"Arts, Faculty of"@en . "French, Hispanic, and Italian Studies, Department of"@en . "DSpace"@en . "UBCV"@en . "Hickman, Grace Mary"@en . "2012-03-15T19:51:33Z"@en . "1950"@en . "Master of Arts - MA"@en . "University of British Columbia"@en . "La jeune fille fournit un th\u00E8me important et fr\u00E9quent aux po\u00E8tes symbolistes. Cette \u00E9tude se propose de le prouver par des analyses de textes et des citations.\r\nIntroduction\r\nNous nous limitons \u00E0 une esquisse de l'\u00E9volution de l'ing\u00E9nue sous son aspect le plus virginal, innocent et id\u00E9alis\u00E9, telle qu'elle appara\u00EEt dans la po\u00E9sie symboliste.\r\nOn constate que les h\u00E9ro\u00EFnes romantiques de Lamartine et de Victor Hugo ont c\u00E9d\u00E9 la place a des \u00EAtres d\u00E9j\u00E0 plus myst\u00E9rieux chez G\u00E9rard de Nerval et chez Sully Prudhomme. C'est en effet ce c\u00F4t\u00E9 \u00E9ph\u00E9m\u00E8re de la jeune fille qui se developpera vers la fin du si\u00E8cle.\r\nChapitre I\r\nLa Jeune Fille chez les pr\u00E9curseurs du Symbolisme\r\nLa jeune vierge, qui n'existe pas chez Baudelaire, ne para\u00EEt gu\u00E8re davantage chez Rimbaud. Chez Verlaine, ce n'est que dans la Bonne Chanson qu'elle gardera sa puret\u00E9 et son innocence.\r\nEn effet, la jeune fille dans toute sa simplicit\u00E9 va dispara\u00EEtre \u00E0 peu pr\u00E8s de la litt\u00E9rature jusqu'\u00E0 ce que Francis Jammes la ressuscite. Chez les Symbolistes elle deviendra princesse lointaine ou d\u00E9esse classique, n'appartenant gu\u00E8re \u00E0 la r\u00E9alit\u00E9.\r\nLes seules \u00E9vocations \u00E0 la fois l\u00E9gendaires et concr\u00E8tes sont celles de Jules Laforgue. Dans ses po\u00E8mes, la jeune fille est un \u00EAtre pieux et innocent qui sort en promenade dominicale et joue d'un \u00E9ternel piano. Dans les Moralit\u00E9s l\u00E9gendaires de Laforgue, c'est un \u00EAtre plus myst\u00E9rieux tel qu'Oph\u00E9lie, h\u00E9ro\u00EFne nordique qui pr\u00E9sage les jeunes filles m\u00E9di\u00E9vales de Merrill et de Viel\u00E9-Griffin.\r\nChapitre II\r\nLa Jeune Fille d'inspiration m\u00E9di\u00E9vale\r\nStuart Merrill et Francis Viel\u00E9-Griffin nous pr\u00E9sentent des princesses languissant dans des ch\u00E2teaux f\u00E9odaux ou dans des for\u00EAts t\u00E9n\u00E9breuses. Ce sont des cr\u00E9ations litt\u00E9raires tr\u00E8s loin de la jeune fille r\u00E9elle.\r\nViel\u00E9-Griffin s'inspire du christianisme autant que de la l\u00E9gende. Si les h\u00E9ro\u00EFnes de l'Amour sacr\u00E9 sont franchement chr\u00E9tiennes, celles qui sortent de la l\u00E9gende grecque le sont tout autant. De plus, la jeune fille chez Viel\u00E9-Griffin symbolise parfois la po\u00E9sie pure; la belle Yeldis en t\u00E9moigne.\r\nTristan Klingsor tire son inspiration des contes m\u00E9di\u00E9vaux et orientaux ainsi que Jean Mor\u00E9as dont le P\u00E8lerin passionn\u00E9 abonde en jeunes filles aux noms archa\u00EFques.\r\nLe d\u00E9cor \"wagn\u00E9rien\" a servi non seulement aux po\u00E8tes ci-mentionn\u00E9s, mais aussi aux dramaturges po\u00E9tiques comme Maeterlinck et Claudel. La M\u00E9lisande de Maeterlinck est le type par excellence de la princesse du temps jadis, tandis que la douce Violaine de l'Annonce faite \u00E0 Marie incarne la puret\u00E9, la pi\u00E9t\u00E9 et la d\u00E9votion d'un miracle du moyen \u00E2ge.\r\nD'autres po\u00E8tes qui s'inspirent du m\u00EAme th\u00E8me sont Jean Lorrain, Louis Le Cardonnel, Charles Gu\u00E9rin.\r\nChapitre III\r\nLa Jeune Fille d'inspiration grecque\r\nA ces Symbolistes \u00E9pris de l\u00E9gendes s'oppose un groupe de po\u00E8tes hell\u00E9nistes, - Jean Mor\u00E9as, Pierre Lou\u00FFs, Henri de R\u00E9gnier, Albert Samain, qui, tous, ont \u00E9voqu\u00E9 la jeune fille \u00E0 travers la mythologie grecque.\r\nAvec R\u00E9gnier, qui consid\u00E8re l'amour id\u00E9al irr\u00E9alisable, la femme est r\u00E9duite \u00E0 un symbole. Dans les contes de Samain, comme dans ses po\u00E8mes, se trouvent des \u00EAtres s\u00E9duisants: Divine Bontemps, Nyza, Xanthis, Angis\u00E8le.\r\nAjoutons que Pierre Quillard, Ephra\u00EFm Mikhail, et Paul Fort se sont inspir\u00E9s de l'antiquit\u00E9 classique.\r\nLes adolescentes qui figurent dans l'oeuvre de ces po\u00E8tes ne sont grecques que d'apparence. C'est surtout Samain qui a excell\u00E9 \u00E0 peindre la jeune fille hell\u00E9nique de nom, moderne d' \u00E9vocation.\r\nChapitre IV\r\nLa Jeune Fille simple\r\nVers 1900 la jeune fille, devenue symbole d\u00E9sincarn\u00E9, redevient toute simple. Quelle satisfaction de rencontrer la fra\u00EEche simplicit\u00E9 des jeunes filles de Francis Jammes telles que Clara d'Ell\u00E9beuse, Alma\u00EFde d'Etremont, Pomme d'Anis. Cette charmante Fran\u00E7aise figurera aussi chez Bataille, Magre et Camille Mauclair.\r\nConclusion\r\nPour les Symbolistes, la jeune fille, surgie du pass\u00E9 l\u00E9gendaire ou hell\u00E9nique, n'est qu'un des symboles d'un id\u00E9al fugitif et inaccessible. A force d'incarner un id\u00E9al, elle devient all\u00E9gorique, abstraite.\r\nAu contraire, dans l'oeuvre de Jammes, elle revit dans toute sa na\u00EFvet\u00E9 pieuse et vraie.\r\nCet essai s'arr\u00EAte avant d'\u00E9tudier le r\u00F4le de la jeune fille dans la po\u00E9sie moderne."@en . "https://circle.library.ubc.ca/rest/handle/2429/41428?expand=metadata"@en . "I t 3 fi>? If So (\1 Cop , * La Jeone PIlie dans l a poesie symboliste A thesis submitted In partial fulfilment of the requirements for the degree of Master of Arts i n the Department of FREHCH Grace Mary Hickman The University of Bri t i s h Columbia Ap r i l 1950 Abstract of La Jeune F i l l e dans la poesie symboliste by Grace Mary Hickman A thesis submitted in partial fulfilment of the requirements for the degree of Master of Arts in the Department of Erench The University of British Columbia April, 1950 - 1 -La Jeune F i l l e dans la poesie svmfooliste La jeune f i l l e fournit un theme important et frequent-aux poetes symbolistes. Cette etude se propose de le prouver par des analyses de textes et des citations. Introduction Nous nous limitons a una esquisse de 1'evolution! de 1'ingenue sous/son aspect le plus virginal, innocent et idealise, telle qu'elle apparaxt dans la poesie symboliste. On constate que les heroines romantiques de Lamartine et de Victor Hugo ont cede la place a des etres deja plus mysterieux chez Gerard de Nerval et chez Sully Prudhomme. C'est en effet ce cote ephemera de la jeune f i l l e qui se developpera vers la fin du siecle. Chapitre I La Jeune F i l l e chez les precurseurs du Syiabolisme La jeune vierge, qui n'existe pas chez Baudelaire, ne paraxt guere davantage chez Rimbaud. Chez Verlaine, ce n'est que dans l a Bonne Chanson qu'elle gardera sa purete et son innocence. En effet, la jeune f i l l e dans toute sa simplicite va disparaitre a peu pres de la litterature jusqu'a. ce que Francis Jammes l a ressuscite. Chez les Symbolistes elle deviendra princesse lointaine ou deesse classique, n'appartenant guere a l a realite. Les geules evocations a l a fois legendaires et concretes sont celles de Jules Laforgue. Dans ses poemes, l a jeune f i l l e est un etre pieux et innocent qui sort en prom@jfta.cle dominicale et joue d'un eternel piano. Dans les ?v!oralites legendaire3 de Laforgue, c'est un etre plus mysterieux t e l qu'Ophelie, heroine nordique qui presage les jeunes f i l l e s medievales de Merri l l et de Viele-Griffin. Chapitre 11 La Jeune F i l l e d'inspiration medievale Stuart M e r r i l l et Francis Viele-Griffin nous presentent des princesses languissant dans des chateaux feodaux ou dans des forets tenebreuses. Ce sont des creations litteraires-tres loin de l a jeune f i l l e reelle. Viele-Griffin s'inspire du christianisme autant que de l a legende. Si les heroines de 1'Amour sacre sont franchement chretiennes, celles qui sortent de l a legende grecque le sont tout autant. De plus, l a jeune f i l l e chez Viele-C-riffin sym-bolise parfois l a poesie pure; l a belle Yeldis en temoigne. Tristan Klingsor t i r e son inspiration des contes me-dievaux et orientaux ainsi que Jean Horeas dont l e Pelerin passionne abonde en jeunes f i l l e s aux noms archajques. Le decor \"wagnerien\" a servi BOBS seulemsnt aux poetes ci-mentionnes, mais aussi aux dramaturges poetiques cotnme Maeterlinck et Glaudel. La Melisande de Maeterlinck est l e type par excellence de l a princesse du temps jadis, tandis que l a douce Violaine de l'Annonce fajte a Marie incarne l a purete, l a piete et la devotion d'un miracle du moyen age. D'autres poetes qui s'inspirent du meme theme sont Jean Lorrain, Louis Le Cardonnel, Charles Guerin. Shapitre 111 La Jeune F i l l e d'inspiration grecque A ces Symbolistes epris de legendes s'oppose un groupe de poetes hellenistes, - Jean Koreas, Pierre Loujte, Henri de Regnier, Albert Samain, qui, tous, ont evoque l a jeune f i l l e a travers la mythologie grecque. Avec Regnier, qui considere 1'amour ideal irrealisable, la f emme est reduite a un symbole. Dans les contes de Samain, comme dans ses poemes, se trouvent des etres seduisants: Divine Bontemps, Nyza, Xanthis, Angisele. Ajoutons que Pierre Quillard, Ephrafm Mikhail, et Paul Fort se sont inspires de l'antiquite classique. Les adolescentes qui figurent dans 1'oeuvre de ces poetes ne sont grecques que d'apparence. C'est surtout Samain qui a excelle a peindre la jeune f i l l e hellenique de nom, moderne d'evocation. Chapitre IV La Jeune F i l l e simple Vers 1900 la jeune f i l l e , devenue symlole desincarne, - 4 -redevient toute simple. Quelle satisfaction de rencontrer la fraiche simplicity des jeunes f i l l e s de Francis Jammes telles que Clara d'Ellebeuse, AlmaSde d'Stremont, Pomme d'Anis. Cette charmante Franchise figurera aussi chez Bataille, Magre et Camille Mauclair. Conclusion Pour les Symbolistes, l a jeune f i l l e , surgie du passe legendaire ou hellenique, n'est qu'un des symboles d'un ideal gugitif et inaccessible. A force d'incarner un ideal, elle deyient allegorique, abstraite. Au contraire, dans 1'oeuvre de Jammes, elle revit dans toute sa naivete pieuse et vraie. Cet essai s'arrete avant d'etudier le role de la jeune f i l l e dans la poesie moderne. TABLE DES MATIERES Page I n t r o d u c t i o n : Le R81e de l a J e u n e F i l l e d a n s l a poe\"sie f r a n c a i s e 2 I . L a J e u n e F i l l e c h e z l e s p r e \" c u r s e u r s du S y m b o l i sme 7 I I . L a J e u n e F i l l e d\u00E2\u0080\u00A2 i n s p i r a t i o n me'dieVale 15 I I I . L a J e u n e F i l l e d\u00C2\u00BBinspiration g r e c q u e 35 I V . L a J e u n e F i l l e s i m p l e 5K ' V. C o n c l u s i o n 70 B i b l i o g r a p h i e . 73 1. La Jeune F i l l e dans l a p o e s i e symboliste MG douce chose p r i n t a n i e r e , G jeune femme, 8 f l e u r superbe.\" ( F r a n c i s V i e l e - G r i f f i n ) 2. I n t r o d u c t i o n L'amour r e l i g i e u x q u i 8 f a d r e s s e a l a V i e r g e , 1'amour p a t r j o t i q u e q u i c e l e b r e Jeanne d ' A r c , 1'amour humain ou l a femme et l a jeune f i l l e t i e n n e n t l e r o l e p r i n c i p a l sont themes f r e q u e n t s dans l a l i t t e r a t u r e f r a n c a i s e . L a p o e s i e s u r t o u t a de tous temps chants l a femme. E n f a i t 1*ex i s t ence l i t t e r a i r e de c e l l e - c i f o u r n i r a i t l a m a t i e r e d'une \u00C2\u00A3 t u d e i n e p u i s a b l e . Nous nous eontenterons done i c i d ' e s q u i s s e r I ' e v o l u t i o n de l 1 i n g e n u e sous son a spec t l e p l u s v i r g i n a l , - l a jeune f i l l e innocente et i d e a l i s e e , t e l l e q u * e l l e a p p a r a i t dans l a p o e s i e s y m b o l i s t e . Pour montrer comment l a c o n c e p t i o n de l a jeune f i l l e evo lue a t r a v e r s l e d ix -neuv ieme s i e c l e , i l c o n v i e n t d ' evoquer d ' a b o r d que lques -unes des heroi'nes r o m a n t i q u e s , -l a G r a z i e l l a de L a m a r t i n e , l e s D e i d a m i a , R o s e t t e , E l s b e t h , C e c i l e , N inon et N i n e t t e , j eunes f i l l e s ingenues d ' A l f r e d de M u s s e t . Comme l e u r s a J e u l e s l i t t e r a i r e s , S o p h i e , V i r g i n i e et A t a l a , ce sont des c r e a t u r e s t e n d r e s , s e n s i b l e s , souvent p i e u s e s et t o u j o u r s d \u00C2\u00A3 l i c i e u s e s . Hugo nous p r e s e n t e a i n s i une jeune f i l l e dans l a grace s imple e t g a i e de ses d i x - s e p t a n s : \" - Ton r e g a r d d i t : M a t i n , et t o n f r o n t d i t : P r i n t e m p s . I I semble que t a main p o r t e un l y s i n v i s i b l e . \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 Un ange v i e n t b a i s e r t o n p i e d quand i l e s t n u , E t e ' e s t ce qu i te f a i t t o n s o u r i r e inge 'nu . M (Jeune F i l l e , Les C o n t e m p l a t i o n s , p.153) G r a z i e l l a 3, s e i z e ans a l a meme candeur v i r g i n a l e . Ce.tte c r e a t u r e s i simple, s i pres de l a nature n'est pas sans r a p p e l e r p l u s d'une f o i s l a douce Lucy de Wordsworth (1) \"Que son o e i l e t a i t pur et sa l e v r e candide.' Que son o e i l i n o n d a i t mon regard de clarte \" J \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 Dans c e t t e ame, avant e l l e , on v o y a i t ses pehs^es; Ses paupieres jamais, sur ses beaux yeux b a i s s e e s , Ne v o i l a i e n t son regard d'innocence r e m p l i ; Nul s o u c i sur son f r o n t n ' a v a i t l a i s s e ' son p l i ; \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 Son pas i n s o u c i a n t , inde'cis, balance\", F l o t t a i t comme un f l o t l i b r e ou l e j o u r e s t berce. On c o u r a i t pour c o u r i r et sa v o i x a r g e n t i n e , Echo l i m p i d e et pur de son ame e n f a n t i n e , Musique de e e t t e ame ou tout semblait chanter E g a y a i t jusqu'a, l . ' a i r qui l ' e n t e n d a i t monterj\" ( G r a z i e l l a , p. 92) Les g r a c i e u s e s h e r o i n e s de Musset, connues et admire'es de tout l e monde, a j o u t e n t k ces qualite's d*inno-cence et de purete\" une s p i r i t u a l i t y et une g a i e t y souvent absentes chez l e u r s d e v a n c i e r e s p l u s seVieuses et p a r f o i s s e n s i b l e s & l ' e x c e s . La p e t i t e E l s b e t h , toute romanesque q u ' e l l e e s t , ne se prend pas t r o p au s e r i e u x : (1) Une seu l e c i t a t i o n suggerera l a beaute* n a t u r e l l e de l'h^roUne de Wordsworths \"Her eyes as s t a r s of T w i l i g h t f a i r ; L i k e T w i l i g h t ' s , too, her dusky h a i r ; But a l l t h i n g s e l s e about her drawn From May-time and the c h e e r f u l Dawn; A dancing Shape, an Dnage gay, To haunt, to s t a r t l e , and way-lay.