi , & il d\u00C3\u00A9clara que non\nd'une mani\u00C3\u00A8re tr\u00C3\u00A8s-pofitive : je lui fis une f\u00C3\u00A9conde fois la m\u00C3\u00AAme queftion ; alors il parut effray\u00C3\u00A9 , & il gagna fa pirogue \u00C3\u00A0 la nage. Au moment o\u00C3\u00B9 il l'atteignit, il exprima par fes geftes\nPuf\u00C3\u00A0ge de. l'inftrument. Nous demand\u00C3\u00A2mes auffi\n\u00C3\u00A0 un vieillard, qui \u00C3\u00A9toit affis fur le devant de la\npirogue , s'ils mangeoient de la chair humaine ;\nil r\u00C3\u00A9pondit qu'oui, & il fe mit \u00C3\u00A0 rke , comme\ns'il fe fut moqu\u00C3\u00A9 de la fimplick\u00C3\u00A9 de notre queftion. Nous lui propos\u00C3\u00A2mes la m\u00C3\u00AAme queftion une\nf\u00C3\u00A9conde fois, il fit la m\u00C3\u00AAme r\u00C3\u00A9ponfe, &il ajouta\nque c'\u00C3\u00A9toit un excellent mets, ou, pour me fer-\nvk de fes expreffions, un manger favour eux.\nLes canots furent de retour \u00C3\u00A0 fept heures du\nfoir 5 ils rapport\u00C3\u00A8rent deux bariques d'eau , vm\npetit nombre de cochons, une quantit\u00C3\u00A9 confid\u00C3\u00A9-\n- T R O I S I E M\nVoyage\n\u00E2\u0096\u00A0\" i rable de bananes, & quelques, racines. M. King\n1778. me dit qu'il avoit trouv\u00C3\u00A9 une foule nombreufe \u00C3\u00A0\n[Janvier, l'aiguade & \u00C3\u00A0 l'endroit o\u00C3\u00B9 il fit fon d\u00C3\u00A9barquement. II fuppofa qu'il \u00C3\u00A9toit venu des Infulaires\nde toutes les parties de P\u00C3\u00AFfle; ils avoient une multitude de cochons tr\u00C3\u00A8s-gras , qu'ils offrirent de\nvendre ; mais mon d\u00C3\u00A9tachement manquoit de\nmarchandifes pour en payer la valeur. Ce ne fut\npas une grande perte, car nous en avions d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 \u00C3\u00A0.\n; bord tout ce qu'il nous en falloit pour notre con-\nfommation journali\u00C3\u00A8re ; & comme nous n'avions\npoint de fel, nous ne pouvions les faler. M. King\najouta 5 qu'il \u00C3\u00A9toit tomb\u00C3\u00A9 beaucoup de pluie fur\nla c\u00C3\u00B4te 5 tandis que nous en avions eu fort peu\nen mer; que le reflac fe trouvoit fi \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9 , que\nfes gens avoient eu bien de la peine \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00A9barquer*\n& \u00C3\u00A0r regagner les canots.\nDurant la nuit, nous e\u00C3\u00BBmes tout autour de l\u00C3\u00A9gers fouffles de vent accompagn\u00C3\u00A9s d'ond\u00C3\u00A9es de\n24, pluie. Nous nous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes, le 24 \u00C3\u00A0 la pointe\ndu jour , que les courans avoient port\u00C3\u00A9 le vaifl\u00C3\u00A8au au Nord-Oueft & au Nord ; en forte que\nl'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 occidentale de l'Ifle, fur laquelle \u00C3\u0087a)\nnous avions \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 , nous reftoit \u00C3\u00A0 PEft , \u00C3\u00A0 la dif-\n% tance d'une lieue. Une autre Me appellee Oree-\n{a) Elle efl appellee Atoei par les Infulaires, de Coo k. 443\nhoua 5 nous reftoit \u00C3\u00A0 POueft-quwt-Sud-Oueft, \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0 -\n& une troifieme Me , nomm\u00C3\u00A9e Oneeheow , fe \77^i\nprolongeoit du Sud-Oueft-quart-Oueft, \u00C3\u00A0 l'Ou\u00C3\u00A7ft- Janvier\nSud-Oueft. Il s'\u00C3\u00A9leva une lprife du Nord bieiy$s\napr\u00C3\u00A8s 5 & comme j'\u00C3\u00A7fp\u00C3\u00A9rois que la D\u00C3\u00A9couverte\nen profiterait pour appareiller, je mis le cap fur\nOneeheow, afin de mieux reconnoitre cette Me\n& d'y mouiller, fi j'y trouvois un ancrage convenable'. Je continuai \u00C3\u00A0 gouverner vers la c\u00C3\u00B4te\njufqu'\u00C3\u00A0 plus de onze heures ; \u00C3\u00A0 cette \u00C3\u00A9poque ,\nnous en \u00C3\u00A9tions \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9s d'environ deux lieues;\nmais, ne voyant pas la D\u00C3\u00A9couverte, & doutant\nqu'elle p\u00C3\u00BBt nous voir 5 je craignis les fuites, f\u00C3\u00A2-\ncheufes qui pouvoient r\u00C3\u00A9fulter de notre f\u00C3\u00A9para-\ntion. Je renon\u00C3\u00A7ai donc pour le moment, au projet d'aborder \u00C3\u00A0 Oneeheow, & je repris la route\nd'Atooi, dont je voulois regagner la rade, pour\ny remplir le refle de nos ifutaiiles. A deux heures de l'apr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00AEner, le vent du Nord s'\u00C3\u00A9teignit,\n& il fut remplac\u00C3\u00A9 par des fouffles l\u00C3\u00A9gers & des\ncalmes, qui dur\u00C3\u00A8rent jufqu'\u00C3\u00A0 onze heures du foir.\nNous nous \u00C3\u00A9tend\u00C3\u00AEmes au Sud-Eft jufqtf\u00C3\u00A0 la pointe\ndu jour du 25 ; nous revir\u00C3\u00A2mes alors, nous gou- 25.\nvern\u00C3\u00A2mes fur la rade d'Atooi, qui nous reftoit\n\u00C3\u00A0rpeu-pr\u00C3\u00A8s ai} Nord, & la D\u00C3\u00A9couverte ne tarda\npas \u00C3\u00A0 nous joindre.\nNous atteign\u00C3\u00AEmes la c\u00C3\u00B4te \u00C3\u00A0 envkon deux Heues- 444 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n-\"\u00E2\u0096\u00A0 fous le vent de la rade, o\u00C3\u00B9 nous ne p\u00C3\u00BBmes ce-\n1778. pendant jamais arriver; car ce que nous gagnions'\nJanvier, dans un moment, nous le perdions dans un au-\n29. tre. Le 29 au matin , les courans nous avoient\nport\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 POuefl, \u00C3\u00A0 trois lieues de Oneeheow.\nFatigu\u00C3\u00A9 d'aller \u00C3\u00A0 la bouline avec fi peu de fuc-\nc\u00C3\u00A8s, je ne fongeai plus \u00C3\u00A0 retourner \u00C3\u00A0 Atooi, &\nje r\u00C3\u00A9folus d'ef\u00C3\u00AE\u00C3\u00A0yer fi nous ne pourrions pas nous\nprocurer \u00C3\u00A0 l'autre Me , qui fe trouvoit \u00C3\u00A0 notre\nport\u00C3\u00A9e, les chofes dont nous avions befoin. Le\nMafler partit pour fonder la c\u00C3\u00B4te , & chercher\nun lieu propre au d\u00C3\u00A9barquement. Je lui ordonnai, s'il en d\u00C3\u00A9couvrait un , d'exaihiner fi l'on\npourrait commod\u00C3\u00A9ment remplir les futailles aux\nenvirons. Afin de. lui laif\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8r le temps d'ex\u00C3\u00A9cuter fa commiffion , les Vaifl\u00C3\u00A8aux fuivirent \u00C3\u00A0 petites voiles. D\u00C3\u00A8s que nous f\u00C3\u00BBmes en travers ou\n\u00C3\u00A0 POuefl de la pointe m\u00C3\u00A9ridionale de Oneeheow,\nla fonde rapporta, \u00C3\u00A0 un mille de la c\u00C3\u00B4te, trente , vingt-cinq & vingt brafl\u00C3\u00A8s, fond de fable de\ncorail.\nLe Mafler fut de retour \u00C3\u00A0 dix heures; il nie\ndit qu'il avoit d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A9 dans un endroit ; qu'il\nn'avoit pas d\u00C3\u00A9couvert d'eau douce : mais qu'on\npouvoit mouiller par-tout, le long de la c\u00C3\u00B4te.\nAppercevant une Bourgade , un peu plus loin\nfous le vent, & quelques-uns des Infulaires, qui de Cook. 445\narriv\u00C3\u00A8rent aux Vaifl\u00C3\u00A8aux, nous informant qu'on y .\u00E2\u0096\u00A0\ntrouvoit de l'eau douce, j'en pris le chemin, & 1778.\nje mouillai en face, par vingt-fix brafl\u00C3\u00A8s, \u00C3\u00A0 envi- Janvier*\nron trois quarts de mille du rivage. La pointe\nSud-Eft de l'Ifle, nous reftoit au Sud 6$d Efl,\n\u00C3\u00A0 trois milles ; nous avions au Not\u00C3\u00A0-quart-Nord-\nEft, \u00C3\u00A0 environ deux ou trois milles, l'autre extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 de cette terre ; au Nord-Eft, un quart\nde rumb Efl, une colline \u00C3\u00A0 pic fitu\u00C3\u00A9e dans l'int\u00C3\u00A9rieur du pays ; & au Sud, 61 Oueft, \u00C3\u00A0 la dif-\ntance de fept lieues , une f\u00C3\u00A9conde Me appellee\nTahoora, que nous avions apper\u00C3\u00A7ue la veille\nau foir.\nSix ou fept pirogues \u00C3\u00A9toient venues pr\u00C3\u00A8s de\nnous 5 avant que nous mouillaffions ; elles nous\napport\u00C3\u00A8rent des cochons-de-lait, quelques patates 5 & beaucoup d'ignames & de nattes. Les\nhommes qui les montoient refl\u00C3\u00A8mbloient aux Infulaires d'Atooi 5 & ils paroiflbient conno\u00C3\u00AEtre\n\u00C3\u00A9galement l'ufage du fer, qu'ils demandoient\nauffi fous les noms de Hamaite & de Toe ; ils\n\u00C3\u00A9chang\u00C3\u00A8rent avec emprefl\u00C3\u00A8ment tout ce qu'ils\navoient, contre des morceaux de ce m\u00C3\u00A9tal pr\u00C3\u00A9cieux.\nDe nouvelles pirogues nous abord\u00C3\u00A8rent bient\u00C3\u00B4t,\nquand nous f\u00C3\u00BBmes mouill\u00C3\u00A9s ; mais les Naturels\nqui montoient celles-ci,ne fembloient avoir d'autre objet 3 que de nous faire une vifite en forme. 44# Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ni, La plupart d'entr'eux fe rendirent volontiers fur\ni?7%\u00E2\u0080\u00A2 fe pont, ils s'y profternerent devant nous, & ils\nJanvier, ne quitt\u00C3\u00A8rent cette humble poflnre, que lorfque\nnous leur d\u00C3\u00AEmes de fe relever. Ils amen\u00C3\u00A8rent plufieurs femmes, qui fe tinrent dans leurs embarcations , \u00C3\u00A0 la hanche des Vaifl\u00C3\u00A8aux , & qui fe\nconduifirent d'une mani\u00C3\u00A8re beaucoup plus immo-\ndefte que celles d'Atooi ; elles chant\u00C3\u00A8rent en\nch\u00C5\u0093ur un air qui n'\u00C3\u00A9toit pas remarquable par la\nm\u00C3\u00A9lodie , mais leurs fons \u00C3\u00A9toient parfaitement\nd'accord , & elles battoient la mefure d'une mani\u00C3\u00A8re tr\u00C3\u00A8s-exacte, en fe donnant avec leurs mains\ndes coups fur la poitrine. Les hommes qui paf-\nf\u00C3\u00ABrent fur notre bord, n'y demeur\u00C3\u00A8rent pas longtemps , & avant de partir , quelques-uns d'entre\neux nous pri\u00C3\u00A8rent de leur permettre de nous laif-\nfer des touffes de leurs cheveux.\nIls nous fournirent une occafion d'examiner de\nnouveau s'ils \u00C3\u00A9toient cannibales. Nous ne rem\u00C3\u00AEmes pas la queftion fur le tapis ; elle y revint\nd'elle-m\u00C3\u00AAme , & d'une mani\u00C3\u00A8re qui ne com-\nportoit aucune \u00C3\u00A9quivoque. L'un des Infulaires\nn'ayant pu obtenir la permiffion d'entrer par le\nfabord de la Sainte-Barbe, nous demanda fi nous\nle tuerions & fi nous le mangerions, fuppof\u00C3\u00A9\n- qu'il y entr\u00C3\u00A2t ; il fit en m\u00C3\u00AAme-temps des geftes\nii \u00C3\u00AAxpreffifs, qu'il \u00C3\u00A9toit impof\u00C3\u00AEible de ne pas le de Cook. 447\ncomprendre. Nous e\u00C3\u00BBmes foin de demander \u00C3\u00A0 \u00E2\u0096\u00A0\nnotre tour fi c'\u00C3\u00A9toit l'ufage dans le pays de man- 1778.\nger des hommes. Un autre des Naturels, qui ob- Janvier,\nfervoit foigneufement ce qui fe difoit & ce qui\nfe faifoit, r\u00C3\u00A9pondit tout de fuite , que fes Compatriotes nous mangeraient f\u00C3\u00BBrement fi nous \u00C3\u00A9tions\ntu\u00C3\u00A9s fur la c\u00C3\u00B4te. Il parla d'un air fi tranquille,\nqu'il nous parut clairement qu'ils ne nous tueraient pas pour nous manger, mais que ce repas\nde chair humaine, feroit la fuite de notre inimiti\u00C3\u00A9 pour eux. J'ai profit\u00C3\u00A9 ici des notes de M. Anderfon ; & je fuis f\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9 de dire que je ne vois\npas la moindre raifon de h\u00C3\u00A9fiter \u00C3\u00A0 donner, comme\ncertain, que ces horribles banquets d'antropo-\nphages font auffi go\u00C3\u00BBt\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 Oneeheow , o\u00C3\u00B9 l'on\nvit dans l'abondance , qu'ils le font \u00C3\u00A0 la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande.\nLe Lieutenant Gore partit l'apr\u00C3\u00A8s- d\u00C3\u00AEner avec\ntrois canots arm\u00C3\u00A9s : je lui ordonnai d'examiner\nl'endroit le plus propre au d\u00C3\u00A9barquement, &\nlorfqu'il feroit \u00C3\u00A0 terre, de chercher de Peau\ndouce. Il revint le foir, apr\u00C3\u00A8s avoir d\u00C3\u00A9barqu\u00C3\u00A9\n\u00C3\u00A0 la Bourgade indiqu\u00C3\u00A9e plus haut ; il me dit\nqu'on l'avoit men\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 un puits , fitu\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 un\ndemi - mille dans l'int\u00C3\u00A9rieur de l'Ifle ; mais je\nJugeai fur fon rapport, qu'il n'y avoit pas af- \u00C3\u00AE^g\nfez d'eau pour remplir nos futailles, & qu'il\nI 44\u00C2\u00A7 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n'-\" faudroit y arriver par un chemin extr\u00C3\u00AAmement\n1778. mauvais.\nJanvier. Le 30, je renvoyai une f\u00C3\u00A9conde fois M. Gore\n30. \u00C3\u00A0 terre ; je lui donnai une Garde de Soldats\nde Marine, & quelques hommes, qui d\u00C3\u00A9voient\nacheter des rafra\u00C3\u00AEchifl\u00C3\u00A8mens. Je voulois d\u00C3\u00A9barquer\nmoi-m\u00C3\u00AAme bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s, & je quittai en effet\n\u00C3\u00AEe Vaifl\u00C3\u00A8au dans cette intention; mais je trouvai le refl\u00C3\u00A0c fi fort, que je craignis de ne pouvoir pas regagner mon bord, fi je d\u00C3\u00A9barquois.\nC'eft ce qui arriva bient\u00C3\u00B4t apr\u00C3\u00A8s \u00C3\u00A0 M. Gore &\n\u00C3\u00A0 fa petite Troupe ; il m'avertit le foir, par un\nlignai 5 de lui envoyer des canots; ces canots\ntie tard\u00C3\u00A8rent pas \u00C3\u00A0 revenir, avec quelques ignames & un peu de fel. Ceux de nos gens qui\n\u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A0 terre, en avoient achet\u00C3\u00A9 une quantit\u00C3\u00A9\nafl\u00C3\u00A8z confid\u00C3\u00A9rable, dans le cours de la journ\u00C3\u00A9e ;\nmais l'imp\u00C3\u00A9tuofit\u00C3\u00A9 du refl\u00C3\u00A0c avoit cauf\u00C3\u00A9 la perte\nde la plus grande partie de ces deux articles, au\nmoment o\u00C3\u00B9 on voulut les embarquer. M. Gore\n& vingt hommes n'ofant pas affronter des vagues\nfi terribles, pafl\u00C3\u00A8rent la nuit dans l'Ifle, & ce\nmalheureux contretemps occafionna, fans doute,\ndes liaifons avec les femmes du pays, que je\nd\u00C3\u00A9lirais fi vivement de pr\u00C3\u00A9venir, & que je m'ap-\nplaudif\u00C3\u00AEbis d'avoir emp\u00C3\u00AAch\u00C3\u00A9. La violence du refl\u00C3\u00A0c\nque nos canots ne purent furmonter, n'emp\u00C3\u00AAcha\npas d\u00C3\u00A9 C\u00C3\u00B4ok. 449\npas les Naturels d'arriver aux Vaifl\u00C3\u00A8aux ,\nleurs pirogues. Ils nous apport\u00C3\u00A8rent des pro- 1778.\nvifions, que nous pay\u00C3\u00A2mes avec des clous & Janvier,\ndes morceaux de cercles de fer 5 & je donnai\ndes rubans , des boutons & des bracelets aux\nfemmes qui fe trouvoient dans les embarcations.\nL'un des hommes avoit un l\u00C3\u00A9fard piquet\u00C3\u00A9 fur fa\npoitrine, & nous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes fur celle des autres 5 des figures d'hommes groffi\u00C3\u00A9rement imit\u00C3\u00A9es.\nIls nous apprirent qu'il n'y a point de Chef ou\nde Hairee dans cette Me, mais qu'elle efl fou-\n\u00C3\u00AFnife \u00C3\u00A0Teneooneoo, Chef d'Atooi; ils' ajout\u00C3\u00A8rent que Atooi n'eft pas gouvern\u00C3\u00A9e par un feui\nChef,'mais qu'elle en a plufieurs, auxquels on\nrend l'honneur du Moe, ou de la proflration.\n\u00C3\u00AFls nous nomm\u00C3\u00A8rent, entr'autres, Otaeaio & Te-\nxatotoa. Parmi les chofes qu'ils nous apport\u00C3\u00A8rent , il y avoit un petit tambour, prefque fem-\nblable \u00C3\u00A0 ceux d'O-T\u00C3\u00A2\u00C3\u00AFn.';\nLe vent pafl\u00C3\u00A0 au Sud fur les dix heures du\nfoir, & le ciel fembloit annoncer une temp\u00C3\u00AAte.\nJugeant que nous \u00C3\u00A9tions un peu trop pr\u00C3\u00A8s de la\nc\u00C3\u00B4te, j'ordonnai de relever les ancres; &, apr\u00C3\u00A8s\navoir conduit les Vaifl\u00C3\u00A8aux dans un endroit o\u00C3\u00B9 la\nfonde rapportok quarante-deux brafl\u00C3\u00A8s, nous y\nmouill\u00C3\u00A2mes de nouveau, & nous nous cr\u00C3\u00BBmes\nplus en s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9, Cette pr\u00C3\u00A9caution n'\u00C3\u00A9toit pas\nTme IL Ff 450 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n, n\u00C3\u00A9cef\u00C3\u00AE\u00C3\u00A0ke, car le vent tourna bient\u00C3\u00B4t api\u00C3\u00AAs au\n1778. Nord-Nord-Eft, o\u00C3\u00B9 il devint frais, accompagn\u00C3\u00A9\nJanvier, de rafalles & de fortes ond\u00C3\u00A9es de pluie.\n31. S Nous e\u00C3\u00BBmes le m\u00C3\u00AAme temps durant la journ\u00C3\u00A9e\ndu lendemain, & la mer devint fi grofl\u00C3\u00A8 , qu'il\nne nous relia aucune efpece de communication\navec notre d\u00C3\u00A9tachement qui fe trouvoit \u00C3\u00A0 terre.\nLes Naturels eux-m\u00C3\u00AAmes n'oferent pas venir aux\nVaifl\u00C3\u00A8aux fur leurs pirogues. Le; foir, j'envoyai\nle Mafler \u00C3\u00A0 la pointe Sud-Efl de l'Ifle,- en lui\nordonnant de voir fi l'on pourrait d\u00C3\u00A9ti\u00C3\u00AFquer\nau-deflbus. Son rapport fut favorable^ $tais il\n\u00C3\u00A9toit trop tard alo$H pour envoyer chercher\nM. Gore, qui fut oblig\u00C3\u00A9 de pafl\u00C3\u00A8r une f\u00C3\u00A9conde\nnuit \u00C3\u00A0 terre. igp\nEncourag\u00C3\u00A9 par les d\u00C3\u00A9tails que m'avo\u00C3\u00AFt donn\u00C3\u00A9\n\u00C3\u00AE F\u00C3\u00A9vr. le Mafler, j'envoyai le lendemain, d\u00C3\u00A8s le lever\nde l'aurore, un canot \u00C3\u00A0 la pointe Sud-Eft, avee\nun ordre par lequel j'enjoignois \u00C3\u00A0 M. Gcrfe d\u00C3\u00A9\nconduire fon d\u00C3\u00A9tachement \u00C3\u00A0 cette pointe , s'il\nn'ofoit pas l'embarquer \u00C3\u00A0 Pendrait o\u00C3\u00B9 il fe trouvoit. Le canot ne put atteindre la c\u00C3\u00B4te, & l'un\ndes Matelots fe rendit fur la gr\u00C3\u00A8ve \u00C3\u00A0 la nage.\nAu retour du canot, j'allai moi-m\u00C3\u00AAme \u00C3\u00A0 la pointe\nSud-Eft, avec la p\u00C3\u00AEnnafi\u00C3\u00A8 & la chaloupe , afin\nde ramener le d\u00C3\u00A9tachement \u00C3\u00A0 bord des Vaifl\u00C3\u00A8aux.\nJ'y portai une ch\u00C3\u00A8vre m\u00C3\u00A2le & deux femelles, un D E C O O K. 45I\nverrat & une truie de race Angloife, des graines . .\u00E2\u0096\u00A0\nde melons, de citrouilles & d'oignons ; car je 1778.\ndefirois beaucoup accro\u00C3\u00AEtre les moyens de fub- F\u00C3\u00A9vrier,\nfiflance de cette peuplade. Je d\u00C3\u00A9barquai fans\npeine fous le c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 occideif^l de l'Ifle ; quelques\nNaturels & mon d\u00C3\u00A9tachement m'attendoient ; je\ndonnai les ch\u00C3\u00A8vres 5 les cochons & les graines,\n\u00C3\u00A0 l'un des Infulaires, que/M. Gore avoit vu\nexercer une forte d'autorit\u00C3\u00A9 fur les autres. J'aurais laif\u00C3\u00AEe ces chofes pr\u00C3\u00A9cieufes \u00C3\u00A0 Atooi, fi le\nmauvais temps ne nous en e\u00C3\u00BBt pas \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9.\nTandis que mes gens rempliflbient quatre futailles , \u00C3\u00A0 un petit ruifl\u00C3\u00A8au qu'avoit form\u00C3\u00A9 la derni\u00C3\u00A8re pluie, je fis une promenade dans l'int\u00C3\u00A9rieur\nde l'Ifle, accompagn\u00C3\u00A9 du Chef dont je parfois\ntout-\u00C3\u00A0-1'heure, & fuivi de deux hommes, qui\nportoient les deux cochons que je lui avois donn\u00C3\u00A9s. D\u00C3\u00A8s que nous f\u00C3\u00BBmes fur un terrein \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9,\nje m'arr\u00C3\u00AAtai pour examineftjte pays ; & j'apper\u00C3\u00A7us\nde Pautre c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 de la vall\u00C3\u00A9e, o\u00C3\u00B9 s'\u00C3\u00A9toit faifomon\nd\u00C3\u00A9barquement , une femme , qui appellok fes\ntrois compatriotes. Le Chef fe mit \u00C3\u00A0 marmo-\nter quelques paroles; je jugeai qu'il f\u00C3\u00A0ifoit une\npri\u00C3\u00A8re, & fes deux camarades, qui portoient les\ncochons , continu\u00C3\u00A8rent, durant cet intervalle, \u00C3\u00A0\nmarcher autour de moi; ils firent au moins une\ndouzaine de tours, avant que le Chef e\u00C3\u00BBt achev\u00C3\u00A9\nMi 45^ Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ns==^r fon oraifbn. Nous nous rem\u00C3\u00AEmes en route apr\u00C3\u00A8s\n1778. cette c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monie, & nous rencontr\u00C3\u00A2mes bient\u00C3\u00B4t\nF\u00C3\u00A9vrier, des Naturels qui arrivoient de tous les c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s, &\nqui fe proflern\u00C3\u00A9rent la face contre terre, tant\nque je fus \u00C3\u00A0 la port\u00C3\u00A9e de leur vue. Le diftrict que je traverfai, fe trouvoit dans l'\u00C3\u00A9tat de\nnature & rempli de pierres, & le fol paroiflbit\nW\u00C3\u00A8s-pauvre; il \u00C3\u00A9toit cependant couvert d'arbrif-\nfeaux & de plantes qui parfumoient Pair ; je\nn'avois rencontr#fur aucune des Mes de cet\noc\u00C3\u00A9an, une odeur Suffi agr\u00C3\u00A9able. Ceux de mes\ngens qui demeur\u00C3\u00A8rent deux jours \u00C3\u00A0 terre, avoient\nobferv\u00C3\u00A9 la m\u00C3\u00AAme chofe dans les parties de l'Ifle\nqu'ils traverferent ; ils avoient d\u00C3\u00A9couvert plufieurs\nWarais fa\u00C3\u00AEins, dont quelques-uns renfermoient\n^encore- un peu d'eau; mais ils y apper\u00C3\u00A7urent fi\npeu de fel, qu'ils ne purent en recueillir une\ngrande quantit\u00C3\u00A9 ; s'ils n'obferverent rien qui indiqu\u00C3\u00A2t un ruifl\u00C3\u00A8au d'eau douce, on leur montra\n-\u00C3\u00AEle- petits puits prefqu'\u00C3\u00A0 fee, qui offraient une\neau aflez bonne. Les habitations des Naturels\n\u00C3\u00A9toient difperf\u00C3\u00A9es fur les environs ; \jVI. Gore\nfuppofa qu'il n'y avoit pas plus de cinq cents\nhabitans dans l'Ifle enti\u00C3\u00A8re , car la plupart des\nNaturels fe rafl\u00C3\u00A8mblerent au lieu o\u00C3\u00B9 fon d\u00C3\u00A9tachement faifoit les \u00C3\u00A9changes, & ceux de nos\ngens qui p\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9tr\u00C3\u00A8rent dans le pays, virent peu de de C o o K, 453\nmonde autour des maifons : il eut occafion d'exa- \u00C3\u0089j \"\" *\nminer l'int\u00C3\u00A9rieur des m\u00C3\u00A9nages des Infulaires, qui l77%m\nlui parurent d\u00C3\u00A9cens & propres , mais il ne vit F\u00C3\u00A9vrier.\npas une feule fois les hommes & les femmes\nmanger.enfemble : les femmes fe r\u00C3\u00A9uniflbient ordinairement pour prendre leur repas. La noix\nhuileufe de Dooe-dooe leur fert de flambeau durant la nuit, ainfi que parmi les O-Ta\u00C3\u00AFtiens ; ils\ncuifoient auffi leurs cochons dans un four; mais,\nce qui efl contraire \u00C3\u00A0 l'ufage des Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 & des Amis, ils. coupent l'\u00C3\u00A9pine du dos\nclans toute fa longueur. M. Gore eut une preuve\ndirecte du Taboo, ou , felon la prononciation\ndes Naturels, du Tafoo ; car une femme met- j\ntoit les alimens dans la bouche d'une autre, qui\nfe trouvoit foumife \u00C3\u00A0 cette efpece d'interdit. II.\nremarqua d'autres c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies niyft\u00C3\u00A9rieufes ; une.