\" (She was a Phantom of D e l i g h t ) \"..Ne pleure pas sur moi, ma bonne; tu me f e r a i s peut-etre pleurer moi-meme, et i l ne faut pas qu'une royale fiancee a i t les yeux rouges.' ... Tiens, ma chere, commen9ons par en r i r e , quitte k en pleurer quand i l en sera temps.\" (Jantasio. p. 29) Par son charme naff et son innocence i n t e l l i g e n t e , l a p e t i t e Ce\"cile vainc l a m^fiaiuie de Valentin et gagne son amour. C'est un coeur limpide et sincere qui parle: \"Puisse'-je vous sembler belle.' Mais ne m'6tez pas votre main; je sens que mon coeur est dans l a mienne et qu'elle va au vfitre par lk,\" (.11 ne faut .jurer de r i e n , p. 54) Mais ces figures v i r g i n a l e s , fralches, romanesques et toutes r e e l l e s qui peuplent les pages de l a l i t e r a t u r e romantique, cedent l a place a\ des etres de*ja- plus mysterieux, symboliques, inquietants t e l a qu'Ange\"lique, Octavie, Emilie et Adrienne de Gerard de Nerval. Ce poete ne peut atteindre l ' e t r e f u g i t i f : \" E l l e a passe, l a jeune f i l l e , Vive et preste comme un oiseau; A l a main une f l e u r qui b r i l l e , A l a boucbe un r e f r a i n nouveau. C'est peut-etre l a seule au monde Dont l e coeur au mien repondrait, Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l ' e c l a i r e r a i t j Mais non, - ma jeunesse est f i n i e . . . Adieu, doux rayon qui m'as l u i , -Parfum, jeune f i l l e , harmonie... Le bonheur passait, - i l a f u i j \" (Une Al l e e au Luxembourg, Poe'sies, p.56) 5. Adrienne inspire un amour vague et un trouble inquietant que Sylvie, l a jeune f i l l e simple, franche, r e e l l e ne saurait d i s s i p e r , -\"Adrienne, f l e u r de l a nuit dolose a l a pale darte\" de l a lune, fantfime rose et blond g l i s s a n t sur 1'herbe verte a demi baignee de blancb.es vapeurs.\" (Sylvie , Les F i l l e s du Feu, p. 162) He d i r a i t - o n pas une jeune f i l l e qui annonce l e s etres irre'els de l'epoque symboliste et preraphealite. Chez Sully Prudhomme, comme chez Gerard de Nerval, et plus tard chez Laforgue, se manifesteront devant l a jeune f i l l e l e meme emoi, l a meme he s i t a t i o n , l a meme peur de ne plus l a r e v o i r : \"Nous pourrons nous croiser en un point dans l'espace, S a n s \"^ sourire, bien longtemps, Puisqu'on n'oserait dire a l a vierge qui passe: fVous \u00C2\u00A7t^es c e l l e que j * a t t e n d s \" (Ma Fianode, Poesies, p. 67) En e f f e t , dans une partie des Stances, Sully Prudhomme ne dec r i t guere, mais se contente de raconter les reves et les t r i s t e s souvenirs que l u i inspire une presque inconnue: \"Que j e me suis souvent eloigns\", l ' o e i l humide, Avec l'adieu glace\" d*une vierge timide Que je cheris toujours et ne rev e r r a i plus.' M ( I b i d . , p. 81) 6. On trouvera. plus tard l'echo de ces vers dans l'oeuvre d'un v r a i symboliste, Henri de Regnier, qui v o i t d i s p a r a i t r e , sans q u ' i l ose l a r e t e n i r , c e l l e q u ' i l aurait pu aimer: \"Le hasard pres de vous, un jour m*a f a i t passer; \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 Je suis p a r t i , - revant de vous avoir conquise, Avec un grand desir de vous bien enlacer.\" (Premiers poemes, p. 26) Le charme de l a jeune f i l l e est Buggere\" a Sully Prudhomme par l a fratcheur de sa chambre: \"Sa chambre est un f r a i s p e t i t coin, E l l e y prend sa lecon, bien soumise et bien d r o i t e , Et sa mere n'est jamais l o i n . \" (Ma Fiancee, Poesies, p. 65) \"Le miroir, l e l i v r e , l ' a i g u i l l e , Et l e b e n i t i e r pres du l i t . . . Un sommeil leger te remplit, 0 chambre de l a jeune f i l l e j w (Je ne dois plus, Poesies, p. 78) Pour l u i l a jeune f i l l e est un symbole de l a beaut4 ^ph-emere: \"Je vous tends chaque jour l a main, Vous offrant 1'amour qui m'oppresse; Mais vous passez votre chemin...\" (Ressemblance, Poesies, p. 80) Hous terminons cette rapide esquisse qui ne f a i t qu*evoquer l a jeune f i l l e dans l a poe'sie de l a premiere partie du dix-neuvieme s i e c l e en eonstatant que c e l l e qui l u i succedera, dans l a poesie symboliste, sera, sane etre moins s^duisante, plus mysterj^se^, plus ephamere. 7. Chapitre I La Jeune ffille chez les precurseurs du Symbolisms La jeune f i l l e vierge n'existe pas dans l'oeuvre proprement poe'tique de Baudelaire qui l a juge: \"Une pet i t e sotte et une petite salope; l a plus grande imbecility unie 3. l a plus grande depravation. II y a dans l a jeune f i l l e toute 1*abjection du voyou et du co l l e g i e n \" . (Mon \u00C2\u00BB Coeur mis a. nu, p. 150). E l l e ne parait davantage ni chez Rimbaud ni chez Corbiere. Chez Verlaine, l a femme est presque toujours eonsideree d'un point de vue assez sensuel, que ce s o i t dans l e \"reve f a m i l i e r M d'une blonde, d'une brune ou d'une rouese avec un visage classique et une voix ou resonne l e mystere de toutes l e s beautes de j a d i s , ou dans des visi o n s & l a Watteau, i r r e e l l e s , ensorcelantes et que developperont plus tard Samain, Regnier et Pierre LoUys. Dans l a premiere partie de l a Bonne Chanson seulement l a jeune f i l l e gardera sa purete, son innocence; l e gracieux por-t r a i t de sa future femme, au nom \"Garlovingien\", en temoignera: \"Une Sainte en son aure*oie, Une Chatelaine en sa tour, Tout ce que contient l a parole Humaine de gr&ceet d'amour.\" (La Bonne Chanson, Oeuvres completes,p.107) 8. Le souvenir de c e t t e jeune f i l l e enchante l e poete: \"Toute grace et toute nuances Dans 1 ' e c l a t doux de sea s e i z e ans, E l l e a l a candeur des enfances E t l e s maneges i n n o c e n t s . \" ( I b i d . , p. 102) V e r l a i n e envisage avec sa M a t h i l d e une v i e de bonheur p a r f a i t , - reve qui ne se r e a l i s e r a d ' a i l l e u r s pas: \"Toi l a bonte, t o i l e s o u r i r e , S'es-tu pas l e c o n s e i l a u s s i , Le bon c o n s e i l l o y a l et brave, Enfant r i e u s e au penser grave, A qui tout mon coeur d i t : Merci.' \" ( I b i d . , p. 113) Cependant l a jeune f i l l e dans toute sa sim-p l i c i t y va d i s p a r a i t r e a peu pres ( l ) de l a l i t t e r a t u r e j usqu'a ce que F r a n c i s Jammes l a r e s s u s c i t e ; dans l a poesie symboliste avec l e modele CT66 par l'Herodiade de Mallarme, \"Herodiade au c l a i r r e g a r d de diamant\" ( 2 ) , et avec l a Sara de V i l l i e r s de 1'Isle-Adam, e l l e d e v i e n d r a p r i n c e s s e l o i n t a i n e , beaute\" c l a s s i q u e , deesse, v i e r g e sombre et d i s t a n t e , n'appartenant pour a i n s i d i r e pas a l a r e a l i t e \" puisque ne'e du reve du poete. E l l e f e r a penser a ces e t r e s s o l i t a i r e s , froidement voluptueux mais i n v i o l e \" s , p e i n t s par Burnes-Jones et R o s s e t t i , (1) J u s t e avant 1880 Paul Bourget a v a i t cr66 un e t r e charmant dans sa premiere poesie: E d e l . (2) Van Bever et Leautaud: Poetes d 1 audiourd'hui, p. 354 9 . Dans 1*unique recueil po^tique de Charles Cros, on trouve, dans deux strophes juxtapose'e's, deux evocations de l a femme: Rosette aux yeux bleus, aux cheveux \"blonds, qui reve d'un amant lointain, et 1'Autre prete a ensorceler l'homme: \"Au hord du chemin, contre un eglantier, Suivant du regard le beau cavalier Qui vient de partir, E l l e se repose, F i l l e de seize ans, rose, en robe rose. Et 1'Autre est debout, fringante. En ses yeux Brillent les e*clairs d'un rive orgueilleux. Diane mondaine a\ l a fiere allure, Corps souple, front bleme, noire chevelure.\" C'est peut-etre avec son ami \u00E2\u0080\u009ECros que Jules Laforgue a appris a\ reconnaltre l a duality de l a femme. Les seules evocations a- l a fois legendaires et concretes sont celles de Jules Laforgue. II y .a chez l u i une veritable hantise de l a jeune f i l l e . II voit en elle 1*ideal irrealisabl^mais tant espe're' de l.\u00C2\u00BBinnocence, de 1'amour pur. II n'ose s'approcher de cette adolescente pieuse de pensionnat, car, averti par Schopenhauer, i l sait que sitdt l a passion exprimee, cette jeune f i l l e changera et deviendra l a Femme, chair seauetrice qui aneantit l a chaste vision de l'amour et de\"truit tout: NJe suis l a Femme, on me connait Bandeaux plats ou criniere f o l l e , Dites? quel Front vous rendrait fou? J'ai l*art de toutes les eccles, J'ai des ames pour tous les gouts.\" (Notre petite compagne, Pes Fleurs de bonne volonte, p. 2 2 6 ) r~~ 1 0 . La femme tend a l'homme un piege: \"Hon l a femme n'est pas notre frere; par l a paresse et l a corruption nous en avons f a i t un etre a part, inconnu, n*ayant d*autre arme que son sexe... 0 jeunes f i l l e s , quand serez-vous nos freres, nos freres intimes, sans arriere-pensee d*exploitation! Quand nous donnerons-nous l a vraie poignee de main;\" ( 1 ) Selon Laforgue l a femme \"est delicate et frele, - mais elle a l a tete vide. Ah! miserej elle a une fleur a l a place du coeur. M (2). Le poete reproche a l a jeune f i l l e fraiche et charmante de se transformer en seductrice passionnee: \"Elle, cette jeune f i l l e J au teint crdole diaphane.* aux yeux s i francs, s i purement lumineux... Et cependant elle v i e i l l i r a . ' C*est sur... Et cependant elle vous regarde en face souriante et lumineusej Done elle est superficielle...\" (3) Pour Laforgue, l a femme et l a jeune f i l l e n*appartiennent pas a l a meme race. Tandis qu'il se merle de l a femme et de son influence corruptrice sur l'homme, i l e'avoue franchement timide et plein d'admiration devant l a jeune f i l l e . II aura de l a d i f f i c u l t ^ a reconcilier ces deux conceptions au moment oti i l tomb era amoureux de Miss Leah Lee. Ce n'est pas sans hesitations qu'il annoncera ses fiancailles. (Cependant jusqu'a sa mort premature* et E m i g r e \" ses prejuges, Laforgue trouvera le bonheur dans le mariage). ( 1 ) Xaforgme; Melanges posthumes. p. 4 7 ( 2 ) i b i d . , p. 5 0 . 13) Ibid., p. 4 9 , 11. L e s j e u n e s f i l l e s l e g e r e m e n t e s q u i s s e e s d a n s l e s p o e m e s l a f o r g u i e n s s o n t f r a i c h e s , c b a r m a n t e s , s e r i e u s e s . C e s o n t d e s e t r e s p i e u x e t i n n o c e n t s q u i s o r t e n t e n p r o -m e n a d e l e d i m a n c h e , e t j o u e n t d ' u n e \" t e r n e l p i a n o . L e p o e t e s e d e m a n d e : \" H o n D i e u , 3. q u o i d o n e r e v e n t - e l l e s , A d e s R o l a n d , 3, d e s d e n t e l l e s ? \" ( C o m p l a i n t e i f f d e s p i a n o s , L e s C o m p l a i n t e s , p . 77) E t v o i c i l e s o u v e n i r d ' u n e a m i e d ' e n f a n c e : \"- B e r t h e a u x y e u x s a g e s d e l i l a s , T u p r i a i s D i e u q u e j e r e v i n s s e , Q u e f a i s - t u , m a r i n e 13,-bas E n p r o v i n c e ? \" ( C o m p l a i n t e f f d e s g r a n d s p i n s . I b i d . , p . 1 5 o 7 ~ P a r l a p u r e t d d e l e u r i n n o c e n c e , l e s j e u n e s p e n s i o n n a i r e s a t t i r e n t l e p o e * t e : \" L e s J e u n e s P i l l e s i n v i o l a b l e s e t f r e l e s D e s c e n d e n t v e r s l a p e t i t e c h a p e l l e D o n t l e s c h i m e r i q u e s c l o c h e s D u j o l i , j o l i d i m a n c h e H y g i e n i q u e m e n t e t e ' l e g a m m e n t l e s a p p e l l e n t . Comme t o u t s e f a i t p r o p r e a u t o u r d ' e l l e s j Comme t o u t e s t e n d i m a n c h e j \" ( P i m a n c h e a , D e r n i e r s v e r s , p . 9 3 ) L e s p e t i t e s p e n s i o n n a i r e s s e n t i m e n t a l e s , d o n t l ' u n e s e s u i c i d e e n s e j e t a n t d a n s l a r i v i e r e , i n s p i r e n t d e l a p i t i e 1 3. L a f o r g u e : 12. \" P a s s e u n p e n s i o n n a t (6 p a u v r e s c h a i r s J ) P l u s i e u r s o n t d e j S , l e u r s m a n c h o n s d ' h i v e r . l i n e q u i n * a n i m a n c h o n , n i f o u r r u r e s F a i t , t o u t e n g r i s , u n e p a u v r e f i g u r e . M ( D i m a n c h e s , D e s F l e u r s d e \"bonne v o l o n t y , ~ p . 163) D a n s l e s M o r a l i t e s l ^ g e n d a i r e s , c o n t e s e n p r o s e p o e \" t i q u e , n o u s t r o u v o n s e n c o r e d e s j e u n e s f i l l e s p a M e s e t m y s t e r i e u s e s : O p h e l i e , heroine n o r d i q u e e t delicate, s y m b o l \u00C2\u00A9 d ' i n n o c e n c e ; R u t h , p h t i s i q u e f r a g i l e , i n d ^ c i s e ; A n d r o m e d e , c o q u e t t e , s u p e r f i c i e l l e , y v o q u ^ e s u r t o u t p o u r S e s y e u x e t S e s c h e v e u x . C e t t e d e r n i e r e , b i e n q u e s o r t i e d e l a l e g e n d e c l a s s i q u e , r e s t e p o s i t i v e e t h u m a i n e . A u m o m e n t o u e l l e s * e n n u i e l e p l u s , e l l e p r i e l e m o n s t r e d e l ' e m m e n e r a 1 * S t r a n g e r . G ' e s t u n e j e u n e f r i v o l e q u i p a r l e : \" - S i d u m o i n s t u v o u l a i s me p r e n d r e s u r t o n d o s , e t me t r a n s p o r t e r d a n s l e s p a y s o t i l f o n t r o u r e d e l a s o c i e t y . ( A h , j e v o u d r a i s t a n t me l a n c e r d a n s l e m o n d e j ) A r r i v e s I S . , j e t e d o n n e r a i b i e n u n v r a i p e t i t b a i s e r p o u r t a p e i n e . \" ( P e r s e e e t A n d r o m e d e , M o r a l i t e s I g g e n d a i r e s , p . 220) V o i c i , t o u j o u r s d f a p r e s L a f o r g u e , l a d e s c r i p t i o n d e c e t t e e n f a n t c a p r i c i e u s e : \"\u00C2\u00A7, l a c h e v e l u r e r o u x s o y e u x t o m b a n t j u s q u * a u x g e n o u x . . . c e t t e p u b e r t y s a u v a g e o n n e , a v e c s e s j j a m b e s y t r a n g erne n t l o n g u e s e t f i n e s , s e s h a n c h e s d r o i t e s e t f i e r e s s ' a m i n c i s s a n t e n t a i l l e j u s t e a u - d e s s o u s d e s s e i n s , u n e p o i t r i n e e n f a n t i n e , d e u x s o u p c o n s d e s e i n s . . . e t c e l o n g c o u , e t c e t t e p e t i t e t e t e d e b e b y , t o u t e h a g a r d e d a n s s a t o i s o n r o u s s e , a v e c s e s y e u x t a n t f i t p e r c a n t s comme c e u x d e s o i s e a u x d e m e r , t a n t o t t e r n e s comme l e s e a u x q u o t i d i e n n e s . \" ( I b i d . , p . 222-223) Hous savons, d'apres les l e t t r e s de notre poete a son ami intime, Gustave Kahn, combien tous deux ont t r a v a i l l e , r e f l e c h i , f o u i l l d pour \"trouver du nouveau\". II n'est done pas etonnant de constater q u ' i l s ont tous deux puise\" leurs rythmes dans l a cbanson populaire, leur i n s p i r a t i o n dans l a legende. Du moyen age surgit l a jeune f i l l e des Lieds des Palais nomades. V o i c i l a fi l e u s e s \"Seule a ton rouet, f i l e et pleure Tes candeurs nubiles s'en i r a i e n t au gouffre Au gouffre lame\" de passe\" qui souffre Depuis l e s temps, les temps, les leurres et l e s leurres. P i l e a ton rouet, seule, f i l e et pleure. M (Palais nomades, p. 116) ou bien l a f i l l e t t e qui parle: \"Je suis partie de grand matin Avec ma mante de s a t i n Le long des t r i l l e s et des rondes Et l e s r u i s s e l e t s tant abondent iS'odeurs Sparses en pSleurs Que j'en suis reste*e tout en pleurs. \" (Ibid., p. 117) Ces heroines laforguiennes, surtout l a pSle Ophelie, pre\"sagent l e s jeunes f i l l e s me\"dieVales que nous allons rencontrer chez Stuart M e r r i l l , chez Viele'-Grif f i n , et d'autres poetes symbolistes. 14. Chapitre II La Jeune F i l l e d*inspiration medievale nOix est l a Marguerite, 0 gue*, o gue\", o gue*, Oil est l a Marguerite . 0 gue\" son chevalier? E l l e est dans son chateau de fleurs et de charmilles, Ses yeux gris sont perdus aux brumes du lointain Doucement tri s t e du reve des jeunes f i l l e s , Blonde dans le matin.\" (Francis Viele'-Grif f in) 15. Chapitre II La Jeune F i l l e d'inspi r a t i on me'die'vale Le Sumbolisme cherchait 5. suggerer l e s sen-sations par des proce'des nouveaux, - par l a musique et l a couleur des mots et des vers, par toute une serie de symboles. Parmi ces symboles, - l a mer, l a nuit, l a lune, l e j a r d i n , l a forgt, l a blancheur, l e cor, l e violon, l a mandoline, l e piano, l e l y s et l a rose, i l est evident que l a jeune f i l l e prendra une place importante. E l l e resumera en quelque sorte plusieurs de ces symboles, servant a i n s i 3. interpreter subtilement l e reve vague ou 1*emotion fremissante du poete. Ce symbole surgit de deux themes: de l a legende et du christianisme. Un V i e l e - G r i f f i n , epris.de l a Touraine, y reconstruira l e passe* avec ses chateaux, ses complaint es, ses re f r a i n s ou figurent des princesses imaginaires. Un Koreas, amoureux de 1'Ile de France au temps de l a Renaissance, fe r a renaitre l e s heroines de j a d i s . D*autres comme Claudel et Le Cardonnel, tres C h r e t i e n s , choisiront tout naturellement l a jeune f i l l e comme symbole de l a purete. Suivant en cela leurs preae\"cesseurs immediats, deux poetes symbolistes d'origine americaine Stuart M e r r i l l et Francis V i e l e - G r i f f i n cherchaient a. s'evader 16. vers un monde \"non-quotidian\". Dans ce monde a l a f o i s feerique, medieval et mythologique, i l s imaginent des princesses qui languissent dans des chateaux feodaux ou dans des forets mysterieuses et menapantes. S'inspirent-i l s de Wagner, de Tennyson (1), d*Edgar A l l a n Po^ e (2) ou de Rossetti, en peignant des jeunes f i l l e s malheureuses, vetues de longues robes richement brodees, l e s doigts lourds de gemmes, guettant tristernent des fenetres e t r o i t e s de leur tour moyenageuse l * a r r i v e e de quelque l o y a l chevalier? Melancolique dans son palais de marbre, en-touree de roses, de paons et de j e t s d*eau, l a princesse de Stuart M e r r i l l se penche sur l e s remparts pour ecouter l e cor de chasse et l e chant des troubadours. ( 3 ) . Ou c*est 1'Infante aux yeux pers, soeur nubile des f l e u r s , qui, voyant l a nature debordante d*amour, se demande s i 11Amour viendra jamais A e l l e . Ou encore c'est l e souvenir d'une princesse murmurant des cantilenes: (1) Hous savons combien Tennyson s'est servi de l a legende moyenageuse ot abondent de b e l l e s princesses ver-tueuses qui languissent dans leurs chateaux: \"Elaine the f a i r , Elaine the loveable, Elaine, the l i l y maid of Astolat, High i n her chamber up a tower to the east.\" (Lancelot and Elaine) (2) Pourrions-nous penser a Helen ou a Annabel Lee de Poe qui a tant influence 1 l a generation symboliste? (3) La Douleur de l a Princesse, poeme dans Les Gammes. 17 \"Lasse de ce silence nocturne Dont s'alarmait son amour, La Princesse a l'ame taciturne Pre*luda sur l e l u t h d'amour. Dans l e f o u l l i s des f o l l e s e'toffes Ses doigts aux bagues d'argent Emurent de somnolentes strophes Sur les cordes d'or et d'argent. E l l e d i t l e s lentes cantilenes Aux langueurs de souvenir, . Ou l e s reines et l e s chatelaines Se meurent de se souvenir.\" Ce personnage vague se confond dans l e reve du poete avec une f i l e u s e dont l a chanson rappelle l e s b e l l e s d'autre-\"Denoue - i l est I'heure - tes cheveux Plus blonds que l e chanvre que tu f i l e s ; L*ombre ou se tendent nos mains debiles Est propice au murmure.des voeux. Et viens, p a r e i l l e a ces chatelaines Dolentes a qui tu f a i s songer, Dans l e silence ou meurt ton leger Rouet, 0 ma soeur des marjolainesj\" \" E l i s e , L i l i a n e , Gertrude, Viviane Et soeur Isabellel Chacunesous l a lune Chantant 1*une apres l fune, Si belle.' s i belle.'\" demeure seul avec l e s souvenirs a demi r\u00C2\u00A7ves de ces heroines de naguere: in s p i r a t i o n s medievales, creations l i t t e r a i r e s tres l o i n de l a jeune f i l l e r e e l l e et vivante. f o i s : (Petite poernes d'automne, p.15) Le poete, evoquant (Ibid., p. 55) 18. Pourtant, ehez Stuart M e r r i l l on decouvre plutdt 1'imagi-nation d'un enlumineur du moyen age ou d'un peintre pre*-raphaelite: \"Les vierges vont ce s o i r p r i e r parmi l e s tombes Et sur leurs missels d*or enlacer leurs doigts f i n s \" . (Les Gammes, p. 26) V i e l e - G r i f f i n l u i a dedie sa Ronde de l a Marguerite. Et v o i c i de nouveau dans un decor ancien et f l e u r i l a jeune f i l l e prisonniere revant dans sa tour: \" E l l e est dans son chateau de f l e u r s et de charmilles, -Ses yeux g r i s sont perdus aux brumes du lointai;n~-Doucement t r i s t e du reve des jeunes f i l l e s , Blonde dans l e matin.. E l l e est dans son chateau des tour e l l e s g r a c i l e s , Aux balustrades fleuronnees: n ... (Poemes. p. 136) H*y distingue-t-on pas une reminiscence assez frappante de l a Demoiselle Elue de Rossetti ( l ) que Viele'-Grif f i n (1) La femme des poetes et des peintres pre'raphaelites se distingue par ti Maeterlinck, comme ses contemporains, se grise de noms 29. l e g e n d a i r e s . B e l l e s , p a l e s et blanches, ces p r i n c e s s e s ont nom Genevieve, Helene, C h r i s t a b e l l e , Madeleine, C l a i r e , C l a r i b e l l e et U r s u l e . P a r t i c i p a n t a l a h a n t i s e du mystere des choses, -l a mort, 1*amour, l a v i e , l a beaute\", - v o i l a l a jeune f i l l e de M a e t e r l i n c k . I I l a d e c r i t l e s yeux bandes au s e u i l de l a p o r t e fermee dont l a c l e f e s t perdue. Mais i l s ' i n t e r e s s e davantage a c e t t e porte c l o s e qu'a l a jeune f i l l e mgme; c e l l e - c i n'est, au fond, qu'un symbole. C'est t o u j o u r s un e t r e medieval, enveloppe' de mystere, e r r a n t dans l e s f o r e t s au bord de l a mer, ou montant et descendant l e s e s c a l i e r s d'une tour de conte de f e e . Une chose e s t c l a i r e : e l l e a p r i s n a i s s a n c e dans l a legende nordique. E l l e e st symbole, presque sans c h a i r et sans os: w L e s sept f i l l e s d'Orlamonde, Quand l a f^e e s t morte, Les sept f i l l e s d'Orlamonde Ont cherche\" l e s p o r t e s . Ont aHume\" l e u r s sept lampes Ont ouvert l e s t o u r s Ont ouvert quatre cents s a l l e s Sans t r o u v e r l e j o u r . . . A r r i v e n t aux g r o t t e s sonores Descendent a l o r s ; E t sur une porte c l o s e , Trouvent une c l e f d'or. Voient l ' o c e a n par l e s f e n t e s , Ont peur de mourir, Et frappant a l a porte c l o s e , Sans oser l * o u v r i r . . . (Douze chansons, p. 37) 30 . La Me'lisande de M a e t e r l i n c k qui a f o u r n i a Debussy 1 * i n s p i r a t i o n de son opera P e l l e a s et Me'lisande e s t , s i l ' o n peut d i r e , l e type par e x c e l l e n c e dans l a l i t t e r a t u r e symboliste de l a p r i n c e s s e du temps j a d i s . Au premier abord e l l e r a p p e l l e a p l u s i e u r s egards l a f r a g i l e enfant au diademe d*or que p o u r s u i t l e Wieland de V i e l e - G r i f f i n . I c i Golaud de\"crit sa premiere ren-c o n t r e avec Me'lisande: , t o u t \"Un s o i r j e I ' a i trouvee/en p l e u r s au bord d'une f o n t a i n e , dans l a f o r e t oft j e m'e'tais perdu. Je ne s a i s n i son &ge,.ni qui e l l e e s t , n i d'oft e l l e v i e n t . . . Au moment oft j e l ' a i trouvee pres des sources, une couronne d'or a v a i t g l i s s d de ses cbeveux, et e t a i t tomb^e au fond de l ' e a u . E l l e e t a i t d ' a i l l e u r s vetue comme une p r i n c e s s e , b i e n que ses vete-ments f u r e n t de'chire's par l e s ronces...\" . (The'&teeII, p. 14) Plus t a r d a p p a r a i t , pensive et p&le, l a b e l l e Me'lisande a l a lou r d e chevelure blonde; a s s i s e a l a fen\u00C2\u00A7tre de l a to u r du chateau e l l e se peigne. E l l e nous f a i t penser a l a Marguerite de V i e l e ' - G r i f f i n et a tant d'autres l a n g u i s s a n t e s p r i n c e s s e s de contes de f e e s . Pendant sa c o n v e r s a t i o n avec P e l l l a s , ses cheveux tombent, inondant son amant: \"Toute t a chevelure, Me'lisande, toute t a chevelure est tombee de l a t o u r ; ... Je l a t i e n s d ans l e s bras j e l a mets autour de mon cou... Je n ' o u v r i r a i p l u s l e s mains c e t t e n h i t . . . Je ne v o i s p l u s l e c i e l A t r a v e r s t e s cheveux et l e u r b e l l e lumiere me cache sa lumiereJ ... Regarde, regarde done, mes mains ne .peuvent p l u s l e s c o n t e n i r . . . l i s t r e s s a i l l e n t , i l s s ' a g i t e n t , i l s p a l p i t e n t dans mes mains comme des oiseaux d'or; et i l s m'aiment, i l s m'aiment m i l l e f o i s mieux que to ( I b i d . , p. 51-52) 31. Sous l a forme d'un m i r a c l e , l'Annonce f a i t e a Marie, de P a u l C l a u d e l , e s t peut-'e'tre l e chef d*oeuvre de c e t t e l i t t e ' r a t u r e q ui nous pr^sente l a jeune f i l l e meaieVale. \" l a douce V i o l a i n e \" , blonde, b e l l e et chaste r e p r e s e n t e l a purete\", l'amour a l t r u i s t e , l a p i t i e \" e t l a d^Totion t a n d i s que Mara sa soeur brune et passionnee symbolise I'^golsme, l a durete\", 1*implyty. Mara veut que \"Dieu r e s t e ou i l e s t \" sans se meler de \"notre malheureuse v i e \" . l e pere de V i o l a i n e r a p p e l l e , apres sa mort, l a metamorphose de sa f i l l e : \"Comme j * a i m a i ce, p e t i t corps r o b u s t e l Et peu a peu l'impetueuse gaminerie de l a r i e u s e S ' etait.fondue dans I'attendrissement de l a jeune f i l l e , dans l a peine et l e poids de l'amour, et de'jAu quandjje s u i s p a r t i , Je v o y a i s t E H ^ s e s yeux parmi l e s f l e u r s de ce printemps s*en l e v e r une inconnue.\" (L'Annonce f a i t e a Marie, p. 204) Tandis que V i o l a i n e , \"image de l a Beauty E t e r n e l l e * ' , i n c a r n e l a verity d i v i n e , Mara se vante de d i r e t o u j o u r s l a ver i ty , -une v y r i t y apparente, t e r r e s t r e , l o i n de l a verity absolue. Mara, qui ne s ' i n t y r e s s e qu'aux choses de ce monde, se rend compte elle-meme de sa durete et de son malheur. E l l e p a r l e a i n s i a ceux qui p l e u r e n t V i o l a i n e : \"Vous pensez: ' V i o l a i n e e s t morte. Le beau f r u i t mur, l e bon f r u i t dore, S ? e s t detache de l a branche, e t , s e u l e , Amfere au dehors, dure au dedans comme l a p i e r r e , Mous r e s t e l a n o i x h i v e r n a l e . - Qui m'aime? Qui m'a jamais aimee? ' \" (Ibid . , p. 210) Dr. J. Gordon Andison, Head of Department of French, Universit3r of B.C., Vancouver, B.C. 3 2 \u00C2\u00AB -v\ Haturellement, chez/eL'autres poetes s y m b o l i s t e s , e x i s t e n t des p r i n c e s s e s m e r v e i l l e u s e s , a l a f o i s myste*-r i e u s e s e t exquises. Uous nous, bornerons S, n'en mentionner qu'un p e t i t nombre qu i f i g u r e n t dans l e s r e c u e i l s q u i \" s o n t a\ n o t r e d i s p o s i t i o n . Dans 1*Ombre ardente, Jean L o r r a i n , de son propre aveti \"maladif amant des v i e i l l e s e*toffes f a n e e s\" f a i t a p p a r a t t r e des p r i n c e s s e s aux noms c e l t i q u e s : Typhaine, A l i e s , V i v i a n e , Morgane. L o u i s Le Cardonnel, p o l t e - p r e t r e , l o u e r a dans sa poe*sie s u r t o u t des r e l i g i e u s e s . Cependant, yenerant l e pass^ et admirant Tennyson, c r e a t e u r comme i l d i t de \" v i e r g e s s v e l t e s \" , i l eVoquera atxssi de temps en temps des deunes f i l l e s d ' a u t r e f o i s . C'est \" l a gr&ee Ie*gendaire\" que Le Cardonnel a t t r i b u e \u00C2\u00A7, Tennyson et q u i l e c o n d u i r a lui-meme 3. e x a l t e r l e s V i e r g e s sages, - des r e l i g i e u s e s du moyen-&ge aux noms scandinaves: Hroswitha, B r i g i d d a , H i l d a , E t h e l r e d a , Withburge, Ida, L i o b a , Aldegone, Walburge, B a t h i l d e , H i l d e g a r d e , Gertrude; ( 1 ) . Dans Le Chant des C h e v a l i e r s , l e s preux p a r t e n t pour l a P a l e s t i n e q u i t t a n t l e u r s Dames: \"Et vos I s e u l t s , et vos A l i x et vos Helenes, Dans l a m e l a n c o l i e et dans I ' i s o l e m e n t , F i l a n t pour occuper l e s s o i r s , d'austeres l a i n e s , A notre ombre a t t e n d r o n t l'epoux loyalement.\" (2) (1) Le Cardonnel: Poemes, p. 176 (2) I b i d . , p. 95. 33. De meme Charles G u e r i n qui p e i n t des jeunes f i l l e s teuton!ques s*e*prend du nom meme de Gudule: BSon nom e s t fcres doux, on l ' a p p e l l e Gudule, E l l e a l e s yeux et l e type flamand.