\nfemme , par exemple , prit un petit cochon\nqu'elle jetta dans le refl\u00C3\u00A0c, jufqu'\u00C3\u00A0 ce qu'il f\u00C3\u00BBt\nnoy\u00C3\u00A9, & elle y jetta enfuite un petit fagot ; une ;\nautre fois , la m\u00C3\u00AAme femme frappa , avec un\nb\u00C3\u00A2ton, fur les \u00C3\u00A9paules d'un homme, qui s'affit\ndevant elle pour recevoir cette difeipline. Les\nhabitans de l'Ifle femblent avoir une v\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ration\nparticuli\u00C3\u00A8re pour les chouettes, qui font tr\u00C3\u00A8s-ap-\nprivoif\u00C3\u00A9es, & M. Gore jugea que c'\u00C3\u00A9toit parmi\neux une habitude afl\u00C3\u00A8z g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rale de s'arracher\nFf Q 454 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0096\u00A0' ' ' une dent; \u00C3\u0087a) il leur demanda la raifon d'une\n*77%\ coutume auffi bizarre , & ils lui dirent, pour\nF\u00C3\u00A9vrier, toute r\u00C3\u00A9ponfe, que cela \u00C3\u00A9toit Teeha ; ils expliqu\u00C3\u00A8rent de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re un autre de leurs\nufages, celui de donner un faifceau de leurs cheveux en ligne de refpe\u00C3\u00A9t ou d'amiti\u00C3\u00A9.\nLorfque les tonneaux furent remplis, & qu'on\nles eut embarqu\u00C3\u00A9s fur le canot ; lorfque nous e\u00C3\u00BBmes achet\u00C3\u00A9 des Naturels une petite quantit\u00C3\u00A9 de\nracines, un peu de fel & quelques poiflbns f\u00C3\u00A0-\nl\u00C3\u00A9s, je revins \u00C3\u00A0 bord avec le d\u00C3\u00A9tachement. Je\nme propofois de redefcendre \u00C3\u00A0 terre le lendemain; mais \u00C3\u00A0 fept heures du foir, la R\u00C3\u00A9folution\nd\u00C3\u00A9rapa ; comme nous avions un cable entier de\nfil\u00C3\u00A9, nous f\u00C3\u00BBmes contraints de mettre l'ancre au\nboflbir, & de remonter la chaloupe avant de\nfaire voile. Apr\u00C3\u00A8s cet accident, nous nous trou-\n2. v\u00C3\u00A2mes le lendemain, \u00C3\u00A0 la pointe du jour, trois\nlieues fous le vent de notre derni\u00C3\u00A8re flation; &?\npr\u00C3\u00A9voyant qu'il faudrait, pour la regagner, plus\n{a) Cette coutume efl fi peu naturelle, qu'elle\nne femble pas devoir fe trouver parmi deux Tribus,\ndont l'origine n'eft pas commune ; & , ce qui eft\ndigne de remarque, les Habitans de cette Ifle 8c les\nNaturels de la c\u00C3\u00B4te occidentale de la Nouvelle-Hollande , dont parle Dampierre, l'obfervent malgr\u00C3\u00A9 la\ndiftance des deux contr\u00C3\u00A9es. d e C o o k. 455\nde temps que je ne voulois en employer, j'a- \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0096\u00A0 ' '\nvertis la D\u00C3\u00A9couverte, par un lignai, d'appareil- 1778.\n1er & de nous joindre. Elle nous joignit \u00C3\u00A0 midi, F\u00C3\u00A9vrier.\n& nous cingl\u00C3\u00A2mes tout de fuite au Nord, afin\ncfarriver plut\u00C3\u00B4t \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te dHAm\u00C3\u00A9rique. Ainfi,\napr\u00C3\u00A8s avoir paff\u00C3\u00A9 autour de ces Mes plus de\nj\u00C2\u00A3urs que n'en aurait pris une rel\u00C3\u00A2che ordinake,\nnous f\u00C3\u00BBmes oblig\u00C3\u00A9s de les qukter, fans y avoir\nrempli toutes nos futailles, & fans en avoir tir\u00C3\u00A9\nles provifions que les Naturels \u00C3\u00A9toient en \u00C3\u00A9tat &\ndans la d\u00C3\u00AEfpofition de nous fournir. Au refle,\nla R\u00C3\u00A9folution y embarqua des vivres pour au\nmoins trois femaines, & le Capitaine Clerke,\nplus heureux que moi, s'y procura des v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux qui fervkent \u00C3\u00A0 fon \u00C3\u00A9quipage durant deux\nmois.\nLes obfervations que j'ai faites, combin\u00C3\u00A9es\navec celles de M. Anderfon, qui m'\u00C3\u00A9toit toujours\nd'un grand fecours dans ces oc\u00C3\u00A7afions, formeront\nla mati\u00C3\u00A8re du Chapitre fuivant.\nFf 4 456 Troisi\u00C3\u00A8me V o- y a g\nr^\u00C2\u00A3\u00C2\u00A7#ate**\u00C3\u00A7\nCHAPITRE XII.\nPoflthn des Ifles dont je mens de parler.\nNoms que leur donnent les Infulaires. Je\n. les ai appellees Ifles Sandwich. Defcription\n^'Atooi. Remarques fur le fol, le climat,\nles productions v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tales, les oifeaux, les\npoiflbns, les animaux domefliques, la perfonne des Naturels, leur \u00C3\u00A7ara\u00C3\u009Bere, leurs\nhabit s, leur\u00C3\u00A7 ornemens,leurs habitations %\nleur r\u00C3\u00A9gime di\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9tique, leur mani\u00C3\u00A8re d'appr\u00C3\u00AAter les alimens, leurs amufemens, leurs\nManufactures, leurs outils -, la connoiflanca\nqu'ils ont du fer, leurs pirogues & leur\nAgriculture. D\u00C3\u00A9tails fur un de leurs\nChefs. Arm\u00C3\u00A9es dont ils fe fervent. Ufages\nconformes \u00C3\u00A0 ceux de Tongatabop & ^-Ta\u00C3\u00AFt\u00C3\u00BB\nLa Langue des Ifles Sandwich efl la m\u00C3\u00AAme\nque celle des Ifles des Amis &\u00E2\u0096\u00A0 de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 : comment la m\u00C3\u00AAme Nation s^efl r\u00C3\u00A9pandue fur toute la Mer Pacifique. Avantages qu'on peyt tirer de la pofltion des\nIfles Sandwich,\nL,\nies Mes de l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique, que nos des*\n1778. niers voyages ont ajout\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 la G\u00C3\u00A9ographie,\nF\u00C3\u00A9vrier, font, en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, difpof\u00C3\u00A9es en groupp\u00C3\u00A7s, & cette de C o o k. 457\nobfervation efl digfte de remarque : les terres d\u00C3\u00A9- \"\"- i*t\ntach\u00C3\u00A9es qu'on a d\u00C3\u00A9couvertes dans l'intervalle des 1778.*\ndiff\u00C3\u00A9rens grouppes, font peu nombreufes en pro- F\u00C3\u00A9vrier,\nportion de celles que forment les Archipels,\nquoiqu'il en refle, felon toute apparence, beaucoup d'autres \u00C3\u00A9galement folitakes, que les Navigateurs n'ont point encore apper\u00C3\u00A7ues. Il faut laif-\nfer aux vaifl\u00C3\u00A8aux qui nous fuivront, le foin de\nd\u00C3\u00A9terminer le nombre des Mes qui compofent le\ngrouppe qui fait la mati\u00C3\u00A8re de ce Chapitre. \u00C3\u0087a)\nNous en avons vu cinq ; voici les noms que leur\ndonnent les Naturels : Woahoo, Atooi, Oneeheow 5 Oreehoua & Tahoora. La derni\u00C3\u00A8re eft\npetite5 mais \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9e; elle g\u00C3\u00AEt \u00C3\u00A0 quatre ou cinq\nlieues de la pointe Sud-Eft de Oneheeow, dans\nla direction du.Sud 6$\u00C3\u00A0 Oueft : on nous a dit\nqu'elle efl remplie d'oifeaux, mais qu'elle efl d\u00C3\u00A9-\nferte d'ailleurs ; on nous parla auffi d'une Me\nbafl\u00C3\u00A8 & d\u00C3\u00A9ferte, fitu\u00C3\u00A9e aux environs de Tahoora,\n& appellee Tammata-pappa. Ind\u00C3\u00A9pendamment\nde ces fix Terres, les Infulaires, avec lefquels\nnous e\u00C3\u00BBmes des entretiens, nous parurent con-\nno\u00C3\u00AEtre d'autres Ifles \u00C3\u00A0 PEft & \u00C3\u00A0 POuefl. J'ai donn\u00C3\u00A9\n^1\n(tf) La reconnoifl\u00C3\u00A0nce, dont parle ici M. Cook, a\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 achev\u00C3\u00A9e apr\u00C3\u00A8s fa mort, \u00C3\u00A8c on en trouvera les d\u00C3\u00A9*\nfails plus bas. Note du Tjrjidu&eur^ 458 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ni1 au grouppe entier, le nom d'Ifles Sandwich,en\n1778. honneur du Comte de Sandwich. Celles que j'ai\nF\u00C3\u00A9vrier, apper\u00C3\u00A7ues, giflent entre le 21e degr\u00C3\u00A9 30 minutes, & le 22e degr\u00C3\u00A9 15 minutes de latitude Nord,\n& entre le 199e degr\u00C3\u00A9 20 minutes, & le 261* degr\u00C3\u00A9 30 minutes de longitude Efl.\nJVoahoo, la plus orientale, g\u00C3\u00AEt par 2id 36',\n& nous n'avons rien appris fur cette terre, finon\nqu'elle efl \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9e & habit\u00C3\u00A9e.\nNous e\u00C3\u00BBmes occafion de recueillir fur Oneeheow , quelques d\u00C3\u00A9tails dont j'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 parl\u00C3\u00A9. Elle\ng\u00C3\u00AEt fept lieues \u00C3\u00A0 POuefl du mouillage qu'occup\u00C3\u00A8rent nos vaifl\u00C3\u00A8aux \u00C3\u00A0 Atooi, & elle n'a pas plus\nde quinze lieues de ckconf\u00C3\u00A9rence : elle produit\nfur-tout des ignames, fi nous pouvons juger de\nfes productions paf celles que nous apport\u00C3\u00A8rent\nles Naturels. Les habitans ont du fel, qu'ils appellent pat ai, & qu'ils recueillent dans des marais; ils Paient du poiflbn & du porc ; les poiflbns\nfil\u00C3\u00A9s qu'ils nous vendirent, fe conferverent tr\u00C3\u00A8s-\nbien , & ils \u00C3\u00A9toient fort bons. L'Ifle efl bafl\u00C3\u00A8, fi\nj'en excepte la partie fitu\u00C3\u00A9e en face d'Atooi f\nlaquelle commence, du bord de la mer, \u00C3\u00A0 s'\u00C3\u00A9lever \u00C3\u00A0 une afl\u00C3\u00A8z grande hauteur ; il faut en excepter auffi la pointe Sud-Eft, qui fe termine en\ncolline ronde : nos vaifl\u00C3\u00A8aux mouill\u00C3\u00A8rent au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9\noccidental de cette pointe. de Cook. 459\nNous ne favons rien fur Oreehoua, finon\nqu'elle efl petite & peu \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9e, & qu'elle g\u00C3\u00AEt\npr\u00C3\u00A8s du c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 feptentrional de Oneeheow.\nAtooi efl la plus \u00C3\u00A9tendue; &, comme nous\nPavons mieux obferv\u00C3\u00A9e que les autres, je vais\nindiquer quelques r\u00C3\u00A9fultats que nous nous foM&\nmes form\u00C3\u00A9s d'apr\u00C3\u00A8s nos propres remarques, tandis que nous \u00C3\u00A9tions \u00C3\u00A0 terre, ou d'apr\u00C3\u00A8s nos entretiens avec les habitans qui vinrent fans cefle k\nbord de nos vaifl\u00C3\u00A8aux, tandis que nous \u00C3\u00A9tions\n\u00C3\u00A0 l'ancre. En g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral , ceux d'entre nous qui\navoient \u00C3\u00A9tudi\u00C3\u00A9 les dialectes de la mer pacifique,\nentendoient afl\u00C3\u00A8z bien les Naturels : on doit regretter toutefois que nous ayions \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 oblig\u00C3\u00A9s de\nquitter fi-t\u00C3\u00B4t une terre qui para\u00C3\u00AEt m\u00C3\u00A9riter une\n\u00C3\u00A9tude plus approfondie.\nSi je juge de PIfle d?Atooi fur ce que nous\nen avons apper\u00C3\u00A7u, elle a au moins dix lieues de\nlongueur de PEft \u00C3\u00A0 POuefl, & l'on peut de-l\u00C3\u00A0\n\u00C3\u00A9valuer fa circonf\u00C3\u00A9rence par approximation ; au\nrefle,;elle femble \u00C3\u00AAtre beaucoup moins large \u00C3\u00A0\nla pointe occidentale qu'\u00C3\u00A0 la pointe orientale,\no\u00C3\u00B9 l'on voit une double rang\u00C3\u00A9e de collines. La\nrade ou le mouillage que nous occup\u00C3\u00A2mes, fe\ntrouve au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 Sud-Oueft, \u00C3\u00A0 environ fix milles\nde l'extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 Oueft, devant un village appelle\nWymoa. Dans tous les endroits o\u00C3\u00B9 nous pr\u00C3\u00AEmes\n1778.\nF\u00C3\u00A9vrier. 46\u00C2\u00A9 Troisi\u00C3\u00A8me V o y age\nL . \u00E2\u0080\u009E. - des fondes, le fond de la mer efl d'un joli fable\nl77$' gris, & il n'y a point de rochers, fi j'en excepte-\nF\u00C3\u00A9vrier, un efpace peu \u00C3\u00A9loign\u00C3\u00A9 du village & dans la par\ntie de PEft.