\" (Gudule. J o i e s g r i s e s . p. 71) Encore dans J o i e s g r i s e s , on renc o n t r e l e s V i e r g e s du Uord: en v o i c i une: \"...Son charme a l a palme calme des chastes choses, Sa candeur f r e l e a t t r i s t e et son amour e s t f a i t e De l a pudeur des l y s et du reve des r o s e s . \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 J a d i s e l l e a dt n a l t r e aux f j o r d s de l a Borvege. M ( I b i d . , p. 46) Pour Guerin, l a jeune f i l l e q u i symbolise l'amour i d e a l e s t t r e s simple: \"Presque une enfant et qui s o i t calme et qui s o i t simple E t dont l e coeur s o i t l a s des songes s o l i t a i r e s ; Je l * a u r a i s p r i s e avec des gestes qui se t a i s e n t C r a i n t i f s d'endolorer un peu son corps m a l i n g r e . \" (Presque une enfant, Premiers e t d e r n i e r s v e r s , p. 121) Dans Prelude sur l a f l u t e , i l chante l a p a s s i o n sur des tons v e r l a i n i e n s : \"Au v e r g e r vague un vent f r a i s f r 8 1 e l e s f l e u r s f r e l e s ; L a source sourd, au son s u b t i l sous l e s s a u l e e s , E t meurent l e s murmures d tamour des Aime'es Aux chants chastes, aux yeux de j a i s , aux gestes g r e l e s E l l e s passent, p r i n c e s s e s pSles dont s ^ p r e n n e n t Les P o l t e s ; \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 E t v o i c i que s'en vont l e s v i e r g e s I r r e e l l e s ; Au v e r g e r vague un vent f r a i s f r S l e . l e s f l e u r s f r e l e s . \" (Premiers et d e r n i e r s v e r s , p. 72) 34. I I e s t e v i d e n t que ces v e r s - l i b r i s t e s s ' i n t e r e s s e n t davantage 3. l a forme qu'au fond de l e u r s p o e s i e s . Ce sont des i m p r e s s i o n n i s t e s , d e s i r a n t e s q u i s s e r p l u t d t que p e i n d r e , -suggerer p l u t f i t que p r e o i s e r , - chanter p l u t o t que d e b r i r e . Rehutls par l e m a t e r i a l i s m e de l a v i e et l e p o s i t i v i s m e de l a p h i l o s o p h i c , i l s se fe\"fugient dans une atmosphere de beaute* i d e a l e . I I e s t done tout n a t u r e l que ces poetes sy m b o l i s t e s a i e n t cherche' l e u r i n s p i r a t i o n dans l e passe\", -s u r t o u t dans l e passe* l e g e n d a i r e des C r o i s a d e s , des m i r a c l e s , des contes de fe*es, des sagas, et des chansons p o p u l a i r e s . Dans un dehor vaporeux de chateaux, de t a p i s s e r i e s , de f o l k -l o r e , l e s h e r o i n e s q u a i l s ont imaginees s e a u i s e n t non pas par l e u r c a r a c t e r e a\ peine entrevu, n i par l e u r s a c t i o n s vagues, imprebises, mais par laLb;eaMift4fjausicale et p l a s t i q u e des v e r s q u i l e s evoquent. Quelle r i c h e s s e de c o u l e u r s r u t i l a n t e s dans l e s b i j o u x , l e s b r o d e r i e s , l a chevelure de c e s . b e l l e s dames, \u00C2\u00AB et quels e\"chos harmonieux de f o n t a i n e s , de b r i s e s , de vagues l e s enveloppent* \"La b r i s e qui s'*eVeille onde ses cheveux blonds Sur son c o l satine* de neige f i n s et longs, Absorbed, e l l e semble i g n o r e r q u ' e l l e p l a i s e . \" ( V i e r g e s du fford. I b i d . , p. 46) 35. C h a p i t r e I I I La Jeune F i l l e d ' i n s p i r a t i o n grecque \"Le Seraphim des s o i r s passe l e long des coeurs. Les v i e r g e s au b a l c o n h o i v e n t 1'amour des b r i s e E t sur l e s f l e u r s et sur l e s v i e r g e s i n d e c i s e s I I neige lentement d'adorables p a l e u r s . \" ( A l b e r t Samain) 3 6 . C h a p i t r e I I I La. Jeune P i l l e d ' i n s p i r a t i o n grecque A ces Symbolistes e p r i s de f o l k l o r e , de f e e r i e et de legendes, s'oppose un groupe de poetes h e l l e n i s t e s . S i nous avons c h o i s i de p a r l e r de Jean Mor^as parmi l e s premiers, c ' e s t parce que l e theme de l a \"jeune f i l l e \" f i g u r e s u r t o u t dans ses poemes sur l a France me\"dievale. Dans ses d e r n i e r s v e r s i i se t o u r n e r a de p l u s en p l u s v e r s sa Grece n a t a l e . La forme c l a s s i q u e qui en r e s u l t e , l a maniere de p l u s en p l u s p e r s o n n e l l e dont i l chantera son ame me'lancolique, l e r a t t a c h e n t a P i e r r e Lollys, a H e n r i de Regnier et a A l b e r t Samain, qui tous t r o i s ont t r a i t e \" l a jeune f i l l e a t r a v e r s l a mythologie, l a poesie et l a s c u l p t u r e grecques. Dans l e P e l e r i n passionne* de l l o r e a s , nous trouvons des h e r o i n e s grecques aux noms c l a s s i q u e s , dans un de\"cor de mers d'azur et de s a b l e s d'or f i n : \"Pour c o n s o l e r mon coeur des t r a h i s o n s , Je veux aimer, 'en de nobles chansons, Les doctes f i l l e s de H5r\u00E2\u0082\u00ACe: Glauce\"#, Cymathoe', Thoe,' Protom'edie et Panope'e, Eunice aux bras de r o s e , Eulimene, Hyphothoe', E t l ' a i m a b l e H a l i e , et Amphytrite, a l a nage prompte, Proto, Doto, p a r f a i t e a charmer E t Cymatolege q u i dompte La sombre mer.\" (Le P e l e r i n passionne', p. 141) E t v o i c i Rhodope aimee d ' A l c i n o t i s : 37. flUn zephyr amoureux, de t a Douche s o u f f l e e , Me f e r a s o u v e n i r des beaux j o u r s &'6t6, E t j e p o u r r a i tromper l e temps et ma t r i s t e s s e En admirant t e s s e i n s que hausse l a jeu n e s s e . \" ( I b i d . , p. 141) lesfemnes hantent toute l^oeuvre de P i e r r e Lou^s. Des corps nus ou v o i l e s l a n g u i s s e n t dans un c l i m a t i d y l l i q u e , \u00C2\u00A3eoutant l a f l u t e , se t r e s s a n t des couronnes de f l e u r s . Hymphes, deesses, danseuses, - A p h r o d i t e , Psyche, A s t a r t e , C h r y s i s et B i l i t i s , - B i l i t i s que l e s \"chansons\" ont ce l e b r e e d'une maniere s i ardente. En v o i c i une parmi d ' a u t r e s : ..\"Une femme senv.eloppe de l a i n e blanche. Une autr e se v e t de s o i e et d'or. Une autre se couvre de f l e u r s , de f e u i l l e s v e r t e s et de r a i s i n s . Moi j e ne s a u r a i s v i v r e que nue. Mon amant, prends-moi comme j e s u i s : sans robe n i b i j o u x n i sandales, v o i c i B i l i t i s toute s e u l e . Mes cheveux sont n o i r s de l e u r n o i r et mes l e v r e s rouges de l e u r rouge. Mes.boucles f l o t t e n t autour de moi . l i b r e s et rondes comme des plumes.\" (Les Chansons de B i l i t i s ) Mais l e c a r a c t e r e p a r t i c u l i e r des h e r o i n e s de P i e r r e Lou^s l e s e c a r t a n t d*un e s s a i consacre* a\ l a jeune f i l l e , nous nous bornerons a l e s mentionner en passant, - mention ne*anmoins ne b e s s a i r e puisque P i e r r e Lou^s ne peut e t r e oublie\" parmi l e s Symbolistes h e l l e n i s t e s que nous ^ t u d i o n s . H e n r i de Regnier, philosophe desenchante' aux tendances i n t e l l e c t u a l i s t e s , ( s u i v a n t en c e l a l a t r a d i t i o n 38. de C o r b i e r e , Laforgue et B a u d e l a i r e ) , estime que l a femme, r e s t e e palenne et p r i m i t i v e , emp\u00C2\u00A7che l'homme d'evoluer. E l l e l u i cache I ' I n f i n i , e l l e l e r a t t a c h e a l a t e r r e . Les premiers r e c u e i l s meme expriment l a d i s i l l u s i o n . Le poete s' e s t d e j a rendu compte que l a Femme, toute \"belle et i r r e s i s t i b l e q u ' e l l e e s t , s a l t e t r e c r u e l l e et p e r f i d e . En v a i n t e n t e - t - i l de repousser c e t t e S i r e n e , c a r e l l e e s t '\u00E2\u0080\u00A2une f o r c e i n s t i n c t i v e et d e s t r u c t i v e , i r r e ' d u c t i b l e a toute f o r c e de c i v i l i s a t i o n \" . (1) Avec amertume, done, Regnier se mifie de 1'*amour. Tout en admirant Venus, i l redoute l e p o u voir n e f a s t e de l a deasse d'amour: \"Car b i e n souvent, j * e n v o i s qui s*en viennent p l e u r e r A t e s pieds du tourment d * i d e a l qui l e s hante E t meurent du d i s i r de 1*impossible Amante.\" (Poernes, p. 30) Comme pour B a u d e l a i r e , l a femme e s t pour Regnier \"une c r e a t u r e fausse et dangereuse, i n c a p a b l e de comprendre l^omme et son e f f o r t i n t e l l e e t u e l . \" (2) II a v e r t i t l e jeune homme a l a p o u r s u i t e de l a femme i d e a l e qu'en l a trou v a n t i l r e n c o n t r e r a \" l e v i d e menteur de ses yeux sans pense'es\". (3) Les p a r o l e s s u i v a n t e s resument l ' a t t i t u d e de Regnier devant I'amour: \" J ' a i me'prise' l famour i n c e r t a i n et f r a g i l e S i prodique de mots qu*un lendemain dement.\" ( E x i l , Premiers poernes, p. I l l ) (1) Parage: C l a s s i c i s m e . . . , p. 107. (2) I b i d . , p._113. (3) Apaisement, Pofemes, p. 41. 39. Regnier, en v r a i p h i l o s o p h e , s ' i n t e r e s s e avant t o u t & l u i -meme. Par consequent, l a femme d e v i e n t chez l u i , au l i e u d'un \u00C2\u00A7tre reel, un symbole p e r s o n n i f i a n t 1\u00C2\u00BBamour, l e d ^ s i r , l a beaute, p a r f o i s l a p e r f i d i e , et souvent l a mort: \"Oui, t u v i e n d r a s demain, a u j o u r d ' h u i , dans une heure, 0 d i v i n e Inconnue et t u seras l a Mort\". (Premiers pofemes, p. I l l ) Comme l e s pofetes c l a s s i q u e s i l l a d e c r i t en termes vagues, generaux: \" . . . l a c l a r t e de t e s charmes i n o u b l i e s Garde en mon souv e n i r l a f r a l c h e u r d'une a u r o r e . \" ( i b i d . , p. 15) Psyche, devenue c r u e l l e sous sa forme humaine, decrit sa jeunesse, son innocence: \"Je n*etais qu'une enfant m e r v e i l l e u s e et na i v e , A l o r s . Les seules f l e u r s me re n d a i e n t a t t e n t i v e E t j e te.demandais l e u r s noms...\" (Oeuvres I I , p. 13) P l u s l o i n l e pofete reproche k Psyche, jeune f i l l e , son d e s t i n de de*esse c r u e l l e : \"Ta bouche e s t f r a t c h e , mon enfant, t a bouche e s t f r a ^ c h e . E t l e sang qui l a t e i n t n'est pas encore c e l u i Qu'envenime a jamais l a po i n t e de l a flfeche E t q u i porte p a r t o u t l e po i s o n q u ' i l c o n d u i t . \" ( I b i d . , p. 6 4 ) C'est un pofete desenchante qui pourtant \"pardonne au f r a g i l e amour d'etre f r a g i l e \" . He trouvant d*autre bonheur qu'un p l a i s i r s e n s u e l v i s a v i s de l a femme, Regnier cherche sa c o n s o l a t i o n dans 4 0 . l e s o uvenir d'anciennes amours. Comme M e r r i l l , V i e l e -G r i f f i n et Moreas, i l evoque l a B e l l e des legendes dans un de*cor f e e r i q u e : \"L'endormie a jamais it&le ses mains p a l e s Oti v e r d i t une mort a n n u l a i r e d'opales. \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 C*est l a P r i n c e s s e danoise. .. \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 La P r i n c e s s e auxyeux doux de l a c , d ' a s t r e et de mers E s t morte, et l a Bete fabuleuse a t r a v e r s l e s g e l s glauques, l a n u i t v a s t e , l * a u r o r e morne...\" (Poemes, p. 57) II y a l e s \" P r i n c e s s e s f a b u l e u s e s aux yeux doux\" (1) et l a Dame de l a for\u00C2\u00A7t qui semble symboliser l a mort: \"Et j ' e n t e n d i s longtemps a i n s i votre, Oiseau d ? o r Au fond de mon ame L'Oiseau qui b u v a i t , 8 Dame, Aux l a c s glauques de vos opales de mort.\" ( I b i d . , p. 97) De meme, Regnier evoque, dans des cadres a n t i q u e s , des fairnesses, des s a t y r e s s e s et des nymphes: \"Eaunesses dont l a l e v r e sanglante a l ' a r d e u r Des grandes roses qui s u r v i v e n t a l ' o r a g e . \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 S a t y r e s s e s dont l a main f o l a t r e saccage Les l y s presomptueux qui f r o l e n t l e u r s genoux.\" ( I b i d . , p. 341) Mais t o u t en p e r s o n n i f i a n t l a t e n t a t i o n , l a se d u c t i o n , l a beaute, l e de\"sir, l ' i n s p i r a t i o n , ces femmes s'enveloppent d ' i r r e a l i t y . Kymphe ou deesse dans un d i c o r de f l e u r s , de b i j o u x , de f o n t a i n e s , ou p r i n c e s s e me'die'vale dans un cadre de mers glauques et de to u r s moyenageuses, e l l e r e s t e (1) Premiers po&nes. p. 175/. 4 1 . l i t t e r a i r e e t c ^ r e b f a l e ; s o n s y m b o l i s m e l a d e p o u i l l e de t o u t e f e m i n i t e * W r i t a b l e . E l l e d e v i e n t e n c o r e p l u s v a g u e que l e r e v e f a m i l i e r de V e r l a i n e , A v e c H e n r i de R e g n i e r , L u c i n d e , E l v i r e , J u l i e , P a u l i n e , C o r y s e , A l i n e , A l b e r t e , ne s o n t que d e s noms s o n o r e s q u i ne s u s c i t e n t que 1'ombre d'un s o u v e n i r ( 1 ) . C a r b i e n p l u s q u * a l a femme e l l e - m e m e R e g n i e r s ' i n t e r e s s e a u x s o u v e n i r s q u ' e l l e e v o q u e e n l u i . Ce s o n t d e s femmes q u ' i l decrit p l u t f i t que d e s j e u n e s f i l l e s . Dans l e V e r g e r , i l m o n t r e c o m b i e n l e j e u n e homme a t o r t de p r e * f e r e r . une v i e r g e t i m i d e e t c h a s t e a une femme p l u s mure, p r e * d i s a n t q u ' i l r e e r e t t e r a p l u s t a r d s o n c h o i x : \" C a r ce r e v e d ' e n f a n t de c h o i s i r l e s o u r i r e V i r g i n a l e t ce s o n g e d'amour q u i , n a i f , V e u t p o u r t o u t e l a V i e e t de t o u t e s , e l i r e Une r e i n e a s o n c u l t e i d o l d t r e e t v o t i f , Se d i s s i p e a u x m i d i s de c h a i r e t de d e * l i r e . \" ( I b i d . , p. .195) S i R e g n i e r c o n s i d e r e l a femme a v e c amertume, i l e s t c e r t a i n e m e n t p l u s b i e n v e i l l a n t a l ' e g a r d d e s q u e l q u e s j e u n e s f i l l e s q u i p e u p l e n t 9a e t l a s o n o e u v r e . S a ns a r r i e r e - p e n s e e , i l se c o n t e n t e de l e s d ^ c r i r e d a n s l a f r a l c h e u r d e l i c a t e de l e u r p r i n t e m p s . Dans un de s e s r a r e s moments de t e n d r e s s e , l e p o e t e e v o q u e H o r t e n s e e t P a u l i n e , d e u x o r p h e l i n e s q u i se m i r e n t d a n s l * e a u d'une s o u r c e q u i \" . . . r e f l e t e e n p a s s a n t l a f r a l c h e m o u s s e l i n e Ou l ' u n e e s t t o u t e r o s e e t l ' a u t r e t o u t e b l a n c h e . \" ( L e s Deux S f t e u r s , O e u v r e s I , p. -244) (1) E s t a m p e s , O e u v r e s , t . 6 42. V o i c i dans P r o v i n c e un t a b l e a u simple et charmant: \"Les jeunes f i l l e s ont l e s memes yeux que l e u r s meres Et t o u t l e suranne' des robes de j a d i s D*ou s*exhale un parfum d'a\ge, de camphre et d i t h e r A l e u r s gestes m a l a d r o i t s d'enfants t 8 t g r a n d i e s . \" (Premiers poemes, p. 305} Le poete nous presente d'autres f i l l e s campagnardes: \"En a l l a n t v e r s l a v i l l e . . . Hous avons rencontre\" l e s f i l l e s de l a p l a i n e . La douceur des c i e l s c l a i r s v i v a i t en l e u r s yeux t r i s t e s , Les oiseaux du matin c h a n t a i e n t en l e u r s v o i x douces, Oh s i douces avec l e u r s v o i x de colombes i n d i c a t r i c e s I \" (Poemes, p. 81) Dans l'Aierion l ' A d o l e s c e n t ne f a i t a t t e n t i o n n i aux \" f i l l e s du seigneur\", n i aux \" f i l l e s du f e r m i e r \" , n i aux \" f i l l e s du p a t r e \" . V o i c i l e s premieres, legerement et tendrement e'voque'es: \"A t r a v e r s l e s pr^s doux on vont l e s b l a n c s chemins, S i l e n c i e u s e s et l e s mains . j o i n t e s aux mains, Les f i l l e s du v i e u x seigneur, Sous l e u r s longs cheveux t r e s s e s de f i l l e s c h astes, E t l e u r s c o r b e i l l e s , c u e i l l e n t des f l e u r s . \" ( I b i d . , p. 31) On s a i t l a grande interdependahce des a r t s & I'epoque sy m b o l i s t e . On ne sMtonnera done pas de con-s t a t e r que e'est en contemplant une t o l l e d fAuguste Renoir, c e l e b r e pour ses p e i n t u r e s de jeunes ingenues, que Regnier e \" c r i t : \"Des v i s a g e s d'enfants, des v i s a g e s de femmes En l e u r jeunesse qui s o u r i t , La main au piano f a i s a n t v i b r e r l e s gammes; Sur un meuble un bouquet f l e u r i . . . \" ( V e s t i g i a flammae, p. 246) 4s. L o r s q u ' i l s ' a g i t de son a t t i t u d e envers l a femme et l'amour, i l y a en e f f e t deux Regnier, - c e l u i qui e s t a f f e c t u e u x et tendre envers l a femme et c e l u i qui e s t , esthete e t s e n s u e l , et n'apprScie l a femme que comme moyen de p l a i s i r . \" I I y a dans I'oeuvre de Regnier bon nombre de v e r s d'un genre nettement e r o t i q u e , - de v e r s qui r a p p e l l e n t ... l e s Chansons de B i l i t i s . \" (l). Dans l'Ami, le poete nous d\u00C2\u00A3crit le moment ott la jeune f i l l e v a se rendre a son amant, avec un grand r e a l i s m e de s e n s u a l i t y : \" Q u ' e l l e e t a i t douce et tendre, et simple, et jeune, et f i e r e \" . (Oeuvres, I t , p. 189) II y a a u s s i l a jeune f i l l e de 1 ' E x h o r t a t i o n , \" . . . p l u s chaste et p l u s farouche Que l e l i s du v a l l o n et l a rose des b o i s . M ( I b i d . , p. 278) q u i , sachant que sa jeunesse ne durera guere, d e s i r e en p r o f i t e r pour gouter 1'amour dans toute sa v o l u p t e . . En c o n t r a s t e complet avec ces p o r t r a i t s s ensuels sont quelques jeunes f i l l e s simples, n a l v e s , romanesques qui ressemblent a c e l l e s d ' A l b e r t Samain. Nous avons A l b e r t e \"au cher v i s a g e \" , A l i n e dont l a pudeur e s t douce, l a b e l l e A l d a dont \" l e jeune printemps n'aura pas d'e'te'\", et l u c i n d e \"au corps d i v i n \" , \"au v i s a g e candide\", f r a l c h e , spontanee, sans a r r i e r e - p e n s e e : ( l ) Parmee: C l a s s i c i s m e . . . e t c . p i 112. 44. \"Mais q u ' a - t - e l l e b e s o i n de c e q u ' e l l e n'a p a s , Des p e r l e s de l ' O ^ & i y r ou d e s t i s s u s de l ' I n d e , P u i s q u e l a m o i n d r e f l e u r s ' e m b e l l i t s o u s s e s p a s E t que, p a r e e o u n o n , e l l e e s t t o u j o u r s L u c i n d e . \" ( I b i d . , p. 306) Nous v o y o n s que R e g n i e r , ne t r o u v a n t j a m a i s de b o n b e u r d a n s l e p r e s e n t , j o u i t e n r e v e s de s e s amours p a s s e s ou b i e n c o n t e m p l e , s a n s e s p o i r de l ' a t t e i n d r e , I 'amour i d e a l de l * a v e n i r . Comme L a f o r g u e i l c o n s i d e r e l ' a m o u r i d ^ a l i r r e a l i s a b l e . ( 1 ) L a d i v e r s i t y d e s femmes c b e z A l b e r t S a m a i n r \u00E2\u0082\u00AC p o n d a t o u t e s s o r t e s de c o n t r a d i c t i o n s i n t i m e s d a n s s a c o n c e p t i o n de l ' a m o u r : h e s i t a t i o n s e n t r e l a c h a s t e t e \" e t l a s e n s u a l i t y , e n t r e I'ame p u r e e t l a c h a i r ; h y s i t a t i o n s e n somme a s s e z -s e m b l a b l e s a c e l l e s de c e t a u t r e p o i t r i n a i r e J u l e s L a f o r g u e q u i , a n a l y s a n t l a gamme de s e s d y s i r s , i n v o q u e r a t o u r a t o u r l ' a d o l e s c e n t e de q u i n z e a n s e t l a femme e x p e r t e e t s e n s u e l l e . S a m a i n a s u b i l ' i n f l u e n c e d e s r o m a n t i q u e s . M a i s e n meme temps i l r y a g i t c o n t r e p l u s i e u r s d e s a t t i t u d e s t y p i q u e s de l\u00C2\u00ABypoque r o m a n t i q u e . S o u v e n t t r i s t e , i l ne s ' e n n u i e p a s ; s o l i t a i r e a c a u s e de s a s a n t y delicate, i l n ' e s t p a s f i e r de s a s o l i t u d e . S y m b o l i s t e p l u t 8 t que ( l ) L ' h o r r e u r de l a p u r e t y v i r g i n a l e , a t t i t u d e a s s e z f r y q u e m m e n t d y c r i t e p a r l e s p o e t e s , t r o u v e s o n a p o g y e d a n s P o r p h y r i a ' s L o v e r de R o b e r t B r o w n i n g . I c i l ' a m a n t , t r o u v a n t t r o p p a r f a i t e c e l l e q u ' i l a i m e , l ' y t r a n g l e a u moment oti i l y p r o u v e l ' a m o u r i d y a l . 45. romantique, i l preTere I ' i m p r d c i s au precis. Sa poesie au l i e u d 'etre d e s c r i p t i v e e st p l u t f i t e V o c a t r i c e , p l e i n e d'harmonies presque incommuni^gables, exquises a cause, du fl o t t e m e n t dans l a forme et du vague dans l e s p a r o l e s . Par consequent, l a c o n f e s s i o n amoureuse de Samain s e r a d e l i c a t e , s u b t i l e et f i n e . \"Nous ignorons l e s c i r c o n s t a n c e s de son amour et nous ne savons pas l e nom de l a femme q u ' i l aime... A t o u t e heure et en t o u t l i e u , l ' i d i e de 1'amour l e hante, l a femme l u i e s t une o b s e s s i o n constante, une presence magnifique et douloureuse.\" ( l ) Dans l e s Contes de Samain nous trouvons des e t r e s se*duisants. V o i c i l a p e t i t e D i v i n e Bontemps, r ^ s e r v e e , t r i s t e , s i l e n c i e u s e devant l ' i v e i l de son e t r e : \" C \u00E2\u0082\u00AC t a i t a douze ans une p e t i t e f i l l e de grace pensive et f i n e avec des yeux l i m p i d e s e t . p a l i s , d'un b l e u f r i g i d e de source cached dans.les b o i s , . . , une p e t i t e ame exquise et sauvage.\" (Contes, p. 47) Tendre presque a l ' e x c e s , D i v i n e e s t t r o p t i m i d e pour exprimer ses emotions; - \" c ' e s t une nature e x a l t e e et s e c r e t e \" . \"La pudeur physique... semblait chez e l l e transposee au moral; et l a moindre emotion d e v o i l e e , l e moindre sentiment s u r p r i s l u i c a u s a i t 1 ' i n t o l e r a b l e m a l a i s e de l a n u d i t e . \" ( I b i d . , p. 49) (1) B e r s a u c o u r t : A l b e r t Samain. p. 23. 4 8 . C'est c e t t e a t t i t u d e peu n a t u r e l l e envers l a v i e qui empechera l a pauvre f i l l e de s'emparer du bonheur qui se pre*sente a e l l e . Dans un autre conte de Samain, c ' e s t Nyza l a blanche, l a s v e l t e , l a g r a c i e u s e , au \" s o u r i r e suave comme une r o s e \" , aux \"cheveux blonds comme l ' a v o i n e murissante\", dont tombe ambureux H y a l i s , l e p e t i t faune aux yeux b l e u s . I c i se presente l ' o p p o s i t i o n entre l'amour purement physique et l'amour i d e a l i s e 1 . H y a l i s , avant de s'eprendre de Nyza, aime une p e t i t e nymphe des b o i s , M y l i t t a q ui l u i a v a i t p l u . A s p i r a n t cependant a une p a s s i o n moins t e r r e s t r e et pousse* par son h e r i t a g e m o r t e l ( c a r sa mere e*tait m o r t e l l e ) , H y a l i s che'rit l a b e l l e Hyza, f i l l e de Xyalaos, p r e t r e d'Apollon. \" H y a l i s s ' ^ t a i t arrets brusquement, s a i s i par l a m e r v e i l l e d*une beaute* q u ' i l n ' a v a i t p o i n t soup-conn^e encore. Nyza e'tait vetue d'une'longue tunique s a f r a n paMe q u i , soulevee a peine au double renflemeht de ses jeunes s e i n s , tombait a p l i s d r o i t s sur ses pieds chausses de sandales b l e u e s . . . Tout en e l l e e'tait s v e l t e et melodieux,... dans sa faco n d ' a b a i s s e r lentement l e s p a u p i e r e s , i l y a v a i t une pudeur sacree, et son s o u r i r e .e'tait suave comme une r o s e . \" ( I b i d . , p. 95) X a n t h i s , f r a g i l e p e t i t b i b e l o t de p o r c e l a i n e , e s t \"une p e t i t e s t a t u e t t e de Tanagra, irre\"prochablement j o l i e \" . E l l e symbolise, d i t l ' a u t e u r , \" l a v a n i t y des amours passageres et l a m e l a n c o l i e des f r a g i l e s destine'ssi' ( 1 ) (1) Samain: Contes, p. 4 3 . A n g i s e l e n'est p l u s l a jeune f i l l e s i d u i s a n t e , p l e i n e d'energie et de beauterphysiique. E l l e repre\"sente p l u t Q t l a m i l a n c o l i e et 1'amour d e s i n c a r n i , purement s p i r i t u e l . Comme l a V i o l a i n e de C l a u d e l e l l e ne re s e r v e r i e n de son coeur l o r s q u ' i l s ' a g i t d'aimer Rovere. Ayant d e j a gofite 1'amour \"banal et v u l g a i r e , Rovere a p p r i c i e d'autant mieux l a purete\" de l ' a d o r a t i o n que l u i i n s p i r e c e t angei \"Rovere r e g a r d a i t A n g i s e l e . E l l e n'e*tait p o i n t b e l l e et he r e s s e m b l a i t en r i e n aux femmes q u ' i l a v a l t aimees. E l l e a v a i t l e f r o n t t r o p haut et bombe*, l e s joues creuses, l e s pommettes a r i d e s , et son v i s a g e etait sable\" de taches de rousseur; mais e l l e e t a i t l a Douceur, et i l s o r t a i t d ' e l l e un charme inexprimable d'e'tiole'e... E l l e semblait comme i n c o r p o r e l l e , . . . ses mains communiqua!ent a tou t ce q u ' e l l e s t o u c h a i e n t de s e c r e t e s v e r t u s . \" (Contes, p. 147) Pourtant, sous 1 ' i n f l u e n c e du bonheur et de 1'amour, \"ses t r a i t s neutres j u s q u e - l a . . . s * e x a l t a i e n t jusqu'a l a rendre b e l l e \" ( 1 ) . Dans son drame Polypheme, SSmain a cr^e une Galate\"e f r i v o l e , - enfant e g o l s t e et c r u e l l e . Tout en r e s t a n t completement i n d i f f e r e n t e a 1'amour du Cyclope, e l l e l e f l a t t e avec des p a r o l e s c a r e s s a n t e s sans se rendre compte du mal q u ' e l l e f a i t : \"Ton ame e s t , j e l e s a i s , douce pour Galate'e, Tu. l a t r a i t e s t o u j o u r s comme une enfant gate*e. A l o r s e l l e en abuse et manque de r a i s b n , Mais sa t e t e est s i f o l l e et ton coeur e st s i bon.*\" (Aux Planes du vase, p. 84) (1) Samain: Contes, p. 183. m. Dans un autre poeme, rappelant ceux que Laforgue a consacre's a l a jeune f i l l e , i l evoque des orphelines de pensionnat p r o v i n c i a l . V o i c i 1*innocence des couventines endormies, t e l l e que nous l a pre*sente l e poete: \"D'une heure egale i c i l'heure egale est suiviej, I t 1'innocence en paix dort au bord de l a v i e \" . (Le Chariot d'or, p. 51) Dans l e meme poeme, Samain exprime sa pi tie\" pour l a vierge toute prete pour l'amour mais qui se v o i t condamnee cl une vie s o l i t a i r e . Le theme rappelle, sous bien des aspects, celu-i de Francis Jammes dans Almalde d'Etrement. V o i c i l a femme i n s a t i s f a i t e : \" 0 secrfetes ardeurs des nuits provlnciales'J Cdeurs qui brulenti Cheveux en de\"sordre epandus.' Beaux seins lourds de de\"sirs, p e t r i s des mains petlesj Grands appels suppliants, et jamais entendus.' Je vous evoque, 8 vous, amantes ignorees, Dont l a chair se consume, a i n s i qu'un vain flambeau, Et, f a i t e s pour l'amour et d'amour devoT^es, Vous coucherez, un so i r , vierges dans le bombeau.\" (Ibid., p. 52) Ce meme r e c u e i l abonde en fralches jouvencelles. E l l e s portent des noms grecs; dans un decor classique de lune, de marbres, de jardin s , e l l e s echaffaudent des reves vagues, e l l e s sentent naltre en e l l e s l e premier f r i s s o n du desir. C'est \"Clydie, aux bandeaux purs, Clydie au c o l de cygne\" qui, soudain oppressed \"Des premieres langueurs de sa jeune saison, Reve au temps qui viendra de quitter l a maison...\" (Ibid., p. 56) 49. E t p u i s , \"Ue'Sre, nue et blanche, et r i a n t aux e c l a t s \" , s u r p r i s e par l e b a i s e r du s a t y r e ; . et encore I l d a , l a mysterieuse beaute* norvegienne. Samain, poete des d e l i c a t e s s e s fanees, des cr e p u s c u l e s et des a r r i e r e -s a i s o n s , s ' i n t e r e s s e pourtant ehormement a l ' e v e i l de l a v i e . \"De l a v i e n t l a p l a c e importante e t p r i v i l e g i e e , s i n o n e x c l u s i v e , que l e poete a f a i t e dans ce r e c u e i l (Aux E l a n c s du vase) a 1*-enfant ou a 1'adolescent... l a jeunesse de 1'ame dans l'apanouissement p r i n t a n i e r des sentiments\" ( 1 ) . Ce sont des p o r t r a i t s d e l i c a t e de v i e r g e s a n t i q u e s : \"C'est l a jeune A m p h i t r i t e , en sa conque d\u00C2\u00BBargent Qui passe sur l a mer avec ses Ne're'Ides\". \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 A m p h i t r i t e s o u r i t , toute nue a. l ' a z u r . . . Son v o i l e de s a f r a n p a l p i t e comme une a i l e . \" (Aux E l a n c s du vase, p. 22) E n s u i t e v o i c i X a n t h i s qui se regarde dans l ' e a u : \"Et blanche, e l l e s o u r i t a son image blanche..,. un moment apres, e l l e tremble car \" E l l e a vu s u r g i r dans l'ohde t r o p f i d e l e Les cornes du mebbant s a t y r e amoureux d ' e l l e . \" ( I b i d . , p. 33) Hermione, au s e u i l de sa quinzieme annee, ecoute l a f l u t e des bergers et se sent d e v e n i r femme: (1) Gohin: L'Oeuvre poe'tique d ' A l b e r t Samain, p. 44. 50. \"Hermione aux longs yeux de longs o i l s ombrages, Un d o i g t c ontre sa joue, e\"coute l e s be r g e r s , Hermione e s t au s e u i l de sa quinzieme annee, Son Sme douce e s t comme une f l e u r i n c l i n e \" e . \" ( I b i d . , p. 38) V o i c i Hals et Lyde*, l e s v i e r g e s de quinze ans et Palemone \"avec l a double rondeur n a i s s a n t e de ses s e i n s \" . Rhodante es t exquise; e l l e d i f f e r e des a u t r e s jeunes f i l l e s de Samain par sa peau doree p l u t 8 t que blanche: \"Rhodante e s t f i n e et chaude avec des f l a n c s le*gers Le \u00C2\u00A5ruit brun de son corps f a i t l a n g u i r l e s b e r g e r s ; \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 E t ses p e t i t s s e i n s d'ambre ont des bouts v i o l e t s . \" ( I b i d . , p. 39) Le poete nous d e V r i t d'une f a c o n un peu pre-ci e u s e une f a m i l l e i d e a l e v i v a n t dans une s o r t e d'Arcadie. Un pere, un f i l s et quatre f i l l e s dont Elyene \"au long c o l \" , E y r t e , a g i l e et robuste, Ixene douce et blanche, L y d i e aux s e i n s n a i s s a n t s et Nyza q u i a t r e i z e ans et q u i chante pour son pere: \"Sa bouche exquise semble un c a l i c e q ui s'ouvre: E t sa v o i x , que t o u j o u r s un peu de brume couvre, Monte et s\"exhale a i n s i qu'un t r i s t e et pur s o u p i r Au fond du grand s i l e n c e ou l e j o u r va mourir.\" ( I b i d . , p. 49) Le poete donne des noms grecs a ses jeunes f i l l e s a f i n de l e s encadrer dans l'atmosphere bleue et or de l a mer io n i e n n e . Mais c'est un cadre s u p e r f i c i a l . En supprimant l e s noms grecs on p o u r r a i t t r a n s p o s e r dans l e p resent toutes ces scenes d e d i c a t e s . Dans l e s E l e g i e s , 51. o n t r o u v e d e s e t a t s d'ame q u i f o n t s o n g e r a W a t t e a u , - d e s p a y s a g e s v a p o r e u x oh l a b e a u t i de l a femme ne se d i s t i n g u e g u e r e de l a beaute\" d u s o i r . \"Tea y e u x me s o u r i a i e n t . . . e t j e m a r c h a i s h e u r e u x Sous l e c i e l c o n s t e l l e , n o c t u r n e e t v a p o r e u x , P e n d a n t que s r e n t r * o u v r a i t , b l a n c b e u r v i b r a n t e e t p u r e , Mon ame - comme un l y s - passe\"e a t a c e i n t u r e . 