\no\u00C3\u00B9 l'on rencontre un bas-fond, fur\nlequel il y a des rochers & des brifans; mais ces\nrochers & ces brifans font pr\u00C3\u00A8s de la c\u00C3\u00B4te. La\nrade feroit compl\u00C3\u00A8tement \u00C3\u00A0 l'abri du vent alif\u00C3\u00A9,\nfi la hauteur de la terre par-deflus laquelle il\nfouffle, ne changeoit pas fa direction pour lui\ndonner celle de la c\u00C3\u00B4te : ainfi, le vent alif\u00C3\u00A9 fouffle\ndu Nord-Eft fur l'une des bandes de l'Ifle, &\nde PEfl-Sud-Eft ou du Sud-Eft fur l'autre, en\nfrappant la c\u00C3\u00B4te d'une mani\u00C3\u00A8re oblique. La rade\nfitu\u00C3\u00A9e au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 fous le vent, efl donc un peu\nexpof\u00C3\u00A9e au vent alif\u00C3\u00A9; mais5 malgr\u00C3\u00A9 ce d\u00C3\u00A9faut,\nelle n'offre pas une mauvaife flation, & elle efl\nbien fup\u00C3\u00A9rieure \u00C3\u00A0 celles que la n\u00C3\u00A9ceffit\u00C3\u00A9 oblige\njournellement les vaifl\u00C3\u00A8aux de prendre dans des\npays tels que T\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9riffe, Mad\u00C3\u00A8re , les Ago--\nres, &c, o\u00C3\u00B9 les vents font plus variables & plus\norageux. Le d\u00C3\u00A9barquement efl d'ailleurs moins\ndifficile, & il efl toujours praticable lorfque le\ntemps n'eft pas tr\u00C3\u00A8s-mauvais : l'eau qu'on peut\nle procurer dans le voif\u00C3\u00AEnage efl excellente, &\nil eft facile de l'embarquer; mais, pour faire du\nbois \u00C3\u00A0 une dif lance commode, il faudrait d\u00C3\u00A9 ter-,\nminer les Naturels k c\u00C3\u00A9der le petit nomla\u00C5\u0093s de Coo K. 461\nxPEtooas \u00C3\u0087a) qui croifl\u00C3\u00A8nt autour de leurs villa- oi\nges, ou une efpece appellee Dooe-do&e, qu'on 177$-\nrencontre plus avant dans le pays. F\u00C3\u00A9vrier,\nL'afpe\u00C3\u00A9t g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral :de cette terre, ne refl\u00C3\u00A8mble\npoint du tout aux Mes que nous avions apper\u00C3\u00A7ues\njufqu'alors en-dedans du Tropique, au c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9 m\u00C3\u00A9ridional de l'Equateur; j'en excepte toutefois les\ncollines fitu\u00C3\u00A9es pr\u00C3\u00A8s du centre, qui font \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9es,\nmais qui s'abaifl\u00C3\u00A8nt peu-\u00C3\u00A0-peu jufqu'\u00C3\u00A0 la mer ou\njufqu'aux terreins bas : quoiqu'on n'y voie pas,\ncomme \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti & \u00C3\u00A0 Tongataboo, cette bordure charmante, ou ces plaines fertiles, couvertes d'arbres, qui offrent un coup-d'\u00C5\u0093il enchanteur, un afyle contre la chaleur br\u00C3\u00BBlante du Soleil, & des fruits dont on peut fe nourrir fans\nfe donner la peine de les cultiver; comme elle\na plus de diftri\u00C3\u00A9ts d'une pente douce, elle leur\neft fup\u00C3\u00A9rieure \u00C3\u00A0 quelques \u00C3\u00A9gards , puifqu'elle fe\ntrouve par-l\u00C3\u00A0 plus fufceptible des am\u00C3\u00A9liorations\nde la culture.\nLa hauteur du fol dans l'int\u00C3\u00A9rieur de l'Ifle, &\nla multitude de nuages qui, durant notre rel\u00C3\u00A2che, la couvraient au centre, & fouvent dans les\nautres parties, femblent prouver d'une mani\u00C3\u00A8re\nm\n(a) Les Naturels donnent ce nom au Cordia fa-\n\u00C3\u00AFeftina. 462 T r o i s i e m e Voyage\nt- inconteftable qu'elle renferme une quantit\u00C3\u00A9 fuffi-\n1778. fante d'eau douce : je penfe qu'il y a fur-tout dans\nF\u00C3\u00A9vrier, les vall\u00C3\u00A9es profondes, \u00C3\u00A0 l'entr\u00C3\u00A9e defquelles les\nvillages font b\u00C3\u00A2tis pour l'ordinaire, des ruifleaux\nque nous n'apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes pas. Depuis la partie b^fty\nf\u00C3\u00A9e jufqu'\u00C3\u00A0 la mer, elle efl rev\u00C3\u00AAtue d'une herbe\nd'une excellente qualit\u00C3\u00A9 : cette herbe a environ\ndeux pieds de hauteur ; elle cro\u00C3\u00AEt quelquefois en\ntouffes, &, quoiqu'elle ne f\u00C3\u00BBt pas tr\u00C3\u00A8s-\u00C3\u00A9paifl\u00C3\u00A8 \u00C3\u00A0\nl'endroit o\u00C3\u00B9 nous \u00C3\u00A9tions 5 il nous parut qu'on\npourrait y faire des r\u00C3\u00A9coltes abondantes d'un t?\u00C3\u00A8%1\nbeau foin ; ma\u00C3\u00AFs il ne vient pas naturellement un\narbrifl\u00C3\u00A8au fur cet efpace \u00C3\u00A9tendu.\nLe folr\u00C3\u00A2t^b- vall\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A9fifpite que nous traverf\u00C3\u00A2-\nj mes pour, nous rendre xxne^Morai, efl d'un noir\nbrun 5 un peu friable; mais 5 en nous avan\u00C3\u00A7ant fur\nles terreins \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9s, nous le trouv\u00C3\u00A2mes d'un brun\nrouge\u00C3\u00A2tre, plus compacte & argilleux, quoiqu'il\nf\u00C3\u00BBt toujours aif\u00C3\u00A9 de le rompre, \u00C3\u00A0 caufe de la f\u00C3\u00A9-\ncherefle. Il efl vraifemblablement le m\u00C3\u00AAme dans\ntous.les diftri\u00C3\u00A9ts cultiv\u00C3\u00A9s; car le terreau qui adh\u00C3\u00A9rait \u00C3\u00A0 la plupart des patates que ngps achet\u00C3\u00A2mes, lefquelles venoient fans doute de diff\u00C3\u00A9rens\ncantons, \u00C3\u00A9toit de la m\u00C3\u00AAme nature. Au refle, on\njuge.mieux.de fa qualit\u00C3\u00A9 par fes productions, que\npar fon apparence; en effet, la vall\u00C3\u00A9e ou le terrein humide, produit du taro dont la grofl\u00C3\u00A8ur 78.\nde Cook. 463\nexc\u00C3\u00A8de celui que nous avions vu ailleurs, & le r=\nterrein plus \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9 fournit des patates douces, 1;\nqui pefent fouvent dix, quelquefois douze ou F\u00C3\u00A9vrier.\n,4j$atorze livres, & rarement moins de deift ou\ntfois.\nD'apr\u00C3\u00A8s la pofition de l'Ifle, il efl aif\u00C3\u00A9 de fe\nformer une id\u00C3\u00A9e de la temp\u00C3\u00A9rature du climat. Je\npuis dire qu'il efl tr\u00C3\u00A8s-variable, fi nous en jugeons par notre exp\u00C3\u00A9rience ; car, fjgjpn l'opinion g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ralement re\u00C3\u00A7ue, nous \u00C3\u00A9tions \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9poque\nde l'ann\u00C3\u00A9e o\u00C3\u00B9 le temps efl le plus fixe, puifque\nle Soleil fe trouvoit \u00C3\u00A0 fa plus grande diflance. La\nchaleur \u00C3\u00A9toit tr\u00C3\u00A8s-mod\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9e, & on doit \u00C3\u00A9prouva\nici peu des incommodit\u00C3\u00A9s auxquelles la chaleur\n& l'humidit\u00C3\u00A9 rendent fujettes la plupart des terres dot-Tropique ; les habitations des Naturels,\nfont tr\u00C3\u00A8s-pr\u00C3\u00A8s les unes des autres, & ils falent\ndu poiflbn & du porc qui fe gardent tr\u00C3\u00A8s-bien,\nce qui n'arrive pas ordinairement, lorfqu'on fait\ncette falaifon dans les climats chauds. Nous n'y\ntrouv\u00C3\u00A2mes pas de fortes rof\u00C3\u00A9es, peut-\u00C3\u00AAtre parce\nque la partie bafl\u00C3\u00A8 de l'Ifle efl d\u00C3\u00A9nu\u00C3\u00A9e d'arbres.\nLe rocher qui forme les flancs de la vall\u00C3\u00A9e,\n& qui para\u00C3\u00AEt \u00C3\u00AAtre le m\u00C3\u00AAme que nous avons vu\nen diff\u00C3\u00A9rentes parties de la c\u00C3\u00B4te, efl une pierre\nlourde d'un noir gris\u00C3\u00A2tre, difpof\u00C3\u00A9 comme le font\nles rayons de miel^ parfem\u00C3\u00A9 de petites particules /4\u00C3\u00944 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n-. luifantes & de quelques taches couleur de rouille;\n1778. ces taches le font para\u00C3\u00AEtre rouge\u00C3\u00A2tre quand ort\nF\u00C3\u00A9vrier, le regarde de loin : il a une immenfe profondeur,\nmais il para\u00C3\u00AEt offrir des couches, entre lefquelles\nil n'y a point de corps interm\u00C3\u00A9diaires; car de\ngros morceaux fe d\u00C3\u00A9tachoient toujours \u00C3\u00A0 une\nprofondeur d\u00C3\u00A9termin\u00C3\u00A9e, & ils ne fembloient pas\nadherens \u00C3\u00A0 ceux de deffbus. Les autres pieifi\u00C3\u00A9\u00C3\u00A8\u00C3\u00A9\nfont probablement beaucoup plus vari\u00C3\u00A9es qu'aux\nMes M\u00C3\u00A9ridionales : en effet, durant notre cditftt\u00C3\u00AF\nrel\u00C3\u00A2che, outre la Lapis Lydius qui para\u00C3\u00AEt com*\ninuri\u00C3\u00AB fur toutes les terres de la mer dtiS\u00C3\u00B9d-,\nnous rencontr\u00C3\u00A2mes une pierre \u00C3\u00A0 aiguifer, Couleur 3\n'de cr\u00C3\u00A8me, tachet\u00C3\u00A9e , ainfi que le marbre, d\u00C3\u00A9\nveines plus noires ou plus blanches; une f\u00C3\u00A9conde\nqui refl\u00C3\u00A8mble \u00C3\u00A0 la br\u00C3\u00A8che, Pardoife \u00C3\u00A0 \u00C3\u00A9erj\u00C3\u00891, &\nUne quatri\u00C3\u00A8me plus groflf\u00C3\u00ABre; mais nous ne'-v\u00C3\u00AE-\nmes les carri\u00C3\u00A8res d'aucune. Les Naturels nous\napport\u00C3\u00A8rent en outre quelques morceaux d'une\ngroffiere pierre-ponce blanch\u00C3\u00A2tre. Nous nous pro-\ncur\u00C3\u00A2mes de plus une H\u00C3\u00A9matites bitme^- elle\n\u00C3\u00A9toit fortement attir\u00C3\u00A9e par l'aiffl\u00C3\u00A0nt ; nous juge\u00C3\u00A2mes qu'elle contenoit beaucoup de fer, &\nqu'elle appartenoit \u00C3\u00A0 la f\u00C3\u00A9conde efpece dont parle J\nCronftedt, quoique Limiseus l'ait rang\u00C3\u00A9e parmi\nfes intra&abilia; mais nous n'avons pu eh d\u00C3\u00A9couvrir les vari\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9s : les \u00C3\u00A9chantillons que nous\nv\u00C3\u00AEmes, DE C O 0 K. 465\n\u00E2\u0080\u00A2'v\u00C3\u00AEmes 5 ainfi que ceux des ardoifes & des pierres\n\u00C3\u00A0 aiguifer , avoient \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 taill\u00C3\u00A9s par la main de\nl'homme.\nInd\u00C3\u00A9pendamment des v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux que nous achet\u00C3\u00A2mes 5 & parmi lefqueli\u00C3\u00A2Wl y avoit au moins\ncinq ou fix efpeces de bananes, l'Ifle produit du\nfruit \u00C3\u00A0 pain ; au refle, ce dernier fruit paro\u00C3\u00AEt\nrare ; car nous n'apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes qu'un arbre qui en\nport\u00C3\u00A2t. On y trouve de plus, un petit nombre\nde cocotiers , des ignames , (nous n'en v\u00C3\u00AEmes\ncependant aucune;) le Kappa des Ifles des\nAmis, ou Y Arum de Virginie, l'arbre appelle\nEtooa, & la Gardenia parfum\u00C3\u00A9e ou le jafmin\ndu Cap. Nous rencontr\u00C3\u00A2mes plufieurs arbres<,\nappelles Dooe-dooe, fi utiles \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, parce\nqu'ils donnent des noix huileufes, qu'on embroche \u00C3\u00A0 une efpece de baguettes, & qui tiennent lieu de chandelles. Nos gens remarqu\u00C3\u00A8rent\nque les Infulaires de Oneeheow, en faifoient le\nm\u00C3\u00AAme uf\u00C3\u00A0ge : nous ne fumes dans l'Ifle d'Atooi\nque pendant le jour ; & les habitans portoient\nces noix fufpendues \u00C3\u00A0 des cordes & attach\u00C3\u00A9es autour de leur col. On y trouve de plus, une efpece de Sida ou de mauve, que le climat a\nrendu un peu diff\u00C3\u00A9rente de celle qui cro\u00C3\u00AEt \u00C3\u00A0 l'Ifle\nde No\u00C3\u00ABl, la Morinda citrifolia, qui eft appellee None, une efpece de Convolvulus, YAva\nTome II. G g\n1778.\nF\u00C3\u00A9vrier\nte 466 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n1 ou le poivre enivrant, & une multitude de ci*\n1778- trouilles. Les citrouilles parviennent \u00C3\u00A0 une grof-\nF\u00C3\u00A9vrier. feur confid\u00C3\u00A9rable , & elles prennent un grand\nnombre de formes, qui font probablement un\neffet de Part. Le fable fee qui efl autour du village devant lequel nous mouill\u00C3\u00A2mes, offre une\nplante que nous n'avions jamais rencontr\u00C3\u00A9e dans\nces mers ; elle efl de la taille du chardon ordinaire , & arm\u00C3\u00A9e de piquans de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re,\nmais elle porte une belle fleur, qui approche\nbeaucoup du pavot blanc : celle-ci & une f\u00C3\u00A9conde plus petite, furent les feules plantes nouvelles que notre excurfion dans l'int\u00C3\u00A9rieur du\npays, nous donna occafion d'obferve^.