1 1 ( I b i d . , ' p . 108) S o u v e n t d a n s une a t m o s p h e r e r o s e ou b l e u p & l e , t r e s v e r l a i n i e n n e , a u s o n d'une m u s i q u e de \" b e r g e r i e s \" , a p p a r a i s s e n t de c e s femmes i r r i e l l e s que p e i g n a i t W a t t e a u : \" S y l v a , S y l v i e e t S y l v a n i r e , B e l l e s a u r e g a r d b l e u c h a n g e a n t . . . S a t i n s c h a n g e a n t s , c h e v e u x p o u d r e s , M o u s s e l i n e s e t m a n d o l i n e s , 0 M i r a n d a s ! 0 R o s a l i n e s ! S ous l e s t o i l e s c r i s t a l l i n e s , 0 Songe d e s s o i r s b l e u - c e n d r e * s ! \" ( I b i d . , p. 91) Dans l e meme d e c o r l a n g o u r e u x , de j e u n e s a m o u r e u x e c h a n g e n t l e u r s p r e m i e r s b a i s e r s . ' On de\"couvre A m p h i s e e t M e l i t t a d a n s une n u i t b l e u e e t c a l m e ; A l c i s q u i s o n g e a c 8 t e de Canope q u i d o r t ( L e S o m m e i l de G a n o p e ) ; T i r c i s q u i a p p r e n d a E g l e a j o u e r de l a f l u t e ( L ' A g r e a b l e l e 9 o n ) . Ces e t r e s e t h d r e s , h a b i l l e s de v o i l e s d i a p h a n e s ou de t i s s u s s o y e u x , s o n t i d e a l i s e s p a r l e temps. I l s ne r e p r i s e n t e n t , a v e c . l e u r s v i s a g e s f r e i e s e t p u r s que l e cdte* s e n t i m e n t a l de l a f e m i n i t y c h e z S a m a i n . M a i s l a j e u n e f i l l e p e u t , p a r l a p a r f a i t e b e a u t e ^ de s e s y e u x s e \" d u i s a n t s , de s e s l e v r e s , de s e s s e i n s , de s e s l o n g s c h e v e u x , i n s p i r e r s o u d a i n d e s amours 52. f r e m i s s a n t e s . On n o t e e n p a s s a n t c h e z S a m a i n l e mgme r f i l e de l a c h e v e l u r e que c h e z ffiallarmy. I I se r a p p r o c h e de R e g n i e r q uand i l f i n i t p a r m a u d i r e l a femme, \" c h a i r t r a g i q u e \" , o r g u e i l l e u s e , v a n i t e u s e , q u i d'un r e g a r d , d'un s o u r i r e , d'un b a i s e r , e n s o r c e l e l'homme e t l u i f a i t r e n i e r s o n i d e a l : \" T o i , d e b o u t a u m i r o i r e t d o m i n a n t l a v i e , Tu p e i g n e s t e s c h e v e u x s p l e n d i d e s l e n t e m e n t , E t , p o u r nous, v o i r p a s s e r , t u t o u r n e s u n moment Tes y e u x d ' e n f a n t f e r o c e , a q u i t o u t f a i t e n v i e . \" ( A u J a r d i n de 1 ' I n f a n t e , p. 138) B i e n que l e de*s e n c h a n t erne n t c y n i q u e s o i t r a r e d a n s l e s poemes de S a m a i n , i l p e r c e 9a e t l a u n c e r t a i n e s p r i t b a u d e l a i r i e n a l ' e g a r d de l a femme. Dans une E l e * g i e d u C h a r i o t d ' o r , on l i t : \"0 Femme, l a c p r o f o n d q u i g a r d e q u i s ' y p l o n g e , L e u r r e o u p i e g e , q u ' i m p o r t e . . . 0 c h a i r t i s s u e e n s o n g e . Q u i j a m a i s , q u i j a m a i s c o n n a l t r a s o u s l e s c i e u x D f o 6 v i e n t c e t y t e r n e l s a n g l o t d e l i c i e u x Q u i . r o u l e d u p r o f o n d de l'homme v e r s t e s Y e u x ; \" ( L e C h a r i o t d ' o r , p. 90) C h a r p e n t i e r a f f i r m e que S a m a i n e s t i n f l u e n c e \" p a r l e s P a r n a s s i e n s , p a r l e s a t a n i s m e de B a u d e l a i r e , p a r l e s F e t e s g a l a n t e s de V e r l a i n e , p a r W a t t e a u , B o u c h e r , M o r e a u . E n e f f e t , d a n s s o n p o r t r a i t de l a j e u n e f i l l e o n d i s t i n g u e d e s i n f l u e n c e s m u l t i p l e s ; q u ' e l l e s o i t l a v i e r g e l a p l u s n a i v e o u l a p l u s p a s s i o n n e e , e l l e g a r d e p r e s q u e t o u j o u r s une c e r t a i n e s e n s u a l i t y v o i l e e d e l i c a t e ou l a n g o u r e u s e . E l l e e s t i r r e * e l l e , s a n s g r a n d e o r i g i n a l i t y c a r a u f o n d l e p o e t e 5 3 . s ' i n t e r e s . s e m o i n s a e l l e qu\u00C2\u00BBa s a p r o p r e A m o t i o n , a s e s amours q u i s o n t d e s \"amours d ' a r t i s t e , f l e u r s de s e r r e c h a u d e , d'une b e a u t s m a l a d i v e ou p e r v e r s e , d*une c u l t u r e c o m p l i q u e e , \" ( 1 ) . De p l u s e l l e s ' e n v e l o p p e de m y s t e r e e t de l a n -g u e u r ; S a m a i n l a v o i t d a n s u n c r e p u s c u l e p a l e ; \"Le S e r a p h i n d e s s o i r s p a s s e l e l o n g d e s c o e u r s . . . L e s v i e r g e s a u b a l c o n b o i v e n t l ' a m o u r d e s b r i s e s ; E t s u r l e s f l e u r s e t s u r l e s v i e r g e s i n d e b i s e s I I n e i g e l e n t e m e n t d ' a d o r a b l e s p a l e u r s . ( S o i r s I I , A u J a r d i n de 1 ' I n f a n t e , p . 1 1 7 ) V o i c i l a j e u n e f i l l e d p h e % e r e de K e e p s a k e : \"Sa r o b e e t a i t de t u l l e a v e c d e s r o s e s p a l e s , E t r o s e - p a l e \u00C2\u00A3tait s a l e v r e , e t s e s y e u x f r o i d s , E r o i d s e t . b l e u s comme l'.eau q u i r e v e a u f o n d d e s b o i s , E t l a mer T y r r h e n i e n n e a u x l a n g u e u r s a m i c a l e s B e r c a i t s a v i e e p a r s e e n s u a v e s p i t a l e s . T r e s d o u c e e l l e m o u r a i t , s e s p e t i t s p i e d s e n c r o i x ; Et,. q u and e l l e c h a n t a i t , l e c r i s t a l de s a v o i x E a i s a i t s a i g n e r a u c o e u r s e s b l e s s u r e s n a t a l e s . \" (Au J a r d i n de 1 * I n f a n t e , p. 65) E r m i o n e , i d e a l i s e e p a r l e te m p s , a v a i t , d a n s l e r\u00C2\u00A7ve d u p o e t e , \" l e s t o n s p a s t e l l i s e s d*un L a w r e n c e a d o u c i \" . On I ' e n t r e v o i t a p e i n e , . e l l e d i s p a r a i t e m p o r t a n t a v e c e l l e \"Le charme d'un s o u r i r e i n d d f i n i q u i p l e u r e , E t d a n s 1'lha.e un e*cho d'automne q u i demeure Comme un s a n g l o t de c o r p e r d u s u r l e s e t a n g s . \" ( I b i d . , p. 63) ( 1 ) V i g i e - L e c o c q , L a Poe~sie c o n t e m p o r a i n e , p. 74. 54. I I r e s t e d a n s l e c o e u r du p o e t e , q u i e s t s i s e n s i b l e a u x s o n o r i t e s meme d e s noms de j e u n e s f i l l e s , \"des noms s i d o u x q u ' i l s f o n t c h a n t e r l'&me\". R8ve e t s y m b o l e e s t c e l l e d o n t n o u s a v o n s d e j a f a i t m e n t i o n , c e l l e q u ' i l a p p e l l e H y a c i n t h e s o u s s o n nom de m o r t e l . Dans. l a s o l i t u d e m e ' l a n c o l i q u e d'un j a r d i n orne* de l a b l a n c h e u r d e s m a r b r e s , e l l e i n c a r n e l a P i t i e ' , l a D o u c e u r , l a P a i x , l e S e c r e t de l a v i e . Dans l a n u i t a r g e n t e e , e l l e p a r l e a u pofete l u i d i s a n t q u ' i l r e e o n -n a i t r a e n e l l e 1 ' I d e a l , que c ' e s t s u r s e s l f e v r e s q u ' i l t r o u v e r a s a p r o p r e ame. Nous a v o n s v u d a n s 1 * o e u v r e d ' A l b e r t S a m a i n q u e l q u e s v i s i o n s de j e u n e s f i l l e s . E n e f i ' e t , une m u l t i t u d e de f o r m e s v i r g i n a l e s s e d e s s i n e h t v a g uement d a n s s e s poemes; s o r t e s de r e f l e t s , s e m b l e - t - i l , d e s a m e l a n c o l i e p e r s o n n e l l e . P a r m i d ' a u t r e s p o e t e s q u i s ' i n s p i r e n t de l ' a n t i -q u i t e , i l f a u d r a i t p l a c e r P i e r r e Q u i l l a r d d o n t l e s poemes \" e x h a l e n t une m e l a n c o l i e s t o l q u e e t p a l e n n e \" (1) \" P e t i t e ame, Psyche\" m\u00C2\u00A3lancolique, d o r s , l y s d ' a u r o r e s u r g i d e s h e u r e s t e n e \" b r e u s e s , Tes b r a s s o u p l e s e t f r a i s e t t e s l f e v r e s h e u r e u s e s Ont r a j e u n i mon c o e u r e t r e j o u i mon c o r p s . \" (Psyche\" (2) ) E p h r a l m M i k h a i l c h a n t e e g a l e m e n t l a b e a u t s a n t i q u e . Dans l ' E t r a n g f e r e , l a v i e r g e r e p r ^ s e n t e l ' a m o u r , l a p a i x e t (1) v a n B e v e r e t L e a u t a u d , p. 92 ( c i t a t i o n de R e g n i e r ) ( 2 ) I b i d . , p. 9 5 . 55. t o u t e s l e s v e r t u s r e n i e e s p a r l a v i l e r a c e h u r a a i n e j \"En s o n m a n t e a u d ' a r g e n t t i s s e \" p a r l e s pr\u00C2\u00A7tresses, L a v i e r g e s ' e n a l l a i t v e r s l e s j e u n e s c i t e * s , E t l a n u i t l ' e f f l e u r a i t de m y s t i q u e s c a r e s s e s , E t l e v e n t l u i p a r l a i t de l o n g u e s v o l u p t e s . \" (1) P a u l F o r t s ' i n t e r e s s e l u i a u s s i a u passe\" l o i n t a i n . De s e s I d y l l e s a n t i q u e s , c i t o n s l ' A l e r t e ou l e p o e t e d e c r i t u n \"beau p a y s a g e i o n i e n d a n s l e q u e l P a n p o u r s u i t d e s \" n a i a d e s f l u i d e s \" \" l e s n a i a d e s o n t saute\", d*un s a u t s i d o u x q u * u n f a u n e ne f u t p a s e v e i l l e \" \" (2) Comme l e s p o e t e s q u i s ' i n s p i r e n t l e s le*gendes m e d i e \" v a l e s , c e u x q u i s ' i n s p i r e n t d e s m y t h e s g r e c s s o n t d e s i m p r e s s i o n n i s t e s q u i d e s i r e n t e V o q u e r l i g e r e m e n t l e passe\" a u l i e u de l e d e c r i r e e n d e t a i l . L'es j e u n e s f i l l e s q u i f i g u r e n t d a n s l e u r s o e u v r e s r e s s e m b l e n t a l e u r s s o e u r s , l e s p r i n c e s s e s n o r d i q u e s s i d e l i c a t e m e n t e s q u i s s e e s . De p l u s , p o u r l a p l u p a r t , e l l e s ne s o n t g r e c q u e s que d ' a p p a r e n c e . V e t u e s de c o s t u m e s c l a s s i q u e s , c e s nymphes ou d e e s s e s n i m b i e s de l ' a t m o s p h e r e b l e u - c l a i r d e s p a y s e n s o l e i l l e \" s v i v e n t e n F r a n c e . Se s e r v a n t de r y t h m e s h a r m o n i e u x , de c o u l e u r s p u r e s , de d e c o r s v a g u e m e n t p o e t i q u e s , c ' e s t s u r t o u t S a m a i n q u i a e x c e l l e \" a p e i n d r e l a j e u n e f i l l e h e l l e \" n i q u e de nom, moderne & * E v o c a t i o n . V o i c i q u e l q u e s camees: (!) I b i d . , p. 28. (2) I b i d . , p. 86. 56 \"Les V i e r g e s s ' e n v o n t a p a s l e n t s , T r a l n a n t p a r l e s p r ^ s d ' a s p h o d e l e s D e s . r o b e s que l e u r c o r p s m o d e l e , A u x g r a n d s p l i s l e g e r s e t f l o t t a n t s . \" ( A u x E l a n c s d u v a s e , p. 170) \"Dans l e c r i s t a l d e s e a u x , d a n s l e v e l o u r s d e s m o u s s e s , Dans l ' i n n o c e n e e e n f l e u r d e s j a r d i n s r a d i e u x , Dans l e c o n c e r t que f o n t t o u t e s l e s c h o s e s d o u c e s , J e r e t r o u v e , 8 ma s o e u r , l a d o u c e u r de t e s y e u x . \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 E t l e s f l e u r s s o n t t e s y e u x , e t l a l u m i e r e b l o n d e Ton s o u r i r e , e t l e c i e l b l e u - f r e l e ta d o u c e u r , E t t o u t l ' a m o u r f u m a n t de l ' e n c e n s o i r d u monde Ta l e v r e s u r mon ame a p p u y e e , 8 ma s o e u r . \" ( I b i d . , p. 185) S 7. C h a p i t r e IV L a J e u n e F i l l e s i m p l e \u00E2\u0080\u00A2(\u00E2\u0080\u00A2L'tInnocence e n p a i x d o r t a u b o r d de l a - v i e . . . ' ( A l b e r t Samain) . 58. C h a p i t r e IV La Jeune F i l l e simple De 1890 a 1900, l a jeune f i l l e e s t redevenue pour l e poete, l e symbole de l a beauts, de l a pureteY de l a p o d s i e . Mais, q u ' e l l e s o i t d ' i n s p i r a t i o n wagn^rienne ou h e l l e n i q u e , s u r g i e de l a l i t t ^ r a t u r e , de l * a r t , ou de l a legende, e l l e e s t t r o p cere*brale pour e t r e r e e l l e . Objet de l ' ^ g o l s t e p a s s i o n des poetes, e l l e ne s e r t qu'a r e v e l e r l e u r s r e a c t i o n s l e s p l u s p e r s o n n e l l e s . Vers 1900, e l l e s o r t i r a de c e t t e f o r e t de sym-b o l e s , ou, a 1 * i m i t a t i o n de Mallarme*, l e s pontes a v a i e n t f a i t I v o l u e r t a n t de faunes, de centaures, de s i r e n e s , de nyraphes. Au l i e u de C i r c ^ , Diane, Salome\", S y r i n x , Venus, p r i n c e s s e s ou c h a t e l a i n e s , - q u e l l e s a t i s f a c t i o n de rencon-t r e r l a f r a i c h e s i m p l i c i t y des jeunes f i l l e s de F r a n c i s Jammes, e t r e s r e e l s q u i , d ' a i l l e u r s , ne sont pas a u s s i simples qu'on l e c r o i r a i t . E t c e t t e complexity t i e n t a ce q u * e l l e s sont humaines, v i v a n t e s et n a t u r e l l e s avec une s e n t i m e n t a l i t y presque p r y c i e u s e , convenant b i e n au carac-t e r e de l ' a d o l e s c e n t e . II s e r a i t peut-gtre s i g n i f i c a t i f de c i t e r i c i l a l e t t r e y c r i t e en 1899 par Samain a son ami F r a n c i s Jammes qui v e n a i t de l u i envoyer C l a r a d ' E l i y b e u s e : \"Je l'aime. Quelle admirable f i g u r e de jeune f i l l e vous avez cryye l a , 5\u00C2\u00A9. mon c h e r Jammes, e t s i s i m p l e m e n t , comme t o u t ce que v o u s f a i t e s ; d * a b o n d a n c e de c o e u r . E l l e v i t : j e l a v o i s , j e l a s e n s , j e l ' e n t e n d s . E l l e e s t d a n s mon e x i s t e n c e , comme une p e t i t e p e n s i o n n a i r e que j ' a u r a i s c o n n u e d a n s 1 ' e f f e r -v e s c e n c e s e n t i m e n t a l e de mes d i x - h u i t a n s . . . E l l e e s t s i d o u c e e t s i p a s s i o n n e e , s i e x q u i s e m e n t p u r e a u s s i \" ( l ) . L e theme de l a j e u n e f i l l e c ompte p a r m i c e u x ofe Jammes p o u r s u i t s o n c u l t e de l a v e r i t e . S e l o n l u i : \" i l n'y a qu'une i c o l e : c e l l e o i l comme d e s e n f a n t s q u i i m i t e n t a u s s i e x a c t e m e n t que p o s s i b l e u n b e a u m o d e l e d ' e c r i t u r e , l e s p o e t e s c o p i e n t u n j o l i o i s e a u , une f l e u r ou une j e u n e f i l l e a u x j a m b e s c h a r m a n t e s e t a u x s e i n s g r a c i e u x \" ( 2 ) . P o u r Jammes, l a j e u n e f i l l e , t o u t e r o s e e t r e v e u s e , e s t u n e t r e d'une g r a c e i n g e n u e a u p r e s d u q u e l i l ne s ' e n n u i e j a m a i s ( 3 ) e t q u i s y m b o l i s e l a beaute\" d'un amour c h a r m a n t , l i m p i d e e t v r a i . I I aime l a c o m p a g n i e de s e s h e r o i n e s : \" V o i c i e n c o r e d e s j e u n e s f i l l e s . d e s e n v i r o n s p l u s f r a i c h e s q u ' a u x m o u s s e s ne s o n t l e s m o u s s e r o s e s , p l u s f r a i s e s que l a f r a i s e a u f o n d d u r a v i n b l e u . \" (De l ' A n g e l u s de l ' a u b e . . . p. 243) (1) L e t t r e d u 9 j u i n , 1 8 9 9 . (2) P i l o n , d a n s s o n l i v r e s u r Jammes, c i t e c e t e x t r a i t d u M e r c u r e de F r a n c e , p. 30. (3) V o i c i d e u x t e x t e s de Jammes: \" S e u l e s l e s j e u n e s f i l l e s ne m ' e n n u y e r e n t j a m a i s \" . \" . . . l e s j e u n e s f i l l e s ne m'ennuyent j a m a i s . V o u s s a v e z q u * e l l e s v o n t d'on ne s a i t q u o i c a u s e r l e l o n g d e s t r e m b l e m e n t s de p l u i e d e s e g l a n t i e r s . \" BO. I I a f o r t b i e n r e n d u l a s i m p l i c i t y de l a j e u n e c a m p a g n a r d e , q u i , e p r i s e d'un b e r g e r , a bandonne p o u r l u i l e s e r v i c e de J e a n de N o a r r i e u : \" P r i t a s o n s e r v i c e c e t t e p a y s a n n e nommee L u c i e , de d i x - s e p t a n s & p e i n e , a u x y e u x e n f l e u r s de l i n , 5. p e a u de p a i n d o n t l e s c h e v e u x s e m b l a i e n t .poudres de g r a i n n e r v e u s e e t r o n d e a v e c de j o l i s s e i n s e t une b o u c h e de g r o s e i l l e a u j a r d i n . . . \" ( J e a n de U o a r r i e u , p. 15) Se p l a i s a n t a c o n t e m p l e r l e s j e u n e s f i l l e s , P r a n c i s Jammes a p e u p i y s e s poemes de l e u r s r i r e s , de l e u r b e l l e j e u n e s s e , e t de l a g r a c e de l e u r s j e u n e s c o r p s n u s : \"Tu s e r a s nue s u r l a b r u y e r e h u m i d e e t r o s e . \" (De l ' A n g y i u s de l ' a u b e . . . p. 152) \"Tu s e r a s nue d a n s l e s a l o n d e s v i e i l l e s c h o s e s \" . ( I b i d . , p. 153) \" V i e n s t o u t e n u e , 6 C l a r a d ' E l i y b e u s e \" . ( I b i d . , p. 34) V o i c i l a J e u n e P i l i e n u e , q u i i n c o n s e i e m m e n t a t t e n d l a n a i s s a n c e de l ' a m o u r : \" J e ne s a i s p a s ce que j ' a t t e n d s . C ' e s t une c h o s e que j e ne p u i s p a s d i r e e t q u i e s t comme une r o s e d o n t o n s e n t l e p a r f u m s a n s q u ' o n p u i s s e l a v o i r . \" ( L e D e u i l d e s p r i m e v e r e s , p. I l l ) L e p o e t e v a se c o n s o l e r de s e s t o u r m e n t s e t . o u b l i e r l e s d e c e p t i o n s de l a v i e a v e c c e t t e a m i e q u i l u i o f f r e \" l ' a s i l e s i m p l e e t p u r e t c a l m e \" de s e s b r a s . C ' e s t a l o r s q u ' i l d e v i e n t c o n s c i e n t de l a p r e s e n c e de l ' a m o u r v r a i : CI?. \"Tu e s l'ame e t l a c h a i r n u e s . Tu e s l a v e r i t e * d o n t l e p a r f u m l i m p i d e a f l e u r i s u r ma l e v r e . Q u e l e s t ce r e v e p u r que j e v a i s v i v r e ? \" . ( I b i d . , p. 118) P a r t o u t s o n a d o r a t i o n de l a j e u n e f i l l e d e l i c i e u s e : \" J e v e u x que l a v i e r g e a u x s e i n s d r e s s e s e t d u r s f l e u r i s s e comme u n l i s a l ' a z u r f i a n c e . \" ( I b i d . , p. 192) D o u c e s , c h a s t e s , v e t u e s de c o u l e u r s s u a v e s , c u e i l l a n t d e s f l e u r s , d a n s a n t d e s r o n d e s , r e v a n t d'amour, e l l e s c i r c u l e n t d a n s l e s c h a t e a u x , l e s p e n s i o n n a t s , l e s v i l l a g e s o u l e s f e r m e s d ' a n t a n . L e u r s noms memes h a n t e n t l e p o e t e d-'Orthez: \" C l a r a d ' E l l i b e u s e , E l e a n o r e D e r v a l . V i c t o i r e d ' S t r e m o n t . L a u r e de l a V a l i n e . L i a P a u c h e r e u s e . B l a n c h e de P e r c i v a l . R ose de L i m e r e u i l e t S y l v i e L a b o u l a y e . \" (De l ' A n g d l u s de l ' a u b e . . . , p. 96) L a j e u n e f i l l e s ' a s s o c i e a u x i d i e s de Jammes s u r l a m o r t : \" L o r s q u e j e s e r a i m o r t , t o i q u i a s d e s y e u x b l e u s c o u l e u r de c e s p e t i t s c o l e ' o p t e r e s b l e u de f e u de s e a u x , p e t i t e j e u n e f i l l e que j * a i b i e n a i m e e e t q u i a l ' a i r d'un i r i s d a n s l e s f l e u r s anime'es, t u v i e n d r a s me p r e n d r e doucement p a r l a m a i n . \" ( I b i d . , p. 9) A i l l e u r s , d a n s c e meme r e c u e i l , v o i c i d e s s o u v e n i r s de n a g u e r e : \"Je p e n s e a u s s i a u x s o i r e e s o h l e s p e t i t e s f i l l e s j o u a i e n t a u x v o l a n t s p r e s de l a h a u t e g r i l l e . \u00E2\u0080\u00A2 E l l e s a v a i e n t d e s p a n t a l o n s q u i d e p a s s a i e n t l e u r s r o b e s c o n v e n a b l e s e t a t t e i g n a i e n t l e u r s p i e d s : S e r m i n i e , C o r a l i e , C l e m e n e e , C e l e n i r e , A r m e n a l d e , A t h e n a l s , J u l i e , Z u l m i r e ; l e u r s g r a n d s c h a p e a u x de p a i l l e a v a i e n t de l o n g s r u b a n s . \" ( I b i d . , p. 17) 62. Et puis cette che*tive petite rencontr^e dans le t r a i n en route pour Lourdes: \"Oh.V qu'elle e'tait belle.' e l l e avait dix-huit ans, e t e l l e s o u r i a i t ; e l l e \u00C2\u00A3tait en blanc. \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 \u00E2\u0080\u00A2 Dieu ne l a tue pasj - et ne serait-ce que pour son pere nu-tete qui p r i a i t Dieu.\" (Ibid., p. 24) Plus l o i n i l pr\u00C2\u00A3sente c e l l e q u ' i l appelle l a Jeune f i l l e un peu souffrante: \"Je vois tout pres de moi ce p e t i t corps f a i b l e E l l e a l ' a i r d'une j o l i e p e t ite poupee. * \u00E2\u0080\u00A2 \u00C2\u00AB E l l e est mince et pourtant sous son chaMe Son \u00C2\u00A3paule timide s'arrondit\". (Ibid., p. 229) Entrevue a travers les p i l i e r s d'une e g l i s e : \"Une jeune f i l l e qui est tres b e l l e sous l e jour d'un v i t r a i l est v i o l e t t e \" . (Ibid., p. 62) Dans un poeme i n t i t u l e l a Jeune f i l l e , Jammes suggere non seulement l a beaute de cette jeune f i l l e , mais aussi sa personnalite. e*est un p o r t r a i t des plus simples: \" E l l e est grande, e l l e est blanche, e l l e a des bras tres doux. g l l e est tres droite et penche le cou.\" (Ibid., p. 108) Comme Samain, i l a pitie' de c e l l e qui ne se mariera jamais,... de 1 ' i n s t i t u t r i c e q u ' i l v o i t dans l e Pare Royal de Pau: 63-. \" . . . E l l e f e r m e l e s y e u x . E l l e e s t s e u l e . A c e t t e h e u r e L e s g e n s a y a n t t r o p c h a u d r e s t e n t d a n s l e u r s d e m e u r e s , Ah.' q u ' i l l u i s e r a i t b o n qu'un j e u n e homme p a s s a t , L a v i t e t l u i p a r l a t , l ' a i m a t e t l ' e p o u s a t . . . II v i e n d r a i t p a r l e s b u i s du s e n t i e r d'ou n o us v i m e s J u r a n c o n , Gon, G e l o s , G u i n d a l o s e t l e s c i m e s . P e r s o n n e ne r e p o n d a c e t t e p a u v r e e n f a n t Qu'un s c a r a b e e a u v o l v e r t i c a l e t r o n f l a n t . \" (Ma P r a n c e p o e ' t i q u e , p. 141) P r a n c i s Jammes e s t b i e n l e p o e t e de l a j e u n e f i l l e f r a n c a i s e , s i m p l e , g a i e , f r a i c h e , h e u r e u s e , - f r a n c a i s e de 1 9 0 0 e t non du moyen a g e , f r a n c a i s e e t n o n p s e u d o - h e l l e n i q u e comme p o u r l e s S y m b o l i s t e s . On l a v o i t s u i v r e e n r o b e b l a n c h e l e s p r o c e s s i o n s de v i l l a g e , on l a v o i t l a v a n t l e l i n g e , r e m p l i s s a n t s a c r u c h e d ' e a u . L a p a u v r e t e \" de s a m i s e s ' e f f a c e d e r r i e r e l a d o u c e u r de s o n e x p r e s s i o n : \"Tui- es p a u v r e , e t a c a u s e de c e l a t u es b o n n e ; t u v e u x que j e t e donne d e s b a i s e r s e t d e s r o s e s . . . \" ( J e l ' A n g e l u s de l ' a u b e . . . , p. 177) L e p o e t e s ' o c c u p e p e u de 1 * E d u c a t i o n de l a j e u n e f i l l e . II s u g g e r e c e p e n d a n t e t d'une f a p o n s u b t i l e c e que F l a u b e r t a s i t r a g i q u e m e n t s o u l i g n e * d a n s Madame B o v a r y , -que l a j e u n e f i l l e q u i a l u l e s romans se f a i t d e s i d e e s p a r f o i s t r o p r o m a n e s q u e s de 1'amour. D'un t o n A l a f o i s m oqueur e t s e r i e u x , Jammes r e p r o c h e a l a j e u n e f i l l e de p r e * f e r e r u n h e r o s de roman a u n \" p a u v r e d i a b l e \" o r d i n a i r e q u i l ' a i m e r a i t a v e c f i d e l i t i : V a , d i t - i l . 64. \" . . . n ? a t t e n d s p a s un g r a n d p o e t e a u x c h e v e u x l o n g s ; i l n ' e x i s t e p a s p l u s que d e s m o u s q u e t a i r e s ou que d e s p r i n c e s r u s s e s d i s t i n g u e s e t b l o n d s ; \u00E2\u0080\u00A2 \u00C2\u00BB \u00E2\u0080\u00A2 e t p o u r t a n t d e v a n t l e p a u v r e d i a b l e t u r i s p a r c e que t u l i s a i s , e*tant t o u t e p e t i t e , d a n s d e s l i v r e s de d i s t r i b u t i o n de p r i x que l e s b e a u x f i a n c e ' s s e f a i s a i e n t a i m e r v i t e . \" ( I b i d . , p. 96) S i i ' o n q u i t t e u n moment l a p o e s i e p o u r s ' a t t a c h e r a u x c o n t e s de Jammes, on p e u t d i r e que ce s o n t e n r e a l i t e \" p l u t 6 t t r o i s pofemes. A v e c u n l y r i s m e s e n t i m e n t a l , d a n s d e s d e c o r s f l e u r i s , F r a n c i s Jammes n o u s p r e s e n t e t r o i s j e u n e s f i l l e s d'une f e r n ! h i te\" d e j a m y s t e r i e u s e . E t c ' e s t d ' a b o r d C l a r a d ' E l l e b e u s e j 1 ' a d o l e s c e n t e de s e i z e a n s , p i e u s e , n a i v e , t r e s r o m a n e s q u e . \" E l l e e s t b l o n d e e t r o n d e , e t s e s y e u x o n t l a c o u l e u r d u c i e l quand i l f a i t b e a u t e m p s . \" ( L e Roman d u l i e v r e , p. 61) Dn j o u r , p r i s e d'une c r i s e de l a r m e s , C l a r a se p e n c h e sur' l ' e ' p a u l e de R o g e r , p o e t e e t f r e r e de s o n amie de p e n s i o n n a t . Se s o u v e n a n t d e c e q u ' e l l e a s e c r e t e m e n t l u d a n s d e s l e t t r e s m y s t e r i e u s e s , e l l e s e c r o i t e n c e i n t e , l a n g u i t , p & l i t , f i n i t par. p r e n d r e d u l a u d a n u m e t m e u r t comme 1* a v a i t f a i t L a u r a , l a p e t i t e c r e o l e de l a G u a d e l o u p e , h e r o i n e d e s l e t t r e s l u e s e n c a c h e t t e . C l a r a s y m b o l i s e l a p i e t e * , l a c h a s t e t e , - p o u r ne p a s p a r l e r 1 ' i n n o c e n c e exagere'e q u i l a c o n d u i r a a l a m o r t . On ne p e u t g u e r e c o n s i d ^ r e r C l a r a d ' E l l e b e u s e s a n s p e n s e r e n meme temps a 1 ' a u t r e h e r o i n e de Jammes, 65. A l m a l d e d ' E t r e m o n t , - c a r e l l e s o f f r e n t u n c o n t r a s t e f r a p p a n t . C l a r a e s t p l u s v i v a n t e , p l u s d e l i c a t e m e n t d e c f i t e q u ' A l m a l d e , l a j e u n e f i l l e p a s s i o n n e e q u i , a v i n g t - c i n q a n s , tombe a m o u r e u s e d'un p a t r e de q u i n z e a n s . A l i n a l d e , j e u n e f i l l e b r u n e de r a c e e s p a g n o l e , p a s s i o n n e e , m a i s c l o i t r e e , se r e n d compte que l a v i e e s t l a s a n s q u ' e l l e p u i s s e e n j o u i r . j \" R i e n ne c o n s o l e s a m e d i t a t i o n que s a m e d i t a t i o n , e t r i e n ne se p o s e a s a b o u c h e p l u s a r d e n t qu'un f r u i t - ^ d e - l a - p a s s i o n que l e v e n t . . . \" ( I b i d . , p. 128) P r e t e a a i m e r e t ne t r o u v a n t p a s d'e*poux, e l l e se d o n n e . a u . p e t i t p a t r e q u i , tue* p a r une a v a l a n c h e , l a l a i s s e e n c e i n t e . I c i l e p o e t e p o s e l e p r o b l e m e s o c i a l de l a f i l l e mere e n d e n o n c a n t l ' h y p o c r i s i e de nos c o n v e n t i o n s . \"De l ' h y p o c r i s i e n a i t t o u t l e m a l ; i l f a u d r a i t que t o u t e v i e r g e , d o n t l e c o e u r se consume i s o l i e , a i t l e d r o i t de ... se d o n n e r . \" ( I b i d . , p. 132) L a s o e u r de C l a r a e t d ' A l m a l d e e s t Pomme d ' A n i s , \" r a v i s s a n t e , i n f i r m e e t f r e l e \" q u i r e n o n c e a 1'amour e n f a v e u r de s o n amie L u c e d ' A t c h u r i a ( l ) . Ces h e r o i n e s , (1) V o i c i u n p o r t r a i t c h a r m a n t du p e r s o n n a g e s e c o n d a i r e , n o u v e l l e p r e u v e que Jammes a d o r e d i c r i r e l e s j e u n e s f i l l e s : \"Luce e s t b r u n e e t r o n d e . E l l e a une t o u t e p e t i t e b o u c h e s a n g l a n t e ou l ' o n v o i t d e u x p e p i n s de n a c r e l o r s q u ' e l l e r i t ou l o r s q u ' e l l e e s t etonnee. Ses y e u x s o n t n o i r s comme d e s b a i e s de b e l l a d o n e , s i n o i r s que p r e s q u e d u r s ; s o n n e z e n b e e de c a i l l e e s t s i j o l i q u ' i l donne e n v i e de r i r e ; s o n t e i n t e s t c e l u i de l a \u00E2\u0080\u00A2 m a n d a r i n e e t s e s c h e v e u x l u s t r e s de b l e u s e m b l e n t t o u j o u r s s u r l e p o i n t de s e d i r o u l e r . . . S i b o n n e , s i d e l i c a t e . . . \" 66. d o n t o n a d i t q u ' e l l e s e t a i e n t d e s \" c o u s i n e s e i o i g n d e s de l a V i r g i n i e de B e r n a r d i n de S a i n t - P i e r r e e t de 1 ' A t a l a de C h a t e a u b r i a n d \" , n a l v e s , d e d i c a t e s , a m o u r e u s e s , a l l i a n t a un b r i n d ' e x o t i s m e emprunte\" a u x s o u v e n i r s d u p e r e de Jammes s u r l e s A n t i l l e s , une s e n t i m e n t a l i t y i s s u e d e s romans de l a R e s t a u r a t i o n que l e p o e t e a v a i t l u e e t une v r a i s e m b l a n c e p r o p r e s a u x j e u n e s f i l l e s de Jammes, q u i s a i t l e s a d m i r e r e t l e s o b s e r v e r . Chez e l l e s l e rbmanesque s e m e l e a u n a t u r e l . E l l e s o n t une &me e t u n c o r p s . Meme s i s o n s t y l e donne t r o p s o u v e n t une i m p r e s s i o n de f a c i l i t y e x c e s s i v e , meme s i l ' o n se l a s s e de s e s p a s t o r a l e s i n t i m e s e t d'une s i m p l i c i t y s i e x a g y r y ? , q u ' e l l e e n d e v i e n t a r t i f i c i e l l e , o n s u b i t l e charme.de P r a n c i s Jammes l o r s q u ' i l p a r l e de s e s j