\nNous n'avons jamais apper\u00C3\u00A7u vivans, ces oifeaux rouges ou \u00C3\u00A9carlates que nous achet\u00C3\u00A2mes,\n& dont j'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 fait la defcription ; mais nous en\nv\u00C3\u00AEmes voltiger un, cramoifi fonc\u00C3\u00A9, de la grof-\nfeur d'un ferin : nous apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes en outre, une\ngrof\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8 chouette , deux grands faucons^ ou milans\nbruns, & un canard fauvage. Les Naturels nous\ndonn\u00C3\u00A8rent les noms de plufieurs autres oifeaux,\nparmi lefqucls nous reconn\u00C3\u00BBmes l'Otoo ou le\nh\u00C3\u00A9ron bleu , & le Tor at a des O-T\u00C3\u00A0itiens, qui\nefl une efpece de corlieu. Si l'on juge de la\nmultitude des plumes jaunes, vertes, \u00E2\u0080\u00A2 noires &\nvelout\u00C3\u00A9es, que nous remarqu\u00C3\u00A2mes fur les man- de Cook. 46?\nteaux & l\u00C3\u00A8s ornemens des Infulaires, il eft pro- \mm\nbible qu'il y a dans cette Me, beaucoup d'efpe- 1778;*\nces diff\u00C3\u00A9rentes d'oifeaux. F\u00C3\u00A9vrier.\nIl nous parut que le poiflbn & les autres productions de la mer, it\u00C3\u00A9raient pas tr\u00C3\u00A8s-vari\u00C3\u00A9es ;\ncar nous n'apper\u00C3\u00A7\u00C3\u00BBmes que le petit maquereau,\nle mulet ordinaire, un f\u00C3\u00A9cond mulet d'un blanc\nmat ou couleur de craie, un petit poiflbn de rocher , brun\u00C3\u00A2tre & tachet\u00C3\u00A9 de bleu ; une tortue\nenferm\u00C3\u00A9e dans un \u00C3\u00A9tang, & trois ou quatre efpeces de poiflbn fal\u00C3\u00A9. Le peu de coquillages qui\nfrapp\u00C3\u00A8rent nos regards , fervoient fur-tout \u00C3\u00A0 la\nparure des Naturels, mais ils n'\u00C3\u00A9toient pas d'une\nforme afl\u00C3\u00A8z jolie & afl\u00C3\u00A8z nouvelle pour les d\u00C3\u00A9crire ici.\nLes cochons , les chiens & les volailles, les\nfeuls animaux domeftiques dont nous ayions eu\nconnoifl\u00C3\u00A0nc\u00C3\u00A8, font de la m\u00C3\u00AAme efpece que fur les\nMes de la mer pacifique du Sud : nous v\u00C3\u00AEmes\nauffi de petits l\u00C3\u00A9fards & des rats femblables \u00C3\u00A0\nceux qu'on rencontre fur chacune des Mes o\u00C3\u00B9\nnous \u00C3\u00A9tions defcendus.\nLa taille des Naturels du pays eft moyenne,\n& leur flature robufte ; en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, ils ne font\npas remarquables par la beaut\u00C3\u00A9 de leurs formes\nou par le caract\u00C3\u00A8re de leur phyfionomie. Leurs\njKaits annoncent de la franchife & de la bont\u00C3\u00A9,\nG g % 468 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n\u00E2\u0080\u00A2 plut\u00C3\u00B4t que de la vivacit\u00C3\u00A9 & de l'intelligence ;\n1778. leur vifage, fur-tout celui des femmes, efl fim-\nF\u00C3\u00A9vrier. vent rond, mais il efl prefque auffi fr\u00C3\u00A9quemment\nalong\u00C3\u00A9 , & on ne peut pas dire qu'une coupe\nparticuli\u00C3\u00A8re dans la face diftingue la peuplade. I\nLeur teint efl prefque d'un brun de noix, &\ncette couleur ayant des nuances diverfes, il eft\ndifficile d'employer une comparaifon plus exacte; celui de quelques individus efl plus fonc\u00C3\u00A9.\nJ'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 remarqu\u00C3\u00A9 que les femmes pr\u00C3\u00A9fentent des\nformes un peu plus d\u00C3\u00A9licates que les h Ifles, quelques vieux morceaux de fer, ils appar-\ny> tiennent de droit aux Tamolcs, qui en font faire\ny) des outils, le mieux qu'il efl poffible. Ces outils\n\u00C2\u00AB font un fond dont le Tamole tire nn revenu con-\n35 fid\u00C3\u00A9rable , car ii les donne \u00C3\u00A0 louage, & ce louage\n\u00C2\u00BB fe paie allez cher, page 314. n ;\n4po ; Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\n-5= l'on en aura laifle des morceaux, les Naturels\nl77%> s'emprefl\u00C3\u00A8ront de s'en procurer une quantit\u00C3\u00A9 con-\nFevner. fid\u00C3\u00A9rable. L'application de ces remarques au point\nque nous examinons, n'eft pas difficile. lHjies Infulaires d'Atooi'\"& de Oneeheow, ont pu tirer la\nconnoifl\u00C3\u00A0nce de ce m\u00C3\u00A9tal des Mes interm\u00C3\u00A9diaires , fitu\u00C3\u00A9es entre leurs pays & les Mes des Larrons , qui ont prefque toujours \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fr\u00C3\u00A9quent\u00C3\u00A9s\npar les Efpagnols, depuis le Voyage de Magellan ; fi l'\u00C3\u00A9loignement des Mes des Larrons ,\nlaifl\u00C3\u00A8 des doutes fur cette explication, ne trouve-\nt-on pas au vent, le vafte continent de Y Am\u00C3\u00A9rique , o\u00C3\u00B9 les Efpagnols \u00E2\u0096\u00A0 font \u00C3\u00A9tablis depuis plus\nde deux fiecles, & durant cette p\u00C3\u00A9riode, les c\u00C3\u00B4tes des Ifles Sandwich n'ont-elles pas d\u00C3\u00BB recevoir fr\u00C3\u00A9quemment des d\u00C3\u00A9bris de naufrage? Il para\u00C3\u00AEtra f\u00C3\u00BBrement vraifemblable , que des d\u00C3\u00A9bris\ncontenant du fer, ont \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 port\u00C3\u00A9s de temps en\ntemps par le vent alif\u00C3\u00A9 de PEft, aux Mes difper-\nf\u00C3\u00A9es fur cet immenfe Oc\u00C3\u00A9an. La diftance d'Atooi\n\u00C3\u00A0 Y Am\u00C3\u00A9rique , n'eft pas une objection folide;\n& quand elle aurait plus de force, elle ne d\u00C3\u00A9truirait pas ma fuppofition : des vaifl\u00C3\u00A8aux Efpagnols traverfent l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique toutes les ann\u00C3\u00A9es, & il eft clair, qu'outre la perte d'un m\u00C3\u00A2t\n& de fes garnitures, des tonneaux environn\u00C3\u00A9s de\ncercles de fer, & beaucoup, d'autres chofes dans D E C O O K. 49I\nlefquelles il y a des morceaux de ce m\u00C3\u00A9tal, peu- s=\nvent \u00C3\u00AAtre jettes \u00C3\u00A0 la mer ou tomber dans les flots 1778.\npendant une fi longue traverf\u00C3\u00A9e, & aborder en- F\u00C3\u00A9vrier,\nfuite fur quelque Terre. Mais ce que je viens de\ndire n'eft pas une fimple conjecture ; un de mes\ngens vit dans une maifon de Wymoa, des bois\nde fapin ; ils \u00C3\u00A9toient mang\u00C3\u00A9s de ver , & on lui\ndit, qu'ils avoient \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 apport\u00C3\u00A9s fur la c\u00C3\u00B4te par\nles vagues ; de plus, les Naturels de cette Me,\nnous d\u00C3\u00A9clar\u00C3\u00A8rent expreflement, que les \u00C3\u00A9chantillons de fer peu confid\u00C3\u00A9rables que nous trouv\u00C3\u00A2mes parmi eux, leur \u00C3\u00A9toient venus de PEft.\nApr\u00C3\u00A8s cette digreffion, \u00C3\u0087 fi toutefois on peut\nappeller une digreffion, les d\u00C3\u00A9tails dans lefquels\nje viens d'entrer) je reprends la fuite des obfervations que nous f\u00C3\u00AEmes durant notre f\u00C3\u00A9jour \u00C3\u00A0\nAtooi, & je vais parler des pirogues de cette\nIfle. Leur longueur efl en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral de vingt-quatre pieds ; une feule piece de bois, ou un tronc\nd'arbre, creuf\u00C3\u00A9 d'un pouce ou d'un pouce &\ndemi, & termin\u00C3\u00A9 en pointe \u00C3\u00A0 chaque extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9,\nen compofe le fond. Les flancs pr\u00C3\u00A9fentent trois\nplanches, chacune d'environ un pouce d'\u00C3\u00A9paif-\nfeur , ajufl\u00C3\u00A9es & li\u00C3\u00A9es au fond d'une mani\u00C3\u00A8re\ntr\u00C3\u00A8s-exacte. Les extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s de l'avant & de l'arri\u00C3\u00A9re font un peu \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9es, affil\u00C3\u00A9es & taill\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0-\npeu-pr\u00C3\u00A8s en coin, avec cette diff\u00C3\u00A9rence, qu'elles\nm 49^ Troisi\u00C3\u00A8me V o y a g e\nmmm\u00C2\u00BBmmm Vapffiftflffeit brufquement, de mani\u00C3\u00A8re que les\n1778. planches qui forment les c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s, font appliqu\u00C3\u00A9es\nF\u00C3\u00A9vrier, l'une contre l'autre fur toute leur furface, P\u00C3\u00A8f-\npace d'au moins un pied. Au refle, le def\u00C3\u00AE\u00C3\u00A8in de\nM. Webber donnera une id\u00C3\u00A9e plus exacte de\nleur conftru\u00C3\u00A9tion, que je ne pourrais la donner\nici. Comme elles n'ont pas plus de quinze ou\ndix-huit pouces de largeur, celles qui vont feules\n(car ils en amarrent quelquefois deux enfemble,\nainfi que fur les autres Mes ) ont des balanciers\nd'une forme & d'une difpofition fi jud\u00C3\u00AEcieufes,\nque je n'en avois jamais vu d'auffi heureufement\nimagin\u00C3\u00A9s : ils les man\u00C5\u0093uvrent avec des pagayes\npareilles \u00C3\u00A0 celles que nous avions rencontr\u00C3\u00A9es\nordinairement. Quelques-unes ont une voile triangulaire, l\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A8re, femblable aux voiles des Mes\ndes Amis, envergu\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 un m\u00C3\u00A2t & \u00C3\u00A0 un boute-\nhors : les cordes employ\u00C3\u00A9es dans leurs embarcations , & les cordes plus petites dont ils fe fervent dans leurs p\u00C3\u00AAches, font fortes & bien faites.\nCe que nous avons vu de leur agriculture,\nannonce qu'ils ne font pas novices dans cet art.\nJ'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 parl\u00C3\u00A9 d'une de leurs vall\u00C3\u00A9es, qui efl\nune plantation continue de taro, & d'un petit\nnombre d'arbres \u00C3\u00A0 fruits , dont ils paroifl\u00C3\u00A8nt\nprendre des foins extr\u00C3\u00AAmes. Les champs de patates & les carreaux plant\u00C3\u00A9s de cannes de fucre de Coo k# 493\nou de bananiers, qu'on trouve fur les terreins \u00E2\u0096\u00A0\nplus \u00C3\u00A9lev\u00C3\u00A9s, offrent une difpofition auffi r\u00C3\u00A9gu- 1778.\nliere ; on y apper\u00C3\u00A7oit toujours une figure g\u00C3\u00A9o- F\u00C3\u00A9vrier,\nm\u00C3\u00A9trique , & ordinairement un quarr\u00C3\u00A9 ou un\nrectangle : mais aucune de ces plantations n'eft\nenvironn\u00C3\u00A9e d'une cl\u00C3\u00B4ture , \u00C3\u00A0 moins qu'on ne\nveuille regarder comme des cl\u00C3\u00B4tures, des SoY-\nf\u00C3\u00A9s qu'on voit dans les terreins bas : au relie, il\nefl probable que ces foff\u00C3\u00A9s fervent \u00C3\u00A0 conduire\nde Peau autour de la racine du taro : il faut\npeut-\u00C3\u00AAtre attribuer \u00C3\u00A0 l'adrefl\u00C3\u00A8 du cultivateur autant qu'\u00C3\u00A0 la fertilit\u00C3\u00A9 du fol, la richef\u00C3\u00AEe des r\u00C3\u00A9coltes & la bonne qualit\u00C3\u00A9 de ces productions,\nauxquelles la terre convient mieux qu'aux arbres \u00C3\u00A0 pain & aux cocotiers. Le peu d'arbres\n\u00C3\u00A0 pain & de cocotiers qui frapp\u00C3\u00A8rent nos regards , ne venoient pas trop bien, & on ne doit\npas \u00C3\u00AAtre furpris s'ils aiment mieux s'occuper d'autres fruits, dont la culture exige plus de travaux. Quoique les Infulaires d'Atooi femblent\ntr\u00C3\u00A8s-habiles en ce qui a rapport \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9conomie\nrurale, nous juge\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 l'afpe\u00C3\u00A9t de l'Ifle qu'elle\nefl fufceptibl\u00C3\u00A7 d'une culture beaucoup plus \u00C3\u00A9tendue , & qu'elle nourrirait une population au\nmoins trois fois auffi nombreufe ; car la plus\ngrande partie du terrein qui efl aujourd'hui en\nfriche, paro\u00C3\u00AEt offrir un fol auffi bon que celui\nr 1\nSa 494 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\ny* \u00E2\u0096\u00A0\u00E2\u0080\u00A2\u00E2\u0096\u00A0''\" des .diftri\u00C3\u00A9ts cultiv\u00C3\u00A9s. Nous pouvons conclura\n1778. que, par une caufe dont notre courte rel\u00C3\u00A2che\nF\u00C3\u00A9vrier, parmi eux ne nous a pas permis de nous inf-\ntruire, ils ne fe multiplient pas dans la proportion qui ferait n\u00C3\u00A9ceflaire pour mettre en valeur\nl'Ifle enti\u00C3\u00A8re.