e u n e s f i l l e s . C ' e s t a v e c une s o r t e de c u l t e , a v e c d y v o t i o n q u ' i l y v o q u e \"dans l e t e m p s \" s e s g r a c i e u s e s h y r o t n e s . I I r a c o n t e , d a n s l e D e u i l d e s P r i m e v e r e s , l e s e c r e t de c y i i a q u i s ' a c c o u d a i t t r i s t e m e n t a l a f e n e t r e de ce domai n e a b a n d o n n y , \" . . , 1 ' h i s t o l r e d o u l e u r e u s e de c e t t e c y i i a q u i m o u r u t de l a n g u e u r , q u i se m o u r u t d'un m a l d o n t on c a c h a l e nom, d'un m a l s u r q u i d e s b r u i t s s i n g u l i e r s c o u r u r e n t , m a i s que s o i g n e u s e m e n t l e s s e r v a n t e s o n t t u . \" ( L e D e u i l d e s P r i m e v e r e s , p. 34) I I a i me a c o m p a r e r s a b e a u t y a c e l l e d es f l e u r s : \" E l l e a v a i t l e r e g a r d q u ' o n t l e s f l e u r s de l a v a n d e . \" \" E l l e y t a i t d o u c e a l o r s comme, quand i l e s t t a r d , l e v e l o u r s j a u n e e t b l e u d'une a l i y e de p e n s y e s . \" ( T e n d r e s s e s , p. 124-126) 6 7 . On p o u r r a i t c i t e r de nombreux e x e m p l e s de c e s c o m p a r a i s o n s s i m p l e s . M a i s , \"bien que s a n s p r e t e n t i o n s , e l l e s l a s s e n t a l a l o n g u e p a r l ' e x c e s de d e t a i l s t r o p n a t v e m e n t p i t t o r e s q u e s . C e r t e s C l a r a , c e r t e s Pomme d ' A n i s s e r o n t l e s t e n d r e s v i c t i m e s d u \"mal d'amour\" e t e l l e s e n m o u r r o n t . T o u t a u s s i s o u v e n t l a j e u n e f i l l e d e v i e n d r a l a femme s e n s i e , l a q u e l l e , mere de nombreux e n f a n t s , a c c o m p l i t s o n d e s t i n n a t u r e l . . Dans l a N a i s s a n c e d u p o e t e , d i d i i a F r a n c i s Yieli-G r i f f i n , l e c b o e u r d e s V i e r g e s c h a n t e a i n s i : \"Nous sommes l e s v i e r g e s q u i don n o n s nos c o r p s a u x j e u n e s g e n s i m p u r s e t p a r d o n n o n s e n s o u r i a n t . . . C ' e s t de nous que n a l t 1 r h u m a n i t e . \" (De l ' A n g e l u s de l ' a u b e . . . , p. 279) Nous a v o n s d i t que l a j e u n e f i l l e n a i v e d i s p a r a i t a u n c e r t a i n moment de l a l i t t e r a t u r e s y m b o l i s t e , p o u r s e r e t r o u v e r p l u s t a r d d a n s l ' o e u v r e de F r a n c i s Jammes. E n v e r i t e \" c e l a n ' e s t qu'une g e n e r a l i s a t i o n . E l l e d i s p a r a i t a s s u r e m e n t de l ' o e u v r e d e s g r a n d e p o e t e s , m a i s c h e z l e s e c r i v a i n s m i n e u r s e l l e r i a p p a r a i t de temps a a u t r e . H e n r i B a t a i l l e p a r e x e m p l e r e s s e m b l e s o u s p l u s i e u r s a s p e c t s a Jammes. Son s e u l r e c u e i l , L e B e a u v o y a g e , c o n -t i e n t d e s t a b l e a u x de l a v i e de t o u s l e s j o u r s . V o i c i ce que d i t M a r c e l Schwob d e s h e r o i n e s de ce r e c u e i l j f \" T o u t e s l e s p e t i t e s f i l l e s s o n t c o l o r i e e s comme d a n s d e s l i v r e s d 1 i m a g e s , e t e l l e s o n t d e s noms s e m b l a b l e s a d e s s a n g l o t s p e r i l s \" ( l ) . (1) C i t e d a n s v a n B e v e r e t . i e a u t a u d , p. 17. 68. M a u r i c e M a g r e , deYu p a r l ' a m o u r , efe*e c e p e n d a n t d e s i n c a r n a t i o n s de l ' a m o u r i d e a l : \" J ' e u s une a m i e , u n j o u r , a u x y e u x c o u l e u r de s o n g e . . . S o n g e s t e , p o u r f i l e r , l e s o i r , e ' t a i t t r e s d o u x e t j * e \" t a l a i s l e l i n d u r e v e a s e s g e n o u x a 1'heure t r i s t e o u l ' o m b r e d e s m e u b l e s s ' a l l o n g e . \" (Quand l a v i e e s t p a s s e e (1) ) - L e p o e t e s e r a p p e l l e l e b o n v i e u x temps o u \" P a r g r o u p e s j o y e u x p a s s a i e n t l e s j e u n e s f i l l e s C o n f o n d a n t l a n u i t b l e u e a l e u r r i v e d'amour.\" (2) C a m i l l e M a u c l a i r , 3. l a r e c h e r c h e de l ' a m o u r i d e a l , e n v i s a g e l e b o n h e u r a v e c une j e u n e f i l l e t r e s s e a u i s a n t e : \"On v o i t a t r a v e r s l a v i t r e s a t e t e f i n e , B l o n d e a v e c une d e n t e l l e a u c o u , Une d e n t e l l e b l a n c h e s u r l a nuque b l o n d e Qu i se p e n c h e , m o n t r a n t d e s c h e v e u x f o u s ; E t s e s y e u x b l e u s , a g r a n d i s l e v e n t l e u r s p a u p i e r e s t o u t a c o u p . ... Tu e s d o u c e , i l f a i t t r e s b o n . . . j ' a i m e \u00C2\u00A7tre a v e c t o i . . . ... E t c e s e r a i t l e b o n h e u r . . . \" ( P a s t e l de jeune . f i l l e , (3) ) Dans s o n P e l e r i n a g e de S a i n t e - A n n e , f a n t a i s i e e n p r o s e p o e * t i q u e , S a i n t - P o l - R o u x p e i n t c i n q j e u n e s f i l l e s b r e t o n n e s : (1) v a n B e v e r e t L e a u t a u d , p. 3 3 1 . (2) I b i d . , p. 335. (3) I b i d . , p. 8-10. 69. \" M i s e s d i m a n c h e m e n t , emparfurades de m a r j o l a i n e , ... l e s c i n q P r o m i s e s de p o r c e l a i n e m i g n o n n e s comme d e s j o u j o u x e t d o n t l a j o u e r a y o n n e a i n s i qu'une pomme d * a p i . . . l e s d o u c e s a u x l o n g s c h e v e u x de g e r b e . . . \" (1) Bans nous l a i s s e r v a g a b o n d e r d a n s l e roman, nous c o n c l u r o n s c e c h a p i t r e s u r 1 * i n g e n u e e n s u g g e r a n t q u ' e l l e d o i t e x i s t e r d a n s m a i n t s e c r i t s s o u s s a f o r m e l a p l u s p u r e . M e n t i o n n o n s s e u l e m e n t J e a n n e A l e x a n d r e d u C r i m e de S y l v e s t r e B o n n a r d e t G e r t r u d e de l a S y m p h o n i e p a s t o r a l e . L a n a i v e t e , l ' i n n o c e n c e e t l a beaute\" de l ' e n f a n c e o n t t o u j o u r s i n s p i r e l e s a r t i s t e s . C ' e s t P r a n c i s Jammes q u i a l e m i e u x e t l e p l u s s o u v e n t e x p l o i t e ce theme. I I r e s t e r a p o u r n ous l e v r a i p o e t e de l a j e u n e f i l l e f r a n c a i s e . (1) I b i d . , p. 196. 70. C o n c l u s i o n A y a n t r a p i d e m e n t e c a r t d l e s noms de\" V e r l a i n e , R i m b a u d , M a l l a r m e * e t V e r h a e r e n q u i se s o n t p e u i n s p i r e s de l a j e u n e f i l l e , c e t t e e t u d e a c o n s i d ^ r e \" p l u t 8 t l ' o e u v r e de c e u x q u ' i l f a u d r a i t o s e r a p p e l e r l e s \" p e t i t s \" S y m b o l i s t e s . On a p u c o n s t a t e r q u ' i l s s e d i v i s e n t e n d e u x g r o u p e s : c e u x q u i s f l i n s p i r e n t . de l a g r a c e h e l l e n i q u e e t c e u x q u i e v o q u e n t une p r i n c e s s e m e d i e V a l e . I I e s t c u r i e u x de n o t e r que c e s d e r n i e r s , - M e r r i l l , \" V i e l e - G r i f f i n e t M o r d a s - ne s o n t E r a n c a i s q u ' a m o i t i e . Chez c e s S y m b o l i s t e s q u i s ' i n t e r e s s a i e n t m o i n s a l e u r theme qu'a 1 ' a n a l y s e de l e u r p r o p r e ame ou a l e u r t e c h n i q u e de p l u s e n p l u s l i b e r i e , l a j e u n e f i l l e n ' e s t qu'une a b s t r a c t i o n . E l l e s y m b o l i s e r a l a p u r e t e \" , l e d e s i r , l a p o e s i e p l u t Q t que l a f e m i n i t e \" . On a 1 ' i m p r e s s i o n que l e p o e t e ne s ' e s t j a m a i s preoccupe\" de l a r i a l i t e , m a i s q u * i l I ' a r e v i e comme r e v e l e l i t t e r a t e u r q u i d i c h i f f r e u n v i e u x m a n u s c r i t , d c o u t e une c h a n s o n f o l k l o r i q u e ou a d m i r e une s t a t u e ou une t o i l e . L ' i n g i n u e s u r g i t , i m m a t e r i e l l e , d u p a s s e . - . l i g e n d a i r e p o u r e x a l t e r l'ame t o r t u r e e d'un S a m a i n , l a m e l a n c o l i e d'un H e n r i de R e g n i e r , l a c h i m e r e d'un V i e l e - G - r i f f i n . E l l e n ' e s t qu'un de s s y m b o l e s de 1 ' i d e a l f u g i t i f e t i n a c e s s i b l e a u q u e l a s p i r e t o u t e une g e n e r a t i o n l i t t i r a i r e . M a i s a f o r c e d ' i n c a r n e r u n i d e a l , e l l e p e r d t o u t e p e r s o n n a l i t i e t d e v i e n t p l u s 7 1 ' a l i e g o r i q u e que l e s f a n t f i m e s d e s f r e s q u e s de P u v i s de Ch a v a n n e s , p l u s i r r e e l l e que l e s f i g u r e s d e s p e i n t r e s s y m b o l i s t e s , p l u s l o i n t a i n e s que l e s femmes l a n g o u r e u s e s e t . m e * l a n c o l i q u e s de R o s s e t t i . E l l e s * a n e a n t i t d a n s l e r e v e e g o t i s t e de l ' a u t e u r . A u c o n t r a i r e e l l e r e s s u s c i t e r a d a n s 1 r o e u v r e de P r a n c i s Jammes, o n e l l e e s t c h a n t ^ e s o u v e n t e t d'une f a c o n t r e s n u a n c ^ e . E l l e y a p p a r a i t s i m p l e e t p i e u s e , d a n s t o u t e s a b e a u t s e*panouie, o u se m e l e n t u n n a t u r a l i s m e r a p p e l a n t R o u s s e a u e t une p s y c h o l o g i e t o u t e m oderne. M a i s t o u t e s c e s e n f a n t s n a l v e s e t s p o n t a n ^ e s q u i s e r e s s e m b l e n t t r o p , f i n i s s e n t p a r i n s p i r e r une poesie non denude de f a d e u r e t de m o n o t o n i e . E n a d o p t a n t u n p l a n a p e u p r e s c h r o n o l o g i q u e , n o u s a v o n s p u n u a n c e r l e s d i f f e r e n t s modes d ' i r r e a l i t e * i n h ^ r e n t s a l a j e u n e f i l l e . E n v i s a g e a n t l e theme d 'un a u t r e a n g l e , o n a u r a i t p u d i s t i n g u e r c e l l e q u i e s t l * o b j e t d'un r e v e i d e a l , c e l l e q u i n ' e s t qu'un s y m b o l e , c e l l e d o n t l a v i r g i n i t y e f f r a y e l e p o e t e , c e l l e q u i c o n s t i t u e l a p a r t i e e s s e n t i e l l e d'un de*cor o u d'un t a b l e a u , c e l l e q u i demeure p r i s o n n i e r e de l a l e g e n d e . E l l e s ne s e r v e n t g u e r e qu'a e x a l t e r l a v a g u e m e l a n c o l i e d e s d i f f e r e n t s p o e t e s . C e t t e p e t i t e etude s'arr\u00C2\u00A7te a v a n t de e o n s i d e r e r l e r 8 l e de l a j e u n e f i l l e d a n s l a poesie m o d e r n e . N o t r e h e r o i n e y c o n s e r v e r a c e r t a i n e m e n t s a p l a c e . Q u ' i l s e r a i t i n t e r e s s a n t de p o u s s e r d e s r e c h e r c h e s v e r s l e theatre e t 72. roman s y m b o l i s t e s o u l a j e u n e f i l l e de p l u s en p l u s c o m p l e x e e t r d e l l e d o i t s e p r e t e r a l ' e * t u d e p s y c h o l o g i q u e , v o i r e meme p s y c h o - a n a l y t i q u e de 1 ' a d o l e s c e n c e ! Qui m i e u x que P r o u s t e t G i r a u d o u x s a u r a i e n t n o us r e n s e i g n e r ? 7 3 . B i b l i o g r a p h i e B a u d e l a i r e , C h a r l e s : L e S p l e e n de P a r i s , P a r i s , E d i t i o n s de C l u n y , 1 9 3 9 . B e r s a u c o u r t , A l b e r t d e : A l b e r t S a m a i n , s o n O e u v r e , P a r i s , E d i t i o n s de l a n o u v e l l e c r i t i q u e . S e v e r ( v a n ) e t L e a u t a u d : P o e t d s d ' a u j o u r d ' h u i , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1919. B o u r g e t , P a u l : L e s A v e u x , P a r i s , L e m e r r e , 1 8 8 2 . B o u r g e t , P a u l : E d e l , P a r i s , L e m e r r e , 1 8 7 8 . C h a r p e n t i e r , J o h n : L ' E v o l u t i o n de l a p o e V i e f r a n c a i s e , P a r i s , L e s O e u v r e s r e p r e s e n t a t i v e s , 1 9 3 1 . C l a u d e l , P a u l : L ' A n n o n c e f a i t e a M a r i e , P a r i s , G a l l i m a r d , 1 9 4 0 . G i d e , Andre*: L a Symphonie p a s t o r a l e , P a r i s , G a l l i m a r d , 1947. G o h i n , P e r d i n a n d : L ' O e u v r e p o e t i q u e d ' A l b e r t S a m a i n , P a r i s , G a r n i e r f r e r e s , 1 9 1 9 . G u e r i n , C h a r l e s : P r e m i e r s e t d e r n i e r s v e r s , P a r i s , M e r c u r e - d e P r a n c e , 1 9 2 3 . Jammes, P r a n c i s : De l ' A n g i l u s de l ' a u b e a l ' a n g e l u s d u s o i r , P a r r s , M e r c u r e . d e P r a n c e , 1 9 2 1 , Jammes, P r a n c i s : L e D e u i l d e s p r i m e v e r e s , P a r i s , M e r c u r e de - P r a n c e . Jammes, P r a n c i s : Ma P r a n c e p o e ' t i q u e , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1926. Jammes, P r a n c i s : L e Roman d u l i e v r e , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1946. K L i n g s o r , T r i s t a n : S c h e h e r a z a d e , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1 9 0 3 . L a f o r g u e , J u l e s : Melanges p o s t h u m e s , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1 9 2 3 . L a f o r g u e , J u l e s : O e u v r e s c o m p l e t e s , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1 9 3 8 . L a f o r g u e , J u l e s , P o i s i e s I e t I I , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1 9 3 8 . L a m a r t i n e , A l p h o n s e d e : G r a z i e l l a , P a r i s , P a y a r d e t C i e . L e C a r d o n n e l , L o u i s : Poernes, P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1 9 3 9 . 74. M a e t e r l i n c k , M a u r i e e : Douze C h a n s o n s , P a r i s , S t o c k , 1 9 2 3 . M a e t e r l i n c k , M a u r i c e : T h e a t r e , B r u x e l l e s , P a u l L a c o m b l e y , 1 9 1 2 . M e r r i l l , S t u a r t : L e s Gammes, P a r i s , Chez V a n i e r , 1 8 8 7 . M e r r i l l , S t u a r t : Poemes, 1 8 8 7 - 1 8 9 7 , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1 8 9 7 . More*as, J e a n : C h o i x de poemes, P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1 9 2 3 . More*as, J e a n : L e P e l e r i n p a s s i o n n e , P a r i s , Le\"on V a n i e r , .1893. More*as, J e a n : L e s S t a n c e s , P a r i s , M e r c u r e de P r a n c e , 1 9 2 3 . M u s s e t , A l f r e d d e ; O e u v r e s c o m p l e t e s . N e r v a l , G e r a r d d e : L e s P i l l e s d u f e u , P a r i s , C h a m p i o n , 1 9 3 1 . N e r v a l , Ge*rard d e : P a g e s c h o i s i e s , P a r i s , l a r o u s s e . 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"Vancouver : University of British Columbia Library"@en . "University of British Columbia"@en . "For non-commercial purposes only, such as research, private study and education. Additional conditions apply, see Terms of Use https://open.library.ubc.ca/terms_of_use."@en . "Graduate"@en . "La jeune fille dans la poesie symboliste"@en . "Text"@en . "http://hdl.handle.net/2429/41428"@en .