\nJe n'y ai vu aucun Chef de quelque importance ; mais, de l'aveu des Naturels, il y en a\nplufieurs qui r\u00C3\u00A9fident \u00C3\u00A0 Atooi , & toutes les\nclafl\u00C3\u00A8s fe proflernent devant eux ; cette marque\nde foumiffion \u00C3\u00A9quivaut au Moe Moea, qu'on\ndonne aux Chefs des Ifles des Amis , & elle\neft appellee ici Hamoea ou Moe : j'ignore s'ils\ncraignirent d'abord de fe montrer, ou s'ils \u00C3\u00A9toient\nabfens ; mais, apr\u00C3\u00A8s que j'eus quitt\u00C3\u00A9 l'Ifle, l'un\nde ces grands perfonnages parut, & il fit une vi-\nfite au Capitaine Clerke, \u00C3\u00A0 bord de la D\u00C3\u00A9couverte : il arriva fur une double pirogue, & ainfi\nque le Roi des Ifles des Amis, il n'eut aucun\n\u00C3\u00A9gard pour les petites pirogues qui fe trouve-\n. rent fur fon chemin ; il les heurta ou il les ren-\nverfa fans chercher le moins du monde \u00C3\u00A0 les \u00C3\u00A9viter : ce n'\u00C3\u00A9toit pas aux pauvres malheureux qui\nmontoient les embarcations, \u00C3\u00A0 \u00C3\u00A9viter la double\npirogue ; car \u00C3\u00A9tant contrains de fe tenir couch\u00C3\u00A9s\njufcpfl\u00C3\u00A0 ce que le Chef f\u00C3\u00BBt loin d'eux, ils ne\npouvoient man\u00C5\u0093uvrer. Les gens de fa fuite le de Coo K. 495\nbiff\u00C3\u00A8rent dans le vaifl\u00C3\u00A8au, & ils l'\u00C3\u00A9tablirent fur \u00E2\u0096\u00A0\nle pafl\u00C3\u00A8-avant. Lorfc^il y fut, les foins qu'ils 1778.\nprirent de lui, ne finirent pas encore ; ils fe ran- F\u00C3\u00A9vrier,\ng\u00C3\u00A8rent autour de lui, en fe donnant la main les\nuns aux autres, &, except\u00C3\u00A9 le Capitaine Clerke,\nils ne permirent \u00C3\u00A0 perfonne d'en approcher. Il\n\u00C3\u00A9toit jeune & couvert d'\u00C3\u00A9toffes de la t\u00C3\u00AAte aux\npieds ; une jeune femme que nous pr\u00C3\u00AEmes pour\nfon \u00C3\u00A9poufe , Paccompagnoit ; il s'appelloit Ta-\nmahano. Le Capitaine Clerke lui fit des pr\u00C3\u00A9fens,\n& il en re\u00C3\u00A7ut une jatte de bois foutenue par deux\npetits hommes, dont la fculpture, relativement\nau defl\u00C3\u00A8in & \u00C3\u00A0 l'ex\u00C3\u00A9cution, annon\u00C3\u00A7oit une forte\nde talent. Les Infulaires nous dirent, qu'elle avoit\n\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fouvent remplie de kava ou d'ava, felon la\nprononciation des O-Ta\u00C3\u00AFtiens ; ils pr\u00C3\u00A9parent &\nils boivent cette liqueur de la m\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re que\nfur les autres Mes de l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique. Le Capitaine Clerke ne put d\u00C3\u00A9terminer le Chef ni \u00C3\u00A0\ndefcendre dans les chambres, ni \u00C3\u00A0 quitter l'endroit o\u00C3\u00B9 on l'avoit plac\u00C3\u00A9 d'abord. Lorfqu'il eut\npafle une heure far la D\u00C3\u00A9couverte, il fut report\u00C3\u00A9 dans fa pirogue ; il retourna \u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te, &\nles gens du pays qu'il rencontra en chemin, lui\nrendirent les honneurs qu'ils lui avoient rendu\nquand il \u00C3\u00A9toit venu pr\u00C3\u00A8s de nous. Plufieurs mef-\nfagers arriv\u00C3\u00A8rent le lendemain ; on invitoit le 1778.\nF\u00C3\u00A9vrier,\n496 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\nCapitaine Clerke \u00C3\u00B9 aller dans l'Ifle, & on Paver-\ntiflbit que le Chef fe difpofoit \u00C3\u00A0 lui offrir un\npr\u00C3\u00A9fent confid\u00C3\u00A9rable ; mais, empreff\u00C3\u00A9 de remettre en mer & de me rejoindre s il ne crut pas\ndevoir accepter l'invitation.\nNous avons vu les Naturels fi peu de temps,\n& notre entrevue a \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 fi imparfaite, que nous\nne pouvons expofer, d'une mani\u00C3\u00A8re exacte, la\nforme de gouvernement \u00C3\u00A9tablie dans l'Ifle ; mais ,\nen g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral , les coutumes d'Atooi refl\u00C3\u00A8mblent\nfinguli\u00C3\u00A9rement \u00C3\u00A0 celles des autres terres de l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique o\u00C3\u00B9 nous avons abord\u00C3\u00A9 ; les hommages en particulier qu'on y rend aux Chefs,\nfont abfolument les m\u00C3\u00AAmes. Il efl probable que\nles guerres ne font pas moins fr\u00C3\u00A9quentes \u00C3\u00A0 Atooi,\nqu'aux Mes de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 & aux Ifles des Amis:\non peut, en effet, le conjecturer d'apr\u00C3\u00A8s la multitude de leurs armes, & le bon \u00C3\u00A9tat dans lequel\nnous les trouv\u00C3\u00A2mes : ce qu'ils dirent eux-m\u00C3\u00AAmes, nous le prouve d'une mani\u00C3\u00A8re plus directe\nencore ; nous compr\u00C3\u00AEmes qu'ils font la guerre \u00C3\u00A0\nleurs voifins de Oneeheow & Oreehoua , &\nque les divers diftri\u00C3\u00A9ts de l'Ifle fe battent auffi\nentr'eux. Cette caufe efl prefque la feule que\nnous puiffions affigner de la foiblefl\u00C3\u00A8 de la population en proportion de l'\u00C3\u00A9tendue du terrein\nfuf\u00C3\u00A7eptible de culture.\nInd\u00C3\u00A9pen- de Cook. 497\nInd\u00C3\u00A9pendamment de leurs piques ou lances,\nqui font d'un tr\u00C3\u00A8s-beau bois couleur de cha-\n1778.\ntaigne, bien poli, & dont quelques-unes ont F\u00C3\u00A9vrier,\nune extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9 barbel\u00C3\u00A9e & l'autre applatie, ils fe\nfervent d'une arme que nous n'avions jamais rencontr\u00C3\u00A9e auparavant, & qu'aucun Navigateur n'a\ntrouv\u00C3\u00A9e parmi les Naturels de la mer du Sud.\nElle refl\u00C3\u00A8mble un peu \u00C3\u00A0 un poignard ; elle eft\nd'environ un pied & demi de longueur, termin\u00C3\u00A9e\nen pointe \u00C3\u00A0 l'une des extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s, & quelquefois\naux deux : on Pafl\u00C3\u00B9jettk fur la main avec un cordon : ils en font ufage lorfqu'ils fe battent corps**\n\u00C3\u00A0-corps, & elle efl tr\u00C3\u00A8s-propre \u00C3\u00A0 poignarder un\nennemi. Quelques-unes de leurs dagues peuvent\n\u00C3\u00AAtre appellees de doubles poignards ; le manche\nde celles-ci efl au milieu, & il donne plus de\nmoyens de frapper de diff\u00C3\u00A9rens c\u00C3\u00B4t\u00C3\u00A9s. Ils ont\nauffi des arcs & des traits ; mais comme nous\nen v\u00C3\u00AEmes peu, & qu'ils \u00C3\u00A9toient tr\u00C3\u00A8s-foibles, on\npeut prefque af\u00C3\u00AEurer qu'ils ne les emploient jamais dans les batailles. Le couteau ou la fcie\ndont j'ai parl\u00C3\u00A9 plus haut, & avec lequel ils d\u00C3\u00A9p\u00C3\u00A8cent les morts, peut auffi \u00C3\u00AAtre mis au nombre\nde leurs armes ; car il leur fert \u00C3\u00A0 porter des\ncoups d'eftoc ou de taille, lorfqu'ils fe battent\nde tr\u00C3\u00A8s-pr\u00C3\u00A8s : c'eft un petit infiniment de bois\napplati, d'une forme oblongue, d'un pied de\nTome IL Ii 49s\nTroisi\u00C3\u00A8me Voyag\nlongueur,\narrondi aux coins, garni d'un man-\n1778. che & refl\u00C3\u00A8mblant, \u00C3\u00A0 bien des \u00C3\u00A9gards, \u00C3\u00A0 quel-\nF\u00C3\u00A9vrier, ques-uns des Patoos de la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande ;\nmais fes bords font environn\u00C3\u00A9s par-tout de dents\nde requin fortement attach\u00C3\u00A9es \u00C3\u00A0 la monture, &\npointant en-dehors : le manche offre ordinairement un trou dans lequel pafl\u00C3\u00A8 un long cordon , qu'on entortille plufieurs fois autour du\npoignet. Nous juge\u00C3\u00A2mes qu'ils fe fervent de la\nfronde ; car nous achet\u00C3\u00A2mes des morceaux de\nH\u00C3\u00A9matites ou de pierre fanguine , taill\u00C3\u00A9s dans\nla forme d'un \u00C5\u0093uf coup\u00C3\u00A9 longitudinalement, &\noffrant un fillon \u00C3\u00A9troit au milieu de la partie convexe : l'un des Infulaires appliqua une corde de\npeu d'\u00C3\u00A9paifi\u00C3\u00A8ur fur la rainure de l'un de ces morceaux de H\u00C3\u00A9matites , mais il ne voulut pas\nvendre la fronde, quoiqu'il confent\u00C3\u00AEt \u00C3\u00A0 nous ce-,\nder la pierre : cette pierre, lanc\u00C3\u00A9e avec force,\ndevoit porter un coup dangereux, car elle pe-\nfoit une livre. Nous v\u00C3\u00AEmes, d'ailleurs, des pierres \u00C3\u00A0 aiguifer ovales, bien polies, termin\u00C3\u00A9es en\npointes vers chacune des extr\u00C3\u00A9mit\u00C3\u00A9s, & refl\u00C3\u00A8mblant beaucoup \u00C3\u00A0 des pierres que nous avions\napper\u00C3\u00A7ues en 17745 \u00C3\u00A0 la Nouvelle-Cal\u00C3\u00A9donie,\n& que les Naturels de cette terre jettent avec\nleurs frondes.\n- J'ai d\u00C3\u00A9j\u00C3\u00A0 dit ce que nous avons pu d\u00C3\u00A9couvrir .17-8.\nde C o o k. 499\ndes inftitutions religieufes des habitans d'Atooi,\n& de la mani\u00C3\u00A8re dont ils difpo.fent de leurs morts.\n\u00E2\u0099\u00A6Comme rien ne montrera mieux l'affinit\u00C3\u00A9 qui exifte F\u00C3\u00A9vrier.\nentre les m\u00C5\u0093urs de ces Infulaires & les m\u00C5\u0093urs\ndes Ifles des Amis & de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, je vais y\najouter de nouveaux d\u00C3\u00A9tails qui \u00C3\u00A9clairciront ce\npoint, & qui feront voir en m\u00C3\u00AAme-temps, comment quelques-unes des modifications infinies,\ndont les principes g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9raux des habitudes humaines font fufceptibles, peuvent diftinguer une\nnation particuli\u00C3\u00A8re. Les Naturels de Tongataboo\nenterrent leurs morts d'une mani\u00C3\u00A8re tr\u00C3\u00A8s-d\u00C3\u00A9cente,\n& ils enterrent auffi les victimes humaines qu'ils\nfacrifient aux Dieux. Je ne f\u00C3\u00A2che pas qu'ils offrent \u00C3\u00A0 la Divinit\u00C3\u00A9 ou qu'ils pofent fur les Autels\naucun animal, non plus que des v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux. Les\nO-Ta\u00C3\u00AFtiens n'enterrent point leurs morts, ils les\nlaifl\u00C3\u00A8nt en \"plein air o\u00C3\u00B9 le temps & la putr\u00C3\u00A9faction les confument ; mais ils d\u00C3\u00A9pofent enfuite les\nofl\u00C3\u00A8mens dans une fofl\u00C3\u00A8, & ils enterrent les corps\nentiers des victimes humaines : ils offrent d'ailleurs \u00C3\u00A0 leurs Dieux des animaux & des v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux , mais ils ne foignent point du tout les lieux\no\u00C3\u00B9 fe font ces offrandes & ces f\u00C3\u00A0crifices ; la plupart de leurs Morals tombent en ruine, & annoncent une extr\u00C3\u00AAme n\u00C3\u00A9gligence. Les Naturels\nd'Atooi enterrent, ainfi qu'\u00C3\u00A0 Tongataboo, ceux\n\u00C3\u00AFi a\ni\ns\nn\nm\nI 5oo Troisi\u00C3\u00A8me Voyage\niimi qui meurent de mort naturelle, & ceux qu'on\n1778. facrifie ^ux Dieux, mais leurs Temples font fa-\nF\u00C3\u00A9vrier, les, & ils offrent des v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9taux & des animaux m\n\u00C3\u00A0 leurs Dieux comme \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti.\nLe Taboo eft connu \u00C3\u00A0 Atooi, dans toute fon\n\u00C3\u00A9tendue ; il para\u00C3\u00AEt m\u00C3\u00AAme qu'il y efl encore plus\nrigoureux qu'\u00C3\u00A0 Tongataboo ; car les gens du\npays nous demandoient toujours avec emprefl\u00C3\u00A8-\nment, & d'un ton qui annon\u00C3\u00A7oit la crainte de\nnous offenfer, fi ce qu'ils d\u00C3\u00A9liraient de voir, &\nque nous ne voulions pas leur montrer, \u00C3\u00A9toit\nTaboo , ou , comme ils pronon\u00C3\u00A7oient ce mot,\nTafoo ? Le lecteur fe rappelle qu'aux Mes de la\nSoci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9, on donne le nom de Maia raa, aux\nchofes dont l'uf\u00C3\u00A0ge efl interdit; mais les Infulaires d? Atooi ne paroifl\u00C3\u00A8nt pas auffi fcrupuleux\nfur le Taboo, que le font les O-Ta\u00C3\u00AFtiens fur le\nMaia raa ; j'en excepte toutefois ce qui regarde les morts, article fur lequel nous les juge\u00C3\u00A2mes plus fuperflitieux que les autres peuplades.\nAu refle, ces obfervations n'ont pas \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 faites\nd'une mani\u00C3\u00A8re afl\u00C3\u00A8z pr\u00C3\u00A9cife, pour les citer comme\ntr\u00C3\u00A8s-exactes. Afin de montrer jufqu'o\u00C3\u00B9 va la conformit\u00C3\u00A9 des ufages des divers pays, en d'autres\npoints li\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 la Religion, je remarquerai que les\nPr\u00C3\u00AAtres ou Tahounas, ne font pas moins nombreux \u00C3\u00A0 Atooi que fur les autres Ifles, fi tous de Cook, 501\nles Infulaires que nous avons vus difant des poor es \\nou des pri\u00C3\u00A8res, \u00C3\u00A9toient de cette clafl\u00C3\u00A8. 1778.\nSi les m\u00C5\u0093urs des Infulaires dHAtooi refl\u00C3\u00A8m- F\u00C3\u00A9vrier,\nblent \u00C3\u00A0 celles d'O-Ta\u00C3\u00AFti, la conformit\u00C3\u00A9 du lan- \\ngage efl encore plus frappante : en effet, on\npeut dire que les idiomes des deux Mes font\nprefque mot-\u00C3\u00A0-mot les m\u00C3\u00AAmes. Nous remarqu\u00C3\u00A2mes auffi, des mots prononc\u00C3\u00A9s abfolument de la\nm\u00C3\u00AAme mani\u00C3\u00A8re qu'\u00C3\u00A0 la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande &\naux des Ifles des Amis ; mais quoique les quatre\ndialectes foient inconteflablement les m\u00C3\u00AAmes, les\nNaturels d'Atqoi, en g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9ral, n'ont ni l'articulation forte & gutturale des Z\u00C3\u00A9landois, ni l'articulation un peu moins rude des habitans de Tongataboo , & des terres voifines : non-feulement\nils ont adopt\u00C3\u00A9 la prononciation plus douce des\nO-Ta\u00C3\u00AFtiens, qu'ils imitent d'ailleurs, en \u00C3\u00A9vitant\nles fons \u00C3\u00A2pres, mais encore l'idiome entier. Us\ndonnent \u00C3\u00A0 leurs mots les m\u00C3\u00AAmes affixes & les\nm\u00C3\u00AAmes fuffixes , & leurs chants offrent la m\u00C3\u00AAme\nmefure & la m\u00C3\u00AAme cadence, quoique d'une mani\u00C3\u00A8re un peu moins agr\u00C3\u00A9able : nous cr\u00C3\u00BBmes d'abord y appercevoir quelque diff\u00C3\u00A9rence, mais il\nfaut obferver que les O-Ta\u00C3\u00AFtiens ayant eu de\nfr\u00C3\u00A9quentes liaifons avec nous, daignoient, en\nbien des oc\u00C3\u00A7afions, adapter les mots & les tournures dont ils fe feryoient , \u00C3\u00A0 notre connoifl\u00C3\u00A0nce\nIiS C02\nTroisi\u00C3\u00A8me V o y a g\nfe~ imparfaite de leur langue , qu'ils employoient\n1778. les termes les plus ordinaires, & m\u00C3\u00AAme des ex-\nF\u00C3\u00A9vrier, preffions corrompues, lorfqu'ils caufoient avec\nnous : s'ils converfoient entr'eux, & s'ils fe fer-\nvoient des tournures de phrafe, & des mots\nqu'exigeoit leur fyntaxe , ils \u00C3\u00A9toient \u00C3\u00A0 peine entendus de ceux d'entre nous qui avoient fait le\nplus de progr\u00C3\u00A8s dans l'\u00C3\u00A9tude de leur vocabulaire.\nM. Anderfon ne laifl\u00C3\u00A0nt \u00C3\u00A9chapper aucune occafion\nde rendre notre voyage utile \u00C3\u00A0 ceux qui s'amu-\nfent \u00C3\u00A0 fuivre les migrations des diff\u00C3\u00A9rentes tribus\nou familles qui ont peupl\u00C3\u00A9 la terre , d'apr\u00C3\u00A8s le\nplus d\u00C3\u00A9cifif de tous les argumens, celui qu'on\ntire de l'affinit\u00C3\u00A9 des idiomes, rafl\u00C3\u00A8mbla un catalogue de mots \u00C3\u00A0 Atooi.\nIl n'eft pas aif\u00C3\u00A9 de dire comment une feule\nNation s'efl r\u00C3\u00A9pandue dans toutes les parties de\nl'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique, fur un fi grand nombre d'Ifles\nf\u00C3\u00A9par\u00C3\u00A9es les unes des autres par un intervalle fi\nconfid\u00C3\u00A9rable ! on la trouve depuis la Nouvelle-\nZ\u00C3\u00A9lande au Sud, jufqu'aux Mes Sandwich au\nNord, & du Levant au Couchant, depuis l'Ifle\nde P\u00C3\u00A2ques jufqu'aux Nouvelles - H\u00C3\u00A9brides ,\nc'eft-\u00C3\u00A0-dire, fur une \u00C3\u00A9tendue de foixante degr\u00C3\u00A9s\nde latitude , ou de douze cents lieues du Nord\nau'Sud, & de quatre-vingt-trois degr\u00C3\u00A9s de longitude ou de feize cents foixante lieues de PEft \u00C3\u00A0 an\nDE C O O K.\n5\u00C2\u00B02\nPOuefl. On ne fait pas encore jufqu'o\u00C3\u00B9 vont fes .\nColonies dans chacune de ces directions; mais, 1778.\nd'apr\u00C3\u00A8s les obfervations faites durant mon f\u00C3\u00A9cond F\u00C3\u00A9vrier.\nVoyage, & durant celui-ci, je puis afl\u00C3\u00B9rer que\nfi elle n'eft pas la nation du globe la plus nom-\nbreufe, c'eft certainement la plus \u00C3\u00A9tendue. \u00C3\u0087a)\nSi les Efpagnols avoient d\u00C3\u00A9couvert, dans le\ndernier fiecle , les Mes Sandwich, il para\u00C3\u00AEt\ns\u00C3\u00BBr qu'ils auraient profit\u00C3\u00A9 de Pheureufe pofition\nde ces terres, & quils auraient fait dZAtooi, ou\nd'une des terres voifines, un lieu de rafra\u00C3\u00AEchifl\u00C3\u00A8-\nment pour les vaifl\u00C3\u00A8aux qui vont, chaque ann\u00C3\u00A9e,\nd'Acapulco k.Manille; elles fe trouvent prefque \u00C3\u00A0 mi-chemin entre Acapulco & Guam9\nl'une des Larrones , le feul port o\u00C3\u00B9 ils rel\u00C3\u00A2chent dans la traverf\u00C3\u00A9e de l'Oc\u00C3\u00A9an Pacifique, &\nils n'auraient pas along\u00C3\u00A9 leur route d'une fe-\nmaine ; ils auraient m\u00C3\u00AAme pu s'y repofer fans\ncourir le moindre danger de perdre leur pafl\u00C3\u00A0ge ;\ncar le vent alif\u00C3\u00A9 de PEft, exerce fon action fur\nl'efpace qu'elles occupent. La connoifl\u00C3\u00A0nce de cet\nArchipel n'e\u00C3\u00BBt pas \u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 moins favorable \u00C3\u00A0 nos\nflibufliers, qui fe rendirent quelquefois de la c\u00C3\u00B4te\nm\nm\n( a ) Voyez , dans l'Introduction , de nouveaux\nd\u00C3\u00A9tails fur la vafle \u00C3\u00A9tendue des Colonies de cette\nNation.\nIi * 504 Troisi\u00C3\u00A8me Voyage de Cook,\nd'Am\u00C3\u00A9rique aux Mes des Larrons, ayant \u00C3\u00A0\n1778. peine afl\u00C3\u00A8z de vivres & d'eau pour ne pas mourir\nF\u00C3\u00A9vrier, de faim & de foif; ils y auraient trouv\u00C3\u00A9 des vivres en abondance, & dans un mois d'une navigation s\u00C3\u00BBre, ils auraient atteint la partie de la\nCalifornie, que le gall\u00C3\u00AEon de Manille efl oblig\u00C3\u00A9\nde reconnoitre ; s'ils n'avoient pas rencontr\u00C3\u00A9 le\ngallion, ils auraient pu retourner bien radoub\u00C3\u00A9s\n\u00C3\u00A0 la c\u00C3\u00B4te d?Am\u00C3\u00A9rique, apr\u00C3\u00A8s une abfence de\ndeux mois. Enfin, combien le LorcVAnfon fe\nferoit cru heureux, & de combien de fatigues\n& de peines il fe feroit affranchi, s'il e\u00C3\u00BBt fu\nqu'il y avoit \u00C3\u00A0 mi-chemin entre l'Am\u00C3\u00A9rique &\nTinian, un grouppe d'Mes en \u00C3\u00A9tat de fournir \u00C3\u00A0\ntous fes befoins ! L'\u00C3\u00A9l\u00C3\u00A9gant Hiftorien de fon\nvoyage en aurait fait une defcription plus agr\u00C3\u00A9able que celle dont je viens de donner l'efquifle.\nFin du Tome f\u00C3\u00A9cond. 5\u00C2\u00B05\nT A B L E\nDES CHAPITRES\nCONTENUS DANS CE VOLUME.\nSUITE DU LIVRE SECOND.\nChap. IX. Defcription d'une grande F\u00C3\u00AAte,\nappellee Natche, relative au Fils du Roi.\nProceflions & autres c\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies qui eurent lieu le premier four. Nuit pafl\u00C3\u00ABe dans\nla Maifon du Roi. Continuation de la F\u00C3\u00AAte\nle lendemain. Conjectures fur fon objet.\nD\u00C3\u00A9part de Tongataboo & arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Eooa.\nDefcription de cette Ifle, & r\u00C3\u00A9cit de ce\nqui nous y arriva. Page i\nChap. X. Avantages que nous procura notre\nf\u00C3\u00A9jour aux Ifles des Amis. Remarques fur\nles articles les plus propres aux \u00C3\u00A9change\u00C2\u00BB\n'avec les Naturels. Rafra\u00C3\u00AEchijfemens qu'on\npeut s'y procurer. Nombre des Ifles &\nleurs noms. Les Ifles de Keppel & de\nBofcawen en d\u00C3\u00A9pendent. Remarques fur\nVavaoo, Hamoa, Feejee. Voyages de long\ncours que les Naturels font fur leurs pirogues. Combien il efl difficile d'obtenir\ndes informations exaCtes. D\u00C3\u00A9tails fur la\nperfonne des Infulaires de l'un <3? de 506 Table\nl'autre fexe, fur la couleur de leurpeaur,\nleurs maladies, leur caraCtere; de quelle\nmani\u00C3\u00A8re ils^ portent leurs cheveux ; piquetures de leur corps ; habits & orne-\nmens dont ils fe parent; propret\u00C3\u00A9 per-\nfonnelle. 41\nChap. XL Occupations des femmes des Mes\ndes Amis; occupations des hommes ; agriculture; conflruCtion des maifons; outils,\ncordages & inflrumens de p\u00C3\u00AAche; infiru-\nmens de mufique ; armes, nourriture &\nmani\u00C3\u00A8re d'appr\u00C3\u00AAter les alimens; amufemens ; Mariages ; C\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies fun\u00C3\u00A8bres ;\nDivinit\u00C3\u00A9s du Pays ; id\u00C3\u00A9es fur l'ame Ci fur\nune autre vie. Temples ; Gouvernement ;\nhommages qu'on rend au Roi. D\u00C3\u00A9tails fur\nla Famille Royale. Remarques fur la Langue, & petit Vocabulaire de cet idiome.\nObfervations nautiques & autres. 80\nLIVRE III.\nRel\u00C3\u00A2che \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti & aux Ifles de la\nSoci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 ,- fuite du Voyage jufqu'\u00C3\u00A0\nnotre arriv\u00C3\u00A9e fur la c\u00C3\u00B4te cVAm\u00C3\u00A9rique.\nChap. I. Obfervation d'une \u00C3\u00A9clipfe de lune.\nD\u00C3\u00A9couverte de rifle Toobouai. Sa Situation , fon \u00C3\u00A9tendue & fon afpeCt ; entrevues\navec les Habitans ; defcription de leur\nfigure , de leurs v\u00C3\u00AAtemens & de leurs des Chapitres.\n507\npirogues. Arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Oheitepeha, l'une des\nbaies ^'O-Ta\u00C3\u00AFti. De quelle mani\u00C3\u00A8re Oma\u00C3\u00AF\nefl re\u00C3\u00A7u; imprudence de fa conduite. D\u00C3\u00A9tails fur les Vaijfeaux Efpagnols qui ont\nrel\u00C3\u00A2ch\u00C3\u00A9 deux fois \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti, Entrevue avec\nle Chef du diftriCt ^'Oheitepeha. L'Olla ou\nle Dieu de Bolabola : fou qui contrefait\nle Proph\u00C3\u00A8te. Arriv\u00C3\u00A9e dans la baie de Ma-\n127\ntavai.\nChap. II. Entrevue avec O-Too , Roi d'O-,\nTa\u00C3\u00AFt-L Conduite imprudente d'Oma\u00C3\u00AF. Nos\noccupations \u00C3\u00A0 terre. D\u00C3\u00A9barquement de nos\nquadrup\u00C3\u00A8des /f Europe. D\u00C3\u00A9tails fur un des\nNaturels qui avoit fait le voyage de Lima. D\u00C3\u00A9tails fur (Edidee. R\u00C3\u00A9volte d'Eimeo., Guerre contre cette Ifle r\u00C3\u00A9folue dans\nun Confeil des Chefs. Sacrifice humain\nqui eut lieu \u00C3\u00A0 cette occafion. Defcription\nparticuli\u00C3\u00A8re des C\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies pratiqu\u00C3\u00A9es\nau grand Morai, ou l'on offrit la victime. Autres coutumes barbares de ce\nPeuple. 156\nChap. III. Conf\u00C3\u00A9rence avec Towha. Defcription de quelques Heevas. Oma\u00C3\u00AF & (Edidee nous donnent \u00C3\u00A0 d\u00C3\u00AEner. Feux d'artifice.\nMagnifique pr\u00C3\u00A9fent d'\u00C3\u00A9toff\u00C3\u00A9es qu'on nous\nfait. Mani\u00C3\u00A8re de conferver les cadavres\ndes Chefs. Un autre f\u00C3\u00A0crifice humain.\nPromenade \u00C3\u00A0 cheval. Soins d'O-Too pour\nnous fournir des provifions & emp\u00C3\u00AAcher\nles vols. Quadrup\u00C3\u00A8des que je lui donne.\nEtary & les D\u00C3\u00A9put\u00C3\u00A9s d'un Chef du pays\nobtiennent une audience. Combat (imul\u00C3\u00A9 de 5o\u00C2\u00A7\nT A B L E\ndeux pirogues de guerre. Force novate d\u00C3\u00A9\nces Ifles ; comment elles font la guerre. 192\nChap. IV. Le jour de notre appareillage fix\u00C3\u00A9.\nO-Ta\u00C3\u00AFti fait fa paix avec Eimeo. D\u00C3\u00A9bats\nfur ce point. La conduite d'O-Too efi bl\u00C3\u00A2m\u00C3\u00A9e. C\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies pratiqu\u00C3\u00A9es au Morai en\ncette occafion, & d\u00C3\u00A9crites par M. King.\nRemarques fur ces C\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies. Trait d'artifice de la part d'O-Too. Oma\u00C3\u00AF obtient une\npirogue de guerre. R\u00C3\u00A9flexions fur fa conduite. Pr\u00C3\u00A9fent que m'offre O-Too pour le\nRoi de la Grande-Bretagne, & ce qu'il me\nchargea de dire \u00C3\u00A0 Sa Majefl\u00C3\u00A9. Obfervations fur les \u00C3\u00A9changes que nous f\u00C3\u00AEmes, &\nfur la mani\u00C3\u00A8re dont nous f\u00C3\u00BBmes re\u00C3\u00A7us \u00C3\u00A0\nO-T\u00C3\u00A0iti. D\u00C3\u00A9tails fur les voyages qu'y ont\nfait les Efpagnols : ce qu'ils ont imagin\u00C3\u00A9\npour donner mauvaife opinion des Anglois.\nCombien il efl \u00C3\u00A0 defir er qu'on ne forme\npoint d'\u00C3\u00A9tablijfemens \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti. Jaloufie\nqu'un autre Voyageur infpire \u00C3\u00A0 Oma\u00C3\u00AF. 214\nCiiap. V. Arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Eimeof On y trouve\ndeux havres. Defcription de ces deux havres. Nous recevons une vifite de Maheine,\nChef de l'Ifle. Defcription de fa perfonne.\nLes Infulaires nous volent une ch\u00C3\u00A8vre ; ils\nla renvoient enfuite avec le Voleur. Vol\nd'une autre ch\u00C3\u00A8vre que les Naturels ont\nfoin de cacher. Mefures que je pris \u00C3\u00A0 cette\n^occafion. Exp\u00C3\u00A9dition militaire dans l'Ifle.\nNous br\u00C3\u00BBlons des maifons & des pirogues.\nOn nous rend la ch\u00C3\u00A8vre, & la paix fe\nr\u00C3\u00A9tablit. D\u00C3\u00A9tails fur l'Ifle , &c, 24i des Chapitres. 509\nChap. VI. Arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Huaheine. Conflit des\nChefs. Pr\u00C3\u00A9fens Ci difcours d'Oma\u00C3\u00AF aux\nChefs du Pays. Son \u00C3\u00A9tablifl\u00C3\u00A8ment dans\ncette Ifle efi d\u00C3\u00A9cid\u00C3\u00A9. Nous lui b\u00C3\u00A2tiffbns\n'une maifon Ci nous lui formons un jardin. Remarques fur l'\u00C3\u00A9tat oh il fe trouvoit. Mefures que nous prenons pour le\nmettre en s\u00C3\u00BBret\u00C3\u00A9. D\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A2t fait par les blattes \u00C3\u00A0 bord de nos Vatjfeaux. Voleur d\u00C3\u00A9couvert & puni. Feux d'artifice. Animaux\nque nous laifs\u00C3\u00A2mes \u00C3\u00A0 Oma\u00C3\u00AF. Obfervations\nfur fa Famille. Ses Armes. Infeription\nque nous m\u00C3\u00AEmes fur fa maifon. Sa conduite\nlors de notre d\u00C3\u00A9part. Obfervations g\u00C3\u00A9n\u00C3\u00A9rales fur fa conduite & fon caraCtere.\nD\u00C3\u00A9tails fur les deux jeunes gens qu'il avoit\npris \u00C3\u00A0 la Nouvelle-Z\u00C3\u00A9lande. 258\nChap. VII. Arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Ulietea. Obfervations\nafironomiques. Un Soldat de Marine defer te , d les Infulaires le ram\u00C3\u00A8nent, ^e\nre\u00C3\u00A7ois des nouvelles d'Oma\u00C3\u00AF. InfiruC\u00C3\u00AEions\n\u00E2\u0096\u00A0 que je donne au Capitaine Clerke. Autre\nd\u00C3\u00A9fier tion d'un Midshipman Ci d'un Matelot. Trois des principaux Perfonnages de\nl'Ifle emprifonn\u00C3\u00AAs \u00C3\u00A0 cette occafion. D\u00C3\u00A9couverte d'un complot des Naturels, qui for-\nmoient le projet de m'arr\u00C3\u00AAter, ainfi que le\nCapitaine Clerke. On me ramen\u00C3\u00A9 les deiix\nD\u00C3\u00A9ferteurs, Ci je rends la libert\u00C3\u00A9 aux\nGens du Pays, que je tenois en prifon.\nLes deux Vaifl\u00C3\u00A8aux appareillent. Rafra\u00C3\u00AE-\nchijfemens que nous pr\u00C3\u00AEmes \u00C3\u00A0 Ulietea. Etat\n4e cette Ifle, compar\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 l'\u00C3\u00A9tat o\u00C3\u00B9 nous fa* 5i\u00C2\u00B0\nTable\nvions trouv\u00C3\u00A9e autrefois. D\u00C3\u00A9tails fur un de\nfes Rois qui fut d\u00C3\u00A9tr\u00C3\u00B4n\u00C3\u00A9, d fur le dernier R\u00C3\u00A9gettf de Huaheine. 287\nChap. VIII. Arriv\u00C3\u00A9e \u00C3\u00A0 Bolabola. Entrevue\navec le Roi Opoony. Raifons qui me d\u00C3\u00A9terminent \u00C3\u00A0 acheter l'ancre de M. de\nBougainville. D\u00C3\u00A9part des Ifles de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. D\u00C3\u00A9tails fur Bolabola. Hifioire de la\nconqu\u00C3\u00AAte *fOtaha c^ ^'Ulietea. Terreurs\nqu'infpirent les Habitans de Bolabola. Animaux que nous laifs\u00C3\u00A2mes dans cette Ifle,\nainfi qu'\u00C3\u00A0 Ulietea. Suppl\u00C3\u00A9ment de vivres\nque nous y embarqu\u00C3\u00A2mes , <^ mani\u00C3\u00A8re\ndont nous fal\u00C3\u00A2mes des cochons. Obfervations relatives \u00C3\u00A0 O-Ta\u00C3\u00AFti Ci aux Ifles de\nla Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. Obfervations afironomiques Ci\nnautiques fur ces Terres. 309\nChap. IX. Les d\u00C3\u00A9tails fur O-Ta\u00C3\u00AFti font encore\nimparfaits. Vents dominons dans le parage de cette Ifle. Beaut\u00C3\u00A9 du Pays. Culture. Remarques fur les curiofit\u00C3\u00A9s naturelles du Pays ; fur la perfonne des Naturels ; fur leurs maladies ; fur leur ca-\nraCtere ; fur leur amour pour le plaifir ;\nfur leur tangue ; fur la Chirurgie Ci la\nM\u00C3\u00A9decine qu'ils pratiquent. Leur r\u00C3\u00A9gime\ndi\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9tique. Effets de /'Ava. Epoques de leur\nrepas, Ci mani\u00C3\u00A8re de manger. Liaifons\navec les femmes. Circoncif\u00C3\u00AEon. Syfi\u00C3\u00AAme\nReligieux. Id\u00C3\u00A9es fur l'ame d fur une vie\nfuture. Superfiitions diverfes. Traditions\nfur la cr\u00C3\u00A9ation. L\u00C3\u00A9gende hifiorique. Honneurs qu'on rend au Roi. DifiinCtion des D E\nChapitre\n\u00C2\u00ABui\nrangs. Ch\u00C3\u00A2timens des crimes. Particularit\u00C3\u00A9s des Ifles voifines. Noms de leurs\nDieux. Noms des Ifles fr\u00C3\u00A9quent\u00C3\u00A9es par les\nNaturels des Ifles de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. Etendue\n\u00E2\u0080\u00A2 de leur Navigation. 331\nChap. X. Suite du Voyage apr\u00C3\u00A8s notre d\u00C3\u00A9part des Ifles de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9. D\u00C3\u00A9couverte de\nl'Ifle de No\u00C3\u00ABl. Pofit ion des Vaifl\u00C3\u00A8aux fur\nla C\u00C3\u00B4te. Canots envoy\u00C3\u00A9s \u00C3\u00A0 terre. Grand\nnombre de tortues que nous y prenons. Ob-\nfervation d'une \u00C3\u00A9clipfe de Soleil. D\u00C3\u00A9trefle\nde deux Matelots qui s'\u00C3\u00A9gar\u00C3\u00A8rent dans\nl'int\u00C3\u00A9rieur de l'Ifle. Infeription laifif\u00C3\u00A9e dans\nune bouteille. Defcription de l'Ifle. Remarques fur le fol ; fur les arbres d les plantes ; fur les oifeaux ; fur V\u00C3\u00A9tendue de cette\nTerre ; fur fa forme ; fur fa pofition.\nMouillage. 391\nChap. XI. D\u00C3\u00A9couverte de quelques Ifles. Obfervations fur les Naturels d'Atooi qui\narriv\u00C3\u00A8rent aux vaifl\u00C3\u00A8aux , d fur leur\nconduite au moment o\u00C3\u00B9 ils fc rendirent\naupr\u00C3\u00A8s de nous. L'un d'eux efl tu\u00C3\u00A9. Pr\u00C3\u00A9cautions pour emp\u00C3\u00AAcher les \u00C3\u00A9quipages de communiquer avec les femmes. Nous trouvons\nune aiguade. R\u00C3\u00A9ception qu'on nous fait \u00C3\u00A0\nnotre d\u00C3\u00A9barquement. Excurfion dans l'int\u00C3\u00A9rieur du Pays. Nous allons voir un Morai. Defcription de cet \u00C3\u00A9difice. Tombeaux\ndes Chefs. On y d\u00C3\u00A9pofe les corps des victimesfacrifi\u00C3\u00A9es aux Dieux. Reconnoifl\u00C3\u00A0nce\nd'une autre Ifle appellee Oneeheow. C\u00C3\u00A9r\u00C3\u00A9monies ex\u00C3\u00A9cut\u00C3\u00A9es par quelques-uns des mi\nTable des Chapitres.\nNaturels qui viennent aux Vaiffeaui\u00C3\u00AF\u00C3\u00A9\nRaifons de croire qu'ils font Cannibales.\nUn Detachment envoy\u00C3\u00A9 \u00C3\u00A0 terre y pafle\ndeux nuits. R\u00C3\u00A9cit de ce qui fe pafla\nlors du d\u00C3\u00A9barquement : les Vaifl\u00C3\u00A8aux s'\u00C3\u00A9loignent de ces Ifles d marchent au\nNord. 409\nChap. XII. Pofition des Ifies dont je viens de\nparler.f Noms que leur donnent les Infulaires. Je les ai appellees Ifies Sandwich.\nDefcription d? Atooi. Remarques fur le fol,\nle climat, les productions v\u00C3\u00A9g\u00C3\u00A9tales , les\noifeaux, les poiflbns, les animaux domeftiques , la perfonne des Naturels , leur\ncaraCtere, leurs habits , leurs ornemens,\nleurs habitations, leur r\u00C3\u00A9gime di\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9tique,\nleur mani\u00C3\u00A8re d\"appr\u00C3\u00AAter les alimens, leurs\namufemens , leurs Manufactures , leurs\noutils, la connoifl\u00C3\u00A0nce qu'ils ont du fer ,-\nleurs pirogues d leur Agriculture. D\u00C3\u00A9tails fur un de leurs Chefs. Armes dont\nils fe fervent. Ufages conformes \u00C3\u00A0 ceux de\nTongataboo d de O-Ta\u00C3\u00AFti. La Langue des\nIfles Sandwich efi la m\u00C3\u00AAme que celle des\nIfles des Amis d de la Soci\u00C3\u00A9t\u00C3\u00A9 : comment\nla m\u00C3\u00AAme Nation s'efi r\u00C3\u00A9pandue fur toute\nla Mer Pacifique. Avantages qu'on peut\ntirer de la pofition des Ifles Sandwich. 456\nFin de la Table des Chapitres. m I\n\u00E2\u0096\u00A0\n\u00E2\u0096\u00A0"@en . "Page 316 is misnumbered as page 516
Volume 2 of 4 and an atlas
French translation
Alternative title taken from Strathern and Edwards (1970)
Other copies: http://www.worldcat.org/oclc/7368443"@en . "Books"@en . "FC3821.243.A1 F7 1785"@en . "II-0126-v-V02"@en . "10.14288/1.0342836"@en . "French"@en . "Vancouver : University of British Columbia Library"@en . "Paris : Hotel de Thou"@en . "Images provided for research and reference use only. For permission to publish, copy, or otherwise distribute these images please contact\u00A0digital.initiatives@ubc.ca."@en . "Original Format: University of British Columbia. Library. Rare Books and Special Collections. FC3821.243.A1 F7 1785"@en . "Voyages around the world"@en . "Northeast Passage"@en . "Northwest Passage"@en . "Oceania--Discovery and exploration"@en . "Northwest, Pacific"@en . "Troisie\u00CC\u0080me voyage de Cook, ou Voyage a l'oce\u00CC\u0081an Pacifique, ordonne\u00CC\u0081 par le roi d'Angleterre, pour faire des de\u00CC\u0081couvertes dans l'hemisphere nord, pour de\u00CC\u0081terminer la position & l'etendue de la Cote\u00CC\u0081 Ouest de l'Ame\u00CC\u0081rique Septentrionale, sa distance de l'Asie, & re\u00CC\u0081soudre la question du passage au nord : exe\u00CC\u0081cute\u00CC\u0081 sous la direction des capitaines Cook, Clerke & Gore, sous les vaisseaux la Re\u00CC\u0081solution & la De\u00CC\u0081couverte, en 1776, 1777, 1778, 1779 & 1780. Tome second"@en . "Text"@en .